SUPPLÉMENT D’ÂME 4
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ISBN 978-2-37296-002-1 Dépôt légal décembre 2015 Imprimé dans l’Union européenne Maquette : www.lettmotif-graphisme.com
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ÉDITORIAL Quand il s’agit de parler de la famille sans en faire l’éloge ni lui déclarer sa flamme, les volontaires sont légion. Comme si nous avions tous quelque ressentiment envers elle, voire quelque haine plantée là, en nos cœurs, une pointe incluse dans nos chairs. Y a-t-il des blessures indissociables des liens du sang ? Indiscutablement, nous avons quelque chose à dire à ce sujet. Or, il faut croire que ce quelque chose est indicible: certains ont tant et si bien tourné autour du pot que les mots leur ont faussé compagnie; quand ils ont approché le gouffre, qu’ils en ont touché les bords d’un orteil prudent, ils ont pris leurs jambes à leur cou. Que je sois mise au piquet si j’ai l’air de leur en faire le reproche. Qu’y a-t-il donc au fond de ce précipice qui puisse paralyser l’écriture aussi ? Quelle est cette épée de Damoclès, en amour trempé, suspendue au-dessus de nos têtes ? Gide lui-même, auquel nous empruntons une formule pour titrer ce numéro de Supplément d’âme (encore que nous ayons utilisé famille au singulier et conservé sciemment le vouvoiement…), écrivait dans Si le grain ne meurt : « Je sais de reste le tort que je me fais en racontant ceci et ce qui va suivre ; je pressens le parti qu’on pourra en tirer contre moi. Mais mon récit n’a de raison d’être que véridique. Mettons que c’est par pénitence que je l’écris. »
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Serons-nous donc punis pour avoir outrepassé les lois ancestrales de la parentèle ? Et bien, voilà justement une des raisons qui ont mis la famille au menu de Supplément d’âme en cette fin d’année : le goût du risque. Pendant que certains sautent dans le vide pendus à un élastique, des auteurs font de même sans filet ni cordon ombilical. Pour les autres raisons, celles qui font prendre une mère pour la meilleure des femmes, un père pour un héros, une sœur ou un frère pour un ami, ou celles encore qui font croire à leur impartialité, leur vertu, qui leur autorise le pire en leur offrant l’impunité, qui nous surprend en flagrant délit d’indulgence et d’absurde clémence envers notre clan, qui annihile l’individu et le moule à sa forme, on les trouvera dans les textes qui suivent, avec ce parfum de déjà-vu propre à toutes les familles. Que Gide reprenne la parole et donne le ton : « Tes conseils me sont insupportables, en ceci qu’ils ne cherchent pas tant à éclairer les sentiers qu’à modifier la conduite, et cela me fait penser parfois que tu comprends la vie d’une façon si différente de la mienne qu’il est presque inutile que j’écoute ces conseils, autrement que par déférence, tant je sais bien d’avance que tu n’auras pas, avant de les formuler, tenu compte de la chose la plus importante : les raisons ou les passions qui nous font décider de nos actes. » (Lettre à sa mère, du 15 mars 1895) Risquons donc le conseil de famille. Annick Delacroix
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ODON ABBAL
FAMILLES, JE VOUS HAIS Banalité pour les uns, absurdité pour les autres, cette expression n’en révèle pas moins l’importance de la famille. Elle ne laisse personne indifférent. Les dieux eux-mêmes connaissent les drames familiaux. Toute cosmogonie l’évoque. Notre religion chrétienne quant à elle repose sur l’image rassurante de la chaude atmosphère de l’étable de Betléhem. Le rédempteur de l’humanité y apparaît tendrement veillé par ses parents ; nul individu ne pourrait s’épanouir en dehors de ce cadre. La religion catholique est sans doute celle dont le message exalte le plus l’idéal familial, l’une des formes les plus anciennes, les plus naturelles (?) de solidarité humaine. La famille est la source d’amour. Le cocon qui permet l’achèvement de chacun. Elle prépare les êtres fragiles que nous sommes à la vie d’adulte, elle facilite notre entrée dans le monde. Alors pourquoi la haïr ? Cette institution faillirait-elle à sa tâche ? Le phénomène est-il récent ? La structure de la famille n’est pas immuable. Elle varie suivant les temps et les lieux. Les sociologues parlent ainsi de famille « nucléaire », de famille « étendue ou élargie ». De même, les rapports affectifs que
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nous connaissons n’ont rien de comparable avec ceux à peine ébauchés dans le cadre familial sous l’Ancien Régime. La théorie freudienne du complexe d’Œdipe ne peut être appliquée à toute époque, ni sous tous les cieux. Certains peuples distinguent les parentés biologiques des parentés spirituelles, les enfants font alors la distinction entre leurs géniteurs et leurs pères éducatifs (souvent l’oncle), ce qui bouleverse les schémas occidentaux. En étudiant les sources françaises, Élisabeth Badinter a même remis en cause la notion d’amour maternel sous l’Ancien Régime1. Philippe Ariès a de son côté montré comment peu à peu la place de l’enfant changeait au cours des siècles2. Mais il est vrai que la famille, parce qu’elle est structure, est contrainte. Par la contrainte elle assure la formation et la survie de ses membres, mais elle sécrète aussi des frustrations, des marginaux en puissance qui de tout temps ont crié : « Familles, je vous hais ». La pérennité du message est certaine, mais les motifs changent, car la famille évolue avec la société dont elle est un maillon. Royaume de France au XVIe siècle. La majeure partie de la population est paysanne. Après le triste XIVe siècle et ses hécatombes, le nombre des hommes s’accroît sous l’effet d’une démographie galopante. Les partages successoraux diminuent la taille des exploitations. Dans certaines régions, pour pallier ce danger, la famille adopte des
1. Badinter Élisabeth, L’Amour en plus : histoire de l’amour maternel XVIIeXXe siècle, Flammarion, 1982. 2. Ariès Philippe, La Vie familiale et l’enfant sous l’Ancien Régime, Seuil, 1973.
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structures communautaires comme les frérèches qui associent les frères sous un même toit, ou favorisent l’aîné. Les cadets disparaissent de la stratégie familiale ou doivent partir chercher ailleurs. Imagine-t-on situation plus traumatisante que de vivre comme domestique nourri chez son frère, ou de renoncer à une belle parce qu’on n’est point doté ? Cette situation se retrouve même chez les nobles, et notre littérature abonde en cadets de Gascogne hauts en couleurs, toujours prompts à tirer l’épée. Pour ceux-là le cadre familial est contraignant, et les pratiques sociales prennent le relais de l’emprise familiale. Car les jeunes gens sont aussi victimes de l’endogamie et de l’homogamie qui figent les structures sociales des communautés villageoises. Les jeunes ne peuvent choisir un conjoint que dans le cadre étroit du village et de l’échelon social auxquels ils appartiennent. Ceci réduit considérablement les possibilités d’union et augmente les risques de consanguinité. On imagine sans peine les frustrations, surtout chez les jeunes garçons, qui, devant l’étroitesse du marché du mariage, en sont réduits à se faire remarquer des belles de la communauté avec force bravades, et à les défendre parfois avec violence contre tous les prétendants exogènes, ou contre un vieux barbon qui cherche une jeune jouvencelle3. Dans cet univers corseté, la mort sépare très vite les époux. La mère risque sa vie à chaque grossesse. Les veufs ne sont point inconsolables. Le père se remarie,
3. D’où l’origine des charivaris durant lesquels on contraignait le prétendant malvenu à payer une amende à la jeunesse frustrée, le plus souvent sous la forme d’un banquet.
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des enfants issus de plusieurs lits cohabitent sous le même toit et les rivalités opposent les descendants autour de l’héritage. La haine couve dans les regards et tous les paysans n’ont pas le noble maintien des tableaux de Le Nain. L’homicide n’est pas chose rare dans les campagnes. Il est des situations bien pires que celles infligées à Cendrillon ! Le XVIIe voit le renforcement de l’autorité paternelle. Si le roi qui se veut de plus en plus absolu désire davantage d’obéissance de ses sujets, le père de famille en exige autant de son épouse et de ses enfants. Pour asseoir leur autorité et garder le plus longtemps possible les rênes du pouvoir, les « mâles dominants » retardent l’âge du mariage des enfants. Ils ne peuvent plus convoler en justes noces que vers vingt-cinq ans pour les filles et vingt-sept ans pour les garçons. Malheur à qui voudrait déroger, les pères ont recours au roi : une requête présentée sous la forme d’un placet et le monarque peut faire embastiller le récalcitrant grâce aux célèbres lettres de cachet. C’est bien de cela qu’il s’agit. D’une solidarité entre pères (pères de famille et père des sujets) contre une jeunesse qui refuse l’avenir qu’on lui impose. Les raisons d’internement retenues sont les plus souvent le libertinage et surtout les risques de mésalliance. Mirabeau et Talleyrand, frustrés par le peu d’attention qu’on a accordé à leurs aspirations, ont pu crier contre le despotisme paternel : « Familles, je vous hais ! » C’est dans le cadre familial qu’ils ont rencontré l’absolutisme et l’arbitraire4. 4. Chaussinand-Nogaret Guy, « Talleyrand, Mirabeau : Familles je vous hais » in L’Histoire, numéro 22, 1980.
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L’époque contemporaine a accordé une place plus grande à l’enfant. Rousseau n’a-t-il pas écrit l’Émile ? Dès lors la famille est conçue comme cadre de l’épanouissement individuel. Les mœurs évoluent et la notion d’autorité paternelle cède le pas à celle de responsabilité collective des parents. Leurs soucis convergent autour de l’enfant-roi. Tout est fait pour assurer sa réussite en tenant davantage compte de ses aspirations; une importance primordiale est accordée à l’éducation et à l’instruction. L’enfant n’est plus le maillon d’une stratégie familiale mais un élément d’une minicollectivité qui aspire à assurer son avenir. Mais les raisons de haïr la famille ont-elles cessé pour autant ? Celle-ci a beaucoup changé. De plus en plus la division des tâches au sein du couple a évolué, les femmes sont plus nombreuses sur le marché du travail et la structure familiale évolue en s’adaptant aux nouvelles tendances. Le modèle classique, un couple et ses enfants, ne représente aujourd’hui qu’un peu plus du tiers des ménages. Les couples recomposés avec la fréquence des divorces sont plus nombreux. Ce phénomène qui s’était marginalisé avec la baisse de la mortalité féminine post-natale redevient plus fréquent avec la séparation des parents. Faute de temps ou de moyens, les parents abandonnent à d’autres ce qui, au contraire, devrait les concerner au premier plan. Les glissements de vocabulaire sont significatifs, l’Instruction publique est devenue l’Éducation nationale ! Un nouveau parcours difficile attend bon nombre d’enfants aujourd’hui. Un tiers de ceux dont les parents sont divorcés n’a plus de contact avec leur père ou
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mère. Des situations de crise potentielle existent. Le champ familial se dilue dans des solidarités nouvelles : parent absent, nouvel adulte à la maison, demi-frère ou demi-sœur, vrai grand-père et « fausse » grandmère. Qui suis-je pour ces gens ? Pourquoi l’un est parti ? Pourquoi vit-il avec d’autres ? Qu’ai-je fait ? Estce de ma faute ? Alors à nouveau resurgit ce cri venu du fond des temps : « Familles, je vous hais, j’ai besoin d’un amour que vous ne me donnez pas ! »
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PAUL CARBONE
FAMILLES, JE VOUS AIME ! Pour les anthropologues, la famille restreinte ou nucléaire se réduit aux trois ou quatre chimpanzés qui baragouinent des bienfaits de la lessive, attendu que le linge sale et les vertus de la table polarisent l’essentiel d’une institution incestueuse que les lois de la démographie ont corrompue. Dès les origines, le clan s’organise donc autour du sexe, de la nourriture et de l’instinct de survie : les joyeusetés de la morale (Hamlet, Roméo et Juliette, le code Napoléon et les sagas de Mauriac) devront attendre les bienfaits de la civilisation. On comprend dès lors que Rousseau qui la déteste abandonne ses enfants à l’assistance publique. Ou que Néron tue sa mère. La haine de la famille, on le voit, n’a pas attendu l’apostrophe d’André Gide pour se forger un destin. C’est que même réduit à l’exemplarité de ses géniteurs, le cercle de famille parodie l’hôpital psychiatrique et/ou le club Med. Les séries télévisuelles, pleines de pétrole, de cynisme et de cirrhose, reprennent à l’envi la chronique des vicissitudes familiales où l’hystérie du gain le dispute aux fadaises de l’amour. Il existe un large public dont le voyeurisme se repaît de
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ces péripéties de carton-pâte qui malaxent les dollars et les chairs siliconées. Sans doute trouve-t-il dans ces œuvrettes le spectacle idéalisé de ses psychodrames, puisque le malheur des autres – fût-il factice et débile – cautionne les promesses du bonheur. La recette est d’ailleurs simple : il suffit d’opposer l’esprit de famille à l’esprit tout court. Dès lors que la femme a souhaité sa liberté, les enfants, leur émancipation, et l’homme qu’on lui fiche une paix royale, les problèmes du ménage ont supplanté les drames de la dynastie. La solitude et le mal de vivre ont relayé le carcan de la sécurité. La nostalgie des mésalliances et des querelles intestines pouvait revivre : Dallas était né. Évidemment, tout n’a pas été aussi facile. Dans les pays fortement christianisés, le slogan Travail, Famille, Patrie, qui fit tant rêver des générations de boy-scouts, restera dans la mémoire collective comme le symbole de ces duperies grandiloquentes dont les peuples sont friands. Derrière ces passions de l’esclavage, entretenues à grands frais par la religion et le pouvoir, se dessine l’obsession de la durée. Pris en otage pour le bonheur de l’État, un couple qui adore ses enfants est un couple muselé : il obéit à des règles qui monnayent sa servitude au nom de la paix. Même s’il lui faudra, un jour, donner ses progénitures à la boucherie patriotique, la famille finit toujours par l’admettre au nom de l’honneur. Dans l’histoire de l’humanité, les carnages s’édifient la tête haute et les yeux rivés sur la ligne d’horizon. Hier, sans doute. Mais, aujourd’hui, qu’en est-il ?
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Les pères-la-vertu, dont Philippe de Villiers atteste la permanence, doivent composer avec cette raillerie socialiste qui disculpe la smala au nom d’un égarement sexuel. En s’émancipant, les femmes se sont libérées du rituel de la grossesse et la passion du troupeau s’évanouit. Hormis pour quelques égarés du missel, l’encyclique moderne encourage le couple à procréer sobrement. La vie n’est plus un long fleuve tranquille et les objurgations de Monsieur Debré ont vécu. Mais ce qu’elle a gagné en densité, la famille le dilapide en amour. La jeune fille moderne mime vite ce qu’elle convoitait longuement. On dort avec son copain ou sa copine sous le giron maternel. On fréquente allégrement des messieurs qui ressemblent à son papa. On prouve, ô combien, que la valeur de l’orgasme n’attend pas le nombre des années, transmuant le vice en compétence et le plaisir en talent. L’inceste même, dont le spectre horrifiait, devient la référence idéale de cet ultime rempart. La vertu s’étiole au gré du désir. La pédophilie cherche ses marques ou s’expatrie en Thaïlande. Et, comme il en va souvent dans l’histoire fluente de nos libertés, le puritanisme se redresse. Les vieux chacals reniflent l’odeur du stupre : la nostalgie de la croix (toutes les croix), le bégaiement de l’honneur et l’arasement du testicule reviennent en force. Les porte-drapeaux de la morale fourbissent leurs armes. On astique les couvents de la famille et le sida vient à point, fléau céleste, pour condamner l’érection. Autre chose : le vivier de la famille, qui jadis constituait l’essentiel de notre réserve amoureuse, tend à s’appauvrir. Les grands terrains de chasse de
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l’adolescence s’amenuisent. Gide, déjà, cherchait dans les terres algériennes la fraîcheur de son inspiration. La fertile pauvreté des familles d’autrefois excitait la condescendance des bourgeois. Toute une giboyeuse jeunesse alimentait nos trottoirs d’une faune besogneuse et dévêtue. Les libertins même assainissaient la prolifération familiale en déflorant la vertu. Noble ou ignoble, l’amour s’imposait comme la voie royale de la transgression des interdits. On se libérait de la misère ou des tabous ou des deux ensemble. Manon, Sophie, Volange ou Nana apprenaient vite que l’expérience de la liberté passe par la souffrance ou le viol, que la force de l’argent fonde le droit, cette pierre angulaire du cuissage. On savait que les citoyens naissent inégaux et enchaînés, que « la vie de la plupart des hommes ne vaut pas plus que celle d’un goujon » (Montherlant) et que le désir mène le monde. En se libéralisant, la famille d’aujourd’hui a donc perdu en savoir ce qu’elle a gagné en illusions. Les Rimbaud ne naîtront plus d’une mère odieuse. Justine meurt, Madame Bovary divorce, Lolita fait du show-biz ; et la famille moderne, libérale et démocratisée, cherche dans l’amour universel et l’égalité des sexes la caricature du désir. Nous connaissions déjà les vertus de l’esclavage, défions-nous de l’ennui des libertés.
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Tes conseils me sont insupportables, en ceci qu’ils ne cherchent pas tant à éclairer les sentiers qu’à modifier la conduite, et cela me fait penser parfois que tu comprends la vie d’une façon si différente de la mienne qu’il est presque inutile que j’écoute ces conseils, autrement que par déférence, tant je sais bien d’avance que tu n’auras pas, avant de les formuler, tenu compte de la chose la plus importante : les raisons ou les passions qui nous font décider de nos actes. André Gide (Lettre à sa mère, du 15 mars 1895)
Odon Abbal Familles, je vous hais 5 Paul Carbone Familles, je vous aime ! 11 M&J Latorre La famille : passions et aliénations tutélaires 15 Hélène Prince Le « pôvre » 23 Rémy Leboissetier Lettre à ma mère ou les joies de l’ablation 29 Raymond Jean Berthe Bovary chez Flaubert 35 Joêlle Naïm Coup du sort 41 M&J Latorre En voiture, Simone ! 47 Annick Delacroix Cent secondes 51 Denis Infante En un lieu indéfini au bord de l’océan 53 Pierre Gillet Photo de famille 61 Madeleine Laumier Lisa 67 Anne-Marie Bosserdet Le concerto italien 85 Pascal Gasquet Entre ici et hier 93 Robert I. d’Argence Allo petit ? 101 Michel Butel Une classe de cinquième 105 Stéphane Eynard Les roseaux 107 Annick Delacroix Clara peint 111 Patrick Kremer À l’asile 117 Julie Lefèvre La méduse 125 René Pons Les frères ennemis 145