la Saône au Rhône, ne saurait faire oublier le processus historique à l’œuvre depuis le Siècle des lumières, lorsqu’Antoine Perrache proposa d’inventer à Lyon « un territoire qui n’existait pas ». Le nouveau quartier créé ex nihilo offrit à la ville l’espace de son devenir, faisant du nouveau quartier de Perrache un lieu d’expérimentation de la Révolution industrielle et une zone logistique de premier ordre. Chaque époque y a laissé la marque de ses audaces, de ses infrastructures, de ses utopies et de ses visions du progrès. Aujourd’hui, le modèle est à la ville durable, et La Confluence est de nouveau au rendez-vous, en tant que laboratoire de l’écologie urbaine. Cette chronique historique est le récit d’une aventure urbaine, dont les étapes se savourent comme les pages d’un roman, redonnant toute sa noblesse, sa dimension affective et symbolique à un territoire hors du commun. Nicolas Bruno Jacquet est diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, historien de l’architecture et de l’urbanisme. Conférencier à Lyon, il est auteur de monographies et d’ouvrages sur le patrimoine, ainsi que d’un essai, Le langage hypermoderne de l’architecture (Parenthèses, 2014).
22,00 € TTC ISBN : 978-2-917659-73-1 Dépôt légal : juin 2018 www.editions-libel.fr
Lyon conflUenCe Une conquête à contre-courant
L’incroyable métamorphose territoriale en cours, sur le confluent de
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introduction un destin qui bascule au XXIe siècle
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acte 1 création du polder au siècle des lumières
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ı Génèse d’une conquête extraterritoriale imposée
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ı Le gros œuvre de la compagnie Perrache
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acte 2 la cité de la révolution industrielle
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ı Première urbanisation à l’ère du chemin de fer
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ı Le cours du Midi : vestiges de la Belle Époque ı Les hbm : 1re expérience pour l’habitat à bon marché
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ı L’automobilité : l’utopie de la ville sans feux rouges
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ı L’expérience de l’Espace lyonnais d’art contemporain
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acte 3 un plan vert pour la reconquête
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ı Un modèle durable de transformation urbaine
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ı Place des Archives : nouvelle porte de la Confluence
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ı Témoignages artistiques pour la mémoire des prisons ı Empreinte : exemple de réhabilitation d’un îlot ancien ı Côté rives de Saône : quartier neuf Sainte-Blandine
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ı Le port Rambaud réhabilité et intégré aux rives de Saône
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ı Côté rives du Rhône : quartier neuf du Marché
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ı Un musée pour incarner le paysage du confluent
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CRÉAT
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Genèse d’une conquête extraterritoriale imposée
Lyon est historiquement une ville des bords de Saône, rivière autour de laquelle elle s’est d’abord construite durant dix-neuf siècles. Le lit rocheux de la rivière permit de stabiliser les premiers édifices et ponts. Mais vivre à ses côtés n’est pas sans comporter de risques tant le cours de la Saône est capricieux, la rivière étant en outre naturellement corsetée par le site accidenté des collines lyonnaises entre lesquelles elle se faufile, les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. La Saône ne regagne pas immédiatement le Rhône. Son cours est séparé par une bande de sable et de 2 2 Basilique Saint-Martin d’Ainay, église abbatiale du XIIe siècle attachée à l’institution religieuse qui possédait autrefois les terrains à la pointe de la Presqu’île depuis le quartier de Bellecour.
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1 (double-page précédente) Plan superposé des différentes étapes de l’aménagement du polder de Confluence ou de la Presqu’île-Perrache, montrant l’état fluvial précédant les travaux d’endiguement, avec en fond le programme réalisé à l’initiative d’AntoineMichel Perrache à la fin du XVIIIe siècle et l’état d’urbanisation relevé en 1867.
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galets poussés par la puissance du fleuve alpin, une bande de quelques kilomètres aménagée par les hommes, la Presqu’île, péninsule urbanisée ne dépassant pas les six cents mètres de large. Longtemps, la cité est restée blottie au pied de ses collines, tournant en quelque sorte le dos au gigantesque Rhône. De fait, l’urbanisation de Lyon s’est historiquement effectuée dans la contrainte topographique, formée dans l’accumulation sur un site difficile dont la seule valeur est donc la garantie d’articulation des réseaux routiers et fluviaux. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, c’est par manque de moyens techniques que la cité demeure ainsi corsetée par les éléments naturels : le territoire urbanisable se réduit à la seule Presqu’île, jusqu’à Ainay, à l’actuel vieux Lyon (quartiers Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul), tout juste au bas des pentes de la Croix-Rousse occupées comme celles de Fourvière par les couvents. Sous Louis XVI, la ville n’en compte pas moins de cent cinquante mille habitants pour 427 hectares de territoire, soit trente-cinq mille habitants au km2 ! Cette surdensité n’a d’autre paradoxe que l’existence au cœur de cette ville congestionnée de la gigantesque et monumentale place Bellecour, 6,2 hectares au cœur de la Presqu’île ; son nom est attaché à l’histoire médiévale de l’abbaye royale d’Ainay qui possédait les terrains transformés en place royale sous Louis XIV. C’est aussi certainement la plus « belle cour » de la ville, offerte au regard du monde, pour démontrer que dans une cité où l’on vit si serré, les Lyonnais pouvaient bien sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher, c’està-dire l’espace. Jusqu’à la Révolution industrielle, à l’opposé de la Presqu’île, la rive gauche du Rhône demeure un territoire non urbanisé, une grande plaine alluviale inondable au gré des crues, terres utilisées pour les pâtures et marécageuses. Terres historiques en Dauphiné, les actuels quartiers de la Guillotière, de la Part-Dieu, et donc des Brotteaux font office de campagne, reliés par un seul grand pont sur le Rhône, le pont de la Guillotière qui a nécessité plus de deux cents ans pour être édifié entièrement en maçonnerie. Jusqu’au Siècle des lumières, personne n’imagine construire au-delà du fleuve. Le XVIIIe siècle étant devenu l’âge de gloire de la Raison triomphante, les Lyonnais incarnèrent cette ambition par leur volonté de s’affranchir de la contrainte fluviale, et de passer le Rhône. L’urbanisation moderne de Lyon au-delà du Rhône suivra un seul et même principe de voiries, celui d'un plan en damier, avec des rues larges recoupées orthogonalement, aux antipodes du cœur historique moyenâgeux de la Presqu’île et du Vieux Lyon que l’époque de la Renaissance n’a pu permettre de transformer en profondeur.
Acte 1 – Création du polder au Siècle des lumières
Le Lyon moderne s’est inventé au passage du Rhône L’initiative de la traversée
urbaine de Lyon au-delà du Rhône est celle de deux visionnaires amateurs, contemporains du règne de Louis XV, Antoine-Michel Perrache pour la conquête de l’espace méridional, et Jean-Antoine Morand qui proposa le premier en 1764 une extension sur la plaine des Brotteaux, vers l’est. Au début du XIXe siècle, le projet de Morand trouvera sa pleine concrétisation avec le lancement de l’urbanisation par le maire de la commune de La Guillotière, Henri Vitton, puis, sous Napoléon III, grâce à la politique volontariste du préfet de Lyon, Claudius-Marius Vaïsse. Les Lyonnais savent qu’ils doivent à ce dernier les percées de la Presqu’île, mais ignorent le plus souvent son rôle pour l’urbanisation de la rive gauche, qu’il assurera grâce à la construction d’une digue insubmersible en 1856-57. Par décret impérial, en 1852, c’est toute la rive L’envie impérieuse de dompter gauche du Rhône et le nouveau parc de la Tête d’Or la nature capricieuse, les moyens qui se voit définitivement intégrée au territoire e intellectuels et techniques communal de la ville de Lyon avec la création du 3 arrondissement (plus tard redécoupé par la création mobilisés sont ici la marque du du 6e, du 7e et du 8e). grand siècle français. Sous le règne Le destin du confluent est quant à lui attaché à du Bien-Aimé, quelques riches l’initiative d’Antoine-Michel Perrache qui présenta, Lyonnais éclairés se trouvent être en 1766, son premier plan d’extension méridional, avec pour objectif l’endiguement du fleuve vers le séduits par ce pari visionnaire de sud pour le repousser à près de trois kilomètres créer un polder sur les eaux afin de son site naturel au pied de la basilique romane de créer les conditions de l’avenir. d’Ainay ! Perrache, plus que Morand (lequel ne fit au final que construire un pont et dessiner un plan), réussit à conduire les fondements d’une entreprise titanesque d’aménagement pour créer un vaste territoire de près de 200 hectares, une œuvre d’autant plus remarquable qu’elle s’est engagée en un temps où les moyens techniques manquaient à l'appel. L’envie impérieuse de dompter la nature capricieuse, les moyens intellectuels et techniques mobilisés sont ici la marque du grand siècle français. Sous le règne du Bien-Aimé, quelques riches Lyonnais éclairés se trouvent être séduits par ce pari visionnaire de créer un polder sur les eaux afin de créer les conditions de l’avenir. Suite aux premiers financements, ce seront dès l’époque de Louis XVI, des centaines de manouvriers transportant sans relâche des paniers remplis de terre meuble, de gravats et de caillasses pour remplir le ventre du fleuve… tout cela à l’initiative d’une compagnie privée fondée par le seul Antoine-Michel Perrache, sans aide ni de la municipalité ni de l’État royal. La puissante monarchie française, consacrée par la pompe de Versailles, ne connaît pas vraiment la notion d’investissement public.
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Elle peine à financer sa politique de développement des premières routes. La création de l’école royale des Ponts et Chaussées date de 1747. La majorité du budget de l’État se voit ainsi allouée à l’armée. Le Consulat lyonnais (la municipalité d’Ancien Régime) ne peut luimême porter un tel programme de dépenses pour aménager les îles du confluent. L’institution municipale n’est, en outre, pas encore considérée comme une entité politique autonome, avec un budget de fonctionnement faible. Le roi nomme ses dirigeants au sein de l’élite marchande locale, à la façon de Paris, avec un poste clé, mais aussi honorifique, celui de Prévôt des marchands. Une des missions principales de la ville est d’assurer l’entretien des fortifications et des infrastructures fluviales. La municipalité sécurise l’existant, mais n’a pas de politique réelle d’investissement. Il lui faut en outre compter avec la vaste propriété foncière de l’Aumône générale de Lyon (les Hospices Civils) constituée depuis la Renaissance par des dons immobiliers de Lyonnais, ainsi qu’avec les propriétés du Clergé. Les domaines de la rive gauche du Rhône appartiennent le plus souvent à cette première institution, et Dieu sait combien elle se montrera sourde aux propositions de Morand. En matière de construction de ponts, en 1745, l’Aumône générale montre pourtant l’exemple en lançant sur la Saône deux nouveaux franchissements, les ponts en bois et à péage édifiés par Antoine Degérando, le pont de Serin (actuel pont Koenig) en amont du centre de la cité et le pont d’Ainay en aval. Les investissements publics sont à cette époque quasi nuls et tout développement urbanistique dépend inévitablement de sociétés spéculatives privées, le plus souvent sur des montages économiques fragiles par manque de structures bancaires. Les investisseurs lyonnais n’ont que leurs bénéfices économisés, la force animale, la roue et le bois pour alliés : l’entreprise d’extension de plainpied de la Presqu’île sur environ trois kilomètres de long vers le sud, par le déplacement du confluent, est, nul doute, un défi majeur du temps. Lyon est bien devenue au XVIIIe siècle le principal centre européen de confection de la soie, ce qui génère d’importantes concentrations de capitaux. Mais, pour réussir, l’entreprise d’aménagement fluvial du Rhône nécessite plus que de l’argent. Elle engage un profond changement de la technicité, nécessite de développer une vision scientifique de l’aménagement du territoire, tout comme un nouvel état d’esprit : elle impose de la confiance, et pour les Lyonnais, d’abandonner ce regard craintif ancestral qui lie au Rhône. Quel était donc le visage de la cité de Lyon avant que n’advienne cette révolution ? Celui d'une petite cité recroquevillée sur elle-même au cœur d'un gigantesque site fluvial. Un tableau dressé au début du XVIIIe siècle est encore des plus pittoresques : une cité méridionale se lovant sur les rivages de la Saône, avec ses milliers de toitures de tuiles enchevêtrées, s’accrochant au ciel par centaines de clochers dans l’amphithéâtre de ses
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Acte 1 – Création du polder au Siècle des lumières
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collines verdoyantes. La ville demeure cachée à l’arrière de ses fortifications, tournant le dos au Rhône. En guise de franchissement, il n’existe qu’un seul pont à l’assaut du fleuve, d’une quinzaine d’arches en pierre, l’ancien pont médiéval de La Guillotière qui possède encore sa porte forte. La Presqu’île se divise en deux entités inégales, au nord de la place royale Bellecour, c’est le siège de la marchandise et de la bourgeoisie commerçante, la ville grouillante établie le long de la rue Mercière et centrée sur l’église Saint-Nizier. Au sud de Bellecour, l’extrémité courte de la Presqu’île est plus aristocratique et bucolique, s’achevant sur les remparts qui protègent l’abbaye royale Saint-Martin d’Ainay. Aujourd’hui encore, l’église abbatiale du XIIe siècle subsiste dans l’urbanisation moderne tandis que la « rue des Remparts-d’Ainay » (au niveau de la station de métro Ampère) rappelle dans son nom l’emplacement de cette fortification qui se trouvait à moins de cinq cents mètres au sud de la place Bellecour, alors place royale « Louis-le-Grand » dédiée à Louis XIV et embellie sous à la toute fin de son règne. Au cours du XVIIIe siècle, les ventes successives de l’institution religieuse ont conféré à la pointe de la Presqu’île un caractère de faubourg de nantis, quartier de prédilection des anoblis et des rentiers. Clos de murs et cerné par les cours d’eau, le quartier d’Ainay devient une sorte de petit « Marais » à la lyonnaise avec ses rues calmes bordées d’hôtels particuliers et de maisons bien meublées, celles d’une élite vivant entre-soi. Et par-delà
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1 Estampe de Silvestre représentant l’entrée sur la ville de Lyon depuis la confluence de la Saône au Rhône vers 1650, avec les remparts d’Ainay et l’église abbatiale à la pointe de la Presqu’île, tandis qu’en second plan, on aperçoit la cathédrale de la ville sur la rive droite de la Saône.
2 Vue imaginaire d’un port maritime au chevet de la cathédrale SaintJean-Baptiste, en bord de Saône, par Jan Abrahamsz Beerstraten (1652).
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les remparts d’Ainay, s’étend une simple grève de galets et de bancs de sable où une frêle végétation s’accroche malgré les crues qui ne cessent de façonner le rivage ; jeunes pousses de saules, d’aulnes et de frênes caractéristiques des abords du fleuve sauvage. Le Rhône réceptionne sa promise aux pieds des remparts, dans une union démesurée qui le force à refluer, face à la colline de Sainte-Foy-lès-Lyon, et l’oblige inévitablement à se déporter de tous les côtés. À l’arrière de l’étreinte tumultueuse, les eaux du fleuve qui ne peuvent rejoindre le point d’union s’engagent sur les bordures de la plaine pour former plusieurs bras que l’on nomme les « lônes ». Au milieu des eaux tourbillonnantes et changeantes du confluent, seule, une vaste île désolée demeure inaccessible, un « brot’eau » que les Lyonnais surnomment, sans que l’on connaisse vraiment l’étymologie exacte, l’île de la Mogniat. Le paysage du confluent est un espace immense où la nature sauvage s’exprime pleinement. Entre les rives boisées s’entraperçoivent des voiles et quelques embarcations qui nourrissent l’imaginaire : la vue fantasmée peinte en 1652 par le flamand Beerstraten, avec son grand navire accostant au chevet de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste (accompagné d’autres grandes nefs) illustre les impressions délivrées par la cité fluviale sur ce site grandiose : l’imagerie est celle d’un port méditerranéen au cœur des vallées.
Acte 1 – Création du polder au Siècle des lumières
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Acte 2 – La cité de la Révolution industrielle
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Acte 3 – Un plan vert pour la reconquête
UN MODèLE DURABLE DE TRANSFORMATION URBAINE 1 (double-page précédente) Le jardin aquatique d’Ouagadougou.
La Confluence est devenue un modèle d’écologie urbaine. S’inscrivant sous le signe du développement durable, le nouveau quartier se veut bien plus qu’un laboratoire : Confluence préfigure la ville du XXIe siècle. Lauréat du programme Concerto, éco-quartier, Confluence est désormais le premier Quartier Durable de France labellisé WWF (Fonds mondial pour la nature, de l’anglais World Wide Fund for Nature). Avec la signature d’une convention entre WWF et la Métropole de Lyon, cette dernière s’engage à élaborer et à mettre en œuvre un Plan pilote d’Action Durabilité (PAD) unique en France. L’objectif de ce partenariat est de réduire l’empreinte écologique sans sacrifier ni le confort ni la qualité de vie, selon dix engagements, dont le zéro carbone, le zéro déchet, la mobilité durable, l’alimentation locale et durable, la création d’habitats naturels et le renforcement de la biodiversité. La réduction des besoins énergétiques est permise grâce au développement d’une architecture bioclimatique, l’utilisation de l’isolation par l’extérieur ou de la ventilation naturelle au lieu de la climatisation. Le programme lyonnais dédie une large part de l’espace public nouvellement créé aux espaces verts avec une plantation importante d’arbres d’essences locales. L’objectif est de transformer l’ancienne zone industrielle en relais écologique par la création d’espaces verts favorables à la continuité d’un corridor naturel en bord de Saône. Ce plan d’urbanisme, développé conjointement par l’architecteurbaniste François Grether et le paysagiste Michel Desvigne pour la ZAC 1 (Zone d’Aménagement Concerté), puis les architectes Herzog & de Meuron et le paysagiste Michel Desvigne pour la ZAC 2, laisse une très grande place à la question de l’écologie urbaine : il problématise l’enjeu de la grande densité et de la ville durable. Sans ici rechercher à amalgamer des modèles urbanistiques, il est intéressant d’établir certains liens entre ce plan d’urbanisme et le modèle de la « Cité industrielle » publié en 1917 par l’architecte lyonnais Tony Garnier, à l’époque même où la science de l’urbanisme prenait corps. Cette comparaison n’est en rien circonstancielle, car, à la Confluence, l’enjeu premier, comme au temps de Garnier, est la création d’un urbanisme qui place la qualité des espaces de vie collective et de l’habitat au cœur du projet, sans sacrifier au principe de centralité urbaine. À Confluence, la hauteur des habitations est néanmoins tout autre que dans le modèle de la Cité
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industrielle où la dé-densification et l’étalement semblent avoir été un choix directeur pour assurer hygiène, lumière et aération des habitations. Bien souvent, les nouveaux immeubles dépassent les six étages alors que chez Garnier la ville nouvelle se voulait essentiellement faite de petites maisons, à l’image d’une cité jardin. Le nouveau quartier se veut une greffe intelligente au contexte particulier d’une ville historique et de l’immédiat dense quartier de « Perrache-Sainte-Blandine », dont le programme d’éco-rénovation est un objectif tout aussi important que celui du développement foncier. La partie nord de la ZAC 1, organisée autour de la rue Denuzière et de la place Nautique, pourrait d’ailleurs fort à propos être perçue Il ne s’agit plus de compléter la comme une extension, comme le « quartier neuf ville par le déploiement d’une trame Saint-Blandine ». Le redéveloppement du damier d’îlots du quartier historique crée une véritable continue de parcelles densément continuité dans la ville. urbanisées qui délimiteraient La conciliation entre la grande densité et des espaces végétalisés comme l’intense végétalisation est toutefois une le sont les squares avec leurs nouvelle caractéristique dans la façon de faire la ville. Dans le quartier ancien, seuls trois grands grilles de séparation entre jardin axes, les cours Charlemagne, Suchet et Bayard, et voirie. Il s’agit de tenter une sont plantés de platanes, telles les avenues « utopie concrétisée », celle d’une traditionnelles, sans guère plus d’espaces verts réconciliation de la ville moderne ou de détente pour le piéton, hormis la place de l’Hippodrome. Côté quartier neuf, la nature avec l’idéal de nature. s’immisce partout depuis la rivière, envahit les rues et s’impose même complètement sur le bâti. On devra considérer l’extension du quartier comme celle de la création d’un vaste « parc habité », les « doigts verts » du paysagiste Michel Desvigne, un prototype moderne de la « haute densité mise au vert ». Il ne s’agit plus de compléter la ville par le déploiement d’une trame continue de parcelles densément urbanisées qui délimiteraient des espaces végétalisés comme le sont les squares avec leurs grilles de séparation entre jardin et voirie. Il s’agit de tenter une « utopie concrétisée », celle d’une réconciliation de la ville moderne avec l’idéal de nature. Certes, cette nature est tout sauf « naturelle » puisque créée par l’Homme. Mais elle s’impose à plus de cinquante pour cent de l’espace urbain réaménagé, prend sa place et se déploie au fur et à mesure que les arbres se développent, d’année en année. Certains articles de presse développent l’idée du supplément de centre-ville que les Lyonnais se seraient vus offerts : la Confluence serait un terrain de jeu de 150 hectares doublant le centre-ville. Il est nécessaire de préciser que Lyon œuvre ici à créer une partie de son centre-ville « vert » après avoir lancé en parallèle la réhabilitation de l’ancien quartier
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Acte 3 – Un plan vert pour la reconquête
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1 Vue d’une cour de l’ancienne prison Saint-Joseph réhabilitée en logement.
2 Fresque sculpturale réalisée par les anciens prisonniers et replacée à l’entrée de l’îlot SaintJoseph.
« rues » intérieures baignées de vie et de lumière, depuis les attentats de Paris en 2015 et l'état d'urgence, seul l'accès place des Archives est malheureusement maintenu. La grande verrière, remplaçant le mur d’enceinte sur la place des Archives, a été réalisée sur des principes bioclimatiques, à l’image d’une serre froide dont la gestion tempérée en toute saison est assurée par une « thermofrigopompe » raccordée sur la nappe phréatique. Sur les dix mille mètres carrés de l’ancienne prison, les architectes en ont conservé la moitié 2 dont cinq des six ailes panoptiques de la prison (le plan de la prison Saint-Paul était en étoile) et l’ancienne chapelle centrale maintenue dans ses usages tandis que le noyau principal (réhabilité) abrite l’accueil de l’université, ses bureaux, l’espace rectoral et un lieu d’exposition. Sur les pourtours, les murs d’enceinte ont laissé place à des immeubles de belle facture qui s’articulent au noyau historique par des jardins. Ce sont ainsi six mille étudiants qui animent aujourd’hui quotidiennement la vie du site qui se développe sur une surface de trente-sept mille mètres carrés. Du côté de l’îlot Saint-Joseph, l’opération de réhabilitation patrimoniale est assez similaire à ceci près qu’il a été question de réaliser un îlot essentiellement consacré aux activités tertiaires et au logement. Plus précisément une centaine de logements en accession, plus de soixante logements sociaux locatifs, une résidence intergénérationnelle de cent dix appartements destinés en grande partie aux étudiants, des commerces de proximité, des restaurants et onze mille mètres carrés tertiaires qui abritent les bureaux de la fondation Habitat et Humanisme, ainsi que le Laboratoire d’économie sociale et solidaire. La réhabilitation de l’îlot SaintJoseph est basée sur le même modèle de performance énergétique, avec la mise en place d’une chaufferie bois et d’une installation de production Eau Chaude Sanitaire (ECS) solaire, et avec la mise en œuvre de toituresterrasses végétalisées. La dernière opération de réhabilitation en cours sur le site est celle de la transformation de l’ancienne caserne de gendarmerie de la rue Smith, mitoyenne à l’îlot Saint-Paul, dont un mur pignon est désormais mis à nu et visible sur la place des Archives. L’ensemble abrite aujourd’hui une nouvelle caserne de pompiers et des logements sociaux. Espérons que ce mur abrupt sera nettoyé ou recevra une fresque dans la tradition éprouvée depuis les années 1990 dans différents endroits de la ville, apportant la dernière touche à ce paysage urbain recomposé et humanisé.
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TÉMOIGNAGES ARTISTIQUES POUR LA MÉMOIRE DES PRISONS « Des dessins qui suintent sur les murs », par Ernest Pignon Ernest Dans les années 1990, à la demande de certains détenus de la prison Saint-Paul à Lyon, j’étais venu animer quelques séances de l’atelier peinture. En 2011, Daniel Siino, qui était à l’origine de ce premier contact, m’annonce que la prison désaffectée va devenir un campus universitaire et que Bernard Bolze a suggéré à l’Université catholique, qui va en prendre la direction, de solliciter Georges Rousse, Patrice Giorda et moi, afin que nous y intervenions avant des travaux qui entraîneront une transformation radicale. Lors de ce retour dans la prison vide, j’ai découvert au sol d’une cour, une plaque délavée à peine lisible : « Tombés sous les balles nazies », et relevé quatre noms. J’ai pu rencontrer la nièce de l’un d’eux, Émile Bertrand. Au cours de cette rencontre, elle me montra des photos de ce résistant souriant de vingt-trois ans, les lettres à sa mère avant son exécution et elle m’apprit qu’il n’était pas tombé sous les balles nazies, mais qu’il avait été arrêté par la police française et guillotiné par un bourreau français. Les prisons de Lyon ne sont pas des prisons ordinaires, Barbie y a sévi, Max Barel y est mort ébouillanté, Jean Moulin, Raymond Aubrac… de nombreux résistants y ont été emprisonnés, torturés. Avant la destruction des lieux et qu’avec le campus s’installe une amnésie collective, j’ai tenté d’y réinscrire par l’image le souvenir de certains, célèbres ou inconnus, qui y ont été incarcérés. Dans différents lieux, couloirs, cellules, leur image, leur visage : il ne s’agit pas de les représenter, mais de leur redonner une présence. YO-YO. Dans cette architecture carcérale du XIXe siècle, les murs affirment leur poids, leur pesante épaisseur, poids de pierres, de blindage, poids d’histoire et de douleur… Les murs sont coiffés de ces dentelles d’acier aiguisées que sont les barbelés dans lesquels, dérisoires, pathétiques, sont accrochés, comme des insectes dans une toile d’araignée, des morceaux de vête-
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ments, de couverture et des dizaines de Yo-Yo. Bouteilles de plastique qu’avec l’aide d’une ficelle ou d’un lambeau de drap les détenus tentent de faire passer par balancement d’une cellule à l’autre, messages, café, cigarettes, shit, bouteilles à la mer le plus souvent naufragées dans les barbelés d’où elles pendent comme autant d’ex-voto qui n’ont rien à espérer. Cette image de Yo-Yo pendus, la lecture de souvenirs et quelques dialogues avec d’anciens détenus m’ont suggéré des allégories de Yo-Yo, des Yo-Yo chargés de colère, de désir, de culpabilité, de désespoir, d’amour, de signes à leurs enfants, à leurs parents, de rêves… C’est aussi en voyant ces bribes d’espoir pathétique, ces chaussures, ces morceaux de chemises, de couvertures accrochées aux pointes des barbelés que j’ai pensé aux corps qui les avaient habités et que m’est revenu en mémoire que chaque année une centaine de jeunes gens se pendent en prison… De là, ce drapé, ce suaire qui dissimule un corps anonyme, dont on ne devine qu’une main, qui semble pendre des barbelés comme les linges échoués. ECCE HOMO. Sans juger des raisons qui ont amené à l’enfermement des condamnés, il y a dans le fait même de la détention une atteinte d’ordre ontologique qui dépasse tel ou tel cas particulier et demandait à se fondre, se reconnaître en une seule image à la fois unique et multiple, singulière et universelle. Comme : « Voici l’homme, ecce homo ». Sa main ouverte est la même que celle qui apparaît sur le drap/suaire. Sur ces murs, redonner sa place à l’histoire humaine.
« Dans les prisons de Lyon », par Bruno Paccard Ces prisons ont fait partie de mon environnement pendant 30 ans. J’en avais fait une série de photos de nuit dans les années 1990. Après leur fermeture, les Archives municipales de Lyon m’ont missionné pour faire un reportage. Mon premier contact avec St Joseph et St Paul début février 2012, s’est fait un jour où il avait neigé dans la nuit. La cour était immaculée, un silence cotonneux enveloppait les bâtiments gris et sales qui renforçait un sentiment d’oppression. J’ai arpenté ces prisons vides pendant trois mois ; une sensation ne m’a jamais quitté : la difficulté à respirer. Je n’ai jamais pu passer une journée entière dans les murs, il me fallait une coupure. Un jour, je suis resté jusqu’à la nuit. J’avais passé l’après-midi dans les cellules à photographier. Je voyais à travers les barreaux le ciel bleu quelques nuages blancs et puis peu à peu, la nuit est venue, les lumières se sont al-
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lumées, et là j’ai été pris d’un terrible sentiment, mélange de chagrin et de désarroi, m’imaginant être enfermé là pour des années. Dans ces bâtiments d’un autre âge, en parcourant ces graffitis, comment ne pas entendre l’écho des cris, des hurlements, des pleurs et des plaintes que me renvoyaient ces murs glauques. Comment ne pas ressentir la rage dans ces pauvres mots : Ici, les rats te serrent la main, ils mangent mieux que nous – subit, mais n’oublie pas… Une phrase à laquelle je pense souvent et qui se passe de commentaire : La prison c’est dur, la liberté c’est sûre, aïe, aïe, aïe ! Cette misère humaine, elle était non seulement écrite sur les murs, mais aussi en l’air, accrochée, suspendue dans les barbelés, sous forme de Yo-Yo, nom que les prisonniers donnent à un moyen de communication de cellule à cellule. Les plus connus sont les Yo-Yo aériens. Ils servent à transporter des objets, des messages, mais aussi à échanger, à donner, à vendre… Un Yo-Yo comporte en fait deux parties : la première (bout de ficelle, drap découpé…), la deuxième le « container » (sac, bouteille plastique, chaussette…). L’objet, le message… est introduit dans le container et expédié comme une fronde. Idéalement le taulard « receveur » l’attrape : la communication est établie. Ainsi, lorsque la gamelle du jour est trop pauvre et qu’il faut plonger dans les réserves, le contenu de certaines boîtes de conserve voyage en l’air. Rien de facile dans ces transmissions, car d’une cellule à l’autre, naturellement, on ne se voit pas. Tout est affaire d’adresse dans l’envoi et la réception, surtout lorsque la communication ne s’établit pas entre deux cellules voisines, mais entre des cellules plus éloignées, parfois situées à des étages différents. Il y a des virtuoses du lancer et des maladroits perpétuels. À la longue, sur les murs de la prison, les Yo-Yo échoués forment d’étranges sculptures : un composé baroque de canettes, de boîtes, d’étoffes, où l’on peut y voir des pietà, des miséricordes, des drapés à l’antique, des corps écartelés… Tout au bout de la nuit, dans la mouise infinie des prisons, quelque chose s’est formé, une beauté improbable née de tous les abandons, de toutes les détresses. Balayés par la pluie, le vent, la poussière, pendant des années les Yo-Yo gardent comme une trace d’espérance. Les hommes qui les ont utilisés y ont mis une passion, une attente, un désir… Avec mon regard j’ai essayé de mettre en lumière la beauté particulière de ces installations hasardeuses… comme un hommage à ceux qui passèrent là.
Les deux textes sont issus du livre : « Dans les prisons de Lyon » © Delpire éditeur, 2014.
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EMPREINTE : EXEMPLE DE RÉHABILITATION D’UN ÎLOT ANCIEN 1 (double-page précédente) Photographie issue de l’exposition « Chambres obscures » tenue aux Archives municipales en 2012 à l’occasion des Journées du patrimoine qui présenta des clichés photographiques inédits des anciennes prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, capturés par Bruno Paccard, conjointement au travail mené sur le site de l’artiste Ernest Pignon-Ernest, une œuvre commandée en 2008 par la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Rhône-Alpes.
À l’angle de la rue Ravat et du quai Perrache demeure une des rares maisons anciennes du quartier. Son esthétique, les linteaux courbés aux fenêtres et les belles ferronneries des garde-corps pourraient laisser penser que la construction remonte à la fin du XVIIIe siècle, époque de l’aménagement de la digue-quai par Antoine-Michel Perrache. Depuis les fenêtres du premier étage, on pourrait presque imaginer l’état paysager d’autrefois, celui d’un quai planté de peupliers d’Italie où il était possible de regagner le bord du fleuve en descendant quelques marches après avoir passé le muret de la chaussée... Cette maison est une imitation historique puisqu’elle date de 1869. C’est l’ancienne maison patronale de la fonderie Douënne & fils, spécialisée dans le travail du cuivre et du bronze, dont la manufacture disparue se trouvait attenante.
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2 Angle du quai Perrache et de la rue Ravat, avec l’ancienne maison patronale de la fonderie Douënne qui occupait le site.
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Intérieur de l’îlot réhabilité par les architectes SOHOAUREA, avec son jardin paysager.
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Après s’être vu refuser l’extension de sa fonderie dans le quartier d’Ainay (quai Tilsitt, près du pont d’Ainay), Étienne Douënne transfère ses activités sur cette parcelle du quai Perrache, la ville concédant progressivement à l’entreprise la plus grande partie de la parcelle rectangulaire formée par le cours Bayard, la rue Delandine, la rue Ravat et le quai Perrache. Les installations industrielles étaient importantes avec, dans l’atelier, douze fours à creusets (le métal à fondre étant contenu dans un creuset qui protège des flammes et des gaz de combustion), un four à réverbère (four à céramique où la chaleur est réverbérée par la voûte) et trois machines à vapeur. À la fin des années 1960, le site se trouvait encore occupé par la Carrosserie Nouvelle de Perrache, spécialisée dans la tôlerie et l’application de vernis, et la maison patronale occupée par la Direction Régionale des Services Pénitentiaires, à quelques pas des prisons Saint-Joseph-Saint-Paul. Les installations industrielles ont été démolies en juillet 2004, y compris la halle du grand atelier… ce qui n’est pas un cas isolé pour le quartier Sainte-Blandine dont les îlots ont été progressivement désindustrialisés pour permettre un réinvestissement immobilier. Ici, la réhabilitation a été menée par l’Atelier AIA – Atelier de la Rize qui est le maître d’œuvre des bureaux de la chambre de commerce et d’industrie de Région (angle avec le cours Bayard), ainsi que par les architectes de SOHO-AUREA qui ont eu soin de transformer la partie intérieure de l’îlot. Sur l’alignement du quai, le nouveau centre d’affaires « Empreinte » abrite l’Agence Régionale du Développement et de l’Innovation, l’association régionale de promotion gastronomique RhôneAlpes, le siège de l’ADDEV, spécialistes dans les matériaux haute performance, et celui de DCB International, promoteur immobilier. Au revers, le complexe protège un vaste jardin paysager intérieur bordé d’immeubles d’habitation, dont l’un d’eux se voit édifié sur une « dent creuse » ouvrant sur la rue Ravat, de son surnom « Black Box », parce que ses façades sont composées d’un parement de briques noires verticales.
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Cadrage sur la Saône et la colline de Sainte-Foylès-Lyon depuis le jardin d’Erevan.
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Vue sur le bassin sud du parc de Saône (jardin aquatique Jean Couty), sur les balmes et sur les pavillons des Radios et des Salins (août 2012).
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Le quai Rambaud réaménagé en jardin paysager au niveau du jardin aquatique d’Ouagadougou et l’îlot A.
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La Nouvelle Capitainerie à l’entrée de la place Nautique, Maison des Jeunes et de la Culture de Confluence (MJC signée par Marcillon Thuillier Architecte).
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Théâtre en bois éphémère édifié sur l’amphithéâtre de Verdure du quai Rambaud, sous la forme d’une tour de douze mètres de haut, inspiré du théâtre de Southwark de Shakespeare à Londres, pour le festival La Tour Passagère (juin-juillet 2015).
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Saône et du Rhône, ne saurait faire oublier le processus historique à l’œuvre depuis le Siècle des lumières, lorsqu’Antoine-Michel Perrache proposa d’inventer à Lyon « un territoire qui n’existait pas ». Le nouveau quartier créé ex nihilo offrit à la ville l’espace de son devenir, faisant du nouveau quartier de Perrache un lieu d’expérimentation de la Révolution industrielle et une zone logistique de premier ordre. Chaque époque y a laissé la marque de ses audaces, de ses infrastructures, de ses utopies et de ses visions du progrès. Aujourd’hui, le modèle est à la ville durable, et la Confluence est de nouveau au rendez-vous, en tant que laboratoire de l’écologie urbaine. Cette chronique historique est le récit d’une aventure urbaine, dont les étapes se savourent comme les pages d’un roman, redonnant toute sa dimension affective et symbolique à un territoire hors du commun. Nicolas Bruno Jacquet est diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, historien de l’architecture et de l’urbanisme. Conférencier à Lyon, il est auteur de monographies et d’ouvrages sur le patrimoine, ainsi que d’un essai, Le langage hypermoderne de l’architecture (Parenthèses, 2014).
22,00 € TTC ISBN : 978-2-917659-73-1 Dépôt légal : septembre 2018 www.editions-libel.fr
Lyon conflUenCe Une conquête à contre-courant
L’incroyable métamorphose territoriale en cours, au confluent de la