Du monastère au pôle culturel de la Visitation (extrait)

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D U M O N A S T È R E A U P Ô L E C U L T U R E L D E L A V IS IT A T IO N

DU MONASTÈRE AU PÔLE CULTUREL DE LA VISITATION

À la découverte de l’histoire du monastère de la Visitation de Thonon-les-Bains. Inscrit dans le paysage urbain depuis cinq siècles, il connaît aujourd’hui sa complète réhabilitation en un pôle culturel pluridisciplinaire dans le respect de la vocation culturelle décidée il y a 50 ans lors des travaux d’édification du quartier de la Rénovation. Véritable carnet de visite du bâtiment, cet ouvrage collectif très illustré dresse un état des lieux depuis sa création

WWW.EDITIONS-LIBEL.FR ISBN : 978-2-917659-76-2 DÉPÔT LÉGAL : SEPT. 2018

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THONON-LES-BAINS

jusqu’à son parachèvement en 2018.

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PRÉFACE L’ancien couvent de la Visitation possède à l’échelle de la ville et du Chablais une valeur patrimoniale et emblématique forte. Son passé, son allure imposante et son implantation en cœur de ville ont marqué l’histoire de Thonon-les-Bains et constituent un enjeu majeur en termes d’aménagement comme de vie culturelle et associative. Dès l’origine et jusqu’au XIXe siècle, la construction de la Visitation a suivi une volonté architecturale forte fondée sur le plan-type du coutumier établi par Jeanne de Chantal en 1628. Ce qui semble s’imposer comme une évidence aujourd’hui ne l’a pas été de tout temps. L’édifice a vécu des cycles d’utilisation à l’issue desquels, dans les années 60, s’est présentée la possibilité de le détruire ou de le conserver. Sa valeur patrimoniale, témoin de quatre siècles d’histoire, a assurément fourni la raison primordiale de sa conservation. Sa vocation a été décidée, dès cette époque, par la municipalité, qui a eu cette remarquable vision de faire de ce bâtiment un centre culturel. Il était donc important de garder cet édifice. La dernière phase de travaux date des années 70-80 avec le projet de l’architecte Maurice Novarina. Le bâtiment a connu une rénovation partielle, presque 2 000 m2 restés inoccupés, et la mise en œuvre d’une partie du programme à vocation culturelle. Dès lors, la ligne directrice de sa reconversion culturelle n’a jamais été démentie. En 2009, quand la municipalité a décidé de lancer les études de faisabilité, il s’agissait d’insuffler une nouvelle vie à ce monument. Les études ont confirmé la possibilité de donner à cet ensemble de la Visitation le caractère d’un véritable pôle culturel pluridisciplinaire. Il m’incombait ensuite de proposer au conseil municipal la réhabilitation globale de l’ancien couvent en lançant un concours de maîtrise d’œuvre en 2013. Les architectes, Atelier Novembre et Philipe Donjerkovic, ont su réaliser un bâtiment unifié en tirant parti de son potentiel et en tenant compte de la mémoire du lieu. Son réaménagement est conçu avec une grande exigence de qualité. L’extension contemporaine qui le complète est un atout majeur pour l’image de la ville et son attractivité. Leur réalisation permet d’affirmer la présence d’un équipement culturel de premier plan qui crée un point d’ancrage dans le centre-ville, en développant le quartier environnant. Le relais sera pris par les professionnels de la culture pour en faire un lieu incontournable pour tous les Thononais. Je constate aujourd’hui, en revisitant son histoire, une continuité de l’action publique. Il aura néanmoins fallu cinquante ans depuis le départ des religieuses pour que cet édifice soit intégralement dédié à la culture. La réhabilitation du pôle culturel de la Visitation participe à l’écriture d’une nouvelle page de la politique patrimoniale et culturelle de la ville. Inspirée par l’histoire du site et conduite par une conception architecturale contemporaine, elle permet de préserver le puissant esprit des lieux et d’introduire un nouvel esprit en ce lieu.

JEAN DENAIS

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MAIRE DE THONON-LES-BAINS

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SOMMAIRE 9

UN MONASTÈRE AU CŒUR DE LA VILLE : LA VISITATION DE THONON 1627-1968

10 L’INSTALLATION DES RELIGIEUSES 10 DE LA FONDATION AU DÉPART DES VISITANDINES 13 TRANSFERT DU MONASTÈRE RUE VALLON À THONON 13 UNE NOUVELLE LOCALISATION 13 INSTALLATION RUE DES GRANGES 14 LES APPORTS DES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES 15 UNE CONSTRUCTION PAR ÉTAPE 15 UNE ÉGLISE POUR LE MONASTÈRE 15 RIEN N’EST TROP BEAU POUR DIEU 16 UN DÉCOR POUR LE MONASTÈRE 18 L’ÉVOLUTION DU BÂTI JUSQU’AU DÉPART DES VISITANDINES EN 1968 18 LES ULTIMES TRAVAUX DU XVIIIE SIÈCLE 18 LE MONASTÈRE SOUS LE « BUON GOVERNO » 21 LES TRAVAUX DU XIXE SIÈCLE

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VERS UNE NOUVELLE DESTINÉE : DESTRUCTION OU RÉHABILITATION ? 1959-1969

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UNE DESTINÉE INCERTAINE

27 UNE POLÉMIQUE AUTOUR DU SORT RÉSERVÉ AU MONASTÈRE 27 UN DÉBAT ANIMÉ 29 ACQUISITION DU MONASTÈRE PAR LA VILLE 29 LA CONSERVATION À NOUVEAU EN QUESTION

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PHOTOGRAPHIES DE FRANÇOISE SAUTIER MAI 1959

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LA VISITATION : UN CENTRE CULTUREL 1976 - 2010

40 UN PROJET DE CENTRE CULTUREL AU CŒUR DE LA RÉNOVATION 40 LA RÉNOVATION URBAINE 42 LA RESTRUCTURATION DU COUVENT

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UNE EXÉCUTION PARTIELLE TRAVAUX POSTÉRIEURS AU PROJET DE RESTRUCTURATION

46 L’ÉVOLUTION DES PRATIQUES CULTURELLES : L’EXEMPLE DES STRUCTURES MUNICIPALES 46 DE LA BIBLIOTHÈQUE À LA MÉDIATHÈQUE MUNICIPALE 52 DES ÉCOLES DE MUSIQUE À L’EMDT 55 LA CHAPELLE : D’UNE SALLE D’EXPOSITION À UN LIEU DÉDIÉ À L’ART CONTEMPORAIN 59

UNE RÉHABILITATION DEVENUE NÉCESSAIRE

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VERS LE PÔLE CULTUREL DE LA VISITATION

62 LES ENJEUX DU PROJET DE RÉHABILITATION JUSQU’AU LANCEMENT DU CONCOURS 62 RÉALISATION D’UNE ÉTUDE DE PROGRAMMATION 64 RÉALISATION D’UNE ÉTUDE ARCHITECTURALE ET HISTORIQUE 64 STRATÉGIE D’AMÉNAGEMENT DU FUTUR PÔLE CULTUREL 65 LANCEMENT DU CONCOURS DE MAÎTRISE D’ŒUVRE PROGRAMME ET PROPOSITION DE SCÉNARIO RETENUS 65 66 LE PROJET ARCHITECTURAL 66 UN TÉMOIN DE LA TRANSITION URBAINE DE LA VILLE 67 LE CONTEXTE : UNE INTERVENTION MESURÉE 68 UNE APPROCHE PATRIMONIALE QUI S’INSCRIT DANS L’HISTOIRE DU SITE 70 UNE ORGANISATION DU PROJET ARCHITECTURAL SUIVANT UNE PARTITION CLAIRE ET LISIBLE 70 LES ENTITÉS FONCTIONNELLES ET LEUR ARTICULATION L’EXTENSION : UNE ÉCRITURE CONTEMPORAINE CONTEXTUELLE 74 76 IMAGE ET MATÉRIALITÉ CHRONOLOGIE DU CHANTIER 78 79 ÉTAT DES LIEUX 79 LES SENTENCES 80 BUTONNAGE, DÉMOLITION, EXCAVATION 82 LE MONTAGE DES PLANCHERS ET DES MURS 83 L’INTERVENTION PATRIMONIALE 85 LA VERRIÈRE 85 LES FINITIONS

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PHOTOGRAPHIES DE TAKUJI SHIMMURA JUIN — JUILLET 2018

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LES CHIFFRES-CLÉS

100 LE PÔLE CULTUREL DE LA VISITATION, UN LIEU PLURIDISCIPLINAIRE OUVERT À TOUS 100 UNE SYNERGIE ENTRE LES ACTEURS DU PÔLE 101 L’ACCUEIL DES PUBLICS : UNE ACCESSIBILITÉ POUR TOUS 101 UN NOUVEL ÉLAN DANS LES OFFRES CULTURELLES DU PÔLE 103 UNE ÉMULATION ENTRE LES ACTEURS CULTURELS ET SOCIAUX

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UN MONASTÈRE AU CŒUR DE LA VILLE : LA VISITATION DE THONON 1627-1968 JOSEPH TICON

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BERNARD CROLA

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UN PROJET DE CENTRE CULTUREL AU CŒUR DE LA RÉNOVATION À la suite de l’inscription du monastère à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, des travaux de conservation préliminaires sont réalisés entre 1976 et 1978, dont la réfection des 3300 m2 de toiture. Reprenant l’idée de centre culturel, émergée lors des débats de 1969, la municipalité affirme en 1975 la volonté de reconvertir ce bâtiment religieux chargé d’histoire, en un équipement public moderne à vocation socioculturelle. Sa rénovation décidée, André Donzier reprend la plume, pour cette fois, saluer cette initiative dans un article du Messager du 19 novembre 1976 titré « Restauré, le monastère de la Visitation de Thonon devient centre culturel ». On ne peut évoquer sa nouvelle affectation sans faire référence au projet de rénovation urbaine porté par la Ville de Thonon-les-Bains. En effet, le couvent est au cœur du projet et s’inscrit déjà comme un « pôle d’attraction au centre-ville, lieu de rencontre, de promenade et de repos s’ouvrant largement sur l’avenir ».

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L A R É N OVATION UR BAINE

Dans l’élan des reconstructions d’après-guerre et des idées issues du Mouvement Moderne, la Ville de Thonon-les-Bains a souhaité reconstruire son centre ancien, réputé insalubre. Un premier projet voit le jour en 1966, conduit par les architectes annéciens Henry et Fay. Il est prévu de détruire le bâti ancien et de le remplacer par des immeubles-barres alignés à un nouveau système de voies. Seuls les monuments insignes sont conservés, tel que le couvent de la Visitation, tout de même amputé à l’ouest de l’ancienne ferme, situé rue des Granges, sans doute en raison de sa position oblique. À partir de 1968, le projet est repris par l’architecte Maurice Novarina, associé à Michel Brugger et Gilles Dagnaux. Le parti moderniste du premier projet est alors abandonné au profit d’une composition plus aléatoire d’immeubles assemblés les uns aux autres, disposés autour de placettes, de ruelles et de jardins. Certaines zones anciennes sont conservées sans que leur délimitation n’observe une argumentation historique définie. De même, les espaces publics créés ne respectent pas les tracés des rues anciennes. Le projet peut s’interpréter comme une relecture de l’espace urbain, tendant vers une échelle plus humaine et une esthétique pittoresque. Au cœur du projet, le couvent de la Visitation est conservé dans sa quasi-intégralité, mais ses abords sont largement modifiés afin de l’ouvrir sur le quartier. Les murs de clôture sont abattus et du côté sud, le jardin des religieuses devient la place du marché.

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↑ Travaux de la Rénovation. Les murs de clôture sont abattus. Vers 1975. Coll. Archives de Thonon-les-Bains – 1T203-3.

↓ Travaux de la Rénovation. Excavations pour les immeubles de la place du marché. La façade sud de la Visitation n’est pas encore percée d’arcades. Coll. Archives de Thonon-les-Bains – 1T203-1.

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— 42 — Maurice Novarina propose de faire de la façade sud la nouvelle entrée du bâtiment en la perçant de cinq arcades. Cette option suscite au conseil municipal des discussions assez vives, certains conseillers souhaitant conserver l’aspect originel du bâtiment. En 1977, la réalisation, spectaculaire, des arcades nécessite l’ouverture de la façade jusqu’au toit. Enfin une placette est créée rue des Granges à l’emplacement de l’ancienne cour de la ferme, rendant visibles les façades annexes du couvent, d’intérêt pourtant limité. Lancés en 1971, les travaux du quartier s’achèvent au début des années 1980. Georges Pianta, maire de Thonon-lesBains et porteur du projet, affirme ainsi : « les taudis ont disparu pour laisser place à une ville moderne ». L A RE S TRUCTUR ATI ON DU COUVENT Par délibération du 30 juin 1975, Georges Pianta « rappelle au conseil sa décision de conserver l’ancien couvent de la Visitation acquis par la Ville et situé au cœur de l’opération de rénovation urbaine […] pour y réaliser en bâtiment public un centre Socio-Culturel qui regroupera la Bibliothèque Municiaple, le Musée, l’Académie Chablaisienne, la Société des Beaux-Arts, le Groupe folklorique Sabaudia, des salles de Sociétés, de Conférences et d’Expositions ». Une commission présidée par le docteur Achard, adjoint au maire, est alors chargée d’évaluer les besoins des différentes sociétés locales et d’attribuer les espaces.

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Le cabinet Novarina envisage le projet architectural du couvent de manière radicale selon un principe courant dans les années 1960-70. Le bâtiment ancien est alors apprécié pour son aspect extérieur et considéré comme une enveloppe dans laquelle tout aménagement est possible. Le cloître est l’élément central de la proposition. Son ouverture vers l’espace public est assurée par le percement des arcades dans la façade sud et un large péristyle créé dans l’aile sud conçu tel « un porche couvert de 148 m² ». Le cloître est traité de manière minérale et « dans le même esprit que la place de façon à donner une unité complète entre l’intérieur et l’extérieur. » Le cloître est voulu comme une extension de la place du marché attestant une volonté d’osmose entre le pôle culturel et l’espace public. La cour du cloître devient un espace à part entière accueillant plus spécifiquement le spectacle vivant. L’ancienne chapelle est reconvertie en salle polyvalente pour expositions ou réunions de 120 à 150 places assises. La bibliothèque, installée depuis 1966 dans les sous-sols de la Maison des Arts devenus trop exigus, se voit affecter la partie sud-est du bâtiment. Elle bénéficie de la plus grande surface attribuée. Elle est inaugurée en 1984 et propose, sur deux niveaux une salle de lecture, une salle de périodiques, une discothèque et une réserve. Plusieurs associations sont accueillies dans diverses parties du bâtiment. L’Académie chablaisienne, installée au château de Sonnaz depuis 1952, prend possession du chœur des religieuses, qui devient une salle de réunion de 75 places, et des salles annexes. L’Académie reçoit à nouveau le public dès mars 1981 pour la consultation de ses 10 000 ouvrages et ses archives relatives à l’histoire locale. Une galerie du cloître est également réservée au premier étage pour présenter ses collections. Les caves du bâtiment ouest sont destinées à l’association Sabaudia qui en cours de projet se verra attribuer un espace plus important dans les combles. La Société des Beaux-Arts devenue en 1983 SATC (Société des Arts de Thonon et du Chablais) est installée au deuxième étage de l’aile nord. Le programme d’origine prévoyait également l’accueil de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, de la CroixRouge, et de l’office municipal des sports. Toutefois, ces associations se verront affecter d’autres locaux. D’autres structures telles que la Bibliothèque sonore ou encore la Ludothèque investiront les lieux progressivement.

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→ Construction des arcades dans la façade sud du monastère. Vers 1974. Coll. Joseph Ticon.

↓ Mise en place des arcades dans la façade sud du monastère. Vers 1974. Coll. Joseph Ticon.

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↓ Façade sud devenue entrée principale et achèvement de la place du marché.

Maurice Novarina. Vers 1984.

Autour les bâtiments de la Rénovation

© Groupe de recherches archéologiques

sont construits. Vers 1980. Coll. Archives

de Thonon.

de Thonon-les-Bains – 1Fi 2409.

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↑ Travaux d’aménagement de la bibliothèque par l’architecte

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U N E E XÉ C UTION PAR TIELLE

Dès l’origine, il est prévu de réaliser les travaux de restauration et d’aménagement du couvent par tranches. Certains espaces restent inoccupés en prévision d’une future utilisation. Au deuxième étage des ailes sud et est, sous la charpente apparente, un vaste plateau d’environ 894 m² est réservé pour extension possible d’un des services ou pour utilisation en salle d’exposition. Dans le bâtiment ouest, des locaux sont affectés au logement des gardiens au premier étage. Au deuxième étage, des logements et locaux d’archives ne seront pas réalisés. En raison de l’affectation secondaire du bâtiment ouest, la cour des provisions ne fait pas l’objet d’aménagements particuliers. On peut dater la restructuration du couvent selon le projet du cabinet Novarina entre 1978 et 1984. Celle-ci n’est pourtant pas achevée. L’aménagement du musée sur trois niveaux dans la partie sud-ouest du bâtiment n’a pas été réalisé, comme la restructuration du bâtiment ouest. Les travaux semblent ainsi s’être arrêtés net, laissant certains fers à béton apparents.

T RAVAUX P O S TÉ RIE URS AU PROJET DE RESTRUCTURATION

Le bâtiment a fait l’objet de divers travaux d’aménagement réalisés pour des besoins spécifiques. Ces travaux ne correspondent pas au projet global de Maurice Novarina, l’idée de l’achèvement de ce dernier ayant peu à peu été abandonnée. • 1986 - 1987 : Réaménagement de la Ludothèque avec mise en œuvre d’un entresol dans le local. Aménagement de l’office de tourisme au rez-de-chaussée de l’aile sud et notamment dans le péristyle, réduisant ce dernier. • 1989 : Aménagement des combles de l’aile nord avec une salle d’arts plastiques telle que prévue au premier projet pour une mise à disposition de la SATC. • 1989 - 1990 : Construction d’un grand escalier dans l’aile nord. Escalier plus vaste que celui prévu au plan de Novarina, accessible depuis l’extérieur par un grand portique en rez-de-chaussée. • 1990 : Aménagement de la Bibliothèque sonore, au premier étage de l’aile nord.

En complément des activités des structures culturelles qui s’y déploient, il est décidé de valoriser les qualités esthétiques et acoustiques du cloître déjà très utilisé durant l’été pour accueillir un grand nombre de manifestations (théâtre, musique, chanson, poésie) programmées en lien avec les structures culturelles locales. En 1992, la Ville l’équipe de gradins, d’une scène et de structures techniques, devenus indispensables à une utilisation croissante de cette cour qui programme 15 à 20 spectacles culturels et une quarantaine de dates du 21 juin au 31 août. Au fil des ans, d’autres associations locales bénéficient de locaux mutualisés : le chœur Amédée, les Amis d’Eberbach, l’antenne du Chablais du Centre généalogique de Savoie.

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• 2001 - 2003 : Aménagement de locaux pour l’école municipale de musique au rez-de-chaussée du bâtiment ouest. De nombreux éléments anciens sont conservés, tels que les sols en terre cuite, les serrureries et les sentences peintes. Un escalier est créé dans l’angle nord-ouest du bâtiment pour desservir les étages en attente d’un aménagement futur.

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L’ÉVOLUTION DES PRATIQUES CULTURELLES : L’EXEMPLE DES STRUCTURES MUNICIPALES

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Ainsi devenu un nouveau centre culturel au cœur même de la Rénovation, l’ancien couvent est confirmé dans sa vocation par le schéma de développement culturel 1991-2000 de la Ville qui s’attache à renforcer son rôle fédérateur de la vie culturelle locale. Portons notre attention sur l’évolution des pratiques culturelles entre 1980 et 2010 à travers l’exemple de la médiathèque, de l’école de musique et de l’espace d’expositions de la chapelle. En effet, les témoignages des responsables de ces équipements montrent l’évolution des besoins et la nécessité pour y répondre de réaliser des travaux de réhabilitation pour créer le pôle culturel de la Visitation.

DE L A BIBL IOTH È QUE À L A MÉDIATHÈQUE MUNICIPALE

DANIÈLE GABAY

QUELS SONT LES ENJEUX DE L’INSTALLATION DE LA BIBLIOTHÈQUE À LA VISITATION ?

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DIRECTRICE DE LA MÉDIATHÈQUE

L’histoire de la médiathèque est complexe et fortement liée au Théâtre Maurice Novarina qui fut une Maison de la Culture Malraux en 1966. Cette Maison de la Culture intégrait un espace d’exposition et une bibliothèque. Les fonds de la bibliothèque se développent en lien avec les thématiques de l’époque : arts plastiques, poésie, philosophie. La bibliothèque de Thonon-les-Bains, créée sous statut associatif en 1954, devient municipale en 1969, date à laquelle elle quitte ses locaux du château de Sonnaz pour intégrer ceux de la nouvelle Maison des Arts et Loisirs. Elle occupe alors 200 m² en sous-sol et compte 8 000 ouvrages. En 1985, elle rejoint les locaux de l’ancien couvent de la Visitation aménagés par Maurice Novarina dans le cadre du projet de rénovation du centre-ville. La bibliothèque compte alors 1 100 m² et 45 000 documents et connaît sa première informatisation sous la direction de Pierre Caran, l’un des fondateurs de l’association Lettres Frontière. En 1999, elle est rattachée au service culture de la Ville.

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→ Salle de lecture de la bibliothèque municipale. Ancien couvent de la Visitation. Après 1984. Coll. Archives de Thonon-les-Bains – 1Fi 1131.

↓ Salle de lecture de la bibliothèque municipale. Maison des Arts et Loisirs. Avant 1984. Coll. Archives de Thononles-Bains – 1Fi 1126.

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QUELLE EST ALORS LA SITUATION DE LA LECTURE PUBLIQUE ET QUELS EN SONT LES ENJEUX ?

Au cours des dix années qui suivent son installation à la Visitation, la bibliothèque municipale n’a cessé d’accroître ses collections qui ont doublé. Au sein de celles-ci, des fonds spécialisés constitueront les pôles d’excellence de la future médiathèque. Il s’agit d’un ensemble particulièrement riche de livres d’art dont l’origine est une dotation du ministère de la Culture à la Maison de la Culture en 1966. On note également un fonds local sur l’histoire de Thonon, du Chablais et de la Savoie. Et enfin, un fonds de phonogrammes dont l’achat a commencé tôt, dès 1980. L’organisation de la bibliothèque est très sectorisée et chaque secteur travaille en quasi autonomie ne favorisant pas la dynamique de l’établissement. À l’époque, l’objectif de la bibliothèque est de mettre à disposition un maximum de documents dans tous les domaines de la connaissance avec la volonté d’attirer de nombreux lecteurs. Dans le même temps, la littérature professionnelle sur la question des bibliothèques amène le débat autour de la définition des bibliothèques publiques et leur nécessaire évolution.

QUAND LA BIBLIOTHÈQUE DEVIENT-ELLE MÉDIATHÈQUE ET POURQUOI ?

Deux faits marquants ont mis en lumière les pistes d’améliorations nécessaires à la bibliothèque. Ils portent à la fois sur les espaces, les collections et l’organisation du service. Il s’agit tout d’abord du rapport de l’inspection générale de la Direction du livre et de la lecture réalisé en 2005, puis de l’étude de diagnostic sur l’organisation fonctionnelle réalisée par le cabinet Favre en 2008. Fort de ces études, la Ville accompagne la bibliothèque dans l’effort de modernisation de l’équipement pour en faire un lieu culturel familier, intergénérationnel, de citoyenneté et d’intégration sociale. Se basant sur les résultats de la mission de diagnostic, un nouveau projet de service est élaboré. La Ville décide de donner la priorité à deux axes stratégiques : d’une part, le développement du lectorat et du lien social sur la ville et d’autre part, l’adaptation des services et des espaces de la bibliothèque. La bibliothèque fait évoluer son offre, elle se transforme et intègre les nouvelles technologies de l’information et de la communication avec la création d’un espace multimédia. À la suite du départ de l’office du tourisme en 2007, la bibliothèque s’agrandit et conçoit un espace actualité. Enfin l’offre documentaire se déploie avec des collections plus accessibles à un large public. Plus qu’une bibliothèque, la médiathèque s’inscrit dans une démarche d’évolution et d’ouverture grâce à sa capacité de mutation permanente et à la liberté d’accès qu’elle encourage auprès de ses usagers de toutes générations et tous milieux socioculturels.

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COMMENT ONT ÉVOLUÉ LES BESOINS DE LA MÉDIATHÈQUE ENTRE 1980 ET 2010 ?

Si le rapport de l’inspection de 2005 met l’accent sur l’intérêt porté par la Ville à la bibliothèque, et les points forts de la lecture publique, il fait apparaître de nombreux points d’amélioration et notamment à propos des espaces : • L’implantation de la bibliothèque dans l’ancien couvent de la Visitation est favorable. Cependant la situation actuelle de la bibliothèque est très insatisfaisante, car elle ne dispose que de 1 103 m² utiles. • L’aménagement de 1985 fait apparaître des défauts classiques : magasins insuffisants, trop peu de bureaux et d’espaces techniques. Qualitativement les locaux de la bibliothèque ont de réelles limites, le secteur adulte est encombré. Après l'installation de nombreuses travées de rayonnages, il offre peu de place pour les lecteurs. Malgré le « désherbage », tous les fonds sont serrés et il est difficile de mettre en valeur des fonds thématiques. Le secteur musique est très à l’étroit.

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↑ Concert de l'atelier Zik. Fête de la musique 2012.

↓ Concert de l'EMTL. Fête de la musique 2011.

© Ville de Thonon-les-Bains.

© Ville de Thonon-les-Bains.

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DU MONASTÈRE AU PÔLE CULTUREL DE LA VISITATION

À la découverte de l’histoire du monastère de la Visitation de Thonon-les-Bains. Inscrit dans le paysage urbain depuis cinq siècles, il connaît aujourd’hui sa complète réhabilitation en un pôle culturel pluridisciplinaire dans le respect de la vocation culturelle décidée il y a 50 ans lors des travaux d’édification du quartier de la Rénovation. Véritable carnet de visite du bâtiment, cet ouvrage collectif très illustré dresse un état des lieux depuis sa création

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