Rimbaud « retrouvé » : Pantalonnade dans la Pléiade.

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Jacques Desse

Rimbaud « retrouvé » : pantalonnade dans la Pléiade

En 2010, les descendants d’Alfred Bardey, le patron de Rimbaud dans sa vie « africaine », ont déposé au Musée-Bibliothèque Arthur-Rimbaud de CharlevilleMézières de précieux souvenirs, dont le manuscrit autographe du « Rapport sur l’Ogadine ». M. André Guyaux, professeur à la Sorbonne et éditeur des œuvres de Rimbaud dans la Pléiade, a eu la curiosité de comparer ce manuscrit avec le texte connu jusqu’ici. Il y a fait une belle découverte : rien moins qu’une page entière totalement inconnue ! Cette trouvaille est présentée en avant-première dans La lettre de la Pléiade 1. On sait que le « Rapport sur l’Ogadine » fut adressé par Bardey à la Société de Géographie, qui le publia en 1884 dans ses Comptes-rendus. Une seconde édition fut donnée par Bardey en 1897 dans ses « Notes sur le Harar » (rééditées en tirage à part en 1898). Il est intéressant de comparer les onze paragraphes, jamais reproduits auparavant dans les éditions des œuvres ou les études sur Rimbaud, avec le texte donné par Bardey en 1897 : en fait, ils y figuraient déjà... Les passages que révèle la Pléiade sont donc connus depuis 114 ans. D’ailleurs, ce document étant numérisé sur Gallica, chacun peut le consulter en ligne, au prix de deux ou trois « clics » 2. Il est vrai que cette publication de Bardey a été assez ignorée des études rimbaldiennes, sans doute parce qu’elle semble être, à première vue, une simple redite de textes déjà connus. M. Guyaux a le mérite de s’être reporté à cet article complètement négligé, puisqu’il relève que Bardey y a publié la notice « amputée cette fois des quatre derniers paragraphes » 3. Mais il faut croire que M. Guyaux était un peu distrait le jour où il a rapproché ce texte et celui du manuscrit : les passages inconnus étaient déjà bien présents dans l’édition de Bardey… On peut le constater dans la juxtaposition que nous en donnons ci-dessous, ou en se

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A. Guyaux, « Rimbaud et l’Ogadine - Un fragment retrouvé », La lettre de la Pléiade, n° 43, mars 2011 (http://www.la-pleiade.fr/La-vie-de-la-Pleiade/Les-aventures-du-texte/Rimbaud-et-l-Ogadine-Un-fragment-retrouve). La version révélée par M. Guyaux a d’ailleurs déjà été plagiée : http://www.editionsdelondres.com/Rapportsur-l-Ogadine 2

Bulletin de géographie historique et descriptive, 1897, p. 171-172 : http://bit.ly/UigRue ; Notes sur le Harar (tiré à part), Imprimerie nationale, 1898, p. 45-46 : http://bit.ly/Obob7m. 3

A vrai dire, ces quatre derniers paragraphes manquaient aussi dans la première édition de 1884 et ont été publiés par Jean-Paul Vaillant en 1931 (« Rimbaud et la caravane », Bulletin des amis de Rimbaud, 2, p. 3 ; cf. J.-J. Lefrère, Arthur Rimbaud, Correspondance, Fayard, 2007).


reportant directement aux Notes sur le Harar et à l’article de M. Guyaux, reproduit ci-après 4. Bref, l’inédit de la Pléiade s’avère finalement être un cruel aveu : comment les éditeurs des œuvres de Rimbaud, comment des générations de spécialistes qui ont glosé sur le « Rapport sur l’Ogadine », ont-ils pu ne pas remarquer que ce texte comportait une page et demi de plus dans sa seconde publication ? Il faut croire que certaines guerres picrocholines, querelles de préséance et haines puériles, finissent par leur faire oublier l’essentiel. D’autres publications de textes de Rimbaud de son vivant demeurent totalement inconnues à ce jour. Nous nous tenons à la disposition des éditeurs de Rimbaud pour leur donner des références précises et vérifiables. Si jamais cela les intéresse, bien sûr. ____________________ Les passages inconnus du « Rapport sur l’Ogadine » dans les Notes sur le Harar de Bardey (1897)

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Outre de modiques différences de forme (orthographe des noms de lieux, ponctuation…), on y relève quelques petites différences dans le texte, que nous avons soulignées en gras. Ces différences ont été introduites par Bardey. Nous avons bien sûr adressé notre article à M. Guyaux avant sa publication.



Texte publié par Bardey, 1897

Texte du manuscrit (établi par M. Guyaux)

Les routes générales d'importation vers l'Ogadène sont : Au nord-est de Barbera par les Habr-Awal ; au sud-est de Moguedisho et Brawa par les Somalis de ces ports (mélangés d'Arabes, Gallas et Souhaelis) et les Habr-Braouas.

Les routes générales d’importation vers l’Ogadaine sont : au nord-est de Berbera, aux tribus de Melmil, par les Habb-Awal, au sudest de Mogdischo et Brawa par les Somalis de ces ports (mélangés d’Arabes, Gallas, et Souahélis) et les Habr Braouas.

Les marchandises d'importation pour l'Ogadène sont les sheetings, de fabrication américaine et anglaise, nommés abouguedid et wilayeti; quelques espèces de tobes rayés, nommés taouachis, aïtabanho, keïlis, boredjis, et plusieurs espèces de cotonnades légères teintes en indigo, nommées dibbani, mokhooui, bengali, labatboorand, etc. Ces dernières étoffes servent à envelopper les coiffures des femmes. Quelques perles et du tabac complètent la liste des denrées d'importation dans l'Ogadène. Les mêmes marchandises sont importées des ports de la côte de Berberah et de ceux de la mer des Indes.

Les marchandises d’importation pour l’Ogadaine sont les Sheetings de fabrique américaine et anglaise nommés Abouguédis et Wilayéti, quelques espèces de tobes rayés nommés Taouachis, Aïtabans, Kheïlis, Boredjis, et plusieurs espèces de cotonnade légère teinte en indigo, nommées Dibbâni, Mokhaoui, Bengali, Labatbooroud, etc. Ces dernières étoffes servant à envelopper les coiffures des femmes. Quelques perles et du tabac complètent la liste des denrées d’importation dans l’Ogadine. Les mêmes marchandises sont importées des ports de la côte de Berbera et de ceux de la mer des Indes.

La monnaie est entièrement inconnue dans toute l'Ogadène et les transactions entre les indigènes ne sont que des échanges de bestiaux ; avec les étrangers elles se font par le moyen des marchandises ci-dessus énumérées.

La monnaie est entièrement inconnue dans toute l’Ogadine, et les transactions entre les indigènes ne sont que des échanges de bestiaux ; avec les étrangers elles se font par le moyen des marchandises ci-dessus énumérées.

L'Ogadène possède le sel en vastes plaines salées s'étendant près du Wabi, en dessous d'Eimeh ; ce sel s'exporte même chez les Gallas, et il en est venu quelquefois au Harar.

L’Ogadine possède le sel en vastes plaines salées s’étendant près du Wabi en dessous d’Eimeh. Ce sel s’exporte même chez les Gallas et il en est venu quelquefois au Harar.

Les colporteurs de l'extérieur entrent dans l'Ogadène transportant leurs quelques marchandises à dos de chameau ou d'âne, ou môme à l'épaule, et circulent ainsi de garia en garia, guidés par leur abban, qu'ils changent de tribu en tribu. Ce guide, ou abban, prend son salaire ou droit en marchandises du colporteur, et prend courtage du vendeur et de l'acheteur à

Les colporteurs de l’extérieur entrent dans l’Ogadine transportant leurs quelques marchandises à dos de chameau ou d’ânes ou même à leur épaule, et circulent ainsi de garia en garia guidés par leur abban qu’ils changent de tribu en tribu. Ce guide ou abban prend son salaire ou droit en marchandises du colporteur, et prend courtage du vendeur et de l’acheteur à


la fois dans les opérations mercantiles qui se font devant lui. L'abban est toujours un homme recommandable et connu dans les deux tribus; il est votre garantie dans la tribu et sur la route, et il répond également de vos faits et gestes dans la tribu. On peut changer une dizaine de fois d’abban avant le Wabi, et un abban spécial passe le Wabi en radeau avec le voyageur jusqu'à la rive Aroussi. Hors de ce mode de circulation, il est impossible de parcourir l'Ogadène. Mais en choisissant bien ses abbans, en suivant leurs conseils et en marchant selon les coutumes politiques et religieuses et le caractère des indigènes, nous sommes convaincus qu'un Européen, se présentant comme marchand et sans se presser, franchirait aisément en deux ou trois mois tout le continent de Harar à Braoua par la route des Ogadènes.

la fois dans les opérations mercantiles qui se font devant lui. L’abban est toujours un homme assez recommandable et connu dans les deux tribus, il est votre garantie dans la tribu et la route et il répond également de vos faits et gestes dans la tribu. On peut changer une dizaine de fois d’abbans, avant le Wabi, et un abban spécial passe le Wabi en radeau avec le voyageur jusqu’à la Rive Aroussi. Hors de ce mode il est impossible de circuler dans l’Ogadine. Mais en choisissant bien ses abbans et en suivant leurs conseils et en marchant selon les coutumes politiques et religieuses et le caractère des indigènes, nous sommes convaincu qu’un Européen se présentant comme marchand et sans se presser, franchirait aisément en deux ou trois mois tout le continent de Harar à Brava par la route des Ogadines.

Les exportations de l'Ogadène sont les plumes et l'ivoire. RereBaawadleh, au sud-est, est le marché le plus fréquenté des plumes, dont il sort une importante quantité par les ports du golfe d'Aden, comme par ceux de la mer des Indes.

Les exportations de l’Ogadine sont les plumes et l’ivoire. Rère Baouadley au sud-est est le point le plus fréquenté pour les plumes, dont il sort une importante quantité par les ports du Golfe d’Aden comme par ceux de la mer des Indes.

L'ivoire débouche des Gallas Aroussis par Eimeh, point situé sur la rive gauche du Wabi. Tout le long du Wabi s'exportent aussi, par l'Ogadène, une quantité d'esclaves gallas pour le Sahel.

L’ivoire débouche des Gallas Aroussis par Eimeh, point situé sur la rive gauche du Wabi. Tout le long du Wabi s’exportent aussi par l’Ogadaine une quantité d’esclaves Gallas pour le Sahel.

Une certaine quantité de peaux de boeufs arrivent également à Berberah de l'Ogadène.

Une certaine quantité de peaux [de] boeufs arrivent également à Berbera de l’Ogadine.

A Galimaïz, pays de Nokob, au confluent de la Dokhta et du Wabi, on vient chercher les peaux de chèvres et la myrrhe.

À Galimaÿ, pays de Nokob, au confluent de la Dokhta et du Wabi, on vient chercher les peaux de chèvre et la myrrhe.

Les produits de l'Ogadène supérieure arrivent habituellement à la fin de l'année à Boulaar Berberah.

Les produits de l’Ogadine supérieure arrivent habituellement à la fin de l’année à Boulhar-Berbera.


Quelque café arrive peut-être aussi à Berberah des Aroussis par l'Ogadène. On nous dit même que les Ogadènes riverains du Wabi ont quelques cultures de café.

Quelque café arrive peut-être aussi à Berbera des Aroussis par l’Ogadine. On nous dit même que les Ogadines riverains de Wabi ont quelques cultures de café.

Les Hararis vont chercher en Ogadène des bestiaux et de la graisse, et y envoient quelques cotonnades, des chevaux entiers, des mulets, etc. Les douanes du Harar n'ont jamais reçu d'entrées de plumes de l'Ogadène. Les Ogadènes mêmes sont peu nombreux au Harar.

Les Hararis vont chercher en Ogadine des bestiaux et de la graisse et y envoient quelques cotonnades, des chevaux entiers, des mulets, etc. ... Les douanes du Harar n’ont jamais reçu d’entrées de plumes de l’Ogadine. (Les Ogadines mêmes sont peu nombreux au Harar.)


Rimbaud et l’Ogadine - Un fragment retrouvé La lettre de la Pléiade n° 43 mars 2011 http://www.la-pleiade.fr/La-vie-de-la-Pleiade/Les-aventures-du-texte/Rimbaud-et-lOgadine-Un-fragment-retrouve Nous connaissions un « Rapport sur l’Ogadine », signé Arthur Rimbaud, daté du 10 décembre 1883 et publié dans les Comptes rendus de la Société de géographie de Paris de l’année 1884. Nous savions que Rimbaud, après l’avoir rédigé, l’avait fait parvenir à Alfred Bardey, son employeur à Aden et à Harar, et que celui-ci l’avait adressé le 10 janvier 1884 à la Société de géographie de Paris, qui l’avait mis à l’ordre du jour de sa séance du 1er février, et publié. Nous disposons désormais du manuscrit autographe de ce rapport, qu’Alfred Bardey avait conservé et qui figure dans le fonds Bardey récemment déposé au Musée-Bibliothèque Arthur Rimbaud de Charleville. C’est ce texte que nous éditons dans le nouveau tirage des Œuvres complètes de Rimbaud, et non plus la version corrigée et abrégée des annales de la Société de géographie. Nous réservons aux lecteurs de La Lettre de la Pléiade la primeur des onze paragraphes qui ne figuraient jusqu’ici dans aucune édition des œuvres de Rimbaud, la Société de géographie ayant cru bon d’en faire l’économie en même temps qu’elle avait modifié le titre de Rimbaud – « Notice sur l’Ogadine » devenant « Rapport sur l’Ogadine » – ainsi que la date, déplacée du 10 octobre 1883 au 10 décembre, pour la rapprocher du moment de la publication. Alfred Bardey, à qui il faut rendre hommage à plus d’un titre, parlait justement de « Notes sur l’Ogadine » et datait du 10 octobre 1883 les extraits qu’il en a publiés dans ses mémoires (BarrAdjam, rééd. L’Archange Minotaure, 2010, p. 328). C’est à Bardey également que nous devons la précision selon laquelle le rapport, « établi par Rimbaud », l’avait été « d’après les renseignements recueillis et les notes rapportées par Sotiro, [leur] employé grec, au cours de ses explorations en ce pays grand comme la moitié de la France, inexploré et inconnu » (Barr- Adjam, p. 328). Rééditant cette notice en 1897 dans des « Notes sur le Harar », amputée cette fois des quatre derniers paragraphes, Bardey ne mentionne même plus le nom de Rimbaud : « Le premier Européen qui ait fait le voyage de l’Ogadène par le Harar est mon employé Sotiro […]. La notice qui suit est tirée de ses rapports » (Bulletin de géographie historique et descriptive, 1897, p. 165). La paternité de cette notice est donc étrangement partagée entre le rédacteur et signataire, Rimbaud, et l’explorateur témoignant de son aventure, Constantin Sotiro. Dans la « Notice » et dans ses lettres (Œuvres complètes, Bibl. de la Pléiade, p. 530-531), Rimbaud relève l’habileté de Sotiro, qu’il oppose à l’imprudence d’un autre explorateur de l’Ogadine, Pietro Sacconi, massacré le 11 août 1883 par une tribu indigène. André Guyaux. Dans la « Notice sur l’Ogadine », le fragment retrouvé reproduit ci-dessous prend place avant le paragraphe qui commence par « De mémoire d’homme on n’avait vu… » (dernier paragraphe de la page 541 dans les tirages de la Pléiade anté rieurs à la découverte du manuscrit). Il est précédé et suivi de deux courts filets séparatifs. Rimbaud écrit généralement « Ogadine », parfois « Ogadaine » ; nous conservons les deux graphies.


Rimbaud Notice sur l’Ogadine Fragment retrouvé Les routes générales d’importation vers l’Ogadaine sont : au nord-est de Berbera, aux tribus de Melmil, par les Habb-Awal, au sudest de Mogdischo et Brawa par les Somalis de ces ports (mélangés d’Arabes, Gallas, et Souahélis) et les Habr Braouas. Les marchandises d’importation pour l’Ogadaine sont les Sheetings1 de fabrique américaine et anglaise nommés Abouguédis et Wilayéti, quelques espèces de tobes2 rayés nommés Taouachis, Aïtabans, Kheïlis, Boredjis, et plusieurs espèces de cotonnade légère teinte en indigo, nommées Dibbâni, Mokhaoui, Bengali, Labatbooroud, etc. Ces dernières étoffes servant à envelopper les coiffures des femmes. Quelques perles et du tabac complètent la liste des denrées d’importation dans l’Ogadine. Les mêmes marchandises sont importées des ports de la côte de Berbera et de ceux de la mer des Indes. La monnaie est entièrement inconnue dans toute l’Ogadine, et les transactions entre les indigènes ne sont que des échanges de bestiaux ; avec les étrangers elles se font par le moyen des marchandises ci-dessus énumérées. L’Ogadine possède le sel en vastes plaines salées s’étendant près du Wabi en dessous d’Eimeh. Ce sel s’exporte même chez les Gallas et il en est venu quelquefois au Harar. Les colporteurs de l’extérieur entrent dans l’Ogadine transportant leurs quelques marchandises à dos de chameau ou d’ânes ou même à leur épaule, et circulent ainsi de garia en garia3 guidés par leur abban4 qu’ils changent de tribu en tribu. Ce guide ou abban prend son salaire ou droit en marchandises du colporteur, et prend courtage du vendeur et de l’acheteur à la fois dans les opérations mercantiles qui se font devant lui. L’abban est toujours un homme assez recommandable et connu dans les deux tribus, il est votre garantie dans la tribu et la route et il répond également de vos faits et gestes dans la tribu. On peut changer une dizaine de fois d’abbans, avant le Wabi, et un abban spécial passe le Wabi en radeau avec le voyageur jusqu’à la Rive Aroussi. Hors de ce mode il est impossible de circuler dans l’Ogadine. Mais en choisissant bien ses abbans et en suivant leurs conseils et en marchant selon les coutumes politiques et religieuses et le caractère des indigènes, nous sommes convaincu qu’un Européen se présentant comme marchand et sans se presser, franchirait aisément en deux ou trois mois tout le continent de Harar à Brava par la route des Ogadines. Les exportations de l’Ogadine sont les plumes et l’ivoire. Rère Baouadley au sud-est est le point le plus fréquenté pour les plumes, dont il sort une importante quantité par les ports du Golfe d’Aden comme par ceux de la mer des Indes. L’ivoire débouche des Gallas Aroussis par Eimeh, point situé sur la rive gauche du Wabi. Tout le long du Wabi s’exportent aussi par l’Ogadaine une quantité d’esclaves Gallas pour le Sahel. Une certaine quantité de peaux [de] boeufs arrivent également à Berbera de l’Ogadine. À Galimaÿ, pays de Nokob, au confluent de la Dokhta et du Wabi, on vient chercher les peaux de chèvre et la myrrhe.


Les produits de l’Ogadine supérieure arrivent habituellement à la fin de l’année à Boulhar-Berbera. Quelque café arrive peut-être aussi à Berbera des Aroussis par l’Ogadine. On nous dit même que les Ogadines riverains de Wabi ont quelques cultures de café. Les Hararis vont chercher en Ogadine des bestiaux et de la graisse et y envoient quelques cotonnades, des chevaux entiers, des mulets, etc. ... Les douanes du Harar n’ont jamais reçu d’entrées de plumes de l’Ogadine. (Les Ogadines mêmes sont peu nombreux au Harar.) NOTES du fragment retrouvé. 1. Sheetings : toiles de coton, notamment destinées à la confection des draps. — 2. Tobes : tissu de coton écru d’une seule pièce que les Oromos et Somalis portaient enroulé autour du corps et attaché autour de la taille. — 3. Garia : village. –– 4. Abban : nom donné par les Somalis au guide de caravane dans le Harar.


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