Dimensions ambiantiales, esthétiques et constructives du bambou

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PIQUEMAL Lisa

Dimensions ambiantiales, esthétiques et constructives du bambou // La question des ambiances à travers les projets des architectes Simon Vélez et Vo Trong Nghia

L5H2 / Approches théoriques de l’architecture Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble 1


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Introduction De quelle manière le bambou peut-il être introduit dans la construction? Quels atouts structurels et esthétiques propose ce matériau afin de pouvoir être mis au service de l’architecture ? Le bambou s’avère être une ressource naturelle qui, en dépit de la concurrence avec les autres matériaux contemporains, se revalorise. C’est en particulier la manière dont il se comporte à la lumière et sa matérialité qui m’intéresse, donnant des ambiances plaisantes. C’est à la lumière des projets architecturaux de Simon Vélez et de Vo Trong Nghia que nous allons essayer d’apporter des réponses. Ainsi, nous allons analyser respectivement le Pavillon de la fondation Zeri de S.Vélez dans le cadre de l’exposition universelle de Hanovre (Allemagne) en 2000, et le Bamboo Dome Cafe wNw (wind and water) de VT. Nghia réalisé en 2008 à Ho Chi Minh Ville (Vietnam). Il est à préciser que le Pavillon de S. Vélez est l’importation d’un prototype d’abord réalisé en Colombie. Il n’est pas abouti en matière de programme et laisse place à l’imagination dans l’optique de le rendre habitable : c’est une hypothèse que l’on développera. 1. CHELKOFF Grégoire, THIBAUD JeanPaul, Les mises en vue de l’espace public, laboratoire CRESSON, Grenoble, 1992

En premier lieu, nous allons expliciter la diversité morphologique et de composition que peut apporter le matériau bambou. Ensuite, nous nous pencherons sur les qualités d’ambiances lumineuses produites par la structure ainsi que les mises en vue dégagées à l’instar des deux exemples de projet.1 Enfin, nous accorderons de l’attention aux

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dispositifs architecturaux mis en place propices à la maîtrise de l’environnement : la luminosité d’un côté et la thermique de l’autre. Avant toute chose, il est important d’expliquer les termes d’esthétique et de structure que nous allons mettre en relation: la structure se dit d’ « un agencement, entre eux, des éléments constitutifs d’un ensemble construit, qui fait de cet ensemble un tout cohérent et lui donne son aspect spécifique ». L’esthétique se définit de manière moins rationnelle car il signifie : « qui est motivé par la perception et la sensation du beau » d’après le dictionnaire en ligne du CNRTL. Cela provient donc d’un jugement subjectif mais qui est en relation avec des lois d’harmonie de beauté. Ainsi, la manière dont est réalisée une structure peut participer à la beauté d’un édifice.

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Liberté morphologique en architecture 1. VELEZ Simon, Grow Your Own House, Edition VITRA DESIGN MUSEUM/ZERI/CIRECA, p 59 Traduction: «Le problème des normes techniques a pour conséquence la paralysie de la créativité ou même de la productivité» 2. « Le béton, d’autre part, est un matériau sans limite. Et quand il n’y a pas plus de limite, le rythme et le vocabulaire d’un langage architectural se perdent » 3. XIAO Yann, INOUE Masafumi, K. PAUDEL Shyam, Modern Bamboo Structures : Proceedings of the First International Conference, CRC Press, septembre 2008 Traduction : «Les propriétés structurales du bambou brut (bambou) démontrent sa légèreté par rapport au bois avec une force de une fois et demie plus élevée. Le rapport de force sur la densité du bambou, indiquant l’efficacité des matériaux, est 2,5 fois plus élevé que le bois et trois fois plus que l’acier. Cela montre comment le bambou est extrêmement efficace car il a une légèreté à haute résistance.»

Le bambou est une ressource naturelle qui a différentes qualités. C’est le matériau de prédilection des architectes Simon Vélez et Vo Trong Nghia qui tentent de le promouvoir dans la construction à l’échelle internationale. Son comportement est testé par des expérimentations à l’échelle 1. L’inconvénient est que les résultats de ces expériences sont très peu théorisés; de ce fait, on a du avoir recours à des tests complémentaires pour confirmer la staticité de la structure en bambou du Pavillon de ZERI lors de l’exposition universelle à Hanovre. Simon Vélez regrette que le bambou ne soit pas un matériau normalisé dans les lois de construction et qu’il soit mal accepté. Il remet en question la standardisation des autres matériaux tels que le béton qui inhibe la liberté créatrice de l’architecte. «The problem of technical standards (results in) the paralysis of creativity or even of productivity» 1 Par la suite, Vélez compare le bambou au béton par rapport à sa capacité à générer des formes plus ou moins complexes. «Concrete, on the other hand, is a material without limits. And when there are no limits anymore, the rhythm and vocabulary of an architectural idiom get lost» 2 Mais encore, on découvre chez le bambou des atouts techniques et écologiques plus performants que ceux du bois ou de l’acier voire du béton. « The structural properties of raw bamboo (bamboo pole) demonstrate its lightness compared to timber with one and a halft time the strength. The ratio of strength over density of bamboo pole, indicating material efficiency, is 2.5 times higher than wood and 3 times of steel. This shows how bamboo is extremely efficient because it has lighhtness with high strength. » 3

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Non seulement c’est une ressource naturelle abondante mais c’est également grâce à sa staticité et son élasticité que naissent des structures aux formes variées. Similaire au roseau, le comportement du bambou peut se référer à la célèbre citation de J. La Fontaine : « Le roseau plie mais ne rompt pas ». D’un côté le Pavillon du Café en Colombie revisite les charpentes traditionnelles en bois qui peuvent très bien être appliquées au bambou. En effet le travail élaboré repose sur un assemblage radial des fermes palladiennes – ce qui engendre une organisation concentrique à l’intérieur du pavillon. De l’autre côté, le Bamboo Dome de Vo Trong Nghia rappelle une énorme hutte. La structure comporte une multitude de modules basés sur des arcs qui viennent se croiser au sommet. Enfin, on peut affirmer que le bambou possède des qualités élastiques non négligeables par rapport aux autres matériaux. Ainsi, de par sa grande souplesse, le bambou génère des formes plus ou moins créatives et qui peuvent se démarquer des autres projets en architecture. La présence d’arcs ajoute un charme au bâti, ils sont utilisés aussi bien pour des raisons esthétiques que structurelles. Par exemple, le Pavillon du Café joue sur la forme de l’arc qui est considéré comme un élément ornemental. Le bambou est luimême par sa morphologie, un matériau non commun que les architectes colombien et vietnamien veulent faire découvrir auprès du grand public, d’où le Pavillon d’Exposition Universelle de S. Vélez. Du côté de Vo Trong Nghia, le Bamboo Dome s’adresse à l’échelle locale – situé dans la province de Binh Duong en périphérie de Ho Chi Minh Ville, seuls les habitants du quartier connaissent les lieux et se l’approprient. Le programme étant un bar à proximité d’un café extérieur (réalisé d’ailleurs par le même architecte), le projet a une fréquentation assez régulière de la population. La forme du dôme est tout d’abord peu commune – il attire la curiosité par sa hauteur et son enveloppe tout en chaume: cela fait penser à un énorme nid dans lequel on pourrait s’abriter. Il fait référence à la cabane, habitat primitif où l’on se sent protégé. Cette étonnante structure est une invitation à qui veut bien s’engoufrer à l’intérieur.

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Redessin du module structurel du Pavillon de ZERI, ZERI Zero Emission Research and Initiatives, Pavilion for World Expo 2000 Full Documentation, http://www.zeri.org/ZERI/Home.html, consulté le 24.11.14

Redessin du module structurel du Pavillon du bambou, NGHIA Vo Trong, Archdaily, wNw Bar / Vo Trong Nghia, conceptual diagram, http://www.archdaily.com/220071/wnwbar-vo-trong-nghia/conceptual-diagram/, publié le 30 mars 2012

Redessin de l’évolution de la structure de charpente du Pavillon de ZERI, FREY Pierre, VON SCHAEWEN Deidi, Simon Vélez Architecte // La Maîtrise du bambou, Edition Actes Sud, mai 2013

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Organisation interne et espaces diversifiés en relation à la liberté de mouvement De part et d’autre, les espaces produits résultent du choix d’une organisation concentrique des deux pavillons. C’est une forme particulière qui offre à l’usager un parcours agréable. Dans un premier temps, le pavillon de S. Vélez invite à prendre un des deux escaliers et à se déplacer de manière circulaire à l’étage alors qu’au rez-de-chaussée toute personne est libre de mouvement et il n’y a aucune paroi délimitant l’espace mis à part la présence de pilotis porteurs. Dans le Bamboo Dome, bien que ce soit un espace fermé, l’usager peut occuper tout le sol qui repose sur une surface ronde. Un bar occupe un tiers de l’espace et on peut accéder à une petite mezzanine par un escalier en bambou. En ce qui concerne ces espaces complémentaires, on remarque différents niveaux d’intimité. D’abord par l’aspect nid/cocon du projet en lui même car le lieu est clos et n’a pas beaucoup de relation avec l’extérieur. L’intérieur est sombre et la forme concentrique incite les usagers à se rassembler et à partager des moments communs. La mezzanine en hauteur et à l’abri des regards, donne un côté intime. Au contraire, dans le pavillon de S. Vélez, tout est ouvert. En effet, en plus de la forme concentrique, le pavillon invite les personnes à y pénétrer de toute part et tout le monde peut se voir quelque soit l’endroit où l’on se trouve. Cela représente en fait une accessibilité universelle tant par le fait d’y entrer que par la manière dont la structure est conçue. Cet assemblage en bambou est reproductible partout. «The ZERI Pavilion is a circular construction, thus one without a beginning, without an end, open in design as to invite everyone to participate without obstacles. It is open and unobstructed. It symbolises a universally accessible organisation which embodies concepts and technologies which are applicable anywhere and accessible to everyone.»4

4. MC LUHAN Marshall, ZERI Pavillion on the EXPO 2000, http://bambus. rwth-aachen.de/eng/reports/zeri/englisch/referat-eng.html, consulté le 24.11.14 Traduction : « Le Pavillon de ZERI est une construction circulaire, sans début ni fin, ouverte ainsi elle invite chacun à participer, sans obstacle. C’est ouvert et dégagé. Cela symbolise une organisation accessible et universelle qui fait intégrer des concepts et des technologies qui sont applicables partout et accessibles à tous. » Néanmoins ce module d’assemblage peut être retravaillé en fonction du programme : par exemple, si l’on souhaite que le pavillon soit habitable, il est possible de subdiviser les différents compartiments qu’offre la forme générale du bâti puis de les fermer si nécessaire.

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Successivement, Redessin du plan de RDC du Pavillon ZERI et Redessin d’un projet d’aménagement, MC LUHAN Marshall, ZERI Pavillion on the EXPO 2000, http://bambus.rwth-aachen.de/eng/reports/zeri/englisch/referat-eng.html, consulté le 24.11.14

Redessin du plan du Bamboo Dome, NGHIA Vo Trong, Bamboo Dome Cafe WnW by Vo Trong Nghia - FIrst Floor Plan, http://designalmic.com/bamboodome-cafe-wnw-vo-trong-nghia/bamboo-dome-cafe-wnw-by-vo-trong-nghia-bamboo-dome-firstfloor-plan/ consulté le 23.11.14

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Les ambiances lumineuses La question de luminosité de la matière bambou n’est pas souvent bien mise en avant alors qu’elle joue un rôle important dans la qualité spatiale du projet. De manière générale, la tige de bambou réfléchit bien la lumière et la dissipe de façon homogène grâce à sa forme arrondie et sa teinte claire. Mis à part la toiture, la structure du pavillon de S. Vélez accueille une lumière abondante ; en effet, aucune paroi ne vient stopper la trajectoire de la lumière – celle-ci « circule » librement comme l’air qui passe. Cela s’explique par une ossature très peu compacte et sans enveloppe. Vo Trong Nghia a une pensée bien différente du fait que le revêtement en chaume sert de filtre. Cette énorme masse végétale recouvre l’ossature, par conséquent la structure est imperméable à la lumière - à l’intérieur, c’est l’ombre qui prime. De part et d’autre des petites ouvertures basculantes en basse hauteur laissent passer des raies de lumière indirectement. Indirectement, car on remarque la présence d’un bassin d’eau autour du dôme. Par conséquent, les rayons du soleil réfléchissent dans l’eau et « rebondissent » à moindre intensité à l’intérieur du bâti par le biais des fenêtres. Par ailleurs, la présence d’un oculus au centre du sommet du dôme apporte un confort visuel appréciable. La lumière pénètre directement et progressivement jusqu’au sol de l’édifice – on emploie le terme de « lumière tamisée » lorsque l’intensité du rayon s’amoindrit. Cet effet est de plus renforcé par le matériau du bambou, qui nous l’avons déjà vu, est courbé. Mais encore, la lumière diffère selon le moment de la journée et la saison de l’année, et les rayons du soleil entrants ont une inclinaison variable. Ainsi, la luminosité du dôme suit la course du soleil.

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Le matériau à l’état brut L’ambiance ressentie dans un espace est également générée par la matérialité même du bambou. Promouvoir le bambou pour Vélez et Nghia, c’est accorder de l’importance à sa morphologie comme évoqué précédemment. C’est donner envie à l’usager de contempler les tiges et la façon dont elles sont assemblées. Dans l’exemple du Bamboo Dome, on retrouve à l’intérieur un vide solennel qui laisse place à la structure apparente. L’usager s’interroge sur les modes d’assemblage et des performances du matériau : Quel beau travail. Comment ça tient ? Simon Vélez tire un parti formel autant que décoratif par rapport à la structure. C’est une pensée volontaire de l’architecte d’amener l’usager à contempler cette ossature en bambou en particulier la toiture. Les autres raisons de cet acte sont d’établir une relation entre constructeur et habitant comme s’il s’agissait du partage d’un savoir-faire. Dans le pavillon du Café, la répétition d’un même module d’assemblage donne une impression d’harmonie renforcée par l’organisation circulaire. La déambulation s’associe à une ronde régulière, seul le paysage qui nous entoure varie. Un effet cyclique régit au sein de la structure. On retrouve ce même rythme structurel dans le Bamboo Dome mais sans l’idée de parcours comme on se retrouve en plein centre du pavillon. L’architecte recherche l’expression de la matière brute : c’est la pureté de la matière qui vient apporter une qualité esthétique et d’ambiance à la pièce à vivre. Nul besoin de cacher le matériau par un revêtement quelconque ou de le transformer. L’usage du matériau bambou dans les deux projets de référence nous rapproche de la nature. La structure en bambou du Bamboo Dome à Ho Chi Minh Ville se différencie des nombreux bâtiments contemporains verticaux en béton qui l’entourent. A l’échelle de la fibre du bambou, Nghia reconnaît l’imperfection des tiges dans le sens où elles sont toutes différentes, ce qui n’est pas forcément bien admis dans les normes constructives. Selon l’architecte, c’est cette unicité qui fait le charme du matériau. La structure en bambou se révèle à l’intérieur telle un squelette sur lequel repose cette peau de chaume. Ainsi, on pourrait qualifier cette architecture d’organique - sa composition faisant référence à la nature (aussi bien végétale qu’animale).

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A l’échelle du bâtiment, la relation enveloppe et ossature fait référence à la cabane ou la hutte généralement installée en pleine forêt. En outre, un travail paysager a été réalisé : des plantations de bambou çà et là accompagnent l’usager jusqu’au bar et au café. D’ailleurs le nom du café n’est pas anodin : Wind & Water Café car des bassins d’eau sont mis en place que l’on peut traverser à l’aide d’un système de dallage. L’air environnant vient se rafraîchir également au contact de l’eau, ce que nous allons expliciter prochainement. Le projet de Nghia est comme un micro poumon vert pour la population locale. Au sujet du Pavillon ZERI, l’avantage est qu’il est placé dans une clairière très lumineuse. L’ossature offre une diversité de cadrages sur la forêt environnante. La nature fait partie intégrante du projet du fait de la porosité du bâti mais surtout parce qu’il est dépourvu d’enveloppe.

En même temps de travailler les ambiances lumineuses et les mises en vue, l’architecte doit prendre en compte les facteurs environnementaux tels que l’hygrométrie ou la ventilation. Mais protéger la structure s’avère primordial en particulier dans les pays tropicaux de Vélez et de Nghia. C’est ainsi que je vais voir comment ils arrivent à combiner ambiances et dispositifs de maîtrise de l’environnement.

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Dessins personnels de la décomposition de la structure du toit, Bamboo Dome

Dessin personnel de la génèse structurale du Pavillon ZERI

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Confort thermoaéraulique Enfin, maîtriser l’environnement participe à la conception du projet en particulier lié au site d’origine. Au Vietnam et en Colombie, le climat est tropical se caractérisant par un temps chaud et humide, accompagné d’averses saisonnières ; donc la chaleur et les précipitations sont à prendre en compte. Les architectes ont inventé des dispositifs techniques dans le but d’apporter un confort dit thermoaéraulique qui implique de réguler la température et la ventilation tout en travaillant les ambiances. Nghia a pensé à la double fonction de l’oculus : éclairer et évacuer l’air chaud qui entre dans le dôme – sachant qu’en thermique, l’air chaud a tendance à remonter vers le ciel. Le bassin d’eau autour de l’édifice contribue à diminuer la température interne car l’eau rafraîchit l’air qui entre dans le dôme par les basses ouvertures. A cela s’ajoutent fontaines et cheminement sur l’eau avec un jeu de reflets, qui rendent les lieux ludiques et agréables à vivre. Pour le pavillon de S. Vélez, la ventilation naturelle prend le dessus, aucun moyen de maîtrise n’est abordé pour le moment. Si nous prenons l’hypothèse que l’on puisse habiter cet espace, des améliorations sont à faire au niveau du cloisonnement. Dans un pays chaud et humide, il est normal d’ouvrir, par exemple la cuisine pour aérer (chaleur et odeurs) mais les chambres sont préférables fermées.

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Protéger la structure des éléments extérieurs La structure en bambou exige d’être protégée des éléments extérieurs. Comme toutes structures en bois, il faut ajouter des pieds en béton aux poteaux ou piliers pour les protéger de l’humidité du sol. C’est ce qu’applique Vélez via les pilotis. En revanche, le Bamboo Dome est simplement posé sur une dalle en béton ; c’est un projet plus terre-à-terre, ce qui s’explique partiellement par une toiture compacte et chargée. Le pavillon ZERI se caractérise par ses débords de toit – c’est pour cela qu’on lui a donné le surnom de champignon. Cette avancée de toiture protège la structure de la pluie et apporte de l’ombre, ainsi la lumière entre indirectement et n’éblouit pas l’usager. La citation suivante explique la relation entre la technicité et l’esthétisme des toits en bambou. Elle fait référence au projet « roofs for people » datant des années 1970 par Yona Friedman and Eda Schaur. «Roof constructions based on bamboo were to be developed offering protection against the wet, wind and heat – and were simulteneously aesthetic appealing» 5 Les propriétés du bambou influent sur la durabilité de la structure. Plus résistant que l’acier et plus flexible que le bois, le bambou est un matériau écologique qui s’avère techniquement fiable. La maîtrise des assemblages à la suite de nombreuses expériences par les architectes assurent une bonne stabilité. Associé à d’autres matériaux, le bambou est encore plus efficace notamment dans les jonctions. Cependant, sa légèreté représente à la fois des avantages et des inconvénients : le bambou est facilement transportable, démontable et remontable mais ne tient pas sous l’effet du vent appelé « vent sous toiture ». Vélez entreprend de charger la toiture de ce fait. Dans ce même projet, le choix de pilotis prévoit en partie les risques d’inondation. Autre avantage du bambou, les efforts internes diminuent les risques sismiques. Vo Trong Nghia en tire profit et forme la population locale à construire des habitations d’urgence.

5. VELEZ Simon, Grow Your Own House, Edition VITRA DESIGN MUSEUM/ ZERI/CIRECA, p132 Traduction: «Les constructions de toit à base de bambou devaient être développées offrant une protection contre l’humidité, le vent et la chaleur - et étaient simultanément d’une esthétique attrayante.» 6. VELEZ Simon, op. cit. p222 Traduction: «En vérité, le bambou doit être utilisé pour créer une architecture qui est socialement acceptable, sinon il deviendra impopulaire et perdra tout son sens, ce qui serait regrettable.»

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Schéma de la luminosité interne, Bamboo Dome

Schéma du rayonnement solaire, Pavillon ZERI

Redessin de la régulation de la chaleur, Bamboo Schéma de la protection contre les précipitaDome, NGHIA Vo Trong, tions, Pavillon ZERI Archdaily, wNw Bar / Vo Trong Nghia, conceptual diagram, http://www.archdaily.com/220071/wnwbar-vo-trong-nghia/conceptual-diagram/, publié le 30 mars 2012

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Pour conclure, 6. VELEZ Simon, op. cit. p222 Traduction: «En vérité, le bambou doit être utilisé pour créer une architecture qui est socialement acceptable, sinon il deviendra impopulaire et perdra tout son sens, ce qui serait regrettable.»

«Rather, bamboo should be used to create architecture which is socially acceptable, otherwise it will become unpopular and lose its meaning, which would be regretable.» 6 L’image du bambou dans la construction évolue. D’abord considéré comme un matériau pauvre, le bambou est délaissé par les matériaux contemporains. C’est par la recherche et une meilleure connaissance du potentiel du bambou que cette ressource naturelle est revalorisée. Les architectes Simon Vélez et Vo Trong Nghia notamment, lui apportent une richesse culturelle et sociale à l’échelle internationale. Ainsi, le matériau est perçu différemment. Une approche plus sensible est recherchée. En parcourant leurs travaux, je suis toute aussi émerveillée par l’aspect technique d’assemblage que par les ambiances qui en ressortent. Jeux avec la lumière, déambulation, proximité avec la nature reliés au confort thermoaéraulique... tous ces éléments participent au bien-être de l’usager. C’est un plaisir de découvrir leurs projets diversifiés tant au niveau du programme qu’au style architectural. Pour ma part, la question de matérialité abordée par ces deux architectes recouvre de manière pertinente de nombreux domaines - tant dans la dimension esthétique que la dimension technique et de la plus grande à la plus petite échelle. Les ambiances créées par le matériau ne sont donc pas seulement décoratives puisqu’elles sont reliées aux capacités statiques, morphologiques et de logique de protection du matériau. En tant que future architecte, je considère que la maîtrise du matériau peut générer des espaces à la fois fonctionnels et agréables à vivre - ça pourrait être la base d’un projet de se focaliser sur le matériau, composant principal d’un bâti que l’on peut explorer à fond. Dans la société actuelle, souvent, les matériaux dits «pauvres» tels que la fibre ne font que l’objet d’ornementation, soit objets de design (décorations, mobiliers...). De la même manière que le bois, comment donc trouver un moyen d’intégrer le bambou dans l’architecture contemporaine à présent mieux accepté par les normes de construction? Comment le rendre plus appréciable par l’usager au niveau du sensible et le rapport à la nature qu’il évoque? A l’échelle du logement, ce matériau peut-il être introduit visà-vis du béton? Tant de questions se posent pour assurer la notoriété du bambou, qui se pourrait être matériau d’avenir.

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Bibliographie Ouvrages FREY Pierre, VON SCHAEWEN Deidi, Simon Vélez Architecte // La Maîtrise du bambou, Edition Actes Sud, mai 2013 VELEZ Simon, Grow Your Own House, Edition VITRA DESIGN MUSEUM/ZERI/CIRECA XIAO Yann, INOUE Masafumi, K. PAUDEL Shyam, Modern Bamboo Structures : Proceedings of the First International Conference, CRC Press, septembre 2008 Articles KAROLYI Elisabeth, «Do It Yourself Bar, Vietnam», Ecologik, n°15, juin/juillet 2010, Spécial Bambou. Sites internet MC LUHAN Marshall, ZERI Pavillion on the EXPO 2000, http://bambus.rwth-aachen.de/eng/reports/zeri/englisch/referat-eng.html, consulté le 24.11.14 ZERI Zero Emission Research and Initiatives, Pavilion for World Expo 2000 Full Documentation, http://www.zeri.org/ ZERI/Home.html, consulté le 24.11.14 Archdaily, wNw Bar / Vo Trong Nghia, http://www.archdaily. com/220071/wnw-bar-vo-trong-nghia/conceptual-diagram/, publié le 30 mars 2012 Le Courrier de l’Architecture, Colombie, L’architecture végétarienne de Simón Vélez, http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_5480, publié le 26 février2014 Mémoire CONSTANZA Maria, SCHUSTER Mejia, Le bambou Du savoir-faire vernaculaire à l’architecture d’aujourd’hui, Processus de revalorisation du matériau en Colombie, dans le cadre du Mémoire de M1 Architecture et Cultures Constructives, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, mai 2013.

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