Mémoire de recherche - Master ENSAPM

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Nantes - Saint-Nazaire : une métropole estuarienne émiettée Entre construction politique et évidence paysagère : la Loire, force motrice de projets Lisa POLETTI-CLAVET

Atlas des villes - Séminaire de recherche Directeur de mémoire : Jean Attali Enseignants : Anne Bossé et Sandra Parvu ENSAPM - Décembre 2014 1



Ce mémoire de recherche s’inscrit dans le séminaire de recherche Le paysage mondial des villes. Il prend initialement place sur la plateforme L’atlas des villes (consultable sur URL : http://atlasdesvilles.net/atlas2/, identifiant : atlas, mot de passe : villes). L’enjeu de ce séminaire est de réaliser un atlas partagé des villes, réalisé par les étudiants et ponctué de cours théoriques, d’échanges et de discussions lors des cours. Il s’agit de mener une réflexion approfondie sur les villes et les différents modes d’urbanisation à l’échelle mondiale, offrant aux étudiants une vision globale et raisonnée du monde dans lequel nous évoluons.


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Nantes / Saint-Nazaire : Une métropole estuarienne émiettée

“Métropole : espace urbain qui, tout en permettant la participation des acteurs aux processus d’échelle mondiale, reste une société locale.” 1 “Appelons métropole un système urbain dont la configuration rend possible l’accès à un niveau d’excellence mondiale” 2

Nantes et Saint-Nazaire sont les deux pôles urbains structurants de l’écométropole, terme utilisé par les acteurs de ce territoire, qui s’étend le long de l’estuaire de la Loire. Cependant, entre ces deux pôles, des petites villes et des villages subsistent et ponctuent ce territoire, encore très sauvage, de zones urbaines. Cela évoque alors le concept que développe Éric Charmes dans son ouvrage La ville émiettée. Selon lui, la périurbanisation du territoire et le développement de métropoles transforment ces lieux de vie en « clubs résidentiels pavillonnaires ». Les villages ont alors tendance à s’urbaniser et à se densifier, s’émiettant sur le territoire pour différentes raisons (politiques, paysagères et sociales). Dans le cas de cette écométropole, sommes nous face à un phénomène d’émiettement ?

1. DAGORN, René, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de LÉVY, Jacques et LUSSAULT, Michel, Saint-Just-la-Pendue, 2013, p.660 2. DAGORN, René, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de LÉVY, Jacques et LUSSAULT, Michel, Saint-Just-la-Pendue, 2013, p.661

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TABLE DES MATIÈRES Introduction I. Saint-Nazaire : symbole de la reconquête du territoire estuarien

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1. L’estuaire : lieu d’industries et de productions pour répondre aux besoin énergétiques de la région

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2. Saint-Nazaire comme avant-port de Nantes : support de la création d’une métropole bipolaire

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3. Ville-Port : redécouverte du territoire estuarien comme potentiel lieu de projet et valorisation du front de mer nazairien

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3.1. Le centre République : premier projet qui témoigne du renversement du regard 3.2. ville-port I, II, & III : opération(s) urbaine(s) décisive(s) 3.3. La stratégie des grands noms

4. Acceptation de son patrimoine architectural et de sa position géographique grâce aux espaces publics

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4.1. La base sous-marine 4.2. la création d’un parcours dans le quartier ville-port 4.3. unité de l’espace public : «le style nazairien»

5. De la métropole d’équilibreà l’écométropole : unification des entités du territoire

II. Quelle structure de la métropole ? Entre visible et invisible 1. Instituer la métropole

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1.1. Création d’un récit métropolitain 1.2. Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles 1.3. Pôle métropolitain ou écométropole : enjeux d’une image publique

2. 61 communes, 6 intercommunalités : quelle gouvernance pour ce territoire métropolitain ?

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2.1. Les outils du pôle métropolitain 2.2. Les instances métropolitaines 2.3. Le SCOT 2.4. Les conférences métropolitaines 2.5. Écocité Nantes - Saint-Nazaire 2.6. Eau & Paysages

III. La rive droite de l’estuaire à l’épreuve de la métropolisation 1. Nantes - Saint-Nazaire : une métropole diffuse et émiettée

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1.1. Reconsidération du couple Ville / Campagne 1.2. L’estuaire de la Loire : le «Central Park» de la métropole

2. Mise en lumière d’une identité estuarienne

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2.1. Mise en valeur de l’estuaire 2.2. Placer la culture au coeur des pratiques

Vers une grande métropole de l’Ouest ?

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Bibliographie

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Recomposition de cartes IGN pour cibler l’étendu du territoire étudié. L’écométropole Nantes / Saint-Nazaire, comme nous pouvons le voir sur cette carte IGN, s’articule entre deux pôles urbains majeurs, à savoir Saint-Nazaire à l’ouest, comme point d’entrée de la métropole par rapport à l’océan, et Nantes, plus à l’est. Entre ces deux

8 villes existe une alternance entre villages, petites villes, zones humides liées à l’estuaire… Ce dernier est donc le lien physique, unificateur et indéniable de ce deux villes.


Introduction La particularité de la métropole Nantes / Saint-Nazaire est de s’être avant tout développée par rapport à son estuaire, à savoir celui de la Loire. Long d’une cinquantaine de kilomètres, il traverse, rassemble, éloigne, influe, s’implante, imprègne et s’imprègne du territoire très particulier qu’est celui de la métropole. La Loire, encore souvent qualifiée de dernier fleuve sauvage en France, devient force motrice de projets, elle les dessine, les modifie, les fait évoluer… Elle est surtout le lien physique, matériel, concret entre la terre (Nantes) et le littoral (Saint-Nazaire). L’eau traverse ainsi des villages, des villes, des exploitations, des industries, des marécages avant de finir sa course dans l’océan Atlantique. Ce fleuve, qui possède une histoire forte, évolue et contraint le territoire qui se développe, qui investit l’espace dans le respect et en fonction de ses crues, de son réseau hydrographique, de ses affluents et autres territoires humides qui constituent cet espace si spécifique. Comment et pourquoi venir développer une métropole, et donc un espace urbain, dans une zone constituée à 80% d’espaces naturels ? Quels sont les enjeux propres à cette initiative et quelles en sont les conséquences à l’échelle du grand territoire ? « Le littoral pose aujourd’hui une série de questions cruciales puisqu’il est devenu l’élément clé du peuplement de notre planète : les deux tiers de la population urbanisée se retrouvent en effet à moins de cent kilomètres des seuils littoraux. A mon sens, le littoral est devenu notre dernière frontière, notre ultime frontière. »3 3. VIRILIO, Paul, Le littoral, la dernière frontière. Entretien avec Jean-Louis Violeau, Clamecy, Collection Sens&Tonka, 2013, p.18/19

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Vue sur l’estuaire et le port de Saint-Nazaire depuis le toit de l’ancien blockhaus avec l’ensemble des infrastructures portuaires. Autour des bassins portuaires et le long de l’estuaire se trouvent de nombreuses activités industrielles liées à l’activité engendrée par le Port. De grands entrepôts sont présents pour, certainement, stocker la marchandise arrivée par voie maritime et en attendant son transfert vers d’autres lieux. Nous pouvons également noter la présence du pont de Saint-Nazaire qui relie la ville avec Saint-Brévin-les-Pins, qui se situe sur l’autre rive de l’estuaire. Source personnelle, photographie prise le 02/11/13.

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Cette citation explique l’attractivité que peut avoir l’eau sur les migrations et les implantations urbaines et humaines. L’océan, à travers Saint-Nazaire et les autres villes de la côte, agirait comme « l’ultime frontière »4 à atteindre. La Loire devient alors le lien, la possibilité de se rapprocher matériellement de la mer et du littoral, du « finisterre » pour reprendre un des termes de Paul Virilio. De Nantes à Saint-Nazaire, quelles stratégies sont mises en place pour atteindre ce territoire ? La Loire agit donc comme lien direct, structurant entre le territoire et l’océan. Elle est aussi la colonne vertébrale, l’armature de cette écométropole à deux têtes dont elle est devenue le symbole. Mais, au delà de ces deux pôles urbains majeurs, que se passe-t-il sur l’ensemble de cette zone métropolitaine ? Qu’advient-t-il de l’espace d’entre-deux ? Les nouvelles aides, les nouveaux financements, les nouveaux emplois et donc les nouveaux habitants provoquaient par la création de cette métropole laisse penser que la conquête de cet espace engendre la création d’une structure politique qui pilote la répartition de ces différents facteurs. Il s’agit, dans ce travail d’investigations et de recherches, de faire l’état de l’urbanité le long du fleuve et sur la zone métropolitaine au regard du développement de Nantes et de Saint-Nazaire. Existe-t-il un réel territoire périurbain, que l’on pourrait alors qualifier de « tiers espace »5 ? En effet, la notion de tiers espace est utilisée par Martin Vanier pour qualifier un espace « mi-urbain mi-rural […] qui s’est considérablement développé durant les trente ou quarante dernières années sous les vocables de périurbain, suburbain, rurbain, […] »6. Cette notion de tiers espace pourrait s’appliquer aux villages et petites villes qui sont également des acteurs de cette métropole et que l’on ne peut pas - encore ? – qualifier de zones urbaines mais qui ne sont plus juste une zone uniquement rurale (développement de réseaux routiers, présence de lignes SNCF … ). Cela permet de penser un troisième espace au sein de la métropole ; les deux premiers étant Nantes et Saint-Nazaire, il existerait alors une troisième entité, un troisième acteur physique et politique.

4. VIRILIO, Paul, Le littoral, la dernière frontière. Entretien avec Jean-Louis Violeau, Clamecy, Collection Sens&Tonka, 2013, p.19 5. VANIER, Martin. Qu’est-ce que le tiers espace ? Territorialités complexes et construction politique. In: Revue de géographie alpine. 2000, Tome 88 N°1. pp. 105-113. 6. Ibid, p.2

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Panorama sur une partie de la ville de Nantes prise depuis le pont de Tbilissi qui permet la traversée de l’Erdre. Nous pouvons remarquer la présence d’architecture contemporaine sur la rive droite avec le Palais des Congrès d’Yves Lion, la réhabilitation des usines LU en lieu culturel (Lieu Culturel)… qui peut nous indiquer le retournement de la ville vers l’eau. Les rives et le fleuve peuvent devenir lieu de vie, socle de sociabilité et élément unificateur de différentes identités de la ville. Source : wikipedia.

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« L’essentiel de la vie quotidienne ne se déroule plus aujourd’hui autour du domicile, mais dans un espace éclaté dont l’échelle est métropolitaine. »7

À partir de ce constat établi par Éric Charmes, les plus petites identités de la métropole ont-elles pour vocation de devenir des villages dortoirs, des zones pavillonnaires dénuées de vie urbaine, des « clubs résidentiels »8 ? Comme il l’avance dans son livre La ville émiettée, les franges de ces communes vont s’émietter autant d’un point de vue paysager que politique avec une répartition des décisions qui se fait à différentes échelles : locale (dans la commune même) ou globale (au sein d’une communauté de communes ou de la métropole). À travers ces questionnements, l’objet de ce mémoire est de venir interroger la métropole : est ce un objet politique (et donc un espace construit) ou s’agit-il d’un espace vécu régi par des usages sociaux quotidien ? Dans un premier temps, il s’agira d’analyser les différents modes d’implantations identifiables au niveau du territoire estuarien. Pendant de nombreuses années, l’estuaire était essentiellement le lieu d’industries et d’activités portuaires. Les villes se développaient dos ou à distance du fleuve, perçu seulement comme un espace de productivité économique et non pas comme un espace fédérateur capable de créer de la vie et de l’activité urbaine. Bien que Nantes se soit également retournée vers son fleuve avec notamment le projet de l’Ile de Nantes, c’est à travers l’exemple de Saint-Nazaire que nous allons étudier la reconquête du territoire estuarien. De nombreux projets ont permis de transformer des friches portuaires ou industrielles en lieu de projet favorisant l’acception de son patrimoine architectural et de sa position géographique, à savoir entre terre, mer et estuaire. Le retournement de cette ville vers son estuaire et son front de mer va permettre une évolution du regard sur celleci : longtemps considérée comme ville guerrière et ouvrière9, l’objectif de ces nouveaux projets urbains est de rendre Saint-Nazaire attractive pour Nantes. Ainsi, la notion de 7. CHARMES, Éric, La ville émiettée, Presses Universitaires de France, 2011, p.83 8. Ibid, p.23 9. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire - Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.35

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Vue sur les bancs d’une des plages de Saint-Nazaire avec l’océan et l’estuaire de la Loire en arrière plan, symbole de cette métropole polarisée. Source nantes-justimagine.com, photographe JP Salle.

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métropole pourrait prendre tout son sens et permettre, tout du moins dans les discours politiques, d’affirmer une unification des différentes entités du territoire. L’estuaire de la Loire n’en reste pas moins un atout indiscutable et revendiqué en terme d’activités économiques, grâce au port, et de productions, notamment énergétique, pour le territoire. Il fait la force de cette métropole, et à plus large échelle, de cette région. Cependant, l’unification d’un tel territoire demande une structure politique certaine et peut provoquer des problèmes de gestion. Le passage de la métropole d’équilibre, instaurée par l’État dans les années 60, à l’écométropole, soutenue par les acteurs politiques locaux à la fin des années 80, nous amène à nous questionner sur la structure politique, administrative et légale dont peut bénéficier une telle opération. La compréhension de l’organisation et de la gestion de ce territoire va nous permettre de mettre à jour des incohérences en terme d’appellation mais aussi dans la manière de créer un récit dans la volonté de faire accepter cette idée d’appartenance à une métropole au plus grand nombre. Enfin, il s’agira d’établir un état des lieux de l’urbanisation de la rive droite de l’estuaire. Puisque nous sommes face à une métropole particulière car polarisée et non uni centrée : qu’advient-t-il du territoire de l’entre-deux ? La dispersion des zones bâties et des bassins d’emploi soulèvent nombre de questions à savoir existe-t-il une

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Photographie personnelle du pont de Saint-Nazaire et les industries portuaires prise depuis la rive de Saint-BrĂŠvin-les-Pins avec les cabanes de pĂŞcheurs.

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réelle identité métropolitaine ou estuarienne à l’échelle de ce grand territoire urbanisé de manière discontinue ? Le seul trait d’union ou lien physique existant entre les deux pôles urbains que sont Nantes et Saint-Nazaire est l’estuaire de la Loire qui va devenir un territoire d’expérimentations. Saint-Nazaire en quelques chiffres

2ème ville du département 67 031 habitants 1 433 hab/km2 37 000 logements (dont 33 000 en résidence principale) 210 574 habitants pour l’aire urbaine NAntes en quelques chiffres

6ème ville de France 296 027 habitants 4 415 hab/km2 157 782 logements / 36 452 logements sociaux 873 133 habitants pour l’aire urbaine 167 000 emplois 6 519 ha de superficie 36,4 m² par habitant d’espaces verts publics La métropole Nantes / Saint-Nazaire en quelques chiffres

6 intercommunalités, 61 communes 800 000 habitants (+5 500/an) 364 000 emplois salariés (+8 000/an) dont 50 000 emplois industriels 351 5000 logements 1 872km2 de superficie 80% d’espaces naturels et agricoles 1 500km de cours d’eau, dont 50km d’estuaire 2 627 000 déplacements locaux de travail/semaine

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La ville de Saint-Nazaire s’est surtout développée sur son versant sud, le long des rives de l’estuaire. C’est un morceau de territoire qui se situe entre terre, estuaire et océan. Cependant, depuis quelques années, est cultivé l’imaginaire de l’estuaire en faisant de ce dernier l’identité même de la ville. Dans le cas présent, l’analyse se fonde sur un travail de collecte de données historiques mais également de documents officiels d’informations récoltés sur place permettant de comprendre la politique de la ville et de voir comment l’estuaire est devenu un symbole. Carte IGN.

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I. Saint-Nazaire : symbole de la reconquête du territoire estuarien 1. L’estuaire : lieu d’industries et de productions pour répondre aux besoins énergétiques de la région Les fleuves et rivières ont souvent été des lieux prisés par les industries. L’estuaire de la Loire n’échappe à cette règle. Il est un lieu où de nombreuses activités se sont implantées dès le début du XXème siècle, la présence de l’eau étant le motif essentiel de ces implantations. Elle constitue une matière première à la production d’énergie : elle offre, à travers le fleuve, la possibilité d’acheminer rapidement la marchandise entre deux lieux et de rentabiliser les coûts liés au transport : elle est liée à la nécessité de produire de l’énergie sur ce territoire pour répondre aux besoins énergétiques des régions Loire-Atlantique et Bretagne. Sur ce territoire estuarien long de 50 kilomètres, nous pouvons noter la présence de cinq grands équipements industriels en lien avec l’activité portuaire, ou énergétique, et des cimenteries ou des ZAC (Zone d’Activités Commerciales). Les industries les plus lourdes se situent vers l’ouest et les activités moins spectaculaires sont surtout présentes lorsque l’on se rapproche de Nantes. En remontant l’estuaire, nous trouvons d’abord le Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire qui existe en tant que port autonome depuis 1966. Il a pour but de contrôler et de gérer l’activité portuaire et les flux sur l’estuaire de la Loire. Les installations portuaires présentes à Saint-Nazaire sont principalement liées à l’importation de produits alimentaires. Dans la même zone, cohabitent avec le port les Chantiers de l’Atlantique. Les chantiers navals y sont implantés depuis 1861 et sont devenus au fil du temps le plus grand chantier naval d’Europe et l’un des plus grands sur le plan mondial. Spatialement, la zone du chantier se caractérise essentiellement par des espaces gagnés sur l’eau avec notamment la présence d’un bassin d’armement permettant la construction des bateaux. Les chantiers ont été implantés à l’embouchure de l’estuaire car c’est le seul endroit qui garantit une profondeur suffisante. En poursuivant la remontée de l’estuaire et sans réelle démarcation entre les territoires, nous rencontrons par la suite le terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne. Son activité est essentiellement liée à celle du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire dont il est l’un des terminaux. Il a été mis en service en 1980. Son implantation sur le territoire est impressionnante par son ampleur et son architecture. Difficilement accessible en voiture ou à pied, il est cependant facilement repérable par ses grandes cheminées. Quelques kilomètres plus loin, apparaît le terminal pétrolier de Donges avec sa raffinerie qui existe depuis 1933 (la première raffinerie a été détruite pendant la guerre, elle a été reconstruite en 1947)10. Il s’agit de 10. http://www.donges.total.fr/fr

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L’estuaire et le fleuve sont moteurs de productions et d’industrie : les rives de celui-ci sont ponctuées d’infrastructures portuaires et industrielles entre Nantes et SaintNazaire. Document personnel.

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la seconde plus grande raffinerie en France, elle occupe 350 hectares. Sa situation en bord de Loire lui permet de bénéficier du trafic maritime, cela facilite le déchargement des pétroliers. Toujours sur la rive droite de l’estuaire, au niveau de Cordemais, se trouve la plus puissante centrale thermique de France. Elle fonctionne depuis 1970 et produit 25% de la consommation annuelle du département des Pays de la Loire.11 Elle profite de l’estuaire pour acheminer le charbon, indispensable pour son fonctionnement. Provenant essentiellement d’Afrique du Sud, les cargos sont déchargés à Montoir-deBretagne pour ensuite livrer la marchandise par des barges.12 Cette centrale, avec ses importantes cheminées et son déploiement spatial, occupe une large part du territoire de Cordemais. Cette centrale thermique est la dernière infrastructure notable avant la ville de Nantes. Entre ces deux zones urbaines (Cordemais et Nantes), l’estuaire est ponctué de cimenteries, d’un dépôt d’hydrocarbures et de la ZAC de la Loire à SaintHerblain qui est une zone industrielle. À Nantes, l’installation portuaire accueille des bateaux de croisières, de marchandises diverses, des céréaliers… Il existe aussi un terminal sablier. Les installations sont moins importantes et volumineuses que celles qui se situent en aval de l’estuaire. Aujourd’hui, et au vu de l’ensemble de ces infrastructures, le territoire estuarien est considéré comme un lieu industriel, un lieu de production plutôt qu’un lieu d’urbanisation, de vie citadine. Ce patrimoine, longtemps désavoué et rejeté, est difficile à accepter pour les locaux qui préfèrent alors tourner le dos au fleuve. Cependant, il reste l’un des principaux leviers économiques de la région car chacune de ces activités constituent un nombre d’emplois important.13 De plus, chacune de ces industries possède une vraie reconnaissance nationale ou mondiale ce qui offre à la région la qualité de lieu d’innovations, de progrès techniques et technologiques et qui impulse de nouvelles implantations. Dernièrement, une usine Alstom a ouvert à Montoir-deBretagne dans le but de fabriquer des éoliennes offshore et d’implanter un champ de mer éolien au large de Saint-Nazaire. En préservant et en favorisant certaines activités économiques, comme celles des énergies marines renouvelables (EMR), la région s’assure une visibilité certaine, en tant que lieu d’industries pionnières, et un rayonnement mondial. 11 http://energie.edf.com/thermique/carte-des-centrales-thermiques/centrale-thermique-de-cordemais/presentation-52811.html 12 Source : Grand Port Maritime Nantes-Saint-Nazaire 13 ADDRN, Vues d’estuaire, (Ré-)concilier les espaces naturels, économiques et urbains, 2011

1. La zone industrielle de Saint-Nazaire s’est essentiellement développée le long de l’estuaire avec notamment l’implantation du Grand port maritime mais également par la présence des chantiers qui englobent également des sous-traitants. Une autre entreprise reconnue internationalement est également présente sur ce site : Airbus. L’ensemble de ces activités donnent à ce site une importance majeure que ce soit locale, métropolitaine, régionale, nationale ou internationale. Photographies personnelles. 2. Sur le site de Montoir-de-Bretagne, la Loire disparait au profit des installations qui la dissimulent. Le site, très vaste, dépend de l’activité du grand port maritime. Le méthane, acheminé des bateaux aux cheminées, est traité sur place, modifiant ainsi le paysage estuarien : nous sommes face à de grandes cheminées qui viennent rythmer le paysage et dessiner un nouvel skyline. Photographies personnelles. 3. L’installation de Donges est moins impressionnante que la précédente. La Loire est à nouveau visible et perceptible, certains navires sont à quai, comme en attente. Malgré la porosité visuelle, aucune traversée piétonne n’est possible, le site est particulièrement protégé avec des grilles, barrières, caméra… Nous sommes face à une privatisation et à une appropriation du territoire estuarien qui rend impossible toute présence piétonne. Photographies personnelles. 4. La centrale thermique de Cordemais est une des installations portuaires les plus accessibles. Le site, bien que complètement clos et protégé par des systèmes de surveillance, est contournable et des allées, pistes cyclables, chemins piétons sont mis en place pour permettre la présence des piétons et offrir des promenades le long de la Loire. Photographies personnelles. 21


SAINT-NAZAIRE - quartier Ville-Port

Le Chantier

Plages

Le Port

Ville-ès-Martin

Le quartier Ville-Port de Saint-Nazaire est organisé autour de trois éléments majeurs à savoir les bassins du port, les chantiers et les plages. Quand Julien Gracq évoque ses souvenirs concernant cette ville et notamment ce quartier, il se positionne à Ville-ès-Martin qui est le nom d’un quartier juxtaposant Ville-Port. En effet, depuis le front de mer de Ville-ès-Martin, la vue s’ouvre sur le port, les plages et l’embouchure de l’estuaire de la Loire. Cette position géographique majeure offre à la ville la possibilité de rayonner d’un point de vue local (à l’échelle de la ville et de la métropole) et global (à l’échelle nationale et internationale). Ainsi, progressivement, Saint-Nazaire s’est imposée, avec l’aide de l’État comme seul avant-port possible à Nantes. Document personnel.

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2. Saint-Nazaire comme avant-port de Nantes : support de la création d’une métropole bipolaire « Le vrai port pour moi – parce qu’il ouvrait directement sur la mer, parce qu’on y lançait les plus gros bateaux […] – c’était Saint-Nazaire, où je faisais escale chaque été sur le chemin de la plage : vraiment, lui, une porte océane, où le vent du large ridait perpétuellement les flaques du boulevard de Ville-ès-Martin. » 14

Bien avant les questions métropolitaines, Nantes et Saint-Nazaire ont toujours

été liées ; l’estuaire de la Loire rendant leur dissociation physique impossible. Historiquement, Nantes cultivait l’image d’un port de commerce important, avec de nombreux flux tandis que Saint-Nazaire répondait plutôt à l’image d’un port de pêche, ouvrier, plus petit mais avec une activité assez dense. Impulsé par Napoléon, le port de commerce a progressivement muté vers l’aval, en direction de Saint-Nazaire avec l’idée de créer un nouveau port de commerce, plus moderne, ayant pour vocation de devenir l’avant-port de Nantes. Une des principales raisons évoquées est la nécessité de préserver la Loire : les navires, trop imposants, ne parvenaient plus à remonter l’estuaire, qui s’était ensablé au fur et à mesure des passages, jusqu’à Nantes.15 En 1966, l’État décide de fusionner intégralement les deux ports afin de créer le Port autonome de Nantes – Saint-Nazaire (appelé Grand port maritime de Nantes – Saint-Nazaire depuis 2008)16. Ce port conserve différents terminaux, dont celui de Nantes, avec des sites intermédiaires à Donges, Montoir-de-Bretagne et Le Pellerin. Cette volonté de rassembler au maximum l’activité portuaire autour de Saint-Nazaire permet de mieux contrôler le flux fluvial afin de préserver l’estuaire de la Loire, fortement abimé dans le passé. Peu avant, entre les années 1962-1963, la métropole d’équilibre Nantes – Saint-Nazaire est créée avec l’aide de la DATAR17 La création des métropoles d’équilibre s’est faite en réaction à l’ouvrage de JeanFrançois Gravier18 dans lequel il dénonce le désert français et l’omniprésence de Paris dans la gouvernance et l’organisation du territoire national. L’idée était alors de créer un équilibre économique et démographique sur l’ensemble du territoire et de contrer l’hypercentralisation de Paris. Cependant, rien ne poussait la création d’une métropole associant Nantes et Saint-Nazaire : Nantes aurait aussi bien pu s’associer avec Cholet ou Angers (villes plus importantes que Saint-Nazaire et avec de réels atouts économiques et démographiques)19. La principale raison de cette création peut s’expliquer par le fait qu’Olivier Guichard20, en charge de la DATAR, était également maire de La Baule, commune voisine à Saint-Nazaire. Il voyait donc, entre autre, un intérêt personnel au développement de cette métropole qui permettrait un essor 14. GRACQ, Julien, La forme d’une ville, Collection Domaine Français, José Corti, 1989, p.128 15. Source : GIP Estuaire 16. MASBOUNGI, Ariella et AUDOUIN, Jean, Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, écométropole, mode d’emploi, Paris, Le Moniteur, 2012, p.43 17. DATAR : Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale 18. GRAVIER, Jean-François, Paris et le désert français, Flammarion, 1958 19. OUVRARD, Pauline, doctorante à l’ENSAN : Ethnographie de l’action territoriale : épreuves de régulation et de manifestation de la métropole Nantes Saint-Nazaire à l’impératif du développement durable, 2011. 20. Homme politique français, maire de La Baule de 1971 à 1995, plusieurs fois ministres et notamment Ministre du Plan et Aménagement du Territoire de 1968-1969 sous la présidence de Georges Pompidou

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Pendant de nombreuses années, le port principal était basé à Nantes et les bateaux remontaient l’estuaire pour décharger leurs marchandises. Avec l’ensablement de celui-ci, l’accès jusqu’à Nantes des navires importants devient compliqué et la décision de créer des avant-ports est prise sur les sites du Croisic et, principalement, de Paimboeuf. En 1862, la compagnie Transatlantique (liaison maritime avec l’Amérique du Nord) décide de faire partir ses paquebots depuis Saint-Nazaire et fait du port de Saint-Nazaire un port de front d’estuaire. À partir de 1966, l’ensemble de ces ports sont réunis sur le site de Saint-Nazaire (tout en conservant plusieurs terminaux) avec pour vocation de devenir le grand port de la façade atlantique. Document personnel.

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économique et démographique de ce territoire, dont sa commune. Cette décision n’a jamais été remise en question et c’est à partir de ce point que de nombreuses stratégies ont été mises en place pour faire exister la métropole, avec l’aide, en partie, de l’OREAM21. Afin de faire accepter cette décision, la plupart des actions pour faire exister la métropole se sont concentrées sur le port pour faire valoir un lieu d’unité, une interdépendance des villes et un atout économique qui permet de créer un véritable bassin d’emploi. « Saint-Nazaire a été imposée à Nantes, générant dans nos cas une débauche de tensions, de jalousies, d’incompréhensions, de malentendus »22

Cependant, très rapidement, le terme bipolaire sera plus fréquemment utilisé que celui d’équilibre pour qualifier la métropole. En effet, pendant une longue période, Nantes et Saint-Nazaire se sont développées en se tournant le dos, Nantes acceptant difficilement d’être associée à Saint-Nazaire qu’elle qualifie de « ville de prolos »23. À cette époque, Saint-Nazaire souffre encore de sa réputation de ville ouvrière, meurtrie par la guerre tandis que Nantes souhaite conserver son image de ville noble et attractive. Nous sommes donc face à une métropole bipolaire avec, pour l’instant, comme seul point commun le port qui a pour mission de participer à l’application des politiques publiques et locales d’aménagement. « Le Grand Port autonome de Nantes – Saint-Nazaire est passé d’une logique d’exploitation d’une zone portuaire à celui de partenaire intégré à son territoire »24 : cette citation du directeur de cabinet au Grand Port maritime témoigne de l’utilisation politique de ce port comme objet métropolitain. En quête d’identité, le port était l’objet 21. OREAM : Organisme Régionale d’Étude des Aires Métropolitaines, mis en place en 1967 et dissout en 1983. 22. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.153 23. Ibid, p.28 24. MASBOUNGI, Ariella et AUDOUIN, Jean, Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, écométropole, mode d’emploi, Paris, Le Moniteur, 2012, p.94

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Le 28 février 1943, une attaque de bombes incendiaires d’une grande importance a frappé la ville de Saint-Nazaire et plus particulièrement le quartier de Ville-Port. Sur cette photographie récupérée aux services des Archives de la ville de Saint-Nazaire, nous pouvons voir que la zone la plus touchée par cet assaut est celle se situant aux alentours des bassins et propre au quartier Ville-Port d’aujourd’hui. Les autres quartiers de la ville, même ceux se situant à proximité de la côte Atlantique, ont été épargnés par ces bombardements. La ville, à la suite de la guerre et encore aujourd’hui, concentre ses efforts et sa politique urbaine sur le quartier Ville-Port.

Dès l’élection de Joël Batteux à la Mairie de Saint-Nazaire, de nombreux projets de restructuration et de réhabilitation du quartier Ville-Port ont eu lieu. À travers ce recensement, non-exhaustif, de projets réalisés, il s’agit de démontrer la volonté de (re)créer un lien avec le territoire estuarien et maritime. La plupart de ces projets nazairiens sont développés ci-après. Il est tout de même intéressant d’établir quelques liens avec Nantes qui, bien que non développés dans ce mémoire, propose plusieurs projets souhaitant ouvrir la ville sur le fleuve à l’instar du projet de restructuration de l’Île de Nantes. Document personnel.

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physique et économique qui permettait et permet encore aujourd’hui de rassembler les deux pôles urbains, de créer un lien concret et matériel. Dans l’objectif de faire accepter ce nouveau port majeur à l’échelle de la ville, Saint-Nazaire, dans sa politique urbaine, va effectuer un retournement vers l’estuaire et cette zone portuaire. De nombreuses opérations de restructuration des friches présentes autour du port vont donner naissance au quartier Ville-Port.

3. Ville-Port : redécouverte du territoire estuarien comme potentiel lieu de projet et valorisation du front de mer nazairien « Saint-Nazaire était déboussolée, avait perdu ses racines, son âme, sa mémoire, le fil de son histoire. Nous devions commencer par nous reconnaître nous-mêmes avant d’espérer nous faire reconnaître des autres. »25

Maintenir le plus gros de l’activité portuaire sur le territoire de Saint-Nazaire est l’occasion pour la ville, en pleine restructuration d’après-guerre, d’effectuer un retour progressif sur l’estuaire et le littoral. Joël Batteux, maire socialiste de la ville de 1983 à 2014, a conscience qu’il faut apporter à Saint-Nazaire un nouveau sens afin que son développement puisse perdurer. Il ne s’agit pas seulement de répondre à une crise identitaire locale mais plutôt de transformer le regard général et l’image que renvoie la ville à l’échelle globale. Après la guerre, la ville s’est reconstruite en tournant le dos au fleuve, en ignorant son passé de ville portuaire importante. Malgré l’installation définitive des chantiers navals sur son site en 1955 (après la fusion des ateliers de Nantes et de Saint-Nazaire) et qui est aujourd’hui un élément identitaire fort de la ville, l’étalement se fait vers le nord-ouest en évitant de regarder à nouveau vers l’estuaire et le littoral.26 Le contact avec ce territoire maritime n’était alors visible que sur les cartes géographiques et non plus de manière physique. Cela était dû à la présence de la base sous-marine (qui fut construite par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale) et à la désaffection des bassins. 3.1. Le Centre République : premier projet qui témoigne du renversement du regard

À travers des phrases chocs, Joël Batteux et l’équipe de communication de la Mairie essaient de donner le ton : « Ouvrir la ville sur le port et la mer », « Le développement nourrit le développement » et « Retourner la ville [et les têtes] vers le port et la mer » (propos rapportés par Ariella Masboungi dans l’ouvrage Estuaire Nantes - Saint-Nazaire, Écométropole, mode d’emploi)27. Il s’agit de diffuser cette information au plus grand nombre en parallèle des projets urbains qui sont en cours comme celui du centre République, très vite renommé « Paquebot »28, dû à sa forme, qui est une galerie marchande située sur l’Avenue de la République avec pour vocation 25. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.69 26. ADDRN, Données phares – Atlas des quartiers de Saint-Nazaire, 2011 27 MASBOUNGI, Ariella et AUDOUIN, Jean, Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, écométropole, mode d’emploi, Paris, Le Moniteur, 2012, 28. DOSSAL, Philippe, GRAVELAINE (de), Frédérique, MASBOUNGI, Ariella, Saint-Nazaire, ville port, l’histoire d’une reconquête, Nantes, Place publique, 2010

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Cette galerie commerçante, située dans l’hyper-centre (avenue de la République) de Saint-Nazaire, avait pour double mission de re-dynamiser le centre ville et d’entamer la ré-ouverture de la ville sur son port. Dû au nombre important de centres commerciaux en périphérie, le cœur de ville dépérissait et les commerces désertaient. Conçu par Claude Vasconi, le bâtiment, dans les matériaux utilisés, rappelle les chantiers de la construction navale. Photographie : Dominique Macel, Ville de Saint-Nazaire.

Documents personnels

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de ramener du commerce en centre-ville. Cette opération est censée être la première opération phare symbolisant ce retournement. Réalisé par Claude Vasconi en 1988, le « Paquebot » devient l’image de la transformation et du changement de la ville. L’objectif de cette opération est multiple : rouvrir la ville sur la mer, valoriser son image et redonner vie au centre qui était en perdition dû au développement de la ville au niveau de sa périphérie avec la création de nombreux centres commerciaux. 3.2. Ville-Port I, II & III : opération(s) urbaine(s) décisive(s)

« Saint Nazaire a la chance de posséder un port. C’est sa raison d’être et, plus encore, pour notre métropole, un atout d’exception » 29

Pour « retourner la ville vers le port et l’estuaire »30, il a fallu d’abord trouver des solutions pour rendre le centre-ville attractif et lutter contre l’étalement urbain. Le projet du « Paquebot » va dans ce sens et pose les jalons nécessaires à la mise en place d’un projet comme celui du quartier Ville-Port, qui a été pensé en différentes phases, la première datant du début des années 90. Comme énoncé précédemment, l’estuaire de la Loire a permis à la ville de bénéficier d’un rayonnement certain et de valoriser son port. La ville s’était initialement développée autour de celui-ci mais, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les bombardements l’ont presque totalement détruite. Seul restait la base sous-marine qui était le symbole de l’occupation allemande. Pendant une cinquantaine d’années, ce qui correspond aujourd’hui au quartier Ville-Port n’était en fait qu’une vaste friche de 15 hectares, qui appartenait en partie au port. Cette friche, surplombée par la base sous-marine de 480 000m3 de béton, a fait oublier le lien que pouvait entretenir la ville avec l’estuaire et son front de mer. Ce lieu déserté représentait un enjeu majeur pour la ville car il se situe à 500m du centre et à seulement 300m des plages. À travers cette opération urbaine, c’est l’occasion pour la ville de faire évoluer son image et de ne pas répondre au seul schéma de ville d’après-guerre. La première phase du concours démarra en 1994 et il s’agissait de la réhabilitation de la base sous-marine. L’équipe retenue pour ce projet fut celle de l’espagnol Manuel de Solà Morales, dont nous expliquerons le projet plus longuement ci-après. En choisissant d’y implanter un écomusée, l’office de tourisme et Escal’Atlantic, ce site devient un endroit de passage inévitable pour de nombreux touristes. À travers cette opération, il s’agit pour la ville d’accepter son passé, de s’ouvrir vers l’océan et de faire du quartier de Ville-Port un point d’animation central pour Saint-Nazaire : en dix ans, nous sommes passé d’un lieu abandonné, entouré de friches à un point d’entrée touristique, culturel et emblématique. Progressivement, une offre en logements est venue compléter cette reconversion et la création d’un cinéma et d’une galerie commerciale ont permis à ce quartier de prendre vie et d’assumer pleinement son identité portuaire. 29. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.162 30. Ibid

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Documents personnels

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En 2002 a lieu la deuxième phase de l’opération Ville-Port qui correspond à de nombreuses opérations de logements complétées par deux équipements culturels, s’implantant au sein de la base sous-marine (le VIP qui est une salle de concert et le LIFE qui est un lieu de diffusion pour l’art contemporain). Le tout est complété par la réhabilitation de l’ancienne gare des transatlantiques en nouveau Théâtre de la Ville. Ce dernier, par sa position géographique, accentue le lien entre le centreville et l’estuaire car il est à mi-chemin du « Paquebot » et de la base. En parallèle, de nombreuses animations ont lieu dans ce quartier notamment des festivals et des œuvres de la biennale Estuaire. Progressivement, les liens physiques entre l’estuaire et le centre-ville deviennent perceptibles et transforment ces deux entités en un seul quartier qui brassent 250 000 habitants. Simultanément, la Ville engage également des actions de réaménagement du front de mer pour valoriser « l’ambiance océane et l’image littorale de Saint-Nazaire »31. Pour parachever ces initiatives, Reichen & Robert & Associés sont mandatés pour penser un centre commercial qui finirait de faire le lien entre la ville, la base, le port, l’estuaire et le front de mer. À travers le projet du Ruban Bleu, 18500m2 de surfaces commerciales vont être injectés dans ce quartier et en faire un pilier majeur dans le développement économique du centre.32 Toutes ces initiatives avaient comme but commun de (re)valoriser l’estuaire et la relation qu’entretenait la Ville avec son territoire maritime. Le port et la base sousmarine sont progressivement redevenus l’image et le symbole d’une ville reconstruite qui est prête à avancer de pair avec son passé. Cependant, l’objectif n’était pas seulement de changer la vision que l’on pouvait avoir de Saint-Nazaire au niveau local mais bien d’attirer de nouvelles populations et de la rendre visible à une plus large échelle. 3.3. La stratégie des grands noms

Pour l’ensemble de ce projet Ville-Port, la Ville a mandaté des architectes et des urbanistes très influents. Nous pouvons ainsi noter la présence de Reichen & Robert, Manuel de Solà Morales, Bernardo Secchi & Paola Vigano, Devillers et Associés, François Grether, Obras, Gilles Clément, K-Architecture, Lacaton & Vassal, LIN, Yann Kersalé … L’ensemble de ces « grands noms »33 offre une autre visibilité et surtout une publicité à Saint-Nazaire. En passant par des architectes reconnus, c’est l’opportunité pour la ville d’être médiatisée et publiée dans un premier temps dans des revues spécialisées (Revue Urbanisme, Le Moniteur, Esprit) et progressivement dans une presse au public plus large (Le Point, L’Express et nombres de journaux quotidiens tels que Le Monde…). À travers ces différentes opérations, la ville augmente sa visibilité et

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31 MASBOUNGI, Ariella et AUDOUIN, Jean, Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, écométropole, mode d’emploi, Paris, Le Moniteur, 2012, 32. http://www.reichen-robert.fr/ 33. OUVRARD, Pauline, doctorante à l’ENSAN : Ethnographie de l’action territoriale : épreuves de régulation et de manifestation de la métropole Nantes Saint-Nazaire à l’impératif du développement durable, 2011.

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À travers différentes opérations de sensibilisation présentes sur les panneaux publicitaires de Saint-Nazaire, la ville souhaitent valoriser son image en mettant en avant certaines activités qui lui sont propres (comme la grande roue) ou qui sont proposées autour de l’estuaire (comme les croisières). Photographies personnelles.

Choisir de conserver la base sous-marine a permis au quartier Ville-Port d’exister plus rapidement car cela lui confère une identité certaine et un point de reconnaissance. C’est alors devenu le levier pour le développement de ce quartier qui s’est articulé autour de celle-ci. L’accès piéton au toit par une longue passerelle accessible depuis la place permet une appropriation plus évidente et offre un point de vue panoramique sur la ville, le port et l’estuaire. Photographie : Dominique Macel

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diffuse au grand public sa nouvelle image.

4. Acceptation de son patrimoine architectural et de sa position géographique grâce aux espaces publics L’enjeu pour Saint-Nazaire est simple et peut se résumer en une phrase : il faut que la ville devienne une destination touristique, un lieu de vie agréable, une ville à part entière. Cependant, pendant de nombreuses années, elle s’est plutôt démarquée par son activité industrielle, portuaire, ouvrière tandis que Nantes rayonnait comme une ville où il faisait bon vivre, avec une réelle activité commerciale et touristique. Saint-Nazaire, en injectant de nombreux financements dans des projets d’équipements publics et d’espaces publics a tenté de contrebalancer Nantes et de devenir, elle aussi, une destination touristique. Au-delà des interventions spatiales, plusieurs opérations de communication permettent de diffuser la ville sur l’espace public. À travers des affiches, flyers, applications mobiles, la ville se rend visible et invite le public à venir découvrir ces différentes initiatives. Dans le même souci de communication, dans l’avenue principale du centre-ville, se situe un établissement public, L’Atelier, qui dépend de la Mairie et qui a pour visée d’introduire les différents projets urbains qui sont en cours dans la ville. 4.1.. La base sous-marine

Un des projets majeurs, en termes de réhabilitation et d’espace public à SaintNazaire est, comme énoncé précédemment, la base sous-marine repensée par Manuel de Solà Morales. Il s’agissait de rendre accessible ce lieu au plus grand nombre, d’en faire l’interface entre la ville et l’estuaire. « La base a bouleversé la perception de la pente qui descendait tranquillement vers l’eau. Donc, lui apporte une transparence et accéder à son toit conditionne l’urbanisation du lieu »34

La consultation a eu lieu en 1994 et l’interrogation principale était : faut-t-il conserver la base sous-marine ? Manuel de Solà Morales, soutenu par Joël Batteux, a pris le parti de la maintenir et de l’intégrer pleinement à la ville. Pour cela, il fallait faire de ce lieu un lieu majeur de la ville pour qu’il soit accepté par tous. En perçant les alvéoles de la base, c’était l’occasion de faire rentrer à nouveau l’eau dans ce lieu et de le rendre accessible aux piétons. En 1997, la base est ouverte au public, qui peut accéder au toit grâce à une longue rampe. Cet accès permet une vue panoramique sur l’estuaire et sur l’ensemble de la ville. Progressivement, des lieux culturels et événementiels vont prendre place dans les alvéoles, tels que l’office de tourisme et l’entrée d’Escal’Atlantic. La base devient 34. Manuel de Solà Morales in DOSSAL, Philippe, GRAVELAINE (de), Frédérique, MASBOUNGI, Ariella, Saint-Nazaire, ville port, l’histoire d’une reconquête, Nantes, Place publique, 2010

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Les vignettes extraites de la bande dessinée d’Hergé sont imprimées sur des grands panneaux disposés dans la ville et mis en abyme, comparant la ville de Saint-Nazaire avant la guerre et ce qu’il existe aujourd’hui. Sources : Office de Tourisme de Saint-Nazaire.

Photographies personnelles

Le long du front de mer et de l’estuaire, un panneau signale la présence de la biennale Estuaire dans la ville. Il prend place sur un ancien bâtiment guerrier, au milieu du quartier Ville-Port avec un collage architectural propre à Saint-Nazaire : architecture industrielle, d’après-guerre, contemporaine… Photographie personnelle.

Extrait de mobilier urbain existant dans le quartier Ville-Port. Souhaitant modifier son image de simple ville portuaire, industrielle et ouvrière, la ville de Saint-Nazaire essaie de développer un autre imaginaire : celui des stations balnéaires. En effet, le mobilier urbain rappelle soit des éléments navals, comme les cheminées des paquebots, soit des éléments des stations balnéaires notamment à travers le choix des plantations et des matériaux. L’ensemble renvoie aux aménagements côtiers de villes limitrophes telles que Pornichet ou La Baule.


donc un espace totalement ouvert, accessible par tous, franchissable et traversable physiquement et visuellement et une destination inévitable pour les touristes. Prendre le parti de converser le patrimoine guerrier, c’est une manière d’affirmer son passé. Cette base devient lieu d’attractivité et de créativité mais aussi symbole de la ville car elle incarne le rapport avec l’estuaire et le port. 4.2. La création d’un parcours dans le quartier Ville-Port

Souhaitant faire venir de nombreux touristes afin de faire découvrir et accepter ce nouveau quartier, plusieurs parcours sont mis en place. Le premier, qui est très rapidement remarquable, se nomme « Dans les pas de Tintin » et fait directement référence à la bande dessinée « Les sept boules de Cristal » d’Hergé. En effet, dans ce numéro, une partie de l’intrigue se déroule à Saint-Nazaire, à l’époque du port transatlantique. Certaines vignettes sont replacées dans la ville pour faire découvrir l’histoire nazairienne d’avant-guerre mais aussi pour créer un parcours qui démarre à l’entrée principale de la ville et continue dans l’ensemble du quartier Ville-Port pour se terminer sur une table d’orientation situé près de l’estuaire et du port. À travers cette initiative, il s’agit de faire découvrir autrement la ville : Tintin agit comme guide touristique et permet la création d’un parcours piéton pouvant attirer touristes, familles et curieux.Un deuxième parcours, propre au quartier Ville-Port, est exclusivement piéton et rassemble les attractions touristiques et les éléments majeurs de la Ville. De la sorte, des cubes en bois sont parsemés dans l’ensemble du quartier et indiquent les directions importantes pour le piéton et le visiteur. Les premiers se situent au niveau de la base sous-marine et proposent différents itinéraires. Cela permet aux piétons, aux touristes ou même aux habitants de se repérer dans la ville et de suivre un cheminement qui les mène de la base à l’estuaire aux plages. Un troisième parcours que nous développerons plus tard est un parcours métropolitain qui s’inscrit dans la biennale Estuaire et qui avait pour mission de répartir des œuvres in situ d’art contemporain le long de l’estuaire. Saint-Nazaire est pensée comme le point d’arrivée de celui-ci. 4.3. Unité de l’espace public : « le style nazairien »35

En parallèle de ces différentes actions, une étude plus large est menée à l’échelle de la ville pour unifier l’espace public, notamment en front de mer, pour le rendre accessible et agréable à l’échelle du piéton. Pour retrouver une réelle identité maritime et unifier les différents quartiers, l’espace public va agir comme élément fédérateur. Le parti est pris alors de créer de longues esplanades avec des bandes de pavés continues et des trottoirs en asphaltes pour libérer le front de mer et rendre visible l’océan. Un travail est aussi réalisé sur les plantations avec la présence de nombreux arbres, notamment 35. DOSSAL, Philippe, GRAVELAINE (de), Frédérique, MASBOUNGI, Ariella, Saint-Nazaire, ville port, l’histoire d’une reconquête, Nantes, Place publique, 2010

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En parallèle, la ville développe tout un vocabulaire festif avec l’installation d’une grande roue sur la place principale du quartier Ville-Port pour développer un esprit de convivialité, d’échanges, de retrouvailles. Cette grande roue est présente d’avril à octobre, pour la saison touristique, comme pour rappeler les fêtes foraines présentes sur les villes côtières touristiques. Photographies personnelles.

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des palmiers. Le mobilier urbain est repensé avec l’unification des lampadaires dans le quartier Ville-Port et sur le front de mer. La nature de ces interventions a pour but de valoriser la façade maritime de Saint-Nazaire en cultivant l’imaginaire des voyages transatlantiques mais aussi des stations balnéaires. À travers ces différentes interventions, Saint-Nazaire a souhaité augmenter sa visibilité et réévaluer son image pour ne plus simplement être une ville de la reconstruction et peser face à Nantes dont elle dépend inévitablement. Ces différents projets ont permis de faire évoluer le regard porté sur cette ville et Nantes qui, pendant longtemps, préférait tourner le dos à SaintNazaire, envisage, vers la fin des années 80, un nouveau rapprochement. « Dans la bouche de Jean-Marc Ayrault, « Ville-Port » devait faire écho au débouché de l’estuaire, au grand projet de « l’Île de Nantes »36

Il s’agissait, en effet, pour Saint-Nazaire, à travers l’opération « Ville-Port » d’avoir aussi sa grande opération, celle qui lui permettrait d’être médiatisée, de lui redonner une consistance et de se démarquer de la seule image portuaire que pouvait renvoyer la ville.

5. De la métropole d’équilibre à l’écométropole : unification des entités du territoire. En 1989, avec l’élection de Jean-Marc Ayrault à la Mairie de Nantes, la question métropolitaine revient au cœur des débats politiques. La notion de métropole d’équilibre avait en effet disparu progressivement suite à la crise économique des années 70. Jean-Marc Ayrault et Joël Batteux se sont rapprochés pour recréer une dynamique commune et retrouver l’idée de métropole, oubliée au milieu des années 60. « Saint-Nazaire ne pourrait confirmer son nouvel essor autrement que dans le sillage d’une métropole régionale aux visées internationales. Nantes ne saurait afficher de telles ambitions, déconnectée de l’estuaire, du Port atlantique et de la plate-forme industrialoportuaire nazairienne, unique en son genre. […] Saint-Nazaire ne deviendrait un grand port que si Nantes partageait la même ambition maritime. La grande ville aurait du mal à prétendre au rang de métropole du grand Ouest si elle ne jouait pas sa carte océanique et littorale. […] Nous avions, les uns et les autres, intérêt à disposer d’une métropole très active avec une petite sœur industrielle et portuaire puissante. »37

Pour marquer cette volonté de créer une nouvelle identité du territoire, Nantes cesse de dénigrer Saint-Nazaire et l’accepte comme un véritable levier pour la métropole, un pôle urbain majeur, un acteur clé avec qui il sera possible de rassembler des acteurs politiques et économiques pour projeter à l’échelle du grand territoire estuarien. Toujours en 1989, pour concrétiser cette volonté d’unification, une descente du fleuve est organisée par Jean-Marc Ayrault et Joël Batteux38. De là est née la possibilité d’un récit, l’envie de raconter cette métropole comme un fait indiscutable : il est évident 36. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.236 37. Ibid p.154 38. PITOIS, Cyrille, Ayrault – Batteux : le duo créa une métropole !, in Ouest France, 17/05/2012, 2012

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Photographie personnelle du portde Saint-Nazaire et les industries portuaires.

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que ces deux villes sont liées par le port, par le fleuve et par l’estuaire… Rappelons qu’à l’époque de la création de la métropole d’équilibre, Nantes ne souhaitait pas voir son nom associé à celui de Saint-Nazaire et que la réunification du port a été instaurée par l’État et non pas suite d’une volonté commune de ces deux villes. Il faut rendre l’argument géographique indéniable et ancrer l’idée métropolitaine dans le territoire comme un fait absolu. Plusieurs opérations vont avoir lieu pour unifier ces deux territoires (la création de la CCI [Chambre de Commerce et d’Industrie] commune aux deux villes, l’association communautaire de l’estuaire de la Loire [ACEL], les conférences métropolitaines, …) Pour exister et pour se diffuser, il fallait surtout un nom : le terme de métropole d’équilibre étant devenu désuet. Des années 1960 à 2005, de nombreuses appellations se succèdent : métropole régionale, métropole bipolaire, métropole bicéphale, métropole atlantique… Le terme le plus régulièrement utilisé était tout de même celui de métropole bipolaire qui agissait avec deux pôles urbains très séparés qui peuvent se développer l’un sans l’autre avec comme seul lien le Port. En 1994, le journal Le Monde, à propos de ces deux villes, utilisa le terme de « Fiancées de l’estuaire ». Cette appellation fut reprise dans les journaux locaux en 1995 pour exposer le nouveau projet métropolitain à savoir la volonté de créer une métropole conviviale, attractive où les déplacements en transports en commun d’une ville à l’autre seraient favorisés. En 2005, lors des conférences métropolitaines organisées par le SCOT (schéma de cohérence territoriale) de la métropole Nantes - Saint-Nazaire, le terme écométropole est utilisé par Laurent Davezies (« Quelle métropole voulons-nous ? » en novembre 2005) .Depuis, c’est ce terme qui sera utilisé pour communiquer et médiatiser le rapprochement de Nantes et Saint-Nazaire. De là se pose des questions de gouvernance et de gestion : quelle est la légitimité de ce rapprochement ? Comment est-t-il matérialisé à l’échelle du territoire ?

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II. Quelle structure de la métropole ? Entre visible et invisible Cette question métropolitaine induit inéluctablement des enjeux politiques, des modes de gouvernances et des instances décisionnaires. Il s’agit, ici, de comprendre l’organisation et l’administration politique de cet espace qu’est l’écométropole Nantes / Saint-Nazaire. De quelle manière est organisée la gestion de ce territoire et quel mode de gouvernance existe-t-il ? Pour répondre à ces questionnements, le recours à des textes réglementaires et la compréhension des différentes organisations territoriales, qui parfois s’entremêlent, est nécessaire.

1. Instituer la métropole : une mystification ? 1.1. Création d’un récit métropolitain

Comme énoncé précédemment, à partir de 1989, faire de la métropole Nantes – Saint-Nazaire une réalité incontestable est, pour Joël Batteux et Jean-Marc Ayrault, une de leurs missions principales. Pour ce faire, ils vont mettre en place un récit métropolitain pour ancrer cette idée de métropole dans une réalité concrète. À partir de la remontée de l’estuaire, on n’a de cesse de communiquer sur cet objet, qu’est la métropole, comme un élément indéniable : les deux villes ont toujours été liées géographiquement et économiquement, bien que les décisions de rassemblement des Ports soient encore très récentes. L’objet politique et géographique est alors mis en abyme et autoalimente les débats liés au développement de la métropole. Ce qui était alors au départ qu’une succession de décisions politiques est transformée en une réalité géographique incontestable et indéniable : les élus reconstruisent, a posteriori, le discours métropolitain et mettent en place de nombreuses stratégies pour faire accepter cette idée au « grand public ». Peu d’écrits retraçant la création de la métropole existent : nous pouvons noter le livre Estuaire Nantes – Saint-Nazaire : Écométropole mode d’emploi (2012) et SaintNazaire, ville port, hors série de la revue Place Publique (2010). Quelques articles existent mais nous retrouvons toujours les mêmes auteurs, notamment : Ariella Masboungi, Jean Blaise, Joël Batteux, Jean-Marc Ayrault, Jean-Marc Michel, Thierry Guidet, Philippe Bataille, Laurent Théry … qui sont, pour la plupart, tous des acteurs politiques de ce territoire. De plus, de fortes similitudes existent entre chacun des écrits qui posent la question de l’objectivité de ce récit de la métropole. Le rôle de ces ouvrages est aussi d’étendre la visibilité du territoire à une échelle nationale, voir internationale. Thierry Guidet, journaliste de profession, a créé, en 2007, la revue bimestrielle Place Publique, Nantes / Saint-Nazaire, La revue urbaine. Elle regroupe des articles et des débats sur les questions urbaines en s’appuyant constamment sur Nantes et Saint-Nazaire. Nous pouvons relever des dossiers

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propres à la question métropolitaine comme dans le #2 : Nantes / Saint-Nazaire : une métropole européenne, #3 : L’estuaire de la Loire : un territoire à inventer, #7 : Nantais, Nazairiens, qui sommes nous ?, #11 : Gouverner la métropole ou encore #19 : Et si on refaisait l’histoire de Nantes / Saint-Nazaire ? Cette revue permet à la métropole d’exister et sert d’objet politique et de communication. Elle offre à ce territoire une visibilité certaine. L’impossibilité de retrouver des sources plus diversifiées pose de vraies questions sur la création et la construction métropolitaine : comment sont observées et dessinées les limites de ce territoire ? À quel moment est-ce l’institution ou les acteurs qui s’expriment ? Quid de la place de l’individu dans ce jeu d’acteur ? Ces questionnements sont des éléments auxquels il est difficile d’apporter toutes les réponses car la rhétorique d’acteurs et les stratégies mises en place sont trop importantes. Il est difficile d’infiltrer la construction de ce récit pour en comprendre tous les enjeux qui sont d’ordres politiques, géographiques, économiques, démographiques, culturels … Il ne s’agit pas, en ce qui me concerne, de porter un regard négatif sur la construction d’un tel objet métropolitain mais plutôt critique pour tenter de comprendre quels en sont les enjeux réels. Est-ce une simple construction politique ou existe-t-il un réel intérêt pour les habitants de ce territoire ? À l’aide, entres autres de textes de lois et d’études démographiques, il s’agit d’essayer de comprendre l’écart entre ce qui est dit et ce qui se fait de manière concrète sur le territoire. 1.2. Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles

L’écométropole Nantes / Saint-Nazaire, d’un point de vue légal et réglementaire, ne possède pas le statut de Métropole mais est réglementée comme un Pôle métropolitain. À travers l’analyse de différents textes de lois, l’enjeu est de comprendre et d’analyser la distinction réglementaire entre ces deux notions pour mieux comprendre la situation de Nantes / Saint-Nazaire. La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, aussi appelée « loi MAPTAM » a été votée le 27 Janvier 2014 et a pour but de rendre plus lisible les compétences des collectivités territoriales. Cette loi s’inscrit dans « l’acte III de la décentralisation » voulu par le président, François Hollande. Elle permet la réorganisation des intercommunalités, des métropoles, des pôles métropolitains et des pôles d’équilibre territoriaux et ruraux. L’article 43 de cette loi définit la métropole comme « un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI) regroupant plusieurs communes d’un seul tenant et sans enclave au sein d’un espace de solidarité pour élaborer et

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Fac-similĂŠ JO du 25/09/2014, texte 36

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conduire ensemble un projet d’aménagement et de développement économique, écologique, éducatif, culturel et social de leur territoire afin d’en améliorer la cohésion et la compétitivité et de concourir à un développement durable et solidaire du territoire régional. Elle valorise les fonctions économiques métropolitaines, ses réseaux de transport et ses ressources universitaires, de recherche et d’innovation, dans un esprit de coopération régionale et interrégionale et avec le souci d’un développement territorial équilibré. Au 1er janvier 2015, sont transformés par décret en une métropole les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre qui forment, à la date de la création de la métropole, « un ensemble de plus de 400 000 habitants dans une aire urbaine, au sens de l’institut national de la statistique et des études économiques, de plus de 650 000 habitants. » De la sorte, depuis janvier 2014, Brest a été décrétée métropole, tout comme le Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille-Provence, Nice Côte d’Azur, Toulouse et aussi Nantes mais pas l’écométropole Nantes – Saint-Nazaire qui ne correspondait pas à ces critères. L’écométropole Nantes – Saint-Nazaire est alors devenue un pôle métropolitain défini par l’article 77, de la même loi, comme « un établissement public constitué par accord entre des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre ainsi que, le cas échéant, la métropole de Lyon, en vue d’actions d’intérêt métropolitain, afin de promouvoir un modèle d’aménagement, de développement durable et de solidarité territoriale. ». Le rôle du pôle métropolitain est de fédérer des actions communes liées à l’économie, la recherche, la culture, les transports et d’encadrer des instances telles que le SCOT (schéma de cohérence territoriale). C’est un outil de gouvernance qui sert à rassembler différents acteurs. Ces pôles métropolitains sont créés pour les territoires qui comportent plus de 300 000 habitants et qui possèdent au moins un EPCI de plus de 150 000 habitants. Cela veut dire que le Pôle Métropolitain n’a pas de réel pouvoir politique et décisionnaire mais existe pour accompagner et encadrer les actions présentes sur le territoire. Le Pôle Métropolitain Nantes – Saint-Nazaire a été créé le 1er Juillet 2012 (source : http://www.poles-metropolitains.fr, il est impossible de trouver le décret sur le site légifrance). Il regroupe six EPCI : Nantes Métropole, la Carene, la Communauté de Communes Erdre et Gesvres, la communauté de communes de Loire et Sillon, la Communauté de Communes Cœur d’Estuaire et la Communauté de Communes Pays de Blain. Ainsi, ce pôle métropolitain, comme nous allons l’expliquer plus tardivement, ne possède aucun statut décisionnaire mais encadre ces EPCI et les conseille sur les

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Document personnel.

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projets possibles afin de développer des stratégies communes. 1.3. Pôle métropolitain ou écométropole : enjeux d’une image publique

Bien que dans les textes de lois, Nantes – Saint-Nazaire existe comme pôle métropolitain et non comme métropole, l’appellation écométropole est toujours utilisée pour communiquer autour de ce territoire. Pourquoi favoriser le terme de métropole plutôt que celui de pôle métropolitain, qui induit aussi, inévitablement, la question métropolitaine ? Deux raisons, selon moi, existent : la première est pour s’inscrire dans la continuité d’appellations qui existent depuis la création des métropoles d’équilibres, la deuxième étant, qu’aujourd’hui, le terme de métropole est plus attirant et attractif. L’appellation « pôle métropolitain » renvoie, indirectement, à l’idée d’une identité bicéphale, bipolaire dont Nantes et Saint-Nazaire essaient de se départir dans leurs stratégies de communication depuis quelques années. Le terme « métropole » est plus fédérateur et induit une seule et même entité. Il existe également une dimension internationale dans ce terme, qui, aujourd’hui, à la vue de la mondialisation et la métropolisation des territoires, permet à la ville d’exister sur le plan mondial. Le fait de favoriser l’appellation « écométropole » renvoie aux stratégies de marketing territorial39 dont le but est de valoriser un territoire à travers des efforts collectifs. Le territoire devient produit et la mission des politiques est de le valoriser et de le promouvoir. Le terme métropole est mobilisé pour attirer de nouveaux habitants, de nouvelles activités économiques afin de favoriser la croissance du territoire. L’ensemble de ces actions ont pour intérêt de valoriser le territoire mais au vu de ces différents éléments et par rapport au texte de loi mentionné précédemment, comment cela est-t-il concrètement mis en œuvre dans le cas de cette écométropole ?

2. 61 communes, 6 intercommunalités : quelle gouvernance pour ce territoire métropolitain ? L’écométropole Nantes – Saint-Nazaire ne se résume pas à ces deux seuls pôles urbains mais englobe de manière plus générale 61 communes qui regroupent 793 000 habitants et 400 000 emplois40. Ces 61 communes sont réparties en six intercommunalités. L’intercommunalité, en France, correspond aux associations de communes pour partager certaines fonctions et compétences. La plupart du temps, les intercommunalités correspondent également à un EPCI41 qui permet la mise en commun des transports, de l’aménagement du territoire, du ramassage des ordures… 39. CHAMARD, Camille (sous la direction de), ALAUX, Christone et GAYET, Joëil, Le marketing territorial : Comment développer l’attractivité et l’hospitalité des territoires, Ed. De Boeck, 2014 40. Source : Pôle métropolitain Nantes - Saint-Nazaire 41. EPCI : Établissement Public de Coopération Territorial

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Tableau comparatif, établi le 20 Novembre 2014, recensant les différentes intercommunalités avec les communes membres, le nombre d’habitants, le budget, la présidence.

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Trois types d’intercommunalités sont présents dans le périmètre du pôle métropolitain : les communautés de communes, les communautés d’agglomération et la métropole, précédemment expliquée. La communauté de communes se caractérise par la continuité géographique de son territoire mais ne doit pas avoir un seuil minimum de population pour exister, contrairement à la communauté d’agglomérations. Cette communauté, gérée par un conseil communautaire (qui regroupe les conseillers municipaux des communes), est en charge du développement économique et de l’aménagement du territoire.42 Les communautés d’agglomérations, pour exister, doit comporter un minimum de 50 000 habitants, former un ensemble de 30 000 habitants au minimum en comprenant la commune la plus peuplée du Département, former un ensemble d’au moins 25 000 habitants autour d’une commune de plus de 15 000 habitants. Dirigées de la même manière que les communautés de communes, elles sont en charge du développement économique, de l’aménagement du territoire, des politiques de logements et de la ville et des transports en communs. 43 La création des six intercommunalités présentes sur le territoire métropolitain date de 2001, sauf pour la communauté de communes Cœur d’Estuaire, et répondait au souhait de créer un territoire solidaire, unifié44 avant même la création du premier SCOT, en 2003. Sans ces rapprochements de communes, instaurer un pôle métropolitain aurait été difficile. Cela s’inscrit donc dans une stratégie à plus large échelle. Le passage pour Nantes de communauté urbaine à métropole démontre tout de même la volonté pour la ville de s’inscrire comme le pôle urbain majeur du territoire. Elle se distingue, à travers cette appellation, utilisée depuis 2001, de l’écométropole Nantes – Saint-Nazaire. Le décret, datant du 22 septembre 2014 et permettant à Nantes d’obtenir le statut officiel de métropole, prendra effet au 1er Janvier 201545. L’ensemble de ces intercommunalités et la création de Nantes Métropole posent toujours ce problème de gouvernance : à la tête de ces dernières, nous retrouvons souvent le maire (ou l’adjoint) de la commune la plus influente du territoire. Qu’en estt-il de la parole du citoyen et de l’usager, qui n’a aucun pouvoir décisionnel au niveau de ces instances ? Cependant, ces regroupements permettent un meilleur maillage du territoire avec le développement de nombreux transports en communs (essentiellement des réseaux de bus) qui assurent une mobilité certaine sur le territoire. En 1999, la création de Métrocéane, titre de transport commun à plusieurs communes, permet de voyager 42. Source : site de l’INSEE, 2014 43. Ibid 44. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, 45. http://www.legifrance.gouv.fr/

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Le pôle métropolitain est financé par chacune des intercommunalités membres de sa zone d’influence. Plusieurs instances sont mises en place et sont gérées par des élus, également issus des intercommunalités. Document personnel.

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en train de Nantes au Croisic, en passant par Saint-Nazaire et La Baule et d’utiliser le réseau de transports de chacune de ces villes. Chacune de ces intercommunalités ayant son propre fonctionnement, quelle place cela laisse-t-il au pôle métropolitain ? 2.1. Les outils du pôle métropolitain

Le Pôle métropolitain, dont un des buts principaux est de maintenir une cohérence sur l’ensemble du territoire, développe plusieurs stratégies (politiques, urbaines, économiques…) pour aider et accompagner les élus dans la gestion du territoire.46 L’écométropole Nantes – Saint-Nazaire, comme vu précédemment, ne possède aucun statut légal pour utiliser la dénomination métropolitaine. Cette ambiguïté mérite d’être soulevée car l’appellation « métropole » sous-entend un système de gouvernance précis et un fonctionnement particulier qui, dans le cas de l’écométropole, est totalement absent. Elle fait partie du réseau des pôles métropolitains et a été créée, officiellement, le 1er juillet 2012. Depuis 2003, c’était l’appellation « Syndicat Mixte du SCOT Métropolitain Nantes – Saint-Nazaire »47 qui était utilisée pour nommer les instances métropolitaines. Les limites de celui-ci, en 2003, ont été dessinées par Jöel Batteux et Jean-Marc Ayrault et validées par le préfet48. Elles reprennent les limites des différentes communautés de communes qui se situent entre les deux villes. Le choix de la mise en place de ce SCOT fait suite à la logique territoriale et économique mise en place depuis plusieurs années sur ce territoire. L’autre facteur était pour légitimer la création de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui était déjà à l’étude à cette période.49 En 2010, l’intercommunalité de la région de Blain rejoint le périmètre métropolitain. Aujourd’hui, avec les nouvelles limites instaurées en 2010, ce territoire métropolitain est composé à 80% d’espaces naturels, 15% d’espaces urbanisés et 5% d’espaces à urbaniser dans la perspective d’accueillir 150 000 habitants de plus en 203050. Le SCOT permet aux deux bassins de vie majeurs, que sont Nantes et SaintNazaire de se regrouper au travers d’une instance métropolitaine qui est en charge des questions d’urbanisation et de gestion sans avoir aucun pouvoir décisionnel. Cette instance propose des solutions en terme d’aménagement d’espaces avec comme règle de limiter au maximum l’étalement urbain. Le pôle métropolitain intervient dans quatre domaines : l’environnement, la mobilité, l’accompagnement de projets urbains et l’économie.51 46. http://www.nantessaintnazaire.fr 47. IDEFAWE, Jean-Philippe, Un pôle métropolitain entre Nantes et Saint-Nazaire, in Le Moniteur hebdo, 10/06/2011, 2011 48. SCOT de la Métropole Nantes-Saint-Nazaire 49. PADD de la Métropole Nantes-Saint-Nazaire 50. Etude INSEE n°106, Juillet 2012 51. ROPERT, Julien, Nantes – Saint-Nazaire, ça se précise, in 20 minutes, 10/07/2012, 2012

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Document personnel

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- L’environnement : le pôle travaille sur le développement d’une trame verte et bleue, à savoir la préservation de corridors biologiques et des milieux naturels liés à l’estuaire, mais aussi sur une étude qui vise à comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre sur les territoires métropolitains. - La mobilité : le pôle fournit des schémas de mobilités et propose une réflexion stratégique par rapport à la planification territoriale. Cependant, il ne dispose pas de compétences propres avec un financement propre. - L’accompagnement de projets urbains : le pôle accompagne les intercommunalités pour la création de pôles urbains structurants en-dehors de Nantes et Saint-Nazaire. Une première action officielle, Eau et Paysage, a eu lieu, elle rassemblait toutes les intercommunalités. Il s’agissait, pour ces dernières, de déterminer un site paysager important sur lequel des architectes et urbanistes aller être mandatés pour imaginer une valorisation. C’est la première action « d’intérêt métropolitain » qui voit le jour depuis la création du pôle. Cette étude démontre la volonté, de la part du pôle, de faire exister et de faire vivre l’esprit métropolitain physiquement et non pas seulement à travers des instances politiques. - L’économie : le pôle propose des études concernant les aménagements commerciaux, les transports de marchandises, les enjeux de localisation de sites d’activité… Le rôle du pôle métropolitain serait alors de rendre visible les décisions et volontés des intercommunalités. Cependant, sans réel statut ni pouvoir politique, une telle mission semble difficile à mettre en œuvre52. Le pôle métropolitain s’organise, entre autre, autour d’un comité et d’un bureau. Le comité du pôle se compose de 113 élus (issus des différentes intercommunalités) et se réunit quatre fois par ans. Il a pour objectif d’administrer le pôle, de voter les budgets et les marchés en cours. Le bureau du pôle est composé de 25 élus qui se retrouvent cinq fois par an et l’objectif est d’assurer le fonctionnement technique et administratif du pôle. En parallèle, le comité technique se retrouve tous les mois et est composé de tous les directeurs généraux des intercommunalités : le but est de maintenir un dialogue entre les différents acteurs. Les élus animateurs sont des élus qui ont pour mission de garantir la bonne application des études et des actions du pôle. La région Pays de la Loire et le département Loire Atlantique sont partenaires du pôle, ainsi que le Grand Port Maritime Nantes / Saint-Nazaire. Cela montre que l’initiative est soutenue au niveau local et national et a pour mission de structurer les différentes coopérations déjà présentes sur le territoire. La présidente du pôle métropolitain est Johanna Rolland53, également maire de 52. OUEST FRANCE, Le pôle Nantes – Saint-Nazaire continue à faire débat, in Ouest France, 26/09/2014, 2014 53. PRESSE OCÉAN, Nantes : le pôle métropolitain se dote d’une nouvelle présidence, in Presse Océan, 20/05/2014, 2014

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Logo du SCOT et du Pôle métropolitain qui reprend l’aire d’influence du SCOT et situe les différentes intercommunalités. Les couleurs symbolisent les différents modes d’occupations du territoire avec le jaune, violet, orange et rouge pour symboliser les zones urbanisées. Les différentes teintes de vert symbolisent les espaces naturels que l’on peut deviner majoritaires.

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Nantes et présidente de Nantes Métropole. 2.2. Le SCOT

Le SCOT54 existe depuis le 26 mars 2007 et est entré en révision le 22 mars 2013. Son objectif est le suivant : « Penser, respecter les besoins des générations futures à disposer d’un espace de vie préservé »55. À travers cet outil d’aménagement, le but est de valoriser le développement de la métropole tout en s’assurant que cela est bénéfique pour l’ensemble du territoire. Ses trois axes principaux de réflexion sont le bien-être de la population (transports en commun, équipements, amélioration du cadre de vie … ), la protection de l’environnement et de la biodiversité du territoire, le développement des activités économiques pour assurer la présence d’emplois. Ces objectifs sont communs aux intercommunalités et doivent dont être intégrés aux différents schémas de secteurs et aux PLU pour qu’il existe une réelle cohésion territoriale. L’idée, à travers ce SCOT, est d’unir les forces et moyens de chacune des communes pour équilibrer le territoire et évoluer solidairement. 2.3. Les conférences métropolitaines

En parallèle de l’élaboration du SCOT, des conférences métropolitaines sont organisées par le syndicat mixte et en partenariat avec la SAMOA56, l’AURAN57 et l’ADDRN58. Une première conférence avait été organisée en 1999 pour préparer l’élaboration du SCOT métropolitain et le cycle de conférence a repris en 2005 avec « Quelle métropole voulons-nous ? ». Les habitants et usagers sont invités à venir échanger avec les acteurs politiques du territoire mais aussi avec les acteurs économiques ou autres experts. En 2006, « Les nouveaux horizons de la métropole » proposait plutôt une conférence sous l’angle de la prospective pour questionner l’avenir de la métropole. Le terme écométropole arrive « officiellement » en 2008 avec la conférence : « Projets et gouvernances pour une écométropole » qui s’est suivi d’un atelier de citoyen. Cet atelier de citoyen avait pour but de questionner la métropole entre réalité politique et réalité d’usages. En 2011, la cinquième conférence métropolitaine « Le monde n’attend pas – Nantes – Saint-Nazaire : sommes-nous prêts ? » consistait à interroger la place de la métropole à l’aune de la mondialisation. L’ensemble de ces conférences a pour but de communiquer les actions métropolitaines au plus grand nombre, de fédérer un grand nombre d’acteur et de donner une réalité physique et accessible à tous aux questions métropolitaines soulevées sur ce territoire.

54. SCOT : Schéma de Cohérence Territoriale 55. Source : SCOT de la métropole Nantes - Saint-Nazaire 56. SAMOA : Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique 57. AURAN : Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Nantaise 58. ADDRN : Agence d’Urbanisme de la Région Nazairienne)

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Carte du projet Eau & Paysages mené par le Pôle métropolitain

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2.4. Écocité Nantes – Saint-Nazaire

En octobre 2013, l’écométropole a été primée Écocité par le ministère de l’égalité des territoires et du logement et par le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie avec la stratégie Construire la ville autour du fleuve. Les enjeux énoncés étaient la protection du territoire, l’utilisation de ressources locales concernant la performance énergétique, faire cohabiter attractivité et qualité de vie en ville, faire de l’eau le support du développement économique et développer les transports en commun. À travers cette mention, l’écométropole Nantes – Saint-Nazaire bénéficie d’une vitrine médiatique supplémentaire et ancre sa volonté de s’investir dans le développement durable en assurant un équilibre entre le paysage, les zones urbaines et les zones industrielles. L’État s’engage alors à financer une partie des projets à hauteur de 5,1 millions d’euros.59 2.5. Eau & Paysages

Lancé durant l’été 2013, Eau & Paysages est la première opération d’intérêt métropolitain lancée par le pôle métropolitain dont le but est de valoriser, dans chacune des intercommunalités, des aménagements paysagers ou d’espaces publics liés à la présence de l’eau.60 Les six intercommunalités ont donc dû choisir un site sur leur territoire pour le soumettre à la concertation métropolitaine. Seuls deux sites se situent en rives d’estuaire à savoir le port de Cordemais et les Coteaux Sud de la Loire. À la suite d’un appel public à concurrence, quatre équipes ont été retenues pour établir différentes propositions sur l’ensemble des six sites proposés. Ces quatre équipes sont celle de Michel Desvigne, l’agence TER, Phytolab et le collectif Coloco. Le but de cette initiative est de développer une initiative commune et cohérente à l’échelle du territoire estuarien dont l’enjeu est de valoriser le territoire partagé et de faire naitre une identité métropolitaine forte. Le pôle métropolitain, où seulement quatre personnes travaillent à temps plein (un directeur, deux chargés de mission et un assistant), a surtout pour but de faire exister la métropole et de la rendre visible en dehors du champ politique. Une des missions qui n’est pas expressément citée est de faire en sorte que les habitants prennent conscience du territoire partagé, symbole de la métropole. Le pôle métropolitain fédère dans le but de préserver l’estuaire, autant comme lieu naturel et géographie que zone d’habitation. Cependant, les services proposés à l’échelle métropolitaine ne sont pas seulement liés à l’action du pôle qui n’a aucun statut décisionnaire. Il s’agit seulement d’une 59. http://www.nantessaintnazaire.fr 60. DEFAWE, Jean-Philippe, Six sites à aménager entre Nantes et Saint-Nazaire sur le thème « eau et paysages », in Le moniteur, 18/09/2013, 2013

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instance politique qui encadre certaines actions, et qui agit comme accélérateur de métropole. C’est donc l’intercommunalité, à travers le SCOT, qui fait exister la métropole. Au vu du grand nombre d’élus que cela engendre, des différents conseils qui sont nécessaires, il semble se créer une certaine distance avec les citoyens et leur manière d’appréhender le territoire.61 Malgré toutes les actions de sensibilisation, ne s’agit-t-il pas juste de manœuvres politiques pour engendrer plus de financements (écocité, eau et paysage, … ) et contribuer à la visibilité nationale et mondiale de Nantes ? Existe-t-il réellement une conscience métropolitaine sur le territoire estuarien ? Au vue de la complexité de son système de fonctionnement, il en ressort, pour l’heure, qu’il s’agit avant tout d’un objet politique et de communication qui permet de rendre le territoire attirant.

61. OUEST FRANCE, Le pôle Nantes – Saint-Nazaire continue à faire débat, in Ouest France, 26/09/2014, 2014

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L’éco-métropole Nantes / Saint-Nazaire, entre littoral, estuaire et terres agricoles. Cohabitation de zones rurales, urbaines et paysagères sur un territoire complexe par la présence de la Loire, qualifiée comme le dernier fleuve sauvage en France.

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III. La rive droite de l’estuaire à l’épreuve de la métropolisation Au-delà des questions de gouvernance qui font de ce territoire un lieu très politisé, l’unicité de cette métropole réside dans le fait que nous sommes face à un espace urbanisé de manière diffuse. L’image que renvoie habituellement ce terme de « métropole » est une aire urbaine centrée sur une « capitale » ou un « chef-lieu ». Cela réfère à une organisation hiérarchique d’un territoire géographique et urbain qui ne reflète pas la réalité fonctionnelle du territoire, ce qui est d’autant plus le cas ici que nous sommes face non plus à un centre fonctionnel et géographique mais à deux pôles urbains structurants (Nantes et Saint-Nazaire).

1. Nantes – Saint-Nazaire : une métropole diffuse et émiettée 1.1. Reconsidération du couple ville/campagne

L’estuaire de la Loire apparaît comme l’élément unificateur de ce grand territoire que représente l’écométropole et permet de reconsidérer le couple ville / campagne. De manière évidente, ce territoire est un espace polarisé et non uni-centré. L’estuaire devient l’axe autour duquel se construit cet espace métropolitain. Cet espace de l’entre-deux pôles urbains majeurs est ponctué par des petites villes, symboles de la périurbanité, et de villages et hameaux, représentatifs du caractère rural de ce territoire. Cette périurbanité, définie par Laurent Cailly dans le Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, représente “une catégorie analytique et interprétative qui désigne des configurations urbaines émergentes, situées à la périphérie d’une agglomération, caractérisées par une faible densité (bâti, population, emploi), une faible diversité (fonction résidentielle prédominante), mais par une bonne accessibilité au reste de l’espace urbain environnant. […] [Le périurbain] qualifie usuellement un espace constitué de communes rurales ou de petites villes soumises à l’influence d’un pole urbain, séparé de la banlieue dense et continue – le suburbain – par une discontinuité paysagère, et caractérisé par une morphologie hybride (mi-ville, mi-campagne) qui résulte d’une urbanisation en “saut de grenouille”.” (p.768, 769) Dans le cas présent, nous sommes, de manière évidente, face à un espace métropolitain rythmé par l’émiettement des communes le constituant et créant des zones d’entre-deux, de périurbanité, que l’on peut également qualifier de tiers-espace selon Martin Vanier, in Qu’est-ce que le tiers espace ? Territorialités complexes et construction politique. Ce binôme urbain, incarné par Nantes et Saint-Nazaire, soulève de véritables questions métropolitaines : est-ce réellement l’association de deux villes souhaitant faire du territoire un lieu partagé et vécu par tous ou est-ce l’association d’une métropole (Nantes) avec une ville d’une taille moyenne (Saint-Nazaire) pour 61


Document personnel

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partager des activités industrielles et des acteurs économiques ? L’idée de la métropole, caractérisée dans l’imaginaire collectif, par un ensemble bâti et urbain continu, est-elle en train d’évoluer ? À travers ce nouveau schéma urbain, se dessine-t-il un nouveau mode de vie souhaité par nombre d’habitants sur ce territoire, à savoir la volonté de travailler en ville et de profiter de l’ensemble de ses services tout en habitant à la campagne, dans un espace éloigné du centre urbain et entouré par la nature ? D’un point de vue spatial et d’aménagement urbain, le binôme Nantes / SaintNazaire ne paraît pas évident puisque, depuis les années 80, ces deux villes ne se développent pas l’une vers l’autre mais plutôt l’une dos à l’autre. À l’échelle de leurs propres agglomérations, ces deux bassins de vie ont des objectifs de croissance et d’expansion qui leur sont propres, en dehors de l’aménagement et de l’urbanisation des rives de l’estuaire (à travers le projet Ville-Port et le projet de l’Ile de Nantes). Nantes prône un développement urbain qui tend vers le nord (à savoir vers Rennes dans la perspective d’une association pour créer la métropole du Grand Ouest) et vers l’est (par rapport aux enjeux économiques que peut représenter Angers). SaintNazaire, quant à elle, oriente son urbanisation vers l’ouest et donc le littoral, dans le but d’amplifier son activité touristique et de renforcer son image de ville maritime. Séparées par plus de 50 kilomètres l’une de l’autre, les villes de Nantes et SaintNazaire peinent, notamment d’un point de vue local, à rayonner en tant que métropole unique malgré les différents rapprochements économiques et l’estuaire de la Loire qui permet de faire le lien physique entre ces deux pôles urbains mais également avec le littoral. Dépendante l’une de l’autre pour les activités industrielles et économiques (chantiers navals, production d’énergie, activités portuaires), il n’en reste pas moins que cette écométropole n’existe pas encore comme un tout puisque il existe toujours deux marchés du travail, deux bassins d’emplois distincts. Le rapprochement voulu par l’État et maintenu localement par les maires successifs de Nantes et SaintNazaire peut s’expliquer de la sorte : Saint-Nazaire a pu modifier son image et rayonner sur le plan national et international tandis que Nantes a pu délocaliser ses activités industrielles tout en favorisant son lien et son rapprochement avec le littoral, permettant aux nantais de s’y rendre de manière régulière. Cependant, dans ce binôme urbain, à travers les cinquante kilomètres qui les séparent, se situent dix petites villes ou villages. Ces villes de l’entre-deux sont donc prises en étau par ce tandem aux ambitions parfois divergentes. Cela peut évoquer, d’un point de vue des usages et du ressenti, la notion de métapole plutôt que de métropole. Définie par François Ascher dans son livre Métapolis ou l’avenir des villes, publié en 1995, la métapole est constituée par « l’ensemble des espaces dont tout ou partie des habitants, des activités économiques ou des territoires sont intégrés dans le fonctionnement quotidien (ordinaire) d’une métropole ». Cela

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Les villes de Nantes et Saint-Nazaire sont reliées depuis quelques années par une nouvelle Route Nationale, à quatre voies, traduisant le flux important de véhicules entre ces deux communes. Deux Routes Départementales persistent et desservent les communes de l’entre-deux mais qui sont moins fréquentées. Dix communes continuent d’exister en périphérie de ces deux pôles urbains majeurs et structurants de la métropole et chacune entretient un rapport différent avec la Loire ou avec ce territoire particulier dû aux terres agricoles et à l’humidité présente sur ces sites. Document personnel. Captures Street View dans différents axes routiers majeurs qui témoigne des différents impacts de l’infrastructure routière sur le paysage. La Loire disparaît parfois totalement de l’environnement.

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peut se rapprocher de la notion de ville diffuse développée par Bernardo Secchi et repris par Bénédicte Grosjean (dans son ouvrage Urbanisation sans urbaniste : une histoire de la « ville diffuse »), car François Ascher voit en la métapole de vastes espaces urbains de plus en plus peuplés, discontinus et multipolaires, ce qui est le cas dans cette écométropole Nantes – Saint-Nazaire. La ville radiocentrique et monocentrée tend alors à disparaître au profit d’une discontinuité du bâti urbain et à l’émiettement des lieux de vies. D’après Sylviane Taberly et Marie-Christine Doceul62, aujourd’hui la ville serait devenue « une vaste conurbation polycentrique et discontinue, c’est une ville hétérogène ». Les deux bassins d’emplois majeurs de la métropole se situant à Nantes et à SaintNazaire, la mise en réseau de ces deux villes par des infrastructures routières permet une dispersion de l’habitat et fait des déplacements un des enjeux de ce territoire à l’ambition métropolitaine, ou métapolitaine. Malgré des puissances économiques et démographiques différentes pour chacune de ces deux villes, certains échanges existent et les connections sont nécessaires également pour desservir les lieux de vie de l’espace interstitiel présent entre les deux aires urbaines. Aux heures de pointes, c’est à dire entre 7h et 9h et entre 17h et 19h, la route nationale reliant Nantes à Saint-Nazaire (en passant par Savenay et Montoir-de-Bretagne) est très encombrée ce qui témoigne de la mobilité des habitants dont certains résident à un endroit et travaillent à un autre. « Pour faire de Nantes – Saint-Nazaire une métropole « conviviale et sûre », on s’était engagés à traiter de concert les questions d’aménagement urbain […] mais aussi d’environnement, d’habitat et de lutte contre l’exclusion. Car il s’agissait bien d’abord d’une affaire d’hommes et de femmes. Chaque jour, plus de 10 000 personnes se déplaçaient d’une ville à l’autre. » 63

Comme le rappelle Joël Batteux, quotidiennement, plus de 10 000 personnes empruntent leur voiture personnelle ou des transports en commun pour se déplacer d’une ville à l’autre. Sans oublier également les habitants des villes et villages de l’entredeux, répondant essentiellement à une fonction résidentielle, qui, pour travailler ou étudier, se rendent très généralement soit à Nantes, soit à Saint-Nazaire. La stratégie des déplacements est donc un défi très important à relever pour cette métropole de grande ampleur. C’est en permettant des déplacements plus fluides et évidents, avec notamment un réseau de transports en commun bien développé, que l’écométropole pourra limiter l’étalement urbain. D’ici 2030, ce territoire est destiné à accueillir 150 000 habitants de plus64, visant ainsi le million d’habitants. Favoriser les transports en commun, sans être pour autant anti-voiture, permettra de contrer l’émiettement de certaines communes et de condenser l’habitat dans les zones urbaines déjà existantes afin de préserver l’estuaire de la Loire, qui est un lieu 62. in http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire 63. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.159 64. Selon l’étude INSEE n°106, Juillet 2012

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Document personnel rĂŠalisĂŠ avec Marguerite Wable

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sensible à protéger.65 L’idée générale de cette écométropole est de permettre au tissu urbain considéré comme périurbain ou rural, symbolisant la campagne, d’avoir accès aux services que peut proposer la ville, non plus seulement en terme d’économie, de commerces et de culture mais en terme de mobilités. Intégrer ces zones urbanisées de plus faibles intensités permet de leur donner une importance par rapport aux stratégies globales. De plus, envisager de nouvelles stratégies de déplacements peut contribuer également à lutter contre le recours, parfois abusif, à la voiture. Ainsi, plusieurs stratégies ont déjà été mises en place : le site http://covoiturage.loire-atlantique.fr propose des covoiturages dans la région et permet de limiter les déplacements individuels, des voitures proposées en auto partage comme le service Marguerite, réservé pour l’heure à la métropole nantaise, le titre de transport Métrocéane valable dans le TER, les réseaux de bus ou autres transports communs (comme le tramway) développés dans chaque intercommunalité favorisant une mise en réseau les pôles urbains et le littoral. Ces différentes initiatives sont développées pour mettre en réseau autant la ville avec la campagne qu’avec le littoral. Dans cette veine, d’autres projets sont en cours pour favoriser des modes de transports doux et/ou collectifs comme la mise en place d’un tram-train à l’étude depuis plusieurs années et réaffirmé par David Samzun (maire socialiste de Saint-Nazaire) et Johanna Rolland (maire socialiste de Nantes) dans leur déclaration communes 25 propositions pour l’éco-métropole Nantes – SaintNazaire. Deux propositions parmi ces vingt cinq touchent directement la question de la mobilité à savoir : « Nous accompagnerons les projets de restructuration des Gares de Nantes et Saint-Nazaire et nous exigerons un renforcement des connexions ferroviaires entre Nantes et Saint-Nazaire » et « Nous étudierons, avec les différentes collectivités organisatrices de transport, les conditions de renforcement et simplification des offres d’abonnement de transport à l’échelle de Nantes – Saint-Nazaire ». En effet, au-delà de la perspective de créer de nouvelles lignes de tramway, tram-train ou busway, demeure la volonté de renforcer l’offre ferroviaire déjà présente sur le territoire. En effet, le réseau ferroviaire a une véritable importance dans cette métropole car il est partagé entre le fret (puisqu’aujourd’hui seul 4% du trafic de marchandises s’effectue encore sur la Loire, les marchandises provenant des voies maritimes sont réinjectées dans le territoire par voie routière ou voie ferroviaire obligeant à une vraie stratégie en terme de logistique), le TGV et le TER. La volonté est mise sur une meilleure desserte du réseau ferré, englobant également les pôles urbains structurants, comme Saint-Etienne de Montluc ou Savenay. Il s’agit de proposer différentes alternatives à la voiture. Aujourd’hui, un métropolitain n’est pas seulement piéton, cycliste ou automobiliste. Différentes 65. Source : GIP Estuaire

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Document personnel. Source : INSEE, 2014.

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interventions, comme la mise en place de parking relais à proximité des gares ou le fait de compléter le réseau ferré par un réseau de bus ou autres transports en commun, favorisent l’intermodalité sur un territoire partagé par de nombreux habitants. Cependant, puisque l’ensemble de l’activité économique est maintenue sur les deux pôles urbains majeurs ou sur leur proche périphérie (Donges, Montoir-deBretagne ou Saint-Herblain et Couëron) et malgré la mise en place de différentes stratégies de transports en commun, quelle est la perspective de développement pour ce territoire de l’entre-deux ? Est-t-il voué à rester un lieu rural ponctué par des pôles urbains structurants ou va-t-il, lui aussi, connaître une expansion démographique ? Si l’on se base sur une étude démographique et comparative des données recensées entre 1946 et 201166, les deux villes ayant connu la croissance démographique la plus forte sont Saint-Nazaire et Saint-Herblain. Couëron, Donges, Savenay, Cordemais, Montoir-de-Bretagne ont doublé leur population ce qui est probablement dû au développement d’activités économiques sur leur site. Les petits villages tels que Bouée et Lavau-sur-Loire sont restés assez stable avec une perte d’habitants dans les années 70 mais une nouvelle progression dans les années 2000. D’autres communes à l’ouest de Saint-Nazaire et au nord-est de Nantes, se sont également développées sur le plan démographique bien qu’elles ne fassent pas partie du périmètre de la métropole défini par le SCOT. Malgré des tentatives de mises en réseau de ces territoires, cela n’a pas eu de réel impact sur la densité de population de ces communes de l’entre-deux. L’agglomération nantaise, quant à elle, s’est énormément développée représentant à elle seul plus de 70%67 des habitants de l’écométropole. Malgré sa forte visibilité à l’échelle nationale, la métropole provoque un déséquilibre assez important et très marqué, ne serait-ce qu’entre ces deux pôles 66. Source : INSEE 67. Ibid

Document personnel. Source : INSEE, 2014.

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Document personnel

Photographies des rives de l’estuaire de la Loire montrant la multiplicité des paysages rencontrés. Source : GIP Estuaire.

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urbains majeurs mais également, et surtout, pour le territoire de l’entre-deux qui tend, pourrait-t-on penser, à disparaître au profit du rayonnement de Nantes et SaintNazaire ? Bien que les zones urbanisées et citadines ne vont pas s’étendre jusqu’à ces zones rurales, nous pouvons tout de même questionner leur survie et leur maintien sur un territoire aux telles ambitions. À travers ce schéma métropolitain particulier qui mêle villages, petites villes, villes moyennes et métropole, sommes-nous face à un territoire à trois vitesses ? Il ne s’agit pas d’établir un parallèle avec la théorie de Jacques Donzelot dans son ouvrage La ville à trois vitesses, dans lequel il explique qu’aujourd’hui nous assistons à un mouvement de séparation dans les villes avec le centre-ville qui s’embourgeoise, le périurbain qui se destine aux classes moyennes et où le logement social est relégué, mais de voir plutôt comment ce territoire s’organise autour de trois échelles différentes : la campagne, le suburbain et la ville. Chacune de ces catégories correspond à des attentes et des stratégies différentes. La campagne et le suburbain répondraient à l’envie de vivre à la campagne tout en profitant de certains services et de la proximité avec de grandes villes et la ville serait le bassin d’emploi. Le suburbain reste toutefois plus urbanisé que la campagne et serait le lien entre la ville et la campagne, comme le devient Savenay qui permet de relier des hameaux à des infrastructures urbaines. Le suburbain permettrait de maintenir un équilibre sur ce territoire pour éviter la création de désert rural. 1.2. L’estuaire de la Loire : le « Central Park » de la métropole ?

Finalement, et cela déjà été mentionnée plus haut, ce qui permet la structure et l’équilibre du territoire demeure l’estuaire de la Loire qui agit comme la colonne vertébrale de la métropole. Par la présence de la Loire, qualifiée comme dernier fleuve sauvage en France, l’ensemble de l’espace métropolitain est très humide dû aux nombreux étiers et cours d’eau ce qui provoque une urbanisation difficile. L’écométropole se compose aujourd’hui de 80% d’espaces naturels et de 15% d’espaces urbanisés. La diffusion de l’espace bâti, comme énoncé précédemment, fait l’unicité de cette métropole, dont l’objectif est, d’ici 2030, d’urbaniser seulement 5% d’espaces supplémentaires. Cette logique de réduction de la consommation de l’espace se traduit par la volonté de condenser et densifier les zones urbaines déjà existantes, de préserver une activité agricole, déjà très présente sur le territoire, mais cette logique est aussi contrainte par l’impossibilité de bâtir, pour l’heure, sur les rives de l’estuaire à cause de la présence de marais ou d’espaces très humides. Ce territoire de l’entre-deux, à proximité des rives de l’estuaire, est donc voué à rester un lieu relativement sauvage, que Laurent Théry, économiste et urbaniste à la tête de la SAMOA de 2004 à 2010, nomme « Central Park des temps modernes ». Ce dernier voit en l’estuaire la possibilité de créer un parc à l’échelle métropolitaine

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Photographie personnelle de la centrale thermique de Cordemais prise depuis les prairies humides et les marais

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et au rayonnement certain. L’estuaire de la Loire deviendrait alors un lieu et une destination touristique à l’échelle métropolitaine et nationale. Ce qu’il faut retenir, en l’état, de cette idée de « Central Park » est l’envie et la volonté de conserver un lieu naturel de grande ampleur au sein de ce territoire. Puisqu’il est difficilement urbanisable, il s’agit de l’aménager pour permettre au plus grand nombre de le fréquenter et d’en faire la force et le symbole de cette métropole. Cette volonté de préserver l’estuaire comme un lieu naturel est partagée par l’ACEL68. Créée en 1985, elle regroupe la plupart des acteurs institutionnels de ce territoire à savoir la région des Pays de la Loire, le département de Loire-Atlantique, les villes de Saint-Nazaire et de Nantes, la CCI (Chambre de Commerce et d’industrie) Nantes – Saint-Nazaire, le Grand Port Maritime Nantes – Saint-Nazaire et l’Union Maritime de la Basse-Loire. À travers ce regroupement des principaux acteurs (politiques et économiques) de l’écométropole, il s’agit, avec des forces locales, de peser sur des décisions, parfois nationales, concernant l’estuaire. L’objectif de cette association est de garantir le maintien d’une activité économique locale et la préservation du patrimoine naturel, qui correspond en grande partie au territoire de l’estuaire. Une des dernières initiatives soutenue par l’ensemble de ces acteurs est la volonté de créer un parc naturel régional autour de l’estuaire de la Loire. Cela concrétiserait les ambitions de faire de ce lieu un parc majeur, ouvert notamment au tourisme. Un Parc Naturel Régional permet de mettre en place un projet de préservation de lieux naturels et/ou culturels partagés par différentes communes limitrophes. Ce parc, afin d’exister, doit recevoir une labellisation de l’État qui reconnaît en ce site des qualités paysagères et un patrimoine remarquable. Un parc naturel régional permet de créer un espace dans lequel l’objectif est de maintenir un équilibre du territoire. Les limites du parc naturel régional de l’estuaire de la Loire ne sont pas encore définies mais l’Assemblée Régionale a donné son accord en janvier 2013 pour déposer un dossier. Le but énoncé est de « valoriser un équilibre entre les différentes activités des rives nord et sud », son impact dépasse donc les simples limites de l’écométropole. Tout en prenant en compte le maintien des zones rurales, le parc aura pour mission de poursuivre le développement portuaire et les activités industrielles (vecteurs de croissance économique et d’emploi). Il s’agit de conserver le caractère industriel et économique de ce lieu tout en tachant de préserver la biodiversité, la faune, la flore et les paysages propres à ce territoire. Éric Thouzeau, conseiller régional en charge du dossier, compare le parc national régional à un laboratoire qui permettra de mettre en œuvre différentes stratégies liées au développement durable du territoire tout en conservant une certaine cohérence : « le label Parc Naturel Régional [est un des] atouts pour le tourisme, mais aussi pour la 68. ACEL : Association Communautaire de l’Estuaire de la Loire

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Exemples de communes de l’entre-deux entourées d’espaces naturels que l’on peut qualifier d’écrin vert.

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population, fière de vivre dans un Parc où le travail concerté des collectivités, améliore son cadre de vie ». Ainsi, ce label offre une carte de visite supplémentaire à l’écométropole qui pourra profiter de cet outil pour aménager le territoire de l’estuaire et relancer une dynamique de projets tout en s’assurant du maintien de la bioversité et du respect de l’environnement. Fort de cette proposition, l’État a, par la suite, proposé la mise en place d’une Réserve Naturelle Nationale qui permettrait de protéger l’estuaire et les espèces qui lui sont propres. Cependant, plusieurs acteurs locaux craignent cette initiative de peur qu’elle ne suscite de trop nombreux conflits d’usages entre les pêcheurs, chasseurs, industriels et agriculteurs, et qu’elle ne suspende certaines activités comme celles évoquées ci-dessus. Ces différents projets de parc naturel régional ou de réserve naturelle nationale (qui peuvent être, au final, deux projets complémentaires), révèlent la volonté de préserver un territoire naturel fort au centre de cette métropole polarisée. Martin Vanier, dans son article Métropolisation et tiers-espace, quelle innovation territoriale ?, définit les parcs naturels régionaux comme des outils permettant « des complémentarités villes-campagnes […] ». Selon lui, il s’agit d’initiatives relevant de l’action publique, essentiellement issue du monde urbain. Pour lui, le vrai enjeu résidera dans les réponses proposées par les aménagistes, à savoir s’ils prendront réellement en compte les caractéristiques du tiers-espace et des espaces naturels à préserver. Vont-ils s’inscrire dans la continuité des grands projets urbains ou saurontils s’appuyer sur le territoire et ses spécificités pour faire naître un projet ? Cependant, c’est grâce à ces initiatives que perdure le tiers-espace qu’il qualifie comme « [un] espace mi-urbain mi-rural, c’est-à-dire en somme ni vraiment urbain ni vraiment rural, qui s’est considérablement développé […] sous les vocables de périurbain, suburbain […] et qui, contrairement aux espaces de croissance et d’étalement urbain des étapes précédentes, semble devoir conserver durablement des caractéristiques d’organisation spatiale qui ne le feront ni basculer du côté de la ville en bonne et due forme, ni se fondre dans la campagne éternelle et toujours renouvelée », dans son article Qu’est-ce que le tiers espace ? Territorialités complexes et construction politique perdure. La volonté de préserver de grandes zones naturelles et paysagères entre les différents pôles urbains et les zones bâties permet « un maintien de la coupure [verte] avec la zone bâtie du pôle urbain qui est constitutive du périurbain »69. En effet, la coupure verte, également nommée « écrin vert » par Éric Charmes, permet une autonomie physique forgeant une identité forte et une maîtrise de l’urbanisme et de l’étalement urbain. Ici, le parc national régional qui prendrait place le long de l’estuaire de la Loire pourrait fonctionner comme une ceinture verte qui assurerait la préservation de la nature dans ce territoire métropolitain. Cet espace vert (qu’il soit boisé, agricole, naturel 69. CHARMES, Éric, La ville émiettée, Presses Universitaires de France, 2011, p.29

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1900

2000

2010 Document personnel montrant l’Êvolution et la transformation du lit de la Loire depuis 1850.

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…) permet aux habitants vivant dans ces communes de l’entre-deux de s’extraire de la masse urbaine. L’espace vert joue un rôle d’espace tampon entre les zones urbaines et la périurbanité car il préserve la commune de la congestion tout en permettant une fédération des habitants et le développement du sentiment d’appartenance. C’est cette couronne verte qui offre la sensation aux habitants de vivre à la campagne et non pas dans une zone urbaine dense. Cette appellation de Central Park pour définir l’ensemble de ce territoire naturel et non-urbanisé reste certainement encore un défi pour l’écométropole, à savoir la capacité à aménager ce lieu en espace accessible pour des promenades, des activités sportives ou culturelles (initiative déjà en cours comme nous le verrons ci-après). Il ne s’agit pas seulement de conserver un espace naturel au cœur de ce territoire mais plutôt, à travers différents aménagements et peut-être notamment grâce au parc naturel régional, d’aménager ce lieu pour en faire un véritable Central Park, à savoir un lieu de vie et de dynamiques.

2. Mise en lumière d’une identité estuarienne « Mais, entre la métropole pensée par les élites et la métropole vécue par les habitants, il restait un sérieux écart : on ne crée pas d’un simple claquement de doigts une communauté humaine consciente de ce qui la rassemble et l’unit. » 70

Finalement, à travers les différentes actions politiques et économiques énoncées précédemment, demeure la volonté de faire naître une conscience métropolitaine partagée. Afin de permettre cela, de nombreuses stratégies vont être mises en œuvre plaçant l’estuaire au cœur des réflexions. Cependant, se pose tout de même la question de savoir si ce territoire estuarien est vraiment un espace partagé et vécu par le plus grand nombre ? Est-t-il au cœur des usages ou est-ce par sa géographie particulière que va se développer une identité estuarienne ? L’estuaire de la Loire, comme étudié auparavant, est avant tout un espace naturel marquant le territoire par ses marais et zones humides.71 Les acteurs de la métropole vont faire de ce territoire le symbole et l’identité même de cette écométropole afin de renforcer sa cohérence. 2.1. Mise en valeur de l’estuaire

L’estuaire de la Loire, territoire partagé aussi bien par la rive nord que la rive sud, est un espace naturel difficilement accessible (peu de routes ou de sentiers piétons) et franchissable. Les traversées de la Loire sont concentrées en deux points : au niveau de l’agglomération nantaise et avec le grand pont entre Saint-Nazaire et Saint-Brévin-les-Pins. Des traversées en bacs sont également possibles notamment 70. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.328 71. Source : GIP Estuaire

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Comparaison entre une photographie de Lavau-sur-Loire datant du 19ème siècle et une photographie de 2014.

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entre Le Pellerin (rive sud) et Couëron (rive nord). Au-delà de la séparation physique provoquée par la Loire, cette séparation est également lue, par les locaux, comme la limite entre la Bretagne pour la rive nord et la Vendée pour la rive sud. Cet estuaire, qui agit en effet comme trait d’union physique entre Nantes et Saint-Nazaire, divise autant qu’il rassemble. La difficulté, dans la volonté de mettre en valeur l’estuaire et d’en faire le symbole de la métropole, est le caractère instable du fleuve. La Loire est encore un fleuve très sauvage, difficile à maitriser et à prévoir, pouvant provoquer de nombreuses crues, parfois très violentes. Le cours de la Loire a dessiné son paysage et impulsé certaines implantations.72 Les villages de l’entre-deux pôles urbains comme Bouée ou Lavau-sur-Loire sont des anciens villages de pêcheurs qui participaient à la vie maritime présente sur l’estuaire avant la création du port de Saint-Nazaire. Alors qu’à l’époque ces villages se trouvaient à proximité même des rives de la Loire, aujourd’hui, dû aux modifications du lit du fleuve, ils s’en retrouvent éloignés. De cette manière, le village de Lavau-sur-Loire est désormais entouré de marais et de zones humides, accessible seulement depuis une petite route. Jusqu’au 19ème siècle, il était pourtant un port de marchandises et de passagers relativement important. Nous pouvons retrouver quelques traces de cette activité mais avec le retrait de la Loire, le village a perdu une partie de son identité et est considéré aujourd’hui comme un village d’agriculteurs et de paysans.73 À l’instar du projet de parc naturel régional, il s’agit, pour les acteurs, de faire de cet espace naturel un territoire de projets. En janvier 2012, dans le cadre des réunions Destination 2030 (études prospectives lancées par Saint-Nazaire Agglomération), une conférence dédiée au développement durable de l’estuaire de la Loire est organisée et coordonnée par Laure Despres, professeure émérite de Sciences Économiques à l’Université de Nantes. L’idée est d’analyser et de comprendre les forces déjà en présence sur le territoire et de proposer différentes prospectives. Forts de ces différentes actions et consultations, les acteurs politiques du territoire (élus, associations, responsables locaux …) vont mettre en place différentes stratégies pour mettre en valeur l’estuaire et ainsi recréer et revendiquer une identité estuarienne permettant de développer une conscience métropolitaine. Ces initiatives ont été officialisées dans le PADD74, édité par le pôle métropolitain Nantes – Saint-Nazaire. Il est mentionné que « l’estuaire doit être considéré comme la colonne vertébrale identitaire de la métropole, le fondement de nouvelles aménités. Sa découverte, sa mise en valeur, sa restauration hydraulique constituent donc des priorités d’aménagement». Ce PADD, approuvé par l’ensemble des intercommunalités constituant l’écométropole, témoigne de la volonté de centrer et d’unifier les efforts concernant la valorisation de l’estuaire afin de renfoncer son aspect symbolique, son 72 GIP Estuaire, « Histoire » disponible sur URL : http://www.loire-estuaire.org/accueil/un_territoire/histoire 73. « La construction d’une identité estuarienne », ENS, 2012-2013, http://www.geographie.ens.fr/La-construction-d-une-identite.html 74. PADD : Plan d’Aménagement et de Développement Durable

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Photographie personnelle de l’oeuvre Estuaire Le Jardin étoilé, de Kinya Maruyama, à Paimboeuf

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attractivité et son rayonnement à l’échelle du territoire. Cela est également renforcé par un rapport de la DTA (directive territoriale d’aménagement) sur l’estuaire de la Loire qui fixe de nombreux objectifs comme « rechercher un développement plus équilibré des rives nord et sud de l’estuaire », « assurer le développement équilibré de toutes les composantes territoriales de l’estuaire », « protéger et valoriser les espaces naturels, les sites et les paysages de l’estuaire », « favoriser l’aménagement, la protection et la mise en valeur de la Loire estuarienne ». … . Il s’agit, à travers ces deux outils de gestion, d’impulser une politique et un développement cohérent de ce territoire à l’échelle métropolitaine pour en faire un lieu de projet et de création. Ainsi, depuis la descente de l’estuaire de la Loire organisée par Joël Batteux et Jean-Marc Ayrault en 1989 qui en fit un symbole, de nombreuses opérations ont eu lieu pour rendre cet espace accessible au plus grand nombre. Des croisières sont organisées, un circuit de pistes cyclables a été pensé à travers l’opération La Loire à Vélo, qui prend place sur la rive sud … Cette volonté de faire de l’estuaire un lieu d’unité et d’identité est encore d’actualité et renforcée par les nouveaux maires socialistes de Nantes et Saint-Nazaire (Johanna Rolland et David Samzun) dans leurs 25 propositions pour l’écométropole Nantes – Saint-Nazaire. Ils s’engagent à « [soutenir] les projets visant à renforcer l’offre touristique autour de l’Estuaire, à en faciliter sa compréhension (Centre d’interprétation de l’Estuaire à Saint-Nazaire…), à y développer de nouveaux usages » » (proposition 14), à « [proposer] la mise en place d’un itinéraire vélo tourisme/loisirs au nord de la Loire, connecté à Loire à Vélo » (proposition 16) et à « [préserver et mettre] en valeur les grands espaces naturels de l’Éco-métropole » (proposition 23). L’ensemble de ces propositions montre que le processus identitaire est encore en cours. 2.2. Placer la culture au cœur des pratiques

Pour faire de cet estuaire un lieu de vie quotidien, un lieu de passage et de tourisme, plusieurs stratégies ont été développées mais la plus à même de perdurer est la stratégie culturelle. La culture offre différentes perspectives et possibilités : attractivité du territoire, sentiment d’appartenance, création d’identité et de symboles.75 Forts de ce constat, les acteurs locaux vont utiliser la culture pour valoriser l’estuaire et offrir un rayonnement et une identité à l’écométropole tant sur le plan régional que national. Une première opération culturelle a eu lieu en 2005 avec les « Rencontres du fleuve » et a été depuis renouvelée trois fois. Il s’agit de proposer des concerts, des spectacles, des expositions et des animations autour de la Loire. À travers cet événement, les organisateurs souhaitent faire (re)découvrir le fleuve et son patrimoine au plus grand nombre en sensibilisant le public à l’environnement ligérien. 75. « La construction d’une identité estuarienne », ENS, 2012-2013, http://www.geographie.ens.fr/La-construction-d-une-identite.html

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Carte relevant l’ensemble des œuvres pérennes dans le cadre de la biennale Estuaire. Source : Office de tourisme Nantes.

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Ce festival itinérant a pour habitude de débuter à Nantes pour finir son parcours à Saint-Nazaire, permettant à l’ensemble du territoire métropolitain de profiter de cet épisode culturel. Grâce à cette opération, c’est la culture qui se déplace et non pas seulement le public. En effet, pendant de nombreuses années, l’offre culturelle a longtemps été monocentrée sur la ville de Nantes. Progressivement, grâce aux différents projets mis en place par Saint-Nazaire (le théâtre, la base sous-marine, le VIP et le LIFE), les lieux culturels se sont décentralisés dans la perspective d’assurer une offre relativement bien répartie à l’échelle de l’écométropole et de maintenir un équilibre, notamment culturel, sur le territoire. Dans les dernières opérations mises en place à l’échelle estuarienne et métropolitaine, l’idée est de sortir des cadres traditionnels d’exposition de la culture et de la rendre accessible au plus grand nombre. Dans cette perspective, Jean Blaise, directeur du Lieu Unique à Nantes, a mis en place la biennale d’art contemporain Estuaire 2007-2009-2012 qui permet la découverte de l’estuaire par une série d’œuvres pensées in situ et qu’il qualifie de « monument dispersé ». Jean Blaise, en tant qu’habitant et acteur du territoire de longue date (depuis 1982, il est à l’origine de nombreuses opérations culturelles notamment à Nantes), voit en cette biennale la possibilité de répondre aux souhaits des politiques à savoir « créer de l’imaginaire, du symbole autour de cette métropole afin qu’elle ne soit pas seulement économique, mais corresponde à un projet de vie »76. Jean Blaise imagine alors cette biennale comme « un accélérateur de métropole » qui permettrait un parcours et une continuité entre Nantes et Saint-Nazaire en incluant l’ensemble des communes de l’entre-deux. L’objectif de cette opération est, selon lui, de « mettre en valeur [un symbole] : l’estuaire qui relie Nantes et Saint-Nazaire (Jean Blaise, in La ville autrement, l’énergie des réseaux, p.66). La biennale Estuaire devient alors autant un moteur de création artistique que de symbole politique. Pour Jean-Marc Ayrault, cette opération était l’occasion de « [travailler] à une échelle de territoire beaucoup plus vaste, l’échelle de l’estuaire qui est notre espace naturel, là où nos villes sont nées » 77. Cette dynamique de projet permet une superposition des échelles (intérêt local et global) et fait perdurer le développement tant touristique qu’économique du territoire. La biennale, en 2009, avait attiré 175 000 visiteurs (dont un tiers extérieur à la région) et les apports économiques sont estimés à 4,5 millions d’euros.78 Cette manifestation culturelle a pour but de rendre visible l’estuaire et de créer une identité métropolitaine. Jean Blaise imagine alors un parcours à l’air libre dont l’objectif est de faire redécouvrir l’estuaire et de montrer l’écométropole. Au total, c’est actuellement 25 œuvres qui restent de manière pérenne. Pour chacune des éditions, les organisateurs ont invité des artistes locaux et internationaux à venir penser une œuvre in situ en incluant les habitants dans le processus. Le fait de participer à la 76. BATTEUX, Joël, Saint-Nazaire, Vouloir sa ville, Le Cherche Midi, 2014, p.329 77 MASBOUNGI, Ariella et AUDOUIN, Jean, Estuaire Nantes-Saint-Nazaire, écométropole, mode d’emploi, Paris, Le Moniteur, 2012, p.50 78 Source : http://www.estuaire.info/fr/

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Photographie personnelle de l’oeuvre L’Observatoire, de Tadashi Kawamata à Lavau-sur-Loire.

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conception d’un tel projet renforce et développe le sentiment de participer à l’aventure et d’être pris en compte. Aujourd’hui, habitants, passants et touristes s’approprient les œuvres qui font partie intégrante du territoire métropolitain. Il est intéressant de noter que les œuvres sont réparties sur les deux rives de l’estuaire, s’émancipant des simples limites administratives de l’écométropole proposées par le SCOT. Cependant, l’ensemble du territoire métropolitain se situant au nord de Nantes semble complètement délaissé par cet événement. La volonté n’est donc pas seulement de créer une identité métropolitaine à travers cette opération artistique mais de renforcer le lien entre Nantes – Saint-Nazaire. L’estuaire symbolisant le lien physique entre la terre (Nantes) et l’océan (Saint-Nazaire), cet événement n’est-t-il pas surtout là pour rappeler la proximité du littoral, élément très attractif de cet espace, de renouveler et d’assurer la connexion de Nantes avec le territoire maritime ? À l’instar du projet Estuaire, de nombreux autres projets prennent place sur les rives de l’estuaire dans le but d’ouvrir l’écométropole sur son fleuve comme la mise en lumière du port de Saint-Nazaire par Kersalé, le festival des Grandes Marées, le festival musical Les Escales à Saint-Nazaire, La Solidaire du chocolat, Les Folies de l’estuaire … Ces différentes interventions s’implantent sur les bords de Loire et transforment le fleuve en lieu festif, vivant et fédérateur. Finalement, ne serait-ce pas l’ensemble de ces opérations culturelles et politiques qui fait l’unité et l’identité même de ce territoire plus que sa géographie ?

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Vers une grande métropole de l’Ouest ? L’écométropole Nantes – Saint-Nazaire se distingue d’une construction métropolitaine en bien des aspects qui ont été énoncés précédemment. Sa spécificité réside en deux points majeurs à savoir la présence de l’estuaire de la Loire, qui vient contraindre le territoire autant qu’il le valorise, et la diffusion et l’émiettement des zones habitées. Cependant, après en avoir analysé la construction politique ainsi que les usages qui sont faits de ce territoire et en s’éloignant du cadre légal, nous sommes bien face à une métropole au regard des définitions de René Dagorn du terme Métropole énoncées en introduction. En effet, à travers les activités portuaires et industrielles, le territoire rayonne au niveau national et international tout en conservant un jeu d’échelles permettant d’alterner décisions globales (liées à la mondialisation et à la visibilité de l’écométropole) et locales, dans le but d’améliorer le cadre de vie des habitants. Si je reviens sur ma problématique initiale, à savoir est-ce que la métropole est un objet politique ou un espace vécu régi par des usages sociaux quotidien, il me semble, finalement difficile de distinguer si clairement les deux. L’idée d’écométropole est le fruit de différentes initiatives politiques dans le but initial de recréer un équilibre face à la capitale parisienne. Le territoire, tel que dessiné aujourd’hui avec ses limites administratives, résulte, en effet, de décisions politiques qui profitent de l’estuaire de la Loire pour s’inventer un destin commun. De nombreux discours ont été mis en place pour faire accepter cette idée d’espace métropolitain au plus grand nombre malgré les obstacles rencontrés en terme de législation, de gouvernance et d’organisation. De ce point de vue, il s’agit véritablement d’un objet politique dirigé par un jeu d’acteurs très complexe à cerner. Mais, aujourd’hui, et en dehors des limites officielles dessinées par le pôle métropolitain, ce territoire existe bien à travers des usages très différents. Les habitants profitent de cette métropole polarisée pour vivre à la campagne et travailler à la ville, par exemple, ou pour vivre à la ville et aller en week-end à la plage… Par la multiplicité des pratiques qu’il permet, ce territoire peut séduire de nombreuses populations et offrir divers avantages. Ce qu’apporte la métropole à ses usagers, ce sont notamment les transports en commun qui sont en cours de développement pour améliorer les circulations à l’échelle de l’estuaire, de Nantes jusqu’à l’océan, à savoir Le Croisic. Ici, nous dépassons alors les limites dites officielles. De manière synthétique, alors que les politiques cherchent à valoriser ce territoire aux paysages si différents en tentant d’unifier et de fédérer autour de l’estuaire, habitants et touristes voient en la métropole la possibilité de vivre différemment un grand territoire qui dépasse la simple échelle estuarienne. En témoigne la conférence de septembre 2008, à l’occasion du numéro 11 de la 87



revue Place Publique sur la gouvernance de la métropole : étaient invités Joël Batteux, en qualité de maire de Saint-Nazaire, Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et Yves Métaireau, maire de La Baule. Le fait d’inviter le maire de La Baule à débattre sur les questions métropolitaines montre la volonté d’inscrire l’écométropole sur un territoire plus vaste. À ce propos, il explique, qu’aujourd’hui, nombre de Baulois travaillent à Nantes ou Saint-Nazaire (soit les deux pôles urbains majeurs de la métropole) grâce à une bonne mise en réseau de ces villes par lesinfrastructures routières, les voies ferrées. De plus, La Baule, en tant que ville touristique et balnéaire, représente un vrai enjeu métropolitain : « la métropole s’est d’abord développée autour d’une épine dorsale constituée par l’activité économique, surtout concentrée à Nantes et à SaintNazaire, nos deux grands pôles industriels. À partir du moment où l’on considère que l’économie touristique ou l’économie résidentielle sont des activités à part entière, le littoral peut prendre une place plus naturelle au sein de la métropole.[…] Les divergences politiques, plus sensibles il y a une vingtaine d’années, s’atténuent face aux enjeux nouveaux » (Yves Métaireau). Cette idée de créer un lien de plus en plus long entre les communes de l’estuaire et du littoral est reprise par Joël Batteux qui déclare « mais notre rêve – et je crois qu’on a réussi à le faire partager, Jean-Marc et moi depuis 1989 – c’est d’avoir quelque chose comme une ligne de RER entre Nantes et Saint-Nazaire et peut-être au-delà ». Et en effet, le « au-delà » prend aujourd’hui de plus en plus de sens car il existe une volonté de créer une grande métropole de l’Ouest pour renforcer la visibilité de ce territoire à l’échelle nationale, européenne et internationale. Cette volonté prend également la forme d’un pôle métropolitain, nommé Loire - Bretagne, et qui intègre Angers Loire Métropole, Brest Métropole Océane, Nantes Métropole, Rennes Métropole et Saint-Nazaire Agglomération. Ce pôle métropolitain a été créé le 27 Juillet 2012 et regroupe 110 communes (soit 1 563 000 habitants, 838 000 emplois et 167 756 étudiants). L’objectif de ce pôle du grand Ouest est de renforcer l’attractivité et l’accessibilité du territoire. Cette volonté de multiplier les associations politiques et géographiques résulte de la nécessité de préserver le territoire de l’étalement urbain. Ainsi, en s’associant, les différentes villes peuvent créer de nouveaux réseaux de transports en commun pour assurer un meilleur maillage du territoire et des déplacements plus fluides. De plus, cela permet de créer des bassins de vie et d’emplois très importants et d’exister à différentes échelles, autant locales que globales. Cela fait également écho aux différents projets de loi qui ont lieu depuis quelques années et notamment au plus récent, à savoir le projet de loi relatif à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral. Cette loi prévoit, entre autre, un redécoupage territorial limitant le nombre de régions à 14, au lieu de 22 auparavant. L’ensemble de ces décisions mettent en valeur une prise de conscience, de la 89



part des politiques, sur la nécessité de faire territoire ensemble pour se développer de manière cohérente et encadrée. Cependant, cela pose, à nouveau, la question du citoyen : comment cela va impacter son quotidien ? Bien que de nombreuses opérations ont lieu pour faire naître l’idée de démocratie collaborative et débats citoyens (conférences métropolitaines, Destinations 2030, Ma ville demain …), ces décisions semblent tout de même très éloignées du quotidien des habitants d’un territoire.

Remerciements La liste des remerciements pourrait être très longue mais je tiens à remercier tout particulièrement Pauline Ouvrard et Laurie-Mai Denoux, pour le temps qu’elles m’ont accordé. En ayant pris le temps de répondre à mes questions et de m’apporter de nouvelles informations, elles m’ont permis d’affiner mon regard sur ce territoire et de mieux percevoir certains enjeux. Je remercie également l’office de tourisme de Nantes et celui de Saint-Nazaire, ainsi que l’équipe de L’atelier, à Saint-Nazaire, pour m’avoir reçu à plusieurs reprises.

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Bibliographie Pour m’aider dans mes recherches et dans la compréhension du site, j’ai choisi de varier mes lectures. Je lis aussi bien des ouvrages qui sont plutôt du côté des sciences politiques que des écrits plus philosophies ou anthropologiques. Je souhaite, à travers cela, sensibiliser mon regard et mon analyse aux différentes façons de percevoir un territoire. Je m’appuie également sur des livres théoriques qui me servent de base et de référence dans l’exploration et la découverte de la métropole, comme ceux d’Ariella Masboungi, qui est l’inspectrice générale de l’administration du Développement durable, en charge de la mission “Projet urbain” auprès du directeur général de l’Aménagement, du Logement et de la Nature au ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer. Elle réfléchit de manière générale aux questions urbaines et a produit de nombreux ouvrages sur la métropole. Pour finir, je consulte régulièrement les publications officielles de la ville et de la métropole pour me tenir au courant des nouvelles décisions prises ou des actions à venir. Écométropole Nantes – Saint-Nazaire

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Sitographie

Le SCOT de la métropole Nantes / Saint-Nazaire // Petite planète Estuaire Nantes / Saint-Nazaire Ma ville demain Mairie de Saint-Nazaire Nantes Just Imagine Ville de Nantes Port autonome Nantes / Saint-Nazaire L’agence d’urbanisme de la région nazairienne CCI Nantes / Saint-Nazaire Agence d’urbanisme de la région Nantaise Saint-Nazaire agglomération Légifrance

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