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Vie des entreprises

COVID-19 ET AÉRONAUTIQUE CIVILE : VERS UN ÉTÉ MEURTRIER ?

Après 65 jours de confinement sanitaire et économique, les entreprises du secteur AED reprennent ou poursuivent leurs activités industrielles. Cette période sans précédent n’est pas sans effets dévastateurs pour le secteur d’activité : baisse de charges, fin de contrats pour les intérimaires et CDD, problèmes de trésorerie des entreprises, éventualité de PSE…. Beaucoup d’interrogations et de stress chez les salariés auxquels doivent faire face vieux marins et jeunes moussaillons que sont les délégués syndicaux CFE-CGC.

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Petit tour d’horizon de quelques entreprises parmi nos 200 sections à fin mai 2020

DASSAULT AVIATION

- 8 800 salariés - 45 % des effectifs en télétravail, dont 91 % de cadres - Chômage partiel activé, accord négocié à 92 % pour toutes les catégories de personnel

La crise sanitaire et ses mesures de confinement ont entraîné une fermeture des usines du Groupe en France dès le 18 mars. Ce n’est qu’à partir du 3 avril que certaines catégories de salariés ont pu reprendre le chemin des usines, les autres étant soit en télétravail, soit en chômage partiel. Ce retour progressif s’est étalé sur plusieurs semaines, 35 % des effectifs sur sites fin mai (20 % des collaborateurs en chômage partiel, fin mai). « Il a fallu négocier rapidement un accord sur le chômage partiel, on y a laissé des plumes, notamment chez les cadres, mais il fallait trouver une solution globale », confie

Bernard Mathieu, délégué syndical central.

Avec une dépendance à l’aéronautique civile/d’affaires de 40 %, le Groupe Dassault connaît une baisse de charges qu’il lui est impossible à chiffrer exactement à mi-mai 2020, son PDG souhaitant dans l’immédiat honorer les commandes en cours. « Les activités civiles de Dassault sont plus en difficulté que le militaire, en espérant que la Loi de Programmation Militaire soit maintenue et ses commandes confirmées. Du côté du Bureau d’Études, nous avons plein de projets, il ne devrait pas y avoir de casse. Il va falloir affronter la seconde mi-temps à présent et la sauvegarde de l’emploi dans les activités aviation d’affaires va être difficile. Notre principal concurrent Golfstream a d’ores et déjà licencié 700 salariés et Bombardier 2 500 », commente Bernard Mathieu.

REVIMA

- Environ 1 000 salariés (y compris intérimaires et CDD) - 15 % des effectifs en télétravail, dont 75 % du personnel administratif - Chômage partiel : 90 % des collaborateurs activité « moteur » ; 40 % des effectifs activité « structure », 40 % des salariés activités « atterrisseur ». Chômage partiel conventionnel.

Revima est un MRO (société de maintenance) dont la dépendance à l’aéronautique civile est de l’ordre de 99 %. « Bien que l’activité de

production n’ait pas connu d’arrêt pendant la période de confinement, la baisse d’activité est de 20 % dans l’activité “atterrisseur”, et deux tiers dans l’activité “moteur APU”, explique Franck Dirou, délégué syndical de l’entreprise. Nous avons une réunion hebdomadaire avec la Direction qui nous donne une visibilité semaine par semaine. Le travail en “quart” a cessé dans l’activité “moteur” et des transferts de personnel d’une activité vers une autre ont été mis en place. Pour le moment, nous ne pouvons déplorer que les départs des 130 collaborateurs intérimaires et CDD d’ici à l’été. La plus grosse difficulté actuelle de REVIMA, c’est la trésorerie. Tant que le chômage partiel sera pris en charge par l’État, la trésorerie semble stabilisée, malgré les retards de paiement des clients. C’est au-delà que nous rencontrerons des difficultés et que pourrait se poser la question d’un PSE », poursuit Franck Dirou.

AIRBUS GROUP

- 135 000 salariés dans le monde, 28 000 salariés Airbus Avions en France, 9 000 salariés Airbus Helicopters, 5 800 salariés Airbus Defence&Space, 4 500 chez Stelia - 30 % des effectifs France en télétravail - Chômage partiel : 30 % des effectifs, accord négocié à 92 % pour toutes les catégories de personnel

Le confinement et la fermeture des frontières ayant cloué au sol les avions des compagnies aériennes du monde entier, Airbus Group connaît une baisse de charge de 40 % dans sa filiale Avions, soit 1/3 de sa production en moins ! « En avril 2020, 14 avions ont été livrés au lieu de 70 avions en avril 2019, en termes de niveau de production et de cadence, Airbus Avions est revenu au niveau de 2010 (en sortie de crise de 2008/2009), commente Françoise Vallin, coordinatrice Airbus Group. Et nous risquons de plonger encore plus bas car il n’y a pas d’éclaircies à l’horizon ». Des discussions sont en cours avec les compagnies aériennes afin de redéfinir leurs besoins, sécuriser le plus possible le maintien des commandes. Quand Airbus Avions tousse, c’est toute la filière aéronautique qui s’enrhume. Stelia et ATR sont également concernées. Avec une production semblable à celle de 10 ans en arrière, Airbus Avions annonce qu’il sera difficile de conserver le même niveau de collaborateurs. « Il y aura des mesures au niveau du personnel, des mesures d’adaptation des effectifs, les messages de la Direction sont suffisamment clairs, confie Françoise Vallin. Reste à savoir quand se feront les annonces. Pour l’heure, la branche Hélicoptères et la branche Espace-Défense ne sont pas impactées. Il n’y a pas eu de chutes d’activité et donc pas d’activité partielle. Ces deux activités se doivent d’améliorer leur rentabilité afin de soutenir la filiale Avions et faire rentrer de la trésorerie ».

GROUPE SAFRAN

- 95 000 salariés dans le monde, 45 000 salariés en France - 30 % des effectifs en télétravail - Chômage partiel : 50 % des effectifs, ANI 2012 pour les IC et 82 % pour les non-cadres.

La crise sanitaire ayant cloué au sol les avions, les avionneurs et les compagnies aériennes ont considérablement réduit leurs besoins, Safran, dont la branche « propulsions » représente 50 % du chiffre d’affaires du Groupe, connaît une baisse globale de son activité de l’ordre de 30 à 40 % selon les activités. « Toutes les filiales ne sont pas impactées de la même façon, confie Patrick Potacsek, coordinateur Safran. Safran Aircraft Engines est très fortement impacté. La crise Boeing du 737 Max (moteurs livrés en 2019, mais non intégralement payés), la réduction de production de moteurs LEAP1B depuis 2020 n’étaient pas déjà sans poser de problèmes à la filiale. Avec les avions cloués au sol, l’activité réparation et entretien est également à l’arrêt. Notre business model est basé sur la recharge et la maintenance de pièces, en complément des livraisons d’un moteur neuf ». Les activités duales civil/militaire du Groupe ne compensent pas les pertes du civil, même si, côté militaire, l’activité continue (défense et sécurité nationale). La filiale Safran Helicopter Engines est un peu moins impactée, de même pour Safran Electronics & Defense qui a essentiellement des contrats avec la DGA et la Défense. La Direction de Safran prévoit une baisse de charges de 25 % d’ici à fin 2020. « Une négociation est en cours avec la Direction sur des mesures à mettre en oeuvre afin d’adapter la charge à la capacité jusqu’en 2021 en complément de la poursuite des mesures gouvernementales d’activité partielle que l’on espère maintenues. Tout est mis en oeuvre actuellement pour éviter les licenciements », conclut Patrick Potacsek.

FIGEAC AERO

- 1 100 salariés - 10 % des effectifs en télétravail - Chômage partiel : autour de 63 % des effectifs selon les semaines jusqu’en juin. Chômage partiel conventionnel pris en charge par l’État

Dès mars 2020, Figeac Aéro (sous-traitant dépendant en grande partie de l’aéronautique civile - Airbus et Boeing) a freiné sa production afin de réduire ses stocks avant même les modifications de bons de commande des

avionneurs. « C’était une bonne stratégie de la part de la Direction, commente Christophe Carmentan, délégué syndical. Pour la bonne santé de la trésorerie, un Prêt Garanti par l’État a été contracté. À l’heure actuelle, le chiffre d’affaires est en baisse de 50 % par rapport à l’exercice précédent ». Fin mai, les projections de charges ne vont pas au-delà de fin août. « Nous attendons les communications officielles des clients pour avoir plus de visibilité, poursuit Christophe Carmentan. Tout peut arriver et c’est une situation très compliquée. Pour le moment, Figeac Aero a rapatrié de la charge qui était en sous-traitance, c’est une première démarche ». Avant la crise Covid-19, l’entreprise avait déjà soldé les contrats intérimaires et CDD pour réduire les coûts. Sans une prise en charge du chômage partiel au-delà du 18 septembre, Figeac Aero ne pourra pas s’en sortir sans prendre de mesures sur l’emploi d’ici la fin de l’année 2020. Se posera également la question de l’apprentissage et des formations internes qui ne vont pas être maintenues dans les 2 ans à venir.

LATÉCOÈRE

- 1 600 salariés - 30 % des effectifs en télétravail en moyenne - Chômage partiel : 70 % des effectifs. Chômage partiel conventionnel

Latécoère est une usine quasiment à l’arrêt, dépendante à 95 % de l’aéronautique civile. Les commandes engagées avant la crise sanitaire ont été produites et livrées. « Nous présentions une vision à courte vue et la trésorerie de l’entreprise était déjà très faible avant la crise sanitaire, confie Thierry Ynglada, délégué syndical. Nous avions déjà

des plans de restructuration, la crise Covid-19 n’a fait qu’ajouter des problèmes. Le PGE attribué à Latécoère sera vite consommé si les commandes des avionneurs ne rentrent pas. Pour exemple, Embraer a divisé par 2 son carnet de commandes, supprime des emplois en masse au Brésil et ailleurs dans le monde ». Jusqu’alors la Direction de Latécoère ne transmet pas d’informations chiffrées très claires aux partenaires sociaux. « Nous attendons une clarification de la situation, mais je crains de voir arriver les licenciements et cela sera plus difficile à gérer que des départs volontaires. C’est une situation éprouvante pour tous. J’aimerais que nous trouvions de nouveaux outils pour adapter les effectifs à la charge, avec une prise en charge plus longue de la part de l’État du chômage partiel, et ainsi limiter les dégâts vis-à-vis des salariés. Ces derniers préfèreront travailler différemment plutôt que le chômage total », commente Thierry Ynglada.

THALES AVS

- 6 200 salariés dont 4 300 personnes dans l’activité aéronautique - 30 % des effectifs Business Line aéronautique en télétravail - Chômage partiel : 75 % des salariés de la branche aéronautique. Chômage partiel jusqu’à décembre 2020 à hauteur de 40 % à 50 % selon les segments. Chômage partiel complété à 92 % du net pour tout le personnel et à 100 % pour les salaires les plus bas.

Le confinement de mars dernier a fermé tous les sites AVS. Seuls les sites stratégiques pour l’État (sécurité du territoire et militaire) ont rouvert rapidement avec des équipes minimales. Thales AVS, dont l’activité dépend essentiellement des avionneurs civils et de l’activité Support et Services aux les compagnies aériennes, est donc très impacté par l’arrêt de la production et du trafic aérien. « Nous connaissons une baisse de 40 à 50 % de notre activité sur les 6 sites AVS dédiés à la branche aéronautique, témoigne

Marie-Hélène Miermont, déléguée syndicale

centrale. Les cadences ont été divisées quasiment par 3 sur le deuxième semestre. Avant le confinement, nous avions 1 mois de production d’avance, fin mai nous n’avons parfois plus rien à produire ! Bien sûr, nous sommes inquiets pour l’avenir. Par chance la dualité civil/militaire peut sauver des emplois dans la société et la solidarité Groupe va jouer ». Thales AVS a tablé sur plusieurs scenarii. Dans le scenario où l’activité remonterait trimestre par trimestre : se pose la question de la R&D en plus de la production et des services : que va faire AVS ? « Il n’y aura pas de casse sociale violente, confie la déléguée syndicale centrale. Il est plus question d’adaptation, nous allons pouvoir dialoguer assez sereinement , même si l’inquiétude pour les 2-3 ans à venir est là ». Depuis mi-mai, les modalités de retour des salariés sur les sites sont appliquées. Des mesures sanitaires drastiques ont été discutées et mises en place lors des très nombreux CSEC qui se sont déroulés en amont.

GROUPE DAHER

- 8 000 salariés + 2 000 intérimaires en France, 80 % des effectifs dans la branche aéronautique et défense - 23 % des effectifs des fonctions supports en télétravail (soit environ 700 salariés) - Chômage partiel : 25 % des salariés. Accord négocié à 95 % du salaire net jusqu’à avril, puis 90 % du salaire net en mai (sauf IC de la branche Métallurgie à 95 %) , et enfin minimum légal ou conventionnel à partir de juin.

Le Groupe Daher, dont 80 % de l’activité est lié au secteur de l’aéronautique civile, encaisse une baisse de charge à hauteur 35 % auprès d’Airbus et de 25 % dans l’aviation d’affaires, soit une baisse globale de 32 %. Les perspectives d’activité, du fait de cette forte dépendance, demeurent très assujetties à la reprise du trafic aérien. « Ce sont les grands donneurs d’ordre qui donnent le La », commenteMarie Delarchand, coordinatrice du Groupe Daher. À échéance fin 2020, l’entreprise prévoit une réduction d’effectif, un PSE est d’ores et déjà prévu sur le second semestre 2020. Il serait question de supprimer 1 700 postes d’intérimaires et 1 300 à 1 500 salariés en CDI, soit une baisse de 35 % des effectifs ! « Toute la difficulté de la situation est qu’il n’y a rien d’officiel, seulement des annonces de la Direction, sans détails. C’est contre-productif et crée beaucoup de stress chez les collaborateurs, poursuit Marie

Delarchand. Quelque chose va se produire, mais nous ne savons pas quoi, ce qui est dommageable. Le sacrifice est entendable lorsqu’on sait vers quoi on va. Là, il n’y a pas de cible ». Dans un monde aéronautique qui est plutôt un monde qui va bien d’ordinaire, connaître le déclin est une grande découverte. « Daher va mal, dans un monde qui va mal. Se pose la question du rebond de Daher dans 6 mois ? Comment se restructurera la filière ? Une réflexion globale doit être envisagée afin de minimiser la casse sociale. Un plan social ne peut être envisagé que s’il permet à l’entreprise de rebondir et pas seulement renflouer sa trésorerie », conclut la coordinatrice syndicale.

FERCHAU

80 salariés Télétravail pour tous les salariés qui le pouvaient Chômage partiel : 20 collaborateurs section aviation

Assis sur deux activités, l’automobile et l’aviation civile, l’entreprise FERCHAU est spécialisée dans les services d’assistances technique et d’ingénierie. Sous-traitant d’Airbus, l’activité aéronautique de FERCHAU est totalement à l’arrêt depuis début avril. « Tous les projets sont suspendus ou arrêtés, témoigne Daniel Marsalet, délégué syndical. Par chance, le secteur automobile, via notre client Continental, semble reprendre plus vite. FERCHAU tente de relancer la machine afin de passer le cap de la crise ».

MECACHROME

- 2 600 salariés, dont 1 600 en France répartis sur 7 sites - Télétravail : 15 % des effectifs en moyenne depuis le début du confinement - Chômage partiel : en mars, les usines ont été fermées 3 jours, 40 % des salariés ont travaillé sur site pendant le confinement. Accord de solidarité négocié pour mai et juin 2020. 50 % des effectifs en chômage partiel au 1 er juin

Dépendant à 70 % de l’activité aéronautique civile, MECACHROME a rapidement cessé sa production pour ses donneurs d’ordres dont les activités étaient à l’arrêt pendant quelques semaines. « Nous avons achevé de produire l’ensemble de notre plan de charges de 2020, explique Christophe Bretagnolles, délégué syndical. 50 % des effectifs salariés de l’entreprise sont au chômage partiel non pas du fait de la crise sanitaire, mais du fait de la baisse d’activité (- 40 % sur l’aéronautique). Et cette situation va perdurer jusqu’à fin 2020, voire 2021 ! Malgré l’obtention d’un PGE et d’un apport financier à hauteur de 50 Md’€ des actionnaires, la situation de l’entreprise est précaire. “Cela va nous aider à nous transformer, commente Christophe Bretagnolles, mais cela ne comblera pas les pertes. Avec une baisse de 40 % de notre activité principale, il y aura potentiellement un PSE. On ne raisonne plus en mois. C’est de plusieurs années dont il s’agit pour remonter la pente. Notre Direction, qui a organisé plusieurs webinars, notamment pendant le confinement, joue la transparence avec les organisations syndicales, nous sommes impliquées et consultées sur toutes les décisions”.

DERICHEBOURG (filiale Aeronautics Services) - 1 800 salariés dans la branche aéronautique - 20 % des effectifs en télétravail au 2 juin 2020. 5 % en télétravail à fin mai 2020 (environ 80 personnes) - Chômage partiel : 55 % des effectifs fin mai 2020. 50 % des effectifs en activité partielle soit globalement : 1/3 a travaillé normalement ou presque, 1/3 a travaillé partiellement et 1/3 n’a pas travaillé.

La filiale aéronautique du Groupe Derichebourg dépend à 100 % de l’aéronautique civile et militaire ; plus particulièrement de son mono client : AirbusGroup (90 % de sa charge), Bombardier et Stelia ne représentant que 10 % de ses activités. Avec le quasi-arrêt des chaînes de production, les activités d’inspection qualité (électrique, mécanique, structure), d’assemblage, de montage (mécanique, électrique, structure), de bureau de préparation, de support à la production (conception des essais, logistique, qualité, technique....), de tractage, de lavage et de servicing et de certifications de produits connaissent une baisse de charges de l’ordre de 60 %. Si les activités sur les hélicoptères et le militaire sont préservées, la plus grosse perte provient de l’aviation civile. « Il n’y a aucune perspective de reprise d’activité liée à l’aéronautique civile, il n’y a pas de planning de charges et très peu de contrats d’ici à fin 2020, un climat anxiogène règne dans l’entreprise », témoigne Carine Adam, déléguée syndicale central. Une situation économique qui pousse la Direction à mettre en place un accord de performance collective, dont l’un des axes proposés est la mobilité des salariés afin de préserver les savoirs et sauver des emplois. Lors du CSE début mai, la Direction a exposé le fait qu’un volet « départs » était également envisagé afin « d’assainir la trésorerie et éviter la faillite ». Un véritable coup de massue alors qu’aucune expertise n’avait été diligentée. « Nous avons exigé non seulement une expertise, mais également la négociation d’un accord de performance collective qui soit un accord participatif », commente la déléguée syndicale central. Les négociations ont débuté à l’heure où nous rédigeons cet article. Carine Adam s’est fixé des objectifs clairs : « jouer la montre afin d’amoindrir les impacts sociaux et les drames humains. Le plan de relance de la filière proposé par le Gouvernement pourrait permettre à l’entreprise de rester dans le jeu. Ainsi nous pourrions négocier un accord gagnant-gagnant avec une garantie du nombre d’emplois sauvegardés ».

LIEBHERR-AEROSPACE TOULOUSE

- 1 500 salariés - Télétravail : 500 salariés pendant le confinement, 400 salariés depuis fin mai - Chômage partiel : 30 % du temps de travail en moyenne. Accord de compensation négocié entre cadres et non-cadres, l’entreprise a aidé les salaires les plus bas.

Sous-traitant de rang 1 des compagnies aériennes et des avionneurs mondiaux, Liebherr Aerospace Toulouse subit de plein fouet l’arrêt du trafic aérien et des productions. Début juin, l’entreprise enregistrait une baisse de son chiffre d’affaires de l’ordre de 40 % par rapport à son activité 2019, une dépendance de 90 % à l’aéronautique civile que Liebherr paye cher. « Pour le moment, la Direction regarde les mesures de chômage partiel, en particulier le projet de chômage partiel de longue durée et ses compensations par l’État, explique Stéphane Benoit, délégué syndical. Des mesures d’adaptation par étapes sont envisagées, il n’y aurait pas de recours à un PSE en 2020 ; les résultats de ces mesures et l’évolution des marchés seront déterminants dans les mois à venir. Tout va dépendre de la reprise d’activité tant sur l’activité réparation en lien avec le trafic aérien que sur la première monte liée aux plans de production d’appareils par les avionneurs et les hélicoptéristes. Il n’y a pas encore de peur du lendemain, les salariés ne sont pas dans la crainte de la perte d’emplois ». Pour faire face au manque de rentrées financières, Liebherr, entreprise familiale non cotée en Bourse, a fait jouer la solidarité entre ses filiales, bien que toutes les branches soient en difficulté. Les dividendes ont été réduits et les sommes sont restées dans l’entreprise. Pour la première fois depuis sa création, Liebherr fermera son site pour 2 semaines de congés en août 2020.

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