L'Officiel-Levant, June Issue 46

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L’EDITO 3 6

NEWS 6 7

MON, MA, MES 8 8

LES VALISES 9 2

AUTOUR DE LA CRAVATE 9 6

NORMCORE, L’HOMME SANS ÉTIQUETTES 9 8

L’ART DU GROOMING 1 0 0

JEUX D’EAU 1 1 0

CHAFIC EL KHAZEN 1 1 4

« FOREVER ». LA MAS ACCUEILLE SUZANNE GEISS 1 2 2

À L’AMERICAN COOL 1 2 8

DASH SNOW, HISTOIRES DE FANTOME 1 3 8

« YABANI » ET BIEN DANS SON ASSIETTE 1 4 2

LA LÉGENDE DE SHIGERU 1 4 6

L’HOMME QU’ON REGARDAIT S’ADORER



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DÉTRUIRE, DIRENT-ILS 1 6 0

JAGUAR A RETROUVÉ LE MOJO 1 6 4

CHANEL S’OFFRE LA LUNE 1 6 8

SEBASTIEN SIMON A LE VENT EN POUPE 1 7 0

CHROMEO, TANDEM VERNI 1 7 2

TEQUILA ! 1 7 4

PIERRE LURTON, LA CARTE ET LE TERROIR 1 7 8

KIM JONES, L’APPEL DE L’OUEST 1 8 4

LISBONNE, LA BEAUTÉ PÉRENNE DE L’HÔTEL RITZ 194 BACCARAT, 250 ANS DÉJÀ 2 0 1

L’ ÉDITO MODE 2 0 2

MATT SMITH, A VERY ENGLISH MAN 2 1 4

SLOW MOTION 2 2 8

PAUL BOCHE 2 4 2

HEARTBEAT 2 4 6

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éditeur

Rédaction

Département artistique

Tony Salame Group TSG Sal

Rédactrice en chef Fifi

abou Dib Rédactrice en chef adjointe médéa azouri Rédactrice et Coordinatrice Stéphanie nakhlé

Directrice de création malak Directrice artistique layla

Contributeurs

Beydoun naamani

Tony elieh, raya Farhat Gilles Khoury Stylisme mayssa Fayad photos Textes

production

publicité et Marketing

Fabrication anne-marie

Tabet Retouche numérique Fady maalouf

Directeur général commercial et marketing melhem

moussalem

Coordinatrice commerciale Stéphanie

missirian Directrice marketing Karine abou arraj

Directeur Responsable Imprimeur

amine abou Khaled 53 Dots Dar el Kotob

Publications des Éditions Jalou L’Officiel, Jalouse, L’Optimum, La Revue des Montres, L’Officiel Voyage, L’Officiel Hommes, L’Officiel Art, L’Officiel 1000 Modèles, L’Officiel Chirurgie Esthétique, L’Officiel Shopping, L’Officiel Hommes Allemagne, L’Officiel Asie Centrale, L’Officiel Azerbaïdjan, L’Officiel Brésil, L’Officiel Hommes Brésil, L’Officiel Chine, L’Officiel Hommes Chine, L’Officiel Art Chine, Jalouse Chine, L’Officiel Hommes Corée, L’Officiel Grèce, L’Officiel Inde, L’Officiel Indonésie, L’Officiel Italie, L’Officiel Hommes Italie, L’Officiel Lettonie, L’Officiel Liban, L’Officiel Hommes Liban, L’Officiel Lituanie, L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc, L’Officiel Mexique, L’Officiel Moyen-Orient, L’Officiel pays-Bas, L’Officiel Hommes pays-Bas, L’Officiel Russie, L’Officiel Singapour, L’Officiel Suisse, L’Officiel Thaïlande, L’Officiel Hommes Thaïlande, L’Optimum Thaïlande, L’Officiel Turquie, L’Officiel Hommes Turquie, L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine www.lofficielmode.com — www.jalouse.fr — www.larevuedesmontres.com — www.editionsjalou.com



Directeurs de la publication Marie-José Susskind-Jalou et Benjamin Eymère

Directeur de création et rédacteur en chef André Saraiva (Instagram @baronandre) Directeur artistique Mathieu Trautmann

Directrice de la mode Jennifer Eymère Rédacteurs en chef mode Helena Tejedor (h.tejedor@editionsjalou.com) Romain Vallos (r.vallos@editionsjalou.com) Secrétaire général de la rédaction David Navas (d.navas@editionsjalou.com) Secrétaire de rédaction Emmanuel Caron Editor at large New York Timothée Verrecchia Editor at large mode New York Masha Orlov Editor at large mode Londres Valentine Fillol-Cordier Stylisme Benjamin Sturgill Simonez Wolf

Rédacteur en chef Baptiste Piégay (b.piegay@editionsjalou.com) Textes Mary Blair Hansen Sina Braetz Adrien Cothier Serge Daney Adrian Forlan Thomas Lenthal Cyrille Putman Glenn O’Brien François Simon Ariel Wizman Direction de la production Margaux Bâlon et Joshua Glasgow Producteur Joshua Glasgow (j.glasgow@editionsjalou.com) Directrice shopping Samia Kisri (s.kisri@editionsjalou.com)

Maquettiste Mathieu Massat Photos Tim Barber Johnny Dufort Andrew Hail Jesse John Jenkins Patrick Parchet Olivier Zahm Dessins Rebacca Dayan Pierre Le-Tan Roberto Prual-Reavis Assistante de la rédaction Juliana Balestin Traductions Héloïse Esquié Céline Luchet Laurence Romance Copy editor Bronwyn Mahoney

www.lofficielhommes.fr Édité par LES ÉDITIONS JALOU SARL au capital de 606 000 € — Siret 33 532 176 00087 — CCP n° 1 824 62 J Paris

5, rue Bachaumont, 75002 Paris. Téléphone : 01 53 01 10 30 — Fax : 01 53 01 10 40 Fondateurs Georges, Laurent & Ully Jalou † L’Officiel Hommes is published quarterly in September, December, March and July — Total : 4 issues by Les Éditions Jalou


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La beauté, on a tendance à l’oublier, est une question éminemment masculine. Même dans la nature, c’est les mâles les plus beaux! Et Narcisse, après tout, était un garçon. Dans les tribus primitives, les accessoires de séduction les plus impressionnants, maquillage et plumage, bijoux et ornements étaient réservés aux hommes. Au diable donc, ces siècles de puritanisme qui ont transformé la moitié de l’humanité en clergymen et drapé les guerriers les plus fiers dans la tristesse du kaki militaire. En 2014, l’homme revendique son droit à la couleur, aux falbalas, aux imprimés extravagants. La grisaille ne passe plus. Nous sommes déjà trop nombreux pour accepter de nous fondre dans

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un anonymat monochrome. Mieux, à la singularité des tissus et des coupes s’ajoute obligatoirement celle du modèle. Après les années bronzage, voici les années polissage. Plus que jamais, le corps est une sculpture qui se ponce dans les salles de gym. Ah, le bonheur de voir saillir cette veine qu’une mince pellicule de graisse cachait encore sous la peau! On va suer, jeuner, avaler des poudres, se claquer des tendons, user ses articulations, mais n’est-ce pas ainsi que se taille le marbre, à la scie, au marteau, au papier abrasif ? C’est pour glisser ce corps jamais fini, toujours perfectible, dans les vestes et pantalons de plus en plus affutés des nouveaux faiseurs, pour dégager cette aura de puissance physique et morale que l’on accepte la souffrance extatique du sac de boxe et des haltères. A présent, quoi? Ajouter quelques tatouages, signes indélébiles inventés pour arrêter le temps, fixer sur la peau le souvenir d’un amour de passage, aussi éternel que l’instant où l’on aima. Et qu’importe si, par dessous, tout comme la même eau jamais ne coule deux fois sous le même pont, le même sang ne repasse jamais dans la même veine. Ce qui compte, c’est le bonheur d’être soi aussi longtemps que possible. Fifi Abou Dib


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DOLCI DI DOLCE écouvrir la prochaine collection de baskets signées Dolce & Gabbana, c’est exactement comme se retrouver face au comptoir réfrigéré d’une gelateria italienne. Soit on fait demi-tour immédiatement et on se serre la ceinture jusqu’à l’été, soit on demande tout de suite s’il est possible de mélanger, et jusqu’à combien de parfums. Le reste est affaire d’appétence, partant du principe que tous les goûts sont dans la nature. Lignes fluo, voire phosphorescentes, imprimés ludiques et détails acidulés jusqu’au bout des lacets… l’ensemble est addictif à souhait. Véritable « tranche napolitaine 3.0 à la milanaise », cette collection signe à elle seule l’apogée d’une décennie de baskets fantaisies.. | A.G. Dolce & Gabbana, rue el Moutrane, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext. 555

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IL FAIT TROP CHAUD POUR TRAVAILLER as besoin d’être à Cancun, une margarita à la main pour arborer un sombrero. L’été sera tequila ou ne sera pas. Et ça, Etro l’a compris. On va taper fort. De loin plus fort qu’un Panama ou d’un Stetson. Il fait trop chaud pour travailler disait un Mexicain nonchalant dans une vieille pub pour un sirop au citron. Il a totalement raison. Notre chapeau va faire ombrage. | M.Az.

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Etro, rue Fakhry Bey, Souks de Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.

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OUT OF AFRICA obert Redford ce n’est pas seulement Gatsby, aussi magnifique soit-il. Redford, c’est Out of Africa. La savane, les lions, l’amour. Les beiges sablés, le kaki et la classe par dessus tout. Comme chez Seven. | M.Az.

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7 For All Mankind, Beyrouth Souks, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.560

LA BOUTIqUE DE L’APOTHICAIRE POsTmODERnE hacun ses rituels, pour que la journée commence agréablement : allumer une bougie en est un. Avec Cire Trudon, Ramdane Touhami avait donné un nouvel élan à une vieille maison française. Il vient d’installer, là où siégeait au début du xixe siècle à Saint-Germain-des-Prés, une magnifique officine pharmaceutique, son nouveau projet, Buly, peutêtre inspiré par Le Parfum, le magnifique roman de Patrick Süskind. Il a imaginé pour nous soigner corps et âme une ligne de parfumerie, de soins naturels, de pommades réconfortantes et d’onguents doux. Les petits matins blêmes sont ainsi un peu moins gris, un peu plus encourageants. | B.P.

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Buly 1803, 6 rue Bonaparte, Paris VIe.

80’s ARE BACK etal Double Bridge. Retenez bien le nom. C’est celui de ce modèle signé Ermenegildo Zegna. Acétate et métal pour un résultat très biker/aviateur. C’est le « double bridge » qu’on aime. Ça donne des faux airs de... De qui d’ailleurs ? | M.Az.

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Ermenegildo Zegna, rue el Moutrane, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext. 222


CRImE sCEnE, DO nOT CROss ’est pas moi. C’est pas moi qui ai déconné hier soir. Pas moi qui ai trop bu, trop dansé, trop dragué. Mais c’est moi dans ce t-shirt. Y’a pas que des jeans chez Diesel. Tant mieux. Et c’est moi qui le dis. | M.Az. Diesel, rue Foch, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext. 450

Un CERTAIn REGARD e 20 mai dernier, Ryan Gosling présentait son premier film en tant que réalisateur, dans la catégorie ‘‘Un certain regard’’ du Festival de Cannes. Pas de récompense mais une sacrée gueule sur le red carpet. Entre Eva Mendes, sa femme qu’il a filmée avec amour, et son costard Gucci, Gosling a joué le jeu du photo call et avec brio. Parce que Gosling, c’est le mec du siècle | M.Az.

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Gucci, rue el Moutrane, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.200

FIFTY sHADEs OF GREEn n pourrait croire que c’est du gris, mais en vrai, c’est du vert. Pas du vert eau, ni pistache, ni sapin, mais un vert gris qui permet de les porter comme on veut avec ce qu’on veut. Ce modèle s’appelle Santiago. Comme Santiago du Chili ? Comme la déclinaison de la western boot ? Peu importe, avec un costard, ça sonne juste comme une paire de santiag’s. | M.Az.

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GRIGRI n grigri, deux grigris, trois grigris. Et autour du cou. Sans t-shirt. Sur torse nu. Ces pompons jaunes vont faire baver les filles. Surtout de jalousie, eh! | M.Az.

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GETAWAY Getaway comme le nom de la collection. Fuir loin de tout. Depuis toujours. Brooks Brothers est la plus ancienne marque de vêtements des États-Unis. Dans 4 ans, la marque fêtera son 200e anniversaire. Une belle vie. Pleine de célébrités. 37 des 39 présidents américains élus depuis la création de la marque se sont un jour habillés chez Brooks Brothers. Abraham Lincoln était en Brooks quand il a été assassiné. C’est dire. Di Caprio était en Brooks dans The Great Gatsby, et Andy Warhol et Kurt Cobain en étaient fans. Nous aussi. | M.Az.


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The Kooples, rue Saad Zaghloul, Centre-ville, Beyrouth +961 1 99 11 11

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YOU ROCK BABE ! ui a dit qu’en vieillissant on perdait de sa superbe ? Qui a dit qu’on ne pouvait pas porter de tatouage, des bottes de bikers, un piercing et se vêtir de cuir. Qu’on soit en couple (ou pas), qu’on ait 30, 40, 50, 60 ou 70 berges, we rock ! Kooples, you rock too ! | M.Az.



LE NOUVEAU SHAMBALLA DES KORNERUP l s’appelle «Korne». C’est le dernier né de la collection de bracelets pour hommes Shamballa, inspirés des chapelets de prière des moines himalayens. Créée en 2005 par le duo de joaillers danois Mads et Mikkel Kornerup, cette ligne de bijoux invite ceux qui la portent à découvrir leur «Shamballa» (royaume de lumière) intérieur. Tout comme les étoiles, les humains irradient une lumière particulière. L’étoile du logo Shamballa nous le rappelle. La particularité du nouveau bracelet «Korne» est la taille carrée de ses pierres. Magique! | F.A.D.

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AMBIANCE e meuble, juste comme on a envie qu’il soit, sans prise de tête, sans lourdeur, sans présence incommodante. Calligaris, c’est simple, pur, chaleureux, contemporain avec de la couleur à volonté. La marque italienne vient de s’offrir un showroom exclusif à Beyrouth. A découvrir.| F.A.D.

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CASUAL CHIC ’est écrit sur le carton. Tenue décontractée. Ça tombe bien. On aime le costume rayure tennis. Et on aime les tennis. Le combo est parfait. Plus décontract’ y’a pas. On fait comme on nous dit... | M.Az.



prison break i les artistes sont parfois jetés en prison, il est rare qu’ils y aillent de leur plein gré. Et pourtant, la Collection Lambert – qui doit abandonner son espace traditionnel pour travaux – investira cet été la prison Sainte-Anne en Avignon. Qu’on se rassure, elle n’est plus occupée depuis une dizaine d’années. Son message, porté par son intitulé “La Disparition des lucioles”, n’en sera que plus fort : de l’incarcération à la libération, l’événement investira couloirs, cellules et cours. Chaque œuvre montrera le chemin… On y croisera Adel Abdessemed, Douglas Gordon (photo), Christian Marclay : si Hollywood faisait un film sur l’art contemporain, nul doute que le casting serait le même. | BAPTISTE PIÉGAY “La Disparition des lucioles”, jusqu’au 25 novembre, à la prison Saint-Anne, rue Banasterie, Avignon. www.collectionlambert.fr

la belle trentenaire n 1994, après dix années passées à Jouy-en-Josas, la Fondation Cartier s’est installée à deux pas de la Closerie des Lilas et de la rue Daguerre, chère à Agnès Varda. Dédié à la valorisation de la création contemporaine, le lieu dessiné par Jean Nouvel peut se flatter d’avoir exposé Bill Viola, Nan Goldin, David Lynch (photo), Juergen Teller, Takeshi Kitano… Ce n’est pas rien, et Paris, qui jalouse souvent à tort Londres ou New York, en avait bien besoin. Pluridisciplinaire, fougueuse, courageuse, cette démarche engagée par la maison Cartier sera saluée toute l’année par de nombreux événements. On y retrouvera le sous-marin de Marc Newson, une sculpture de Ron Mueck, des interventions de Patti Smith et Agnès Varda… En octobre, les architectes Elizabeth Diller et de Ricardo Scofidio prendront la main pour perpétuer une aventure, dont la capitale a encore et toujours besoin. | ADRIAN FORLAN

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WEDDING CRASHER ’est reparti pour un tour. L’été, ses plages, ses tequilas et ses mariages. Ses dizaines de mariage. A Beyrouth, sur des îles. La chaleur, la moiteur et nous en bermuda. Mais en noir et les bras couverts. Merci qui ? Merci Dior. Et merci Kris Van Assche. | M.Az.


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On s’fait la malle ? idèle à son ADN, Louis Vuitton se fait à nouveau emballeur-malletier à l’occasion du lancement de la première auto de sport hybride signée BMW, la i8. Sauf que, cette fois-ci, le peuplier et le cuir ont été remplacés par la fibre de carbone, une matière high-tech utilisée dans le sport automobile, pour élaborer le set de quatre bagages gravés LV Paris au laser – deux « weekender » (un petit et un grand), un « garment bag » et un « business case ». Millimétrés, ils épousent parfaitement la forme du coffre et sont proposés aux acquéreurs de la BMW i8. La preuve que la marque ancestrale est toujours à la pointe quand il s’agit de voyage. | A.M.

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“Eyes Wide Open, Stanley Kubrick as Photographer” jusqu’au 13. juillet, Kunstforum Wien, Vienne, Autriche. www.kunstforumwien.at

necK(lAce) ’a rien à dire, une cravate, c’est classe. Surtout la journée. Surtout avec un slim. Surtout quand rien ne nous oblige à en porter une. Surtout avec une bague à la place du nœud, comme une mini ceinture de chasteté pour qu’on ne nous passe pas la corde au cou. Cette petite touche Corneliani qui fait la différence. Une grande différence. | M.Az.

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rAinboW a va jaser. Ça on le sait. Tant pis ou tant mieux et sincèrement, on s’en (New) balance. Les couleurs ne sont pas la propriété des demoiselles. Ni des dames. Alors, rose, doré et bleu, c’est exactement ce qu’on veut pour cet été. | M.Az.

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KubricK en looK reporter énie du cadrage, sens de la lumière, précision psychologique. Ces qualités, parmi tant et tant d’autres qui font de Kubrick un cinéaste essentiel de notre temps, étaient déjà à l’œuvre lorsqu’il travaillait pour le magazine Look. Il parcourt les rues, vole, capte et, sans doute, compose des moments de vie. Un couple s’abandonnant au sommeil dans le métro, une femme à sa fenêtre caressant voluptueusement son chien, un boxeur rêveur… En un plan, il raconte une histoire, trouée, certes, de la même manière dont son cinéma convoquera l’imagination et la réflexion du spectateur. Le photographe fait le premier pas, mais nous invite à le suivre. | B.P.


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ExquisEs EsquissEs es métamorphoses ne sont pas seulement kafkaïennes ou ovidiennes. Messager des dieux de l’Olympe, Hermès s’empare à son tour du sujet, sublimé à travers les croquis exquis et pleins d’humour signés Philippe Dumas. Ce petit-fils d’Emile Hermès – le fondateur du Musée du cheval de la maison de la rue Saint-Honoré – n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 1988, il dédie au thème filé chaque année comme une métaphore par Hermès un carnet d’aquarelles et de dessins qui sont comme autant de voyages. Une promenade intime d’un membre de la famille à travers un monde onirique, où l’offre commerciale est un commencement, jamais une fin en soi. Les esquisses aquarellées plongent dans l’enfance, le monde de l’équitation, de la sellerie, de l’histoire, des costumes, de personnages réels ou imaginaires qui peuplent comme par enchantement le monde féérique d’Hermès. Un « slow art » désuet et résolument poétique à l’heure de l’A380 direct pour Séoul. | AyMEriC MAntOUx La Métamorphose, le dernier des neuf carnets de croquis de Philippe Dumas, coédités par Actes Sud et Hermès.

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MONOGAME es gardes de sa Majesté, dans les îles Bermudes, ont coupé leurs pantalons pour se rafraîchir les jambes. Par ce geste, ils rendaient service à l›ensemble de l’humanité souffrant de la chaleur. La marque française B-Shorts, créée en 2010 à Saint-Tropez a compris que le bermuda était loin d›avoir dit son dernier mot. Du coup elle ne fait que ça et elle le fait comme personne: des shorts et des bermudas pour tous, les femmes, les hommes et les enfants. Monomarque et monogam(m)e, B-Shorts propose ses modèles dans les plus beaux lins et cotons, avec une palette de couleurs illimitée et des ceintures en contrepoint. | F.A.D.

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L BOUCLES n n’aime pas les maillots qui serrent au niveau de la taille, l’élastique qui tire, laissant des petites stries pour le reste de la journée. Non. On aime les maillots à pinces. Avec une boucle sur le côté. Et même si on a déjà le noir, le kaki et le rose pâle, cet été, rebelote. On se paye le blanc. Et le bleu. Et le rouge. | M.Az.

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JUMP l y a les baskets de ville. Ça, on connaît. Et on aime les Asics. Les Tiger Onitsuka. Sauf que cette année, la running shoe a fait un carton plein sur les podiums et il n’y a pas que les femmes qui vont avoir le luxe, cet été, de s’éclater en faisant semblant de faire du sport. Squat ou pompes ? On saute avec. Là où on veut. | M.Az. Asics, en vente chez Aïzone, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.140

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CANALI CONSACRE LE PIANISTE LUDOVICO EINAUDI ur son site Canali.com, la maison Canali a instauré une nouvelle tradition baptisée «200 Steps». Il s’agit de choisir, chaque mois, une personnalité du monde des arts et du savoir-faire et de décrire son œuvre en 200 étapes à travers des photos et une interview intimiste. Elle doit également réagir à une liste de dix mots révélateurs de son caractère. Pour le mois de mai, l’habilleur masculin a choisi de mettre en avant le compositeur et pianiste Ludovico Einaudi, qui fait partie de la fournée des nouveaux chevaliers des Arts et des Lettres décorés par Aurélie Filippetti, la ministre française de la Culture et de la Communication. Les harmonies d’Einaudi sont connues pour transporter l’auditeur dans des sphères inattendues de son imaginaire. «Le plus grand compliment que l’on puisse me faire, dit-il, est de m’apprendre que quelqu’un a écrit un poème ou composé une toile en écoutant ma musique». | F.A.D. Cananli,Rue Foch, Centre-ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.480

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MARCHE/ARRÊT n deux temps, trois mouvements, Xavier Veilhan fait vivre la Galerie des Galeries des Galeries Lafayette : en “OFF”, il invitera le public à déambuler dans un environnement de luxueux corners, en “ON”, les labels Versatile, Record Makers et Tricatel feront découvrir leurs poulains – Turzi, Tristesse Contemporaine, Jef Barbara… Si son exposition à Versailles l’a starisé, Veilhan a prolongé sa démarche, têtue et entêtante, bousculant le quotidien, remixant nos perceptions sensorielles, dégageant de l’architecture des perspectives imprévues. Pour tout dire, ses interventions rendent le monde un peu plus bizarre, et un peu plus vivable aussi. C’est bien le moins que l’on attente d’un artiste. | A.F. “ON/OFF”, une exposition-scène de Xavier Veilhan, jusqu’au 23 août à la Galerie des Galeries, Paris 9e. www.galeriedesgaleries.com

sExy, lE TApis ! DC Projects, André a livré son “Love Rug”, un tapis 100 % écoresponsable en édition très limitée. Tressé et teint à la main, en laine de moutons tibétains mêlée de soie, il dégage un bon karma… | F.M. “Love Rug”, 120 x 240 cm, sur commande. shop.darrowcontemporary.com/products/love-rug-pink-purple

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FORÊT DE syMBOlEs epuis que Villebrequin existe, impossible de nager idiot! La marque tropézienne de maillots de bain pour hommes qui s’est fait une spécialité d’assortir pères et fils, décline chaque année des imprimés symboliques aux couleurs savoureuses. Coupes parfaites, tissus performants, que demander de plus? Une histoire! Cette année, vous choisirez votre Villebrequin entre une ligne pour la fête des pères, une autre, dessinée avec Fabien Cousteau pour la préservation de la faune marine, une troisième assez «posh» avec des silhouettes de palmiers en cristaux Swarovski, un modèle pied-depoule en hommage au Hollywood des années 50, ou notre préféré, le «Mondial» qui célèbre le Brésil avec des paysages à l’aquarelle. | F.A.D.

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COURiR pOUR UN ENFANT 12 ans, Paul Yared souffrait d’un cancer des os qui l’emporta en juin 2010. Malgré ses nombreux séjours à l’hôpital et ses périodes d’isolement, il avait pu garder le contact avec son école et poursuivre ses études. Grâce à l’initiative de sa maman, Mireille Nassif et de la cousine de celle-ci, Danièle Diab, ses professeurs s’étaient engagés à venir le soutenir pour maintenir son moral et lui éviter le décrochage. Cette opération a donné le jour à une association, MySchoolpulse, qui offre un soutien scolaire à près de 220 enfants malades. Elle est essentiellement financée par le marathon annuel «Pulse5k» organisé à Faqra. | F.A.D.

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Pour la bonne cause, rendez-vous le dimanche 3 aout. Photos DR

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Photos raya farhat et patrick parchet Réalisation Mayssa fayad et roMain Vallos

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“Voilà l’été…”, Et Voilà quE lEs chEmisEs flEurissEnt, lEs mocassins s’ajourEnt Et lEs lunEttEs dEViEnnEnt éVidEmmEnt dE solEil.


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chaussures en Peau D’aGneau, DIOR


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TshirT imPrimĂŠ, DIesel


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THe GODFATHeR FAMIlY AlBUM ,eDITION TAsCHeN


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sac De voyaGe «monochromme» ,GUCCI


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maiLLoT De Bain MONCleR


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De haut en bas : LuneTTes De soLeiL sAINT lAUReNT pAR HeDI slIMANe, LuneTTes De soLeiL BOTTeGA VeNeTA, LuneTTes De soLeiL MYKITA eT LuneTTes De soLeiL OlIVeR peOple


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eau De ToiLeTTe 212 men surF, eDiTion LimiTée CAROlINA HeRReRA


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servieTTe en cuir eT DéTaiL en méTaL arGenTé GUCCI


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TaPis De PLaGe “aLoha” en coTon HeRMès


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maiLLoT De Bain “moorea” en ToiLe imPrimée, VIleBReqUIN


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sanDaLes en cuir eT semeLLe en caouTchouc, BOTTeGA VeNeTA


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BaGaGes eT PocheTTe en cuir DOlCe & GABBANA


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chemise en coTon pRADA


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mocassins sLiP-on en ToiLe imPrimé rouGe eT noir, sAINT lAUReNT


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sac DuFFLe 24h “monoGramme” sAINT lAUReNT pAR HeDI slIMANe


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De gauche à droite et de haut en bas : monTre “DressaGe chrono” en acier, caDran arGenTé eT BraceLeT en aLLiGaTor, HeRMès monTre “eL Primero synoPsis” en acier eT BraceLeT en cuir, ZeNITH CHeZ ATAMIAN monTre vinTaGe “nauTiLus 5711G” en or Gris eT BraceLeT en cuir, pATeK pHIlIppe cheZ caDrans monTre ‘‘aLTiPLano’’ à mouvemenT manueL eT remonTaGe mécaniQue, en or BLanc eT BraceLeT en cuir, pIAGeT CHeZ ATAMIAN


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De gauche à droite et de haut en bas : monTre ‘‘conQuesT cLassic’’ mouvemenT auTomaTiQue à réserve De marche De 54h, BoiTier eT BraceLeT en acier inoxyDaBLe eT or rose, lONGINes, CHeZ ATAMIAN monTre ''DanDy hes sauTanTes'' en or rose 18 caraTs, caDran noir GaLvaniQue saTiné soLeiL avec rayures BayaDÈres GuiLLochées, CHAUMeT CHeZ CADRANs chronoGraPhe “nauTiLus 5980/1”, mouvemenT mécaniQue à remonTaGe auTomaTiQue, en acier eT or rose, pATeK pHIlIppe CHeZ CADRANs monTre vinTaGe “TanK Louis carTier”, en or rose, avec FonD TransParenT eT BraceLeT cuir à BoucLe DéPLoyanTe, CARTIeR


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1- Chapeau etro. 2- veste Canali. 3- parfum aranCia di Capri aCqua Di Parma. 4- desert boots BurBerry Prorsum. 5- eau de toilette aCqua di Colonia lorenzo Villoresi. 6- agenda Hermès. 7-polo CHarVet. 8- moCassins Fratelli rossetti. 9- porteCartes saint laurent Par HeDi slimane. 10- marqueur KrinK. 11- stylo DelFoniCs x CarVen. 12- smartphone iphone “5C”, aPPle. 13- Cravate marwooD sur mr. porter. 14- trousse louis Vuitton. 15- étui ipad saint laurent Par HeDi slimane. 16- lunettes de soleil Dior Homme. 17- foulard zegna. 18- blaireau Chez planÈte rasoir. 19- Ceinture CaPuto & Co. 20- Ceinture Canali.


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1- blouson tHe KooPles. 2- Cravate Hermès. 3- agenda Hermès. 4- savon Hermès. 5-étui iphone louis Vuitton. 6- eau de Cologne eau de mandarine ambré Hermès. 7-Ceinture saint laurent Par HeDi slimane. 8- briquet BiC. 9- lunettes de soleil ray-Ban. 10-étui Cartes Dior Homme. 11-moCassins PraDa. 12- gants Hermès. 13- enCeinte nixon. 14- braCelet saint laurent Par HeDi slimane. 15- lunettes de soleil saint laurent Par HeDi slimane. 16- Crayon FaBer Castell. 17- porte-monnaie Dior Homme. 18- Chemise saint laurent Par HeDi slimane.


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1- short de bain orleBar Brown. 2- veste CloseD. 3- deux Crayons FaBer-Castell et un izola. 4- bonnet J. Crew sur mr porter. 5- espadrilles riVieras. 6- moCassins santoni. 7- flaCon de voyage Hermès. 8- enrouleur de Casque Hermès. 9- nœud papillon la maison De la CraVate. 10- livre “rome”, de pierre riCardou (éd. be-poles). 11- polo CHarVet. 12- Carnet smytHson. 13- eau de toilette vetiver guerlain. 14- eau de parfum amazingreen Comme Des garçons ParFums. 15- portefeuille goyarD. 16- Chino eleVen Paris. 17- flaCon de voyage Hermès. 18- marqueur KrinK. 19- lunettes de soleil Paul & Joe . 20- briquet BiC. 21- montre swatCH. 22- gants Hermès. 23- broChe saint laurent Par HeDi slimane.


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1- t-shirt Kitsuné tee. 2- Chaussures guCCi. 3- déodorant Colonia aCqua Di Parma. 4- Chapeau Hermès. 5- gel douChe Dr. Bronner’s magiC soaP Chez nose. 6- smartphone iphone “5C”, aPPle. 7- briquet BiC. 8- eau de toilette Colonia aCqua Di Parma. 9- polo laCoste. 10- lunettes de soleil Paul & Joe. 11- eau de toilette néroli sauvage CreeD. 12- étui iphone louis Vuitton. 13- tongs HaVaianas. 14- savon Dr. Bronner’s magiC soaP. 15- livre “neW yorK”, de steve hiett (éd. be-poles). 16- lunettes de vue seeConCePt. 17- stylo DelFoniCs. 18- parKa toPman. assistant stylisme : simon Pylyser | réalisation : layla naamani



AUTOUR DE LA CRAVATE

Photo ©Hermes

Propos recueillis par F.A.D

Qu’est-ce qui a changé dans l’univers de la cravate depuis vos débuts? Ce qui a changé, c’est que le port de la cravate n’est plus obligatoire comme il l’a été tout au long du 20e siècle. On la porte désormais par choix, donc par plaisir. La différence est fondamentale. La cravate est devenue plus personnelle et davantage une question de choix individuel à travers lequel on exprime quelque chose de sa vraie personnalité. La richesse de nos collections et la créativité des modèles, motifs et formes chez Hermès sont en cela essentiels. Les textiles de la maison (maille, coton tissé, soie, façonné) autorisent la création de nouveaux effets et combinaisons qui font que la cravate Hermès est en constante évolution. Comme je l’ai dit, n’étant plus obligatoire, la cravate est devenue un véritable accessoire qui fait que chaque homme, quel que soit son âge et son style, est séduit par de nouvelles matières, motifs et couleurs. Nous travaillons constamment sur de nouvelles formes, textiles techniques, etc.

Quelle est la tendance actuelle de la cravate (largeur, motif)? Nous proposons vraiment des styles variés, du plus classique au plus nouveau, dans différents tissus, formats et couleurs chaque saison. Nous aimons parler de “classique très moderne et de moderne très classique”. Si vous regardez une cravate classique, aujourd’hui, vous pouvez constater que de nombreux détails ont changé au fil des ans, comme la taille des motifs, le type de patron, même si le thème est le même, comme par exemple le thème équestre, et finalement, bien sûr les couleurs. Le secret est de les garder fraiches et neuves. Quand vous achetez un produit Hermès, vous souhaitez le garder le plus longtemps possible. Aussi, nous produisons des articles qui ont la vertu de demeurer intemporels sans jamais perdre leur élégance. Nous n’effectuons pas de changements profonds d’une saison à l’autre. C’est la principale

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Christophe Goineau dirige la création de la soie masculine chez Hermès depuis 25 ans. Un quart de siècle d’une vie consacrée à cette spécialité, c’est dire l’importance qu’accorde la célèbre “maison de qualité” à ce “truc que les messieurs ont et qui pend sur le devant”… et ne saurait être qu’une cravate. Ce ruban de soie introduit en France par les cavaliers croates qui combattaient dans les armées de Louis XIII, comment se porte-t-il aujourd’hui? Goineau raconte.


CRavates HeRMès Heavy en twiLL de soie.

le dessin, la forme et la couleur, c’est sans doute la couleur l’élément le plus important. Chaque collection comporte un changement sensible. Nous aimons aussi mélanger l’univers digital contemporain avec une touche de poésie. Avec le twill épais, on peut dire que ce sont nos looks les plus pointus. Il fut un temps où les hommes n’achetaient leur cravate que pour l’assortir avec un nouveau costume. Souvent d’ailleurs ils ne l’achetaient pas, ils la recevaient en cadeau. Est-ce toujours le cas? Un peu pus du tiers des achats de cravates sont effectués par des femmes, et il est très intéressant de constater qu’elles ont dans ce domaine un goût très différent de celui des hommes. Elles choisissent en fonction du modèle, du motif, et en dernier lieu de la couleur. Les hommes, au contraire, choisissent d’abord la couleur. Nous avons essayé de comprendre d’où vient cette différence et nous avons réalisé que ce sont les femmes qui voient les cravates toute

Photo © Maud Remy Lonvis

caractéristique d’Hermès. Même si vous choisissez chez nous le modèle le plus innovant et le plus trendy, nous pouvons vous garantir que vous le porterez sans problème plusieurs années. Si vous demandez à quelqu’un ce qu’il fait de ses vieilles cravates, il vous répondra immanquablement qu’il les jette, sauf celles d’Hermès. Aucun de nos clients ne jette ses cravates Hermès. C’est quelque chose de profond qui ne nous laisse pas indifférents. Alors, évidemment, nous avons notre propre style et nous assayons d’être aussi créatifs que possible. Nos modèles sont plus petits et plus graphiques aujourd’hui qu’il y a quelques années. Dans nos ateliers de Lyon, où se fabriquent nos cravates, nous travaillons beaucoup sur la coloration. C’est dans cette ville que nous avons ce que nous appelons notre “cuisine de coloration”. Nous y travaillons sur quelque 70.000 recettes de couleurs. L’équipe de coloration étudie le moindre détail pour trouver une nouvelle teinte de marine ou de ciel. Dans les quatre composantes d’une cravate, le matériau employé,


l’éléGanCe Consiste à eXprimer sa propre personnalité. aCheter un look total d’une marque donnée est pour moi tout le Contraire . la journée, puisqu’elles les ont devant elles. Les hommes, eux, ne les voient que le matin, en les nouant devant le miroir. Nous avons aussi constaté qu’un certain nombre de nos clients choisissent d’abord la cravate et cherchent ensuite la chemise qui va avec. C’est un phénomène nouveau, mais il donne une idée de l’importance de la cravate en tant qu’accessoire masculin.

Qui porte une cravate aujourd’hui, et quand? Que raconte une cravate sur celui qui la porte? Une très large population de jeunes clients qui recherchent une cravate différente de celle de leurs pères, des businessmen hyperactifs, des porteurs occasionnels… le profil n’est pas facile à définir tant le spectre est large. Mais globalement le produit séduit maintenant de plus en plus de jeunes. Dans tous les cas, la cravate en dit assez long sur celui qui la porte. Elle est de plus en plus connectée aux humeurs, envies, à l’état d’esprit du moment. Il y a un vrai plaisir aujourd’hui dans le choix de porter une cravate. Il est même possible d’être « rebelle » en portant une cravate, selon les circonstances. Depuis qu’elle n’est plus obligatoire, la cravate exprime mieux la personnalité de celui qui la porte. Quelle est la particularité de la cravate Hermès, d’où tient-elle son “aura”? D’abord, la créativité. Nous attachons une grande importance à l’idée de nous distinguer dans nos créations. Du dessin initial jusqu’au produit fini, il existe quantité d’étapes dont chacune est exécutée avec la plus grande attention. Nous croyons profondément que chaque détail est tout le

Quelle faute de goût peut-on commettre avec une cravate? Selon moi, la meilleur façon de choisir une cravate est de prendre son temps, penser à soi-même, à ce qu’on aime ou pas. A ce moment-là, il devient très facile de trouver sa voie. L’élégance consiste à exprimer sa propre personnalité. Acheter un look total d’une marque donnée est pour moi tout le contraire de l’élégance. L’élégance est faite de toutes petites choses. Il n’y a pas de règle précise à suivre, sinon qu’il n’y a pas de règle. Il ne faut pas avoir peur de faire une faute, tant qu’on suit son instinct. Enfin, la cravate continue à remplir sa mission d’origine qui est d’ajouter une note colorée et personnelle à une tenue. Choisir sa cravate en apportant sa chemise ou sa veste est souvent indispensable et permet d’aller plus loin dans les associations et les audaces maitrisées. Quel est le thème de 2014? Les métamorphoses de l’objet. |

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Un homme s’offre-t-il une cravate sur un coup de cœur, selon vous? Maintenant c’est aux hommes de choisir comment, où et quand porter leur cravate. C’est la raison pour laquelle, quand ils en achètent une, ils sont très sélectifs et leurs choix reflètent toujours leur personnalité. Il faut absolument choisir sa cravate par plaisir, le plaisir du choix de la cravate est proportionnel au plaisir de la porter. L’individualisme est le maître mot dans ce domaine.

contraire d’un détail. Nous essayons simplement de faire les choses le mieux possible. Il nous arrive de passer des heures sur une petite chose que personne ne va remarquer, mais c’est ainsi que nous aimons travailler. Enfin, nous adorons jouer avec les couleurs. Chez Hermès, chaque cravate, chaque foulard est confectionné de bout en bout, du fil jusqu’à la boîte orange. Je veux dire par là que toutes les étapes du processus sont réalisées dans nos propres ateliers. C’est ce qui fait la différence avec nos concurrents. Chez Hermès, il y a plus d’employés dans la production que dans la vente. C’est ce qui change complètement votre perception du produit. Quand nous créons un produit, nous pensons d’abord à la meilleure manière de le confectionner, aux meilleures matières qui serviront à le réaliser? Imaginez la chance que j’ai! “Le meilleur” est notre seul objectif. Et si par hasard, nous n’avons pas le savoir-faire nécessaire, nous le confions au meilleur fournisseur. A l’arrivée, nous espérons que le client saura “sentir” la différence. Nous croyons aussi que la qualité n’est pas quelque chose que l’on sent nécessairement au moment où l’on achète un article, mais quand on le porte longtemps avec le même plaisir.


Steve JobS, une icÔne du “normcore”


l’homme sans étiquette vous avez sûrement entendu parler de ce mot-valise, contraction des mots “normal” et “hardcore”. phénomène de mode ou vaste supercherie sans lendemain ? Par Ariel wizmAn

d’Afrique” ou quelle affirmation du genre “les zombies sont partout !” ou “les néo-Kafka débarquent.” Celui qui a peutêtre compris qu’on était depuis belle lurette à l’arrêt complet, a lu entre les lignes du système mode l’aveu de son statu quo. On aura remarqué, dans ces virées shopping qui n’excitent plus que les concubines de mafieux ouzbeks, ces “pièces”. Je veux parler de ces T-shirts sombres, ces “jeans”, ces “cardigans” en tout point semblable à ceux dont vous ne savez même pas comment ils ont atterri dans votre armoire. Ces bouts de tissu ou de maille, outrageusement mis en scène dans des boutiques ruineuses, apportés comme des joyaux par des vendeurs odieux, qui les appellent des “basiques”, les qualifient de “parfaitement coupés”, ces vêtements banals qui – ô surprise ! – vous vont à la perfection, c’est-à-dire en gros pas trop mal. et d’où pend un tag qu’il ne faut surtout pas regarder tout de suite, avec un nombre à quatre chiffres, qui est non pas la référence, mais le prix. Payer cher le fait de ne rien acheter, ou d’acheter du rien, c’est un coup de génie, certes, mais aussi peut-être une fin de partie, le signe que l’on n’a plus grand-chose à dire. Car la silhouette d’un Steve Jobs n’est pas celle d’un homme qui a délaissé le look pour l’intériorité, mais celle d’un homme qui préfère que l’on entende son argumentaire marketing plutôt qu’on ne le regarde. Pour lui, cet anonymat du col roulé noir, ça vaut de l’or. Cette banalité est en effet pensée, voire cynique, en ce qu’elle prétend au neutre, mais aboutit au fric. la vérité est dans Husserl : l’insignifiance n’existe pas car dès qu’il y a vigilance il y a actualité. le banal, entouré d’un cadre exceptionnel, n’est qu’une valeur mode comme les autres. Sauf qu’elle est volée aux autres. en produisant de l’ennui, on vole le quotidien de tout un chacun pour le revendre plus cher. Chers normaux, quand vous serez vraiment tous à la mode, que vous restera-t-il pour exister ? Comme le disait déjà Actuel dans les années 1980 : “Fuyez ! tout est découvert !” |

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Photo Getty images

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n jean, un T-shirt, des baskets, de la fonction, pas de couleurs, du confort, vous êtes normcore. le normcore, c’est l’excuse fashionista à l’absence d’inspiration, et le moyen ultime de vous mettre contre votre gré le nez dans le cool. “tu ne votes pas ? c’est encore de la politique !” “tu portes ce qui te tombe sous la main en veillant à ne jamais faire de vagues ? tu es à la mode !” Après la sophistication, et son pendant – la ringardise – il manquait à la banalité, à l’ennui, d’être promus au rang de statement – de valeur affirmative. D’ailleurs au passage, une question : “Quand on s’amuse à s’ennuyer, est-ce qu’on s’amuse ou est-ce qu’on s’ennuie ?” le normcore est l’idée d’un bureau américain de tendances, K-Hole, repris par le magazine new York, dans un article qui en a déclenché des milliers d’autres, avec arborescence de commentaires. Un phénomène mondial d’auto-validation de la parole médiatique hors de toute existence sociale. Car personne, jamais, n’a dit ou ne dira sérieusement et au premier degré : “Je suis normcore” sur le même ton que la chanson “Je suis rital et je le reste.” normcore, c’est une manière de qualifier celui qui ne cherche pas à l’être. Dans quel but ? J’y viens. en charabia trend-planner, le normcore se justifie par une pirouette classique de sociologie pour “semi-habiles”. Après une excessive démocratisation du désir “d’exister”, d’affirmer sa différence, après la transformation de l’indépendance en phénomène de masse, l’individualisme authentique se délecte de neutre, et jouit de “s’anonymer”. Dans le “basique”, et en se choisissant pour icônes Steve Jobs, le héros de sitcom Jerry Seinfeld ou n’importe quel leader d’opinion dont le look affirme ce qui suit : “J’ai choisi de ne plus choisir.” Celui qui n’attend plus qu’on lui prédise comme chaque saison quelque “retour de l’élégance” ou du “sexy” ou quelque “néo-romantisme”, je ne sais quelle “envie


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l’aRt du gRooming

Rituels de bain, pRoduits de Rasage high-tech, soins hydRatants, cRème de nuit... les pRoduits dont on ne peut pas se passeR si l’on veut êtRe au top. Par stÉphanie nakhlÉ | Photo raya farhat 1- Age fight, fluide perfecteur Anti-Âge, LancÔme men. 2- rénergy 3d,SoinS homme LancÔme. 3- le pArfum,lA nuit de l’homme yves saint Laurent. 4- rASoir électrique, Ï Day spa. 5- Ambre Soie , armani privé 6- déodorAnt pArfumé ,lA nuit de l’homme yves saint Laurent . 7- ShAmpooing denSifiAnt cheveux AffinéS, L’oréaL homme. 8-pÂte fibreuSe SculptAnte, L’oréaL homme. 9- Sérum protecteur vApoActivé, L’oréaL. 10- blAireAu, Ï Day spa.


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Jeux d’eau dans l’intimité marbrée des salles de bains du Four Seasons Hotel Ritz de lisbonne, sept fragrances masculines s’exposent. Photos Mathieu Trautmann | Réalisation Romain Vallos, Layla naamani, stÉphanie nakhlÉ


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ChafiC eL Khazen Les hommes de La nuit n’ont généraLement pas La tête dans Les étoiLes. Lui, si. ChafiC eL Khazen est un fou de sCienCes. son idoLe est stephen hawKing. et ses LeCtures terrestres, depuis une dizaine d’années, parLent de big bang et de trous noirs. L’ambianCe « néo spatiaLe » de ses CLubs n’est donC pas Le fruit du hasard. sauf que ChafiC eL Khazen est Loin d’être dans un trou noir. Texte MéDéA AZoURi | Photos ToNY ELiEh

El Khazen affectionne. Comme “changer la norme de la nightlife au Liban avec le Skybar. On a innové avec de nouvelles technologies, l’imagerie, l’architecture. Idem avec le O1ne. Notre esthétique n’existe nulle part ailleurs dans le monde”. Aujourd’hui, Chafic El Khazen s’attaque à la restauration, domaine bien plus calme que celui de la nuit. Domaine aux risques moins élevés. “La vue est extraordinaire. Le lieu est mythique. Ce que je voulais, c’était restituer le même produit 25 ans après. On change la décoration, l’architecture. On a fait un immense jardin où l’on pourra accueillir 450 personnes et offrir une cuisine basée sur des produits méditerranéens. Les caves de la Crêperie seront toujours là. A l’instar des crêpes et des galettes” dit-il en souriant. C’est probablement l’âge qui le pousse à aller voir ailleurs. C’est l’envie de calme que ce père de deux enfants recherche quelque part, même s’il continue à s’éclater au Skybar, surtout depuis qu’il n’y travaille plus. La Crêperie c’est pour juillet. Si Chafic El Kazen nous avoue que sans sa femme, il ne serait pas là aujourd’hui, si ses enfants sont sa priorité, il ne cache pas sa récente passion pour l’art contemporain. Depuis un an, il est transporté par Yayoi Kusama. “Elle est chaotique et pourtant il y a une certaine cohérence

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es projets n’ont jamais été conventionnels. Nul besoin de rappeler le pourquoi du comment du Skybar ou du The o1ne. Nous en avions déjà parlé dans ces colonnes. Sauf que le concept du o1ne est en train de s’étendre, que la Crêperie va enfin et bientôt ouvrir ses portes et que le Liza de Ziad et Liza Asseily, avec qui Chafic El Khazen s’est associé, se porte très bien. Le monde de la nuit, il le connaît bien. Ça fait 12 ans qu’il est dans le domaine. Une aventure qui a commencé par hasard, ce hasard qui ne fait plus du tout partie de son mode de fonctionnement. “En 12 ans, on n’a fait que trois projets malgré de nombreuses sollicitations. Je suis un control freak. Avec mon équipe sans qui rien ne serait possible, nous travaillons longtemps sur les moindres détails avant de nous lancer dans une nouvelle aventure. Ce que nous offrons à nos clients, c’est une expérience. Une nouvelle expérience qui répond à leurs besoins, mais qui est neuve pour eux. Je suis un consommateur type, et ce qui me plait, plait finalement à la majorité des Libanais”. La nightlife n’est pas exportable. Pourtant le o1ne s’est installé à Abu Dhabi avant même d’ouvrir ses portes à Beyrouth. Répondant à la demande locale, il réunit beaucoup d’aficionados. C’est que Sky Management connaît bien les consommateurs de la région. Bientôt et ailleurs, le challenge se fera plus important. Un challenge que Chafic


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mon Livre de Chevet serait the power of now de eCKhart toLLe offert par mon père. C’est exaCtement moi. vivre Le moment dans son œuvre.” Un chaos qui nous ramène à cette autre passion qui est la sienne: L’univers. Ai Weiwei est également un de ses artistes préférés. “Il est fou, très expressif. L’art est aujourd’hui ce qui me prend le plus de temps. Avec probablement mes lectures”. Fan de Stephan hawkins, il l’est également de Dominique Lapierre, de Stefan Zweig dont il a tout lu. “Mon livre de chevet serait The Power of Now de Eckhart Tolle offert par mon père. C’est exactement moi. Vivre le moment. Quant à mon livre au-dessus du chevet, c’est Le Joueur de Dostoïevski.” Loin d’être étonnant de la part d’un homme qui se décrit comme un “gambler”. Et la musique ? “Je ne suis pas un professionnel de musique. J’ai toujours aimé le R’n’B, le hip hop, le jazz et

le blues. Ma playlist idéale serait composée de morceaux de Keith Jarrett, de SIA, de Pharrel Williams et Justin Timberlake pour la pop, et aussi de Tupac.” Quant aux films, ce serait Fight Club, Big Fish et, en moins culte, Gladiator”. Un héros ? il répond sans hésiter, une fois encore, hawkins. Une rue ? “Le Quartier Latin et NotreDame où je me marre à étudier les gargouilles avec un pote, après une soirée bien arrosée” dit-il en riant. “Le Lazy B pour la plage. Le Kesrouan et la maison de mes parents à Reyfoun”. Un plat ? “La mouloukhié mais seulement au poulet”. Allergique à quoi Chafic El Khazen ? “Aux chats et à la mauvaise foi, aux actes prémédités”. Ça se comprend quand il dit que l’ADN de sa société c’est l’intégrité et le respect des valeurs. Et dans 20 ans ? “Je ne veux même pas savoir. La vie est une aventure…” |



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ForEvEr LA MAS ACCUEILLE SUZANNE GEISS LE 21 MAI dErNIEr, LA MEtropoLItAN Art SoCIEty, “GALErIE dES GALErIES” NIChéE AU SEIN d’UN pALAIS bEyroUthIN, ACCUEILLAIt poUr LA SAISoN d’été L’ExpoSItIoN “ForEvEr” orGANISéE pAr LA CéLèbrE GALErIE dE MANhAttAN “thE SUZANNE GEISS CoMpANy”. UN ACCroChAGE AMbItIEUx qUI préSENtAIt dIx ArtIStES CoNtEMporAINS doNt LES œUvrES poUSSENt à LA réFLExIoN: KrIStIN bAKEr, MIrA dANCy, bEN WoLF NoAM, ChrIS JohANSoN, ryAN JohNSoN, MELodIE MoUSSEt, tIM NobLE Et SUE WEbStEr, brIAN SCott CAMpbELL Et torEy thorNtoN. Par F.A.D.

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râce à l’initiative de la MAS dont l’objectif est d’accueillir dans ses murs les plus célèbres galeries internationales, on peut voir à Beyrouth les œuvres les plus récentes d’artistes avant-gardistes qui ont en commun l’exploration des thèmes de la connectivité dans la vie contemporaine. “Forever”, c’est surtout une vision globale de l’humanité d’aujourd’hui à travers la mutation de ses réseaux d’interaction, critères d’identité et pratiques artistiques. Les médiums utilisés varient entre installations

vidéo, sculpture et peinture. De Manhattan, berceau de la galerie The Suzanne Geiss Company qui y est établie depuis 2011, à Beyrouth où la Metropolitan Art Society abrite sous ses lambris des expositions dirigées par les plus grands commissaires du monde, l’art n’a décidément aucune frontière. | “Forever”, Metropolitan Art Society, rue Trabaud, Achrafieh, Beyrouth. Du 21 mai au 31 juillet 2014. Horaires d’ouverture: mardi à dimanche, de 11h à 19h. à partir du 15 juin, fermeture saisonniere les dimanches.


Photo DR

BlooDy FoReveR PAR TiM NoBle eT Sue WeBSTeR.

PSycHic iNviTe PAR MiRA DANcy.

Devil iNSiDe PAR BRiAN ScoTT cAMPBell.


MeRely MeDiAN STRiP PAR kRiSTeN BAkeR.


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FoR AlWAyS AND AFTeR AlWAyS PAR cHRiS joHANSoN.

Kr iSTi n BA K er née en 1975 Vit et travaille à new York Les peintures abstraites surdimensionnées de Kristin Baker mettent en avant la texture et la matière de la peinture ainsi que les qualités dynamiques du processus. Ses compositions sont obtenues par la superposition de peinture acrylique sortie du tube, avec une large gamme de couleurs et de textures, traitées avec force coups de raclettes et truelles. Son approche de la matière tient de l’alchimie. Le rendu de la peinture reproduit le mouvement, l’atmosphère et s’apparente à la gravure, la photographie et l’assemblage de papier par son approche bidimensionnelle.

M i r A DA n C Y née en 1979 Vit et travaille à new York Les peintures de Mira Dancy évoquent les totems de la fertilité féminine qui font penser à des Vénus de Willendorf de la nouvelle vague. Des symboles tels que les serpents, les

flèches indicatives, les horloges et les vagues font allusion aux tendances et aux rituels de l’art contemporain. Des rendus en coups de pinceau rapides et souples renforcent l’impression d’énergie de l’expression picturale.

ChriS JohA nSon née en 1968 Vit et travaille entre Los Angeles et Portland Les peintures, dessins et sculptures de Chris Johanson explorent la condition de l’homme moderne à travers une fusion entre abstraction, figuration et texte rendus en compositions rythmiques. Les œuvres représentent les tensions inhérentes au mode de vie contemporain, notamment liées au consumérisme, à l’auto assistance, la psychothérapie, la spiritualité religieuse et la vie communautaire.

rYA n Joh n S on née en 1978 Vit et travaille a new York Les grandes sculptures de ryan Johnson faites de bronze,


HolDiNg HANDS PAR RyAN joHNSoN.

THe FiRST DAyS oF SPRiNg PAR BeN WolF NoAM.

FoAM BooT AND A TuMoR BAll PAR ToRey THoRNToN


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DoWNWARD Dog PAR MeloDie MouSSeT.


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TBD PAR ToRey THoRNToN.


NiHiliSTic oPTiMiSTic PAR TiM NoBle eT Sue WeBSTeR.

feuilles de métal, plâtre médical, bandages et bois, créent une impression de flou entre réel et expérience imaginaire. en combinant figuration farfelue, écarts d’échelle spectaculaires et oppositions de couleurs inattendues, ryan étale un étrange environnement onirique qui rappelle le surréalisme et les mouvements futuristes.

M eLoDi e MouSSeT née en 1981 Vit et travaille entre Los Angeles et la Suisse. Melodie Mousset est une artiste multimédia, spécialisée dans la performance, la vidéo, l’installation, la photographie et la sculpture. elle interroge les dynamiques sociales et les critères de l’identité. entre curiosités anthropologiques et ontologiques, elle utilise le corps comme un véhicule pour explorer la manière dont les rituels contemporains interagissent avec les politiques de la science, de l’ethnographie, de la spiritualité et de la technologie.

TiM noBLe eT Su e W eBSTer nés respectivement en 1966 et 1967 Vivent et travaillent à Londres Le duo d’artiste Tim et Sue fait partie du mouvement des Young British Artists. ils créent des œuvres sculpturales qui défient le regard en fusionnant les contraires. en combinant les déchets matériels et tangibles de la société moderne avec la lumière, les artistes mettent en relief les contradictions et incohérences de la culture contemporaine.

Br i A n SCoTT CA M PBeLL né en 1983

Vit et travaille a Santa Barbara Scott Campbell a reçu son MFA de rutgers en 2010 et a fait ses preuves aux etats-unis et en Allemagne, notamment lors d’une exposition de groupe au musé du Bronx. Le travail de Brian Scott Campbell se distingue notamment par des peintures en noir et blanc sur papier. il utilise une syntaxe visuelle unique à travers laquelle il fait appel au langage pictural historique combiné à l’esthétique des bandes dessinées.

B e n Wo L F n oA M née en 1986 Vit et travaille entre new York et Los Angeles Ben Wolf noam travaille sur la performance, la sculpture et la peinture. il a organisé l’exposition Digital expressionnism de la Suzanne Geiss Company à l’automne 2013, qui comprenait ses propres travaux aux côtés de ceux de Korakrit Arunanondchai et Greg Parma Smith. L’expressionnisme digital, comme la plupart de ses travaux, explore les effets de la culture contemporaine numérique sur les pratiques artistiques traditionnelles, notamment la peinture.

Tor eY Thor n Ton né en 1990 Vit et travaille a new York Torey Thornton travaille la peinture et le dessin. Ses sujets varient de la nature morte aux compositions figuratives rendues dans un style extrêmement abstrait et coloré interprétant librement les grands thèmes de la peinture du 20e siècle. Torey a été nommé curateur pour l’exposition d’été de la Suzanne Geiss Company. |


A L’AMERICAN COOL. QuAtRE LIgNEs, INsCRItEs à L’ENtRéE dE L’ExpOsItION ORgANIséE pAR LA NAtIONAL pORtRAIt gALLERy dE WAshINgtON, dONNENt LE tON: uNE vIsION ARtIstIQuE ORIgINALE sOutENuE pAR uN styLE pERsONNEL. L’INCARNAtION dE LA RébELLION CuLtuRELLE Et dEs tRANsgREssIONs d’uNE CERtAINE géNéRAtION. uN pOuvOIR ICONIQuE, uNE RECONNAIssANCE vIsuELLE INstANtANéE. uN héRItAgE CuLtuREL RECONNu. LEs CENt phOtOs QuE L’ON vA vOIR N’ONt pAs été ChOIsIEs subjECtIvEMENt.

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Texte Médéa azouri

sTeve mcqueen par william claxTon 1962.


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john wayne par ray jones 1937.

louise brooks par nickolas murray 1924.

endant cinq ans, les conservateurs de la NPG ont « étudié » 500 musiciens, chanteurs, acteurs, écrivains, athlètes, activistes du siècle dernier, afin de déterminer lesquels seraient les mieux placés pour représenter le « cool ». L’american cool. Pas de Britanniques, d’italiens ou de Français dans cette sélection. Pas de Fellini, de Gainsbourg, de Bob Marley ou de david Bowie. des américain(e)s et sûrement des absent(e)s. La série de portraits immortalisés par des photographes de renom comme Henri Cartier-Bresson, annie Leibovitz, richard avedon, Philippe Halsman ou robert Mapplethorpe, est éloquente. on sourit, on acquiesce et on ne s’étonne pas. La promenade dans la galerie est une promenade dans un siècle de culture américaine. Cette culture qui est la nôtre aussi. Chaque salle raconte une période. Chaque portrait raconte une histoire.

unique. La photo et le cool étant intrinsèquement liés, c’est ce mélange subtil de contrôle, de style, de rébellion qui est l’essence même de cette exposition.

photo Dr

P

« i am cool » avait dit sur scène, le saxophoniste de jazz, Lester Young, qui résistait avec sang-froid à la discrimination raciale. C’était en 1940. L’amorce d’une esthétique

Mais le cool n’est pas né en 1940. Si le terme a fait son apparition à ce moment-là, un grand nombre de personnes « l’étaient » avant. Mae West moulée dans une robe blanche, Fred astaire et ses entrechats, Greta Garbo énigmatique, John Wayne jeune, Hemingway, éternel sauvage, Buster Keaton, Louise Brooks et sa légendaire frange. Frederick douglas. une genèse présente dans l’exposition qui se scinde en trois grandes parties. 1940-1959 : la naissance du cool. 1960-1979 : le cool et la contre-culture. 1980 jusqu’à nos jours : l’héritage du cool. dans le désordre, Lou reed, Patti Smith, Johnny depp, le seul homme maquillé qui reste viril, Steve Jobs à moto, debbie Harry toute jeune et immortalisée par Mapplethorpe, andy Warhol et ses potes de la Factory, Bob dylan, la Madonna des années 80, Jack Kerouac, Tupac,


bob Dylan par richarD aveDon 1965..

Debbie harry par roberT mappleThorpe 1978.

kurT cobain par mark seliger 1993.

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jimi henDrix par linDa mccarTney 1967.


elvis presley par roger marshuTz 1956. 1 2 5

sTeve jobs par charles o’rear 1981.


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johnny Depp par annie leiboviTz 2010.

quenTin TaranTino par brigiTTe lacombe 2009.

maDonna par kaTe simon 1983.

marlon branDo par philippe halsman 1950.

Tupac shakur par eli reeD 1992.


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james Dean par roy schaTT 1954.

Faye dunaway en Bonnie, Elvis Presley, dont le portrait est souligné par deux commentaires : ceux de John Lennon et de Bob dylan; Prince, Lauren Bacall les yeux mi-clos, Basquiat et ses dreads, Marvin Gaye au piano, l’année de sa mort, idem pour Kurt Cobain, audrey Hepburn espiègle, Jimi Hendricks dont le portrait a été choisi pour l’affiche et le magnifique catalogue de l’expo. Enfin, celui qu’on surnommait King of Cool : Steve McQueen sur Mulholland drive, au volant de sa Jaguar E-Type. des portraits qui parlent. des visages, des films, des chansons, des livres, une bande-son qui accompagne nos déambulations, des mini-clips vidéo. Et ces petites légendes à côté. Le nom du photographe et des anecdotes. Comme celle-ci, qu’on ne

connaissait pas: Muddy Waters, grand chanteur de blues, originaire de Chicago, raconte dans un de ses morceaux, la genèse même de la musique : « dès le moment où la terre naquit, la musique surgit aussi ». Le premier son ayant été celui de la collision entre les premières roches. « rollin’ Stones ». au début des années 60, le bluesman se produit à Londres et inspire leur nom aux rolling Stones. À cause ou plutôt grâce à ce morceau. idem pour le magazine. idem pour la chanson de Bob dylan, « Like a rolling stone » qui s’inspire de la chanson de Waters. Muddy Waters qui a été repris par les doors, Eric Clapton, Jeff Beck ou Bob dylan. Si ça, c’est pas être cool… |


histoires de fantôme depuis sa disparition en 2009, à l’âge de 27 ans, l’icône de la scène arty contemporaine, continue de hanter les nuits de new york. une de ses amies lui rend hommage.

T

ous ceux qui ont croisé Dash ont au moins une histoire extravagante à raconter sur le temps passé avec lui, car avec lui, il y avait deux choses sur lesquelles on pouvait compter : il vous donnait le sentiment d’être une personne d’exception et savait créer une brèche temporelle afin de vous permettre d’accéder à un univers dont vous n’auriez jamais pu connaître l’existence. Jade Berreau, la mère de leur fille secret, et compagne de Dash au moment de son décès, explique que de temps à autre, Dash avait besoin de se retirer du monde pour recharger les réserves d’énergie qu’il aimait déployer de façon explosive. J’ai connu Dash – d’abord comme ami, puis comme membre d’un collectif d’artistes lorsque j’étais directrice d’une galerie new-yorkaise. J’ai donc mes propres histoires, et je connais celles de quelques autres. et je les aime ces histoires, mais j’ai aussi appris à faire attention à ne pas céder à la tentation de les figer. Je suis en train d’apprendre à regarder Dash d’une autre façon, car je mets actuellement en ordre ses archives. C’est une entreprise très curieuse ; je ne sais pas si en général, nous réfléchissons aux choses que nous laissons derrière nous sur terre lorsque nous cessons d’y vivre. Dans le cas de Dash, en revanche, parce qu’il était artiste et, peut-être plus encore, parce qu’il était un grand créateur de situations, je me dis

parfois qu’il avait orchestré cette expérience post-mortem. et pourtant, plus je m’immerge dans le contenu de ses archives, plus je comprends qu’il n’y aura jamais d’image englobante, complète. Je n’arrête pas de me dire que le prochain truc que je vais piocher va servir de canevas, mais au final, je n’ai jamais qu’un filet aux mailles béantes ; des idées s’échappent, on en attrape une ou deux – pour un instant du moins.

U n e en v eloppe sUspeCT e Un jour, je regardais les œuvres que Dash avait envoyées à un ami par la poste. J’ai ouvert une enveloppe à l’allure suspecte, et j’ai trouvé de la merde à l’intérieur. en dépit de l’évidence, j’ai eu le sentiment à cet instant – sans le moindre doute et en fait avec une grande tendresse – que Dash me chiait volontairement au visage depuis sa tombe. Bien sûr, lorsque meurt un être doté d’un charisme aussi puissant que Dash, et qu’il meurt si jeune, la vérité et la légende se mettent à empiéter l’une sur l’autre de façon imprévisible. nous n’en avions pas fini avec lui. nous avons encore envie d’être en relation avec lui et de vivre les instants magiques qu’il savait créer. alors oui, il est facile d’essayer d’imaginer, en y mettant peut-être un peu trop de cœur, qu’il nous a cordialement chié à la figure alors même qu’il n’est plus là. avec Dash (ainsi, j’en suis sûre, qu’avec d’innombrables autres

Photo Dash Snow Estate New York City

1 2 8

Par Mary Blair Hansen


“uNtitlED” (2008), Photo imPrESSioN CoulEur, autoPortrait DE l’artiStE


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“Untitled” (2007), tirage photo nUmériqUe sUr FUjiFlex


beaucoup de gens ont descellé des pavés portant des graffitis de lui

Photos Dash Snow Estate New York City

qui ne sont plus à nos côtés) il existe un piège redoutable – un énorme trou dans le sol, avec des feuilles mortes et branchages pour le dissimuler, qui n’attend que de nous emprisonner dans notre désir d’être avec lui voire, pour certains, le désir, peutêtre, de le simplifier et de le rabaisser. Mais ce n’est pas entièrement notre faute.

U n e s orT e De r e l iqUa i r e Dash a bien fait en sorte que l’invoquer soit chose facile. il s’est “inscrit” dans tous les passages de new york – à travers les légendes qu’on s’échange en privé, dans la presse, et aussi littéralement, par ses graffitis. Je connais beaucoup de gens qui ont descellé des pavés portant des graffitis de lui pour les garder en souvenir. en ce sens, il est indéniable que Dash a transformé la ville entière en une sorte de reliquaire. quand je me surprends à embellir, tombant dans un petit trou noir bien confortable, j’essaie de faire un pas en arrière

pour recentrer la perception que j’ai de lui par le prisme de ses œuvres. et, dans le même esprit que si je cherchais des vestiges, j’ai remarqué une chose qui à mon avis est commune à tous les photographes (en particulier les amateurs) : on voit souvent ses pieds dans le cadre de l’image. Dash était connu pour son style vestimentaire. ses magnifiques bottes noires élimées qu’on surprend dans ses polaroid, photos 35 mm et films super 8 égalent par leur classe celles en serpent de Keith richards qu’on voit dans le film Gimme Shelter (1970). C’est révélateur de quelque chose – dans un sens sans doute hyperbolique. Car on ne peut les éviter. Dans Familae Erase (2008), Dash a filmé des scènes entières de ses pieds. il levait ses chaussures, les semelles dégueulassées par le sol crasseux de son atelier du Bowery, et les aspergeait de bombe argentée. les images sont en noir et blanc et un peu ralenties en vertu des 18 images par seconde du super 8. et ça donne vraiment une séquence onirique au ralenti, avec un

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“uNtitlED” (2007), imPrESSioN NumériquE


son ex-Femme, l’artiste agathe snow

Photos Dash Snow Estate New York City

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polaroid de la série “Untitled” (2000-2009), avec, en bas à gaUche FUmant Une cigarette,


“Untitled” (2007), impression coUleUr ; dans le lit FleUri, jade berreaU, sa dernière compagne


Photos Dash Snow Estate New York City

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PolaroiDS DE la SériE “uNtitlED” (2000-2009)


PolaroiDS DE la SériE “uNtitlED” (2000-2009)


DE GauChE à DroitE : “law StaY awaY” (2006-2007), “uNtitlED” (2006-2007) Et “SECrEt CoNCEPtioN” (2006-2007)

côté bohémien glam. là, il entre sciemment dans le territoire du fétichisme – celui du pied, de l’artiste, de la surveillance. le fétichisme joue un grand rôle dans son œuvre et dans les archives dans leur ensemble, car il jouait un rôle énorme dans la vie de Dash.

F l aC o n s D e s U B oxo n e apparemment, il ne pouvait pas se séparer des choses, sous l’emprise de son fétichisme (sauf en distribuant les cadeaux de façon compulsive, mais ça aussi, c’est une forme de fétichisme), et souvent, justement parce qu’il avait besoin d’avoir ses petits talismans avec lui en permanence, il les incorporait dans ses œuvres : menottes en cuir noir incrustées de strass, gilet en cotte de maille, flacons de suboxone, aiguilles hypodermiques, paillettes, photos de famille, mèches de cheveux, romans de gare, pornographie, souvenirs militaires nazis, foutre et poils pubiens en quantité, et tous les exemplaires du New York Post, tous ses mégots, jusqu’à des couches sales, des fleurs sèches, des draps maculés de sang. Je suppose que ces objets d’usage quotidien étaient là pour témoigner des expériences qu’il partageait avec les autres, des histoires que nous avons tous envie de nous raconter sur le temps que nous avons passé avec Dash – mais ceux-ci se transforment en vue d’une œuvre d’art, un glissement s’effectue. nous sommes à présent forcés de conserver et d’exposer ces objets pour des gens qui, de plus en plus, ne l’auront jamais connu. et nous sommes forcés, par conséquent,

d’inventer de nouvelles histoires : je travaille en ce moment sur une selon laquelle Dash utilisait ses pieds pour témoigner de la compagnie de son propre corps. Je ne crois pas qu’il aimait tellement être seul. À examiner ses œuvres, j’ai l’impression que ses extrémités étaient là, dans certains cas, en lieu et place d’amis ; insérer son pied dans le cadre, prendre une photo ridicule de son pénis en semi-érection dans un miroir, c’est le genre de trucs que l’on fait quand il n’y a personne. Ça me rappelle le film d’Henri xhonneux et roland Topor, marquis (1989), dans laquelle une marionnette du marquis de sade, en forme de chien, toute seule dans sa cellule, a de longues conversations avec son propre pénis, qui est également une marionnette baptisée Colin. s’il n’y a personne pour nous recevoir, nous ne pouvons pas nous présenter (en particulier lorsqu’on est comme lui un grand aimant). Je tiens compagnie aux pieds de Dash, aux cheveux de Dash, au foutre de Dash et aux cendres de ses cigarettes, et d’autres le feront également, car lui-même s’en contentait parfois. Je me demande si c’est simplement qu’il produisait ces matériaux en trop grande quantité – comme s’il générait des cheveux, des ongles, des propositions délirantes et des expériences inoubliables plus vite que le commun des mortels. Mais peut-être qu’on peut en faire de même, vous et moi – ça serait assez classe. Être le corps incorruptible qui néanmoins chie, parle et meurt et grandit chaque jour, pour l’éternité. | traduction héloïse Esquié.

Photos Dash Snow Estate New York City, collection particulière de Jade Berreau

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j’ai l’impression que ses extrémités étaient là, en lieu et place d’amis


en 2007, Ă new york, chez lUi, avec sa Fille secret



"yABAni" et Bien dAns son Assiette A Beyrouth, on A longtemps Aimé le yABAni, l'un des premiers restAurAnts jAponAis de quAlité AppAru, Avec son Architecture AudAcieuse réAlisée pAr BernArd Khoury, dAns un quArtier encore stigmAtisé pAr lA guerre. on vA Adorer lA nouvelle mouture de ce temple du sushi et Autres délicAtesses, sur le front de mer cette fois-ci. pour Antoine nAhAs, propriétAire du projet, et son Architecte riAd KAmel, cette version sereine est celle de lA mAturité. Par Gilles KHOURY | Photos tOnY elieH 1 3 9

Dix ans après l’ouverture du premier Yabani, les propriétaires du restaurant décident de renouveler l’aventure en se transportant dans le secteur du Waterfront. Bien leur a pris, c’est sans doute grâce à la carte et au cadre mémorable de sa première aventure que le Yabani est revenu sur toutes les lèvres… le pari est donc gagné: imposer, dans un secteur qui n’a pas toujours caressé les papilles dans le bon sens, l’un des japonais les plus gracieux de la capitale. Pas très nippons, les patrons? Oui, mais nippomaniaques jusqu’au bout des baguette. D’abord il y a Antoine nahas, un industriel entré un peu par hasard en cuisine « Il y a dix ans, lorsque nous ouvrions le premier Yabani avec mon partenaire Elias Chabtini, nous avions à peine trente ans. » raconte nahas. « Aujourd’hui, à quarante ans, nous avons d’autres envies et surtout plus d’exigences » poursuit-il. C’est pourquoi les deux partenaires décident de concevoir un lieu où ils ont envie de passer leurs soirées ou prendre leurs déjeuners professionnels, dans un cadre qui leur ressemble. Un mot d’ordre : high end. la qualité, répète sans cesse le restaurateur. Un crédo un peu trop galvaudé à l’heure où les gens du métier privilégient concepts et autres détails accessoires plutôt que l’essentiel : le contenu de l'assiette. Mais au delà cette obsession de qualité culinaire, Antoine nahas imagine un lieu « un peu comme

un écrin. Haut de gamme, du cadre aux plats. Mais sans chichis ». Déterminé, l'homme invite plusieurs architectes à proposer leurs idées. Riad Kamel, fondateur du bureau Architectes Anonymes étudie le brief et répond à l’appel. « Un grand challenge pour moi, sachant que le premier Yabani était l’uns des restaurants les plus particuliers de Beyrouth architecturalement parlant… » Raconte-t-il. De son côté, nahas examine la proposition de Kamel. en mars 2013, ils décident de réaliser ce projet ensemble. en cette fin d’après-midi, où la lumière a rarement été aussi belle, les deux hommes sont installés dans ce très bel espace qu’est le "nouveau" Yabani. lls échangent mais ne s’épanchent pas. leur duo est réellement complémentaire. Mais pas au sens où l’un serait plus commercial et l’autre plus conceptuel. ils sont tous les deux pareillement dans le projet, même si l’un est plus imaginatif et l’autre plus technique. « La complémentarité, ça va de soi. Nous avons mis du temps à construire une confiance l’un envers l’autre. » explique Riad Kamel. « Notre histoire c’est un peu comme si deux individus qui ne se connaissent pas décident d’avoir un enfant ensemble ». Pour compléter l’équipe, les deux hommes font appel à la creative consultant Chérine Magrabi tayeb, histoire de perfectionner le


projet en lui insufflant l’âme d’une femme au goût pointu et raffiné. ses honoraires furent reversés à l’OnG House of today, une plateforme dont la mission est d’encourager les designers libanais. l’architecture du lieu est d’une modernité tempérée avec, ici et là, les discrètes touches d’une déco classieuse et ludique. Adepte du ni trop, ni trop peu, l’architecte en pince pour les matériaux rassurants. son écriture, très lisible, privilégie métal, bois et marbre, couleurs beige et grège, éclairages tamisés. «Avec l’aide de mon frère Tarek, explique Riad Kamel, nous avons conçu une ambiance organique avec des matériaux bruts sans employer de nouvelles technologies ». Un cadre où chaque pièce semble avoir sa place et sa raison d’être, dans une belle homogénéité. « L’idée de base a été de s’inspirer et de reproduire, subtilement, une tranche topographique du Japon » raconte l’architecte. le contour du plafond est, à lui seul, un voyage. Constitué de strates de plusieurs familles de bois, il reproduit les reliefs d'un jardin japonais. Mention spéciale aussi au luminaire imaginé par le talentueux Karim Chaaya, et dont la réflexion sur le plafond-miroir fait l’effet d’un cerisier en fleurs. idem pour le papier peint vert aux motifs japonisants, dessiné par Anna Ogden-smith… On s’installe derrière le bar en marbre mat… et il faut observer le chef trancher dans le vif d’un filet de thon

ou de saumon, d’un poulpe à la chair nacrée ou d’une coquille saint-Jacques de première fraîcheur et en disposer des lichettes éclatantes sur un riz soigneusement façonné au creux de la main. servis aussitôt, ces canapés graciles font l’effet d’une brume délicate, tiède et clairsemée. On est loin des briquettes moulées à la chaîne à tous les coins de rue… la patte Yabani, c’est donc « de la nourriture haut de gamme. Mais pas dans le sens guindé…», explique Antoine nahas. « Je suis anxieux jusqu’au moindre détail, on promet une qualité irréprochable ». Des verres en cristal à la porcelaine ultra raffinée, en passant par le choix des baguettes, tout est mis en œuvre pour une table de grande qualité. Gestes précis, calme et sérénité, les assiettes se succèdent en une chorégraphie ordonnée. On y goûte à une cuisine contemporaine au plus près du produit, fraîche et raffinée. Des goûts subtils et surpuissants, à l’opposé de la cuisine japonaise « mayonnaiseuse » qui domine un peu partout. Du japonais rehaussé d’une touche maison, comme ce carpaccio de coquilles saint Jacques à l’huile de truffes, le black cod caramélisé ou la salade de crabe avec un soupçon d’agrumes ; ou encore cette finale de mochis – dessert traditionnel japonais constitué d'une glace enrobée dans une pâte de rizqui flatte les palais gourmands. Chacune de ces bouchées ciselées éveille tous les sens. en partant, on n'a qu'une envie : revenir très vite. |


New Temples New Pilgrims Camper_T78_Libano_LOfficielHommes_June_OR.indd 1

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LA LÉGENDE DE SHIGERU FILS D’UN cADRE cHEz ToyoTA ET D’UNE cRÉATRIcE DE moDE, L’ARcHITEcTE SHIGERU BAN A pASSÉ SoN ENFANcE DANS UNE mAISoN DE BoIS. D’ExTENSIoN EN ExTENSIoN, cETTE mAISoN ÉTAIT pERpÉTUELLEmENT occUpÉE pAR DES cHARpENTIERS. SHIGERU RAmASSAIT copEAUx ET BoUTS DE pLANcHES ET INvENTAIT DES STRUcTURES. RÉpERToRIÉ pAR TImES mAGAzINE pARmI LES pERSoNNALITÉS LES pLUS INNovANTES DU 21e SIècLE, cET ARcHITEcTE «Low TEcH» EST LE LAURÉAT DU pRIx pRITzkER 2014, LE NoBEL DE L’ARcHITEcTURE qUI DoIT LUI êTRE REmIS à AmSTERDAm cE 13 jUIN.

Le centRe PomPiDou-metz .

Photos DR

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Par F.A.D.


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La catheDRaLe (en caRton ) chRistchuRch, nouveLLe-zeLanDe.

D

e son enfance à Tokyo, Shigeru Ban, 56 ans, garde une passion pour le rugby et un joli coup d’archet au violon. Les nombreux voyages de sa mère à l’étranger pour les besoins de sa maison de mode créent en lui une curiosité insatiable pour toutes les cultures du monde. Habile de ses mains, créatif, il décide très jeune de devenir architecte. Il commence ses études à l’Académie des Beaux Arts de Tokyo dont il suit les cours du soir en même temps qu’il prépare son bac. Un jour, chez son maître Tomoharu Makabe, il tombe sur un article de John Hejduk, surnommé “l’architecte de papier”. Il décide de s’inscrire à la Cooper Union School of Architecture de New York, où enseigne Hejduk. Mais il n’y accèdera que quatre ans plus tard, après son BA, le règlement imposant le passage par un autre établissement. Fasciné par les travaux d’Alvar Aalto, son style s’affine et se rapproche de plus en plus de l’identité qui deviendra la sienne. C’est en 1985 qu’il ouvre son premier cabinet d’architecte à Tokyo. Son premier fait d’armes est d’avoir conçu des abris en tubes de papier pour les réfugiés de la guerre civile du Rwada, en 1994. Il est aussitôt engagé

par le Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés à titre de consultant. Shigeru Ban est, avec Jean de Gastines, le concepteur du Centre Pompidou-Metz. Il raconte volontiers que l’idée de ce bâtiment insolite lui est venue d’un chapeau chinois acheté à Paris. L’objet conique était fait d’un cannage de bambou recouvert de papier laqué et de feuilles de bananier, toute une leçon d’architecture dans un accessoire rudimentaire et usuel! A l’arrivée, ce musée est tout aussi impressionnant que son aîné, le mythique “Beaubourg” dessiné par Renzo Piano et Richard Rogers et déjà considéré comme un des bâtiments les plus représentatifs du 20e siècle. Sa surface de 8 000 m2 est entièrement réalisée en bois. La charpente est composée de modules hexagonaux et rappelle effectivement le cannage d’un chapeau chinois. Sous cette grande couverture, trois galeries, en forme de tubes parallélépipédiques, se superposent et se croisent. Leurs extrémités, semblables à de larges baies vitrées dépassant de la toiture, sont orientées sur différents points clés de la ville. L’ensemble évoque un vaste chapiteau entouré d’un parvis et de deux jardins, une


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PaviLLon Du JaPon, hanovRe, aLLemagne.

maison de fées (ou de Schtroumpfs, disent les esprits grincheux, mais pourquoi pas?) à l’échelle d’un musée. La légende veut qu’au moment où il apprit qu’il avait remporté le concours du centre Pompidou-Metz, Shigeru Ban ait demandé à Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture et de la Communication, l’autorisation de se faire construire un bureau sur le toit du Centre Pompidou de Paris. Autorisation accordée, à condition que cette salle de 115m2 entre en cohérence avec l’architecture existante et soit accessible aux visiteurs une fois terminée la mission de l’architecte. Ce bureau tubulaire a la particularité d’être…en carton. Matériau de prédilection de Ban, le carton compressé et moulé fait partie, en quelque sorte, de sa culture familiale. Il affirme que chez lui, tout était recyclé et qu’on ne jetait les choses qu’une fois prouvée leur inutilité définitive. L’avantage de ce matériau peu onéreux et durable est surtout la légèreté de son impact environnemental. Très vite, Shigeru Ban se fait une spécialité dans la conception de bâtiments et d’habitations rapides à construire pour les zones de catastrophes naturelles. Son chef d’œuvre est une

cathédrale de carton, la Christchurch édifiée à Canterbury en Nouvelle Zélande suite au tremblement de terre qui a dévasté la ville en 2011. Mais il est partout où la nature fait mal, au Japon, en Turquie, en Inde, au Sri Lanka, en Chine, en Haiti, en Italie, en Nouvelle Zélande, aux Philippines: Une école temporaire au Sichuan en 2008, une salle de concert à l’Aquila, en Italie, des abris en Haïti, en 2010, sans compter, lors du phénoménal tsunami de 2011 dans l’Est du Japon, les centaines de cloisons de papier installées dans plus de 50 abris collectifs “pour offrir plus d’intimité aux familles”. En 1995, Shigeru Ban avait déjà créé une ONG baptisée VAN (Voluntary Architect’s Network), qui mobilise tous ses membres, dans tous les pays du monde, partout où s’imposent des solutions de logement d’urgence. Le jury du Pritzker a salué “l’élégance et le caractère inventif de son travail et ses incessants efforts humanitaires”, ajoutant que “Shigeru a fait de notre monde un plus bel endroit”. L’architecte a simplement répondu “Je dois être prudent. Je dois continuer à écouter les gens avec lesquels je collabore”. | Voir aussi: Shigeru Ban par Philip Jodidio,Edition Taschen,2010 ( en vente chez Aïshti Home Collection). |


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L’homme qu’on regardaits’adorer narcissique, indécent et tape-à-L’œiL, dan BiLzerian est un goLden Boy dont Le compte instagram est devenu cuLte. mais BiLzerian se joue-t-iL de nous ? L’écrivain Baptiste rossi enquête sur ce petit-neveu connecté de tony montana.

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Par BaptISte roSSI | Dessin paul hollanD

D

an Bilzerian a beaucoup de passions, à commencer par lui-même. Son compte Instagram regorge tellement de photos de son visage lumineux d’autosatisfaction, qu’il est devenu le nouveau phénomène du réseau social, celui dont le buzz, comme une bulle financière, se gonfle chaque jour, au rythme des commentaires et des articles. Devançant rappeurs et pop stars, Dan Bilzerian est, de façon étonnante, l’idole au second degré d’un million et demi de followers. Mais que voit-on sur son profil que vous ne verrez pas ailleurs (par exemple, probablement pas sur le compte du nouvel Instagram-addict, le vice-président américain Joe Biden) ? Ce que l’on vient admirer, c’est un univers étrange, qui est le quotidien de Dan, et pas exactement celui dont vous rêvez pour vos enfants : un monde de jets privés, de parties de poker où l’on se passe assez facilement de smoking, un monde où toutes les filles font des choses assez indescriptibles mais visiblement agréables. Surtout, la vraie star, ce ne sont pas les armes à feu, le machisme ou l’insouciante légèreté d’être millionnaire : il y a un invité surprise à chaque photo, un fantôme d’abord caché, mais qui est le vrai aimant de notre curiosité. Celui qu’on cherche (et qu’on finit immanquablement par trouver), c’est l’ego de Dan : il est le héros véritable de chaque cliché. Dégoulinant à chaque image, ce narcissisme naïf et génial, macho et bling-bling,

connecté et global, fait de notre ami le fils caché et heureusement fictif de Booba et Miley Cyrus, un mégalo qui rend hystériques les réseaux sociaux. Mais un tel buzz est-il réellement justifié ? Devons-nous vraiment perdre notre temps avec un homme qui n’a pas peur de perdre le sien ?

M o no M a n I e C r é at I v e et C h a t o n S v I va n t S esthétiquement parlant, il faut dire d’abord que cet homme n’est pas démuni de tout talent. Chez lui, lui le play-boy américain, lui l’héritier oisif et horripilant, oui, chez lui comme chez les plus grands artistes, on retrouve la récurrence des mêmes thèmes, la monomanie créative, les lignes de force qui dessinent la mappemonde d’un imaginaire. Comme l’enfance chez Dickens, la famille chez Coppola ou la pourriture dans l’œuvre de Francis Bacon, Dan Bilzerian nous donne à voir ce qui, pour lui, commande son être-au-monde. oh, bien sûr, rien n’est très sophistiqué, et les ricaneurs pourront facilement répandre leurs sarcasmes obligatoires. oui, il y a beaucoup de filles nues. C’est vrai, cette passion des armes à feu est un peu lassante. Quant à la fameuse lubie des filles nues portant des armes à feu, et bien disons que Dan Bilzerian est un peu obsessionnel. enfin, on peut estimer qu’il n’est pas extraordinairement subtil de glisser partout (mais vraiment partout), des tables de poker jusqu’aux sexes féminins,


“untitled” (2008), photo impression couleur, autoportrait de l’artiste


dégouLinant à chaque image, ce narcissisme naïf et géniaL, macho et BLing-BLing, connecté et gLoBaL. des jacuzzis jusqu’aux piles de billets de banque, des chatons vivants. nous sommes dans un siècle très avancé, et personne ne mérite d’être l’instrument de délires dignes d’un clip de 50 Cent inventé par un millionnaire désœuvré, même des chatons, cher Dan (et je vous laisse deviner ce que je pense de l’application du procédé à votre petite amie). néanmoins, si l’on considère d’un simple point de vue pictural (et d’ailleurs Instagram est un réseau qui réunit, en théorie, ceux qui préfèrent les images aux mots, les selfies aux statuts, les jeux de filtres sépias translucides aux conversations infinies), l’œuvre de Dan Bilzerian n’est pas nulle.

v e r t I C a l e D u p o u vo I r prenez ce portrait qui, selon son auteur, est sa « carte de famille pour noël », et qui concentre de manière remarquable toutes les matrices, les nœuds borroméens, les noyaux de sens profonds et souterrains qui commandent à l’œuvre depuis le royaume des rêves, comme les quatre éléments de Bachelard : les filles, l’argent, les armes à feu, les chatons (dans cet ordre). Sur le cliché en question, on voit

notre ami sur un toit-terrasse, et une douce constellation de lumières figure derrière lui une ville endormie. assis, il tient droit un énorme fusil, qu’il appuie sur sa cuisse. Influence du portrait de louis XIv par rigaud ? verticale du pouvoir recyclée par ce monarque au regard intense ? toujours est-il que l’observateur attentif ne peut manquer un certain nombre de détails intéressants : un chat donc, mais aussi une montre probablement hors des moyens de gens moins fortunés et plus matures, un treillis militaire, et une croupe affriolante, dont la propriétaire est une fille à moitié nue. oui, même quand on ne voit pas très bien le rapport, Dan Bilzerian rajoute des choses improbables, et j’ai longtemps examiné le sol du toit-terrasse pour voir si ce n’était pas, en fait, des billets de banque agglomérés, mais il semblerait que non (Dan Bilzerian, parfois, nous déçoit un peu). et c’est cela qui est intéressant chez cet artiste provocateur, ce Marcel Duchamp 2.0 : son goût pour dynamiter la grammaire d’une époque, nos codes sociaux et nos petits conformismes. Ces quelques clichés Instagram, tous suintant d’argent et de vulgarité, bousculent nos normes morales et révolutionnent,


mon cet

par des associations libres, notre vision du monde. les surréalistes pensaient que le rêve, la combinaison absurde et délirante, l’équivalence poétique, derrière leur apparente obscurité (comme ce vers d’eluard, « la terre est bleue comme une orange »), permettaient d’apercevoir une vérité supérieure et, en provoquant le non-sens, mettaient à jour l’indécence et le conformisme d’une époque bourgeoise et aliénante. Dan Bilzerian ne fait pas des métaphores, mais sa passion pour accumuler sur une même photo tous les clichés d’une époque a quelque chose d’explosif. Il incarne, tel un artiste christique, les ridicules contemporains et, comme Duchamp subvertissait la Joconde, il sabote et triture les icônes de la société Facebook : la photo narcissique, le « lolcat », l’autosatisfaction sexy, la photo de vacances prouvant définitivement que oui, on y était. regardez bien ces photos : on éprouve, forcément, un malaise, une sorte de vertige : mon Dieu, c’est de nous que cet homme parle, ce sont, certes grossis, caricaturés, mis au carré, nos propres fantasmes de gloire, de vie facile, nos rêves de billets de banque innombrables. Cet homme nous ressemble, et nous sommes

dieu, c’est de homme parLe. des monstres. narcisse nous tend un miroir qui, au final, renvoie un inquiétant reflet. ainsi, Dan Bilzerian serait responsable de ce phénomène étrange : il nous procure, au-delà du rire, une certaine émotion. or, la compréhension de ses propres ridicules par la vision d’une image, qu’est-ce sinon la marque d’un grand poète contemporain ?

I nCon tI n enCe na rCISSIQu e alors, « l’affaire Dan Bilzerian » est-elle une performance artistique ? est-ce que ce joueur de poker jet-setteur, décérébré et ridicule, partage avec Jeff Koons, outre un nombre incroyable de zéros sur son compte en banque, une même volonté artistique ? est-ce que ce ne serait pas l’œuvre la plus géniale et la plus drôle de Jeff Koons, déguisé depuis six mois en nabab hétéro beauf radical, et qui mentirait à tout le monde, dans une sorte de canular hilarant ? Bilzerian, produit d’un andy Warhol se déguisant en nabilla ? Malheureusement, selon toute vraisemblance, il apparaît que Dan Bilzerian est sincèrement cet homer Simpson borné, nombrilo-centré et ras du plafond. tous ses clichés,

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maLaise […] nous que


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engoncé dans sa constante sérénité d’être Lui-même, iL ne se rend pas compte que nous nous rions de Lui. certains assez beaux, ne sont que des grotesques instantanés de son incontinence narcissique. Même si cela est assez compliqué à admettre rationnellement, un homme peut, de bonne foi, content de lui, en sifflotant, le cœur léger d’un certain optimisme sur le caractère joyeux de l’existence, mettre en ligne un autoportrait où, palpant les fesses d’une autre protagoniste, notre héros exhibe un monstrueux string porte-jarretelles en satin doré. (C’est une expérience à ne pas reproduire chez vous : il est probable que votre dignité s’oppose à toute réédition de ce geste, et vous risquez une déchirure du surmoi laissant des complications.) pourtant Dan Bilzerian, lui, ose, et à vrai dire c’est ce qui rend ce phénomène si fascinant. en effet, on pardonne beaucoup aux gens vulgaires, ou violents, ou égocentriques, pourvu qu’ils soient ambitieux, torturés, tendus vers un but. tout le cinéma de Scorsese s’emploie à nous faire aimer ces antihéros antipathiques mais émouvants dans leur inlassable tourment. Dan Bilzerian, lui, offre ce spectacle étonnant et somme toute assez rare : un homme heureux d’être un abruti. enkysté dans sa vie, engoncé dans sa consternante

sérénité d’être lui-même, il ne se rend pas compte que nous nous rions de lui. C’est un Dîner de cons en mondiovision, une séance de défoulement collectif sous panoptique. avec le cousin de province, le mari des pièces de boulevard, ou la cruche de plateau de télévision, Dan Bilzerian est donc un divertissement, le spectacle d’une bêtise trop contente de rester inchangée, la contemplation d’une insouciance comique. Dan Bilzerian, c’est François pignon tombé dans le loup de Wall Street. eh oui, la triste vérité est là. le phénomène Bilzerian dépasse tout ce que nous avions connu jusqu’à présent. Bien sûr, il joue sur tous les fantasmes, toutes les mythologies de notre monde, recycle ses discours et ses tropismes. Il y a, là-dedans, tout ce qui fascine la plupart des gens en 2014. l’indécence de l’argent, façon baignoires de marbre et tapis verts flamboyants. l’extraordinaire liberté de certains, capables de relier en quelques heures Dubaï à londres dans une même atmosphère de luxe élégant et impersonnel. l’hyper-virilité que vladimir poutine ou Daniel Craig (les sociologues se disputent sur la question) ont remis au goût du jour. un degré zéro de la finesse, recyclage de l’humour de


corps de garde relu par Judd apatow. l’insouciance, le profond bonheur, le paisible ravissement d’une jeunesse dorée qui fascine wannabe et déclassés.

l’amitié ou les selfies, elle est seulement plus visible, plus virale, insignifiante.

C e Q u ’ I l Fa u t S av o I r S u r D a n . . . BêtISe gloBa lISée l’héroïsation de soi, l’aventure de devenir le meilleur, le côté World is Yours que figurent ces fagots de M16 et ces parties de poker où s’affrontent des écuries de maharadjas globalisés. Ce compte Instagram, ce sont les confessions picturales d’un enfant du siècle, un siècle qui est le nôtre. Simplement, l’ampleur du « phénomène » tient à autre chose, de plus éternel, de mieux universel. Car, en même temps, tout cela est-il si neuf ? Depuis la nuit des temps environ, votre voisin, quand il détaille toutes les options intégrées de sa nouvelle voiture, se transforme en sinistre crétin. la mégalomanie, la complaisance, la vulgarité dégoulinante, cela existait même sous néron. D’ailleurs, s’il avait vécu sous la rome antique, Dan Bilzerian aurait probablement été un nouveau riche très énervant, qui vous aurait saisi la toge en plein forum pour vous montrer son nouveau glaive rutilant (peut-être découvrira-t-on bientôt à pompéi une mosaïque commandée par ce genre d’idiot, le regard fier, la main plongée dans une vasque à raisins ou posée sur un chaton incroyablement adorable). notre civilisation amplifie, manipule et déforme ce que nous connaissons depuis toujours. la bêtise bovine des hommes, grâce à Internet, ne change pas : propagée au même rythme que la démocratie,

1. Il a gagné 385 000 dollars au volant d’une Cobra 65, en mars 2011, lors d’une course organisée à las vegas. 2. en 2011, il a été impliqué, tout comme l’acteur tobey Maguire, dans une affaire de salle de jeux illégale. 3. Il a investi 1 million de dollars en 2013 dans le film lone Survivor, de peter Berg, avec Mark Wahlberg, pour s’y assurer un rôle. 4. a 25 ans ans, il a fait deux crises cardiaques (coke + viagra + alcool). en 24 heures. 5. Il a passé quatre ans dans l’armée américaine, a voulu s’enrôler dans les navy Seals, mais s’est fait virer deux jours avant son « diplôme » pour avoir insulté un officier. 6. Son père, paul, est un expert du rachat d’entreprise. Il a fait un peu de prison, quatre ans, et écopé d’une amende de 1,5 million de dollars pour fraude fiscale. 7. Quand il n’est pas sur Instagram, il filme… une très jeune porn star qu’il jette nue du haut d’un toit. et qui a déclaré avoir le pied cassé à la suite de cette « performance ». 8. Il jure avoir passé un an dans l’utah, dans une communauté mormone. 9. Il estime à 50 millions de dollars ses gains au poker. 10. Son compte Instagram est suivi par 1 411 665 abonnés et son compte twitter par 208 000 lecteurs. |




HISToRIEN D’aRT ET D’aRcHITEcTURE, GREGoRy BUcHakjIaN ENTREpREND UN LoNG TRavaIL DE pHoToGRapHIE SUR LES HaBITaTIoNS aBaNDoNNÉES DE BEyRoUTH. cETTE ENqUêTE ÉmoUvaNTE S’ÉToffE pETIT à pETIT, pREND DE L’ampLEUR, S’ENRIcHIT D’INTERvENTIoNS D’aRTISTES qUI, EUx aUSSI, oNT ImmoRTaLISÉ DES BâTImENTS EmBLÉmaTIqUES DU BEyRoUTH D’avaNT GUERRE, TRaNSfoRmÉS EN cHampS DE BaTaILLE ET DoNT cERTaINS, pRèS DE qUaRaNTE aNS pLUS TaRD, SoNT RESTÉS DÉSERTS, commE maUDITS. vISITE GUIDÉE. Par F.A.D.

GreGory buchakjian.

Portrait Zeina bassil.

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DÉTRUIRE, DIRENT-ILS


‘‘lovenest’’ alfreD taraZi.

Photo Dr.

“C

omment les lieux habitables et habités ont-ils été transformés après le départ de leurs habitants? “. Au lendemain de la guerre, dès les premiers coups de pioches de la reconstruction de Beyrouth, Gregory Buchakjian interroge et documente les ruines modernes de la ville. “Cette enquête, qui était au départ un travail plastique sur la ruine, a fini par devenir obsessionnelle. Mon travail de repérage devenait frénétique. Pour le canaliser un peu, j’ai décidé de le mettre au centre d’une thèse de doctorat en histoire de l’architecture que je défendrai bientôt à la Sorbonne. L’enjeu de cette thèse est l’étude des différentes manières dont se transforme un habitat. Chemin faisant, après avoir défini le cadre de ma recherche sur la base de “dormir, c’est habiter” (ce qui m’a permis d’inclure les hôtels), j’ai dégagé deux sortes de transformations, les unes banales, les autres, surtout celles dues à la guerre, certainement plus “sexy”. Pour la première catégorie, j’ai constaté que certains immeubles de la ville étaient déjà laissés à l’abandon bien avant le conflit. C’est le cas pour les habitations dont les propriétaires ont été expropriés par l’Etat dans la perspective, par exemple, d’un nouveau

plan routier. D’autres biens sont délibérément négligés par leur propriétaire à cause de la loi sur les anciens loyers, très contraignante pour le bailleur qui doit payer une indemnisation à ses locataires pour récupérer son local. Très souvent, une fois cette indemnisation versée, on laisse au locataire une jouissance provisoire du logement que les deux parties semblent s’entendre à laisser pourrir, l’une pour contraindre l’autre à partir, et l’autre parce qu’elle n’a ni les moyens ni l’intérêt d’entretenir un bien qui ne lui appartient pas. Nous avons aussi le cas de vieilles maisons classées au patrimoine national et qu’il est en principe interdit de détruire. Ce qui est frustrant pour les propriétaires, parce que les terrains sur lesquels elles se trouvent valent des fortunes. La tactique est de les laisser se dégrader au point qu’un beau jour, il suffit de prétexter l’explosion d’une bonbonne de gaz ou la mauvaise manœuvre d’un camionneur pour en justifier l’effondrement naturel”.

L ES “Gr A N DS hôT ELS” DE BEy rou T h on sait que tout au long des années 60 et durant les premières années de la décennie 1970, Beyrouth vécut une sorte


‘‘al qannas’’ ayman baalbaki.

‘‘china’’ raeD yassin.

d’âge d’or. Vitrine du Moyen orient, cosmopolite, occidentalisée, la capitale libanaise dégage alors luxe et joie de vivre sous un climat radieux au bord de la Méditerranée. C’est l’époque à laquelle de “grands” hôtels ouvrent leurs portes en bord de mer et remplacent les vieilles auberges pour accueillir une affluence toujours croissante de touristes attirés par les paillettes de la ville. Les plus emblématiques sont le Saint Georges et le Phénicia de la chaine Intercontinental avec leur architecture soignée et leur ameublement fastueux. Les pionniers sont le Normandy, l’Excelisor, le Palm Beach, le Martinez. Le Phénicia à lui seul est équipé de 600 chambres. Non loin de là, le holiday Inn vient tout juste d’ouvrir ses portes. C’est un building, une barre sans beaucoup de charme, érigée dans le prolongement d’un centre commercial, le centre Saint Charles. Il comprend un millier d’espaces habitables dont 500 sont des chambres d’hôtel. Le

dernier étage est équipé d’un restaurant tournant qui offre une vue panoramique sur la ville et permet de profiter du coucher du soleil sur la mer. Buchakjian raconte: “ En 1975, suite à la bataille du centre-ville non loin de ce quartier, un certain nombre de commerçants et d’habitants avaient trouvé refuge dans ces hôtels qui, à défaut de touristes, affichaient un certain taux d’occupation justifié par ce repli. En consultant les différents manifestes, j’ai été surpris de constater que même à cette période dangereuse, il y avait encore dans ces hôtels une activité d’habitation. A l’automne 1975, on raconte que les Phalangistes, milices chrétiennes, décident d’entrer dans la rue hamra, contrôlée par les Palestino-progressistes, pour prendre le contrôle de la Banque centrale. Ils traversent les rues Kantari et Clémenceau, arrivent jusqu’à l’église du rosaire (Wardiyé) et sont dispersés par leurs ennemis, ce qui les oblige à se réfugier


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‘‘booGie wooGie at the st GeorGe’’.

dans les hôtels, notamment le holiday Inn et le Phénicia. Sans doute, au départ, ce choix n’est-il pas stratégique mais précipité. Pendant ce temps, la faction adverse occupe la tour El Murr, l’une des constructions les plus élevées de Beyrouth, à un jet de pierre de là. une bataille sanglante et dévastatrice est engagée. A travers ces quelques bâtiments iconiques dont les images effarantes circulent dans le monde entier, c’est tout Beyrouth qui est défiguré. Ce premier round dont les principales victimes sont, entre autres, le directeur suisse du Phénicia et son chef cuisinier, s’achève par un statu quo, mais les combats reprennent un mois plus tard. Cette fois, le Saint Georges, le Phénicia, l’Excelsior, le Palm Beach et

le Martinez tombent aux mains des Palestino-progressistes. Entre chaque cycle, un cessez-le feu est conclu et les forces de l’ordre occupent les lieux. A chaque cessez-le-feu, on constate que les bâtiments sont de nouveau habités et les hôtels enregistrent à nouveau des clients. Mais les miliciens en profitent pour s’infiltrer, et les combats reprennent. Les archives de l’époque montrent que ces hauts lieux du tourisme furent pour les miliciens de surréalistes terrains de jeu. Derrière les lits et les armoires transformés en barricades, la moquette est brûlée, les murs sont tagués. Évidemment, les caves sont vidées et les bars, avec leurs pianos respectifs dont on ne joue pas de crainte d’être localisé, abritent le repos de ces


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carte Postale, joanna haDjithomas et khalil joreiGe.

guerriers de fortune. Le comble est que le holiday Inn n’était tenu, au plus fort de la bataille, que par six combattants phalangistes. A la fin, ils furent défenestrés.”

u N Th èM E A rTISTIqu E Les grands hôtels de Beyrouth, ajoute Grégory Buchakjian, c’est d’abord un cliché incontournable d’une certaine période historique de la ville. Si l’on se réfère aux films, notamment français, tournés au Liban dans les années 60, on retrouve toujours le même scénario et la même trame. que ce soit, par exemple, dans La Grande Sauterelle de Lautner, avec Mireille Darc (1967) ou dans Echappement libre de Jean Becker avec Jean Paul Belmondo et Jean Seberg (1964), il s’agit toujours d’une histoire d’espionnage et de trafic qui commence à l’aéroport, se pose au Phénicia ou au Saint Georges, avec une séquence dans les souks et une course poursuite dans le pays profond. Ce quartier de Beyrouth dégage une telle aura, entre soufre, glamour et tragédie, qu’il ne peut être effacé en quelques coups d’obus de mortier et continue à fasciner une nouvelle génération d’artistes qui grattent encore la patine du fameux Age d’or dans l’espoir d’y trouver la trace d’une pépite. C’est le cas d’Ayman Baalbaki, qui a peint le holiday Inn en contre-plongée sous le titre “Al qannas” (LeTireur embusqué), mais également la Tour Murr. Ayman Baalbaki utilise pour ses huiles des supports de récupération, en général

des nappes usagées ou de vieux draps fleuris dont les motifs émergent parfois sous la matière peinte. Ecrivain et illustrateur, Mazen Kerbage a, pour sa part, publié un ouvrage sous le titre évocateur “Lettre à la mère”, adressé à Beyrouth et dans lequel il représente lui aussi la structure fantôme et décatie du holiday Inn. L’hôtel – et le centre dont il fait partie – a été dernièrement proposé aux enchères, et une transaction aurait été conclue; mais il dresse encore sa silhouette désolée en plein cœur de la ville, souvenir indélébile des moments les plus sombres de la guerre civile. L’artiste pop Zeina el Khalil, dans une de ses œuvres les plus anciennes, un collage ironiquement intitulé “American dreams”, montre un combattant auréolé d’étoiles accoudé à son arme entourée d’un trait doré et décorée d’un portrait de la sainte Vierge, devant une photo du holiday Inn envahi par la fumée. Plus récemment, dans “Boogie Woogie at the Saint George”, elle représente le mariage de ses propres parents dans cet hôtel mythique aujourd’hui quasi à l’abandon, hormis sa plage, en raison d’un conflit entre le propriétaire et la société immobilière Solidere. Enlaçant pratiquement les jeunes mariés, un combattant torse nu, bardé de cartouchières et armé d’un kalachnikov, ne dénote pas dans ce curieux tableau de la Dolce Vita accentué par la présence d’une Vespa emportant un nouveau couple, radieux, vers un avenir pavé de fleurs vénéneuses.


‘‘lettre À la mÈre’’ maZen kerbaGe.

‘‘city life’’ mouna b. sehnaoui.

Le vidéaste Ghassan halwani a créé un clip d’animation existentiel et angoissant sur une chanson grinçante de Tamer Abu Ghazaleh, baptisé “Takhabbot” (Confusion). Les silhouettes du holiday Inn et du Phénicia s’y profilent et le protagoniste erre sous le soleil non sans rappeler l’etranger de Camus. Avec tout autant d’humour, la graphiste Lamia Ziadé représente dans une illustration extraite de son livre “Bye Bye Babylone” une scène où les combattants sont réfugiés dans la buanderie du holiday Inn parmi les sacs de linge. Plus sinistre est le montage photographique où elle montre un milicien tenant en laisse le cadavre de sa victime devant le holiday Inn en flammes. Travaillant lui aussi sur des documents photographiques, Alfred Tarazi a réalisé plusieurs collages et montages, dont “Tunnels” et “Love nest”, où l’on voit la silhouette du holiday Inn hanter, avec des effets saisissants, l’imaginaire de la ville. Le moins subtil de tous n’est certes pas raed yassine qui a choisi le plus fragile des supports, un vase de Chine, pour l’illustrer dans la plus haute tradition yuan d’une scène de la guerre du holiday Inn où l’on voit les combattants défenestrés avec leurs armes. Mouna Bassili Sehnaoui, pourtant réputée pour la fraicheur presque naïve de sa palette, a elle aussi représenté dans une de ses toiles les plus sombres, malgré un camaïeux éclatant d’aplats jaune sable, un immeuble aveugle autour duquel

on aperçoit en tout petit une activité suspecte de combattants qui courent et d’autres qui occupent le toit à des fins qui ne font aucun doute. Le binôme d’artistes et cinéastes Joanna hadjithomas et Khalil Joreige a, pour sa part, inventé une histoire autour d’une série de cartes postales brûlées. Ils ont imaginé un photographe, du nom d’Abdallah Farah, auquel l’Etat libanais aurait confié la mission de produire des clichés destinés au tourisme. La ville de Beyrouth et la riviera libanaise sont les principaux sujets de cet opus. “ Dès le début de la guerre, et particulièrement à partir de l’automne 1975, Abdallah Farah a brûlé de façon méthodique les négatifs des images ayant servi à produire ces cartes postales conformément aux batailles de rues et aux bombardements qui se déroulaient alors, suivant ainsi la trajectoire des projectiles et les destructions qui en résultaient.” C’est ce que racontent les deux artistes pour illustrer leur série de paysages brûlés, comme saisis au vif des combats. De même que la littérature, les arts plastiques n’ont pas fini, au Liban, de représenter la guerre dans toute sa violence, son ironie et son absurdité. Parmi les lieux désertés au cours de cette interminable épreuve, certains ont été réhabilités, d’autres le seront sans doute un jour, d’autres enfin sont restés occupés par intermittence. Mais tous abritent des spectres, des vies gâchées, un élan interrompu, une tristesse qu’on a encore du mal à ripoliner. |


sTaR Du momenT. avec La F-TyPe, DisPonibLe en couPé DePuis Peu, La maRque ReTRouve La magie De La TyPe e.

Photos DR

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La F-TyPe, couPé ou RoaDsTeR, oFFRe une concuRRence cRéDibLe aux PRoDucTions PoRsche. eT queL bRuiT !


Jaguar a retrouvé le moJo Quoi de neuf dans l’automobile ? Jaguar ! la vénérable marQue britanniQue, née en 1922, a troQué depuis QuelQues temps la veste en tweed pour le perfecto, sans rien perdre de son âme, grâce à une gamme de plus en plus sexy. et ça marche fort, ainsi Qu’en attestent des ventes mondiales en hausse de 42 % l’an dernier. histoire d’une mutation. Par Pierre-Olivier Marie

au T OP du sT y l e a la tête du département design de la marque depuis 1999, l’ecossais ian Callum, après avoir officié chez Ford et TWr design, exerçant son art sur les aston Martin dB7 et vanquish, s’est éloigné du style élégant mais passéiste de son prédécesseur, Geoff lawson. Ce dernier avait signé les s-Type et X-Type, qui peinaient à convaincre les jeunes générations. le credo de Callum, paru dans le sunday Times : « les Jaguar doivent être perçues comme des voitures cool, car les voitures cool attirent les gens intéressants, à la pointe. » On lui doit les très contemporaines berlines XF et XJ, et la it-car du moment, la F-Type. lors

de sa présentation en 2012, Callum sera salué comme l’un des hommes de l’année par le magazine Top Gear en ces termes : « le génie de ian Callum réside à la fois dans le respect des proportions classiques et parfaites de ses voitures et dans la façon dont elles continuent à vous intriguer et vous inspirer même une fois l’effet de nouveauté estompé. » d’autres récompenses suivront en 2013 et 2014, entre autres, le titre d’innovateur industriel de l’année, décerné devant un parterre de 700 personnes au dernier salon de detroit.

de s JaG’ P Ou r T Ou s Ou presque. la renaissance de la marque passe par la mise en œuvre d’une stratégie cohérente… et rock’n’roll, avec de gros moteurs pleins de chevaux à l’intérieur. Trop sage, la familiale XF ? Qu’à cela ne tienne, on lui greffe un v8 5 litres à compresseur de 510 ch ! ensuite, on porte sa puissance à 550 ch, on boulonne un aileron pelle à tarte sur la malle, on revendique une vitesse maxi de 300 km/h, et on présente l’ensemble sous une robe bleu pétard, « French racing blue ». d’autres teintes sont disponibles mais, signe d’une volonté de rupture, le classique « British racing green » passe à la trappe. les clones de david Cameron s’intéresseront à la grande berline XJ, et les papas dynamiques attendent avec impatience la commercialisation d’un suv, prévue pour 2016, un an après celle d’une petite berline, la Xe, appelée à titiller la BMW série 3. en attendant, la

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aites le test autour de vous : demandez ce qu’évoque spontanément Jaguar, et l’on vous parlera de moquettes épaisses, de cuir, de bois, mais aussi d’électricité défaillante, de corrosion et de flaques d’huile sous le moteur. Puis viendront à l’esprit ces berlines XJ abonnées aux 110 km/h sur la voie de droite de l’autoroute, menées par de placides quinquagénaires à pull-over trop large, pantalon en velours côtelé et fumant la pipe. Mais ça, c’était avant. avant le rachat de la marque en 2008 par le groupe indien Tata qui, six ans plus tard, se matérialise par cette simple constatation, partagée dans le monde entier : Jaguar est redevenue une marque cool. voici comment.


TRois vicToiRes aux 24 heuRes Du mans (1955, 1956 eT 1957) onT FoRgé La LégenDe De La TyPe D. un exemPLaiRe a éTé aDJugé 3,7 miLLions D’euRos en FévRieR.

La maRK 2 (1959-1967) éTaiT L’une Des beRLines Les PLus PeRFoRmanTes De son TemPs. genTLemen eT gangsTeRs en RaFFoLaienT.

De La TyPe e, enzo FeRRaRi DiT qu’iL s’agissaiT De La PLus beLLe voiTuRe Jamais PRoDuiTe. eLLe a inTégRé Les coLLecTions Du moma, à new yoRK.

TRio gagnanT. De g. à DR., Tom hiDDLesTon, siR ben KingsLey eT maRK sTRong, Les acTeuRs bRiTanniques convoqués PouR La camPagne De Pub JaguaR.

Photos DR

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Lancée en 1948, La xK 120 FuT chRonoméTRée à 200 Km/h L’année suivanTe PaR un magazine améRicain. La PRemièRe sPoRTive De L’èRe moDeRne.


L’homme Du changemenT. Le DesigneR ian caLLum.

coLLab’ De Luxe. Le maLLeTieR moynaT a Donné TouTe sa mesuRe PouR LivReR un « bagage » D’un genRe TRès sPéciaL qui éPouse Les couRbes Du coFFRe.

gamme F-Type attire les projecteurs. Moins d’un an après le roadster, aussi flatteur à l’œil qu’à l’oreille grâce à un système d’échappement conférant une ambiance 24 Heures du Mans, c’est l’époustouflant coupé qui est entré dans la danse au mois de mai.

une communication inédite aura précédé le lancement du coupé F-Type, modèle dont l’une des missions est de dépoussiérer durablement l’image de la marque. lors du super Bowl, où le tarif moyen d’un spot publicitaire de trente secondes avoisine les quatre millions de dollars, Jaguar a joué le premier acte hollywoodien de sa nouvelle campagne de promotion sur le thème : « it’s good to be bad. » soit un spot d’une minute intitulé « rendez-vous » et filmé à londres par Tom Hooper (le discours d’un roi), mettant en scène trois acteurs, au premier rang desquels sir Ben Kingsley, incarnant les méchants façon James Bond. l’idée est de jouer sur le cliché du « British villain », mauvais rôle dont les acteurs britanniques se verraient systématiquement affligés dans les films. et nous vous laissons le soin de deviner en quoi roulent ces « villains » au charme vénéneux… d’autres spots sur ce thème ont été tournés pour le web, dans lesquels la marque se plaît notamment à se moquer de la Porsche 911 et de sa propension à perdre ses moyens sur chaussée glissante. Ce qui n’est plus vrai, mais Jaguar aime à cultiver certaines idées reçues quand cela sert ses intérêts… Parmi les autres ambassadeurs recrutés pour le lancement de la F-Type, citons la chanteuse pop lana del rey, le comédien damian lewis (Homeland) ou le footballeur david Beckham.

le changement d’image passe aussi par des collaborations prestigieuses… et inattendues, comme ce bagage réalisé spécifiquement par Moynat pour s’adapter au (petit) coffre de la F-Type, récemment dévoilé à l’occasion de l’ouverture de la boutique londonienne de la marque. neuf cents heures de travail ont été nécessaires pour réaliser ce bijou sur mesure, dont la structure est formée de huit couches de bois, elles-mêmes recouvertes d’un cuir au tannage végétal teint en gris ardoise. raffinement suprême : la bête renferme une trottinette électrique. le prix ? il s’agit officiellement d’un « concept-trunk », donc non encore commercialisable… sinon, la marque propose un set de bagages spécifiques certainement plus pratiques, mais nettement moins chic.

MOdèle de Busin ess Bien sûr, rien de ce qui vient d’être évoqué n’aurait été possible sans le rachat de la marque par le groupe indien Tata, à la faveur d’un drôle de pied de nez qui voit l’ancien colonisé s’offrir l’un des joyaux de la couronne britannique. et celui-là déploie de grands moyens, comme en attestent les 3,5 milliards de livres investies dans le groupe Jaguar land rover pour l’exercice 2014/2015. C’est beaucoup d’argent, mais les résultats sont là : Jaguar a réalisé en 2013 sa meilleure année depuis 2005, avec près de 77 000 voitures vendues à travers le monde, en hausse de 42 % (+ 44 % aux usa, + 33 % en asie Pacifique, + 17 % en europe). et 2014 s’annonce meilleure encore, avec au premier trimestre une progression de 19 %. The cat is back ! |

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sur le THèMe : « iT’s GOOd TO Be Ba d »

Pa r T e n a i r e s Pa r T i C u l i e r s


CHANEL S’OFFRE LA LUNE DANS L’UNivERS DE L’HORLOgERiE, Où LES RépUtAtiONS SE CONStRUiSENt SUR DES FONDAtiONS CENtENAiRES, LA mAiSON DE LA RUE CAmbON FAit FigURE D’ExCEptiON. EN mOiNS DE qUiNzE ANS, LA gRiFFE DE mODE S’ESt impOSéE DANS LE pAySAgE gRâCE à LA CéRAmiqUE Et à UNE NON-COULEUR, LE NOiR. qUi L’Eût CRU ?

Défi TeChnologique. les monTRes « J12 », aPRès l’éTaPe Du gRavage.

Photos DR, Chanel

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Texte Aymeric mAntoux


D’

en rupture avec les codes du marché. Des bonnes fées horlogères ont dû se pencher sur son berceau, puisqu’elle a tout d’une grande. ce n’est certes pas la première fois que la céramique est utilisée, mais, jusque-là, le monde du luxe la dédaignait, et l’horlogerie encore davantage. Pourtant, ce mélange complexe de zirconium et d’yttrium présente la caractéristique d’être quasiment inrayable. une vraie prouesse à l’heure où les porteurs de montres de luxe, contrairement aux premiers âges de l’horlogerie, affichent leurs toquantes au poignet pour travailler, faire du sport ou partiren vacances. Le résultat se fait rapidement sentir, la « J12 » est un immense succès, renforcé par le lancement en 2003 d’une version plus féminine en céramique blanche. Par la suite, le boîtier d’origine de 38 mm est constamment réinterprété dans d’innombrables versions qui se sertissent de diamants, y compris dans des modèles 100 % sertis jusqu’au bracelet. un mouvement manufacture, le calibre 3125, est développé avec Audemars Piguet, ce qui permet à chanel de devenir une marque horlogère à part entière. Les complications achèvent de lui donner ses lettres

« LA CéRAmiqUE S’ESt impOSéE COmmELA mAtièRE iDéALE » en 2000, à l’issue de sept années de recherche et développement, chanel dévoile une montre entièrement et parfaitement noire. une petite révolution dans un monde conservateur dans lequel l’or et l’acier d’un côté, les montres bijoux de l’autre, dominent le marché. un pari également puisqu’il est communément admis que le noir n’est pas une couleur… sauf dans la mode, justement, où la petite robe noire a toujours porté chance à Gabrielle chanel. novatrice, la « J12 » – c’est son nom, inspiré à son créateur, Jacques Helleu, par celui du bateau d’entraînement du baron Bich pour l’America’s cup au début des années 1980 – l’est à plusieurs titres. Sur le plan technologique tout d’abord, elle est en céramique, une technologie que peu d’industriels du luxe maîtrisent, teintée dans la masse, un exploit. Design contemporain, clairement identifiable, elle possède l’atout rêvé d’être unisexe, d’être aisément déclinable dans des versions de boîtes homothétiques, de pouvoir évoluer à partir d’une montre simple vers des modèles plus élaborés, et d’offrir un look sportif,

de noblesse, avec le chronographe, le tourbillon, la Gmt, la rétrograde mystérieuse… L’hiver dernier, une nouvelle déclinaison de la collection propose, pour la première fois, au cœur de son cadran, une phase de lune. continuant à filer la métaphore si bien contée de la céramique comme métal précieux, la « J12 » se réinvente sans se perdre. La série des « moonphase » prouve qu’on peut jouer à la fois la carte du raffinement esthétique dans ce qu’il a de plus contemporain et celle de l’excellence technique. mais surtout, que chanel a eu bien raison de ne pas se contenter de faire fabriquer des montres sous licence juste frappées de son logo. en créant et en développant ses montres « in house », et en les faisant fabriquer dans ses ateliers, la maison de la rue cambon applique à l’horlogerie ce qu’elle fait déjà dans la mode ou la maroquinerie, elle contrôle tout. Alors certes, cette année est avare de nouveautés masculines chez chanel, mais la maison a prouvé que le champ des possibilités de la « J12 » était infini. il n’est donc pas permis de douter de ses évolutions encore à venir.

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ordinaire dans les manufactures horlogères, les matériaux les plus fréquemment utilisés sont les plus précieux : l’or, le platine, les diamants figurent au panthéon des matières premières les plus recherchées, et ce, depuis des siècles. A tel point que, lorsque dans les années 1970 Audemars Piguet, l’un des plus grands noms de l’univers horloger suisse, commercialise une montre de luxe 100 % acier, ou qu’au tournant des années 2000 richard mille propose des garde-temps élaborés à partir de matériaux composites high-tech, les plus éminents spécialistes rient sous cape. inutile de dire qu’il en va de même quand, en 1987, à La chaux-de-Fonds, la division horlogère de chanel est portée sur les fonts baptismaux. Les grandes marques horlogères ont l’habitude de voir débarquer des grands noms de la mode, soucieux de produire ou de faire fabriquer par des sous-traitants des montres à leur image. Pour eux, l’arrivée de la maison de haute couture par excellence n’est pas différente. ils vont pourtant rapidement déchanter.


2000 la PRemièRe « J12 » en CéRamique.

2011 la « J12 ChRomaTiC » en CéRamique De TiTane.

2003 la soRTie Du moDèle blanC.

2008 le mouvemenT manufaCTuRe.

2013 la ColleCTion « moonPhase ».

2014 la « J12 inTense blaCk ».

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n icoL A S BeAu, Di r ect eu r i n t e r nAt ionA L De L’ H o r L o G e r i e c H A n e L , r A c o n t e L A « J1 2 ». Pourquoi avoir misé sur la céramique ? L’histoire de la céramique chez chanel commence avec le lancement de la « J12 » noire en 2000. nous voulions créer une montre d’un noir profond et inaltérable : la céramique s’est imposée comme la matière idéale pour obtenir cette couleur noire intense, qui ne résulte pas d’un traitement de surface, mais d’un travail dans la masse. cinq ans de recherches ont été nécessaires pour mettre au point cette formule unique, brevetée. La résistance inégalée de la céramique aux rayures et à l’usure confère à la « J12 » la qualité durable que nous exigeons pour toutes nos créations. De plus, la céramique noire souligne le design architecturé de la « J12 » et intensifie la force de ses lignes sportives. Pour un joaillier, c’était osé à l’époque. Et maintenant ? même si chanel n’était pas la première à utiliser la céramique, chanel a été pionnière dans sa démarche faisant de la céramique un matériau précieux dans l’univers de l’horlogerie, aux côtés de l’acier et de l’or. notre démarche a été la même en joaillerie avec la collection « ultra ». L’originalité de la céramique a vécu, tout le monde l’utilise à présent. Quels sont désormais les intérêts de ce matériau pour vous ? Depuis 2000, chanel ne cesse d’innover : d’abord avec la céramique blanche en 2003 qui a lancé une tendance de fond, puis avec la céramique de titane, créée en 2011 pour la « J12 chromatic ». cette nouvelle céramique est née du

désir d’inventer une nouvelle couleur. Quatre ans ont été nécessaires pour relever ce défi technologique. Les procédés de fabrication sont très différents de ceux de la céramique high-tech. Surtout, compte tenu de la dureté extrême de la céramique de titane, la phase de polissage est trois fois plus longueet complexe. Le polissage est réalisé à base de poudre de diamant. La « J12 » a bien évolué depuis ses origines, comment la qualifiez-vous aujourd’hui ? La « J12 » est souvent qualifiée de première icône horlogère du xxie siècle. Plus simplement, elle est devenue une valeur sûre, elle fait partie de ces modèles que l’on porte avec plaisir, que l’on redécouvre quand vient l’été pour ses versions blanches ou le soir pour ses versions précieuses serties diamants. La dernière phase de lune est une vraie complication horlogère, marque-t-elle un tournant ? La « J12 moonphase » n’est pas notre première « J12 » à complication. nous poursuivons un travail initié en 2005 avec le lancement de la « J12 tourbillon », puis il y a eu la« J12 rétrograde mystérieuse » en 2010. Après la « J12 moonphase » lancée l’an dernier, cette démarche se poursuit avec la « J12 tourbillon Volant » présentée à Bâle en mars dernier. Peut-on imaginer des « J12 » sans céramique ? La « J12 » incarne avant tout un style. Ses formes, ses proportions et ses couleurs sont plus importantes que le matériau lui-même. La réponse est donc oui. D’un autre côté, la céramique apporte une telle lumière, une telle qualité que la matière capable de la remplacer n’est pas encore née. |


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sébAstien siMon A le vent en poupe A lA bArre du bretAgne-Crédit Mutuel espoir pour deux sAisons, le skipper vendéen sébAstien siMon, 24 Ans, serA l’une des AttrACtions de lA solitAire du FigAro-eriC boMpArd CACheMire. portrAit.

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Par ArnAud rAmsAy


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ans une vie, il y a des moments qui font basculer votre existence. Les semaines qui se profilent, possiblement à double tranchant, revêtent ce caractère pour sébastien simon, 24 ans depuis le 6 mai. A quelques vagues du départ de la 45e édition de la solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire, donné depuis deauville le 8 juin *, le marin doit rendre son mémoire. Les thèmes : la conception et le dimensionnement d’un dériveur tracté par kite

été nécessaires – organisées par le pôle Finistère Course au large de Port-la-Forêt et se voit remettre les clés d’un Figaro, comme d’autres avant lui tels Franck Cammas, yann Eliès ou Armel Le Cléac’h. Il n’en oublie pas ses études pour autant : il est sur le point d’obtenir son diplôme d’ingénieur structures et composites à l’EnsCBP Bordeaux. « Avant, les marins étaient de vrais aventuriers, explique-t-il. Ce sont aujourd’hui plutôt des techniciens, de plus en plus diplômés, capables à terme

Photo Eloi Stichelbaut / Bretagne CmB

ainsi que la gestion d’un projet de course au large. Il le soutiendra en juillet, à son retour de la solitaire, effectuée à bord du Figaro Bretagne-Crédit mutuel Espoir. « Tout s’enchaîne très vite », se félicite-t-il. rien n’est laissé au hasard chez l’ambitieux et déterminé skipper. navigation estivale précoce dans le golfe de Gascogne et en Bretagne avec son père, conseiller en patrimoine et son premier supporter. Puis compétition dès l’âge de 12 ans avec le national OptimistPetit Bateau, qui se déroule chez lui, aux sables-d’Olonne. Il enchaîne les régates, passe au dériveur double, le 420. En 2011, il est choisi comme tacticien par sylvain Pélissier en J80 et enlève le Grand Prix du Crouesty. « La voile fait partie de ma vie depuis toujours », résume-t-il. Le Vendéen ne relâche pas ses efforts, s’illustre en m34 avec Jimmy Pahun sur région Ile-de-France. dans son escarcelle, une sixième place au Tour de France à la voile et un podium aux Championnats du monde 420 à Valence. Fort de ce bagage, il se présente à la sélection du Challenge Espoir Bretagne-Crédit mutuel, réservé aux moins de 25 ans. Il remporte les sélections – 13 manches auront

de concevoir leurs propres bateaux. ma formation d’ingénieur est un plus. » Ce profil et cette maturité rappellent François Gabart, vainqueur en 2013, à 30 ans, du Vendée Globe, tour du monde en solitaire et sans escale, dont il a établi le nouveau record. En début d’année, sébastien simon a eu le privilège de naviguer une journée à bord de son bateau avec Gabart. « Je l’ai contacté car son parcours m’impressionne. Il m’a donné des conseils, m’a rassuré au niveau de mes réglages. » de quoi aborder la solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire avec appétit. « Cette course, c’est l’élite de la course au large. J’ai l’esprit de compétition. Quand j’entreprends quelque chose, ce n’est pas simplement pour participer… » Le Breton d’adoption aspire à terminer premier bizut. mais il n’est pas monomaniaque. depuis le lycée, sébastien simon pratique avec assiduité le snowboard et le surf. « Je ne peux pas m’en passer. Ça fait du bien de se changer les idées », sourit-il. | * 2 014 milles nautiques en quatre étapes, via Plymouth, Roscoff, Les Sables-d’Olonne et enfin Cherbourg-Octeville, le 6 juillet. www.lasolitaire.com - www.eric-bompard.com

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« les MArins […] sont Aujourd’hui plutôt des teChniCiens. MA ForMAtion d’ingénieur est un plus. »


tandeM verni Les deux canadiens david MackLovitch et Patrick GeMayeL vont faire danser votre été. Par Baptiste piégay


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n quatre disques et des dizaines de concerts, leur musique voyage d’influence en influence. Désignés ambassadeurs de la réconciliation des peuples, les deux garçons – l’un (patrick gemayel alias pee thugg) est de culture arabe, l’autre (David Macklovitch alias David 1), de culture juive –, se sont rencontrés à Montréal, sans en faire toute une histoire. La leur s’écoute autant qu’elle se lit. ils nous l’ont racontée d’une seule voix depuis l’autre bout du monde.

Comment sonne la musique dans vos rêves ? incroyablement tangible. Ça fait presque peur. Dans son livre L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Oliver sacks raconte l’histoire d’un type persuadé que la radio était allumée alors que sa maison était silencieuse. apparemment, c’est la même partie du cerveau qui est stimulée lorsqu’on rêve de musique. Quelles paroles pourriez-vous vous faire tatouer ? “Started From the Bottom”, le titre de Drake.

Vous menez de front plusieurs projets parallèles. Est-ce sain et facile ? Est-ce comme avoir plusieurs petites amies ? Rien n’est facile, mais c’est en effet sain. Ça équilibre. Cependant, ce qui se passe en ce moment avec Chromeo permet d’y intégrer nos autres centres d’intérêts. Nous travaillons sur la scénographie, l’identité visuelle, les vidéos, le merchandising. pour te répondre, nous avions plusieurs maîtresses clandestines, et aujourd’hui nous les hébergeons sous nos toits.

Photo DR

Quand vous serez fatigués de donner des concerts, pourriez-vous envisager d’envoyer des hologrammes jouer à votre place ? Hélas, non. ils ne peuvent pas parler, et nous racontons des trucs différents chaque soir… En 2013, David Macklovitch a été élu le professeur le plus sexy de l’université de Columbia, où il enseigne le français… C’est si bien que ça, la fac aujourd’hui ? Nous avons trouvé ça plutôt cool dès le début. Venant du Canada francophone, nous n’avions jamais vu des gamins américains preppy. Comment faisaient-ils pour avoir des cheveux parfaits ? Leur élégance désordonnée nous fascinait.

Comment définiriez-vous la mode en deux mots ? Deux, et une virgule : style, commercialisé. Vous sentez-vous comme un groupe canadien ? Non. Nous nous sommes rencontrés à Montréal, ville bilingue, cosmopolite, avec un lycée français excellent, et plein de super boutiques de disques. Ce sont ces éléments qui ont nourri Chromeo et, en eux-mêmes, ils ne sont pas canadiens : l’école était française et la musique, américaine. Comment dansez-vous ? Fred Astaire ou Michael Jackson ? plutôt comme elaine dans Seinfeld. Vous avez développé une esthétique très cohérente. Quels processus créatifs suivez-vous ? pour les pochettes de disques, nous travaillons avec surface to air, nos directeurs artistiques. Nous leur donnons le titre de l’album, et ils suggèrent un concept narratif. avec Fancy Footwork, c’étaient les jambes féminines qui faisaient office de pieds des claviers, sur Business Casual, c’était la figure emblématique de la femme active sexy, pour White Women, c’étaient les jeunes mariées. Nous travaillons à partir de croquis, puis nous trouvons un photographe. J’ai gardé tous ceux qu’avait réalisés Charlotte Delarue de surface to air sur les précédents albums. On discute de polices typographiques, de références. après, c’est une question d’exécution. Quel est votre bâtiment préféré ? Le siège du parti communiste français, dessiné par Oscar Niemeyer, place du Colonel-Fabien, à paris. | “White Women”, de Chromeo (Parlophone/WEA).

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Quel est l’endroit le plus singulier où vous ayez joué ? Dans un festival aux pays-Bas, en face d’un lac… On a promis 50 euros à celui qui sauterait dans l’eau. trois mecs l’ont fait et nous ont réclamé l’argent. Nous n’avions pas assez sur nous !

La musique se doit-elle de parler de politique ? Est-ce que l’entertainment a un devoir moral ? il n’y a aucune obligation. elle peut en parler, comme elle peut parler de licorne et de nénuphars. C’est ce qui fait sa beauté. La question de l’entertainment et de la morale est intéressante. aujourd’hui, dès que vous devenez une figure publique, vous avez, si ce n’est un devoir, du moins une responsabilité. Les gens prêtent attention à ce que vous dites et certains vont vous suivre. C’est une chance d’être une source d’inspiration. elle peut être morale ou immorale, aller contre les conventions et les normes, et elle le devrait probablement ! plus que jamais, nous pouvons faire passer un message, être des vecteurs culturels, partager du savoir. Kanye West a admirablement réussi à éduquer une génération de gamins en leur parlant de mode et de design. Hendrix n’avait pas besoin de faire tout ça, mais être un artiste dans cet âge des médias l’implique.


tequilA ! Shot. Avec du citron et du Sel. MAiS pAS SeuleMent. lA téquilA Se Sirote, Se MélAnge. lA téquilA A pluSieurS SAveurS, pluSieurS couleurS, pluSieurS âgeS. lA téquilA eSt un eMblèMe et non pAS uniqueMent lA ceriSe Sur le gâteAu d’une beuverie.

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a téquila est au Mexique ce que la vodka est à la russie, l’ouzo à la Grèce, le Bordeaux à la France, le saké au Japon ou l’arak au Liban : l’alcool national. Sa renommée audelà des frontières a commencé vers le milieu du siècle passé. Pourtant, la culture de l’agave remonte à l’époque préhispanique du Mexique. au-delà de sa production, du savoir faire traditionnel lié à sa distillation, la téquila est un alcool de plus en plus à la mode. un alcool qui est masculin au Mexique et féminin en français. un alcool dont l’histoire est une légende. Mayahuel était une jeune et belle déesse aztèque. Tombant amoureuse du grand dieu Quetzalcóatl, elle abandonne sa maison. Sa terrible grand-mère ordonne de tuer les deux amants. Pour ne pas être retrouvés, ils se transforment en deux branches d’un arbre au feuillage touffu. Mais Mayahuel meurt, mangée par les étoiles. Sur son corps enterré pousse la première plante d’agave (dont est extraite la téquila). Brûlée par l’éclair d’une tempête provoquée par les dieux en colère, la plante qui a perdu ses feuilles pointues laisse couler un doux nectar au goût de miel et au parfum séduisant: le sang de Mayahuel qui se déverse du cœur de l’agave. depuis ce jour, ce nectar est devenu une boisson rituelle et une offrande à la déesse de la fertilité qui alimentait 400 enfants en plus des siens. Cette boisson aztèque s’appelait aguamiel. Connue depuis le début du 16e siècle, ère de conquêtes et de

découvertes, la téquila doit ses lettres de noblesse internationales au cinéma. Le cinéma ranchero des années 40 et 50. Buvaient la téquila, les rancheros bien virils, macho, bagarreurs et jolis cœurs. des hommes qui jouaient aux cartes, tapaient sur la table quand ils perdaient, et chantaient la beauté des femmes, accompagnés par des mariachis. un vrai stéréotype, certes, de la cantina où des alpha males se retrouvaient entre eux, aucune femme autour. on pourrait s’imaginer facilement un sombrero vissé sur la tête, un plaid d’alpujarrena jeté sur l’épaule. oui, mais non. Nous, la téquila, on ne la boit pas après avoir mordu la

Photo DR

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Par Médéa azouri


poussière. on la boit pour faire la fête. Cette eau d’agave, on la boit jusqu’à la lie pour se faire plaisir et s’enivrer. Et on sait le faire. Parfois, on siffle shot sur shot, parfois on la sirote au bord de la piscine et sinon, c’est margarita. Fraise ou citron. Mais le flacon nous importe autant que l’ivresse. La téquila, il en existe quatre sortes : Blanco (blanc), Gold (doré), reposado (reposé) et anejo (vieilli). Faut savoir la choisir aussi. Pas de tequila « mixtos ». Surtout pas. Mélangée, elle ne contient que 51% d’agave, le reste étant du sucre ajouté. on oublie aussi les grandes marques industrielles en se concentrant sur les bouteilles issues de la culture traditionnelle. La qualité est meilleure et la saveur est authentique. Pas besoin d’y trouver un serpent, un ver de terre ou un scorpion, tout ce tralala est un attrape-nigaud. Tequila añejo de préférence donc. Elle est âgée d’au moins un an et n’a pas du tout le même goût que les tequilas bon marché. on la compare d’ailleurs, très souvent au cognac. Comme celui-ci, il faut la boire à température ambiante. Sans glaçons qui en dilueront les saveurs. Elle se sirote donc, et de façon très rituelle, ou se déguste avec la « sangrita ». Soit on mélange cet accompagnement non alcoolisé qui veut dire « un peu de sang », soit on boit les deux séparément, à la mexicaine. En shot par exemple. Pour les shots, il vaut mieux choisir les téquilas Blanco ou oro ou reposado et éviter les « mixtos » aussi. ici, c’est mieux à température ambiante. Et pas besoin de passer par la case citron (ou tranche d’orange) et sel. d’ailleurs, le rituel mexicain est inversé. C’est d’abord la tranche de citron puis la téquila, puis le sel. autant le faire dans les codes, ou alors boire d’un trait l’alcool versé dans les shooters. Et si l’alcool d’agave tout seul, non accompagné, c’est pas votre truc, il y a une troisième option: Les cocktails. Le plus célèbre est la margarita. La classique, pas la glacée qui contient du sucre et de l’eau. Là aussi, c’est mieux de respecter la tradition. Pas de « strawberry frozen margarita » alors. Sinon, il y a le Tequila Sunrise, grand cocktail des 80’s qui a inspiré le titre d’un film avec Mel Gibson et Michelle Pfeiffer. Comme c’est le grand retour des cocktails avec l’éclosion de plusieurs cocktails bars à Beyrouth, lâchez-vous sur la téquila

LE r iT u EL dE La TéQu iLa. Versez 30 ml de téquila dans un verre à pied. Tenez-le par la tige. Levez le verre au niveau de vos yeux et regardez la couleur de votre téquila. Faites tournoyer la téquila dans le verre. Prenez une petite gorgée, et faites la passer dans tous les coins de votre bouche pendant 10 secondes. avalez et répétez le rituel.

L a Sa N Gr i Ta . 1 verre de jus d’orange pressé 1 verre de jus de tomate 30 ml de jus de citron pressé 1 grande cuillère de grenadine 12 gouttes de sauce piquante (Tabasco)

L a M a rGa r i Ta . 60 ml de téquila 15 ml de liqueur d’orange. 30 ml de jus de citron pressé 15 ml de nectar d’agave agitez le mélange pendant 15-20 secondes et versez le tout dans un verre.

LE TéQu i N i. Préparez un Tequini (une Téquila Martini). un Téquini a toute la classe et la complexité du martini avec un zeste de fun. Vous pouvez le rendre un peu plus doux en utilisant de la téquila reposado ou du vermouth. Mélangez dans shaker rempli de glaçon : 30 ml de téquila Blanco 15 ml de vermouth un trait d’angostura agitez le mélange vigoureusement pendant 15-20 secondes puis versez dans un verre ajoutez une olive ou tranche de citron.

LE TéQu iLa Su N r iSE. Ce cocktail s’appelle Sunrise à cause de sa couleur dégradée du rouge à l’orange. dans une coupe, avec des glaçons versez : 60 ml de téquila du jus d’orange Mélangez le tout, puis versez deux traits de sirop de grenadine décorez avec une paille et des cerises.

L E Va M P i r a . Essayez une autre version du Bloody Mary, appelée aussi Vampira. Vampira est un cocktail mexicain qui ressemble au Bloody Mary. C’est léger et épicé. dans un verre, versez : une pincée de sel 45 ml de téquila Blanco 1 petite cuillère de sauce piquante 30 ml de Clamato 30 ml de jus de citron pressé décorez votre cocktail avec un trait de jus de raisin et des tranches de citron. |


La carte et Le terroir château d’Yquem et chevaL BLanc. deux grands vins et un homme, Pierre Lurton, Pour en orchestrer La Production et La communication. Lurton avait déjà La Passion des grands terroirs. iL s’est trouvé Là au Bon endroit et au Bon moment. iL ne Boude Pas sa chance de travaiLLer Pour un grouPe de Luxe comme Lvmh qui détient ces deux icônes.

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Propos recueillis par F.A.D.


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le domaine Château d’Yquem

Photo dR

L e C h ât e Au D’ Yq u e m De quand date le dernier grand millésime de ce sauternes mythique? Il y a de grands rendez-vous avec Yquem, le dernier étant 2001, mais on pourrait également citer 1988. Quelle est la particularité du Château d’Yquem? C’est la rencontre entre une histoire de 400 ans (avec la famille Luc Saluces),un grand terroir et une équipe capable de prendre tous les risques pour sublimer la matière. Quel est votre rôle principal en tant que PDG de ce domaine et de sa production? J’ai un rôle de chef d’orchestre et j’anime une équipe de musiciens brillants dont l’objectif est de signer tous les ans l’excellence d’un vin. Où et quand boit-on un sauternes? Existe-t-il un rituel autour de ce vin? De nouvelles façons de le boire, de nouvelles tendances même si pas très orthodoxes? Il y a toujours un grand rendez-vous avec Yquem. Il peut se boire de façon traditionnelle lors d’un repas sur du foie gras, sur des ris de veau ou sur un fromage (du comté, du

bleu). On peut aussi l’apprécier de façon plus moderne et moins orthodoxe, à l’apéritif. un Yquem 2011 à 8° de température est une façon élégante de se refaire la glycémie ! Ou le soir, sous les étoiles, en fumant un cigare. Yquem est à lui seul le plus merveilleux des desserts. Recherchez-vous de nouveaux marchés? Le vignoble peut-il faire face à un accroissement de la demande? Non, la structure d’Yquem est la même depuis 400 ans (100 hectares d’une production ne dépassant jamais 1 verre d’Yquem par pied de vigne) et certaines années, quand le climat n’est pas au rendez-vous du millésime, on n’en produit pas. On est dans une notion de rareté, d’excellence, ce qui traduit un grand produit de luxe. Quels sont les nouveaux marchés les plus enthousiastes? Il y a des marchés matures et traditionnels (L’europe, les etats-unis), où Yquem a fait partie des plus grands menus, des évènements les plus prestigieux. Il est à la découverte des nouveaux marchés, en Asie notamment. Il est à la découverte de la cuisine moderne, le sucré-salé, par exemple…


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le domaine Cheval-blanC

Yquem est intemporel et se plait dans la tradition comme dans la modernité. Peut-on produire un Yquem hors de son terroir? Non. On ne peut produire Yquem qu’à Yquem. Quel est votre millésime préféré et pourquoi? Pouvezvous le décrire? Le Château d’Yquem 1988. Il est synonyme de fraicheur, de pureté et d’équilibre, sans lourdeur, sans sucrosité. Il est abricot, il est exotique, il est miel d’acacia. Il brille comme un diamant.

L e C h â t e A u C h e vA L B L A N C De quand date le dernier grand millésime de ce SaintEmilion d’exception? Le sublime Château Cheval Blanc 2010. Finalement, c’est la définition du vin parfaitement sphérique, d’un toucher de cachemire incomparable, et d’une grande aptitude à vieillir. Quelles sont les particularités de Château Cheval Blanc? C’est un vin atypique pour son appellation, car il a 60 % de cabernet franc et40 % de merlot. Le cabernet franc

invite le merlot à voyager dans le temps. Quel est votre rôle principal en tant que PDG de ce domaine et de sa production? mon rôle est de maintenir la tradition, le savoir-faire, avec une équipe brillante, pour continuer à signer un des vins les plus élégants produits dans cette région. Où et quand boit-on un Château Cheval Blanc? Existet-il un rituel autour de ce vin? La question est surtout avec qui. Le seul prérequis est le minimum de concentration nécessaire pour apprécier la finesse de ses nuances. Existe-t-il de nouvelles façons de le boire, de nouvelles tendances même si pas très orthodoxes? A Cheval Blanc, il nous arrive fréquemment de mettre nos vins en valeur sur un poisson bien choisi (lotte, bar, saintpierre, sans agrumes). Cependant, il me semble qu’une grande part de nos consommateurs apprécient nos vins dans le registre « classique » des accords mets et vins. Recherchez-vous de nouveaux marchés? Le vignoble peut-il faire face à un accroissement de la demande? Il est toujours gratifiant et enrichissant d’approcher de nouvelles cultures. Rares sont les pays où nos vins ne sont


pas distribués, et l’important pour nous est de conserver un équilibre dans cette distribution. La quantité produite dépend d’un seul facteur, la qualité. L’augmentation des surfaces se heurterait à un changement d’équilibre dans la composition des sols, et toute expansion est par définition proscrite par le classement de Saint-emilion. Quels sont les nouveaux marchés les plus enthousiastes? La Chine s’est enflammée, et s’assagit aujourd’hui. L’Asie du Sud-est se prend d’affection pour les grands vins de Bordeaux, mais les marchés traditionnels ont beaucoup d’importance à nos yeux, ainsi que les marchés de niche de connaisseurs, le Liban en est le meilleur exemple ! Peut-on produire un Château Cheval Blanc hors de son terroir? Cheval Blanc se définit par rapport à son terroir, à ses 45 parcelles qui lui donnent naissance chaque année. Changer de terroir serait changer de vin. Quel est votre millésime préféré et pourquoi? Pouvezvous le décrire? Le Château Cheval Blanc 1989. A lui seul, il représente toute la dualité entre un merlot en surmaturité (sousbois, truffes), et un cabernet franc d’une grande fraîcheur

(menthé, cassis). Il en sort une complexité qui traduit bien la signature d’un très grand vin.

LeS v I NS LI BA NA IS Vous avez effectué récemment un court séjour à Beyrouth, dans quel cadre? Dans le cadre d’une dégustation chez des grands amis passionnés de vin, puis au Phénicia, également avec de grands amateurs, où il était très agréable de présenter Yquem et Cheval Blanc à des personnes aussi curieuses que connaisseuses, et animées par cet attachement qui existe entre la France et le Liban. Connaissez-vous les vins libanais? Je les connais bien. Je serais tenté de mentionner les incontournables, musar et Kefraya, la découverte d’Ixsir m’a aussi laissé une grande impression. tous ces vins sont fruités, structurés, d’une couleur profonde, sans surextraction. Pensez-vous que l’on puisse produire de grands millésimes dans les vignobles de ce pays? Le Liban a une multiplicité de terroirs et de climatologies, qui permettent, comme ces vins le démontrent, de produire de grands vins. |

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salle des Chais


l’appel de l’ouest Renouant avec ses oRigines, louis vuitton paRtage son goût pRononcé pouR les voyages. le diRecteuR du studio homme nous a guidés au texas, à la RencontRe d’élégants cow-boys en teRRes isolées, inspiRation majeuRe de la collection pRintemps-été.

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Texte et photos Adrien Cothier


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à Gauche, Kim Jones à DrippinG sprinGs, ci-Dessus, GreG GiannuKos, Du ranch seco sprinGs aDvenTure, à BanDera

d

iplômé de la Central Saint Martins, prestigieuse école d’art à Londres, le Britannique Kim Jones est depuis trois ans à la tête du studio homme Vuitton. Pour mieux pénétrer son univers, le créateur nous emmène de Paris au texas, non pas sur la route de Wim Wenders, mais en quête de liberté au milieu de paysages semi-désertiques. Un voyage initiatique dans la tête de cet intrépide globe-trotter, féru de Jack Kerouac et de Francis Bacon.

Comment le Texas est-il devenu, pour cette collection, votre source d’inspiration ? Kim Jones : Au départ, nous avions choisi l’Amérique comme référence car notre prêt-à-porter homme y est très populaire. nous voulions partir découvrir des villes comme houston où la marque est particulièrement présente. Finalement, c’est à Austin que nous avons fait les trouvailles les plus stimulantes, qui nous ont donné notre inspiration principale.

L’idée était donc de faire un road-trip ? exactement. Le voyage aux États-Unis a duré une dizaine de jours durant lesquels nous avons conduit de ville en ville, de La nouvelle-orléans jusqu’à Marfa, pour ensuite prendre un avion et visiter le Grand Canyon et terminer à Las Vegas. C’était incroyable de voir nos boutiques dans ces endroits mythiques. Cette notion de liberté de la route et l’idée que cette liberté est un luxe sont deux concepts très prégnants tout au long de la collection. débuter à La nouvelle-orléans me plaisait, car c’est un peu une ville française aux États-Unis d’où ce lien invisible avec Louis Vuitton. Les deux fonctions essentielles du voyage étaient vraiment de voir toutes ces villes pour découvrir de plus près nos boutiques et de faire notre recherche pour la collection. Quelles étaient vos références au début du voyage ? La première référence était l’Amérique vue par les films. et, une fois sur place, je me suis mis à lire tout ce que je pouvais en gardant en tête l’idée d’un road-trip à la


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près D’ausTin, un cow-Boy éléGanT promène sa monTure


Kerouac. J’ai commencé à visualiser l’Amérique par le prisme des artistes et des écrivains. des géants comme ed ruscha me venaient à l’esprit, en particulier, quand nous étions dans un endroit comme Marfa qui ressemble à ses tableaux. L’idée du voyage était vraiment de documenter, de montrer comment le succès peut donner de la liberté aux artistes. et trouver des exemples évocateurs du luxe sur notre chemin fut un concept très intéressant aux États-Unis.

Vous êtes le directeur du studio homme d’une des plus grandes maisons de mode, comment définiriez-vous votre lien avec ces cow-boys qui vous inspirent tant ? L’idée de liberté je pense. Quand vous dirigez une entreprise, vous êtes seul face aux décisions. J’imagine que c’est pareil pour eux. Je n’y ai pas trop réfléchi à vrai dire. Pour l’essentiel, ce sont les inspirations américaines qui ont contribué à l’atmosphère.

Votre notion du voyage a-t-elle évolué depuis votre arrivée chez Vuitton ? Je voyage depuis l’âge de 3 mois : c’est une partie intégrante de ma personnalité. Mais Vuitton est une marque qui existe partout, ce qui m’a permis d’étendre le champ de mes destinations. Je peux partir du jour au lendemain pour un voyage de presse ou l’ouverture d’une boutique. Saviez-vous qu’il y a une boutique Vuitton à DéJeuner Dans le ranch De GreG GiannuKos oulan-Bator en Mongolie ? C’est ça, le truc avec Vuitton, on ne sait jamais où ils Comment imaginez-vous alors ce voyageur Vuitton ? J’associe notre client à un métier qui lui permet de voya- vont s’implanter… depuis que j’y travaille, mes vacances ger. Je pense ensuite à ce dont il a besoin pour voyager d’été ont été rallongées ce qui m’a permis d’en profiter et les destinations qui l’intéressent. Je réfléchis à tout le à 100 % tout en travaillant. et puis vous savez, c’est une processus. Je m’efforce à la fois de répondre à un besoin marque du voyage, donc voyager c’est plutôt conseillé... pour son vestiaire et de résoudre des aspects pratiques. J’aime quand l’homme s’approprie ce qu’on lui propose. Vous considérez-vous comme un designer anglais ? Je ne me considère pas comme un designer anglais car Comment avez-vous choisi Matthias Schoenaerts j’aborde toujours la création de manière globale. J’ai la

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Qu’avez-vous appris lors de ces dix jours sur la route ? Ce qui m’a vraiment impressionné, c’était à quel point l’Amérique est toujours autant idolâtrée et le fait que chaque ville a quelque chose de fascinant à offrir. nous n’avions pas tout préparé non plus, l’important était de découvrir ce que ce pays pouvait nous réserver. À houston, nous avons pu découvrir la boutique et ses clients, et cet aspect du voyage avait son importance car j’ai besoin de comprendre quel type de client vient au magasin, ce qu’il va acheter et d’échanger avec lui. découvrir cette dimension avec un peu de bon sens est nécessaire lorsqu’on travaille pour une grande maison.

comme nouveau “globe-trotter” Vuitton ? J’avais vu ses films et je savais qu’il avait le look. C’était ça le plus important, qu’il ait la bonne gueule. Le casting ne s’est pas concentré sur un Américain qui collerait à l’image. Au contraire, il fallait trouver un acteur qui ait le bon fit.


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Kim Jones, en louis vuiTTon, sur les Terres Du ranch De GreG GiannuKos, à BanDera

“saviez-vous qu’il y a une boutique vuitton à oulan-batoR en mongolie ?” chance d’avoir visité une grande partie de la planète depuis mon plus jeune âge. Je suis très british, à moitié danois, mais je suis avant tout un designer. Ressentez-vous un devoir d’héritage dans votre approche du prêt-à-porter masculin ? Je respecte toujours la marque pour laquelle je travaille, mais je tente de me renouveler à chaque projet. Je pense d’abord à celle-ci avant de penser à mes goûts. Quelle est votre relation au sportswear en tant que designer de luxe ? Quand je pense au sportswear c’est d’un point de vue américain : une veste et un blouson. C’est moderne, car aujourd’hui les hommes s’habillent comme ça. Je suis intéressé par ce que les gens peuvent vraiment porter. Quand

nous créons un défilé, nous synthétisons la collection en termes de vêtements accessibles pour nos clients. Que vous ayez 40 ou 50 ans, vous ne voulez pas vous habiller de manière ringarde, vous voulez vous sentir à l’aise avec vous-même. nos vestes n’ont pas d’âge, quelle que soit votre situation, elles épouseront votre personnalité. En parlant de personnalités, quelles sont celles qui vous inspirent au quotidien ? toutes… même celle d’un professeur d’université. Ce que font les gens n’a aucune importance, c’est leur personnalité qui me fascine. J’aime beaucoup l’énergie d’eliza Cummings autant que Lily Allen qui est comme une sœur pour moi. Une des difficultés du métier est de ne pas pouvoir passer assez de temps avec les gens que l’on aime.


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Dans les environs D’ausTin, la chevroleT louée par Kim Jones

“que vous ayez 40 ou 50 ans, vous ne voulez pas vous habilleR de manièRe RingaRde” Est-ce que Vuitton est toujours un symbole français ? C’est une maison de luxe fondée en France mais elle a une dimension mondiale. L’héritage français est toujours présent mais ça va bien au-delà. Peut-on parler de votre double passion pour l’art et de collectionneur ? Mes parents avaient une maison dans le Sussex près de Charleston Farmhouse, un musée qui abrite des œuvres du Bloomsbury Group. Quand j’étais gamin, ils m’emmenaient régulièrement là-bas et je passais des heures à dessiner dans le magnifique jardin de ce musée. Alors, quand j’ai pu enfin acheter les œuvres d’artistes comme Vanessa Bell, j’ai commencé ma collection. J’aime tout dans l’art mais je n’achète que ce que j’admire. J’adore le Bloomsbury Group dont je possède plusieurs tableaux. J’ai aussi

une grosse collection de vêtements. J’ai accumulé un grand nombre de choses sans vraiment y réfléchir. Et si vous pouviez rajouter un artiste à votre collection ? Ça peut paraître évident, mais je rêve d’avoir un Francis Bacon. C’est toujours au-dessus de mon budget mais ça me permet de continuer de rêver en avançant vers le futur. Je crois que je préfère certaines de ses plus petites œuvres à celles qui sont devenues des références. Mais, j’ai de la chance, je possède une œuvre de quasiment tous mes artistes préférés… à part lui ! Après l’Amérique qu’y a-t-il au programme ? dans l’immédiat, je déballe les cartons de mon déménagement. Mais, il y a beaucoup à faire et le temps passe vite. |



beauté pérenne Symbole du courant moderniSte portugaiS, le Four SeaSonS Hotel ritz recèle un Secret : une collection unique d’art déco. ViSite guidée. Texte et photos Mathieu trautMann

e x pe rt Du M é L a nGe De S Ge n r e S pour donner corps à sa vision, Salazar fit appel à ricardo espirito Santo Silva, un banquier amateur d’art. L’homme confia l’ouvrage à l’architecte Leonardo Castro Freire en lui donnant pour mission de constituer auprès des artistes locaux un véritable fonds d’art contemporain. petit à petit, le projet se précise et l’immeuble prend forme. Des marbres rares sont utilisés

pour couvrir les murs intérieurs, les sols et les salles de bains des 262 chambres, et la décoration est confiée au maître incontesté de son temps, le Français henri Samuel. en véritable expert du mélange des genres, il juxtapose les périodes, associant la tendance générale art déco au style Louis xvi, confrontant des œuvres abstraites à des objets classiques, offrant aux lignes épurées des meubles années 1950 la proximité d’un mur recouvert de carreaux de faïences traditionnelles. il inclut dans son projet les décorateurs et artistes portugais Lagoa henriques et Martin Correia.

La iSSer FLâ n er Son eSpr it aujourd’hui, rien n’a changé. Les sols de marbres reflètent toujours les courbes élégantes des murs recouverts de bois précieux, les pendules art déco fixées au-dessus des ascenseurs indiquent l’heure avec l’exactitude du premier jour, et, au détour d’une pièce destinée au stockage, il n’est pas rare de découvrir une console que l’on devine unique. Car c’est dans les détails que s’admire la splendeur du lieu. Dans les encadrements de portes en bois dorés ; dans les poignées en bronze, patinées par des milliers de mains qui s’y sont agrippées ; dans les plaques indiquant tel ou tel salon ; dans le monogramme de l’hôtel gravé sur un simple verre à eau. Dans ce mélange étourdissant, il est bon de laisser son esprit flâner. et puisque nous sommes à Lisbonne, ville de la poésie, citons Fernando pessoa qui nous rappelait avec justesse que “Les choses n’ont pas de signification : elles ont une existence.” |

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lors que le ritz de la place Vendôme dissimule ses nouvelles formes derrière une façade en trompe-l’œil, sa cousine lisboète s’affiche intacte depuis son ouverture, en 1959. Couronnant fièrement l’une des sept collines de la capitale portugaise, l’édifice moderniste semble lancer un éternel défi au château Saint-Georges qui lui fait face. Voulu au début des années cinquante par le dictateur antonio Salazar, désireux de hisser Lisbonne au tout premier rang des capitales européennes, l’hôtel s’est imposé comme l’emblème du modernisme portugais. De prime abord, pourtant, le bâtiment s’apparente davantage à l’architecture monumentale des ex-pays de l’est qu’à celle, faste et somptueuse, que l’ancienne monarchie avait pour habitude de disséminer à travers son empire. L’immeuble de dix étages, construit d’un seul bloc, est pour le moins austère et semble avoir pour principale vocation d’être fonctionnel. Mais si le confort est effectivement celui d’un hôtel 5-étoiles, l’établissement abrite en son sein une collection d’arts décoratifs unique en europe.


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Vues sur La VieiLLe ViLLe, sur Le personneL eT sur “Tagide” de Farinha qui surVeiLLe L’éTang


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une inTerpréTaTion géoméTrique des azuLejos


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des cenTaures d’aLmada negreiros


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une coLonne de querubim Lapa, un mur en bois Laquテゥ de pedro LeiTテバ, des bronzes de Lagoa henriques


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Lagoa henriques dissémine çà eT Là ses appLiques naTuraLisTes en bronze


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escaLier en marbre donnanT sur Le saLon “nobre”, mur Laqué eT nacré de anTonio Louro de aLmeida


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1- Le MUDe. musée du design eT de La mode, déVoiLe sa coLLecTion permanenTe eT ses exposiTions Temporaires dans Les murs décrépis d’une ancienne banque (rua augusTa, 24. www.mude.pT). 2- PaviLhÃo chinÊs. des cockTaiLs à dégusTer dans un cadre aux aLLures de cabineT de curiosiTé (rua dom pedro V, 89). 3- RestaURante soLMaR. une immersion dans Les années 1950 (rua das porTas de sanTo anTÃo 106). 4- conseRveiRa De Lisboa. une insTiTuTion qui oFFre depuis Les années 1930 une incroyabLe VariéTé de poissons en conserVe (rua dos bacaLhoeiros 34). 5- Ginja seM RivaL. comme son nom L’indique, on dégusTe dans ce minuscuLe bar La meiLLeure Liqueur de cerises de La ViLLe (rua das porTas de sanTo anTao, 7). 6- café nicoLa. un des caFés hisToriques de La ViLLe. ouVerT depuis Le XVIII e siècLe, modernisé dans Les années 1920, iL conserVe depuis son décor arT déco (praça dom pedro iV 24-25). 7- LUvaRia ULisses. une minibouTique qui Fabrique des ganTs sur-mesure depuis 1925 (rua do carmo 87). 8- ceRvejaRia tRinDaDe. une canTine où L’on mange eT boiT LocaL (rua noVa da Trindade 20). eT aussi : soL e Pesca. un bar dans une ancienne bouTique de pêche (rua noVa do carVaLho 44). snob baR. un resTauranT éLéganT au cœur du bairro aLTo (rua do sécuLo, 178).


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Le mude s’esT insTaLLé… dans une ancienne banque. ici, La saLLe des coFFres. eFFeT garanTi !


l’AtelieR BAccARAt Au DÉBut Du xxe siÈcle .

Photos DR

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PAvillon BAccARAt De l’exPosition univeRselle,PARis, 1855.


BACCARAT, 250 ANS DÉJÀ FoNDÉe eN 1764, lA CRiSTAlleRie BACCARAT CÉlèBRe CeTTe ANNÉe SeS 250 ANS. CeTTe vÉNÉRABle mANuFACTuRe ÉTABlie eN loRRAiNe SuR AuToRiSATioN Du Roi louiS Xv N’A JAmAiS CeSSÉ De S’ADApTeR AuX mulTipleS ÉpoqueS qu’elle A TRAveRSÉeS. AuJouRD’hui eNCoRe, elle FAiT Appel AuX DeSigNeRS leS pluS poiNTuS Du momeNT pouR RÉiNveNTeR SeS ClASSiqueS eT eN CRÉeR De NouveAuX.

«Le cristal, cette matière dont on ne sait pas encore s’il s’agit d’un liquide ou d’un solide», cette matière fascine Philippe Starck, l’un des inconditionnels de la manufacture Baccarat, concepteur du verre « Harcourt Darkside» en cristal noir et du souriant lampadaire «Marie Coquine», version Mary Poppins de l’incontournable modèle Zenith de la maison, surmontée d’un parapluie et équipée d’un sac de boxe et d’un trépied en acier. On ne compte plus les interventions des plus grands créateurs contemporains sur des collections somptueuses qui ont traversé vingt-cinq décennies sans prendre une ride. Le secret de Baccarat ? Un savoir-faire inégalé, transmis de générations en générations par des artisans d’élite. Et puis une aura de faste et de luxe, indissociable des tables de fête, des vins d’exception dont la taille du cristal fait chanter les couleurs, des chandeliers ciselés dont les prismes répercutent à l’infini le scintillement des lumières, des carafes et aiguières où l’eau la plus banale semble transfigurée, des vases où les fleurs les plus modestes forment des bouquets majestueux. Il faut savoir que l’appellation «cristal» est protégée en France depuis 1969. Cette alchimie de verre et de plomb est

magnifiée, chez Baccarat, non seulement par une palette chromatique qui se décline à l’infini, mais par une spécialité: le «rouge à l’or» qui résulte d’une fusion entre le cristal clair et la poudre d’or 24 carats.

DE L A LOr r A I n E AU r E St E DU MOn DE Voilà donc deux cent cinquante ans que les puissants de ce monde, des rois de France aux souverains étrangers, sans compter les milliardaires et autres célébrités s’offrent comme un luxe ultime, comme le contrepoint d’un art de vivre féerique, les créations de la manufacture de cristal la plus célèbre de la planète. La première commande royale tombe en 1823, lorsque Louis XVIII ordonne la création d’un service de verres. Une tradition est instaurée. Charles X commande le sien, Louis Philippe est à l’origine du service Harcourt, véritable icône qui voit le jour en 1841 et que napoléon III adopte à son tour. Le service Juvisy aux multiples facettes orne les tables d’apparat de l’Elysée depuis 1899. très vite, Baccarat étend son domaine créatif au mobilier. Le matériau magique enchante aussi bien les

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Par F.A.D.


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BAccARAt BAR osAKA

veRRe HARcouRt DARKsiDe

HARcouRt PResse-PAPieR Hell


HoRloge De lA collection lifestyle. 1 9 7

M A nASSEH PEr Pét U E LA t r A DI t IOn AU L I BA n

de la Maison Baccarat à Paris (11, place des Etats-Unis), la maison Manasseh, agent de Baccarat au Liban depuis trois générations, a elle aussi donné une élégante réception pour fêter l’événement. C’est autour de tables prestigieuses, dressées par leurs soins avec les modèles les plus exclusifs de la célèbre manufacture, que Michèle Philippidès et Claude Issa, héritières des établissements Edouard L. Manasseh et Cie ont accueilli leurs invités. S’adressant à la petite foule élégante, elles ont évoqué le souvenir de leur aïeul visionnaire, Lutfallah Manasseh, négociant à Beyrouth quand le Liban faisait encore partie de l’Empire ottoman, qui avait rapporté d’un long voyage à Paris en 1880 la représentation de prestigieuses marques de luxe dans l’art de la table, notamment Baccarat. Le rôle de cette entreprise familiale libanaise (passée ensuite aux mains d’Edouard Manasseh, fils de Lutfallah, et de Lutfallah, fils d’Edouard, après une période de «régence» de nadia Manasseh épouse de ce dernier, et enfin de ses filles), n’est pas négligeable dans la familiarisation des clients régionaux avec Baccarat.

A l’heure où Baccarat célèbre ses 250 ans à travers des événements divers et notamment une exposition unique qui se tient jusqu’au 24 janvier 2015 à la galerie musée

Cette longévité est bien le signe que la célèbre manufacture pourrait encore traverser bien d’autres siècles... |

maharadjahs des Indes que le tsar nicolas II pour lequel est réalisé un majestueux candélabre. La cour impériale du Japon fait partie de la clientèle privilégiée de la manufacture qui entretient aujourd’hui la tradition de cet échange culturel en invitant des artistes comme Eriko Horiki à collaborer au design de ses collections. A Istanbul, on peut encore admirer l’impressionnante collection de luminaires qui orne le palais de Dolmabahçe. Plus près de nous, on peut encore citer Joséphine Baker, le Duc et la Duchesse de Windsor, le prince Agha Khan III, le prince rainier et la princesse Grace de Monaco ou encore Aristote Onassis. Liste qui, bien entendu, ne sera jamais exhaustive. Baccarat accumule les premiers prix aux expositions universelles depuis 1855 et continue à transmettre «une histoire dont la force est de renvoyer la magie d’une lumière se reflétant à l’infini», comme l’indique le très beau texte du livre souvenir publié à l’occasion de l’anniversaire de la maison.


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a very engLish Man L’acteur, né en 1982, a découvert La gLoire Le jour où iL a endossé Les habits du doctor Who, Le pLus céLèbre héros de La téLévision britannique. aujourd’hui, L’heure est venue de se réinventer. 2 0 2

Par Baptiste piégay | Photos Jesse John Jenkins Réalisation Jennifer eymère et helena teJedor

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octeur qui ? docteur Who ! en angleterre, depuis trente-trois saisons, ce personnage culte, un extraterrestre humanoïde doté de deux cœurs, voyageant dans le temps, passionne. ses aventures psychédéliques, quelque part entre Chapeau melon et Bottes de cuir, tintin et pink floyd, ont vu défiler, à ce jour, douze “docteurs”. populaire jusqu’à la déraison, enflammant les forums et ravissant un large public, la série éponyme fait l’objet de sérieuses exégèses outre-manche. matt smith incarnait la onzième déclinaison du docteur, et il en était sans doute le plus mystérieux, le plus britannique.

i l s e r ê va i t f o o t B a l l e u r il aurait pu être chanteur brit-pop ou espion, versant agent double, un genre de kim philby. il en a la malice badine, le style évident, l’éloquence timide. en d’autres temps, on l’aurait qualifié de dandy, ce qui ne veut plus rien dire en 2014. disons plutôt qu’il incarne à merveille une certaine idée de l’élégance : paradoxale, entre assurance et réticence. Comme un ou deux millions d’adolescents anglais,

il se rêvait footballeur, avant qu’une blessure n’interrompe ses rêveries.

l e s C ho Col at s m i n i eg g s le voilà pour ainsi dire contraint de se découvrir d’autres centres d’intérêt. le théâtre le distraira, puis l’absorbera corps et âme. il ne se fait guère remarquer avant d’être choisi pour devenir l’idole des enfants. désormais vedette, on sait tout de lui : qu’il adore les chocolats mini eggs, que sa mèche dissimule vingt-quatre points de suture, que le top daisy lowe ne lui était pas étrangère, et ainsi de suite. abandonner le costume du docteur est sans doute un soulagement : propulsée par une exposition médiatique folle, sa carrière peut désormais épouser les contours de sa personnalité, suivre ses envies que l’on devine à l’image des invités qu’il rêverait de voir réunis autour de lui : albert einstein, frank sinatra, marilyn monroe, éric Cantona, et Jennifer lawrence. en attendant, il est du premier film de ryan gosling, Lost River, présenté au festival de Cannes. le docteur Who avait deux cœurs, matt smith vient d’offrir au sien une nouvelle vie. |


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gilet en laine et broderie et pantalon Ă pinCes en Coton BALMAIN, Ceinture en Cuir SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE


Perfecto en cuir d’agneau THE KOOPLES, T-shirt en coton CERRUTI 1881 PARIS


Chemise en coton imprimé SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE, débardeur en coton CALVIN KLEIN UNDERWEAR, bottines en cuir SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE, bijoux vintage


Chemise et pantalon en coton CANALI, débardeur en coton CALVIN KLEIN UNDERWEAR, bottines en cuir SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE, Bijoux vintage


Pull en laine CARVEN


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blouson en veau nubuCk BOTTEGA VENETA, Chemise en Coton MARC JACOBS, pantalon en soie, Coton et laine CERRUTI 1881 PARIS, bijoux vintage


pull en Maille côtelée de coton Z ZEGNA, pantalon en coton BALMAIN, Bijoux vintage


Chemise en soie et pantalon en lin BURBERRY PRORSUM, Débardeur en coton CALVIN KLEIN UNDERWEAR, bottines en cuir SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE, Bijoux vintage Grooming : Carlos Ferraz Décorateur : Merlin Massara Assistants photo : Oliver Birta et Chloe Orefice Retoucheur : Richard Baker


Photographiée par TIM BARBER | Stylisme HELENA TEJEDOR Interprétée par MARCEL CASTENMILLER & ALI MICHAEL


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Ali : Manteau en fourrure ADRIENNE LANDAU, Pull col roulé en laine SEE BY CHLOÉ, lunettes en acétate PRADA


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Marcel : T-shirt en coton AMERICAN VINTAGE, Jeans skinny taille basse en denim SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE Page de gauche : Veste en cuir d’agneau PHILIPP PLEIN, Pantalon en denim SANDRO, Baskets en cuir AMI



Marcel : Bombers en cuir Marc jacobs, marcel en coton eleven paris Ali : veste en denim Levi’s, Pull en coton BAND OF OUTSIDERS CHEZ OPENING CEREMONY


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Marcel : cheMise et t-shirt en coton ZAPA, Pantalon en lin Z ZEGNA, carré bandana en étaMine de cacheMire et soie SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE Ali : robe en coton iMPerMéable PAUL SMITH


Bombers en cuir MARC JACOBS, T-shirt en coton ELEVEN PARIS


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Veste droite en tissu technique, col anglais et Poches Plaquées en soie et Pantalon fitté en tissu technique LANVIN, boxers en laine et élasthanne CALVIN KLEIN, ceinture en cuir Vintage


Chemise en coton imprimé SANDRO, Débardeur en coton ELEVEN PARIS


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Marcel : Veste en deniM LEVI´S, Pull en laine BALMAIN, Pantalon en laine BURBERRY PRORSUM, carré bandana en étaMine de cacheMire et soie SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE, Mocassins de Veau craquelé LANVIN Ali : Manteau en laine MIU MIU, santiags en cuir NEw YORK VINTAGE


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Veste en deniM LEVI´S, Polo en coton PAUL & jOE, Pantalon en laine LOUIS VUITTON, lunettes Pilote RAY-BAN, ceinture en cuir Vintage, bottines en Veau j.M. wESTON


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à 27 ans, cet allemand a un pied à neW YORK et un autRe à BeRlin. entRe un film indé Où il inteRpRète le pOète RilKe et le manneQuinat Où il incaRne l’hOmme KenzO, tOut lui sOuRit actuellement. Photos andrew hail | Stylisme benjamin sturgill


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blouson en coton et viscose et pantalon en coton DIESEL BLACK GOLD, chaussons chinois en coton et gomme


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veste en soie réversible, pantalon en laine, top en viscose et soie et chaussures en cuir métallisé LOUIS VUITTON, Foulard en soie vintage


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veste en satin, pull en maille de coton, jeans en denim, ceinture en cuir et bottines en cuir SAINT LAURENT pAR HEDI SLIMANE


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cardigan en cachemire, t-shirt en coton et pantalon en coton RALpHÂ LAUREN pURpLE LABEL, chaussons chinois en coton et gomme


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pull en laine et mohair et pantalon jogging en polyamide KENZO, chaussons chinois en coton et gomme


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veste et pantalon en polyester et cupro, chemise en coton ERMANNOÂ SCERVINO, chaussons chinois en coton et gomme


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veste en denim et pantalon en coton THE KOOpLES, mocassins en cuir J.M. WESTON


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chemise en coton, pantalon en cuir et sandales en cuir HERMèS


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chemise en coton, matière technique et élasthanne et pantalon en laine pHILIpp pLEIN, mocassins en cuir J.M. WESTON


Manteau en mohair, chemise en coton, short en laine et chaussures en cuir et mĂŠtal DIOR


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veste et pantalon en mohair, chemise en soie imprimĂŠe et baskets en gabardine pRADA Maquillage et coiffure : Dennis Lani Assistant photo : Michael James Fox Assistante stylisme : Megan Mattson




C’est sur le thème «Generations» Que heartbeat a Donné son ConCert annuel au Casino Du liban. aveC maxime Chaya et Daniella rahmé pour animateurs volontaires, la soirée De Gala soutenue par aishti s’est terminée par une vente aux enChères orChestrée par Christies. l’enjeu: Des voitures ForD, un moDèle exClusiF De Fourrure siGné puCCi, et Des œuvres D’art De WaleaD beshty, isabelle Cornaro et viCtoria morton. il est à noter Que beshty, enCouraGé par le suCCès De sa toile «blaCk Curl» a proposé une autre De ses œuvres à l’enCan. très attenDue, une tombola phénoménale a Clôturé l’événement aveC Des artiCles Des marQues etro, stella mCCartney, balenCiaGa, marC jaCobs, marni, GuCCi, Canali et ZeGna, et D’autres lots oFFerts par sylvie saliba.

Photos Nabil Ismail

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aishti heartbeat


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12 Photos Galeries Lafayette

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Dîner en l’honneur de Jean-Paul Goude Donné par Guillaume Houzé, directeur de l’image des Galeries Lafayette, et André Saraiva Chez Caviar Kaspia pendant la fashion week PaGe de Gauche : 1- GéraLdine de FriberG, GuiLLaume houzé et averyL oates. 2- marie PeLtier et Jean-oLivier desPres. 3- victoire de casteLLane. 4- aLexia niedzieLski. 5- éLise et nicoLas reynaud. 6- GuiLLaume houzé, andré saraiva et Jean-PauL Goude. 7- robert rabensteiner et nicoLas PaGes. 8- susan et dirk standen. 9- Jean-PauL Goude et dasha zhukova. 10- Le dîner, avec robert rabensteiner au Premier PLan. 11- Lindsey Wixson. 12- GuiLLaume houzé, benJamin eymère, andré saraiva et yorGo tLouPas. 13- Lindsey Wixson.

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cette PaGe : 1- dirk standen. 2- marie-José JaLou et Jean-PauL Goude. 3- vaLentine FiLLoL-cordier, andré saraiva, aLexia niedzieLski et eLizabeth von Guttman. 4- deux minaudières siGnées oLymPia Le-tan. 5- oLymPia Le-tan. 6- GuiLLaume houzé et andré saraiva. 7- oLymPia Le-tan. 8- Jean-PauL Goude. 9- isabeLLa caPece et thomas LenthaL. 10- victoire de PourtaLès. 11- nicoLe PheLPs et oLymPia Le-tan. 12- robert rabensteiner et anastasia barbieri. 13- vaLentine FiLLoL-cordier et oLivier zahm.

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hitlist Acqua Di Parma +961 1 99 11 11 ext.105 American Vintage en vente chez Depêche Mode, +961 1 97 06 57 Apple +961 1 21 80 64 Armani Privé chez Aïshti +961 1 99 11 11 ext.105 Asics En Vente chez Aïzone +961 1 99 11 11 ext.140 Atamian +961 1 25 66 55 Piaget chez Atamian +961 1 25 66 55 B Shorts +961 1 98 71 98 BACCARAT +961 1 21 85 55 Balmain +961 98 65 02 Bottega Veneta +961 1 99 11 11 ext.565 Brooks Brothers en vente chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.120 Burberry Prorsum +961 1 99 11 11 ext.455 Cadrans +961 1 97 53 33 Calvin Klein +961 1 97 01 93 Calligaris +961 1 98 96 89 Canali +961 1 99 11 11 ext.480 Carolina Herrera Parfumerie +961 1 99 11 11 ext.105 Cartier +961 1 97 26 00 Chanel +961 1 99 91 29 Chanel Horlogerie chez Cadrans +961 1 97 53 33 Chanel Parfum chez Aishti +961 1 99 11 11 ext.105 Chaumet chez Cadrans +961 1 97 53 33 Corneliani +961 1 99 11 11 ext.500 Creed en vente chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.105 Diesel +961 1 99 11 11 ext.450 Dior +961 1 99 11 11 ext.592 Dior Beauté +961 1 99 11 11 ext.105 Dolce & Gabbana +961 1 99 11 11 ext.555 Dsquared2 +961 1 99 11 11 ext.130 Etro +961 1 99 11 11 ext. 590 Façonnable +961 1 99 11 11 ext. 525 Fratelli Rossetti +961 1 97 21 50 Gucci +961 1 99 11 11 ext. 200 Guerlain chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext. 105 Hermès +961 1 99 97 10 Ïday Spa +961 1 99 57 57 J.m Weston +961 1 96 12 67

Jaguar +961 1 61 36 70 Kenzo +961 1 99 99 07 L’orÉal BeautÉ chez Ïday Spa +961 1 99 57 57 Lacoste en vente à l’abc Department Store,+961 1 32 37 55 Lancôme +961 1 99 11 11 ext.105 Lanvin +961 1 98 65 01 Longines chez Atamian +961 1 25 66 55 Louis Vuitton +961 1 96 68 10 Marc By Marc Jacobs +961 1 99 11 11 ext.148 Marc Jacobs +961 1 99 11 11 ext. 148 Miu Miu +961 1 99 11 11 ext.130 Monclerchez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.120 Mykita chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.105 New Balance chez Aïzone +961 1 99 11 11 ext.140 Oliver People chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.105 Orlebar Brown chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.120 Paul & Joe +961 1 99 11 11 ext.130 Paul Smith +961 1 97 07 08 Prada +961 1 99 11 11 ext.130 Ralph Lauren en vente à l’abc Department Store, +961 1 21 28 88

Saint Laurent +961 1 99 11 11 ext.562 Sandro +961 1 99 05 13 Santoni en vente chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.120 See By ChloÉ +961 1 99 07 92 Seven For All Mankind +961 1 99 11 11 ext.560 Sylvie Saliba +961 1 33 05 00 The Kooples +961 1 99 11 11 ext. 535 Tom Ford Beauty +961 1 99 11 11 ext.105 Tom Ford Parfum +961 1 99 11 11 Ext.105 Topshop +961 1 887 321 ZÉnith chez Atamian +961 125 66 55 Valentino Parfum chez Aishti +961 1 99 11 11 ext.105 Vilebrequin +961 1 97 95 88 Yves Saint Laurent BeautÉ +961 1 99 11 11 ext.105 Zegna +961 1 99 11 11 ext.120 ZÉnith chez Atamian +961 125 66 55


©2013 New Balance Athletic Shoe, Inc.

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Miossec – Ici-bas, Ici même Coldplay – Ghost Stories Jean-Louis Aubert – Aubert chante Houellebecq, Les Parages du Vide Ben Harper et Ellen Harper – Childhood Home Damon Albarn – Everyday Robots Gush - Mira

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