N° 42 – 7,500 l.l.
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rendez-vous 40 Édito 42 Nuancier : Objets désirables 44 Les News
Beauté 50 Architecture d’un parfum 51 Arômes d’intérieur 52 Lignes de front
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Ils s’appellent George Tendance bijoux : Précieux sortilège Tendance montres : Lumière blanche Optical Diam’s Prismes
STYLE 92 94 96 98 102 104 106 108 112 « Crash » par Robert Bellamy, page 140.
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Le Best of de la saison par Mélanie Le Best of de la saison par Amine Le Best of de la saison par Sévine Lubies : Access’art Hits de la saison Focus Pyjama Au saut du lit La ruée vers l’art Total Look
*Errata : Une erreur s’est glissée dans le crédit photos de l’article «Henry Dakkak JR, forgeron du 3e millénaire» (L’Officiel Levant décembre-janvier) : Les photos sont de Choucri Bechir.
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Édito Amy Adams Underground Lignes franches Crash Bal tribal
la vie 166 L'Officielle du mois Manal Khader 172 Photomed 176 Dsquared2 , à deux c’est mieux ! 180 Cynthia Merhej 184 Aziza 186 Bis(tro) Repetita 188 Quand Valentino voit rouge 190 Yazan, Vandale à rebours 198 Icone: Hind Abillama 2 00 Escales beyrouthines 2 02 Cabinets de curiosités 2 06 Defina Delettrez, conte de famille 212 Mayssa Karaa, la voix qui a conquis Hollywood 214 Un Soho à Beyrouth 216 Dans la tête d’un expat à Beyrouth 222 La nuit 226 Oiseaux de nuit 227 Adresses 228 Horoscope 2 30 Enfin : Made in Milan 264 Playlist
Amy Adams par Mathieu César, page 120.
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février 2014
En couverture : Amy Adams porte un manteau et un top Miu Miu, une bague entre les doigts « Lotus » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels. Photographie par Mathieu César. Stylisme Jennifer Eymère. Coiffure Marcus Francis. Maquillage Steve Sollitto.
Éditeur
Ton y Sa l ame Grou pe TSG SA L Rédaction Rédactrice en chef
Fifi A bou Dib (f i f i.aboudib@aish ti.com)
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M a l ak Be y dou n
A N N E M A R IE TA BET
(mal ak.beydoun@aishti.com)
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(layla.naamani@aishti.com)
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maya ka ddou ra (maya.kaddoura@aishti.com) Contributeurs
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Publicité et Marketing Directeur génér al commercial e t marke ting
M e l hem Moussa l em (melhem.moussalem@aishti.com)
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M E L A N IE DAGHE R
Rédaction
R A NA A N DR AOS, PHIL IPPIN E DE CL E R MON T-TON N E R R E , M arie Le Fort, Gil l e s K hou ry
Directrice publ icité
St é ph anie M issirian (stephanie.missirian@aishti.com) Directrice marke ting
K arine A bou A rra j (karine.abouarraj@aishti.com) Directeur responsable
A mine abou k h a l e d Imprimeur
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n° 42
février 2014
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Cloé Ba illy, R achèle Be v il acqua , M ARINE BOISSET, Chrystèle dessoy, Cor a lie G a r a n de au
n° 982
février 2014
NICOLE KIDMAN
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ÉDITO
Elle veut encore rouler des hanches, elle veut se soûler de printemps, elle veut s’en payer des nuits blanches, à cœur qui bat, à cœur battant… Merci Barbara, ces mots vont si bien à Beyrouth la vibrante, la mouvante, l’émouvante. Et à propos de printemps, ce printemps très précoce qui ensoleille la ville en ce mois de février est pour une fois en phase avec les collections de la belle saison déjà en vitrines. Les créateurs sont d’humeur de plus en plus artistique. Si les grands peintres, au moins depuis Yves Saint Laurent, n’ont jamais vraiment cessé d’inspirer la Haute Couture, du moins se démocratisent-ils pour, cette fois, s’offrir au commun des mortels dans le prêt-à-porter. Nous serons des toiles vivantes, n’est-ce pas ce que nous avons toujours voulu être? Chacun dans son style, les couturiers nous propulsent dans un univers onirique, minimaliste, cubiste, surréaliste. Plus que jamais, l’art sera dans la rue, sur nos épaules, mobile, gourmand, bavard, coquin, taquin, séducteur, flirty. Le printemps voit en nous des conversation pieces. La mode a compris que «si l’on ne parle pas de vous, vous n’existez pas». On parlera de vous, de nous, pas pour jaser mais pour interroger. En entrant en art, le prêt-à-porter entre en communication et gagne de nouveaux gallons dans la hiérarchie de la création. Communiquer, échanger, parler, c’est d’abord tenir les conflits à distance. Une mode qui interroge, quel meilleur antidote à toutes formes de guerre?
Fifi Abou Dib
nuancier
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1. Dior 2. Miu Miu 3. Marni 4. Céline 5. Chloé 6. Prada 7. Céline 8. Hermès 9. Charlotte Olympia. 10. Jimmy Choo 11. Prada
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L’éclat fifties des couleurs franches illumine les accessoires du printemps.
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news
CHLOÉ À LA LETTRE C Après le "Alice" et le "Baylee",
DIOR A MONTE-CARLO
Pour la collection croisière Dior 2014, Raf Simons a créé une ligne follement contemporaine dans laquelle il explore l'idée même du style croisière entre bien-être, énergie et vacances. Les accessoires sont dans le même esprit, acidulé, vitaminé comme un coucher de soleil sur l'horizon de la marina monégasque. F. A . D Dior +961 1 99 11 11 ext.592
UNE CRAVATE
La seule coquetterie de l'homme quand le métier impose l'uniforme, et le seul petit éclair de couleur et/ou d'humour dans la grisaille du trois pièces. Lui offrir ce nœud qui l'étrangle et l'oblige à garder la tête haute? C'est lui montrer qu'on l'estime, et ça, c'est sexy. Corneliani en fait de belles. F.A.D Corneliani +961 1 99 11 11 ext.500
LA PLUS GLAM
Même à genoux, même en prière, la chaussure Le Silla est faite pour damner tous les saints. Glam comme on ferait exprès de l'être à outrance, qu'il s'agisse d'escarpins ou de baskets, elle en fait toujours trop et s'arrange pour que ce soit juste ce qu'il faut. F.A.D Le Silla en vente chez Aïshti,+961 1 99 11 11 ext.110
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voici le Clare, le nouveau sac de Chloé dont le nom commence par "C". "Clare", le milieu de la mode le sait, est un clin d'œil à la discrète directrice artistique de la maison, Clare Waight Keller qui a eu l'idée de cet abécédaire. Une tradition généralement suivie pour les animaux de compagnie à pedigree. Statut que nous revendiquons pour nos sacs! F.A.D Chloé +961 1 99 11 11 ext.580
Ça roule
Une bonne raison de se mettre au skateboard ? Les deux planches imaginées par Isabel Marant pour Heritage, sur lesquelles s’invite son adorable mascotte, Mr Hatman. M . A . En exclusivité au Bicycle Store, 17, bd du Temple, Paris 3 e. www.heritage-paris.com
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PLASTIC DREAM
On adore Mélissa. A cause de l'odeur de vanille et ce côté "pas pour de vrai". A cause du souvenir délicieux de ce geste méticuleux avec lequel, petites filles, nous enfilions à nos Barbie des escarpins minuscules que nous aurions rêvé d'avoir à notre taille. Souliers en gomme pour poupées adultes et, accessoirement, machines à remonter le temps. F.A.D Melissa en vente chez Aïzone +961 1 99 11 11 ext.140
A ROSE IS A ROSE IS A ROSE… Le vers célèbre de Gertrude Stein souligne l'évidence que la rose n'est plus une fleur mais un archétype, tant l'abus de son nom l'a vidée de sa substance. Et tant qu'à faire, autant n'en retenir que le parfum, ce que fait prodigieusement Diptyque avec son envoûtante Rosa Mundi où se mêlent rose de Damas et rose de Mai. En bougie, vapo d'intérieur, eau de toilette (Eau Rose) et lotion pour le corps et les mains. Attention, addictif. F.A.D
TORY N'A JAMAIS TORT Tory Burch a même tout juste, tout le temps. C'en est presque agaçant, mais c'est clairement la raison pour laquelle cette créatrice, née dans le milieu WASP, cultivée dans la Ivy League et engagée dans le women empowerment, a réussi en un rien de temps ce que d'autres mettent des années à réaliser: sa marque a été évaluée par Forbes 1 milliard de dollars après seulement une poignée d'années d'existence. Elle a compris notre besoin d'élégance confortable, de légèreté, de versatilité et de classicisme à la fois contemporain et intemporel. Merci Tory! F.A.D Tory Burch +961 1 99 11 11 ext.574
Tapis rouge Leila Yavari, fashion director de Stylebop.com, a demandé à dix designers britanniques d’imaginer une création en exclusivité pour le e-shop. On retrouve des escarpins de princesse par Sophia Webster, un ensemble plissé Roksanda Ilincic, une robe à fleurs signée Mary Katrantzou… Pour l’occasion, Poppy Delevingne a fait le voyage jusqu’à Hollywood pour se faire immortaliser au Chateau Marmont dans les pièces de la collection. Il faut dire que la collection a pour nom « Red Carpet »… M . A . Collection capsule « Red Carpet », en exclusivité sur www.stylebop.com.
Diptyque en vente chez Aïshti, +961 1 99 11 11 ext.105
CE PETIT SAC DE BAKÉLITE
Il est rigide dehors, souple dedans. Rouge à paillettes. Il semble taillé dans un vieux jukebox en bakélite et prêt à jouer sa musique quand on soulève, d'une main manucurée ton sur ton, le rabat articulé. Ce clutch Jimmy Choo est un concentré de nostalgie et de vocabulaire vintage. F.A.D
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news
Fashion collector C’est la styliste américaine L’Wren Scott qui a relooké l’Eau de Beauté de Caudalie (un des 100 incontournables de L’Officiel Beauté). Une édition limitée aux courbes sensuelles façonnées de sarments de vigne, et une recette mi-sérum mi-tonique à base d’un cocktail de plantes aux vertus régénérante, purifiante, calmante et hydratante – dont la pulpe de raisin, incontournable ingrédient de la marque. Créée en 1996, cette brume réveille les peaux fatiguées et resserre les pores tout en lissant les traits. Culte. M.R. Eau de Beauté (100 ml), Caudalie by L’Wren Scott
Miracle
Un parfum de miracle – Nessa en hébreu – nimbe les bijoux de Vanessa Mimran qui a puisé dans sa culture cosmopolite la force de son design désormais disponible dans son e-shop. H.D. Bague « Double Snake » en or jaune et rubis, Nessa. shop.nessa-jewelry.com
INFLAMMABLE
Bleue, la lingerie, rouge le kimono transparent, et juste un petit nœud sur le string pour jouer le fil conducteur…et la conduction. Agent Provocateur ne fait pas dans la dentelle, même s'il en use et abuse, quand il s'agit de la bagatelle! F.A.D
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Rouge princesse
La créatrice nous en avait parlé au moment du lancement de son dernier parfum Elle L’Aime. Lolita Lempicka en rêvait : elle a donc conçu une sublime collection de dix rouges à lèvres au packaging baroque et élégant, dont l’égérie n’est autre que Sasha Pivovarova. Un objet de désir à la délicieuse odeur poudrée ; et ce Rouge Lolita, sa couleur fétiche. M . R . Rouge à lèvres Mon Rouge (10 teintes), Lolita Lempicka, www.lolitalempicka.com.
Dans la vallée La visite de manufacture : le nec plus ultra pour les fans de belles montres, comme l’actrice Sarah Gadon qui s’est déplacée au cœur de la vallée de Joux, en Suisse, pour visiter la célèbre Maison d’Antoine et découvrir quelques-uns des 180 précieux savoirfaire développés par Jaeger-LeCoultre. H . D . Sarah Gadon porte une montre « Rendez-vous » en acier de Jaeger-LeCoultre chez Cadrans, +961 1 97 53 33
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NeWs
ODE À LA VIRGINITÉ
Ce rose cuisse-de-nymphe (juste émue), cette ligne pure, fermoir discret, rectangulaire, l'époque le veut puisque nos secrets désormais se cachent dans la géométrie de nos tablettes…ce sac Balenciaga est d'une telle justesse qu'on en crie au prodige. Alexander Wang, on sait pourquoi on vous aime! F.A.D Balenciaga +961 1 99 11 11 ext.570
Réédition
au chic Parisien Au début du siècle, les frères xx e
Seeberger décidèrent de faire poser des mannequins dans des rues et des lieux historiques de la capitale pour mettre en valeur les créations des grands couturiers. Un nouveau genre, auquel les plus grands noms de la photo n’ont pas manqué de s’essayer. M . A .
Avis aux nostalgiques, Blumarine vient de dévoiler son nouveau cardigan « BluV », qui se décline dans une version ultra-luxe. Pour l’occasion, il se pare d’inserts de tulle en plumetis, de cristaux Swarovski et d’un col en vison détachable. Unique et précieux. M . A . www.blumarine.com
« Paris Mode, 100 photos de légende », éditions Parigramme. www.parigramme.com
ROMANTICOOL La nouvelle campagne Burberry pour le printemps été 2014 est juste craquante avec son casting de jeunes talents anglais: l'acteur Jamie Campbell Bower, le musicien Leo Dobson (chanteur du groupe anglais indie-rock Childhood) et les mannequins Malaika Firht, Mathilda Lowther, Neelam Johal, Callum Ball et Jean Campbell. Ils sont beaux et si frais, tous enveloppés de leur trench Burberry beige, tous accessoirisés de rouge. Fanatique de la culture numérique, Burberry diffuse évidemment cette campagne sur tous les réseaux sociaux existants. F.A.D Burberry +961 1 99 11 11 ext.455
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Cartier ressuscite une montre de forme légendaire en substituant au bombé du boîtier originel, conçu en 1912, la tension harmonieuse de pans lisses et affinés, qui soulignent une élégance intemporelle. H . D . Montre « Tortue » moyen modèle en or gris et diamants, mouvement mécanique à remontage manuel, Cartier, prix sur demande, +961 1 97 26 00
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Road Movie Depuis dix ans, Chaumet s’associe à l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma pour honorer les talents de demain. Les « Révélations » 2014 sont présentées cette année à travers un clip réalisé par Antoine Carlier, diffusé dans plus de quatre-cents salles de cinéma en France. H e r v é D e w i n t r e
Archistructure Tenue géométrique pour la
Charlotte Le Bon, dans le road-movie réalisé par Antoine Carlier pour l’Académie des César et Chaumet, porte des bracelets de la collection « Lien ». En vente chez Cadrans, +961 1 97 53 33
collection « Architecture » des parfums Comme des Garçons. Amazingreen, Wonderwood et le CDG2 se retrouvent en habit d’hiver. Encastré, enchâssé, emprisonné par l’artistepeintre Lindy Foss-Quillet et le charpentier Frédéric Couderc, le flacon galet se blottit dans un échafaudage de plastique, métal et boulons. Fenêtre sur flacon pour une nouvelle vie arty et en couleurs des parfums Comme des Garçons. Une édition limitée. A n t i g o n e S c h i l l i n g Parfums Amazingreen, Wonderwood et CDG2 (50 ml), collection « Architecture », Comme des Garçons, 98 € (l’unité). Chez Colette et www.comme-des-garcons.com.
Pop life Après les boutiques de la rue Royale, rue de la Paix et rue de Passy, Christofle ouvre dans le Triangle d’or un nouvel espace parisien qui sera dans un premier temps occupé par un pop-up store conçu par Stéphane Parmentier. Un écrin électrique et coloré, graphique et gai. H . D . Pop-up store Christofle jusqu’au 31 mars. 51, rue François-1er, Paris 8 e. www.christofle.com Boucle d’oreilles « Connection » en argent massif, design Philippe Airaud pour Christofle.
Les trois visages de l'anti-âge
Le nouveau soin anti-âge de Chanel se décline en trois versions pour répondre plus précisément au besoin de chaque femme. Les trois formules ont pour but de donner à la peau les moyens de rétablir son propre équilibre naturel et de se rajeunir par elle-même, à son rythme, à sa façon. Cette crème qui se décline en plusieurs textures, la crème fine, la crème et la crème riche, est un véritable soin sur mesure qui offre à chacune l'arme qu'il lui faut pour repousser les agressions du temps. M.K Le Lift de Chanel en vente chez Aishti, +961 1 99 11 11 ext.105
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Sculptural L’architecte Zaha Hadid offre son talent visionnaire à Caspita en concevant deux pièces d’orfèvrerie exclusives, une bague et un bracelet, en édition limitée, inspirées des structures cellulaires de la nature. H . D . Bague « Skein » diamant en or blanc 18 carats, sertie de 288 diamants, Zaha Hadid pour Caspita. www.caspita.ch
LES GRIGRIS DE STELLA
Tout schuss
Quand Hermès imagine une collection dédiée au ski, la maison s’entoure de spécialistes pour allier performance et confort. Pull en cachemire, parka en veau imperméable, pantalon à bretelles… On n’a jamais eu autant envie de prendre de la hauteur. M a r g a u l t A n t o n i n i
Les sacs de Stella McCartney sont reconnaissables entre tous: ils sont bordés de chaines, allusion claire à l'univers du rock. Sa nouvelle collection est aussi rebrodée de grigris, cœurs, allumettes, lèvres, bijoux secrets sur fond de poulain noir ou d'agneau rose. Un peu de Warhol, un peu d'art vaudou, beaucoup de poussière d'étoiles, simplement beau. F.A.D Stella Mc Cartney +961 1 99 11 11 ext.575
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La montre « Royal Oak Concept GMT Tourbillon » délaisse le noir au profit du blanc sur la lunette, la couronne et les poussoirs en céramique. Un nouveau modèle définitivement destiné aux amateurs d’horlogerie d’avant-garde. H . D . Montre « Royal Oak Concept GMT Tourbillon », mouvement à remontage manuel, bracelet en caoutchouc, Audemars Piguet, prix sur demande.www.audemarspiguet.com
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Dans le cadre de son projet « Vivienne Westwood Loves », la créatrice s’est associée à la marque Globe-Trotter, réputée pour ses bagages de qualité depuis 1897. Ensemble, ils ont imaginé des modèles alliant le savoir-faire de la manufacture anglaise à des détails chers à la créatrice, comme l’intérieur tartan. De quoi voyager avec style. M . A www.globetrotter1897.com
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BEAUTé
Architecture d’un parfum La géométrie d’un flacon définit l’essence qu’il contient. Cube, sphère, cylindre, pyramide… Ces lignes pures viennent sceller l’état liquide dans des formes solides. CQFD. P a r A nt i g o ne S c h i ll i ng
La pyramide Forme antique archétypale associée à l’Égypte, la pyramide est la séduisante signature d’un mythique parfum : Trésor de Lancôme. Construite à l’envers, elle se dessine en strates de verre pour un parfum floral, féminin, exquis. Une pyramide à l’envers, à étages et coiffée de noir pour l’absolu. Eau de parfum Trésor (50 ml), Lancôme.
Le carré La signature emblématique du N° 5 de Chanel, incroyable parfum abstraction où les fleurs sont relevées d’aldéhydes. Forme géométrique parfaite, mais aussi symbole de stabilité, le carré se dessine en volume juste surmonté d’un col et bouchon. Depuis 1922, ce flacon mythique, ode à la géométrie, étonne par son évidente et élégante simplicité. Eau de parfum Chanel N° 5 (50 ml), Chanel.
La verticale Avec le rectangle, c’est une des deux signatures de Serge Lutens. Esprit Art déco, géométrie pure et élégance parfaite trament l’esprit de sa collection où serpente également son histoire d’eau. Troisième opus, Laine de Verre y inscrit graphiquement un triangle en pointe vers le bas. Jeu de géométrie cryptée pour habiller une fusion de métal froid. Eau de toilette Laine de Verre (50 ml), Serge Lutens.
Le rectangle Il est mis pour le Fan di Fendi. En largeur, bien stable, il se décore d’un double F imbriqué. L’abstraction du flacon se chauffe d’or pour apporter sensualité et éclat à un parfum aux allures de lingot. Eau de parfum Fan di Fendi (50 ml), Fendi.
Le cylindre Il signe le flacon de la « Collection Privée » des parfums Christian Dior. Caresse d’un cercle (la perfection, l’absolu, le ciel) en rondeur et volupté avec une verticalité affirmée, fière mise en hauteur. Gris Montaigne joue sur le nom des origines de la maison et sa couleur signature. La sphère Elle tourne sur elle-même, surgit, quasi cosmique, forme associée à la terre. En parfum, Jimmy Choo a choisi l’esprit de la boule à facettes pour faire scintiller son parfum. De brillants éclats projettent des accents précieux tandis que l’étui s’habille d’une impression python, tentation. Eau de parfum (100 ml), Jimmy Choo.
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PHOTO Stefano bianchi
Eau de parfum Gris Montaigne (125 ml), Christian Dior.
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ARôMES D’INTéRIEUR
Bougie parfumée, diffuseur olfactif, parfum d’intérieur, pourvu que ca embaume. Figuier, gardénia, baies, chêne, choisissez un arôme et laissez évaporer. P a r M AYA K A D D O U R A , p h o t o g r a p h i e R AYA F A R H AT 2.
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De haut en bas : 1. Parfum d’intérieur , Sprieze Freshe Culti 2. Parfum d’intérieur, Gardenia Diptyque 3. Diffuseur électrique, parfum au choix Un Air De Diptyque 4. Bougie parfumée, Baies Diptyque 5. Bougie parfumée, Figuier Diptyque 6. Bougie parfumée, Linfa Culti 7. Bougie parfumée, Tubereuse du Mexique Ideo Parfumeurs
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lignes de front Extraverti, le sourcil s’affiche XXL sur les défilés cette saison. Naturel, gélifié, fumé, platine, doré, géométrique… la créativité est mise à l’honneur. Réinterprétation de tendances. Photographie Ba ard Lunde Réalisation marion renard
naturel Épais et clairsemé, comme sur le défilé Mary Katrantzou, le sourcil à l’état pur, l’effet gélifié en plus. Mise en beauté Dior avec le Mascara Diorshow Iconic Overcurl Over Noir et le Pore Minimizer.
Baroque Un œil fumé, cuivré, voire métallique, aperçu chez Maxime Simoens, qui s’étend de la paupière à l’arcade et couvre le sourcil en brouillant les codes. Mise en beauté Dior avec le Fond de Teint Diorskin Nude Beige Clair, le Mascara Diorshow Iconic Overcurl Over Noir, l’Art Pen Diorshow, le Fusion Mono Comète Diorshow et le Rouge à Lèvres Dior Addict Extrême Paparazzi.
andro誰de Le sourcil bleached, platine et invisible, vu chez Alexander McQueen, Prada et Saint Laurent, pour un regard futuriste.
gold Scruté chez Christian Dior et Jean-Charles de Castelbajac, le sourcil doré signe l’opulence et la sophistication extrêmes. Mise en beauté Dior avec le Mascara Diorshow Iconic Overcurl Over Noir, le fard à paupières Diorshow Mono Khôl et le Fusion Mono Comète Diorshow.
graphique Géométrique et surréaliste, chez Céline, le sourcil joue le radical et se noircit tout en rebellion. Modèle Merethe chez Donna Ionna Coiffure Hélène Bidart Maquillage Damian Garozzo Assistante maquillage Aya Murai Assistant photographe Mikael Fakhri
la vie beauté
De haut en bas : Écrin sourcils 4 poudres longue tenue, Guerlain. Brow set, MAC. Crayon sourcils sculptant Blond cendré 20 (4 teintes), Chanel. Gel sourcils structure & brillance Brow Styler Gel 001, Diorshow, Dior. Gel volumateur Gimme Brow Medium (2 teintes), Benefit chez Sephora. 58
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beauté la vie
Sans ciller ! C’est Cara Delevingne que l’on devrait remercier. Avec ses sourcils épais, broussailleux et foncés, comme on n’en avait pas vu depuis ceux de Brooke Shields dans les années 1980. Il n’en fallait pas plus pour révolutionner le monde de la mode et de la beauté. Groomer de sourcils, un nouveau métier ? P a r m a r i o n r e n a r d , p h o t o g r a p h i e S t e f a n o B i a n ch i
Expression directe Les sourcils et les cils jouent un rôle important dans la séduction, ils expriment les sentiments en même temps qu’ils protègent puisqu’ils empêchent la pluie, la sueur et la poussière de polluer les yeux. Ils ont aussi une signification particulière selon les cultures. Récemment, lors d’un lancement Shiseido, on apprenait qu’au Japon, durant la période Edo (du xviie au xix e siècles), une femme mariée avait les sourcils rasés jusqu’au premier enfant (on a mal au front rien que d’y penser)… Si, dans les années 1970 et 80, la mode dictait de porter un sourcil ultra-fin, certaines se mordent encore les doigts aujourd’hui de les avoir trop épilés (on croit rêver !). Heureusement, des professionnelles ès-sourcils se chargent de réparer et de refournir cet arc, avec différentes techniques de micropigmentation et teintures. Et des sérums boosters de repousse, crayons et gels volumateurs remplis de fibres, à utiliser chez soi, garantissent un effet immédiat. Tendance fouillis Sur les défilés, la créativité a gagné nos tempes et les sourcils se comblent de parures diverses, devenant le centre du maquillage : on se souvient de Chanel et de ses mémorables sourcils bijoux du défilé croisière automne-hiver 2012. La marque de luxe les affiche cette année intensifiés au crayon noir, comme chez Louis Vuitton, quand Dior et Castelbajac roulent pour l’or. Chez Céline, la géométrie et le surréalisme s’imposent : le sourcil se porte droit – à la Rooney Mara –, une barre noire radicale élaborée par le maquilleur Dick Page. Erdem, Emilio Pucci, Jil Sander, Marni, Dries Van Noten, Viktor & Rolf, Givenchy… ne sont pas en reste. La créatrice Mary Katrantzou le fait brosser pour le rendre plus touffu, étiré vers le front, même chose pour Rodarte (par le make-up artist James Kaliardos). Gareth Pugh le rend mutant et futuriste, après y avoir posé des stickers blancs l’été dernier. Autre alternative : exagéré au crayon, khôl, fard gras ou liner, le sourcil s’évapore en devenant platine et invisible chez Alexander McQueen et Saint Laurent – on se souvient d’ailleurs du tollé fashion qu’avait provoqué, en 2006, Lara Stone, quand elle fut la première à les afficher bleached et invisibles ; elle en a fait sa signature depuis. Et que dire de Lady Gaga, Miley Cirus, Lindsey Wixson qui, elles aussi, y succombaient récemment ? Avant-garde, look alien ou simple rébellion de la ligne de front ? La forme, pas les formes Sur le site Daily Make Over, la styliste de sourcils Joey Healy considère qu’il faut prendre en compte la symétrie du visage pour
décider de l’épilation d’un sourcil, même fourni, et de la forme à lui donner. Le but : rajeunir et paraître healthy. Par exemple, pour un visage carré, légèrement arrondi, il faudra éviter la ligne angulaire, contrairement au visage rond, sur lequel il est fortement conseillé et plutôt assez haut. Sur un visage allongé, il prendra une forme presque horizontale et on laissera la queue du sourcil filer. En tout cas, toutes les prêtresses américaines du sourcil s’accordent à dire que plus il est brossé vers le haut, plus il a un effet rajeunissant. Selon le make-up artist français Fred Farrugia, le sourcil épais et broussailleux donne surtout du caractère et, pour lui, il n’y a pas vraiment de règle à suivre pour se maquiller : « Des yeux naturels, un eye-liner ou un smoky mais sur une peau nude et légèrement glowy, et avec une bouche pas trop définie, plutôt avec un baume coloré posé au doigt qu’un rouge pur et dur. » Les 5 règles de Jocelyne de Villeneuve, créatrice de L’Atelier du Sourcil 1. Éviter à tout prix les épilations quotidiennes, cela favorise les poils sous peau et les repousses disgracieuses. 2. Ne jamais « creuser » au centre du sourcil : contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela rapetisse l’œil et fait un sourcil façon Édith Piaf. 3. Ne jamais épiler à la cire : cela traumatise la paupière ultra-fine et sensible du contour de l’œil et ne permet pas une précision suffisante. 4. Penser à la teinture des sourcils qui donne de très jolis résultats, surtout pour les sourcils clairsemés, et redonne de la densité aux poils. 5. Passer un fixateur pour discipliner les sourcils, obtenir une jolie forme et donner de la brillance. Bars à sourcils Nouvelle tendance, mais dans la manière de procéder, rien n’a changé, la mise en beauté des sourcils se fait toujours dans les règles de l’art : calcul des angles, longueur, intervalle, etc. Avec en accessoires : ciseaux, peigne, brosse, pince… Cependant, mieux vaut faire appel à des professionnel(le)s qui se chargent de magnifier le regard au sein de boutiques-boudoirs ou de récents bars à sourcils. En 1997, c’est Anastasia Soare qui ouvrait le premier brow bar à Beverly Hills et baptisait sa marque Anastasia Beverly Hills. Ensuite, ce fut Benefit à San Francisco, en 2003. En France, c’est Sephora qui installe le premier corner de la marque américaine au sein de son magasin la même année. Depuis, le sourcil se démocratise presque au même titre que les ongles. février 2014
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bijoux
ILS S’APPELLENT GEORGE
A la porte de l’orient, Beyrouth est depuis la nuit des temps un carrefour d’échanges commerciaux qui a permis l’établissement de dynasties marchandes, notamment dans le domaine de la bijouterie et de la joaillerie. Parmi ces familles, celle de George Hakim qui prospère aujourd’hui sous l’égide des quatre arrières petits-fils du fondateur. P a r M aya k a d d o u r a
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C’est en 1915, alors que le Liban est encore une province de l’Empire Ottoman, que George Hakim, artisan passionné, commence à créer et confectionner des bijoux. A cette époque, l’or est encore une monnaie d’échange et les femmes affichent déjà leur fortune à travers leurs ornements. L’aïeul forme une équipe d’artisans chevronnés et entretient avec amabilité et discrétion une clientèle qui non seulement ne lui fera jamais défaut, mais s’attachera à sa signature en transmettant sa confiance à sa propre descendance. La passion de George Hakim se révèle donc héréditaire, non seulement au niveau de sa famille mais également de ses habitués. Ses enfants et petits enfants adoptent naturellement le métier, chacun dans sa spécialité. « Nous ne nous sommes jamais sentis obligés de reprendre le flambeau, affirme Karim Hakim. C’est vraiment une passion, un intérêt que nous partageons en famille. C’est dans notre sang.» 64
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uatre générations, une signature reconnue depuis le début du siècle dernier, et une passion qui court dans les gènes, de pères en fils. Tels sont les “George Hakim”, quatre frères qui se répartissent aujourd’hui les taches au sein de la bijouterie familiale éponyme, présidée par leur père, George Hakim qui porte le nom de son propre grand-père. C’est avec Karim Hakim que nous nous sommes entretenus pour comprendre le secret de la pérennité de cette marque prestigieuse qui vient tout juste d’ouvrir une boutique à Genève.
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Une marque établie, une réputation jamais démentie, un amour de la belle ouvrage qui se transmet depuis quasiment un siècle, les frères Hakim n’ont jamais eu à hésiter. Leur objectif est aujourd’hui de conserver le savoir faire de la maison tout en développant la création pour maintenir la marque dans une évolution constante. A cet effet, les quatre héritiers se partagent les tâches tout en gardant un œil sur tous les fronts. « Nous-nous sommes répartis le travail en fonction des compétences de chacun, sans pour autant que chaque “spécialiste” se confine dans son domaine. Car ce qui fait notre force, c’est justement l’harmonie de notre équipe, de notre travail, et les échanges et concertations permanents que nous avons entre nous ». Karim Hakim, par exemple, s’occupe du marketing et de la relation avec les clients. La présence de la joaillerie George Hakim à la foire de Bâle (depuis 15 ans) et celle de Hong Kong, leur a permis de conquérir de nouveaux marchés et de travailler avec des fournisseurs internationaux. Tout en développant la production à Beyrouth, grâce à une équipe d’une trentaine d’artisans libanais qui travaillent, pour certain d’entre eux, depuis plus de 20 ans au sein de la maison. « Ils font partie de la famille, dit Karim Hakim. Ils ont un doigté et un savoir-faire exceptionnels ».
PHOTOs DR.
Résultat de ce travail d’équipe familial : trois lignes fortes qui rencontrent le même succès. La collection Haute Joaillerie, permanente, décline rivières, alliances et pierres précieuses. Intemporels, les bijoux de cette collection sont de grands classiques patrimoniaux. Les deux autres collections s’adaptent davantage aux tendances. Cette année, il s’agit de Young Spirit et Gorgeous. La première s’adresse évidemment à une clientèle jeune, avec moins de pierres et plus d’or, surtout de l’or rose. La deuxième met en avant de grosses pierres naturelles, semi-précieuses et très colorées. « Nous créons pour la femme active, celle qui travaille et aime les bijoux facile à porter, de jour comme de nuit, souligne Karim Hakim ». Solidement ancrée sur la place libanaise, arabe et régionale, la marque George Hakim sera maintenant plus accessible à la clientèle européenne grâce à sa nouvelle enseigne suisse. En abordant un nouveau continent, cette bijouterie centenaire s’offre un tremplin pour son développement international et tout simplement une belle vitrine devant laquelle on n’a pas fini de rêver. février 2014
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précieux sortilège
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Fleurs vénéneuses et serpents tentateurs pour bagues fatales…
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PHOTOs Satoshi Saïkusa, marcio madeira, dr
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Saint Laurent par Hedi Slimane
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1. Bague or blanc 18 carats, sertie de diamants et saphirs Yvan Tufenkjian. 2. Bague « Armure » en or blanc et diamants, Edouard Nahum. 3. Bague « Croix Serpent » en or blanc, diamants noirs et diamants gris, Élise Dray. 4. Bague twin « Berbère » en or blanc pavée de diamants, Repossi. 5. Bague « Lion Talisman » en or jaune sertie de diamants taille brillant et d’une perle de culture des mers du Sud, collection « Sous le signe du Lion », Chanel Joaillerie. 6. Bague trois doigts « Trois Fleurs » en or noir et diamants noirs, Runa. 7. Bague or blanc et jaune 18 carats, sertie de diamants, Yvan Tufenkjian. 8. Bague trois doigts « Ocean » en or blanc pavée de diamants blancs, AS 29 chez Sylvie Saliba.
Roberto Cavalli
R é a l i s a t i o n e m i ly m i nc h e l l a
bijoux 2.
lumière blanche
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Pierres et matières s’harmonisent dans une immaculée conception. R é a l i s a t i o n e m i ly m i n c h e l l a
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Antonio Berardi
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1. Montre « Dior VIII », boîtier et bracelet en céramique high-tech et acier, mouvement automatique, lunette sertie de diamants, cadran en nacre serti de diamants, Dior Horlogerie. 2. Montre « Grande Reverso Lady Ultra Thin » en or gris, mouvement mécanique à remontage manuel, lunette sertie, bracelet en alligator, Jaeger-LeCoultre. 3. Montre « Reine de Naples Grande Complication » en or blanc et nacre, lunette sertie, Breguet. 4. Montre « RM 023 Automatique Mixte »,boîtier en or blanc semiserti, mouvement squelette à remontage automatique, bracelet en caoutchouc, Richard Mille. 5. Montre « Petite Heure Minute » 35 mm, boîtier en or gris serti, cadran en nacre, mouvement automatique,Mouawad. 6. Montre The Grato Collection, en or blanc 18 carats, sertie de diamants ronds et baguettes, bracelet en cuir , Alain Philippe. 7. Montre « Selfwinding Royal Oak » en acier, cadran argenté, motif Grande Tapisserie, index appliques et aiguilles Royal Oak en or gris, bracelet en alligator, Audemars Piguet. 8. Montre « Diagono », boîtier en céramique et acier, bracelet en caoutchouc, cadran en nacre, mouvement automatique, Bulgari. 9. Montre « Tambour Bijou Secret » en or blanc et nacre, mouvement quartz, cornes et fleurs de Monogram serties de diamants, bracelet en alligator, Louis Vuitton. 10. Montre « Première » en acier serti de diamants, bracelet en caoutchouc, mouvement quartz, Chanel Horlogerie.
PHOTOs Daniel Sannwald, marcio madeira, dr
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A誰shti, Downtown Beirut 01. 99 11 11
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optical DIAM’S
Nimbée de lumières changeantes et de vibrations intenses, la plus précieuse des pierres explore les vertiges et les conceptions contemporaines de l’art opticocinétique. Une invitation à l’émerveillement animée par le dialogue entre l’espace, la couleur et l’éclat magnétique du diamant.
Photographie CHRISTOPHE BOUQUET Stylisme E M I LY M I N C H E L L A
Chanel Montre « J12 Moonphase », 38 mm, en céramique noire, lunette sertie de 54 diamants, cadran noir guilloché serti de diamants avec compteur en aventurine. Fonctions : heures, minutes, secondes, date, phases de lune. Étanche à 50 mètres. Mouvement automatique. Chanel Horlogerie. Bague « Camélia galbé » en or blanc sertie d’un diamant taille brillant et de céramique noire. Chanel Joaillerie.
Louis Vuitton Montre « Tambour Monogram Infini » en or rose sertie de diamants, bracelet en satin nude, mouvement automatique. Louis Vuitton Horlogerie. Bague en or rose, diamants blancs et bruns pour 8,85 carats, collection « Voyage dans le Temps ». Louis Vuitton Joaillerie.
Bvlgari Montre « Catene », boîtier en or rose, cadran en nacre, bracelet en or rose et diamants, 31 mm. Bague en or jaune sertie de calcédoine bleue, d’une améthyste et pavée de diamants.
Dior Bracelet « My Dior » en or rose et diamants. Dior Joaillerie. Montre « Dior VIII Grand Bal Plume » 38 mm, mouvement automatique, masse oscillante fonctionnelle côté cadran en or rose, ornée de plumes blanches et sertie de diamants, réserve de marche de 42 heures, boîtier en or rose, lunette en or rose sertie de diamants taille baguette et d’un anneau de nacre blanche, cadran en nacre blanche, bracelet en or rose avec boucle déployante en or rose et bracelet supplémentaire en lézard noir doublé d’alligator noir avec boucle ardillon en or rose sertie de diamants. Dior Horlogerie.
Harry Winston Collier « Carpet » en platine serti de diamants taille émeraude. T-shirt en jacquard imprimé, Joseph. 80
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prismes Rectangles, losanges ou triangles, la joaillerie se plie aux règles géométriques pour des bijoux aux formes carrément graphiques. P h o t o g r a p h i e L o n n e k e va n d e r P a l e n R é a l i s a t i o n E m i ly m i n c h e ll a
Chanel Joaillerie Manchette « Ultra » en or blanc serti de diamants taille brillant et céramique blanche. Top en fourrure de vision rasée et organza de soie, Fendi.
Cartier Montre en or gris, serti de diamants tailles baguette, carrĂŠ et rond. Pantalon en coton, Caroll.
Louis Vuitton Joaillerie Collier en or gris, une tourmaline bleue néon, morganites, émeraudes et diamants, collection « Chain Attraction ». Pull en coton, Acquaverde. Pantalon en coton, Caroll.
Bulgari Collier haute joaillerie en or blanc avec diamants tailles poire, brillant et baguette. Top en acetate et polyester, Victoria Beckham. Livre “Brothers of the Shadow”, de Florian et Michael Quistrebert (éd. Galerie Crèvecœur).
Dior Joaillerie Manchette « My Dior » en or jaune. Manchette « My Dior » en or jaune et diamants. Robe en polyester et viscose, Thakoon Addition.
Adler Boucles d’oreilles « Nefertari » en or blanc serti de diamants. Repossi Manchette « Art Nouveau » en or noir serti de diamants. Chemise en coton et pantalon en coton mélangé, Paul & Joe.
Van Cleef & Arpels Collier « Cravate » en or blanc serti de diamants tailles rond et poire. Top en coton, Thakoon Addition. Modèle Nadja chez Next Stylisme Helena Tejedor Coiffure Josefin Maquillage Delphine Delain Décoratrice Pauline Glaizal Assistant photo Reinder Janssen Assistante stylisme Mathilde Régnault Remerciements à Toulemonde Bochart pour le prêt des tapis.
Beirut 225 rue Foch Downtown Solidere - tel. 01.991111 Ext 500
A誰shti Downtown Beirut - tel. 01.991111
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Etro
Burberry Prorsum
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LE BEST OF DE LA SAISON PAR melanie
Céline
Passionnée de graphisme et de…souliers, Mélanie Dagher adore les chemises blanches, les belles coupes et les imprimés sophistiqués. Le soir, elle cultive une élégance subtile, une palette neutre traversée d’un trait de couleur, un fil rouge qui relie des styles totalement différents.
Dior
Dior
Stella McCartney
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Chloé
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Moschino
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Céline
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Charlotte Olympia Chloé
LE BEST OF DE LA SAISON PAR amine
Styliste professionnel, Amine Jreissati jongle avec les tendances et sait les renifler avant tout le monde. Ce grand voyageur a une prédilection pour les pièces arty où se mêlent exotisme, humour, luxe et créativité.
Burberry
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Balenciaga
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Prada
LE BEST OF DE LA SAISON PAR SéVINE
Fendi
Sévine Samadi, “styliste privée”, habille une chanteuse populaire qui cartonne dans la région. Sa palette de prédilection est résolument rock, rouge/noir/or, un rien blingbling mais toujours classe.
Mawi
Dolce & Gabbana
Hervé Léger
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Saint Laurent
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Dolce & Gabbana
Ca & Lou
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access’art Entre Anciens et Modernes, quatre leçons pour rehausser son vestiaire. Réalisation Lisa jouvin Photographie stefano bianchi
cinétique Sandales en Plexiglas et cuir verni, Fendi. Sac en toile imprimée Pantone Chanel. Bracelet « Crush » bicolore en cuir et laiton, Céline.
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figuratif Escarpins en faille de soie, imprimé floral, Dior. Sac « Téléphone » en cuir et Plexiglas, Yazbukey. Sac en cuir saffiano imprimé visage, Prada.
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baroque Sac en brocart imprimé et python, Dolce & Gabbana. Mules en cuir et laiton, Céline. Sac façon appareil photo en cuir, Plexiglas et métal, Charlotte Olympia.
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brooksbrothers.com New York
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Réalisation Lisa jouvin P h o t o g r a p h i e S a b i n e v i ll i a r d
Dior Gucci
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Ethniques, classiques ou iconiques, les sacs à main annoncent les couleurs du printemps.
modèle cindy b, coiffure et maquillage magali chez sybille kleber. combi-pantalon Lanvin et bague « Cher » Dior haute joaillerie.
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le pyjama En février 2013, Marc Jacobs annonçait la couleur, ou plutôt le motif. Le créateur a débarqué en pyjama lors de ses défilés. Pyjama soyeux et explications franches: Le luxe, c’est rester chez soi. Beaucoup plus chic que de sortir. Marc Jacobs réinvente ainsi le concept de la tenue d’appartement, mais version nuit. Comme s’il revisitait notre « abbaya ». Donc, maintenant, on sort en pyjama – d’homme de préférence – avec des stilletos et un full make-up pour ne pas faire trop « out of bed » quand même. Même si Joan Collins avait cette tête-là au réveil. Par Medea A zouri
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greta garbo - photo rue des archives
endance baroque donc pour le pyjama qu’on a toujours piqué aux hommes. Et inversement. Jusque dans les années 40, les hommes préféraient porter des “robes de nuit” (Revoir Louis de Funès dans L’Avare pour imaginer ces messieurs en petite robe). Dire que vingt ans plus tôt, le pyjama qui vient du mot perse signifiant pantalon ample, était déjà la coqueluche… de ces dames. Eh oui. C’est le monde à l’envers. C’est seulement depuis quelques décennies que les hommes ont opté pour le pyjama veste/pantalon. Ce pyjama qui nous fait rêver et qu’on appelle tout simplement un pyjama d’homme, n’a rien à voir avec la grenouillère en laine polaire portée par les bambins.
C’est une certaine Gabrielle, alias Coco Chanel, qui dans les années 20, lance la mode du pyjama de plage, vêtement composé de deux pièces. Le pantalon et la blouse. Madame Chanel et son collier de perles, pose en pyjama dans Vogue. Elle est vêtue de cet ensemble qui, en deux temps trois mouvements, va prendre d’assaut la Côte d’Azur. Particulièrement chez les villégiateurs de Juan les Pins qui vont s’en emparer. Folie vestimentaire. Les femmes déambulent sur les plages et attirent les regards, échangent la blouse contre un boléro, ajoutent une capeline. Elles se pavanent, cachant subtilement leur maillot de bain sous ces tenues aux couleurs vives. L’élégance sur la promenade des Anglais. Elles portent le pyjama pour un apéritif autour de la piscine. Lors d’une soirée, d’un vernissage, d’un défilé. Soirées mondaines, une coupe de champagne à la main, le pyjama devient sophistiqué et de plus en plus luxueux. Dentelle, soie, broderies. Accessoirisé avec des
diamants, des talons hauts. Exactement comme aujourd’hui. Un siècle plus tard, le pyjama revient sur le devant de la scène. Il quitte la Côte d’Azur, après avoir fait un tour en Angleterre et à Hollywood. Après avoir été dessiné par Edmond Lahaye dans ses cartes postales qui représentaient ces dames en pantalons ultra larges. Ces dames qui délaisseront le pyjama de plage pour le maillot de bain, nouveau symbole de la liberté. Un maillot de bain qui rétrécit à vue d’œil à chaque décennie qui passe. Sauf que le pyjama hors du lit a retrouvé ses lettres de noblesse depuis deux ans. Chez Marc Jacobs comme chez Stella McCartney qui a largué la nuisette pour cet ensemble confortable. Imprimé cashmere ou uni, on le voit partout. En total look ou dédramatisé en dépareillant les deux pièces. La blouse avec un short, le pantalon avec une veste de smoking. Et des talons. Toujours des talons. On ne va surtout pas le porter avec des flip flop. Il faut absolument le glamouriser. Glamouriser le concept all day pyjama, concept dont les pantalons velours de Juicy Couture il y a une dizaine d’année, avaient été les prémisses. Idem pour les “yogging” qui ont quitté le dos des yogis pour se retrouver sur le bitume. Quand on pense qu’en Angleterre, une grande enseigne de supermarché a interdit à ses clientes de venir en tenues de nuit, en pyjama ou pieds nus. Pas de motif pingouin ou de pilou, mais de la soie Vuitton. Grâce à cette mode, assez étrange on vous l’accorde, le temps où nos pires cauchemars étaient d’arriver par erreur à l’école en chaussons est donc bien révolu. février 2014
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au saut du lit
Deux copines trentenaires, une brune volubile et affirmée (Nadine Kharrat) et une blonde attentive et éthérée (Chérine Tayeb) créent des pyjamas et tenues d’intérieur sous le mystérieux nom de William. Rencontre avec deux femmes qui réinventent la notion de « luxe intime ». Par Gilles Khoury Photos tony eleih
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ans cette chambre à coucher baignée de la lumière épicée d’un hiver beyrouthin, il y a des objets ramenés des quatre coins du monde et un dressing de chaussures à faire pâlir Imelda Marcos. Derrière le lit, une photo de Massimo Vitali. Un canapé crème et une pile de magazines sur une table basse japonisante. Nous sommes chez Chérine Magrabi Tayeb. Ce qui frappe chez elle, c’est sa féminité, en délicat pyjama rose bonbon, le cheveu blond ondulant jusqu’à l’épaule comme dans les films. Un mois plus tôt, elle présentait avec sa partenaire Nadine Kharrat une première collection de pyjamas et homewear baptisée William. Gracieuse avec son air de Pocahontas, Nadine Kharrat, elle, n’arrive pas à choisir la pièce William qu’elle enfilera pour la séance photos.
«griffe» William ? Des coupes précises et généreuses, féminines et décontractées, piquées d’une légère influence du vestiaire masculin. Des torsades de bergères des hautes terres alliées avec des préciosités raffinées et transparentes, le mélange d’une dégaine avec l’éternel féminin voilé-dévoilé. « Nous ne travaillons pas pour l’industrie, nous essayons juste de proposer une nouvelle manière d’aborder le luxe chez soi.» Aujourd’hui, elles proposent une nouvelle approche de la notion d’art de vivre. En somme Chérine et Nadine proposent l’alternative du self endulgement. Commencer par se faire plaisir chez soi, dans sa chambre, dans son lit. « C’est cela même notre vision du luxe de notre époque ».
Précises et bien élevées, les deux créatrices avaient appelé deux fois pour prévenir d’un changement d’horaire insignifiant. Prolixes mais très structurées, elles racontent l’histoire de leur marque, William, et prennent plaisir à édulcorer leur histoire sans peur de tomber dans la guimauve. De par leur amitié, Nadine et Chérine formaient déjà un duo. Mais rien ne présageait que ces copines aux métiers opposés, l’une dans la mode, l’autre dans la communication, fausses jumelles de surcroît, accouchent d’un projet pareil.
Mais il n’y a rien de sage ou d’innocent dans la collection de Kharrat et Tayeb ; « il y a une part d’ombre, un côté presque mystérieux, rien que dans le prénom William » affirment les deux femmes. « Ça a commencé par être un nom de code entre nous, lorsqu’on parlait d’un homme » confie Chérine. « Chaque femme a son William, qui représente son jardin secret, son idéal, son fantasme, l’homme avec qui elle a envie de… coucher justement ! ». Rires. Un William à l’image de ces vêtements d’intérieur. Prince William ou William Shakespeare. Un William versatile. Tantôt joueur pour une nuit torride, tantôt docile pour une belle au bois dormant.
En quoi consiste donc cette première collection William ? Des pyjamas, des vêtements d’intérieurs, shorts, chemisiers, ou robes, 100% coton, agrémentées d’un motif d’ange/démon et de fines broderies. « Nous avons pensé à des pyjamas à mi-chemin entre les marques inabordables et les pièces vendues en masse » raconte Chérine. « Quelque chose de moins basique que le pyjama standard, avec un réel souci du détail ». « Un pyjama couture, quoi ! » Rétorque Nadine. La collection, audacieuse, est tout de même remarquable par son indifférence aux tendances. Qu’est ce qui fait donc la
Séance photos. Nouvelle reptation sur le lit. Cette fois, les filles ont carrément les cuisses à angle droit, et cela reste élégant. On dirait qu’elles s’étirent sur une branche. Et on parie qu’elles sont ainsi dans la vraie vie, hollywoodiennes, jusqu’à leurs pieds nus bien cambrés. Car cette gestuelle fluide et experte fait de ces deux femmes les meilleures représentantes de leurs produits. On pense instinctivement à Régine qui chantait sur des paroles de Gainsbourg : « Pourquoi un pyjama ? Moi je n’en mets jamais ! ». A se vautrer dans un William, elle changerait sans doute d’avis. février 2014
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Ci-contre et page de droite, Prada, défilé printempsété 2014.
style
la ruée vers l’art
Après s’être imposée dans les musées, la mode s’autorise cette saison tous les emprunts arty. Un phénomène récurrent qui prend désormais un caractère graphique spectaculaire. Pour excès visuels illimités…
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P a r P at r i c k C a b a s s e t, m e l a n i e d a g h e r
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C
Fendi
Miu Miu
Chanel
Street art figuratif chez Prada (sac) et chez Dolce & Gabbana (compensées).
Etro
Saint Laurent par Hedi Slimane
e n’est pas nouveau, mais cette saison il faudrait être particulièrement myope pour rater le déferlement d’art qui stimule toutes les collections. En effet, la tendance phare n’y va pas par quatre chemins : décrochant des cimaises les graphismes les plus spectaculaires, elle en fait des imprimés qui ne passent pas inaperçus. Un style légèrement envahissant qui a cependant le don de transformer le moindre défilé en manifeste esthétique, les collections attendues en expositions d’art plastique à porter – comme chez Prada – et les plus grands podiums en clichés humoristiques de galeries d’art contemporain – comme chez Chanel. La bonne nouvelle pour les amateurs est qu’à l’instar de l’art contemporain, c’est la peinture, la vraie, qui tire à nouveau son épingle du jeu. Exit les concepts minimalistes, les installations risquées et autres performances esthétiques sulfureuses difficilement traduisibles en vêtements. Ici, le message doit être clair, l’artiste immédiatement reconnaissable et le produit fini résolument portable. Les stylistes prouvent ainsi qu’ils ont bien compris le message rabâché
dans les écoles spécialisées : loin d’être un art, la mode est avant tout – à de rares exceptions près – un art appliqué. Une tendance arty capable également de faire oublier les idées noires des précédentes saisons à travers des vestiaires lumineux, légers, colorés et radicalement optimistes. L’imprimé palette arc-en-ciel de Karl Lagerfeld chez Chanel est à ce titre particulièrement évocateur. Chez Céline, Phoebe Philo s’inspire de graffitis primitifs dignes de l’art brut, comme
Pop art chez Jimmy Choo (minaudière) et Dior (sandales).
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ceux photographiés par Brassaï tout au long de sa carrière. Plus radicale encore, Miuccia Prada impose des fresques murales politico-féministes, identiques à celles que l’on croise dans les rues de Los Angeles, de Mexico et d’Amérique du Sud. Ici aussi, un parfum tribal flotte au-dessus d’une collection dont on sait qu’elle deviendra joliment désirable
PHOTOs marcio madeira, dr
La tendance phare n’y va pas par quatre chemins : décrochant des cimaises les graphismes les plus spectaculaires, elle en fait des imprimés qui ne passent pas inaperçus.
style Végétalisme décoratif chez Gucci (chaussures) et chez Dior (sac).
atteintes de ce supplément d’âme arty. Chez Andrew GN, le modernisme d’architectes et designers comme Gio Ponti ou Carlo Mollino rencontre les toiles de Braque, Picasso et Léger. Également graphique et sculpturale, la quatrième collection d’Octavio Pizarro s’intitule « De Soto à Soulage », tout en impressions noir et blanc cinétiques soulignées
Une tendance arty capable également de faire oublier les idées noires des précédentes saisons à travers des vestiaires lumineux, légers, colorés et radicalement optimistes.
PHOTOs marcio madeira, dr
en boutiques. Un registre pictural assez proche des expérimentations récurrentes de Jean-Charles de Castelbajac. Ce dernier s’est d’ailleurs concentré cette saison sur ses propres graphismes, des dessins qu’il réalise dans la rue, sur toile et sur robes depuis longtemps. Des poèmes imprimés enrichissent également ce discours arty protéiforme et rafraîchissant. Seuls les imprimés chatons, poissons tropicaux et fleurettes de Miu Miu semblent échapper à cette fièvre de l’art muséal. Mais ces motifs de papiers peints naïfs ou recherchés ne sont-ils pas devenus avec le temps une référence classique de la première expo à laquelle on ait jamais assisté : celle des murs de nos chambres d’enfants ? Plus attendus l’été, les imprimés fleuris s’inspirent dans de nombreuses collections des variétés tropicales chères à Gauguin ou au Douanier Rousseau, comme chez Hermès. Les fleurs s’imposent également dans toutes les collections en 3D afin de mieux marquer la rétine. La dynamique du modelage n’est pas absente de ces recherches plastiques, à travers des drapés façonnés, des volants ou des ruchers qui rappellent davantage l’art du sculpteur – grâce à des matières toujours plus rigides – que celui du couturier. Même des collections moins visibles, mais justes, se révèlent
Burberry Prorsum
Marni
Dior
Céline
Bottega Veneta
des rares couleurs de l’op’ art. Enfin, signe du temps, une nouvelle collection Sonia Delaunay renaît. On n’aurait pu trouver meilleur moment pour commercialiser l’orphisme, les rythmes simultanés et les disques solaires modernistes des imprimés sur soie de la célèbre peintre.
Poésie naïve chez Stella Mccartney (pochette) et Végétalisme décoratif chez Miu Miu (bottes).
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total look Blanc, graphique, arty. Les collections croisière des créateurs répondent à toutes les envies. Surtout celle de vivre le printemps en plein cœur de l’hiver, chez soi ou sur le pont d’un paquebot. Photographie bachar srour, Stylisme et model mÉl anie dagher D i r e c t r i c e A r t i s t i q u e l ay l a n a a m a n i l i e u ME T RO P OLI TAN AR T SOCIE T Y Balenciaga
Stella McCartney
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Marni
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Dior
Chloé
Miu Miu
Prada
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Sydneys_loveAd_officiel220x285.pdf
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têtière
CREDIT PHOTO
édito MODE « L’art est un mensonge qui nous permet d’approcher la vérité. » Pablo Picasso
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a amy adams P h o t o g r a p h i e M at t h i a s V r i e n s St ylisme jennifer eymère Entretien Cor alie Gar ande au
Veste en cachemire et soie, jupe en nylon, Burberry Prorsum. Motifs d’oreilles « Dentelle », bracelet « Thetis » et bague « Socrate bouquet » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels.
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Robe en coton rebrodé de sequins et brassière en viscose, Prada. Motifs d’oreilles « Folie des près » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels.
Robe en crêpe de soie, Dolce & Gabbana. Lunettes de soleil « Clubmaster » en métal, Ray-Ban. Motifs d’oreilles « Folie des près » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels.
Naturelle, subtile, elle est la girl next door de Hollywood. celle qui peut passer de Superman au dernier Spike Jonze. amy adams est Une actrice à l’humilité désarmante qui n’a pas fini de déployer tous ses talents.
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Manteau en jacquard de laine imprimé poissons, top en laine et jupe en ciré, Miu Miu. Motifs d’oreilles « Dentelle » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels.
Veste en cachemire et soie, pull en cachemire, Burberry Prorsum. Motifs d’oreilles « Dentelle » en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels. Coiffure Marcus Francis Maquillage Steve Sollitto Manucure Ashlie Johnson Opérateurs digital Casey Cuneen, Barry Fontenot et Jay Mims Assistante stylisme Kenny Guetta
Q
uand la belle rousse s’assied à nos côtés sur le canapé et niche ses jambes sous elle dans une position suggérant qu’elle va plutôt regarder la télé tranquille que se livrer à une interview, on a encore la rétine imprégnée de sa silhouette cintrée dans un imperméable rouge (créateur ?), les pieds nus, la chevelure flamboyante. Même après une longue séance photo, Amy se rend disponible, adorable, dans son jean et sa chemise de bûcheron qui a l’air d’appartenir à son mec. « Je n’ai vraiment pas de style, démarre-telle, modeste. J’ai fini par admettre que je ne suis pas naturellement élégante, ça m’a pris longtemps, moi et la mode, c’est un échec ! Je n’y comprends rien. J’adore qu’on m’habille pour des photos, des red carpets. Au quotidien je porte des vêtements basiques, fonctionnels, donc le fait de m’habiller vraiment, c’est comme jouer un rôle, c’est amusant d’être celle qui fait croire. » Pour une actrice, elle est particulièrement gâtée. Il suffit de jeter
L’actrice dont la carrière a décollé assez tard (à 30 ans, avec Junebug, en 2005) a hérité d’une réputation de travailleuse déterminée qui ne cherche pas la facilité. Et qui aurait pu se retrouver abonnée aux rôles de niaise à Hollywood à vie. « Après Il était une fois et Doute, les gens m’ont cataloguée comme naïve, ils ne voyaient pas que je peux être forte, ce que je comprends, parce que je suis toujours très polie. Quand David O. Russell m’a auditionnée pour The Fighter, il l’a vu. » Interpréter la serveuse au caractère bien trempé, petite amie de Mark Wahlberg, a permis à la belle rousse d’étendre son répertoire. « Je cherche toujours à étirer mon jeu dans des directions différentes. » Ce qui lui permet de travailler avec ses « maîtres modernes » : Russell, Tim Burton, avec lequel elle vient de tourner, ou encore Paul Thomas Anderson et Spike Jonze, qui l’ont tous deux mise face à Joaquin Phoenix pour deux très beaux duos de cinéma (dans The Master et Her). Amy se lance là aussi
« Après “Il était une fois”, les gens m’ont cataloguée comme naïve, ils ne voyaient pas que je peux être forte, ce que je comprends, parce que je suis toujours très polie. » un œil aux images d’American Bluff de David O. Russell : Amy arbore des tenues dignes d’un film érotique des années 1970, veste en cuir au décolleté très profond, body argenté, fourrure et les cheveux frisottés. En terme d’esthétique et de fantaisie capillaire, le film est impressionnant, pas seulement pour Amy, pour Bradley Cooper aussi, qui a dû passer sous les bigoudis, et pour Christian Bale, tout en mèches. Dans ce film, les trois acteurs naviguent dans un univers d’arnaques, ce sont des tricheurs sur toute la ligne. Le personnage d’Amy, Sydney, est au cœur du trio, en pétroleuse et amante surexcitée de son partenaire en crime. « C’est quelqu’un qui a une grande confiance en elle, elle est très courageuse tout en se cachant un peu derrière ses vêtements, c’est un peu comme un déguisement pour divertir l’attention des gens », explique Amy. Si l’on écoute bien, ce rôle a donné beaucoup de fil à retordre à la discrète actrice : « Mon personnage a été très dur à interpréter, il a un côté sombre, un conflit intérieur, Sydney n’est pas heureuse, elle vit un mensonge, il fallait donc jouer à deux niveaux, c’est l’expérience la plus difficile que j’ai vécue en terme de jeu. » Une complexité qu’elle a toutefois embrassée totalement. Grâce aux autres acteurs, dit-elle. Amy ne tarit pas d’éloges sur ses collègues. « Travailler avec Christian (qu’elle retrouvait après The Fighter, du même David O. Russell, ndlr), ça vous transporte, vous n’avez rien à faire quasiment. Et les scènes avec Bradley aussi, je le trouve très généreux et puissant. » Elle ponctue d’un « awesome » et d’un « wonderful ».
dans un éloge de Joaquin : « Travailler avec un acteur aussi puissant, c’est dingue, si tu te laisses embarquer par son énergie, c’est comme faire un voyage… » Sur la table basse, son téléphone vibre. Amy s’illumine. Tout à coup, elle a beau être cette superbe femme, grande actrice, modeste, intelligente, qui se débrouille comme une chef pour surtout parler des autres pendant les interviews, Amy devient une mom. « Oh my god ! » Sur l’écran, une blondinette de 3 ans, c’est Aviana, sa fille, que l’actrice fait admirer volontiers. Là, l’entretien dérape sur une conversation entre filles, totalement imprévue : pourquoi elle n’a pas envie d’un second enfant, pourquoi son fiancé Darren et elle n’ont pas vraiment éprouvé le besoin de se marier après onze ans de vie commune, des remarques de sa fille sur son métier ou encore la réaction des jeunes enfants de son quartier lors du fameux trick or treat pendant Halloween – ils avaient l’air de la reconnaître pour la première fois… À deux doigts de se confier des secrets de bonnes vieilles copines, on se souvient qu’on est tout de même face à Lois Lane, la fiancée de Superman dans Man of Steel (elle s’apprête en plus à tourner la suite). Est-ce que les gens vous arrêtent dans la rue, Amy ? « Non pas vraiment, ça, c’est mon super-pouvoir d’invisibilité ! » Le sens de l’humour en plus. Trop forte, décidément. « American Hustle », de David O. Russell, sortie le 5 février. « Her », de Spike Jonze, sortie le 19 mars.
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under ground Quand la mode s’inspire de la street culture, les imprimés se fondent dans un décor urbain habillé de graffitis. Photographie timur celikdag St ylisme alex andra elbim
Robe bustier en coton et lin, Dsquared2. Collier en laiton, Balmain. Bracelets en gomme, ĂŠmail et perle, Delfina Delettrez. Bracelet en cuir et laiton, CĂŠline.
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Manteau en fil coupé, robe plissée en organza imprimé, ceinture en cuir et chaussures en suède à talon en métal, Céline.
Robe en jersey, jupe en vison, chaussettes en viscose et sandales en daim rebrodĂŠes de pierres bleues, Prada.
Sweat-shirt en molleton et jupe en lamé, Kenzo. Broches en résine, Marni. Bagues en argent, Saskia Diez. Sac « Eyelet » en cuir, Céline.
Veste en coton peinte à la main, Naco Paris. Top et jupe en soie, Etro. Chaussures en cuir néoprène et paillettes, Marni.
Robe en soie imprimée et brodée et escarpins à lacets en satin et cuir, Dior. Coiffure Vinz pour Leonor Greyl avec Éclat Naturel et Gel à l’Hibiscus.
Veste, jupe, visière et pochette en coton brodé de strass, chaussures en cuir néoprène et paillettes, Marni. Modèle Cordelia chez IMG Coiffure Vinz chez B-agency Maquillage Eny Whitehead chez Caliste Assistants photographes Phil Dunlop Ruggiero Cafagna Shane Woodward Nina Orliange Opérateur digital Emmanuel Pestrinaux chez Imag’in Assistante stylisme Mathilde Régnault Remerciements à l’artiste Yann Penn
lignes franches Un sac, quatre mises en scène. La pochette « Petal » de Burberry, en cuir et lin, se plie à toutes vos envies. Photographie pe ter l anger St ylisme lisa jouvin
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CRASH En cuir, corset, dentelle, chaînes et résilles, la femme fatale est toujours là où on ne l’attend pas. P h o t o g r a p h i e R o b e rt B e llam y S t y l i s m e hala m o a w ad
Robe en satin laqué, Dolce & Gabbana. Lunettes en acétate, Thierry Lasry. Boucles d’oreilles en métal et strass et ceinture en satin, Lanvin. Gants filet en agneau brodés de sequins, Marc Jacobs. Pochette en métal et daim, Anya Hindmarch. Collant en résille Calzedonia. Chaussures en cuir verni, Moschino.
Combinaison en jersey et soie et pochette en python et cuir de veau, Lanvin. Collier et boucles d’oreilles en or jaune et argent pavés de rubis, bague double anneaux en or et argent pavée de rubis et bague en argent pavée de pierres précieuses, Dalila Barkache. Sandales Stella Luna.
Trench en crêpe et maillot de bain en polyamide et élasthanne, Paul & Joe. Boucles d’oreilles en métal, Moschino. Bague articulée en bronze plaqué or et bagues en bronze plaqué or, Annelise Michelson. Sac en cuir glacé, Saint Laurent par Hedi Slimane. Collant en résille, Calzedonia. Sandales, Stella Luna.
Combinaison en crêpe cady et dentelle, Elie Saab. Boucles d’oreilles en or jaune et argent pavées de diamants, Dalila Barkache. Ceinture en satin, Lanvin. Manchette en argent rhodié, Lito chez White Bird. Collant en résille, Calzedonia. Bottes en cuir nappa, Tom Ford.
Trench en cachemire, coton et denim, brassière en cachemire et coton et short en cachemire et coton, Michael Kors. Collier en vermeil et fils de soie, A. Norton chez White Bird. Gants en cuir, Agnelle. Collant en résille, Wolford. Escarpins en cuir verni, Saint Laurent par Hedi Slimane.
Combinaison en jean et coton, Isabel Marant Étoile. Body en résille, Intimissimi. Boucles d’oreilles en métal et strass, Lanvin. Ceinture en cuir, Maison Boinet. Bague double anneaux en or jaune et argent pavée de diamants noirs et bague en or jaune et argent oxydé sertie de diamants noirs, Dalila Barkache. Bague en or et diamants, Lito chez White Bird. Escarpins en python, Ernest.
Robe en cuir, Fendi. Boucles d’oreilles en or plaqué et miroir, Isharya. Collier en métal orné de cristaux, Louis Vuitton Joaillerie.
Veste en crêpe de soie et lurex, soutien-gorge en soie et résille et pantalon en crêpe de soie et lurex, Gucci. Boucles d’oreilles en métal ornées de cristaux, Louis Vuitton Joaillerie. Collier en or jaune et argent pavé de rubis, Dalila Barkache. Minaudière en cuir, Marc by Marc Jacobs. Chaussures en cuir, Stella Luna.
Top en organza de soie, Fendi. Brassière et pantalon en coton motif georgette de soie strassé, Zadig & Voltaire. Ceinture en chaîne de métal et strass, Chanel. Modèle Isabelle Nicolai chez Women Coiffure Josefin Gligic Maquillage Megumi Assistants photographe Mathieu Boutang et Mikael Fakhri Opérateur digital Julien Souloumiac Assistante Stylisme Élodie Puechon
Robe en maille viscose, Azzedine Alaïa. Galerie Cipango. Boucles d’oreilles en métal, Dary’s. Collier chaîne en acacia, Monies. Manchette en ébène sculpté, Bague en bois de cerf et anneau en argent, Sagrado. Anneau en métal, Galerie Argiles.
bal tribal Bijoux en bois ancien, perles africaines, franges de plumes… Les matières précieuses apportent une touche ethnique à des tenues divinement païennes. P h o t o g r a p h i e s t i a n f o ss S t y l i s m e a n n e - s o p h i e t h o mas
Robe en soie plissée et laquée, Proenza Schouler. Collier en coco, Monies. Collier en métal, Galerie Argiles. Manchettes en corne, Césarée. Main droite : bague en bois de cerf et anneau en argent, Sagrado. Manchette en métal, Céline. Main gauche : anneau en argent oxydé, Sagrado. Bague articulée en or noir, Cristina Ortiz. Bague en métal, Galerie Argiles.
Débardeur croisé, T-shirt et jupe en en jersey, Givenchy par Riccardo Tisci. Créoles en métal, Dary’s. Tour de cou en métal, Alexander McQueen.
Robe en soie, Akris. Colliers en cuir et bagues en métal, Galerie Argiles. Ras de cou, Céline. Manchettes en ébène sculpté, Galerie Cipango. Bague en bois de cerf et anneau en argent, bague en quartz et anneau en argent oxydé, Sagrado.
Débardeur en plumes d’autruche et tour de cou en métal, Alexander McQueen.
Robe brodée en coton et mohair et ceinture en crocodile, Bottega Veneta. Boucles d’oreilles en métal, Dary’s. Tour de cou en métal, Alexander McQueen. Collier de dents, Galerie Argiles. Manchettes en ébène sculpté, Galerie Cipango. Main gauche : bague en bois de cerf et anneau en argent, Sagrado. Main droite : bague en métal, Galerie Argiles. Bague en quartz et anneau en argent, Sagrado.
Robe en maille rebrodée de sequins, empiècements python, Roberto Cavalli. Boucles d’oreilles en métal, Dary’s. Ras de cou, Céline. Collier de dents, Galerie Argiles. Bague en bois de cerf, anneau en argent et bague en argent oxydé, Sagrado.
Robe à volants plissés en coton, Dries Van Noten. Boucles d’oreilles en métal, Dary’s. Tour de cou en métal, Alexander McQueen. Collier de coquillages, Galerie Argiles. Collier en pâte de verre ambrée et bronze ancien et manchette en ébène sculptée, Galerie Cipango. Manchette en métal, Céline.
Ras de cou, CĂŠline. Collier de coquillages, Galerie Argiles.
Débardeur en tulle brodé et pantalon en soie brodée, Emilio Pucci. Veste en coton, Vivienne Westwood Anglomania. Collier de coquillages et collier de dents, Galerie Argiles. Bague en bois de cerf et anneau en argent, Sagrado. Bague articulée en or noir, Cristina Ortiz.
Robe noire en soie et résille rebrodée de motifs à sequins et coiffe à plumes et sequins, Louis Vuitton. Créoles en métal, Dary’s. Collier de dents, Galerie Argiles. Main droite : bague en quartz, anneau en argent et bague en bois de cerf et métal, Sagrado. Main gauche : bracelet en ébène, Galerie Cipango. Bague en quartz, anneaux en argent et bague en bois de cerf, Sagrado. Sandales en cuir à talons en bois, Proenza Schouler. Modèle Gorgia chez Next Coiffure Hélène Bidart Maquillage Anthony Preel Assistant photographe Fabrizio Amoroso Opérateur digital Philippe Billemeont Assistantes stylisme Julie Cristobal et Élodie Puechon
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la vie
Manal Khader
Elle est devenue actrice par accident. Elle, la journaliste politique qui a longtemps couvert les conflits en Palestine. Son pays. Sa rencontre avec Elia Suleiman en 2001 la propulse sur les marches du Festival de Cannes. Une “Intervention divine” dans la vie de celle qui parle plus de sa revue Kalamon que de ses rôles au cinéma ? Manal Khader est notre Officielle du mois. Rencontre avec une artiste dont deux nouveaux films sortent à un mois d’intervalle Par MÉDÉA A ZOURI Photographe NINI
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Stanle Unstable de Mahmoud Hojeij
M
anal Khader a grandi à Ramallah jusqu’à ses 16 ans. Elle quitte la Palestine pour l’Allemagne où elle vivra 7 ans et quelques. Elle y fait ses études. Médecine d’abord mais juste une année. Elle obtient ensuite un diplôme en éducation pour enfants à besoins spéciaux. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle obtient également un diplôme en sciences politiques et sociologie. Elle terminera ses études en Palestine. Manal Khader devient correspondante pour la MBC et écrit dans la presse. Nous sommes en 1993. « Je suis devenue correspondante pour l’AFP quelques temps plus tard. C’est là que j’ai rencontré mon premier mari, Patrick Baz (journaliste et photographe). Comme il était basé au bureau régional à Chypre, c'est là que nous nous sommes installés. Je me suis mariée en 1994. C’était assez drôle, on a du changer de date à plusieurs reprises à cause du retour d’Arafat à Gaza. On ne pouvait pas rater la couverture de l’événement. » Arafat rentre au bercail, le couple se marie à Paris et s’installe à Chypre. Manal y reste jusqu’en 2002. Sa fille Yasmine a 6 ans. L’année précédente Elia Suleiman, avec qui elle est amie, est en train d’écrire “Intervention Divine”. Il s’inspire de la jeune femme. Cette inspiration leur est commune. Ils tournent le film en Palestine et à Paris. L’histoire de cet amour difficile entre ce Palestinien qui vit à Jérusalem et cette jeune Palestinienne qui vit quant à elle à Ramallah, cartonne. Le film qui est une critique ironique de l'absurdité de la situation géopolitique en Palestine, suscite l’engouement dès sa sortie. Nommé pour la Palme d’Or, Elia Suleiman, avec son ballon rouge, obtient le Prix du Jury. « Moi qui n’appartenait pas du tout à ce monde-là, je me retrouve sur les marches du Festival. Je suis timide en plus. Mais c’était une fenêtre dans ma vie à ce moment-là parce que c'était compliqué.
J’étais moi. Dans ce film, j’étais moi. » C’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui, on lui propose des films qui lui ressemblent. Ça tombe bien parce que dès le début, elle ne voulait pas faire carrière dans le cinéma. « C’est un hobby, donc un plaisir. Je n’ai pas de contrainte, je fais ce que je veux. Je ne tourne pas beaucoup. Sauf cette année où j’ai joué dans deux films qui sortent à deux mois d’intervalle cet hiver. » Ce qui a amusé Manal, c’était le décalage entre ses deux univers. Le journalisme politique d’un côté et le cinéma de l’autre. Après son premier film, elle tente de s’installer à Paris où elle a passé beaucoup de temps en raison du tournage et de la promotion. « Je ne parlais pas bien le français. Un jour je reçois une offre à Beyrouth de Al Hayat/ LBC. Je deviens rédactrice internationale pour la chaine. » La jeune femme s’installe donc à Beyrouth où elle inscrit sa fille Yasmine à l’école. Elle continue à faire des reportages, passe à l’écran, captive totalement. En 2005, elle rencontre Paul Khord. Il fait un jeu de mots sur leurs noms de famille respectifs. Quelques années plus tard, il devient son deuxième mari. Elle quitte le Liban et la LBC en 2006 pendant la guerre de juillet. Elle rejoint Chypre. Avec un enfant, il lui était impossible de couvrir les événements. Elle continue à réaliser des documentaires pour la télévision allemande. Deux ans plus tard, elle quitte la politique. La situation désespérément stagnante de la Palestine la déçoit. « Le domaine politique était devenu trop ennuyeux pour moi, déprimant. On ne peut rien faire. Surtout pour la Palestine » dit-elle, désabusée. Mais son sourire ne s’estompe pas. Manal Khader a d’autres joies. Une revue qui lui tient énormément à cœur : Kalamon. « Kalamon, KLMN, les quatre lettres qui se suivent dans tous les alphabets. C’est une revue qui ressemble plus à un livre qu’à un magazine. février 2014
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Chaque jour est une fête de Dima El-Horr
Stanle Unstable de Mahmoud Hojeij
The Ugly One d'Eric Baudelaire
Un Instant Mon Glamour de Shirin Abu Shaqra
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anal Khader a grandi à Ramallah jusqu’à ses 16 ans. Elle quitte la Palestine pour l’Allemagne où elle vivra 7 ans et quelques. Elle y fait ses études. Médecine d’abord mais juste une année. Elle obtient ensuite un diplôme en éducation pour enfants à besoins spéciaux. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle obtient également un diplôme en sciences politiques et sociologie. Elle terminera ses études en Palestine. Manal Khader devient correspondante pour la MBC et écrit dans la presse. Nous sommes en 1993. « Je suis devenue correspondante pour l’AFP quelques temps plus tard. C’est là que j’ai rencontré mon premier mari, Patrick Baz (journaliste et photographe). Comme il était basé au bureau régional à Chypre, c'est là que nous nous sommes installés. Je me suis mariée en 1994. C’était assez drôle, on a du changer de date à plusieurs reprises à cause du retour d’Arafat à Gaza. On ne pouvait pas rater la couverture de l’événement. » Arafat rentre au bercail, le couple se marie à Paris et s’installe à Chypre. Manal y reste jusqu’en 2002. Sa fille Yasmine a 6 ans. L’année précédente Elia Suleiman, avec qui elle est amie, est en train d’écrire “Intervention Divine”. Il s’inspire de la jeune femme. Cette inspiration leur est commune. Ils tournent le film en Palestine et à Paris. L’histoire de cet amour difficile entre ce Palestinien qui vit à Jérusalem et cette jeune Palestinienne qui vit quant à elle à Ramallah, cartonne. Le film qui est une critique ironique de l'absurdité de la situation géopolitique en Palestine, suscite l’engouement dès sa sortie. Nommé pour la Palme d’Or, Elia Suleiman, avec son ballon rouge, obtient le Prix du Jury. « Moi qui n’appartenait pas du tout à ce monde-là, je me retrouve sur les marches du Festival. Je suis timide en plus. Mais c’était une fenêtre dans ma vie à ce moment-là parce que c'était compliqué. J’étais moi. Dans ce film, j’étais moi. » C’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui, on lui propose des films qui lui ressemblent. Ça tombe bien parce que dès le début, elle ne voulait pas faire carrière dans le cinéma. « C’est un hobby, donc un plaisir. Je n’ai pas de contrainte, je fais ce que je veux. Je ne tourne pas beaucoup. Sauf cette année où j’ai joué dans deux films qui sortent à deux mois d’intervalle cet hiver. » Ce qui a amusé Manal, c’était le décalage entre ses deux univers. Le journalisme politique d’un côté et le cinéma de l’autre. Après son premier film, elle tente de s’installer à Paris où elle a passé beaucoup de temps en raison du tournage et de la promotion. « Je ne parlais pas bien
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Manal Khader au Festival de Cannes
Intervention Divine de et avec Elia Suleiman
le français. Un jour je reçois une offre à Beyrouth de Al Hayat/ LBC. Je deviens rédactrice internationale pour la chaine. » La jeune femme s’installe donc à Beyrouth où elle inscrit sa fille Yasmine à l’école. Elle continue à faire des reportages, passe à l’écran, captive totalement. En 2005, elle rencontre Paul Khord. Il fait un jeu de mots sur leurs noms de famille respectifs. Quelques années plus tard, il devient son deuxième mari. Elle quitte le Liban et la LBC en 2006 pendant la guerre de juillet. Elle rejoint Chypre. Avec un enfant, il lui était impossible de couvrir les événements. Elle continue à réaliser des documentaires pour la télévision allemande. Deux ans plus tard, elle quitte la politique. La situation désespérément stagnante de la Palestine la déçoit. « Le domaine politique était devenu trop ennuyeux pour moi, déprimant. On ne peut rien faire. Surtout pour la Palestine » dit-elle, désabusée. Mais son sourire ne s’estompe pas. Manal Khader a d’autres joies. Une revue qui lui tient énormément à cœur : Kalamon. « Kalamon, KLMN, les quatre lettres qui se suivent dans tous les alphabets. C’est une revue qui ressemble plus à un livre qu’à un magazine. Nous sommes 6 à y travailler. Je suis fière de travailler avec ceux que je considère comme de grands penseurs. » L’historien et linguiste Ahmad Beydoun, le journaliste et écrivain Hazem Saghiyé, l’auteur de nouvelles Hassan Daoud, le poète Abbas Beydoun et l’artiste Rabih Mroué sont les compagnons de route de cette aventure. La revue est trimestrielle. Après un an d’interruption, elle a repris du service. Entre temps, Manal Khader donne naissance à la petite Loulou. Elle travaille à la maison. « Je viens de prendre un local pour y installer mes bureaux. J’ai besoin de mon espace physique pour pouvoir me concentrer sur mes projets en cours : l’Institute of Palestine studies pour le cinéma. J’ai la sortie de deux films en ce moment. J’ai des scénarios à lire et je dois écrire aussi. » Elle dit en souriant qu’elle s'offre le luxe de faire ce qu’elle aime. « Je choisis les films. Il faut qu'ils me ressemblent, comme Stable Unstable de Mahmoud Hojeij et The Ugly one, un film français réalisé par Eric Baudelaire; tous deux bientôt en salle. The Ugly one est une réflexion sur le militantisme, un film sur l’armée rouge au Liban dans les années 60 et 70. C’est un film intimiste, un film d’auteur comme je les aime. Rabih Mroué est également présent à l’affiche. ». Avec plusieurs films à son actif : "Intervention divine" bien sûr,
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PHOTOMED, UNE PHOTO DANS CHAQUE PORT
La Méditerranée, ses visages, ses paysages et ses rivages. Et ce climat particulier, météorologique, mythologique, humain…Le Festival Photomed, créé en 2009 au sud de la France à Sanary sur Mer, sort de ses murs pour la première fois et déploie dans les quartiers de Beyrouth des clichés exceptionnels de photographes venus de tous les bords de leur océan de poche, français, italiens, grecs, et bien sûr libanais. P a r F. A . D .
Seules Tanya Traboulsi
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Les Grecs Kaloudi
Costa Gavras Montand et Signoret
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Église N.D. de Batroun Liban Mandery
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s sont soupe au lait, parlent avec les mains, ont la rancune tenace, l’amour passionnel, le verbe haut, la fidélité fluctuante, l’amitié éternelle…les Méditerranéens ont évidemment en commun cette “Mare Nostrum” qui a brassé leurs cultures et leur diversité, mais surtout ce tempérament généreux et bon enfant, une certaine propension au farniente encouragée par le poids du soleil à certains moments de la journée. A défaut de réussir à former ensemble une force politique ou à tout le moins économique, les Méditerranéens constituent sans aucun doute, avec la puissance et la diversité de leurs talents, une union culturelle. L’événement Photomed, festival de la photographie méditerranéenne créé à Sanary sur Mer, au sud de la France, il y a près de quatre ans, est sorti de ses murs en ce début d’année 2014 pour resplendir sur les cimaises de Beyrouth. Dix-sept artistes, venus de France, d’Italie, de Grèce et bien sûr du Liban, vétérans et jeunes talents, ont prêté leurs œuvres. Somptueuse série de l’immense Nino Migliori, “La Matière des Songes” au siège social de la Byblos Bank, Achrafieh. Portraits du cinéaste franco-grec de la nouvelle vague, Costa Gavras, et ceux du photographe libanais Tony el Hage installé à Paris, en passant par les Pêcheurs de Stratis Vogiatsis, tous aux Beirut Souks. Paysages de Fouad el Khoury (MR1) côtoyant des œuvres de la jeune photographie libanaise et la belle série des “Grecs” de Katerina Kaloudi, à Saifi Village. Et puis “La Méditerranée de jours” de Guy Mandery et “Marseille Précisément” de Jacques Filiu à l’Institut français, deux objectifs vibrants et incontournables. Enfin, à la galerie Station de Jisr el Wati, la précieuse collection vidéo de la Maison européenne de la Photographie. Jusqu’au 16 février, une véritable friandise pour les yeux.
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Pêcheur S. Vogiatzis
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Dean et Dan Caten dans leur double bureau, à Milan.
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À deux c’est mieux ! À l’occasion de l’ouverture de leur premier restaurant à Milan, rencontre avec Dean et Dan Caten, les créateurs jumeaux de la griffe Dsquared2. Retour sur leur histoire et révélations autour d’une réussite exemplaire. P ar P at ri ck C a ba s s e t P ho tog rap hi e J on at ha n Fra n t i n i
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nfatigables, ces jumeaux sautillants, créatifs et plutôt survoltés ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Dans les luxueux locaux monumentaux de leurs bureaux milanais où ils viennent d’ouvrir un restaurant encadré de deux piscines spectaculaires, on se surprend à penser que derrière leurs pirouettes et leurs attitudes provocantes se cachent une organisation bien pensée et une rigueur salvatrice. Comment ces entrepreneurs indépendants ont-ils pu réussir aussi rapidement dans une période économique plutôt difficile ? Révélés sur les podiums milanais à travers une première collection masculine en 1994, puis par leur ligne féminine à partir de 2003, les jumeaux Dean et Dan Catenacci – leur nom complet – sont nés à Toronto, au Canada, en 1964. D’origine italienne, leur père accueillait avec eux ses huitième et neuvième enfants… Dès 1983, à 19 ans, ils s’inscrivent à l’école Parsons de New York, mais n’y restent qu’un semestre avant de revenir à Toronto. Leur véritable apprentissage se fera sur le terrain avec leur première collection féminine, DEanDAN, à partir de 1986. En 1988, ils se mettent au service de la marque de prêtà-porter locale Ports International (devenue Ports 1961). Son fondateur, Luke Tanabe, va les prendre en main et canaliser leur énergie. Dean Caten se souvient : « Nous n’avions pas suivi de cours, ou très peu. Luke Tanabe nous a donné une éducation de terrain, c’est-à-dire réaliste. Même si nous restions travailler jusqu’à 9 ou 10 heures du soir, nous n’arrivions souvent le matin que vers 11 heures. Et dans des tenues pas forcément très “bureau”. Les autres employés se plaignaient parfois, mais il nous défendait toujours : “Des gars comme eux, il n’y en a que deux !” Bien sûr, il ne nous disait jamais ça en face. Il était généreux, mais dur aussi. Avec lui tout était un apprentissage, un processus d’éducation. Le challenge était permanent. Il pestait : “Vous avez prononcé ‘beau’ deux fois dans la même phrase : trouvez un autre mot.” Tout était un test. Il ne nous payait pas énormément, on aurait vite pris la grosse tête. C’est comme ça qu’il nous a appris la discipline et le challenge permanent. Il nous a transmis une éducation. Il était d’origine japonaise, était père de six filles, mais pas de garçons. Et comme nous n’avions pas eu les parents dont nous rêvions, nous sommes devenus comme ses fils. Mais il nous terrifiait aussi. Il regardait tout dans les moindres détails. Même les fleurs de l’accueil. Chaque semaine, il demandait un nouveau fleuriste, jamais satisfait. Un jour, nous avons fait le bouquet. Il arrive mécontent, comme février 2014
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d’habitude, et demande en hurlant qui a conçu celui-là. La réceptionniste avoue que ce n’est pas vraiment un fleuriste, mais nous. Et là il explose, ravi : “Je le savais, je le savais !” Ensuite, on a dû faire le bouquet tous les lundis matins… » Bientôt, Dean et Dan lancent leur propre ligne de vêtements de loisirs, Tabi. Ce qui les conduit à débarquer à Milan en 1991 où ils deviennent designers pour Gianni Versace, puis pour Diesel. C’est Renzo Rosso, le propriétaire de ce groupe, qui lancera la marque masculine Dsquared2, en 1994. Forts d’une sensibilité particulière à la musique de leur époque, ils s’installent à Londres. Lenny Kravitz, Justin Timberlake ou Robbie Williams deviennent vite des inconditionnels de la marque. Madonna couronnera leur renommée en s’affichant en total look Dsquared2 pour son single Don’t Tell Me et sa tournée Drowned World Tour en 2001. C’est de ce point de départ mondialement médiatisé que naîtra leur ligne féminine pour l’automne-hiver 2003/2004. Au prêt-à-porter orienté très jeans à l’origine, s’ajoutent des collections plus luxueuses. Des licences de parfums, de chaussures, de lunettes, de sous-vêtements, de vêtements d’enfants, de maquillage même compléteront leur maison. Leur bureau de création emploie désormais une vingtaine de stylistes. Des boutiques à l’enseigne de la marque ouvrent également, toujours plus grandes et plus loin… Pour l’heure, c’est via Ceresio à Milan, dans leur showroom depuis trois ans, que nous les rencontrons. Une séance de portrait est en cours dans leur double bureau cossu, et un mannequin venu d’Amsterdam attend son tour pour poser dans le cadre du Ceresio 7, le nouveau restaurant-terrasse avec vue sur la skyline ultra-moderne du quartier milanais de Porta Nuova. Qu’était cet endroit incroyable avant que vous l’investissiez ? Dean Caten : « C’était un lieu abandonné depuis vingt ans. Le bâtiment a été construit par Mussolini en 1929 pour abriter l’administration de l’électricité. Nous avons gardé le logo Enel sur la façade. » Quels sont vos prochains projets ici, après le restaurant ? Dean : « Nous prévoyons d’ouvrir un spa au sous-sol, une salle de gym, tout ce dont on a envie pour se sentir bien. Le lieu est immense avec neuf mètres sous plafond. Ensuite, il suffira de prendre l’ascenseur et d’aller sur le toit pour faire un bon déjeuner, profiter des piscines, etc. Enfin, nous allons transformer le petit bâtiment à l’extérieur en guest house. Lorsque des invités particuliers viendront nous voir à Milan, comme Rihanna ou Beyoncé. » Quels sont vos liens avec le Ceresio 7 ? Dean : « C’est un partenariat qui regroupe les trois garçons qui gèrent le restaurant et le chef, Elio Cironi. Très renommé, il vient du Bulgari Hotel de Milan. Plus nous deux, qui sommes également les propriétaires du bâtiment. Nous ne rêvions pas de gérer un restaurant, tout en aimant bien l’idée d’avoir un lieu où aller, qui nous ressemble. » Quel était le projet d’origine de cette terrasse ? Dean : « Le projet était de construire quelque chose inspiré de New York et Los Angeles entre 1930 et 1950. Nous avons dessiné l’endroit avec le bureau d’architecture Storage et les meubles avec Dimore Studio. En même temps, nous voulions un endroit d’où l’on puisse tout voir tout en restant légèrement caché. » Votre marque a beaucoup évolué. Comment voulez-vous la positionner désormais ? Dean : « Nous n’avons pas de plan précis. Seule certitude :
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lorsque vous êtes satisfait avec quelque chose, le désir d’évoluer s’efface. Et je ne suis jamais satisfait. Je veux toujours davantage… “Jamais assez” pourrait être notre philosophie. » En quoi le fait d’être né au Canada, de vivre à Londres, de travailler à Milan et sans doute ailleurs en Europe, mais surtout d’être toujours ensemble vous sert-il au niveau de la création ? Dean : « Aujourd’hui, le monde doit être votre maison. Nous avons même un gypsy code : jamais plus de trois jours quelque part. Nous travaillons et vivons ensemble tout le temps. À Londres, nous avons chacun notre chambre, mais en voyage en général nous partageons la même. Cela nous permet de réfléchir et de communiquer tout le temps, de travailler mieux. » Chaque saison, on trouve des pièces de plus en plus luxueuses dans votre collection. Est-ce que ça veut dire que vous imaginez lancer un jour une ligne de haute couture ? Dean : « J’aimerais beaucoup. Mais d’abord je vous explique pourquoi la ligne qui défile est plus luxueuse. Côté féminin, nous dessinons une précollection, une collection générale, puis la collection pour le défilé. Cela fait six collections par an, juste pour la femme. La précollection est la plus vendue, c’est celle qui arrive en premier dans les boutiques. C’est la ligne de base, très jeans. La collection principale est une évolution de celle-ci en fonction des nouvelles envies. Lorsqu’arrive la collection podium on se fait plaisir, on lance des Rolls, des vêtements plus spectaculaires et donc plus luxueux. C’est un show ! Bien sûr, le denim est notre épée. Nous n’abandonnons pas ce côté, mais nous n’avons
pas besoin d’insister dessus. » Prévoyez-vous de défiler un jour durant la semaine de la haute couture à Paris ? Dean : « Pourquoi pas. C’est même un rêve ! Personnellement, au moment des essayages sur le mannequin, je suis assez bon avec une paire de ciseaux et des épingles. Mon astrologue m’a même dit que si je n’avais pas été designer, j’aurais été un excellent chirurgien esthétique. » À un niveau personnel, quels sont vos projets, le mariage ? Dean : « Non, j’ai envie de passer à l’étape d’après. Devinez… Je ne suis pas fatigué de la mode, mais développer d’autres projets est plutôt enrichissant. Créer ce restaurant, ça a été comme assister à la naissance d’un nouveau bébé. »
Ci-dessus et à gauche, le Ceresio 7 avec un mannequin portant des créations de la collection printempsété 2014. Modèle : Jane Dewi Coiffure et maquillage : Astor Hoxha
En quoi le fait d’être jumeaux et de travailler ensemble vous a permis de mieux construire cette société ? Dean : « Ça aussi c’est un don de dieu. Dan sait que je ne le quitterai jamais et je sais qu’il ne me quittera jamais. Nous sommes à la fois en compétition permanente et capables d’utiliser cette énergie en joignant nos forces. Rien ne peut nous arrêter. Également, les mauvais jours, nous ne sommes jamais seuls. Si quelque chose arrive à l’un de nous, l’autre l’aidera. Je ne pourrai pas vivre sans mon frère. Et je ne voudrai pas ! Même si c’est un peu morbide comme idée. Bien sûr, nous avons chacun des partenaires. Et parfois ça dure longtemps, mais je sais que Dan est avec moi pour toujours. » Dan Caten : « Et en plus, on peut faire deux choses à la fois. Ainsi, pendant que vous étiez en interview, je faisais le stylisme pour le mannequin de L’Officiel ! » www.ceresio7.com
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Cynthia Merhej, Conteuse sans artyfiCes. Au pays de la ligne claire, il est une jeune femme qui fait des dessins marquants et singuliers. Au plat pays, elle est tout en discrĂŠtion, sans filtres. Rencontre avec Cynthia Merhej, illustratrice. Et bien plus. Te x t e g I L L E S K H O U R Y, I l l u s t r a t o i n s c Y n T H I a m E R H E j
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près 2 ans de consultation assidue du réseau Tumblr et puis son site web, on croit déjà tout savoir sur Cynthia Merhej. Ses manies, ses hobbies, ses phobies : dans ses dessins et photos en ligne, elle a déjà abordé sa vie sous toutes les coutures. Alors, quand on rencontre la version dépixellisée, en chair et en os, il ne reste plus qu’à vérifier. On retient surtout un joli minois et de grands yeux bruns qui vous fusillent dès qu’on s’essaie au jeu des comparaisons. « Les gens prennent tout au premier degré », regrette la jeune femme, lassée de rappeler que les scènes qu’elle dessine sont le fruit d’un curieux mélange entre son quotidien et son imagination.
banquet, aux côtés d’hommes cravatées. Son art rappelle parfois les affiches des films égyptiens des années 50, quand son stylo bille dessine des silhouettes emperlousées et des cils qui touchent les cieux. Ses esquisses font penser aussi aux premiers gribouillis d’Egon Schiele, l’une de ses sources d’inspiration quand les couleurs s’estompent et les traits s’affinent. Car l’image, sous la pointe de Cynthia Merhej, prend tour à tour la forme d’un vaste terrain de jeu abstrait pour une bouteille d’encre noire, puis celle d’un castelet de curieux personnages colorés, en passant par des illustrations de tendres contes de fée. C’est ce mélange qui nourrit l’œuvre de la jeune femme: entre tradition et modernité, entre candeur et sarcasme, entre rire et larmes, entre deux cultures, deux arts.
Cynthia Merhej est une fille discrète. Et discrète, elle l’est où qu’elle soit, elle n’envahit pas les librairies chaque année, elle ne twitte pas son travail, ne l’Instagramme pas non plus, ne pratique aucune forme d’autocélébration. Grand front, pommettes bombées, peau fine. Elle est plutôt habillée de gris ou de bleu marine, semble-t-il, mais on s’aperçoit après l’avoir quittée qu’on a oublié tout détail vestimentaire. « J’ai besoin d’un café. » Elle est servie. Elle aime bien hésiter, douter, puis finalement acquiescer en ajoutant : « J’ai un peu honte de mes hésitations, excusez-moi.» Comme toutes les personnes timides, Cynthia est (un peu) intimidante. Le silence de cet espace fini ne l’effraie pas. « Etes-vous illustratrice? » lui demande-t-on bêtement, car on sait bien que la réponse n’est ni oui ni non. « Non », répond-elle et on note « non » sur le cahier. « Je ne me dirais pas illustratrice, parce que je considère que chacune de mes illustrations est beaucoup plus une histoire qu’un dessin dans le sens strict du terme. »
Cette œuvre, elle en a posé les fondations dès son très jeune âge. La petite fille à l’étroit sur son banc de classe à l’IC s’est envolée au propre et au figuré durant toutes ces années. A fait exploser les cases de la BD. A papillonné talentueusement de la peinture à la photo, jusqu’au graphisme. S’est surpassée tout le temps. A 10 ans, Cynthia préfère déjà l’histoire et le dessin, visite les musées, commence à collectionner les livres et à griffonner sur tout ce qui lui tombe sous la main. En 2007, bac en poche, Merhej entame des études graphiques. C’est le tourbillon de la jeunesse, le moment de la découverte. Elle s’installe à Londres pour «ouvrir son horizon graphique», et intègre la prestigieuse Central Saint Martins d’où elle ressort trois ans plus tard avec les « honors ». Suivra une maîtrise en communication visuelle au Royal College of Art. Honors encore. Et surtout une reconnaissance locale et régionale. Touche-à-tout inlassable, à la fois illustratrice, graphiste, photographe ; l’abondance de ses talents est convoitée par les plus grandes firmes spécialisées. Notamment la maison d’édition Thames and Hudson pour qui elle illustre deux livres pour enfants. Viendra ensuite l’expérience Rookie, « déterminante et enrichissante » affirme l’artiste. En 2010, la jeune bloggeuse de mode Tavi Gevinson fonde son magazine en ligne baptisé Rookie et destiné aux adolescentes. A l’occasion, Merhej envoie son portfolio, « en ne pensant pas que je serais rappelée ». Et pourtant, sans
Ses illustrations sont des histoires, donc. Un film où tous les mélanges sont permis pour atteindre à l’expression la meilleure, la plus juste à ses yeux. Dans sa série “Atlas Hotel”, les dessins rappellent un film noir de Fritz Lang. De son trait de crayon pop et surréaliste, elle dessine des drôles de dames aux yeux globuleux, maquillées comme des voitures volées et installées autour d’un
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près 2 ans de consultation assidue du réseau Tumblr et puis son site web, on croit déjà tout savoir sur Cynthia Merhej. Ses manies, ses hobbies, ses phobies : dans ses dessins et photos en ligne, elle a déjà abordé sa vie sous toutes les coutures. Alors, quand on rencontre la version dépixellisée, en chair et en os, il ne reste plus qu’à vérifier. On retient surtout un joli minois et de grands yeux bruns qui vous fusillent dès qu’on s’essaie au jeu des comparaisons. « Les gens prennent tout au premier degré », regrette la jeune femme, lassée de rappeler que les scènes qu’elle dessine sont le fruit d’un curieux mélange entre son quotidien et son imagination. Cynthia Merhej est une fille discrète. Et discrète, elle l’est où qu’elle soit, elle n’envahit pas les librairies chaque année, elle ne twitte pas son travail, ne l’Instagramme pas non plus, ne pratique aucune forme d’autocélébration. Grand front, pommettes bombées, peau fine. Elle est plutôt habillée de gris ou de bleu marine, semble-t-il, mais on s’aperçoit après l’avoir quittée qu’on a oublié tout détail vestimentaire. « J’ai besoin d’un café. » Elle est servie. Elle aime bien hésiter, douter, puis finalement acquiescer en ajoutant : « J’ai un peu honte de mes
hésitations, excusez-moi.» Comme toutes les personnes timides, Cynthia est (un peu) intimidante. Le silence de cet espace fini ne l’effraie pas. « Etes-vous illustratrice? » lui demande-t-on bêtement, car on sait bien que la réponse n’est ni oui ni non. « Non », répond-elle et on note « non » sur le cahier. « Je ne me dirais pas illustratrice, parce que je considère que chacune de mes illustrations est beaucoup plus une histoire qu’un dessin dans le sens strict du terme. » Ses illustrations sont des histoires, donc. Un film où tous les mélanges sont permis pour atteindre à l’expression la meilleure, la plus juste à ses yeux. Dans sa série “Atlas Hotel”, les dessins rappellent un film noir de Fritz Lang. De son trait de crayon pop et surréaliste, elle dessine des drôles de dames aux yeux globuleux, maquillées comme des voitures volées et installées autour d’un banquet, aux côtés d’hommes cravatées. Son art rappelle parfois les affiches des films égyptiens des années 50, quand son stylo bille dessine des silhouettes emperlousées et des cils qui touchent les cieux. Ses esquisses font penser aussi aux premiers gribouillis d’Egon Schiele, l’une de ses sources d’inspiration quand les couleurs s’estompent et les traits s’affinent. Car l’image, sous la pointe de Cynthia Merhej, prend tour à tour la forme d’un vaste terrain de jeu abstrait pour une bouteille d’encre noire, puis celle 182
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AZIZA YA AZIZA! Toutes les chansons arabes racontent la même histoire. Celle d'une femme au coeur brisé. "Ya habibi taala", "Bektob ismak ya habibi". Aziza, c'est l'émancipation d'une femme au coeur blessé. L'affirmation d'elle-même sur les airs des divas des 70's. Une pure merveille. Par Médéa A zouri
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lle s’appelle Aziza. Comme la chanson d’Abdel Halim, ce célèbre morceau instrumental que toutes les danseuses du ventre du monde arabe, ainsi que les amateurs du déhanché sensuel, connaissent. Elle a choisi ce nom afin de s’émanciper en tant que chanteuse. L’album a été entièrement conçu et créé autour de ce thème : l’émancipation des femmes à travers une histoire toute simple qu’on nous a racontée des centaines de fois. L’histoire d’une fille qui tombe amoureuse, a le cœur brisé, se redécouvre, se reconstruit et enfin s’affirme en tant que femme.
Aziza, c’est une comédie musicale, une ode aux divas des 50’s, des 70’s. Ces divas que la chanteuse aime depuis toujours. Aziza, c’est un musical à la Sabah dont on pourrait presque l'entendre sourire sur le morceau “Holiday Inn”. Ses idoles sont un mélange de Dalida, Grace Jones ou encore David Bowie qui, pour elle, font partie de ces chanteurs qui ont également un extraordinaire univers visuel. Pourtant Aziza a plutôt une formation de tarab. Cela fait 3 ans, qu’elle chante un peu partout des morceaux de tarab puisés dans la musique de la région. Sa voix en témoigne comme sur le morceau “Aziza”. Une voix à la fois cristalline et de velours, une voix qui emporte instantanément dans l’univers du disque. Un disque à la fois inspiré par le tarab traditionnel et la pop libanaise des années 70. L’orchestration s’y prête et on a très vite cette amusante et étrange sensation d’être dans le Beyrouth d’avant-guerre. On a l’impression d’entendre la bande son d’un film qui n’a jamais été tourné. Pourtant les images sont fortes.
Comme ces cartes postales délavées de la Place des Canons ou de la plage St Simon. Neuf chansons où l’on retrouve un parfait mix de l’esprit du Tarab à travers les Tar et Daff (percussions) mais surtout grâce à la façon de chanter d'Aziza, sans aucune concession ; et l’instrumentation de tout l’album. Un album qui s’écoute comme une histoire. Un album dont l’ouverture est un “ya leil” en hommage à l’esprit de la musique arabe et en introduction au monde d’Aziza. On démarre avec “Holiday Inn”, “Alhamtani” et “Barghashe” et on entre avec elle dans cette histoire qui fait mal, cette histoire d’amour qui tourne mal. “No No No” “Khalas”. On l’accompagne vers son introspection et enfin, on termine avec elle sur une émancipation (“Aziza”) qui la mène vers ses racines. “Ya mazaj”. L’ensemble se termine par un morceau enregistré “off stage” et non pas en studio. Une ballade improvisée, voix et piano. “Kel ‘ala Bali” est la fin d’un chapitre et surtout le début d’un autre. On tombe sous le charme de Aziza dès les premières notes. On tombe sous le charme de sa voix, on est emporté par les arrangements de Raed el Khazen. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas (ré)entendu ce genre de musique. Et ça fait du bien. Produit par Jana Saleh, Aziza sort au mois de mars. L’album sera disponible sur iTunes, Aziza donnera un concert. Et on verra à ce moment-là l’histoire d’Aziza sur scène. Ya 3omri… playlist de l'album Holiday Inn, Alhamtani, Barghasheh, Bakkeer w shetwyyeh, No no no, Bayni w bayna, Khalas , Ya Mazag, Kel ‘ala Bali février 2014
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Le Lazare d’Eric Fréchon
Bis (tro) Repetita
Si Alain Sanderens fut le premier à « rendre ses étoiles » chez Lucas Carton en 2005 pour se libérer du carcan de la Haute Gastronomie, la tendance veut que, depuis, de nombreux chefs au pédigrée stellaire flirtent avec les bistrots de quartier et bons petits plats canaille. Petit tour d’horizon de ces nouvelles adresses lumineuses. Par MARIE LE FORT
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a tendance est à la « dégastronomisation », aux restaurants moins étoilés ! Une drôle d’idée, certes, pour ces chefs maintes fois récompensés par des étoiles Michelin et/ou toques Gault & Millau qui troquent leurs tabliers stellaires pour des concepts ancrés dans la réalité. Et pour partager davantage autour d’un comptoir ou d’une table d’hôte. Serait-on en train de célébrer un vrai retour vers une gastronomie plus simple et généreuse ?
Le Lazare d’Eric Fréchon Prenez Eric Fréchon, fidèle habitué d’un trio d’étoiles pour son restaurant de l’Hôtel Bristol. Le voici qui défie la chronique depuis quelques saisons avec l’ouverture très réussie du Mini Palais à laquelle vient s’ajouter, depuis quelques mois, une authentique brasserie de gare : le restaurant Lazare. Démocratique, il conjugue des classiques d’une cuisine « familiale, authentique et généreuse » : directement inspirée de la tradition culinaire française, on la plébiscite pour s’y retrouver avec plaisir en famille, entre amis, ou entre collègues. Au menu, des plats emblématiques de la gastronomie française - aujourd’hui disparus de la plupart des cartes de restaurants, comme ces oeufs de poule mimosa, au thon et au crabe, ces pommes ratte en vinaigrette à l’andouille de Guéméné ou cette terrine de maquereaux au vin blanc, sauce raifort. Ces recettes traditionnelles côtoient des créations originales et audacieuses comme le Paris-Deauville, dessert signature du restaurant, imaginé comme un pied de nez au traditionnel Paris-Brest. Des plats démocratiques, y compris le dimanche où le brunch a été 186
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transformé en ‘Déjeuner de Grand Mère’ : au programme, de grandes tablées familiales et des plats en cocottes qui réveillent nos souvenirs d’enfance. Vous reprendrez bien un peu de poulet rôti ou de tarte aux pommes encore chaude ? Le Bar à Rillettes de Yannick Alléno Place de la Bourse, Yannick Alléno inaugure à son tour son second Terroir parisien : au sein du fastueux Palais Brongniart, place à un authentique Bar à rillettes et autres comptoirs de dégustation de bons produits du terroir ! « Un bar central faisant front, des produits simples, bruts, une ambiance tournée vers l’authenticité des matériaux comme le pavé, le zinc ou le bois aux couleurs sobres, le cuir, le mat et le brillant, voilà un bistrot dont Yannick Alléno a toujours rêvé», chronique un expert culinaire parisien. « Les gens ignorent qu’il existe un vrai terroir parisien. Or je crois que la gastronomie est née à Paris. Il fallait revisiter l’histoire culinaire de cette ville et redécouvrir ces produits qui étaient pour la plupart en train de disparaître » affirme Yannick Alléno. Aussi, pour l’occasion, le chef a-t-il demandé à Jean-Michel Bannwart, Meilleur Ouvrier de France, de développer une gamme de 15 pots charcutiers, quatre pâtés en croûte, sept rillettes, une quinzaine de pâtés, des saucissons, des jambons... à déguster sur place ou à emporter dans une formule « sac apéro » comprenant un bocal de charcuterie, un pot de rillettes, du jambon blanc, du saucisson à l’ail, des condiments et une baguette de pain pour quatre personnes… à 24 euros, comment s’en priver?
la vie
Les Abattoirs de la tribu Rostang
La MasterClass de Frédéric Michalak
Le Lazare d’Eric Fréchon
photos © twinphotographie.com, dr
Les Abattoirs de la tribu Rostang Plus canaille encore, à l’angle de la place du Marché St Honoré, le dernier restaurant de la saga ‘(Michel) Rostang Père et Filles’, Les Abattoirs, est emmené par sa fille Sophie ! Dans ce comptoir aux allures de bouchon lyonnais, la première surprise vient du décor contemporain, signé March Hertrich et Nicolas Adnet. In situ, une immense fresque en cuir matelassé surpiqué du profil presque naïf des principaux animaux de la ferme (cochon, coq, bœuf, etc.) tapisse le mur principal avec goût. Par contraste, les tables en vieux chêne fendillées en surface, une enseigne d’origine ayant appartenu à la famille Rostang, un vieux bar réhabilité et flanqué de tabourets industriels donnent davantage encore de cachet au lieu. Terrine, soupes du jour, condiments, moutarde ou raifort sont bien sûr ‘faits maison’, tandis que sur le grill, de belles pièces de viandes se dorent la pilule... à la perfection. Une célébration de l’esprit bistro en son temps. Le Lazare d’Eric Fréchon Autre maison, autre déclinaison : celle de l’empire Taillevent. Fier de plus d’un demi-siècle de succès incontesté, le restaurant s’est dédoublé pour inaugurer, l’année dernière, le 110 Taillevent. A l’angle du Faubourg Saint-Honoré, une brasserie vouée à la cuisine française et aux bonnes bouteilles voyait le jour. Réjouissez-vous car au menu (à 29 euros) c’est une palette colorée de plats bourgeois bien troussés qui s’invite: le lièvre à la royale en saison, un risotto de bouche à oreille selon les produits de saison, du thon rouge en sashimi, et un service emprunté à celui des grandes maisons… un rêve de gourmet. Et
Le Bar à Rillettes de Yannick Alléno
pour prolonger ce projet démocratique, Les Caves de Taillevent viennent d’être inaugurées en face : dans un écrin signé Pierre-Yves Rochon, les prestigieuses caves du restaurant étoilé distillent leurs couleurs ambrées à la vue de tous. Une vraie librairie des plus grands crus classés, accessible aux amateurs et fins connaisseurs, comme aux œnologues et experts. La MasterClass de Frédéric Michalak Vous reprendrez bien un peu de dessert ? En guise de fin de repas, direction la MasterClass de Frédéric Michalak (le champion du monde de pâtisserie, résident du Plaza Athenée), récemment inaugurée dans le 10e arrondissement. Au cœur de cette néo-école de pâtisserie agencée avec soin par la décoratrice Marie Deroudihle, place à des cours d’un genre nouveau. « Apprendre à associer les saveurs, les textures et les températures, mais aussi à découper ou à déguster un gâteau, à découvrir l’importance et la provenance des matières premières - (tout cela, sans se prendre la tête !) – voici, entre autres apprentissages, le programme de cette école un peu à part », explique le chef. Destinée au grand public, cette antichambre se double d’une boutique où tous les gourmets du quartier se pressent pour ajouter une touche sucrée experte à leur quotidien. La dégastronomisation a de beaux jours gourmands devant elle… www.lazare-paris.fr www.bistrot-terroirparisien.fr www.cafedesabattoirs.com www.taillevent.com www.michalakmasterclass.com
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Quand Valentino voit rouge
À l’occasion de l’ouverture de sa nouvelle boutique à Shanghai, la maison italienne lance une nouvelle collection 100 % vermillon révolution. Rencontre avec Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli, directeurs artistiques de la marque. P a r p at r i c k c a b a s s e t Photographie stefano guindani
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hanghai aujourd’hui, c’est New York dans les années 1980. L’activité délirante d’une mégapole de 23 millions d’habitants en plus. Et l’insécurité en moins ! Pas un jour sans que des dizaines de cocktails et de dîners ne célèbrent l’ouverture de nouvelles boutiques dans des malls commerciaux au luxe insolent. Pas une nuit sans qu’une fête exceptionnelle sur le Bund ne mette le luxe occidental au premier rang des préoccupations locales. Mais comme le rappelait Stefano Sassi, PDG de Valentino, ce n’est pas seulement une nouvelle boutique qu’on célébrait ici en novembre dernier, lors d’une semaine de festivités en compagnie de quelques clientes choisies (voir encadré). C’est une politique globale de développement vers l’Asie qui guide la marque, désormais propriété de l’émir du Qatar. Un choix amplement justifié par le doublement des revenus de Valentino en Chine entre 2012 et 2013. Cette 18e boutique et 1er flagship Valentino dans le pays, n’est donc qu’une étape – 790 m2 spectaculaires quand même, imaginés par l’architecte David Chipperfield –, qui annonce 33 autres ouvertures dans les plus grandes villes chinoises dès l’année prochaine. Ce développement récompense une stratégie créative unique. Valentino est en effet redevenu en quelques saisons une marque phare des collections de Paris, attendue par les rédactrices de mode et les socialites du monde entier pour son sens du luxe moderne, à la fois raisonnable et pointu. Travaillant ensemble depuis 22 ans, dont 9 au service des accessoires de la maison, Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli ont en effet réussi à éviter les écueils des successions « coup de poing » et les pertes d’identité qui en résultent en général après le départ des fondateurs. Créant un style intemporel tout en imposant leur vision, respectant la marque sans avoir peur de la bousculer, ils offrent aujourd’hui le parfait exemple de ce qu’il faut faire pour redévelopper une griffe historique. Pourquoi avoir conçu ce défilé événement tout en rouge ? Maria Grazia Chiuri : « L’idée était de ne surtout pas refaire le défilé présenté à Paris. Avec internet, le monde entier a désormais accès 188
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aux images instantanément. Et nous voulions créer quelque chose de spécial, pas seulement pour Shanghai, afin de souligner cet événement. Or, dans le passé, nous n’avions jamais vraiment touché au rouge Valentino. Pour nous, c’était comme un logo. Certes, il y en a toujours dans nos collections, mais jamais autant. » Pierpaolo Piccioli : « Nous ne voulions pas non plus d’une collection spécifique pour les femmes chinoises. Désormais les femmes européennes, américaines ou asiatiques sont les mêmes. L’identité de la marque doit être plus importante que l’identité de la femme. » Vermeil, carmin, pourpre, bordeaux : combien de rouges avez-vous présentés à travers les 81 silhouettes de ce défilé ? Pierpaolo : « Je n’ai pas compté. De plus, le même rouge peut changer de ton en fonction de la matière. Nous voulions surtout démultiplier le rouge Valentino, afin de le rendre plus personnel à chacune. » Maria Grazia : « Lorsqu’on regarde le passé de la marque, le rouge Valentino était unique. Mais à l’époque la femme Valentino était unique également. Aujourd’hui, les femmes Valentino sont toutes différentes. Et la même femme peut être différente entre le matin et le soir. C’est pourquoi nous avons développé des rouges légers, mais aussi des rouges théâtraux, cardinaux, romantiques ou fougueux. Désormais les femmes expriment plein de facettes différentes. » À l’image de vos récentes collections, c’est une vision également mystique de la mode, non ? Êtes-vous religieux, ou superstitieux ? Maria Grazia : « Oui, je suis religieuse, mais sans excès. » Pierpaolo : « Sans doute aussi, mais à ma façon. » Pourquoi avoir mélangé ici couture et prêt-à-porter ? Pierpaolo : « Afin de montrer tous les savoir-faire de la marque. Nous avons essayé de présenter la force pointue, la modernité, ou parfois la nonchalance, du prêt-à-porter au sein de la couture. Et inversement, d’apporter l’approche culturelle, le perfectionnisme
fashion latrip vie
La nouvelle boutique Valentino à Shanghai, et le défilé événement sur le Bund.
et la dignité de la couture dans le prêt-à-porter. C’est comme une conversation entre ces deux pôles. »
Maria Grazia : « Même si Valentino est une marque hors du temps, elle peut s’approprier les signes d’une époque et recréer un style. »
Il y avait des vêtements de jour également ici, non ? Maria Grazia : « Bien sûr, le rouge n’est pas réservé aux célébrations ou au red carpet. Il y a aussi du denim, des trenchs, du cuir dans cette collection. Le rouge se porte quand vous voulez ! » Pierpaolo : « C’est du rouge pour une génération tout en noir ! Notre version du slogan “le rouge est le nouveau noir”… » Maria Grazia : « En même temps, cette collection 100 % rouge représentait un risque pour nous. Nous ne voulions pas séduire la Chine de façon trop facile. » Pierpaolo : « Oui, c’est davantage une collection manifeste, un nouveau point de vue sur un élément signature de la marque. Tous ces rouges s’opposent au rouge unique de la maison. »
Comment arrivez-vous à renouveler Valentino sans perdre son identité ? Pierpaolo : « Après neuf années aux côtés de Monsieur Valentino, ce style fait parti de notre héritage. Même si l’orientation que nous lui donnons désormais est la nôtre propre. On n’évoque pas le marketing ici, mais bien la philosophie de la marque. » Maria Grazia : « Nous avons beaucoup parlé avec lui de sa vision de cette griffe. Nous l’aidions dans ses prises de décisions. Et notre vision n’était pas différente de la sienne. Lorsque nous avons été nommés à la direction artistique de Valentino, cette vision était donc très claire. » Pierpaolo : « Cependant, la représentation globale de la beauté a changé. Les femmes sont différentes aujourd’hui, plus complexes, il faut leur parler autrement, avec subtilité. La beauté est aussi devenue plus nonchalante. Elle doit s’acquérir sans effort. »
La Chine est-elle prête à comprendre autant de sophistication ? Maria Grazia : « Nous n’essayons pas de savoir si les gens vont comprendre, mais de rester honnêtes avec nous-même, montrer le fruit de notre réflexion commune permanente. » Pierpaolo : « Nous n’essayons pas de plaire, nous montrons ce que nous aimons et ce en quoi nous croyons. Si vous proposez des choses sophistiquées, les gens assimilent la sophistication. Je ne suis pas convaincu que ceux qui proposent des choses faciles sont mieux compris… » L’histoire millénaire de ce pays semble absente de la Chine contemporaine. C’est désormais un pays neuf comparé à l’Europe, non ? Pierpaolo : « Oui, mais c’est aussi un moment intéressant pour ce pays car il change vite. Les gens commencent à se réapproprier leur histoire. Mais aussi une certaine idée de la beauté et du luxe. Leur proposer des choses trop faciles ne serait pas très respectueux de ce qu’ils sont en train de devenir. »
Et qu’est-ce qui vous rend heureux aujourd’hui ? Pierpaolo : « De pouvoir nous exprimer de façon authentique. Ce n’est pas donné a tout le monde. D’être une maison de couture italienne aussi, mais à la façon des maisons de couture françaises comme Chanel. En Italie, on parle avant tout de mode, pas de savoir-faire. À Paris, la maison Lesage, par exemple, est aussi connue qu’une griffe de couturier, même si ce n’est qu’un fournisseur. Il y a là une tradition culturelle qui met en avant tous les acteurs de la filière. Nous sommes très fiers de notre atelier de couture. Et nous sommes fiers également des dix jeunes recrues que nous avons engagées et qui vont apprendre les savoir-faire transmis par nos collaborateurs plus anciens. » La collection capsule « Shanghai » sera distribuée dans les boutiques Valentino dans le monde entier à partir du mois d’avril. www.valentino.com
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Yazan devant son portrait de Fairouz à Gemmayzé
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la vie
YAZAN, VANDALE A REBOURS
On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, écrivait Rimbaud. On ne l’est pas davantage à vingt et pourtant, ce qui frappe en Yazan, avec sa bouille d’enfant qu’on aurait étiré, c’est d’abord son sérieux. Ce graffeur qui bombe et tague depuis cinq ans a entièrement repensé sa démarche. En renouant avec sa propre culture, il a réussi à créer un style à l’antipode du vandalisme propre aux artistes de rue, tout en restant “politiquement incorrect”…à sa manière. P a r F. A . D P o r t r a i t s To n y E l i e h
Les débuts J’avais quinze ans, raconte Yazan, et je voulais être cool. C’est l’époque où, au Lycée français de Beyrouth, les groupes de rap comme IAM et Fonky Family faisaient fureur. Et tous parlaient de graffiti. Bien sûr, j’ai griffonné quelques textes, et puis je suis passé au tag. Je faisais mes essais sur papier, puis j’allais bomber, soit le bancs du lycées, ce qui était évidemment prohibé, soir à Jnah où il y avait beaucoup de murs qui se prêtaient à l’exercice. Les taggeurs avaient déjà commencé à conquérir la ville. Les murs de la Quarantaine étaient pratiquement tous “pris”. Et moi j’étais déjà mordu. Pour faire mes maquettes, je me réfugiais dans la mezzanine qui sert d’atelier à ma mère pour sa petite entreprise de
linge de maison. A cette époque, je tagguais surtout mon “blaze” (dans le jargon des graffeurs, le blaze, c’est la signature). Au début, je tagguais uniquement les consonnes de mon nom, “Z” et “N” en lettres arabes. Par la suite j’ai écrit mon prénom entier: Yazan. Le tournant Je me croyais original, mais très vite je me suis posé la question de l’identité. J’étais conscient que nous ne faisions que copier de grands artistes européens et américains qui avaient bien plus de talent que nous. De plus, eux prenaient des risques, travaillaient dans la clandestinité. Leur travail était subversif parce qu’ils violaient la loi urbaine en exploitant sans autorisation des février 2014
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espaces collectifs. Un jour, alors que je tagguais un mur à la bombe, j’ai vu un agent s’approcher. J’ai eu un frisson en pensant qu’il allait peut-être m’arrêter ou au moins me faire une remarque désobligeante. J’ai reçu une douche froide quand il m’a dit: “ajoute un peu de couleur, ça me paraît tristounet”! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point la notion de vandalisme est absente dans ce pays où même les candidats aux élections n’ont aucun scrupule à pratiquer l’affichage sauvage.
Calligraphie...
Gibran sur un billet de 100 000 ll
Par Tasso et Yazan, rue Abdel Wahab
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L’IDENtIté tout cela m’a fait réfléchir. Pour mériter ma place en tant que graffeur dans la communauté des graffeurs, je devais d’une part trouver une identité qui me démarque, et d’autre part trouver le moyen d’être subversif dans un pays où toute notion de vandalisme est absente. Ces deux démarches ne pouvaient qu’aller de pair. En ce qui concerne la subversion, j’ai pensé que si le vandalisme consiste à enlaidir quelque chose de beau, au Liban cela devrait être au contraire embellir quelque chose de laid. Je me suis donc mis à “nettoyer” les murs en décollant les affiches à mes frais. Les gens étaient choqués d’apprendre que je payais de ma poche pour faire quelque chose que normalement la municipalité devrait financer. De plus, en ôtant certaines affiches, je prenais pour une fois le risque de me faire sanctionner! Etre politiquement incorrect, à Beyrouth, c’est restaurer et non défigurer. Pour ce qui est de mon identité graphique, je me suis posé en premier lieu la question de la culture. En tant que Libanais, habitant à Beyrouth, qu’est-ce qui faisait ma différence? Au lycée, on avait tendance à dénigrer tout ce qui venait de la culture arabe, à commencer par les cours de langue! Moi, j’étais persuadé que notre culture est cool. Ca dépend de ce qu’on en fait. CALLIgRAPhIE Partant de là, je me suis rendu compte que tout ce que j’avais fait jusqu’alors n’était qu’emprunts à des contextes économiques, sociologiques et culturels totalement différents de ce que nous étions en train de vivre. Les blazes, les tags, la culture US, ne pouvaient ni représenter mes revendications ni exprimer mes émotions, et encore moins refléter mes goûts esthétiques. Je me suis mis à explorer la calligraphie arabe. Mon oncle m’a prêté un livre. J’ai appris seul. Je voulais revamper notre culture, montrer à mes amis qu’on pouvait faire quelque chose de cool avec ça. De plus, comme les bombes commençaient à me couter trop cher, il fallait absolument que je me mette au pinceau pour économiser la peinture! Finalement, les murs expriment nos manques. Si la calligraphie arabe est devenue si populaire, c’est que les gens avaient vraiment besoin de voir ça. Ca les conforte dans leur appartenance. LES SUJEtS Ma grand-mère disait: “les murs de Beyrouth ont des oreilles”. J’ai appris à faire des portraits. Je voulais que les murs aient des visages, mais pas ceux des politiciens en campagne. Les visages des gens à travers lesquels les habitants de la ville se reconnaissent. Des artistes comme Fairouz (sur un escalier de gemmayzé) et Asmahan, des poètes, comme Mahmoud Darwiche et gibran Khalil gibran (entre la rue Achrafieh et l’avenue de
“Révolution sur soi-même”
l’Indépendance), et des gens de la rue comme Ali Abdallah, le clochard de la rue Bliss, figure familière à tous les étudiants de l’Aub et aux commerçants de la rue, mort de froid sur le trottoir par une nuit d’hiver. Je ne savais pas faire de portraits, je m’y suis mis. Je n’ai jamais dit non à un projet. Je dis oui, ensuite, je me débrouille pour que ça marche! J’aime aussi calligraphier des phrases sur des murs monumentaux. L’une d’elles, un projet collectif, dit “révolution sur soi-même”, sous un pont de l’autoroute, au nord de Beyrouth. Pour changer le monde, c’est d’abord sur soi qu’il faut agir.
Ali Abdallah, le clochard mort de froid
Le succès Pour l’instant, je n’y pense pas trop. Je suis étudiant à l’AUB en troisième année de génie informatique (CCE). J’aimerais faire un stage dans la finance, plus précisément dans les investissements privés, chez Booz & co par exemple! Mais je ne veux pas non plus abandonner le graffiti que je traite désormais en “calligraffiti”, même si ce n’est pas très orthodoxe dans le milieu des graffeurs. En fait, j’envisage de prendre une année sabbatique après mon diplôme pour me perfectionner et répondre aux demandes qui me viennent maintenant de partout. Je suis fier d’avoir été contacté par Tasso, un très grand graffeur allemand qui avait participé à Beyrouth au projet de la boîte de nuit The One. Quand il est repassé, il m’a proposé de faire un projet avec lui. Nous avons peint le mur d’une vieille chambre qui abrite un générateur, rue Abdelwahab à Achrafieh. J’ai aimé l’idée d’intégrer les éléments de la ville et de l’architecture des façades à mon travail. Ce qui se passera après…Je ne sais pas. La vie en décidera. Yazan est de plus en plus sollicité. Mi-janvier, il annonçait sur sa page Facebook qu’il partait pour Dubaï et Abu Dhabi où l’attendaient des réunions et des interviews. Un magazine koweitien lui a consacré dans la foulée une page entière. Lui, il peint dans sa mezzanine, vend parfois ses tableaux et avec l’argent des tableaux s’en va embellir les murs de Beyrouth. Il aime Beyrouth. Il ne compte pas. février 2014
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la vie
HIND ABILLAMA
Prononcez ce nom et les plus de quarante ans vous diront tout de suite: “Allo, Hayati”, “Azef el Leil” (le Musicien de la nuit), “La Taqouli widaaan” (ne dis jamais adieu). Hind Abillama, dite “la princesse”, les Abillama portant le titre d’Emirs; Hind Abillama au regard si doux, à l’expression si lasse fut, de 1972 jusqu’à sa mort à l’âge de 48 ans en 1990, une star incontestée du petit écran libanais. P a r f. a . d .
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ind Abillama n’aura jamais connu son père, décédé peu avant sa naissance en 1942. Mais sa mère, remariée, lui donnera deux frères et une sœur. C’est sur les planches de son école Zahrat el Ihsan, que se révèle sa vocation de comédienne. D’une timidité maladive, ce n’est qu’à trente ans qu’elle accepte un premier rôle dans la série “Al Ghouroub” (le Crépuscule) en 1972, série réalisée par son mari Antoine Rémi dont elle était l’assistante depuis huit ans. C’est avec son comparse et complice de toujours, Abdel Majid Majzoub, qu’elle connaît son premier succès avec la série “Allo, Hayati”. Le mélodrame va bien à son regard doux et profond, son expression douloureuse mais juste, sa lassitude dont elle ne sait pas encore qu’elle est due à un virus rare qui lui ronge déjà le cœur. Elle incarne une femme douce et tendre, qui ne se fait aucune illusion sur les boniments des hommes, toujours digne, élégante et hiératique même quand elle se consume d’amour. Sa prestation surprenante dans la série comique “Al Moallima wal Oustaz” (la maîtresse et l’instit) révèle son sens de l’humour et de l’autodérision. Sa gigantesque popularité contraste avec son extrême discrétion. Elle n’aura jamais le courage, sa timidité prenant le dessus, de jouer sur scène devant un vrai public. Le cinéma lui fera de nombreux appels du pied auxquels elle ne répondra pas, bien qu’elle
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ait fini par tourner avec Majzoub, en 1976, “Al Leil Al Tawil” (La Longue Nuit) un téléfilm produit par la télévision jordanienne et réalisé par Antoine Rémi qui ne sera diffusé qu’en… 2010 par la chaine Future en guise de cadeau de fin d’année à ses téléspectateurs. Etrangement, c’est en 1974, en incarnant Nada, une jeune fille atteinte d’une maladie cardiaque dans “La Taqouli widaaan” (ne dis jamais adieu), qu’elle ressent la première alerte du mal qui l’emportera une quinzaine d’année plus tard. Une maladie virale rare, diagnostiquée à Londres, épuise son cœur. Désormais incapable de supporter la pression des tournages, elle met fin à sa carrière en 1987, sur la dernière séquence de “Hanadi” dont elle joue le rôle titre. Elle retourne alors à Londres où elle passe plusieurs mois et dont elle revient avec un pronostic alarmant, sinon désespéré. En 1990, alors que la guerre fait rage à Beyrouth, secouée par la violence ambiante, elle rend son dernier soupir à l’aube dans son appartement du quartier Sioufi, à Achrafieh, entourée de ses proches. Un hommage populaire lui sera réservé dans l’intimité de son quartier, en raison des combats. Sa dépouille sera par la suite transportée par bateau au caveau familial de son mari, à Zgharta, les routes étant coupées et impraticables.
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la vie
ESCALES BEYROUTHINES.
Quatre nouveaux endroits dont on parle. Quatre lieux ouverts par des gens qui sont déjà dans les domaines de la restauration ou de la nuit. Pas de One Hit Wonder pour les proprios d’Épicery, du Stereokitchen, du Floyd The Dog et du Kissproof. On y mange bien, on y boit bien, on y danse bien, on y est bien tout simplement. Promenade dans Beyrouth, de Mar Mikhael à Badaro, en passant par Gemmayzé. A (re)découvrir.
STEREOKITCHEN Derrière le Stereokitchen, il y a le propriétaire du Myu. On sait donc en y allant qu’on va bien manger et que la musique sera bonne. En semaine, le Stereokitchen est un restaurant/bar à cocktails avec musique indie, soft house, world music. Les vendredis et samedis, l’arène se transforme en club lounge avec un son deep house. 55 places en salle, 20 au bar, 70 en terrasse et 175 debout. Les spécialités de la maison : ceviche, cannelloni au confit de canard, mini burgers au foie gras caramélisé, gnocchis aux noix et sel de truffes. Idem pour les cocktails comme le Rosa. Dès avril, le Stereokitchen ouvrira sa terrasse pour le déjeuner. Stereokitchen, Imm . Modern, rue Pasteur, Gemmayzé, +961 71 36 63 77
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photos raya farhat, tony elieh, dr
Par Médéa Azouri
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ÉPICERY On trouve rarement des ambiances simples chaleureuses quand on veut bien manger. Et bien, Épicery c’est exactement ça. Le nouveau bébé des proprios du Behind The Green Door est un bar restaurant qui a ouvert ses portes à Mar Mikhael, il y a un mois. Cette vieille maison libanaise est entourée de deux terrasses. A l’intérieur, ultra lumineux, se loge un long bar. Pour les excellents cocktails avec un twist, servis par des bartenders en bleu de travail, et aussi pour manger. Il faut goûter au steak tartare, aux crevettes au curry, au poulet à la crème, à l’ Oreo cheesecake, et se faire plaisir les samedis et dimanches avec leur brunch. Épicery, rue du Patriarche Arida, Mar Mikhael, +961 76 04 65 56
FLOYD THE DOG Le bar s’appelle Floyd The Dog, comme le chien d’un des propriétaires. Musique indie, électro pop et disco, un DJ différent chaque soir. Joli cocktail musical pour – et ça ne s’invente pas – ce cocktail bar qui se trouve rue d’Arménie à Mar Mikhael, lieu phare des nuits beyrouthines. On y boit, on y grignote des bagels 7/7, de 18h à 2h, et dès le mois de février on pourra même aller y traîner durant la journée, dedans comme dehors. L’endroit est intimiste, ouvert par une bande de potes qui étaient à l’origine de The Mansion. Et la crowd est composée d’amis et amis d’amis. Tellement intimiste donc, qu’on y reste longtemps sans voir le temps passer, un peu comme à la maison. Floyd The Dog, rue d’Arménie, Mar Mikhael, +961 3 28 65 96
KISSPROOF L’équipe du Vivians et du Happy Prince (dont le burger est devenu célèbre) a pris ses nouveaux quartiers à Badaro. Et pourquoi pas ? Le Kissproof est un bar à cocktail où on l’on boit bien évidemment, mais aussi où l’on déjeune, dine et brunch les week-end. Musique chill genre acid jazz, funk, chill house, bières pressions et bières belges, françaises, importées, 11 house cocktails servis entre 18 et 21h. Vu que leurs deux autres lieux sis à Mar Mikhael ne désemplissent pas, vous imaginez bien que celui-ci non plus. Direction Badaro donc, ça change un peu et on y va, surtout, tranquilles. C’est tout le but. Kissproof, Badaro, +961 1 38 29 92
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Cabinets de curiosités A New York, Venise, Bordeaux ou Miami, des boutiques ou appartements d’un genre nouveau voient le jour : dans ces espaces feutrés, objets, bibelots et pièces uniques s’exposent, comme échappés d’une collection privée.
Intérieur Particulier, à Bordeaux
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PHOTOS diggy llyod, dr
P a r M a ri e L e F o rt
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House of Voltaire, à Miami
Rare, à Venise Au Palazzo Gritti à Venise, le profil racé de Waris, esthète new-yorkais, plane sur le rez-de-chaussée. A l’occasion de sa réouverture, le palace accueille une boutique d’une genre nouveau : baptisée Rare, elle expose des objets en édition limitée crées par des maîtres artisans ou créateurs contemporains. Les clés géantes de la céramiste italo-parisienne Annabelle Adie ; les sacs en cuir réalisés en collaboration avec une ancienne tannerie végétale suédoise par Tigerklo ; des hiboux recouverts de tissus Fortuny, maison espagnole fondée en 1871 ; un plateau ciselé par la Libanaise Lina Audi, fondatrice de Liwan ; une bougie en céramique signée By Redo ou des quilts réalisés en exclusivité par A.P.C. pour Rare… chaque objet raconte ici une histoire unique. Aux antipodes du consumérisme ambiant. House of Voltaire, à Miami A Miami, en marge d’Art Basel, House of Voltaire s’invitait à son tour dans l’univers des collectionneurs privés avec des pièces réalisés en édition limitée par des artistes émergents ou de renommée internationale : une série de serviettes de plage dessinés par les artistes Alexandre da Cunha, Ella Kruglyanskaya et Louise Gray, des serviettes de table croquées par le légendaire directeur
artistique anglais Peter Saville ou encore un sac de plage customisé par Matthew Brannon, les collectors s’exposaient pour financer, en retour, les résidences d’artistes et programmes éducatifs emmenés, à Londres, par Studio Voltaire. Le Cabinet de Curiosités, à New York Toujours plus ‘hype’ au fil de ses nouveaux ‘chapitres’, le Cabinet de Curiosités de Thomas Erber s’invitait sur Mott Street, New York, en décembre dernier après une série d’éditions plébiscitées chez Colette à Paris, Browns à Londres et Andreas Murkudis à Berlin. Au programme, une collaboration rapprochée avec des marques et savoir-faire contemporains : les bijoux de corps de la hawaïenne Bliss Lau ; les casques de moto des Ateliers Rubis ; les cravates d’Alexander Olch ; les photographies de Benoît Peverelli ; des objets design signés par le Collectif Ciguë ; les français François Champsaur ou Noé Duchaufour-Lawrance (avec Petite Friture) ; les illustrations de Jean-Philippe Delhomme ; les bicyclettes de Moulinette Bicycles & Hojmark Cycles ou encore les montres Vulcain… c’est tout un vestiaire, mieux, une grammaire contemporaine, qui faisait courir le tout New York à la recherche de pièces et objets avec un ‘supplément d’âme’. février 2014
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Rare, à Venise
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PHOTOS myriam babin, dr
Atelier Courbet, à New York
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Le Cabinet de Curiosités, à New York
Atelier Courbet, à New York A deux pas de là, Mélanie Courbet inaugurait Atelier Courbet début octobre sur le pas de porte voisin : une boutique-galerie qui rend hommage à la main des artisans, respecte les savoir-faire ancestraux, s’entiche des plus belles matières pour célébrer une vision contemporaine de la création. Cet Atelier – à la fois galerie et boutique – se découvre comme un épais livre d’histoire, de ceux dont le papier, l’impression, les illustrations et la couverture en cuir patiné inspirent le respect. Installé dans l’ancien Brewster Carriage House (où les calèches étaient construites sur mesure au tournant du siècle dernier) rénové pour l’occasion, les cachemires de Mongolie d’Oyuna côtoient le piqué régulier des coutures en cuir de Domeau & Pérès sur la selle d’un vélo jaune vif réalisé en collaboration avec Pharell Williams. Plus loin, les simplissimes containers en laiton et cuivre de la vénérable maison japonaise Kaikado réveille les subtils dégradés des textiles indigo réalisés au Mali par le calligraphe, artiste et designer Aboubakar Fofana. On renoue, un temps, avec l’illustre savoir-faire de la manufacture de Sèvres au contact de ses porcelaines raffinées présentées dans une vitrine muséale. Plus loin, les carafes ciselées de la Cristallerie Saint Louis et les vases-sculptures d’Hanne Enemark brillent au milieu de l’espace habillé de mosaïques et briques sombres.
Intérieur Particulier, à Bordeaux Un intérieur riche d’anecdotes qui n’est pas sans évoquer un autre, à Bordeaux, né de l’imagination d’Arnaud Caffort : Intérieur Particulier. Une adresse confidentielle qui se visite sur invitation car elle est, au quotidien, un vrai lieu de vie : au milieu des pièces chinées et bibelots, autant d’anachronismes, de styles et de patines qui affinent, et affirment, un point de vue. Une élégance aussi, celle qui veut que l’on affectionne les matériaux de caractère pour donner de la substance à un espace de vie. Au fil des pièces, objets et mobilier sont à vendre car, pour cet antiquaire passionné, les intérieurs sont voués à évoluer. « Pour moi, faire cohabiter un ange fin XVIe avec un buffet industriel fin XIXe ajoute une dimension unique au lieu », explique Arnaud Caffort, avant de poursuivre : « Qu’ils ne soient ni du même style ni de la même époque ne veut pas dire qu’ils n’ont pas la capacité de vivre ensemble ! ». Un authentique Cabinet de Curiosité à conjuguer au quotidien. www.houseofwarisrare.com www.studiovoltaire.org/houseofvoltaire www.lecabinetdecuriositesdethomaserber.com http://ateliercourbet.com Intérieur Particulier, Bordeaux, sur rdv uniquement : contact@13avril.com
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Conte de famille La créatrice de bijoux Delfina Delettrez signe sa première collection, « Furry Tale », pour une maison qu’elle connaît bien, Fendi. Elle nous présente sa démarche artistique.
Par Rachèle Bevil acqua P h o t o g r a p h i e A l e x i a S i l va g n i
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elfina Delettrez n’a pas encore 30 ans et déjà le musée des Arts déco, à Paris, lui a acheté pour sa collection permanente la bague « Grenouille Couronnée » pavée de rubis et le bracelet « Épines et Serpents » en péridots et perle de Tahiti. En 2012, elle présente sa collection chez Almine Rech et ses bijoux sont exposés à la galerie Antonella Villanova. Au moment de la rencontrer, en décembre dernier, elle rentre juste d’Art Basel Miami. Il faut dire que l’art et la création font partie de l’histoire de cette jeune femme, qui est aussi l’arrière-arrière-petite-fille d’Adele Fendi, fondatrice de Fendi, une maison viscéralement attachée à Rome où est née et habite Delfina Delettrez. Ainsi, en 1985, la Galerie nationale d’art moderne de Rome a célébré le 60e anniversaire de Fendi et les 20 ans de collaboration avec Karl
Lagerfeld, directeur de création de la maison. C’est la première fois que cette institution ouvrait ses portes à un créateur de mode. Aujourd’hui, pour la première fois, Delfina Delettrez signe une collection de bijoux pour Fendi, qu’elle a menée, main dans la main, avec sa mère Silvia, directrice des accessoires, et Karl Largerfeld. Cette collaboration est la suite logique d’un parcours débuté en 2007, année où elle présente chez Colette sa première collection. Depuis, elle a collaboré avec des designers et a ouvert sa boutique, non loin de la Piazza Navona. Delfina Delettrez nous reçoit à Paris, près de Saint-Germain-desPrés. Elle fume des cigarettes roulées, parle un français teinté d’une jolie musique italienne, fait des incursions en anglais et en italien et confie se sentir bien partout, « je peux devenir citoyenne
Delfina Delettrez est habillée en Fendi. Coiffure Momo Rauch, maquillage Marielle Loubet, manucure Alexandra Leforestier.
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Delfina nous présente différentes pièces de sa collection « Furry Tale » pour Fendi.
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du pays où je me trouve. Je m’adapte facilement. » Pour cette collection, elle retrouve Karl Lagerfeld, avec qui elle avait suivi ses stages chez Chanel, mais surtout elle retrouve un homme dont elle connaît très bien l’univers, « ses dessins sont très particuliers. Je pourrais reconnaître son trait de crayon entre mille. Je comprends donc son langage. Je vois ses dessins depuis que je suis enfant, ils sont archivés chez nous », raconte-t-elle.
des univers dans lesquels on retrouve l’idée de Wonder Woman ou les codes manga. J’ai grandi dans cette culture tout en lisant Métal Hurlant ou Aldous Huxley. Je suis de la génération Sailor Moon, un personnage qui s’adapte tout le temps. J’aime cette idée de s’adapter, on la retrouve dans mon travail. Les mouvements du corps font bouger le bijou mais le bijou est aussi un prolongement du corps. Le contraste est une obsession chez moi ! La peau et la matière, le mat et le brillant, la robotique et l’organique. »
Votre première collection pour Fendi mélange la fourrure, matière emblématique de Fendi, et l’œil protecteur que l’on retrouve dans vos créations. Vous donnez le « la »… Delfina Delettrez : « J’ai voulu travailler sur nos codes respectifs : l’œil et la fourrure. J’ai utilisé la fourrure comme élément de légèreté pour une collection printemps/été, et pourtant cette matière a une forte personnalité. J’aime l’idée de faire cohabiter deux sensations contraires. La fourrure avec le cristal, par exemple, une pierre avec laquelle je n’avais jamais travaillé, que l’on a envie de toucher instinctivement. J’ai essayé d’assembler des matières qui a priori ne vont pas ensemble. »
Pour revenir à « Furry Tale », le nom de la collection, l’histoire de Fendi est-elle un fairy tale ? « Oui ! C’est comme les filles du Docteur March, c’est une histoire de femmes différentes qui portent en elle une force singulière. Je suis la quatrième génération et elles sont toujours en vie. Elles sont éternelles, ce sont des cyborgs ! De façon plus générale, j’aime jouer avec les mots. Toutes mes collections portent un nom, parfois je nomme les pièces individuellement. “Furry Tale” est un monde que j’ai imaginé. J’ai d’abord pensé aux yeux des breloques Bag Bug de Fendi et, au fil de mon travail, ces yeux se sont transformés en un œil égyptien, puis en un œil Art déco pour devenir un perroquet en mutation, un oiseau tropical imaginaire et fantastique. »
Pouvez-vous définir ces deux mondes qui cohabitent dans cette collection ? « D’un côté un monde organique, et de l’autre un univers imaginaire, futuriste, quasi cyber. La bague pourrait être vue comme un gant, la boucle d’oreille est un bijou qu’on imaginerait bien sur une femme à peine sortie d’un vaisseau spatial. Ces bijoux pourraient être des implants sur le corps de la femme. » La science-fiction est un monde qui vous intéresse. Quelles sont vos sources d’inspiration sur le sujet ? « Je passe des nuits sur YouTube et sur des sites comme Reality Sandwich qui navigue entre chamanisme et cyber monde. Ce sont
Est-ce la première fois qu’on vous propose de collaborer avec Fendi ? « Oui, et cela s’est fait de façon très naturelle. On m’a appelée comme designer et non comme arrière-arrière-petite-fille Fendi. J’ai créé ma marque il y a six ans, j’ai collaboré avec d’autres marques, il était temps que je rentre à la maison ! » Que gardez-vous comme souvenir de cette collaboration ? « J’ai beaucoup aimé faire partie du duo que forme Karl avec ma mère, Silvia. C’est comme si j’avais été dans la plus prestigieuse école de mode. Ma mère était curieuse de voir comment j’allais février 2014
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la vie « J’ai toujours respiré la mode, la créativité et l’art sous toutes ses formes. À la maison, on parlait de mode comme on parle du temps. Je n’étais pas obligée de m’inscrire dans cette histoire, mais c’est difficile de ne pas le faire quand on est entouré de femmes aussi passionnées et dédiées à leur travail. Mon regard ressemble aux leurs. J’interprète tout ce que je vois, je peux tout rendre portable. » Un mot pour définir la vision des femmes Fendi ? « Réinterprétation. » Fendi est non seulement très marquée par son univers de création, mais c’est une marque lancée et construite par des femmes, dans un pays, l’Italie, où l’homme tient les rênes économiques… « En effet, d’autant qu’elles ont commencé à travailler à une époque où la femme avait encore moins de place dans le monde du business. C’était cinq femmes contre le monde entier, cinq femmes avec des personnalités très fortes. L’union fait la force. » Comment décririez-vous le caractère de ces femmes ? « C’est étrange car elles sont toutes vraiment différentes, une est dans la création, une autre dans la communication, une troisième s’intéresse aux questions techniques, etc. Ces femmes se sont complétées et ont toujours été reliées par quelque chose. J’ai le sentiment que ce lien est une idée très précise de ce qui est esthétique et de ce qui ne l’est pas. Je dis toujours que notre ADN n’est pas un X ou un Y, c’est un double F ! Ce double F est très marqué en moi, en tant que femme et designer. Je me sens profondément inscrite dans cette lignée. » interpréter le code Fendi. J’ai aimé vivre son double regard : celui d’une mère mais aussi celui de la directrice des accessoires. La confrontation de son point de vue, de celui de Karl et du mien m’a beaucoup appris. Et puis j’ai découvert le travail de la fourrure. La vie est un apprentissage permanent. » Que diriez-vous de Karl Lagerfeld ? « Karl a un vrai sens de l’humour. Il a décelé ce regard dans ma collection, c’est ce qu’il a sans doute aimé. Dans la famille, toutes les femmes ont un sens de l’humour très affirmé et c’est ce qui les lie à Karl depuis plus de quarante ans. » Pouvez-vous raconter le processus de création ? « J’ai dessiné la collection, je l’ai présentée à ma mère et à Karl et puis nous avons discuté de la meilleure façon de la réaliser. Au début, j’étais plutôt timide. Nous n’avions pas encore vraiment parlé de cette collection à venir. Karl a, par exemple, beaucoup aimé les plumes sur les boucles d’oreilles mais il souhaitait qu’elles soient plus longues car il en avait utilisé pour la dernière saison. Le trio que nous avons formé a été magique car nous étions sur la même longueur d’ondes : on s’est retrouvé sur cette idée de réinterprétation cyber et géométrique. » Une première collection avec de la fourrure, était-ce un passage obligé ? « Passage obligé je ne sais pas. Mais c’est un hommage à mon histoire. » Être l’arrière-arrière-petite-fille d’Adele Fendi, qui a fondé la maison en 1925, à Rome, ville d’art s’il en est, vous contraintil, peut-être malgré vous, à continuer cette histoire de mode et de création ? 210
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« Je suis très attachée au “Jardin des délices”, le tableau de Jérôme Bosch. À chaque fois que je le regarde, je vois quelque chose de nouveau, et je cherche à créer cet effet dans mes bijoux. Créer quelque chose qui interroge. L’art doit être capable de créer une petite révolution intérieure, non ? » Le surréalisme est très présent dans vos collections. Le photographe Daniel Sannwald a signé pour vous la vidéo Magic Triangle qui n’est pas sans rappeler Dalí. Quels sont les artistes qui vous ont marquée et inspirée ? « Le graveur et architecte Piranesi, les ruines de Rome, les bijoux victoriens pour leur côté gothique et la métaphysique m’ont marquée et m’inspirent, mais c’est le mouvement surréaliste qui a eu le plus d’impact sur moi. Ceci dit, je suis très attachée au Jardin des délices, le tableau de Jérôme Bosch. À chaque fois que je le regarde, je vois quelque chose de nouveau, et je cherche à créer cet effet dans mes bijoux. Créer quelque chose qui interroge. L’art doit être capable de créer une petite révolution intérieure, non ? Je n’aime pas le côté statique, c’est la raison pour laquelle j’essaie de créer du mouvement dans mes bijoux. » C’est-à-dire… « Lorsque je ne peux pas le faire matériellement, j’essaie de le créer mentalement. Je vois mes bijoux comme des minisculptures que l’on promène ou comme des briseurs de glace. » La création de bijoux s’est-elle imposée à vous ? « Les bijoux appartiennent à mon histoire. J’ai grandi avec des femmes et donc avec des bijoux, des pierres et une mécanique qui va avec. Les bijoux peuvent changer un comportement ou habiller. Mais les bijoux avec lesquels j’ai grandi ne m’appartenaient pas, ils ne s’adressaient pas à mes envies, à ma génération. Ils étaient opulents, s’inscrivaient dans une histoire de transmission familiale, achetés par l’homme qui, il faut bien le dire, faisait souvent les
mauvais choix. Un jour, j’ai découvert les propriétés des matières : l’or ne change jamais contrairement à l’argent, etc. Il faut être aussi une sorte d’alchimiste pour créer un bijou et cela m’a fascinée. » Avez-vous pris des cours de gemmologie ? « Non, mais j’apprends tous les jours dans mon laboratoire. Je travaille main dans la main avec mes artisans. On fait des expériences pour trouver la technique qui permet au bijou d’exister. Comment donner une réalité à un bijou ? Il y a beaucoup de questions à résoudre et de compromis à faire. La technique peut changer l’idée et la forme du bijou. Je préfère jouer avec les pierres plutôt que dessiner car je suis davantage une manuelle. » Vous revenez d’Art Basel Miami. Quelles impressions vous ont laissé cette édition ? « J’adore cette foire. L’art coexiste naturellement avec la mode. C’est très riche, dynamique. Et puis Miami c’est la mer et le soleil. Presque des vacances. J’y ai vu de magnifiques bijoux, comme un collier avec des améthystes et des cristaux de Jean Vendome. Une pièce avec un mécanisme très moderne qui date pourtant des années 1930. Mon obsession, en ce moment, ce sont les cristaux bruts. » Collectionnez-vous des bijoux ? « Des bijoux anciens, des bijoux victoriens, des pierres, des petits animaux. Je suis passionnée par les gros insectes qu’on retrouve dans mes collections. J’adore la nature car elle change constamment. J’ai aussi toute la collection de National Geographic ! » février 2014
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PHOTO Roger Moukarzel
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Mayssa Karaa, la voix qui a conquis Hollywood A tout juste 23 ans, Mayssa Karaa est celle qui porte la voix du Liban jusqu’à la sphère très prisée et selecte de Hollywood. Cette jeune chanteuse a été approchée par les pontes du cinéma américain pour livrer, dans le film American Hustle, une version orientale de White Rabbit, chanson du groupe rock Jefferson Airplane, parue en 1967. Par Rana Andraos
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merican Hustle, pour ceux et celles qui n’en ont toujours pas entendu parler, fait un tabac dans les box office internationaux. Avec une note de 93% sur le site Rotten Tomatoes, le film réalisé par David O. Russel compte une jolie brochette d’acteurs dont Christian Bale, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence et Robert De Niro. Mayssa Karaa revient sur son parcours avec une innocence mélangée à une excitation qui en dit long sur celle dont la voix cristalline attire l’attention de son professeur à tout juste 7 ans. “La chorale de l’école préparait la fête de fin d’année. Mon professeur de chant m’a remarquée sur une chanson de Feyrouz. Il m’a demandé de la chanter en solo. J’ai eu droit à deux rappels, et au final j’ai chanté la même chanson trois fois de suite!” raconte Mayssa. Elle intègrera quelques années plus tard le Conservatoire national et chantera pour plusieurs associations caritatives. Mais le chant est encore, pour cette jeune prodige, une activité qu’elle pratique à ses heures perdues. Car Mayssa veut, en priorité, mener à bien ses études d’ingénieur civil. C’est à Boston qu’elle suit ses études universitaires “tout en continuant à chanter dans certains évènements, dont la fête de la Francophonie au Consulat de France à Boston” explique-t-elle non sans fierté. Sa rencontre avec le tenor Pasquale Esposito sera déterminante, souligne par ailleurs la jeune femme. Mais Mayssa n’est toujours pas prête à tout lâcher pour la musique. Son père aura un rôle déterminant en l’encourageant à laisser tomber ses études de génie pour rejoindre le département de musique de l’Université de Berkley. Devant les réticences de sa fille, il ira de son propre chef sur le site internet de l’université, inscrira sa fille à son insu et viendra quelques semaines plus tard lui annoncer qu’elle est attendue pour une auditon. “J’étais quasiment sûre de ne pas être prise” se souvient-elle, ajoutant qu’elle
s’y est rendue sans conviction aucune mais sans trac non plus. “Je n’avais rien à perdre…” Elle chantera “I have Nothing” de Whitney Houston et se verra offrir une place au sein d’un univers académique de choix. “J’y ai chanté dans plusieurs langues dont l’indien, le bulgare, le serbe… J’étais la seule Libanaise et je me suis rapidement rendue compte de la difficulté de partager ma culture” souligne Mayssa. Elle rencontrera le compositeur et musicien palestinien Simon Chahine avec qui elle entreprendra des tournées à travers les Etats-Unis et le Canada. C’est ainsi que Hollywood entend parler de la jeune femme. Un soir lors d’un passage au Liban, elle reçoit un coup de fil d’un studio à Hollywood, “une dame qui se dit spécialiste des chanteurs arabes”. Elle lui demandera de lui envoyer dans l’heure une interprétation de la chanson White Rabbit en précisant que cinq autres candidats étaient sur le coup. “J’ai enregistré la chanson le soir même sur mon iPhone” dit-elle presque en s’excusant. Elle venait de gagner son entrée à Hollywood par la grande porte… En tournée dans les pays du Golfe, Mayssa est éblouie par la réaction du public qui voit en elle une ambassadrice du MoyenOrient au pays de l’Oncle Sam… Et pour couronner ce succès fracassant, la bande originale du film American Hustle a été sélectionnée dans la liste des 17 meilleures bandes originales de 2013 par le site buzzfeed. Des projets pour 2014? Son album qui sortira bientôt dans les bacs. “Mon album allie sons rock et instruments orientaux authentiques” explique Mayssa avant de s’excuser de devoir écourter l’entrevue. Elle doit prendre l’avion pour Paris où d’autres tournées l’attendent… “Je voudrais que les Libanais sachent ce que je suis en train de faire” renchérit-elle. Ils le sauront. Non sans fierté. février 2014
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Un Soho à Beyrouth Ce secteur mal aimé avait longtemps été laissé à l’abandon. De vieilles usines délabrées dorment encore dans cette zone industrielle, prise en étau entre la corniche du fleuve et l’ancienne gare routière. La région, qui vivait jusque-là au rythme du va et vient des tronçonneuses de l’industrie Karam Bois, le jour, et des vernissages des galeries environnantes le soir, a attiré, contre toute attente, les promoteurs immobiliers. P a r P h i l i pp i n e d e C l e r m o n t-T o n n e r r e
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es façades métalliques à la peinture vieillie des vieux dépôts et les wagons fantômes de l’ancienne gare routière ont séduit deux investisseurs en particulier. « C’était une région plutôt délaissée, mais j’ai toujours adoré ce coin. J’avais de vieilles voitures et j’aime bien bricoler, j’avais imaginé installer ma maison ici », raconte Frédéric Khalil, associé de Bear, qui construit actuellement plusieurs immeubles dans la zone. Idem pour Marc Doumet, à l’origine de projets imaginés par l’architecte Bernard Khoury. « Au début, tout le monde m’a traité de fou, on m’a dit que c’était une région inhabitable car il y a le fleuve et le marché populaire juste à coté. Cela ne faisait pas très chic », explique le directeur de Loft Construction. La saturation d’Achrafieh a sans doute un peu forcé le pas des futurs acheteurs. Située en contrebas de la
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colline Sioufi, cette région a le mérite d’être bien desservie par les axes routiers. Aujourd’hui, c’est un quartier entier qui est sur le point d’émerger. Un nouveau Soho à Beyrouth. Un Brooklyn flambant neuf Artist Loft, Factory Loft, Factory 4376, Warehouse, le nom des différents projets immobiliers donne le ton. Les promoteurs ont tenu à conserver l’esprit industriel des lieux. « Tout est en béton, les tuyauteries sont visibles, on ne cache rien, c’est du brut industriel », décrit Marc Doumet qui a installé les bureaux de sa société au premier étage de l’Artist Loft. Pour ce passionné de street art, la vue sur l’ancienne gare routière est une bénédiction. Habitation, studio, atelier, l’Artist Loft mélange les genres, à l’image du futur quartier qui se démarque
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des lotissements traditionnels. Dessiné par Bernard Khoury, ce bâtiment, reconnaissable à sa silhouette ovale, comprend une vingtaine de lofts aux vues imprenables et des hauteurs de plafonds culminant à 5 m. Du béton, du métal, beaucoup d’espace et de lumière. À l’intérieur, un monte-charge permet d’accéder en voiture jusqu’à la porte de son appartement. « Il fallait trouver des concepts forts pour convaincre les gens de venir habiter dans cette région », poursuit Marc Doumet qui déplore de ne pas être parvenu à soutirer un vieux wagon à la compagnie des Transports pour aménager la loge du concierge. Juste en face, un autre chantier. Celui du Factory 4376, conçu par l’architecte Charles Hadifé. Le bâtiment, qui privilégie la brique, le métal et le verre revisite l’architecture des habitats industriels avec ses Penthouses baignés de lumière plantés sur le toit. Au niveau du design intérieur, on retrouve ce même esprit d’art urbain. « Il y aura des graffitis sur les murs des parties communes », précise Frédéric Khalil. Le projet le plus farfelu est peut-être celui dont le chantier vient tout juste de commencer : Warehouse est constitué de plusieurs dizaines de petits loft de 40 m2 aménagés à l’intérieur de containers, pratique architecturale venus de pays du Nord comme les Pays-Bas et l’Angleterre. Au total, c’est donc près de 1000 appartements aux formats variés et aérés qui verront le jour. Les espaces verts devraient agrémenter le tout, en particulier pour les résidents du projet U Park qui prévoie d’aménager 2 500m2 de surfaces vertes. Une clientèle bobo chic L’esprit de Soho et Brooklyn donc, en plus vert. Et plus neuf. La zone étant pour l’instant dépourvue de tout commerce, des magasins triés sur le volet jalonneront les rues du quartier. Inaugurer sa journée avec des croissants achetés à la
boulangerie française du coin, aller se ravitailler à l’épicerie fine en légumes bio, s’arrêter à la librairie choisir le bouquin qu’on lira dans son sofa, confortablement installé au septième étage de son loft face à l’immense baie vitrée surplombant Beyrouth et la montagne. C’est à cela que pourrait ressembler la vie d’un futur habitant de Soho Beyrouth. Le petit microcosme arty de la capitale semble déjà avoir manifesté un intérêt prononcé pour cette nouvelle zone résidentielle. « Il ne reste que trois appartements à vendre dans l’Artist Loft », assure Marc Doumet. En effet, plus de la moitié des surfaces ont déjà été vendues sur la plupart des projets. Leurs prix oscillent entre 4 000 et 5 000 dollars le m2. « Les gens qui achètent ici s’intéressent à l’art, ils sont plutôt jeunes. On a pas mal d’artistes, de photographes, de publicitaires », indique Marc Doumet. Les pôles culturels Beirut Art Center, le Centre Ashkal Alwan et le Station, nouveau venu dans la région, donnent un cachet artistique à la zone. Le Beirut Art Center fut le premier à s’installer, en 2009. « Avant, il y avait une synergie commune à Beyrouth qui s’est transformée en une synergie individuelle, farfelue, chaque parcelle est quelque chose de différent, c’est cela Beyrouth », commente Moustapha Yamoud, directeur technique du Beirut Art Center. Le résident les plus ancien du quartier est la scierie Karam, fondée il y a 100 ans. Le brouhaha des chantiers a rejoint la cacophonie habituelle des entrepôts. « On se donne encore trois ans pour devenir des intrus dans la zone, ironise Ramzi Karam, pour l’instant on se sent encore chez nous, entre les bulldozers et les pelleteuses ! », poursuit-il. Parmi toutes les industries qui étaient présentes ici, Karam Bois est la seule qui fonctionne toujours. La compagnie, qui alimente en bois tous les centres culturels alentour, sait qu’elle devra un jour, elle aussi, quitter les lieux. On n’arrête pas le progrès immobilier. février 2014
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Dans la tête d’un expat à Beyrouth Il fait bon vivre à Beyrouth quand on est expatrié. Venus d’un peu partout dans le monde, ils sont de plus en plus nombreux à s’installer au Liban, le temps d’un échange universitaire, d’un contrat, et parfois même pour de bon. Sans détours, ils nous livrent leurs impressions. P a r P h i l i pp i n e d e C l e r m o n t-t o n n e r r e .
Eduardo Navarro, Espagnol 32 ans, agent culturel à l’institut Cervantes Ce que vous aimez au Liban et que vous ne trouvez nulle part ailleurs? La gastronomie bien sûr, et la vie nocturne qui est très excitante. Mais pour moi la chose la plus enrichissante est cette incroyable diversité que l’on trouve à Beyrouth. Il y a dans cette ville tout ce que vous pouvez imaginer et bien plus. Des endroits les plus luxueux aux camps de réfugiés.
Où fait-il bon sortir à Beyrouth ? Mar Mikhael. C’est un quartier très mélangé où l’on rencontre tous types de Libanais et d’expatriés. Il y a beaucoup de bars dans le quartier. Complétez la phrase suivante : Le Liban, c’est génial, mais… Il vous faut au moins deux ans pour vous habituer à cette grandeur singulière !
Un livre pour bien rentrer dans l’histoire du pays ? Considérations sur le malheur arabe de Samir Kassir.
Le principal cliché sur les Libanais que vous rêvez de démonter. La tradition. Les Libanais adorent ce qui est nouveau !
Le lieu de rencontre des expats à Beyrouth? Les expatriés sont partout au Liban. Récemment, le quartier de Mar Mikhael est devenu un point de rencontre.
Une chanson, une musique que vous appréciez particulièrement. Beirut, de Yasmine Hamdan.
Votre destination préférée pour le week-end? Sans hésitation, Tyr, dans le sud du pays. La plage est grande et propre et la nature encore préservée. L’atmosphère relaxante. Un endroit que je conseille !
Où faites-vous votre marché? Bien sûr, il y a tous les magasins qui importent des produits du monde entier. Une fois j’ai même trouvé du fromage traditionnel de mon village ! Si vous cherchez quelque chose d’un peu plus traditionnel, l’option est Bourj Hammoud, le quartier arménien où l’on trouve tout. 216
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Le quartier que vous aimez. Hum, difficile de répondre, chaque quartier, et souvent chaque rue, sont très différents les uns des autres, pas seulement en termes d’architecture mais aussi de population, religion, tradition et même de langue… En ce qui me concerne, c’est probablement Mar Mikhael parce que c’est là que je vis depuis le début.
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Une chanson, une musique que vous appréciez particulièrement. Je suis désolée d’être aussi peu originale mais j’opterais pour Li Beirut de Fayrouz. Pour les frissons. Et pour son amour pour Beyrouth. Tina Skov Olesen, Danoise 30 ans, doctorante Ce que vous aimez au Liban et que vous ne trouvez nulle part ailleurs? Une nature incroyable, une nourriture succulente, des gens chaleureux et cette combinaison entre ces choses qui sont étrangères à un Européen du Nord avec d’autres choses que vous voyez en Europe aussi. Par exemple, il y a une grande différence entre Dahiyé et le centre ville de Beyrouth. Un livre pour bien rentrer dans l’histoire du pays? "Liban : nation martyre" de Robert Fisk Le lieu de rencontre des expats à Beyrouth? Dans les bars. A l’Institut Saifi rue Pasteur. Marion Schnorf, Française 26 ans, urbaniste, chargée de projet à l’IRI, célibataire Ce que vous aimez au Liban et que vous ne trouvez nulle part ailleurs? La loi du freestyle absolu sur l’autoroute. Le soleil qui se lève quand on rentre de soirée. La couleur passée des vieilles Mercedes des taxis services, la sensation d’inspiration quand on s’assoit sur le cuir de la banquette arrière. Le collier de gardénia accroché au rétroviseur. Un livre pour bien rentrer dans l’histoire du pays. Bien qu’il soit ultra-médiatisé, "Le quatrième mur" de Sorj Chalendon ou une pièce, "Incendies" de Wajdi Mouawad. Le lieu de rencontre des expats à Beyrouth? Mar Mikhael, akid ! Avec l’Internationale, Radio Beirut, Anise, L’Osteria. Pas de cachotteries possibles, tout le monde sait tout sur tout. Un petit monde. Votre destination préférée pour le week-end? Une maison de campagne un peu isolée pour écouter le presquesilence, lire, s’extraire de l’hyperactivité beyrouthine.
Votre destination préférée pour le week-end ? J’adore partir faire des roadtrips dans le pays. Le quartier que vous aimez. Jeitawi, Mar Mikhael et Basta. Jeitawi est vraiment charmant avec ses immeubles de style colonial et ses rues étroites et interminables. Basta a un côté frénétique et mouvementé et on y trouve beaucoup de petites échoppes très intéressantes. Où fait-il bon sortir à Beyrouth ? Dans le quartier de Mar Mikhael. C’est un endroit amusant et vibrant et je tombe presque toujours sur quelqu’un que je connais. Complétez la phrase suivante : le Liban, c’est génial, mais… J’aimerais que tout ne soit pas aussi provisoire… Le principal cliché sur les Libanais que vous rêvez de démonter. Je ne sais pas. Je n’avais aucun apriori sur les Libanais avant de venir ici. Il y a beaucoup de clichés sur les pays arabes en général. On dit qu’ils sont conservateurs. Ici, ce n’est pas du tout le cas. Une chanson, un groupe de musique que vous appréciez particulièrement. Mashrou3 Leila
Le quartier que vous aimez. Rmeil. Encore épargné par la spéculation immobilière, on y trouve des maisons secrètes dans les pentes. Populaire, parfois drôle, plutôt calme. Il y a aussi le jardin des Jésuites. Où faites-vous votre marché? Les grosses courses chez Spinney’s, le reste dans le quartier. Où fait-il bon sortir à Beyrouth? Tout dépend de ce dont on a envie. Pour un bain de connaissances plus ou moins proches, Mar Mikhael. Un anonymat relatif, Hamra. Monnot pour des soirées parfois surprenantes.
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Complétez la phrase suivante : Le Liban, c’est génial, mais… Les légumes sont insipides. Le principal cliché sur les Libanais que vous rêvez de démonter. Ils font la fête, oui. Mais pas tous. février 2014
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travaillent et élèvent leurs enfants. Une chanson, une musique que vous appréciez particulièrement. Najwa Karam, de Zahlé, parce qu’elle a un style authentique et moderne à la fois. Claire Savina, Française 28 ans, doctorante, chercheuse à l’IFPO Ce que vous aimez au Liban et que vous ne trouvez nulle part ailleurs? Les “bohsaliya” de Tripoli et les “halawa bi-l-jebneh”. Un livre pour bien rentrer dans l’histoire du pays. "La dégénérescence du Liban ou la Réforme orpheline", d’ Ahmad Beydoun Le lieu de rencontres des expats à Beyrouth? Mar Mikhael...
Sonja Sarton, Suisse 37 ans, sage-femme de formation
Votre destination préférée pour le week-end? Aux beaux jours, une journée à Byblos ou Batroun, pour profiter de la mer même si mes villes de prédilection, pour m’échapper de Beyrouth, sont plutôt au Sud (Saida, Tyr)...
Ce que vous aimez au Liban et que vous ne trouvez nulle part ailleurs? Les mezzés qui recouvrent la table et font office de nappe ! J’adore cette manière opulente de colorer les tables et d’accueillir les gens.
Le quartier que vous aimez. Bourj Hammoud, sans hésiter, même si j’y vais trop peu souvent. C’est toujours un moment très agréable et c’est avec une envie de revenir que j’en pars...
Un livre pour bien rentrer dans l’histoire du pays. Un roman de Carole Dagher, "La princesse des Batignolles"
Où faites-vous votre marché? Dans mon quartier, à Jeitawi.
Le lieu de rencontres des expats à Beyrouth? Je ne sais pas. Je ne sors pas dans ces endroits. J’adore le Falamanki où la clientèle est mélangée, expats, Libanais, étudiants…
Où fait-il bon sortir à Beyrouth? Au ciné (Metropolis) ou au théâtre... en semaine, les bars et cafés de Hamra et Mar Mikhael, une promenade sur la corniche de Ain el Mraysseh...Tout dépend de l’humeur!
Votre destination préférée pour le week-end? Pourquoi? Eco village dans le Chouf. Parce qu’on est loin de Beyrouth, les pieds dans l’eau de la rivière, à crapahuter dans les rochers sous les arbres et faire la causette avec les pêcheurs du village voisin. Parce qu’on y rencontre des Libanais soucieux et conscients de l’avenir de leur pays. Le quartier que vous aimez. Hamra, car les confessions se mélangent et tous les niveaux sociaux semblent s’y croiser. Parce que c’est vivant, frénétique et joyeux. Où faites-vous votre marché? Dans les petites échoppes de quartier. Où fait-il bon sortir à Beyrouth? Dans les cafés qui bordent la mer, dans les bars et pubs de Mar Mikhael, branchés pour les paillettes, bobo ou alterno pour me rappeler mes jeunes années en Suisse. Complétez la phrase suivante : Le Liban, c’est génial, mais… Quelle jungle d’opportunistes ! Le principal cliché sur les Libanais que vous rêvez de démonter. Cette vision des femmes libanaises décrites comme superficielles, vulgaires, bistourisées et maquillées à outrance alors que cela ne concerne qu’une infime partie de la population. C’est une injure à toutes ces femmes fortes, courageuses, simples, normales quoi, qui 218
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Complétez la phrase suivante : Le Liban, c’est génial, mais… Le communautarisme, la corruption... Le principal cliché sur les Libanais que vous rêvez de démonter. On dit souvent des Libanais qu’ils sont les occidentaux du monde arabe. Les Libanais ne ressemblent à personne !
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20/12/12 17.10
la nuit
Karolina Kurkova et Alessandra Ambrosio illuminaient le gala donné par Salvatore Ferragamo pour l’ouverture du Wallis Annenberg Center, à Los Angeles. Avant de défiler pour la maison florentine au cours du dîner, les deux anges de Victoria’s Secret se retrouvaient lors du cocktail, magnétiques dans leurs robes de soirée Salvatore Ferragamo. À chacune son arme fatale : Zips portés haut et court pour la bombe tchèque et décolleté ravageur pour l’incandescente Brésilienne ! P a r H é l è n e n at t e r
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PHOTOs dr
deux anges passent…
Ferruccio Ferragamo et Jamie Tisch, vice-présidente de la Fondation Wallis Annenberg
James Ferragamo et Wallis Annenberg, CEO de la Fondation Wallis Annenberg
Angela Lindvall, Poppy Delevingne et Jessica Hart, en Salvatore Ferragamo
mode au Wallis Annenberg Center
Freida Pinto, en Salvatore Ferragamo Gwen Stefani, en Salvatore Ferragamo
Pluie de stars à Beverly Hills où Salvatore Ferragamo inaugurait le Wallis Annenberg Center for Performing Arts, installé dans l’ancien Post Office. Parmi les invités, Demi Moore, Gwen Stefani et Charlize Theron, rivalisant de style dans les robes de la maison. Divers happenings les attendaient, dont un défilé de la collection P/É et de robes du soir signées Massimiliano Giornetti, directeur artistique de la griffe.
los angeles Poppy Delevingne
Mario Eimuth, fondateur de Stylebop.com, et L’wren Scott
design au chateau marmont
Au Chateau Marmont, Stylebop.com et le British Fashion Council célébraient les « London Style Suites », une initiative visant à promouvoir de jeunes designers anglais comme Mary Katrantzou, Preen et Matthew Williamson. Le cocktail était présidé par l’icône britannique Poppy Delevingne. Frida Giannini, directrice artistique de Gucci, et Sting, en Gucci
Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese, en Gucci
Eva Chow, en Gucci
Osman Yousefzada et Jamie Alexander, en Osman
Ellen von Unwerth Kiernan Shipka, en Preen par Thornton Bregazzi, et Christa B. Allen
Dree Hemingway, en Preen par Thornton Bregazzi, Justin et Then Thornton
Art et cinéma en tenue de Gala
Défilé de stars également au Los Angeles County Museum of Art’s, où Gucci orchestrait la troisième édition du Art + Film Gala, en l’honneur de Martin Scorsese et du peintre et photographe David Hockney. La soirée, qui était présentée par Leonardo DiCaprio et Eva Chow, administratrice des lieux, fut l’occasion de célébrer l’association du LACMA, de The Film Foundation, créée par Martin Scorsese, et de la fondation Annenberg pour la Amy Adams, sauvegarde de quatre films en Gucci d’Agnès Varda.
Kate Hudson, en Gucci
Salma Hayek, en Gucci
la nuit
Lady Amelia Windsor, en Elie Saab, et Giacomo Leone Massimo Brancaccio
Marie de Rohan Chabot, en Armani Privé, et sa mère Éléonore de Galard
Zita d’Hauteville, en Vivienne Westwood, et Amaury de Bourbon-Parme
Aya Tange, en Stéphane Rolland
Zita d’Hauteville et Kyra Kennedy, parées par Bucherer
bucherer au Bal des Débutantes
paris
Princesse Mélusine Ruspoli, en Chanel Haute Couture
Michel Adé (Montblanc), et Bertrand Delvert (Tissot) Jean-Marc Bories et Sylvie Viot (Girard-Perregaux)
Christelle Mention (Éditions Jalou) et Hervé Dewintre (L’Officiel Luxe)
Charles de Fleurieu (Kering) et Bruno Grande (Jeanrichard)
Stephan Ciejka (La Revue des MontresMontres de Légende), entouré de Nathalie Célia et MyLinh Legal (Bucherer)
Jean-Yves di Martino et Mélina Mantion (Vacheron Constantin)
bucherer en duo
Les amateurs de belles montres retrouvaient la maison suisse à l’occasion d’un cocktail donné dans sa nouvelle place forte, boulevard des Capucines, rassemblant 23 marques horlogères. Lors de cette soirée organisée avec La Revue des Montres-Montres de Légende, les invités purent découvrir l’exposition Duo, une sélection des plus beaux garde-temps.
PHOTOs dr
Robert Jr Kennedy et sa fille Kyra, en Christian Dior Haute Couture
Pour le 21e bal d’Ophélie Renouard, les débutantes, dont Kyra Kennedy, petite-nièce de JFK, Marie de Rohan Chabot, petite-fille de la designer Joy de Rohan Chabot, ou encore Lady Amelia Windsor, cousine des princes William et Harry, étaient parées de sublimes créations de la maison Bucherer. Nouveau partenaire de l’événement mondain, l’horlogerjoaillier suisse avait pourvu les cavaliers de montres Carl F. Bucherer. Autre nouveauté, le bal s’était déplacé du Crillon, en rénovation, à l’Automobile Club de France. À part ça, la tradition était bien gardée !
Lady Amelia Windsor, en Elie Saab, sur le dance floor de l’Automobile Club
bal jaune à paris
Les festivités entourant la Fiac étaient lancées par un Bal Jaune « tout vert » donné à la Cité de la Mode et du design, soulignant le caractère durable de cet événement honorant les jeunes pousses de l’art contemporain depuis quinze ans. La Fondation d’Entreprise Ricard, qui organisait la soirée, remettait son prix à Lili Reynaud-Dewar, révélée comme l’artiste la plus représentative de la scène française en 2013.
Jean-Charles de Castelbajac et Alice Ricard
Alfred Pacquement et Colette Barbier Louis-Marie de Castelbajac et Hande Kodja
Emmanuel Perrotin et Jérôme Sans
arty parties
design à miami
Le monde de l’art se retrouvait en Floride pour Art Basel, Design Miami et ses fêtes, comme celle donnée par Louis Vuitton sur la plage de l’hôtel Raleigh pour présenter la Maison au bord de l’eau de Charlotte Perriand. Les invités purent découvrir la première réalisation de cette maison de plage en kit moderniste, réalisée selon les plans dessinés par la célèbre architecte il y a 80 ans !
Michael Burke et Michelle Williams Craig Robins et Victoire de Pourtalès
Rande Gerber et Cindy Crawford
Lili ReynaudDewar
Benjamin Eymère et Ora Ito
Delfina Delettrez et Silvia Fendi
Pharrell Williams et Helen Lasichanh La Maison au bord de l’eau de Charlotte Perriand
paris
wool à new york Dans le cadre de son action de mécénat, Zadig & Voltaire orchestrait une soirée au Guggenheim à l’occasion de la rétrospective du peintre américain Christopher Wool. Ses muses étaient de la party…
Lindsay Lohan, Cecilia Bonstrom et Irina Lazareanu
François Vincentelli et Zoé Félix
Karine Viard et Virginie Ledoyen
SUSHI tOP Annabelle Dexter-Jones et Molly Howard Irina Lazareanu et Keir Knight
Lou Doillon
Sushi shop fêtait sa carte 2014 réalisée en collaboration avec le chef Joël Robuchon au Minipalais. Dégustation et concert privé de Lou Doillon attendaient les invités…
Ariel Wizman
oiseaux de nuit
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pois chic
Façon danseuse sévillane ou élégante sixties, les pastilles font une percée remarquable dans les vestiaires du soir. P a r J u l i e l e v y, M EL A N IE D A G H E R 5.
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1. Katy Perry en Oscar de la Renta. 2. Eva Herzigova en Dolce & Gabbana. 3. Patty Hou en Burberry. 4. Marni 5. Bottega Veneta 6. Dior 7. Dior 8. Burberry 9. Dolce & Gabbana
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HOROSCOPE Par Chrystèle dessoy
VERSEAU 21 janvier – 19 février
Forme : remises en cause, changements, cassures, l’heure est aux bouleversements. Amour : il faudra peut-être changer de décor, mais ne paniquez pas, le verseau est l’ennemi de la routine et sait relever les défis que lui lance la vie. Vie sociale : une période synonyme de vocation inédite où l’on sollicitera votre dévouement… Mon conseil : gardez votre indépendance d’esprit ! Forme : les astres vous entraînent dans un tourbillon de succès. Amour : une certaine insatisfaction vous gagne, vous broyez du noir à la moindre contrariété, ne vous laissez pas envahir par des états d’âme néfastes ! Vie sociale : votre tête fourmille d’idées et de projets, vous avez la possibilité de devenir une pionnière, lancezvous ! Mon conseil : conjuguez énergie et modernité.
TAUREAU 21 avril – 21 mai
Forme : les astres balaient grisaille et morosité, vous allez de l’avant. Amour : Vénus réveille vos désirs amoureux, vous vous prêtez au jeu de la séduction, et ils sont nombreux à succomber à vos charmes… Vie sociale : votre audace servie par une chance insolente vous ouvre toutes les portes. Les contrats se signent et les affaires reprennent. Mon conseil : misez sur votre force morale.
GÉMEAUX 22 mai – 21 juin
Forme : un punch et un esprit d’avant-garde vous propulsent vers le futur. Amour : en éternelle ado, vous aimez séduire avant tout… Et vos proies en redemandent ! Sérieux et engagement, très peu pour vous, vive le fun ! Vie sociale : vous vivez à cent à l’heure, freinez un brin vos pulsions et vos élans. Testez plutôt la relaxation… Mon conseil : il est temps de vous faire plaisir !
CANCER 22 juin – 22 juillet
Forme : votre charme indéfinissable fait que tout vous réussit en ce moment… Amour : vous êtes en accord total avec votre partenaire. Communion d’idées, fusion charnelle, tout baigne dans un ciel béni des dieux. Vie sociale : active et dynamique, vous avez envie de croquer le monde à belles dents et abordez ce début d’année avec un esprit constructif. Mon conseil : concrétisez vos rêves !
LION 23 juillet – 23 août
Forme : rien ne vous semble impossible, les astres vous soufflent les bonnes décisions. Foncez ! Amour : encore quelques tensions mais vous êtes plus sûre de vous. Vous retrouvez l’optimisme et l’assurance des jours heureux. Vie sociale : attendez-vous à des changements, de nouvelles responsabilités. Mon conseil : soyez zen…
VIERGE 24 août – 23 septembre
Forme : une mutation profonde avec des retombées positives, vous changez de look et vous rayonnez… Amour : plus sexy, moins cérébrale, vous abandonnez votre sérieux légendaire. Et votre 228
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libido s’emballe ! Oubliez vos faux airs de madone… Vie sociale : l’heure est venue de récompenser vos mérites, on vous apprécie enfin à votre juste valeur. Le travail de l’ombre entrepris ces derniers mois sera payant. Mon conseil : extériorisez davantage vos sentiments !
BALANCE 24 septembre – 23 octobre
Forme : vous faites à nouveau confiance à la vie ! Amour : vivre en duo ne vous fait plus peur, vous avez trouvé les clés de votre bien-être, laissez-vous tenter par le bonheur à deux… Vie sociale : aidée par des circonstances propices, vous avancez vers votre but. Vous pourriez signer un contrat avantageux ou conclure une association. Mon conseil : cultivez l’harmonie et l’équilibre…
scorpion 24 octobre – 22 novembre
Forme : bouleversements bénéfiques dans tous les domaines de votre vie… Amour : il est au rendez-vous et sous toutes ses formes. Des moments intenses, une passion brûlante viendront transformer votre quotidien. Vie sociale : des projets qui vous tiennent à cœur pourraient enfin prendre forme. Refusez la routine et la norme ! Mon conseil : arrêtez de vous compliquer la vie !
SAGITTAIRE 23 novembre – 21 décembre
Forme : vous êtes électrique ! Amour : Vénus culmine dans votre ciel amoureux. Une nouvelle vie commence et une nouvelle manière d’aborder l’amour… Vie sociale : vous avez le feu vert pour aller jusqu’au bout de vos objectifs. Vous avez envie de réaliser votre rêve et rien ne vous résiste. Mon conseil : naviguez au feeling.
Capricorne 22 décembre – 20 janvier
Forme : vous êtes dans une phase de consolidation de vos acquis. Amour : ce mois s’annonce faste, si vous êtes encore en solo, vous pourriez faire une rencontre importante, voire fusionnelle… Vie sociale : cette période vous permet de démarrer une activité nouvelle ou d’aller au bout d’un projet ancien. Mon conseil : descendez de votre tour d’ivoire…
POISSONS 20 février – 20 mars
Forme : intuition et fougue sont vos alliées du moment. Amour : vous détectez sans difficulté celui qui peut vous apporter tendresse et sérénité. Secouez la routine et délaissez vos charentaises ! Vie sociale : l’ambition et le courage sont présents dans votre ciel, cette année réveille en vous des pulsions qui vous poussent à oser affronter le monde… Mon conseil : écoutez votre voix intérieure.
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BÉLIER 21 mars – 20 avril
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enfin
Made in Milan Bottega Veneta lance avec le « Brera » un nouveau classique.
P
résenté lors de la collection croisière 2013/2014, le « Brera », dernier né de la maison italienne Bottega Veneta, a tout pour s’inscrire comme un sac intemporel. Son nom, hommage au quartier mode le plus célèbre de Milan, lui imposait d’être proche de la perfection. Des lignes épurées, un format généreux 230
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et pratique, un style intemporel mais moderne : le « Brera » est l’un de ces modèles qui traversent les saisons sans jamais se démoder. Notre coup de cœur pour le printemps ? Sa version en alligator qui nous séduit par son élégance et son luxe extrême. Sac « Brera » de Bottega Veneta, prix sur demande.
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Par Marine Boisset
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STYLE/EXPO playlist
JUST Play it
Jolie saison musicale. Tous les goûts sont dans la nature et ça tombe bien. On trouve de tout en ce début 2014. De la folk, du rock, de l’indie-pop, un hommage, des découvertes et ces albums sortis il y a quelques semaines seulement et qui sont devenus des incontournables. On achète, on télécharge et on se fait plaisir. Par Médéa A zouri
Fauve – Vieux Frères Moriarty – Fugitives Various Artists – From another World, A Tribute to Bob Dylan Jake Bugg – Shangri La Keziah Jones – Captain Rugged Within Temptations – Hydra Cat on Trees – Cat on Trees Vincent Delerm – Les Amants parallèles London Grammar – If you wait M.I.A. – Matangi Beyoncé – Beyoncé Dominique Dalcan – Hirundo Lorde – Pure Heroin Billie Joe Armstrong, Norah Jones – Foreverly Two Door Cinema Club – Beacon 232
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