L'Officiel-Levant, December/January Issue 51

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N° 51 Décembre-Janvier 2014/2015

Cadeaux WISHLIST L’Officielle du mois ROLA WAZNI Événement BEIRUT’S NOUVELLE VAGUE

BEYROUTH SOUS LES ÉTOILES Bijoux SÉLIM MOUZANNAR Y VAN TUFENKJIAN Lieux FAIS DU FEU DANS LA CHEMINÉE ELISA SEDNAOUI EN CHANEL CrOISIèrE

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sommaire

NEWS

ENTRÉE

page 48

L’édito — page 46

Must Have — page 72

Lubies — page 74

Questions à choix multiples— page 78

Le look d’Elisa — page 80

Tendre Bohème — page 82

Chic Ethnique— page 83

Le choix de Jessy Moussallem — page 8 8

Sous le sapin à... — page 92

Chloé Sévigny — page 104

Tina Leung — page 110

Wishlist — page 112

Ashi — page 116

On l’adore — page 126

Beauté Hivernale — page 128

BEAUTÉ

Anatomie d’un sac, Miss Ginevra — page 118

Rola Wazni — page 120

Black out — page 132

Happy Metal — page 134

Beauty Confidential — page 136

Les Dormeuses— page 138

PHOTOS dR

BIJOUX



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sommaire

Yvan le Sensible — page 139

Tours précieux — page 140

Affinités Sélectives — page 142

Black & Gold — page 143

Sign of Times — page 144

Coups d’´éclat — page 149

L’Art et la matière — page 150

L’Art du collectionneur — page 152

Selim Mouzannar — page 154

Anatomie d’une montre — page 156

Avant la nuit — page 160

Portrait Sednaoui — page 172

Parfum de Femme page 176

LA MODE

Parisian Vibe — page 186

Underground — page 194

Coup de Bambou — page 204

Noblesse Oblige! — page 220

La bell de Brooklyn — page 224

Haut Talent — page 228

L’Oscar de l’élégance Jet Set— page 214

Parfois elle ressemble à Bibi Fricotin— page 218

Mono Maniaques — page 236

Matteo El Khodr — page 228

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MAGAZINE


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40

sommaire

Beirut’s Nouvelle Vague — page 240

House of Today: le design naked — page 246

Fais du feu dans la cheminée — page 248

Esprit Créateur — page 253

Des dindes pas dindes — page 254

PA R T Y

Créer sa ville avec Urbacraft— page 258

Artscoops, une affaire mère-fille — page 260

Double Fête chez Aïshti — page 268

La peinture comme un acte poétique — page 262

ADRESSES

Choc esthétique — page 276

L’Horoscope— page 279

Playlist: Play it doucement — page 280

PHOTOS DR

Beirut’s Nouvelle Vague au People — page 274


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n° 51 — decembre-janvier 2014/2015

EditEur

Ton y Sa l a me Group TSG Sa l Rédaction rédac tri cE En ch Ef

FiFi a bou dib

r é d a c t r i c E E t c o o r d i n at r i c E

STÉph a nie na k hlÉ Département artistique d i r E c t r i c E d E c r é at i o n

mÉl a nie daGher dirEctricE artistiquE

minja el-h aGe Contributeurs Ph oto

Ton y elieh ,r aya Fa r h aT ,Sa mer r awa di , bach a r Srour rédac ti o n

cl a ir e a zuÉloS , eliSe Sleim a n, philippine de cler mon T-Tonner r e  stylismE

a mine jr eiSSaTi Production fa b r i c at i o n

a nne-m a r ie Ta beT rE to u ch E n um éri q u E

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Publicité et Marketing dirEc tEur génér al com mErcial Et m arkE tin g

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STÉph a nie miSSir i a n dirEctricE m arkEting

k a r ine a bou a r r a j Directeur Responsable

a mine a bou k h a led Imprimeur

53 doTS da r el koTob



D i r e c t r i c e D e l a p u b l i c at i o n e t D e l a r é D a c t i o n

M A R IE-JOSÉ SuSSk Ind-JA LOu D i r e c t e u r D e c r é at i o n

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réDac tri ce en ch ef

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Directeur génér al

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EMM A n uEL RubIn D i r e c t e u r i n t e r n at i o n a l e t m a r k e t i n g

nIcOL A S R Ey nAud

Direc teur Du Développement

gÉR A R d L Ac A pE

i n t e r n at i o n a l e D i t o r i a l e t a r c h i v e m a n a g e r

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bA R bA R A M A RcOR A

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FL AV I A bEndA & k AthLEEn buSSIèR E f o u n D at e u r S

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Les publications des éditions jalou l’Officiel La Revue L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel L’Officiel

de la Mode, Jalouse, L’Optimum, des Montres, L’Officiel Voyage, L’Officiel 1000 Modèles, L’Officiel Hommes, L’Officiel Art, L’Officiel Shopping, Chirurgie Esthétique, Hommes Allemagne, Asie Centrale, L’Officiel Azerbaïdjan, L’Officiel Brésil, L’Officiel Hommes Brésil, L’Officiel Chine, L’Officiel Hommes Chine, L’Officiel Art Chine, Jalouse Chine, Hommes Corée, L’Officiel Grèce, L’Officiel Inde, L’Officiel Indonésie, Italie, L’Officiel Hommes Italie, L’Officiel Lettonie, L’Officiel Liban, L’Officiel Hommes Liban, L’Officiel Lituanie, L’Officiel Maroc, L’Officiel Hommes Maroc, Mexique, L’Officiel Moyen-Orient, L’Officiel Pays-Bas, L’Officiel Hommes Pays-Bas, L’Officiel Russie, L’Officiel Singapour, Suisse, L’Officiel Thaïlande, Hommes Thaïlande, L’Optimum Thaïlande, L’Officiel Turquie, Hommes Turquie, L’Officiel Ukraine, L’Officiel Hommes Ukraine

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éDITO L’hiver n’est pas gris. L’hiver est noir et or, à cause des lumières qui brillent sur le macadam mouillé, à cause des feuilles mortes qui font de fascinants collages sur l’asphalte. L’hiver n’est pas nu. L’hiver est «nude» et décolleté sous l’étole. L’hiver n’est pas dépouillé. L’hiver est opulent, chargé de rêves et du meilleur de la vie. On ne connaît pas de contes de fées qui aient été écrits en été. L’hiver n’est pas sombre, il est saison de gemmes dont le feu grésille au fond des cœurs et parfois sur les doigts. Il n’est pas froid, on connaît sa nature qui cède à l’humain le privilège de diffuser cette chaleur si particulière, cette chaleur de l’épaule contre une épaule, d’une main dans une main et d’un regard qui s’embue dans un autre regard. Voici pour cette année qui s’achève un numéro fabriqué comme une boîte à sortilèges. Recevez dans ces pages la beauté pure et complexe des chefs-d’œuvre réalisés non pas au Pôle Nord, mais dans les ateliers les plus patients et les plus exigeants du monde. Avec nos vœux du fond du cœur pour une heureuse année 2015.

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news

QUAND JOELLE JOUE AVEC LE DIAmANT

Cette créatrice de bijoux appartient à une quatrième génération de diamantaires. Artiste née, il lui a fallu faire avec un matériau à portée de main. C’aurait pu être le bois ou le fer, ce fut le diamant. En 2013, elle révélait sa première collection. Un hymne délicat à la nature, quelque part entre rock et vanité. Joelle Savransky ne pousse rien d’autre qu’un cri vital serti de brillants. F.A.D. Joelle Savransky, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00

HAUTE bOHèmE

Rugissement joaillieR

Fascinante panthère, héroïne sans rivale du bestiaire Cartier, dont le règne débuta en 1914 sur un carton d’exposition commandé par Louis Cartier à George Barbier. Sa silhouette altière et prédatrice qui préfigura le “goût Toussaint” se réincarne aujourd’hui, plus incisive que jamais, avec des attitudes originales et des matériaux inédits dans une wnouvelle collection de 56 pièces. Hervé Dewintre Bague en or jaune, onyx, grenats tsavorites, collection “Panthère”, Cartier. Prix sur demande. www.cartier.fr

BREF

Dix-huit pièces de haute joaillerie, dévoilées pour la première fois à la Biennale, racontent le goût de Chanel pour l’exotisme et l’avant-garde. H.D. Bague “Vendôme San Marco” en or blanc et jaune 18 cts et cristal de roche, sertie d’un rubis birman de 1,2 ct et de diamants taille brillant, Chanel Haute Joaillerie.

FE R N A N D O, FU E G O A R D I E N TE

Pas compliqué de faire sensuel quand on est brésilien: ça coule de source, sans effort, comme une nature, une manière d’être. Le créateur de bijoux Fernando Jorge est touché par cette grâce-là. Après un master en design de bijoux à Central Saint Martins, il fuit les brumes londoniennes pour regagner ses tropiques dansants. Dans son Rio natal, il revisite ces gemmes colorées un peu déclassées en raison de leur abondance. Il leur offre sa vision, une taille originale, des chaines serpentines, et le tour est joué, sculptural, élégant, extraordinairement moderne. F.A.D. Fernando Jorge, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00

On a envie de toucher, de caresser la perfection du métal poli, la douceur des pierres, leur alignement parfait. Chez Vhernier, la finition est incomparable, parce qu’une longue tradition a affiné le savoir-faire. Des formes ancestrales réveillent des émotions sensuelles et ramènent en force des souvenirs de vies antérieures. C’est beau sans dissertation. F.A.D. Vhernier, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00

PHOTOS DR

VHERNIER, LE bIJOU mÉmOIRE


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LE TRÉSOR DE ROSA MARIA

o Romeo, Romeo! «Il a du charme, du style et une incroyable énergie». A 15 ans, Romeo, le fils de Victoria et David Beckham est l’égérie la plus populaire de Burberry. C’est à lui que Christopher Bailey, le directeur artistique de la marque, confie pour la deuxième année consécutive le coup d’envoi et l’image festive de sa campagne 2014-2015 «From London with love». Romeo B. est le héros du film éponyme de cette campagne qui célèbre l’art d’offrir sur toute forme de supports, notamment digitaux via Twitter et Instagram. Y sont mis en valeur les articles «héritage» et la ligne parfums et beauté. F.A.D.

Incroyable détectrice de tendances, la créatrice de bijoux Rosy Abourous n’a pas voulu choisir entre ses œuvres et celles des autres. Dans son concept store de la rue de Madrid surplombant le port de Beyrouth, elle invite ses coups de cœur: Giorgio Brato et ses vestes en cuir, les jerseys en fibre naturelle des italiens Lost & Found, les sneakers Premiata, les clutches de la Géorgienne Nutsa Modebaste, rien que de l’underground. Ses bijoux à elle, estampillés Rosa Maria, barbares, organiques, sensuels, ne sont plus à présenter. F.A.D. ROSA MARIA CONCEPT STORE, 56 rue de Madrid, Mar Mikhael, Beyrouth, +961 1 57 19 85, +961 76 63 68 35

Burberry, rue Allenby, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.455

FLEURs NOCTURNEs

L’artiste Kris Knight réinterprète le fameux imprimé Flora de Gucci pour la collection croisière, en collaboration avec Frida Giannini. Sous le regard de l’artiste canadien travaillant autour des identités sexuelles et asexuelles, la fleur et le papillon deviennent nocturnes, troublants, symboliques. “Je me suis inspiré de la Rome antique païenne, dit-il, en choisissant des plantes que les femmes de cette époque utilisaient pour obtenir plus de pouvoir.” Magique ! P.C. www.gucci.com

LADURÉE sOUs LEs TROPIQUEs

Noël se fête aussi au soleil dans l’hémisphère méridional du monde. Alors, pourquoi se confiner dans le cliché marron chaud, feu de bois? On s’offre une giclée de fraicheur tropicale avec la nouvelle bûche à l’ananas de Ladurée, sublime dans sa coque en chocolat imitant la peau du fruit. «C’est bon les ananas, c’est long les ananas», chantait Maurice Chevalier, mais c’est pour faire durer le plaisir. F.A.D. Ladurée, rue Foch, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 29 22

U N E H I s T O I R E D ’A m O U R

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BREF

Le nouveau parfum Chloé s’appelle Love Story. Le flacon s’inspire des cadenas d’amour qui surchargeaient le Pont des Arts et dont Paris a dû se défaire pour alléger la rambarde, mais rien ne se perd! La fragrance, elle, est une symphonie fraiche et pure de néroli et de jasmin de Madagascar. Ce floral légèrement musqué laisse sur la peau un long sillage de savon. Il sent le «propre», comme on dit des parfums qu’on aime. L’image de Love Story, Clémence Poésy, est filmée par Mélanie Laurent. F.A.D. Chloé, avenue Fakhry Bey, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.580


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news

ANGEL HEART

Au départ, elle est peintre. Mais il lui arrive de plus en plus souvent de traduire ses rêves en or et diamants. Des bijoux sur mesure, réalisés à la demande pour quelques happy few. Hania Husami signe ses créations Angel Heart. On n’en saura pas plus. F.A.D. Hania Husami www. haniahusami.com haniahusami@gmail. com, +961 1 36 34 33

sac à images Depuis toujours, les images fortes qui accompagnent les lignes de

bagages Louis Vuitton, puis celles de la mode maison depuis 1997, dessinent un univers créatif particulier. Une force qui s’exprime également dans les éditoriaux des magazines. Un beau livre célèbre cette culture de l’image à travers deux cents clichés des plus grands photographes, de Richard Avedon à Henry Clarke et de Helmut Newton à Giampaolo Sgura (en photo). Patrick Cabasset Louis Vuitton : Photographie et mode. Éditions Rizzoli New York et sur www.louisvuitton.com.

BREF Alber Elbaz est un grand enfant pour qui luxe et élégance ne doivent absolument pas rimer avec quoi que ce soit de rigoureux ou d’austère. Les cadeaux de Noël qu’il serre en ce moment dans sa hotte sont d’une gaîté échevelée. Entre boules de sapin, couvercle d’Iphone et carnets de notes ornés de ses doodles, et ses poupées fashion dans la tradition de Jeanne Lanvin, on trouve des créations exclusives telle que le Sugar bag en python ou le collier Lanvin Marguerite Blanche, en hommage à la fille de la fondatrice de la marque. F.A.D. Lanvin, Bab Idriss, Centre-ville, Beyrouth, +961 1 98 65 01

Le Père Noël, d’accord, mais la Mère Noël, pourquoi on n’en parle jamais? Alors voilà, on vous dit tout: elle s’appelle Annoushka, et pour faire fondre la glace sibérienne elle a choisi cet ensemble brassière porte jarretelles chez Agent Provocateur. En rouge, bien sûr. Et pour ceux qui l’ont méritée, elle n’aura aucun mal à traverser la cheminée. F.A.D Agent Provocateur, ABC Dbayé, L0, +961 4 41 72 17

PHOTOS DR

LES CADEAUX DE L’A LBER NOËL

Pour les grands garçons sages


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7 for All MAnkind se lA joue couture Avec GiAMbAttistA vAlli Marque du jeans ultime, la très californienne 7 for All Mankind s’offre une virée catwalk à travers une capsule en collaboration avec le créateur Giambattista Valli. Cette collection attendue comme une pluie de confiseries sur colonie de curistes au huitième jour, arrivera en boutique le 1e février, juste à temps pour rêver le printemps. Couleurs lipstick sur des t-shirts et des jeans taille haute, imprimés animaliers, on en connaît que ça va faire rugir de plaisir. F.A.D. 7 For All Mankind, Souk de Beyrouth, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.560

must-have de cette saison, le nouveau soin de Sisley est un véritable délice de peau par son odeur délicate et addictive de rose, et sa texture huileuse qui nourrit, sublime et illumine la peau. Un élixir-plaisir de luxe. M.R. Sisley en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104.

junGle fever Camée inouï réalisé à Torre del Greco, pierres insolites aux couleurs de la jungle, formes

opulentes volontiers dérobées à un tropicalisme années 1930, contrastes effrontés offrant des harmonies inédites, la nouvelle collection “Pom Pom”, quintessence de la haute joaillerie Pomellato, décline des pièces uniques d’une richesse explosive, fruits d’un nombre incalculable d’heures de travail dicté par la passion. Mais qui se feront désirer : elles sont accessibles uniquement sur invitation et sur rendez-vous privé. H.D. Pendentif camée en or et rubis, et bague lianes en or rose, spinelles, tourmalines et saphirs, collection “Pom Pom”, Pomellato. www.pomellato.com

DIORIFIQUE! Le rouge à lèvres ultime est arrivé. Le Diorific Golden Schock se présente en rouge carmin, rose bonbon, corail ou bordeaux, déclinés en six options duo. Il est mat, mais laisse une trainée d’or sur les lèvres pour illuminer le sourire. On peut choisir l’effet «Couture», la couleur d’abord et l’irisation par dessus. Ou bien l’effet «Plump» avec juste une trace dorée pour donner un effet gonflant. Enfin, le duo «Vibrato», couleur sur une lèvre, or sur l’autre, vous transporte dans les backstages des défilés. F.A.D. Dior beauté en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104.

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La vie en rose En voie de devenir le produit

BREF



PLASTIqUE chIc

Mélissa a 35 ans. C’est drôle, elle en fait beaucoup moins. C’est qu’on n’a pas senti le temps passer sur cette marque de chaussures qui, depuis sa création, flirte éhontément avec l’art et pour cause: elle est en plastique naturel coulé dans des moules créés par les plus grands designers vivants. Elle s’est même offert des virées sur tapis rouge aux pieds de Katy Perry, Agyness Deyn, Anne Hathaway, Cate Blanchett et Kate Moss.Pour célébrer dûment son anniversaire, la marque s’est invitée au salon de la Biennale d’Iburapuera, Sao Paolo, avec une expo sur le thème Move! Plasticity. F.A.D Melissa en vente chez Aïzone, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.140

MANDALOUN PÂTISSIER

LES ÉTOILES DE STELLA

Voici le Cavendish, un sac tombé de la scène rock des seventies dans l’inépuisable inspiration de Stella McCartney. Avec son cuir aux couleurs végétales, incrusté de grandes étoiles un peu do it yourself, il est issu de la même veine que les fameuses derbies TPlucks à semelles en bois et gomme, best-sellers de la marque cet hiver. Nostalgique, la fille de sir Paul? La terre entière semble atteinte du même mal, et ça fait du bien.F.A.D.

Tout collée à la vieille maison de pierre blonde qu’occupe le Mandaloun café à Dbayé, les propriétaires ont eu la chouette idée d’ouvrir une boulangerie pâtisserie couplée d’un espace arts de la table et souvenirs. Rien qu’à l’odeur on a l’impression d’entrer dans une maison en pain d’épice. Croissants chauds, fougasses, bâtards et brioches côté boulangerie, tarte à la mafrouké, cakes pistache griotte, orange ou citron, côté pâtisserie, on en mangerait les murs! F.A.D. Al Mandaloun Pâtisserie, à côté du Mandaloun Café, route de Dbayé, + 961 4 54 74 11

Stella McCartney, avenue Fakhry Bey, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.575

BREF M ANDAL AS

TO bE Or nOT TO bE

E T PA PI E R À RO U L E R

Le traditionnel Riz la Croix, papier à rouler de plusieurs générations de fumeurs de tabac et autre, s’appelle au Liban Papier de Damas. Il se présente dans une enveloppe blanche orange et bleue où s’entrelacent des lettres arabes calligraphiées, du plus bel effet. Il se trouve que Liane Mathes Rabbath, artiste d’origine luxembourgeoise, a épousé le fabricant de ces merveilles. Depuis qu’elle vit au Liban, elle en fait des mandalas bien plus planants que des pétards. Dans sa toute dernière période, elle engage son concept dans de nouvelles formes et crée même des robes avec ce papier aussi léger que la fumée. F.A.D. www.lianemathesrabbath.com

Montre “Crazy Skull”, boîtier en or rose rhodié noir serti de 891 rubis, 1 diamant taille cœur, 20 diamants blancs taille baguette, 66 rubis, cadran en or rose rhodié noir serti de 357 rubis, 2 diamants blancs, De Grisogono, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00.

PHOTOS DR

Incarnation iconoclaste de la créativité épicurienne de Fawaz Gruosi, cette montre “haute couture” s’amuse du passage du temps et de l’éphémère de la vie. Un pied de nez signé De Grisogono. H.D.


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news

Défilé Dior haute couture 2015

ÉMOTIONS HIVERNALES

Après les bougies Feu de bois, Baies ou Chêne dont des centaines d’aficionados ne peuvent plus se passer, Diptyque revient cette saison avec trois parfums d’intérieur absolument irrésistibles, hélas en édition limitée. Les nouvelles bougies parfumées Epices, Hiver et Résine déploient trois ambiances qui vous transportent, chacune avec son caractère, vers des hivers inoubliables et ravivent en un clin d’œil vos souvenirs d’enfance. Nostalgiques, dépêchez-vous. F.A.D. Diptyque en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104

BREF DANS LA HOTTE DIOR

Pour la saison festive, les produits Dior beauté et parfums viennent par trois dans des coffrets, trousses ou pochettes à garder entre boudoir et valises. Trois fois plus de plaisir. Résolution n°1: ne pas s’en priver. F.A.D.

défilé Dior haute couture 2015 devient un jeu d’enfant avec un kit de patchs de couleurs, repositionnables, élaborés par le so cool directeur de la création et de l’image du make-up de la maison. À porter le visage nude, le sourcil brossé et sans mascara. M.R. Dior beauté en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104

Allumez une étoile

Un peu de ciel sur la terre? Un champ d’étoiles illumine Zaitunay Bay jusqu’au 18 février 2015. A l’initiative de Matisse Events, ces étoiles éclairées par LED, dont un certain nombre a été créé par de grands designers libanais, peuvent être achetées par des sociétés dont elles porteront le nom. L’idée est de récolter des fonds pour 26 ONG en faveur de l’enfance. F.A.D.

Field of Stars, Zaitunay Bay, contact andreane.photos@gmail.com

LE CACTUS QUI ADOUCIT

Un masque pour les cheveux à base de figue de barbarie? Christophe Robin, le magicien de la couleur, le sorcier du blond, avait besoin d’un onguent pour réparer et illuminer sans empâter la chevelure de ses clientes. Après de longues recherches, c’est la poire cactus, fruit du figuier de barbarie, qui lui a donné l’effet escompté. L’huile des pépins de ce fruit hérissé d’épines donne non seulement un résultat d’une brillance et d’une douceur étonnantes, mais se pique aussi de régénérer le crin. A essayer sans attendre en masque ou en sérum. F.A.D. Christophe Robin en vente chez ïDay Spa, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.350.

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œil Couture On en rêvait, Peter Philips l’a fait. Copier le liner métallique du

Dior beauté en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104.


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MOScHINO JOUE à BARBIE

il ne manquait plus que barbie à tous les emblèmes du consumérisme contemporain chahuté par moschino. après les marques de fast food et les emballages de lait, de céréales, de jus et de chocolats industriels, le label le plus espiègle de la mode taquine les codes de mattel et son rose inénarrable en imitant les accessoires et le logo de barbie. Pour celles qui cherchent encore Ken. F.A.D. Moschino en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.130.

PRADA CHEZ FASSBINDER la nouvelle collection Prada fait des clins d’œil à l’univers de Pina bausch et emprunte à l’esthétique de Fassbinder une fascination pour les années 20. Très Seventies à l’arrivée, c’est une ligne graphique où se mélangent des matières souples et rigides, des traits de couleur vive sur de grands aplats sombres et beaucoup de fourrure. intellectuel, mais du grand Prada. F.A.D. Prada, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.130

V E L O U R S E T VA N I L L E

BREF

deux talents, celui de Tony Ward, couturier libanais dont les runways de Rome et de Paris connaissent l’empreinte particulière, et celui de michel Ferneini, traiteur et ordonnateur des saveurs italiennes à beyrouth, à travers ses restaurants la Posta et sa pâtisserie Fleur de lys (dont le chef consultant est Charles azar). ensemble, ils créent au profit des enfants de libami, pour la deuxième année consécutive, leur bûche d’auteur. les volumes géométriques en 3d de Tony Ward se déclinent sur une fine coque de chocolat blanc argenté imitant le velours. a l’intérieur, un crémeux de vanille de madagascar, deux biscuits au chocolat, une légère gelée de griottes. On ne vous en dit pas plus. F.A.D.

S Ac à c AV I A R

C’est l’accessoire snobissime de nos soirées ! une minaudière signée Olympia le-Tan aux couleurs de Caviar Kaspia. Réinterprétant le dessin du logo mythique de la maison, créé en 1927 par un artiste russe, cet accessoire – rechargeable – peut contenir idéalement une boîte de 125 grammes des précieux œufs d’esturgeon. Pour les soirs, rares, où l’on ne dînerait pas dans les salons cossus de ce rendez-vous si parisien… P.C.

Pour réserver sa bûche: La Posta Gourmet +961 71 01 03 75

Chez Caviar Kaspia : 17, place de la Madeleine, Paris 8e. www.olympialetan.com

Burberry, rue Allenby, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.455

PHOTOS PHOTOSjean-baPTiSTe giamPaOlO SguRa, mOndinO, dR dR

Pour les fêtes, Le Printemps se met aux couleurs de Burberry et raconte un conte de Noël : le voyage d’un petit garçon et de son nounours, du flagship Burberry de Londres jusqu’à Paris. En plus de vitrines interactives, on découvre ici une collection capsule exclusive – mode, accessoires, cadeaux et beauté –, à l’image du savoirfaire de la marque anglaise. P.C.

PHOTOS dR diOR, dR

Voyage magique


A誰shti | 71 El-Moutrane Street | T - 01.991111 A誰shti Seaside | Jal el Dib | T - 04.717716 zagliani.com


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DÉLIRE SICILIEN Cet hiver, Dolce & Gabbana nous transporte dans une Sicile de contes de fées. Fermons les yeux, nous sommes au Moyen Âge, en ce 12e siècle où les seigneurs normands ont envahi le sud de l’Italie. Ils ont apporté avec eux leurs légendes forestières, leurs elfes, leurs princesses, leurs manières chevaleresques et leurs animaux magiques. La collection que cette époque inspire au duo de créateurs le plus doué de sa génération, c’est Tim Burton à la Table Ronde, la reine Guenièvre au Parco delle Madone, une forêt enchantée près de Palerme. C’est Noël, une saison pour rêver. F.A.D.

RUN, MARC, RUN!

Dolce & Gabbana, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.555

Elles sont juste hallucinantes. On a beau les avoir vues dans tous les Vogue du monde, on n’en revient toujours pas, et on a juste envie de les essayer, rien que pour voir l’effet que ça fait d’être ainsi monté sur ressorts. Les baskets de Marc by Marc Jacobs, avec leurs hautes semelles ondulées, ce n’est pas seulement une révolution dans la chaussure, c’est presque un nouveau sport. Certains disent même qu’on les a vues s’envoler. F.A.D.

BREF

Marc Jacobs, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.148

petit chaperon rose

Bonne surprise des dernières collections de Milan : la nouvelle collection “Giamba” de Giambattista Valli. Une ligne plus dynamique, tout en minirobes et minimanteaux trapèzes, portés sur des collants en plumetis. La version ultra-chic de la tendance 70’s très présente l’été prochain, que l’on découvre ici magnifiée entre Carnaby Street et Capri. P.C.

Fa s h i o n m e lti n g - p ot

La mode française peut-elle se passer de l’immigration ? C’est la question que pose en filigrane cette très belle exposition. De Worth à Alaïa en passant par Westwood (en photo), Yamamoto ou Balenciaga, et d’autres, des pièces emblématiques témoignent de la contribution essentielle des créateurs étrangers au rayonnement mondial de la couture française. Éloi Perrin-Aussedat

www.giambattistavalli.com

Du 9 décembre 2014 au 31 mai 2015 au musée de l’Histoire de l’immigration, à Paris.

La nuit, certaines dorment, d’autres ont mieux (ou encore mieux) à faire. Sauf que quand on ne dort pas, c’est prouvé, on vieillit plus vite. Dior, qui nous aime la nuit, a réfléchi à la question. Et c’est dans la rose, sa fleur fétiche, que la marque a trouvé la réponse. Neuf années d’expériences et de croisements ont été nécessaires pour créer cet élixir de jeunesse qui vous fait la peau fraiche comme un pétale au lever du jour (ou du lit). F.A.D Dior beauté en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104.

PHOTOS DR

VERTIGE (ET PRESTIGE) DE LA NUIT


A B C D B AY E H M A L L , G R O U N D F L O O R , L E B A N O N T. 0 4 4 1 7 2 1 7


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TUMI ÉCRIR AS UNE CARTE POSTALE Un jour ou l’autre vous partirez en vacances et le travail saura vous attendre. Et parce que les vacances c’est les vacances et qu’on n’a pas envie de se prendre la tête avec des bagages qui ne ferment pas ou qu’on traîne comme des labradors en quête d’un réverbère, vous choisirez Tumi pour emporter ce que vous voudrez, et même votre bibliothèque entière si ça vous chante. Et vous découvrirez le plaisir de voyager avec une valise qui sait rester légère quoi qu’elle contienne et qui glisse dans les aéroports avec une docilité réjouissante. F.A.D. Tumi, en vente chez Aïshti, Centre-ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.102

BREF J’ADORE TOUJOURS

des boutiques Lanvin (photo, pre-fall 2014)sont devenues un terrain de jeu réjouissant pour Alber Elbaz et ses amis. Véritables spectacles créatifs, elles témoignent de la générosité et de la fantaisie du créateur à l’origine du renouveau de la griffe. Un joli livre raconte ces tableaux-vitrines avec les explications d’Alber. Super fun ! P.C.

En 2014, J’Adore de Dior est toujours un blockbuster de la parfumerie mondiale. Jean-Baptiste Mondino, qui avait inventé l’effeuillage de Charlize Theron à mesure qu’elle parcourt la Galerie des Glaces, reprend son histoire là où elle s’est arrêtée. Dans la nouvelle campagne, elle va enlever sa robe, mais une étole de soie tombée du ciel se coule sur elle comme de l’or liquide. Elle s’élève, arrache son collier comme on largue les amarres et domine, juchée sur un dôme scintillant, un paysage urbain qu’elle observe en conquérante. «Le Futur est une femme», dit le slogan. F.A.D.

Lanvin : I Love You, par Alber Elbaz (éd. Rizzoli New York).

Dior beauté en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth,

Alber loves you ! Indissociables de la nouvelle image mode de la marque, les vitrines

+961 1 99 11 11 ext.104.

JIMMY CHOO DE LACLOS

Jimmy Choo, avenue Fakhry Bey, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.595

PHOTOs dr

Entre passion et romance, c’est l’esprit Ancien Régime, un rien sulfureux et Liaisons Dangereuses qui domine la collection Jimmy Choo de cet hiver, mais avec des inspirations florales à la William Morris, des illusions à la Douanier Rousseau, des velours et des transparences de dentelle inspirées des houris orientales. Bref, une fantasmagorie dans la note d’une saison que la majorité des créateurs ont imaginée opulente et Grimmesque. F.A.D.


A誰shti, Downtown Beirut 01. 99 11 11


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Le monde d’Etro

Halston, le styliste de l’amérique

Jacqueline Kennedy lui doit ses chapeaux toques, Liza Minnelli, dont il fut le “ fashion guru”, son style… Couturier emblématique des États-Unis des années 1970-80, Halston (ici avec Bianca Jagger, en 1977) symbolise l’esthétique moderne de l’époque. Cette première monographie écrite par sa nièce et confidente revient sur son parcours, de ses débuts à Bergdorf Goodman au lancement de sa maison et ses nombreuses collaborations. Éloi Perrin Aussedat Halston: Inventing American Fashion (éd. Rizzoli).

C’est en revenant d’un voyage en Inde que Gimmo Etro met en scène le motif Paisley (ou motif cachemire), la marque de fabrique de sa maison fondée en 1968. Dirigée aujourd’ hui par ses enfants, Etro allie toujours un savoir-faire artisanal à un sens unique de l’imprimé. Outre le prêt-à-porter, ses célèbres motifs habillent aussi mobilier et bagages. Cette première monographie nous rappelle que l’entreprise détient plus de 150 dessins de motifs cachemire du xix e siècle. É.P.A. Etro, par Renata Molho, éd. Rizzoli.

BREF

LE VRAI JASMIN DE BEYROUTH LE VRAI PARFUM DE LA MÉDITERRANÉE

Ideo parfumeurs, rue Gouraud, Gemmayzé, Beyrouth (en face de la Croix Rouge) +961 3 28 59 55 www.ideoparfums.com

BROOkE SHIELDS, MÉMOIRES D’ENFANcE

Riche actualité pour Brooke Shields qui édite une ligne de maquillage pour M.A.C et publie ses souvenirs d’enfance auprès de Terri, celle qui fut à la fois sa mère et son premier manager. Omniprésente, difficile et alcoolique, cette femme célibataire sut aussi être une mère attachante avec laquelle tout se finissait par un éclat de rire. Entièrement dévouée à sa fille, elle lui offrit le destin dont elle rêvait pour elle-même. É.P.A. There Was a Little Girl: The Real Story of My Mother and Me, éd. Dutton Adult.

PHOTOS DR

Amoureuse des belles fragrances, Ludmilla Bitar persiste et signe, depuis la création, il y a une poignée d’années, de sa maison de parfums, Ideo Parfumeurs: reproduire avec fidélité les souvenirs olfactifs qui s’impriment en vous quand vous avez vécu sur les bords de la Méditerranée. Sa marque, Ideo Parfumeurs, décline en bougies, savons et vaporisateurs d’intérieur et de lingerie, des fragrances fabuleuses: Jasmin de Beyrouth, Cerise Amaretto, Réglisse Noire de Calabre ou Myrrhe Délicate d’Ispahan. Sa boutique de Gemmayzé propose aussi un «bar olfactif» où l’on crée son parfum sur-mesure avec l’expertise de l’osmothèque de Versailles. F.A.D.




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71

ENTRÉE LUBIEs TEndancEs sTyLE BIjoUx BEaUTÉ

CHARLIZE THERON, ON L’ADORE page 126


72

MUST HAVE

IL ÉTAIT UNE FOIS… RÉALISATION LISA JOUVIN

Dolce & Gabbana PHOTO DR

Chaussures “Maryjane” en velours gris, talon cage et fleurs en cristal brodées.


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must have

Balenciaga photo Josh olins

sac “neoclassic“ en veau lisse-AU4oU.


LUBIE

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PIÈCES PRÉCIEUSES RÉALISATION LISA JOUVIN PHOTOGRAPHIE STUDIO L’ÉTIQUETTE

Sac “By the Way” en fourrure tricolore, poignée et détails en palladium, Fendi. Sac “Ava” en fourrure, détails en python, Jimmy Choo.


LUBIE

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SPORTING GIRL RÉALISATION LISA JOUVIN PHOTOGRAPHIE STUDIO L’ÉTIQUETTE

Escarpins en crocodile, plate-forme en veau miroir et semelle en gomme, Dior. Sac “Jackie Soft” en crocodile, Gucci. Collier chaîne en métal irisé, Chanel. Lunettes en plastique et métal.


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LUBIE

REPTILE EN VILLE RÉALISATION LISA JOUVIN PHOTOGRAPHIE STUDIO L’ÉTIQUETTE

Sac “Pocket” en élaphe, Céline. Boucles d’oreilles gourmettes en laiton, Saint Laurent par Hedi Slimane.



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style

Chaque saison, nos griffes préférées espèrent lancer de nouveaux hits. Nous avons sélectionné les candidats, il ne vous reste plus qu’à choisir le modèle… RÉALISATION LISA JOUVIN

QUESTIONS

Les bottines SAINT LAURENT pAR hEdI SLImANE

Le sac FENdI

Les boucles d’oreilles dIOR

Le “City Guide” LOUIS VUITTON

Les escarpins mIU mIU

Bottines en cuir glitter, en suède et strass.

Sacs “3 Baguette” en cuir ou cuir et crocodile, fermoir en métal.

Boucles d’oreilles en métal et résine, finition palladium ou or.

Carnets d’adresses précieuses des grandes villes du monde.

Escarpins en lurex et satin, talons en métal.

PHOTOs dr

À C H O I X M U LT I P L E


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Ava i l a b l e a t A ï s ht i St or e s 01 99 11 11


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STYLE

Un chapeau pour un style masculin-féminin.

R O B E R T O C AVA L L I

Cape oversize en laine et mohair.

Emmitouflée dans sa cape oversize ou gilet long, on ne craint plus les frimas de l’hiver.

GUCCI

Trilby en feutre.

Jupe longue en laine et talons hauts : un look à la fois ethnique et chic.

ETRO

ELISA SEDNAOUI AU DÉFILÉ CHANEL PRINTEMPS-ÉTÉ 2015, EN SEPTEMBRE DERNIER À PARIS.

LE LOOK D’ELISA Elisa Sednaoui est devenue une muse de Karl Lagerfeld grâce à sa nonchalance sophistiquée. Décryptage du style de notre cover-girl… PAR NOËMIE BELTRAN

TIBI

Bottes en cuir.

PHOTOS FOC KAN/WIREIMAGE/GETTY IMAGES, DR

Sac en cuir rebrodé de perles.


Beirut Souks, Souk El Tawileh - Beirut City Center, Hazmieh, Level 1 Also available at all A誰zone stores in Beirut, Dubai, Amman

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82

TENDANCE

RÉALISATION LISA JOUVIN, STÉPHANIE NAKHLÉ

PHOTOS DR

Romantisme fleuri, rose nostalgique et broderie ancienne composent une silhouette empreinte de rêverie.

De haut en bas et de gauche à droite : Chapeau Saint Laurent par Hedi Slimane. Lunettes de soleil Stella McCartney. Robe Burberry Prorsum. Sac Dolce & Gabbana. Bague Repossi, Chez Sylvie Saliba. Sac Stella McCartney. Sandales Céline. Bottes Gianvito Rossi. Sac Chloé.

PHOTOS DR

TENDRE BOHÈME


83

TENDANCE

CHIC ETHNIQUE Franges indiennes et motifs incas, couleurs chatoyantes et or solaire invitent à un style voyageur. RÉALISATION LISA JOUVIN STÉPHANIE NAKHLÉ

PHOTOS DR

PHOTOS DR

De haut en bas et de gauche à droite : Bijoux d’oreille Isabel Marant. Robe Stella McCartney. Sac Tory Burch. Bague Chloé. Sac BurberryProrsum. Pochette Emilio Pucci. Pochette Charlotte Olympia. Sac Marni. Sandales Chloé. Bracelet Isabel Marant.


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88

style

Un col roUlÉ M arc jacobS

Une SilhoUette cÉline

“Ma pièce préférée du moment ”

“Simple et féminine”

Ma veSte Stell a M c c a r t n e y “Un basique

dans mon armoire”

LE CHOIX DE... JESSy mOuSSaLLEm Directrice et styliste, inspirée par les vieux films francais, la musique pop électronique et Beyrouth, Jessy Moussallem, qui fait ses premiers pas dans la direction cinématographique, nous dévoile ses secrets de style et ses coups de cœur de la saison. Par StÉPhanie nakhlÉ

Un M anteaU a lt Uz z a r a

“Je suis une grande frileuse”

LES BASIQUES U n pa n ta lo n t h e o ry

“Qui va avec tout”

Des chemises blanches Saint Laurent, par dizaines. Une midi skirt de chez Chloé. La marinière.

“Miu Miu pour bien définir la taille”

Des boots Rag & Bone. Les bijoux Delfina Delettrez .

Un indiSpenSable

“L'eau Dynamisante de Clarins que j'utilise jour et nuit”

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Ma ceintUre


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Paris

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92

cadeaux

sous le sapin à… Florilège d’idées cadeaux inspiré par les plus belles destinations des fêtes. Des suggestions qui devraient pouvoir triompher sous tous les sapins. réalisation StÉphanie nakhlÉ coordination noëmie beltran et CoumbiS hope-lowie


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Brassière Stella McCartney pour Adidas.

Appareil photo “Édition Moncler” Leica.

Bonnet Marni.

Eau Infusée pour le visage Diptyque.

Sac Moschino.

NEW YORK 100 % trendy et 100 % sporty, des cadeaux exclusifs et opulents. Sky is the limit… Hôtel Mark. www.themarkhotel.com

Porte-cartes Charlotte Olympia.

Manteau Marni.

Sandales Prada.

PHotoS dr

Poupée Karl Lagerfeld.

Stylo “Nautilus”, Hermès.

Sac Gucci.

Boucles d’oreilles Oscar De La Renta.

Valise Tumi.


94

cadeaux

CAREYES La destination mexicaine “tropical chic” donne des idées en Technicolor, entre palmiers et golfs clairs… Hôtel Las Alamandas Resort. www.alamandas.com


95

cadeaux

Boucles d’oreilles Marni.

Lunettes de soleil Gucci.

Minaudière Olympia Le-Tan. Le-Tan

Bague Fendi.

Maillot de bain Mara Hoffman.

Chaussures Dolce & Gabbana.

Boucles d’oreilles Delfina Delettrez.

Tag valise Tumi.

phoToS dR

Bougie “Le Redouté“ Diptyque.

Trousse Marc by Marc Jacobs.

Jupe Etro.

Martius, le livre des palmiers (éd. Taschen).

Siège Kettal.


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cadeaux

ASPEN Les exploits de la glisse ne seraient rien sans le confort douillet qui leur succède. Pour un Noël pistes noires et feux de cheminée. Hôtel Jerome. www.hoteljerome.aubergeresorts.com


97

cadeaux

Pull Moncler.

Sac Chanel.

Vernis top Coat “diorific“ Dior.

Bonnet Saint Laurent.

Bottines Miu Miu.

Flocon de neige Lanvin.

Bracelet 18 Carats “Juste un Clou“ Cartier.

Manchette en fourrure John Samrone.

Couverture Ipad Marc by Marc Jacobs.

Collier “Mise en dior”.

Boucles d’oreilles Roberto Cavalli.

In the Spirit of Aspen, de Kathryn Livingston (éd. Assouline).

Nuisette Agent Provocateur.

PHotoS dr

Snowboard Chanel. Huile orchidée Bleue Clarins.

Sac à dos Louis Vuitton.


98

cadeaux

Sandales Chloé.

Bracelet Aurélie Bidermann.

Sac Céline.

Collier Marni.

MARRAKECH Lorsque le style ethnique rencontre la sophistication orientale, les cadeaux gypset triomphent.

Eau de parfum “Santal Blush“ Tom Ford.

Hôtel Palais Namaskar. www.palaisnamaskar.com

Couverture d’agenda Hermès.

Manchette L’Atelier Nawbar.

tables Nada Debs.

Lunettes de soleil Chloé.

Sofa Bokja.

PHotoS dr

Poncho Burberry Prorsum.


99

cadeaux

Bague Noor Fares.

Bracelet Selim Mouzannar.

Plaid Hermès.

Bague Sabine G..

Manchette Mukhi Sisters.

CHÂTEAU DE NOIZAY Les traditions familiales ont aussi du bon. Les belles demeures d’autrefois réveillent des envies intemporelles. Hôtel Château de Noizay. www.chateaudenoizay.com Coupes LSA.

Échiquier Gerard Darel.

Ballerine Dolce & Gabbana.

Poncho Burberry Prorsum.

tirelire Skitsch.

Sac Dolce & Gabbana.


100

cadeaux

Soutien-gorge Miu Miu.

Lunettes de soleil Saint Laurent par Hedi Slimane.

Escarpins Valentino Garavani.

Coussin La Terre Est Folle www.laterreestfolle.com

RIO robe Valentino.

Ici, lumière et couleurs provoquent un tourbillon d’envies. Pour bien commencer l’année au son des rythmes cariocas. Hôtel Fasano. www.fasano.com.br

At The Emperor’s Table, de Valentino Garavani(éd. Assouline).

Boucles d’oreilles Louis Vuitton.

Sandales Miu Miu.

Lipgloss "Golden Gloss", Yves Saint Laurent.

Vases India Mahdavi chez Galerie Carwan.

PHotoS dr

Chaises longues François Turpin.



102

AMUSE-BOUCHE

L’artiste le plus côté du moment est de passage à Paris. L’occasion pour nous de le rencontrer de bon matin au Centre Pompidou, qui lui dédie une rétrospective. PAR LÉA TRICHTER-PARIENTE PHOTOGRAPHIE RAPHAËL GIANELLI-MERIANO

Œ

uvres onéreuses, lourdes et fragiles, la rétrospective Jeff Koons est un défi. Et une leçon d’optimisme dans un contexte national morose. Elle retrace les 35 ans de carrière de l’artiste de 59 ans dont la vitalité créatrice et la joie de vivre ne cessent de croître. Attaché à la France – “ma première exposition européenne était à Lyon et je garde un excellent souvenir de Madame Pompidou, venue visiter mon studio avec ses petits-enfants et du Président Chirac avec qui j’ai déjeuné en 1990” –, il admire ce pays qui place les beaux-arts sur un piédestal.

PETITDÉJEUNER AVEC… JEFF KOONS

Jeff Koons joue avec un croissant, clin d’œil à son escale parisienne.

Votre menu idéal ? “Des céréales Cheerios car faibles en calories, des fruits rouges, une omelette blanche et un café avec du lait écrémé.” Où le prenez-vous ? “Chez moi, à New York.” Que faites-vous juste après ? “Je passe du temps avec mes six jeunes enfants avant qu’ils n’aillent à l’école puis je me rends au studio.” Un bon souvenir ? “Les pancakes que faisait mon père.” À Paris, avez-vous des habitudes ? “Avec ma femme nous allons chez Angelina, rue de Rivoli.” Vos meilleurs petits-déjeuners dans le monde ? “À Paris, l’hôtel Bristol. À Munich, l’hôtel Bayerischer Hof. En Pennsylvanie, l’hôtel Hershey.” Rétrospective Jeff Koons, du 26 novembre au 27 avril au Centre Pompidou, à Paris. www.centrepompidou.fr



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STYLE

Tout à la fois it-girl chic et actrice indé, l’égérie du New York créatif se prête pour Sante d’Orazio à une série se jouant des genres.

CHLOE SEVIGNY Par

ADRIAN FORLAN

Photographie

SANTE D’ORAZIO

D

écouverte en 1995 dans l’acéré Kids, réalisé par Larry Clark et écrit par Harmony Korine, son boyfriend, Chloë Sevigny passait déjà, silhouette gracile, dans l’arrière-plan d’un clip de Sonic Youth, Sugar Kane, une des chansons étendards de la génération grunge, trois ans plus tôt. Certains se choisissent un destin : au lieu de flétrir dans la morne ville du Connecticut où elle a grandi, elle s’échappe ado à New York, entre fêtes clandestines et parcs de skaters. S I N G U L I ÈRE M EN T ENVO Û TA N T E

N’ayant peur de rien, elle flirte avec le cinéma semi-expérimental (Gummo, Julien Donkey-Boy, tous deux signés de Korine), passe (presque) du côté du grand public avec son rôle de Boys Don’t Cry (réalisé par Kimberly Peirce) qui lui vaudra d’être nommée en 2000 à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur second rôle féminin, et visite l’Europe des grands cinéastes, celle d’Olivier Assayas (Demonlover, 2002) ou de Lars von Trier (Dogville, 2003). On pourrait ainsi dérouler la pelote d’une filmographie singulière, épousant les

Stylisme

HALEY WOLLENS

contours de sa personnalité, un peu trouble, envoûtante, entêtante comme le parfum d’une chanson de Roy Orbison passant dans un cabaret filmé par David Lynch. Loin des clichés faisant d’elle une it-girl dessalée, son intelligence des rôles, et une certaine indifférence au decorum hollywoodien en stuc, l’ont toujours distinguée. PLU M E CH AU FFÉE AU SO U FRE

Tueuse transsexuelle dans la série Hit & Miss, nymphomane flinguée par les électrochocs dans la seconde saison d’American Horror Story : la télévision la gâte en rôles écrits à la plume chauffée au soufre. On crève d’impatience à la lecture de ses projets : une série avec l’immense Sam Shepard (acteur, écrivain…) et ses retrouvailles avec le cinéaste Walt Whitman, pour The Cosmopolitans, dont le pilote vient d’être tourné à Paris. Avec lui, elle a joué dans un de ses plus beaux films, The Last Days of Disco (1998), petit précis de mélancolie douce, d’humour du bout des lèvres, de sensualité implicite. On comprend qu’à New York, ville folle à la mémoire courte, elle soit toujours reine: elle surprend encore, ce qui est la plus grande des élégances.


Costume d’ homme en laine et gants ornés de bijoux DOLCE & GABBANA, culotte vintage en denim chez CHERRY VINTAGE NEW YORK, collier VINTAGE, bottes en cuir verni LOUIS VUITTON


Manteau d’ homme en fausse fourrure PRADA, cravate en soie collection Femme PRADA, culotte en coton HELLO BEAUTIFUL, croix en diamants et chaîne en or DAVID YURMAN, chaussures en cuir verni MIU MIU



Pantalon en maille et sac en cuir CÉLINE, collier ras du cou en velours vintage, béret en laine chez NEW YORK VINTAGE Page de droite : veste de costume homme en laine DRIES VAN NOTEN, pantalon en cuir collection Femme ACNE STUDIOS, bague en forme de cœur à strass chez NEW YORK VINTAGE, mules en cuir MANOLO



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CORRESPONDANCE

1. S A L O N N U M B E R 10

“Intime, ce bar propose un cocktail parfait pour bien commencer la soirée : bonne musique, bonne ambiance et fabuleuses boissons.” 10 Arbuthnot Road, Central 1

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2. EDIT 67

“J’affectionne cette boutique qui propose des marques telles que Yazbukey and Ann-Sofie Back.” www.67edit.com

4

3. W OAW

“C’est le formidable concept store de mon ami Kevin Poon où vous trouverez, outre une super sélection lifestyle, de délicieux cafés et pâtisseries.” woawstore.com 4. LANDMARK

3 4

“C’est mon centre commercial favori. Avec ses quatre bâtiments, il regroupe toutes mes marques préférées, Dior, Céline, Roger Vivier…, le merveilleux Oriental Spa et les meilleurs restaurants de la ville : China Tang, Sevva et Canteen.” www.landmark.hk

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5. THE UPPER HOUSE

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“Un hôtel très chaleureux, les chambres y sont ravissantes et le Cafe Grey est des plus agréables pour prendre un verre.”

4 7

www.upperhouse.com 6 . 9 TH M U S E 10

“Créée par une amie d’école, c’est la meilleure adresse de bijoux fantaisie.” www.the9thmuse.com

8

H O N G KO N G

TINA LEUNG À chaque numéro, une globetrotteuse de la mode, basée dans une grande capitale, nous livre un mix de ses coups de cœur et de ses incontournables du moment. PAR LÉA TRICHTER-PARIENTE

Née à Hong Kong, Tina Leung a vécu à Los Angeles, Bristol, Londres et New York avant de revenir dans sa ville natale dont elle aime l’effervescence des bars, des restaurants, des clubs, des boutiques et des plages. Styliste et blogueuse, elle est devenue l’une des femmes les plus cools de la ville. Icône de mode influente, elle collabore avec de grandes maisons.

7. F L Y

“Ouvert sur l’extérieur, c’est un des plus grands clubs. J’y reste jusqu’à 2 heures du matin avant de filer chez Volar, à cinq minutes à pied.” clubfly.com.hk 8. D U D D E L L’S

“Ce club privé est une véritable destination culturelle et sociale. J’adore les conférences artistiques qui y sont organisées, les dim sum et les cocktails.” duddells.co 9. V I T A S O Y

“Ma boisson favorite à base de lait de soja.” 10 . YA R D B I R D

“Pour un vrai voyage gastronomique ! Impossible de rentrer chez soi affamé ou sobre !” www.yardbirdrestaurant.com

PHOTOS SEAN LEE DAVIES, MICHAEL WEBER, JASON MICHAEL LANG, DR

9


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112

style

wishlists

À court d’idées de cadeaux pour les fêtes ? Trois amies de « L’Officiel » nous confient ce qu’elles aimeraient recevoir… Par fifi abou dib et STÉPHaNiE NaKHLÉ

7

1

6

CAliNE ChiDiAC DJ et copropriétaire du traiteur Food Dealer. 1. Stella McCartney t Plucks stars 2. tout par Hedi Sliman pour YSL 3. Road trip et une nuit à l'Hotel Post Ranch inn/Big Sur -Californie

5

4. Un doberman pincher (mon chien preféré!) 5. Dries Van Noten (collection homme) 6. table de mixage Rega RP6 7. Parfum Sycomore de Chanel

2 4

PHOTO dr

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style

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10 2 9

AMEliANA lOiACONO Styliste de A Magazine basée à Milan.

1. Le bucklet bag de Gucci 2. Une robe en cuir Prada 3. Un bracelet YSL

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4. Une image imprimée de la serie “compulsion” de l’artist Alex Preger 5. Passer plus de temps avec mes chiens 3

6. Un total look ethno chic de chez Etro 7. Une robe imprimée de chez Chloé 8. Un voyage aux Maldives 9. Un manteau vintage de Pierre Cardin 10. Une cape Valentino 6

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CAROliNE CAssiA CARO Styliste privée travaille aussi pour plusieurs grands magasins 1. La minaudiere matrioshka de Chanel: un collector! 2. Un nouvel ordinateur: Mac Book de preference. Le mien est en train de rendre l'âme....

4. Un voyage au Vietnam et au Cambodge 5. Une jolie photo de chez Yellow Korner 6. Avoir l'opportunite un jour de faire un shooting de mode à NewYork 7. Les boucles d'oreilles Fly me to the Moon de Noor Fares. 8- Une cape Saint Laurent: elles sont magnifiques! 4

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3. Une lampe Brokis Balloon de chez Over the counter


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ZOOM

Il s'appelle Mohammed Ashi. Père saoudien, mère russe, il a en lui tous les Orients. Ce créateur discret, établi à Beyrouth depuis quelques années, réalise de somptueuses collections haute couture tout en gardant profil bas dans les médias. Et bien qu'il lance en janvier sa première ligne prêt-à-porter, il cultive avec coquetterie une image underground qui lui ressemble. PAR F.A.D.

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ASHI


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'est l'histoire d'un ingénieur pétrochimique et d'une romancière. Elle est Russe, il est Saoudien. Ils se rencontrent à New York, à l'université. Ils se marient et s'installent en Arabie saoudite. C'est à l'ombre de cette famille atypique que grandit Ashi, entouré de plusieurs sœurs, sous le regard rêveur d'une maman romanesque qui collectionne les Vogue et lui donne le goût des contes de fées modernes. Dès l'enfance, il est fasciné par les princesses de papier glacé au destin tragique, les Grace Kelly, les Farah Diba. A quatorze ans, il est envoyé aux Etats Unis compléter sa formation. Un diktat familial l'assigne à des études en marketing. Il aurait voulu être un artiste. L ES B E AUX - A RTS PA R EFFR AC T I O N

Tout en travaillant assidument ses cours de marketing dans sa très sérieuse université américaine, Ashi rêve natures mortes, anatomie, trépieds et chevalets. Ne tenant plus, il s'inscrit aux BeauxArts mais constate à sa grande déception qu'il ne sera jamais un bon dessinateur. Ce qui le décide à prendre des cours d'art conceptuel dans le cadre desquels se révèle sa passion pour la mode. Son diplôme de marketing en poche, il s'inscrit à l'Istituto Marengoni et poursuit à Milan son parcours contrarié. L'histoire finit mal à ce stade. Ashi n'est pas très doué pour les langues. L'italien est un handicap. Reste Beyrouth où une antenne d'ESMOD vient d'ouvrir ses portes. Il fait partie de la première promotion et termine premier. Signe qu'il ne s'est pas trompé de carrière. D ES M A Î T RES, E T PAS L ES M O I N D RES

Elie Saab le prend sous son aile. C'est un patron exigeant, précis, et qui aime transmettre. Ashi est encore sous l'influence de l'art conceptuel. Il se sent plus proche, par exemple, d'un Hussein Chalayan, mais il se résigne à l'idée qu'une robe doit être vendue et portée, ce qui ne l'empêche pas d'aspirer au sublime. Cette expérience lui permet de postuler chez Givenchy. Direction Paris où il développe ses connaissances sous la houlette de Riccardo Tisci. Malheureux en Europe, mal à l'aise en Orient, c'est à Beyrouth qu'il se sent le mieux et Beyrouth lui ouvre les bras.

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L E LUX E P O U R H A B I L L ER U N D ES T I N

Ashi prend son courage à deux mains et crée sa propre maison de haute couture. Il monte une structure qui emploie aujourd'hui 90 personnes, atelier compris. Sa vie rêvée commence. Une première collection prend forme. Elle s'installe dans l'atmosphère de Color of Paradise un chef d'œuvre du réalisateur iranien Majid Majidi. Une autre lui succède, cette fois imprégnée de l'atmosphère gothique du

Parfum, long métrage de Tom Tykwer d'après le roman éponyme de Patrick Süskind. De fait, il y a en Ashi un grand romantique, mais un romantique noir teinté de gothique anglais. Quand il sort de ses brumes, lui que l'on croit solaire avec ce sourire radieux, ce visage ouvert, cette touchante disponibilité, c'est pour déplorer le siècle où nous vivons, ses mauvaises politiques, son mauvais goût, ses nouveaux riches. Alors il revient à ses premières amours, à ces ultra féminines années 50, aux années 60 qui engendrèrent des icônes hiératiques et inaccessibles, Grace Kelly, Farah Diba, encore elles. Il se dit attiré par leur souffrance et leurs destins tourmentés, si somptueusement enveloppés de luxe et de beauté. Ce n'est pas par hasard que sa nouvelle ligne est baptisée "Exiled Queen", (Reine exilée). Une reine qu'il emmène dans un périple en Inde, pays de contrastes violents qui restitue à cette héroïne imaginaire sa fierté et sa dignité. UNE SILHOUETTE SIGNATURE

Ashi aime le glamour de la "old couture", il est lui-même "old soul". On a du mal à le croire quand on découvre l'extravagante modernité de ses collections et ces coupes qui n'appartiennent qu'à lui, qui semblent directement taillées dans un trench transformé en robe de mariée ou de soirée. Ashi aime la structure du trench, sa rigueur, son côté militaire qu'il féminise jusqu'à la moindre maille. Ce mois de janvier, il lance dans l'intimité d'un appartement parisien sa première ligne prêt-à-porter. L'année 2014 lui a été favorable; 2015 lui ouvre une nouvelle perspective.


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anatomie d’un sac

Ce sac est l’expression la plus sobre du réjouissant délire sicilien 12e siècle de Dolce & Gabbana. Par F.A.D.

LE "MISS GINEVRA" dE dOLCE & GABBANA STYLE

En cuir noir, orné d’une poignée qui semble récupérée d’un massif portail médiéval, ce sac est aussi décliné en tapisserie et brocard. Romantique et précieux.

MY TH E

TECHNIQUE

COUP DE CŒUR

Tout le savoir-faire Construit autour de ce Pour le côté «conte de seul motif de bronze, une des artisans italiens se fées» qui donne une aura poignée de porte, le sac résume dans les finitions de magie et de mystère à du Miss Ginevra, Miss Ginevra s’intègre celle qui le porte. entre ferronnerie dans une collection et cordonnerie. qui célèbre la Sicile médiévale à l’époque de Sac «Miss Ginevra» en cuir embossé, boutique Dolce & la conquête normande. Gabbana, rue el Moutran, Centre-ville, Beyrouth. Un nouveau classique. +961 1 99 11 11

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ORIGINE

Guenièvre ou «Ginevra», la légendaire épouse du roi Arthur, hante les contes médiévaux et son seul nom évoque des images de chevaliers, de châteaux et de forêts enchantées.


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L’OfficieLLe du MOis

Quand on vous annonce la venue de Rola Wazni, directrice des ventes de la Carpenters Workshop Gallery, l’une des plus importantes plateformes d’exposition et de diffusion de design au monde, vous vous attendez à rencontrer une force de la nature, une grande gueule qui ne vous laissera pas en placer une avant de vous avoir convaincu. Se méfier des préjugés.

Rola Wazni Par

Photographie

F.A.D.

TONY ELIEH

est une jeune femme frêle et discrète qui arrive sur des sandales alaïa en python ornées de plusieurs rangées de grelots. Chaque pas semble un coup de tambourin et marque le rythme d'une musique primitive. " C'est un peu trop, je sais, mais je n'ai pas pu résister", non qu'elle soit compulsive, Rola Wazni, mais il y a trop de tentations dans ces sandales, trop de messages qui la racontent, et d'abord leur côté conceptuel. Quand on travaille dans l'art et surtout le design, on craque pour les objets qui font sens, qui évoquent des histoires. Son histoire à elle commence en afrique. Fille d'un diamantaire du sud du liban, elle est née au Sierra leone et ces grelots réveillent irrésistiblement des sons nomades qui ont bercé sa petite enfance. Très vite, parce qu'il n'y a pas encore d'écoles satisfaisantes à Freetown, cette avant-dernière d'une fratrie de huit enfants est envoyée en Suisse où commence pour elle une longue carrière de pensionnaire interrompue par deux années en Belgique où ses parents s'installent pour un temps. après le bac et un passage obligé par l'institut Villa Pierrefeu, "école de bonnes manières" où l'on apprend étiquette, protocole, savoir-vivre, art de recevoir, de tenir une maison, la décoration, Rola Wazni s'installe à Paris. Passionnée d'art, elle fréquente l'Ecole Drouot le jour et l'Ecole du louvre le soir. l'histoire de l'art l'habite, Klimt est son premier coup de foudre, une étincelle nécessaire pour accéder à des artistes plus difficiles. les expressionnistes allemands la bouleversent, Egon Schiele la prend aux tripes. Elle ne saurait décrire son bonheur de se trouver dans cet univers

qui lui correspond si bien. avant ne compte plus. Qu'on lui demande un seul souvenir de ses années de pensionnat, elle répond doucement: "ta maman te manque". Voilà pourquoi l'été sera toujours pour elle couronné d'une aura fabuleuse. l'été la ramenait au liban pour les grandes vacances où elle retrouvait enfin sa famille et cette mère adorée, une maman "à l'ancienne, qui cuisine des plats merveilleux et vous donne des valeurs, mais qui ne sera jamais une copine et c'est bien mieux comme ça".

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De plain pieD Dans l'univers Du Design contemporain

Une fois ses études terminées, Rola Wazni se met en toute logique à la recherche d'un stage, sans oser encore demander un vrai job. Elle se présente à la Carpenters Workshop gallery, fondée en 2005 par Loïc Le Gaillard et Julien Lombrail. Les deux partenaires sont bien plus que de simples galeristes. Ils s'impliquent directement dans la recherche et la production en éditions limitées des œuvres qu'ils exposent. Ils ont surtout dans leur écurie des signatures prestigieuses, celle des frères Campana, de Wendell Castle, Ingrid Donat, Maarten Baas ou Rick Owens. La jeune femme est engagée au service des ventes et de la relation avec la clientèle. Sans surprise, de nombreux clients viennent du Moyen Orient. Certains sont des amis de sa famille, de ses frères et sœurs, d'anciens camarades des pensions suisses ou des amis et amis d'amis rencontrés à Beyrouth. Elle parle l'arabe, le français et l'anglais et sait conseiller et mettre à l'aise les princesses saoudiennes qui hésitent sur l'acquisition d'une œuvre. Son sens des relations humaines et de la psychologie de l'acheteur fait merveille.



L’OfficieLLe du MOis

Elle est bientôt engagée pour de bon. Depuis, sa vie chevauche entre la galerie de la rue de la Verrerie à Paris, et Londres où Carpenters possède deux espaces, l'un à Chelsea et l'autre à Mayfair. A longueur d'année, elle sillonne les grandes capitales au gré des salons et des foires – 14 par an - de Genève à New York, de Miami à Rio, Dubaï, Abu Dhabi. Ses principaux atouts: sa spontanéité, son naturel, et cette manière qu'elle a de convaincre sans forcer, de laisser faire sans insister, de proposer une œuvre en fonction de l'univers et des goûts de l'acquéreur. Son portefeuille de clients, sa "database" comme on dit, est l'une des plus étoffées et efficaces au monde. la relation avec les artistes

"Au départ, j'ai une formation de galeriste spécialisée dans l'art contemporain et non le design, mais je suis persuadée, et la galerie Carpenters en a eu très tôt le flair, que le design est en train de prendre le pas sur l'art" confie Rola Wazni qui estime que la fonctionnalité a tendance à damer le pion au geste conceptuel. Non seulement parce que notre monde se dématérialise en se digitalisant, et pousse de ce fait vers les musées l'objet usuel devenu inutile, mais aussi parce que les collectionneurs sont avides de posséder et de manipuler des objets de plus en plus extraordinaires, de plus en plus uniques. Ils veulent du personnalisé, de l'exclusif, ajoutet-elle. Elle souligne par ailleurs que les artistes eux-mêmes ont changé. Fini le mythe de l'artiste bohème, habillé au décrochez-moi ça avec quelques haillons avachis. Les artistes contemporains, comme Jeff Koons, par exemple, viennent aux réunions des conseils d'administration en costume cravate. Ils ne font pas qu'endosser la panoplie du businessman, ils sont des hommes d'affaires de haut vol et soignent leur image. "Mais tous ne sont pas après l'argent. On voit de tout. Nombreux sont ceux pour qui l'argent n'est pas une priorité, comme le merveilleux Wendell Castle représenté par Carpenters Workshop. Cet immense artiste est, à 84 ans, l'un des chefs de file du mouvement américain Arts and Crafts. Il n'est même pas conscient de sa propre importance. Tout ce qui compte pour lui, c'est d'avoir créé une différence, infligé un tournant, marqué l'histoire de l'art. Pareil pour Ingrid Donat, une femme d'une grande générosité, d'une extrême gentillesse, qui fut la cliente et amie de Diego Giacometti. Celui-ci a fini par lui conseiller un jour de se détacher de toute influence et de créer librement. Ses oeuvres en bronze, en particulier ses célèbres tables et commodes, sont de véritables chefs-d'œuvre.

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PHOTO Adrien MillOT.

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L’OfficieLLe du MOis

Des goûts et Des couleurs

Rola Wazni se lève à 8h et organise sa journée avant de se rendre à la galerie vers 10h30. Après avoir lu son courrier et écouté le briefing de Cyrielle son assistante, elle déjeune avec clients et amis, revient à son bureau pour d'autres rendez-vous, ressort en fin de journée pour visiter des expositions. Sans cesse en alerte sur les mouvements du marché de l'art et les événements artistiques, il lui reste peu de temps pour autre chose. En ce sens, la mode, un art en soi, mais pour soi, est une compensation. La jeune femme est une inconditionnelle d'Alaïa, fol auteur de ses sandales à grelots, mais également de Phoebe Philo, la très rigoureuse directrice artistique de Céline dont elle portait le jour de notre rencontre une emblématique chemise blanche. Elle avoue aussi un faible pour Chanel, époque Coco. Les bijoux? "Comme pour la plupart des filles de diamantaires, le diamant ne représente pas pour moi quelque chose de glamour. Pour ma part, je préfère les bijoux anciens qui ont une âme et une histoire, et les bijoux en or simple, comme ce bracelet Love que je me suis offert à moi-même à l'âge de 16 ou 17 ans". SIGNES DISTINCTIFS

Films culte: Ca va vous paraître boring, mais je ne me lasse pas du Parrain de Coppola, ni du Cendrillon de Walt Disney. Le premier à cause de cette famille italienne qui me rappelle le Liban, et le deuxième parce que j'adore les dessins animés. Que trouve-t-on dans votre iPod? La musique des années 60-70, les Rolling Stones, les Beatles, les Kings, the Doors, Slade... et Lana del Rey. Que trouve-t-on dans votre DVDthèque? Woody Allen, James Bond, Agatha Christie. Artistes préférés? La liste est longue: Picasso, Klimt, Modigliani, Matisse, Egon Schiele. Klimt m'a fait aimer l'art. Parmi les contemporains: Richter, Franz West, Baselitz, tous les artistes de l'Arte Povera. Lucio Fontana pour son intelligence de l'espace. Un musicien Beethoven, ses sonates, ses violons. Un acteur/une actrice Robert de Niro, Al Pacino, Kate Blanchett, Keira Knightley. Et

«Je préfère les bijoux en or simple, comme ce bracelet Love que je me suis offert à moi-même à l’ âge de 16 ou 17 ans».


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Judith Dench, sa voix me touche. Un artiste avec qui vous auriez aimé travailler Avec Picasso, une muse, une assistante, n'importe quoi près de Picasso. Ses femmes ont souffert mais elles sont entrées avec lui dans l'immortalité. Un ou une créatrice de mode Coco Chanel, Alaïa, Pheobe Philo. Une pièce que vous ne jetterez jamais Une vieille robe de Tom Ford quand il était chez Gucci. Une robe de longueur trois quarts, imprimée léopard. Vacances idéales A la mer, sur une plage de la côte italienne ou au sud de la France. J'adore le chant des cigales et des criquets, ça me grise. Contre le stress? La compagnie d'une amie. Parler, se promener, visiter des librairies, des bibliothèques. Visiter des expos aussi, comme celle de Richter à la fondation Beyeler, près de Bâle. Allergie? A la médiocrité, au mensonge, à la paresse de tout ordre. Spécialité culinaire Toute la cuisine orientale et méditerranéenne à l'huile d'olive. Et le riz au poulet à l'orientale. Plus beau compliment reçu Sur mon naturel et mon sens de l'amitié. Votre livre de chevet? Tout Agatha Christie, la Dame aux Camélias, des dictionnaires et livres d'art. Un bijou Mon bracelet Love que je me suis offert à 17 ans. Je l'aime pour ce qu'il représente, pour son message. Un héros/une héroïne Ma mère. Une mère incroyable. Une femme avec un cœur immense. Un lieu que vous aimez Mon appart à Paris, sur l'Ile Saint Louis, pour sa vue sur la Seine, et ses très belles ondes.

PHOTO Adrien MillOT.

Une rue Mon quartier entre le quai de Béthune et la rue des Deux Ponts. Un restaurant Chez Sami à Jbeil, Stresa à Paris, Art Club et Loulou's à Londres. Dans vingt ans ? Je ne réfléchis pas. Je vis le moment.


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BEAUTÉ

Égérie du parfum J’Adore de Dior depuis dix ans, Charlize Theron est l’héroïne du nouveau film publicitaire de la maison, réalisé par Jean-Baptiste Mondino. La comédienne sud-africaine, de passage à Paris, dévoile à “L’Officiel” ses secrets de beauté. PAR MARION RENARD

ON L’ADORE “C’est vraiment super, dix ans plus tard, de voir l’évolution de mon personnage, et c’est plus facile de faire ça avec quelqu’un qui est là depuis le début comme JeanBaptiste Mondino (c’est leur troisième film ensemble, ndlr). Et au-delà de ça, c’est un génie poétique et visuel, et quelqu’un qui va toujours plus loin… Quand on a commencé, il y avait cette notion de présenter une femme du monde, quelqu’un d’un peu agressif. Je ne connais pas beaucoup de maisons de mode qui seraient d’accord avec l’idée d’arracher ses bijoux très coûteux, jeter sa robe couture par terre et la piétiner… Et je pense que toute la publicité était une métaphore sur le fait de ne garder que l’essentiel et que ça a fonctionné parce que c’est authentique et sincère. Et maintenant, on a une femme qui, certes, n’enlève pas sa robe et ne marche pas dessus mais qui a toujours des moments de conflits et ôte violemment son collier de perles. Cette femme est toujours une énigme… La vérité ? Dans le prochain film, qui sait !” MA PEAU

“Je ne me pose même plus de questions quand il s’agit de mon visage : écran total par temps ensoleillé ou gris, et je varie les indices selon la saison.” MON MAKE-UP

“Je suis complètement obsédée par mon recourbe-cils, je ne peux pas vivre sans. J’aime aussi avoir un baume pour les lèvres dans mon sac… Mais je ne pense pas que mon maquillage de jour soit si différent de celui du soir quand je sors. Tout dépend de mon humeur. J’aime bien le fait que toi tu portes du rouge à lèvres rouge en pleine journée. Pour moi, il n’y a pas de règles.”

MON BEAUTY FAUX PAS

“Il y en a eu beaucoup ! Mais je me souviens de la période au début des années 1990, pendant l’époque grunge, où tout le monde mettait du crayon à lèvres et j’adorais en mettre tout autour de ma bouche !” MON PARFUM

“J’aime beaucoup les senteurs qui s’éveillent au cours de la journée. Et J’Adore n’a pas la même odeur quand je suis dans les tropiques ou à Los Angeles. Il évoque aussi pour moi des situations où je me suis sentie extrêmement élégante, exceptionnellement belle, que ce soit à une avant-première, pendant une séance photo, lors d’un dîner ou juste en week-end.” MES CHEVEUX

“J’ai décidé de me raser la tête pour le film Mad Max : Fury Road que j’ai tourné en 2012. C’était un soulagement de ne plus avoir à me soucier de mes cheveux. Depuis, je les laisse repousser – ils sont plus épais, plus sains. J’aime vraiment avoir les cheveux courts, je me sens féminine et, avec Enzo, mon coiffeur styliste, on joue sur différents styles.” MON SPORT

“Je fais depuis longtemps de l’ashtanga et du power yoga, mais pas régulièrement. J’adore aussi le spinning (vélo elliptique, ndlr).” MON RÉGIME

“C’est vraiment un équilibre, une balance entre l’alimentation et l’exercice, et comme tout dans la vie, parfois on a plus de discipline pour une chose que pour une autre. Je m’intéresse beaucoup à la nourriture, je ne me prive pas et ce n’est pas difficile pour moi de manger sainement. J’aime les bons produits, les bons légumes, les poissons

de bonne qualité. Mais aussi manger des hamburgers de temps en temps comme tout le monde !” MON SPA

“Le Beverly Hot Springs, un super spa coréen à Los Angeles, qui est très beau, avec de très bonnes masseuses. J’y fais souvent des gommages. Mais je ne me chouchoute pas assez quand je suis chez moi, je l’avoue. J’ai quand même un physiothérapeute qui s’occupe de moi…” MA DETOX

“Du thé vert ou rooibos, pour leurs vertus détoxifiantes.” MON JET-LAG

“C’est toujours dur, et de plus en plus difficile avec l’âge. C’est là qu’on réalise que dormir devient essentiel.”

PHOTO CHRISTIAN DIOR PARFUMS, KARIM SADLI POUR CHRISTIAN DIOR PARFUMS

MON HÉROÏNE


SES ESSENTIELS BEAUTÉ

Soins : le soin Capture Totale Dreamskin et la crème visage protectrice sublimante Dior Bronze SPF 30 de Dior, et le baume à lèvres Crème de la Mer. Make-up : les rouges à lèvres Rouge Dior Nude charnelle N° 459 et Brun Samarcande N° 434, le mascara Diorshow Iconic Overcurl Over Noir N° 090, l’Art Pen Diorshow Podium N° 095 et la Palette 5 Couleurs Montaigne N° 646. Cheveux : le shampoing Bain Chroma Riche, de la gamme Réflection, de Kérastase. Parfum : J’Adore de Dior.

PHOTO CHRISTIAN DIOR PARFUMS, KARIM SADLI POUR CHRISTIAN DIOR PARFUMS

Spa : Beverly Hot Springs à Los Angeles (www. beverlyhotsprings. com).


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BEAUTÉ

Pour la nouvelle saison, on adopte paillettes et strass, fin d’année oblige. Les lèvres arborent des couleurs sombres mais vibrantes pour une brillance extrême. Les cils s’allongent pour accentuer le regard souligné par une invasion de noir, de l’ombre à l’eyeliner. Le teint est nude et clair pour un effet lumineux. Pas de doute, le baiser sous le gui sera intense. Cet hiver, on se fait plaisir avec ces produits coup de cœur.

BEAUTÉ HIVERNALE Par STÉPHANIE NAKHLÉ Réalisation MINJA EL-HAGE Photographie RAYA FARHAT


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1. Sac, Loro piana. 2. Bougie, Baies, Diptyque. 3. Shampooing clarifiant à la camomille et au bleuet, Christophe robin. 4. Cendrier, GEORG JENSEN. 5. Masque revitalisant intensif, La mer. 6. Teint idole ultra 24h, LanCÔme. 7. Mascara, CLarins. 8. Vernis palais royal 403, Dior. 9. Poudre, camélia de plumes, ChaneL.


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1. Vernis, Phenix 687, ChaneL. 2. Coupe de champagne, Lsa. 3. Crème satin revitalisante, Dior Prestige, Dior. 4. Ombre mate 01 nude beige et 02 nude pink, CLarins. 5. Gloss volupte, 1 or, yves saint Laurent. 6. Le grand sérum, bioLogique reCherChe. 7. Le sérum, l’or de vie, Dior.


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1. Crème pour le visage re-nutriv, estÉe LauDer. 2. Les 5 ombres de Chanel, ChaneL. 3. Absolue, LanCÔme. 4. llusion d’ombre, ChaneL. 5. Boucles d’oreilles, Jenny paCkham. 6. Vernis, tom forD. 7. Sérum pour la nuit, estÉe LauDer. 8. Couture palette, yves saint Laurent. 9. Sac, marni.


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Leur habit rime avec nuit et ils puisent leur énergie dans des senteurs “noires” comme la vanille, le café, le cassis ou le cuir. Des parfums de soir chic et magiques. PAR ANTIGONE SCHILLING PHOTOGRAPHIE STUDIO L’ÉTIQUETTE

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NOTTE. Aux portes de l’Orient, la Sérénissime, tant aimée de Gabrielle Chanel, est la source d’inspiration de Coco Noir. Pas d’égérie, mais une opulence digne de Venise avec le mystère du noir magnifié d’or. Le bel oriental se déguste avec volupté et désormais en extrait. Extrait Coco Noir (15 ml), Chanel. COGNAC. Né Hennessy, Kilian a grandi auprès des effluves de cognac. Inspiré par la part des anges, il écrit une œuvre au noir parfumé. L’esprit d’un tabac psychédélique flotte sur Smoke for the Soul, sombre et narcotique. À consommer sans modération et sans fumée. Eau de parfum Smoke for the Soul (100 ml), Kilian.

CAFÉ. Un ingrédient à haute dose avec lequel Black Opium réveille le petit matin blême d’une touche de gourmandise. What else pour un jour transgressif ? Ou une folle nuit dans les pas d’Edie Campbell… Eau de parfum Black Opium (50 ml), Yves Saint Laurent.


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TABAC. Inspiré par une tabatière chinoise, Narciso Rodriguez a voulu un flacon entièrement laqué de noir à l’intérieur ; une prouesse technique. For Her joue aussi le geste avec une poire pour l’esprit vintage. Égérie, Carmen Kaas incarne avec la même photo (et cette coiffure tressée mythique) le parfum depuis plus de dix ans… Eau de toilette For Her (75 ml), Narciso Rodriguez.

VANILLE-CASSIS. Une nouvelle technique de capture d’odeur a été utilisée pour le cassis et la vanille, composants “noirs” du Si d’Armani. À cette version intense, encore plus sensuelle, Cate Blanchett, égérie, ne peut dire que oui. À la vie, à l’amour et surtout à la volupté… Eau de parfum Si Intense (50 ml), Armani. CUIR. Mother Monster a choisi un parfum pour plaire à ses little monsters, filles et garçons. Une eau pour en devenir gaga et tendance “bi”. Rock et noir comme un blouson, le cuir évoque la part sombre. Hermaphrodite, la violette blanche pourra, elle, plaire au masculin et au féminin ! Eau de toilette Eau de Gaga (50 ml), Lady Gaga.


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Au-delà de la petite phrase de Marilyn, le N° 5 de Chanel demeure un coup de maître. Son secret ? Les aldéhydes, puissants composants de synthèse. Mariés à des fleurs, ils “explosent”, amplifient la diffusion. Dans ce sillage, s’est construite une belle lignée de floraux aldéhydés… Par Antigone Schilling

happy

m é ta l N° 5

(Chanel, 1921) Sa composition autour d’un bouquet floral de rose et jasmin est boostée par une utilisation novatrice d’aldéhydes pour lui “donner du montant”. La révolution d’une parfumerie “abstraite”…

(Lanvin, 1927) Histoire d’amour filial, Arpège compose la musique d’un bouquet de jasmin, ylang-ylang, tubéreuse, muguet… Une chanson douce. ma griffe

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(Carven, 1946)

(Givenchy, 1957)

Madame Carven voulait un parfum de jasmin, sa composition chyprée se révèle vive, très verte, avec aldéhydes en tête.

Parfum “caché” d’Audrey Hepburn, L’Interdit devient public sous ce nom. Un grand floral aldéhydé épicé sur cœur rose et jasmin, et fond santal, ambre et encens.

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(Rochas, 1960)

(Hermès, 1961)

Hélène Rochas choisit “son” parfum avec des aldéhydes “pour rendre la tête fraîche et agréable”, dit Jean-Michel Duriez (aujourd’hui nez Rochas).

Le nom s’avance élégamment. Une vive fraîcheur agrume amplifiée par des aldéhydes en écho sur cœur floral et fond boisé.

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(Dolce & Gabbana, 1992) Le premier parfum féminin du duo, un floral aldéhydé tout en contraste, entre puissance et douceur.

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(Guerlain, 1929) Esclave dans Turandot de Puccini, Liu, en parfum, résonne comme un coup de cymbale, imposant en tête les aldéhydes sur cœur fleuri et fond vanille.

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(Paco Rabanne, 1969) Une évidence pour le couturier. Les aldéhydes et leur côté métallique font vrombir Calandre, une rose métallique sur fond boisé. rive gauche

(Estée Lauder, 1978)

(Yves Saint Laurent, 1970)

L’impression délicieuse d’un déjeuner sur l’herbe, la pureté d’un renouveau champêtre. Une tête aldéhydée posée nonchalamment sur fleurs blanches et un intrigant “lotus bleu et or”.

Floral aldéhydé, Rive Gauche est un parfum d’audace. Puissants en tête, les aldéhydes se posent sur cœur rose et jasmin au fond mousse. Un parfum (d)étonnant.

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(Serge Lutens, 2009)

(Byredo, 2009)

Quand Serge Lutens plonge vers L’Eau, il oublie l’Orient et ses opulences, il imagine un antiparfum avec une odeur de propre.

L’idée d’une couleur, la plus pure pour un parfum d’“innocence” sur une idée de transparence. Fraîcheur aldéhyde sur fond boisé musqué.

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Egérie des couturiers libanais, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre ses études en architecture et de donner des cours de yoga, Zena Farhat est, à 23 ans, l'un des mannequins les plus sollicités de Beyrouth. Elle nous livre ses astuces beauté et quelques confidences.

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Par StÉPhanie nakhlÉ


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Quels sont les produits dont vous ne pourriez pas vous passer? Je n'utilise que des produits médicaux que j'achète en pharmacie: l'huile nettoyante A-Derma et les lotions et crèmes Tecnoskin qui préservent la fraicheur de la peau tout au long de la journée. J'adore aussi appliquer sur mon visage des produits naturels et gourmands, lait, miel, toutes sortes de fruits. Votre parfum fétiche? Coco Mademoiselle de Chanel Votre routine beauté? C'est simple et rapide. Je me lave le visage, j'applique une lotion tonique suivie d'une crème hydratante et d'une protection solaire. Je me maquille rarement. Quelle est la partie de votre visage ou de votre corps que vous trouvez la plus avantageuse? Peut-être mon cou et la forme de mes yeux que je dois à mes gènes slaves (ma mère est Russe). Quelle est la tendance beauté que vous n'adopterez pas? Le maquillage outrancier. Je ne comprends pas les femmes qui en font des

tonnes pour un simple déjeuner au restaurant. Tant d'efforts inutiles pour s'enlaidir et cacher sa beauté naturelle, c'est quoi, le concept? Quels sont les meilleurs conseils beauté que vous avez retenus de votre expérience de mannequin? Mes cheveux sont toujours malmenés pour les besoins des shoots. Tantôt courts, tantôt longs, tiraillés, colorés, décolorés et même rasés! La meilleure recette pour les garder en bonne santé, c'est l'huile de ricin toute bête et qu'on trouve dans toutes les pharmacies. Pour le maquillage, j'ai appris avec un spécialiste de chez Estée Lauder comment mettre en valeur mon visage en utilisant un minimum de produits. 5 confidences sur une vie de mannequin

Comment vous faites pour garder la ligne et rester en forme ? Pour garder la ligne et rester en forme, je comptabilise les vitamines plutôt que les calories. J'ai un rapport serein avec la nourriture, je ne me prive de rien, mais j'ai la chance de n'aimer ni les fritures ni les sucreries. Et surtout, je pratique le yoga au quotidien et je donne des cours quatre à

cinq fois par semaine. A quel moment vous considérerez-vous à l'apogée de votre carrière ? Dans ma ligne de mire, aujourd'hui, il y a avant tout mon diplôme d'architecte. Quand je l'aurai obtenu, j'aurai le sentiment d'avoir franchi une étape, accompli quelque chose. Mais je poursuis avec la même assiduité mes cours de yoga et ma carrière de mannequin. Quels sont vos destinations de rêve ? Mes destinations de rêve sont contradictoires: Dharamsala en Inde, pour méditer, et New York pour son dynamisme et parce que c'est une capitale incontournable pour l'architecture et la mode. Vos icônes? J'aime les icônes du temps passé, les stars de cinéma des années glamour. Plus près de nous, j'admire Sharon Stone pour sa force de caractère et son style exceptionnel. Vos adresses fétiches à Beyrouth ? A Beyrouth, j'aime me poser au Balima pour un café et faire mon shopping aux Souks. Sinon, rien au monde n'est comparable à la terrasse de ma maison à Bchamoun où je retrouve calme et sérénité.


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LeS DormeuSeS

Or blanc et diamants composent ces boucles d’oreilles à l’élégance intemporelle. Pour belles de jour. 1. Boucles d’oreilles dormeuses en or rose serties de diamants, George Hakim 2. Boucles d’oreilles dormeuses “Belle” en platine, 2 diamants taille brillant, chacun avec diamants micropavés, Harry Winston. 3. Boucles d’oreilles “diva“ en or serties de diamants, Bulgari 4. Une ravissante paire de boucles d’oreilles en diamant et or blanc, George Hakim. 5. Boucles d’oreilles “Love” en or gris, 18 carats pavées de 76 diamants, motifs vis, petit anneau orné de 4 diamants et grand anneau orné de 6 diamants. Cartier 6. Boucles d’oreilles haute joaillerie en or blanc serties de diamants blancs et diamants baguette, De Grisogono, en vente chez Sylvie Saliba 7. Limelight Jazz Party Boucles d’oreilles18 carats en or blanc, serties de 440 brilliant, Piaget en vente chez Cadrans 8. Boucles d’oreilles “Monogram Forever” en or gris et diamants, Louis Vuitton. 9. Boucles d’oreilles haute joaillerie en or blanc serties de diamants, Yvan Tufenkjian.

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réalisation EMILY MINCHELLA, STÉPHANIE MISSIRIAN


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Chez Tufenkjian, on n’a jamais fait dans la demi-mesure: l’abondance a toujours été la principale caractéristique de cette enseigne de bijoux. Yvan Tufenkjian ne déroge pas à cette tradition, mais depuis qu’il est installé sous son propre label, il a choisi l’exclusivité et s’affirme avec des créations uniques. PAR STÉPHANIE NAKHLÉ

YVAN LE SENSIBLE Longtemps l’enseigne Tufenkjian Frères a été considérée comme le “supermarché” du bijou, en raison de la profusion de l’offre. Suivez-vous toujours cette politique? Yvan Tufenkjian: ‘‘Dans une époque dominée par la production de masse et les marques internationales, nous nous attachons à créer des bijoux exclusifs. Notre but est de construire l’image d’une marque ayant de la personnalité et de l’attitude. Le fait d’avoir notre propre signature nous a poussés à faire bouger les lignes de la créativité et de l’inspiration artistique. Pour être honnête, je n’aime pas l’approche “commerciale”. Par conséquent, je peux dire que nous avons tourné le dos à l’esprit “supermarché” en offrant des designs exclusifs et sophistiqués. Cependant, notre offre reste très variée, mais sans concession quant au luxe et à l’exclusivité. Nous ne faisons pas dans la quantité mais dans la qualité. Proposer du vrai luxe à nos clients est au coeur de notre philosophie. Nous utilisons des diamants et des gemmes colorés de haute qualité dans toute notre production. Qu’il s’agisse de parures exclusives, de la ligne mariage ou de la collection boutique moins classique, nos clients savent que chaque pièce est un chef-d’œuvre de savoir-faire artisanal.’’ Qu’est-ce qui distingue la marque “Yvan Tufenkjian”? ‘‘Les gens ont tendance, en général, à acheter ce qu’ils voient dans les magazines, les journaux ou les vitrines. Mais nous nous adressons aussi à une catégorie de personnes saturées qui n’ont aucune envie de posséder la même chose que tout le monde. Chez Yvan Tufenkjian, nous nous efforçons d’offrir des pièces exceptionnelles avec un design très

contemporain. C’est la raison pour laquelle nous tenons à ce que chaque bijou ait sa propre identité. Ma formation de maître artisan me permet d’avoir ma propre approche du bijou, à la fois artistique et conceptuelle, loin du bijou traditionnel dont elle offre une interprétation moderne.’’ En tant que créateur, de quoi est fait votre univers? ‘‘Toutes les formes d’art m’inspirent. Je suis un collectionneur d’art contemporain et j’aime être entouré d’œuvres d’art. J’adore visiter les expositions où je peux rencontrer les artistes et discuter avec eux de leur travail. La peinture et la sculpture m’inspirent particulièrement. L’art m’aide à me remettre en question de manière à pousser mes propres limites et rompre mes habitudes. J’essaye de m’isoler avec mon inspiration. C’est à partir de là que je dessine mon propre univers. Cela stimule ma créativité. Je traite mes bijoux comme des sculptures, sans perdre de vue le respect des règles de l’art. En fait, je trouve mon inspiration dans des domaines très différents, l’important pour moi étant de tomber amoureux d’une idée. On retrouve ma passion pour la nature et le plaisir dans toutes mes créations. J’aime tout ce qui me fait rêver.’’ Comment définir votre nouvelle collection? Ma nouvelle collection ne reflète pas un style particulier mais une linéarité. Nous partons d’un design qui doit durer et pouvoir se renouveler. Chaque pièce se distingue par son excellence, fruit de notre expérience et de notre exigence de qualité. Pour résumer, je pourrais définir nos collections comme uniques, innovantes et avant-gardistes.

A qui s’adresse-t-elle? Notre public cible est sans aucun doute incarné par une femme raffinée, amoureuse de tout ce qui est beau et sophistiqué et pas du tout attirée par les tendances mainstream. Elle est créative, soucieuse de se distinguer et de créer son propre style. Une femme classique et moderne à la fois, qui souhaite le meilleur pour elle-même et pour marquer les moments les plus heureux de sa vie. Grace à notre politique d’expansion et à l’introduction dans nos collections de lignes boutique et fashion, nous sommes en train d’attirer une nouvelle clientèle de femmes très stylées qui souhaitent des pièces luxueuses et exclusives. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut dépenser des fortunes pour cela. Quels sont vos projets pour les cinq prochaines années? A présent que nos bases et notre style sont bien définis et nos premières collections livrées, la marque Yvan Tufenkjian peut se concentrer sur son développement. La prochaine étape consistera à assurer la présence de notre label sur le marché des Emirats et aux USA, à participer aux salons internationaux et à nous attacher la collaboration de célébrités.Mais la croissance est surtout le résultat d’une très forte identité. Nous nous attelons vraiment à créer des collections fortes, à leur assurer une vaste couverture médiatique pour fidéliser de plus en plus de clients. Notre objectif est de rendre Yvan Tufenkjian le plus visible possible et donner une résonance de plus en plus puissante à notre label. Nous oeuvrons aussi à assurer la meilleure qualité de services à la clientèle. Restez à l’écoute d’Yvan Tufenkjian, nous n’avons pas fini de vous surprendre!


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touRS PRéCieux Les ors s’additionnent, les diamants se mettent en rangs, se parent de couleurs… L’élégance à portée de main.

1. Bague double en or blanc pavée de diamants noirs et diamants blancs, AS29 chez Sylvie Saliba. 2. Bague “Impression domino” en or rose et motif diamants, Dinh Van chez Sylvie Saliba. 3. Bague Possession or blanc 18 carats, sertie de 112 brilliants, Piaget chez Cadrans. 4. Bague Attrape-moi… si tu m’aimes or blanc18 carats plaqué rhodium, diamants et tourmaline bleue taille poire, Chaumet chez Cadrans. 5. Bague “Berbère Jodle” en or blanc pavée de diamants, Repossi chez Sylvie Saliba. 6. Bague “Première” en or jaune, Chanel Joaillerie. 7. Bague aigrette Joséphine or blanc, pavée de diamants, Chaumet chez Cadrans. 8. Bague “serpenti” 2 tours en acier et or rose, pavée de diamants, Bulgari. 9. Alliance platine, sertie de diamants, Liens de Chaumet chez Cadrans.

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réalisation EMILY MINCHELLA, STÉPHANIE MISSIRIAN



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Leurs adresses ne s’échangent qu’entre initiés. Ces créatrices inspirées électrisent les amateurs éclairés de bijoux fastueux ou minimalistes, mais surtout singuliers. PAR F.A.D.

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CHRISTINA DEBS

R ANDA TA B BA H

DINA KAMAL

Ses créations viennent de l’enfance, des confiseries et des contes de fées. Depuis sa boutique jaune citron à Achrafieh, ses bijoux déclinés en 42 couleurs de pierres ont pris leur envol pour Paris (galerie BSL) et Los Angeles (Roseark). On parle d’elle dans le WWD et Suzy Menkes lui a consacré une interview dans le New York Times. On tombe en amour de ses Hard Candies, Skin Tattoes, Sunshine, Starlight, Mother nature ou One of.

Descendante d’une famille de bijoutiers, Randa Tabbah en a surpris plus d’un en décidant de faire ce métier traditionnellement (allez savoir pourquoi) réservé aux hommes. Elle surprend davantage encore avec ses collections conceptuelles exposées dans son showroom à Saifi Village. Sa toute nouvelle ligne, “De Fil en Aiguille” puise son inspiration dans l’univers de la couture. Délicatesse et complexité sont au rendez-vous.

Cette architecte est convaincue que le fait d’être libanais vous oblige à regarder les choses de toutes les manières possibles. Sa manière à elle, c’est d’abord chahuter la tradition. Et c’est avec un admirable sens de l’harmonie et des proportions qu’elle revisite la gourmette de papa ou la chevalière de grand-mère pour en faire des chefs-d’œuvre de grâce minimaliste. Sa nouvelle ligne remet au goût du jour, avec de nouvelles proportions, la fameuse chaine d’Alep.

www.christinadebs.com

www.signumrt.com

www.dinakamal.com

1. Double anneau avec diamants blanc,saphirs et or rose 18 carats. 2. Boucles d’oreilles en agate avec diamants et or rose 18 carats. 3. Bracelet cerf de diamants bruns et or rose 18carats. 4. Anneau en agate rouge, diamants bruns et or rose 18 carats.

5. Bracelets manchettes en argent, collection “De fil en aiguille”. 6. Bracelet en argent “Sugar Baby Love” en titane, diamants rose et saphir cabochon. 7. Bracelet “The Big Bang” en titane et diamants.

8. Doubles bagues “Ban Big Ring”. 9. Bagues “Torsade” inspirées de la gourmette.

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Un esprit Art déco inspire les bijoux fantaisie de nos créateurs favoris. Pour des fêtes très Gatsby…

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réalisation LISA JOUVIN, STÉPHANIE MISSIRIAN 13

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1. Boucles d’oreilles Mouawad. 2. Bague Yvan Tufenkjian. 3. Sac serpenti Bulgari 4. Bracelet Fendi. 5. Pendant Amulette de Cartier. 6. Bague Paillettes, Chantecler, Sylvie Saliba. 7. Boucles d’oreilles Lanvin. 8. Bague Dina Kamal. 9. Boucles d’oreilles Ralph Masri. 10. Manchette Chloé. 11. Bague White Noise, Repossi, Sylvie Saliba. 12. Boucles d’oreilles Marni. 13. Bijoux d’oreille Delfina Delettrez. 14. Bague Bulgari. 15. Bague Saint Laurent par Hedi Slimane. 16. Boucles d’oreilles Mouawad. 17. Bague Fendi.


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sign of the times En or rose ou serties de diamants, ces nouveautés horlogères affirment leur élégance intemporelle.

Photographie

CHRISTOPH BOUQUET

Réalisation

EMILY MINCHELLA, STéPHANIE MISSIRIAN De gauche à droite : Breguet Montre “Classique” extra-plate 38 mm en or blanc, mouvement automatique, cadran en or argenté guilloché à la main, chez Cadrans. dior Horlogerie Montre “Dior VIII Montaigne”, boîtier en or rose, lunette sertie de diamants, cadran en nacre sertie de diamants, bracelet en alligator, mouvement à quartz, chez Cadrans. Jaeger-leCoultre Montre “Grande Reverso Automatique Night & Day” en or rose, bracelet en alligator, mouvement mécanique à remontage automatique avec réserve de marche, chez Cadrans. .


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De gauche à droite : Pavonina de glasHutte original Mouvement quartz, boitier et bracelet en or rouge, cadran serti de 114 diamants, etanchéité jusqu à 50M, chez ATAMIAN. Bulgari LVCEA Montre or rose sertie de diamants guCCi Montre “Guccissima” en acier PVD et or rose, cadran brossé soleil.


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De gauche à droite : CHaumet Montre “Khesis” en acier et cristal étoilé noir, cadran serti de diamants, mouvement à quartz, chez Cadrans. Bulgari Montre “Serpenti”, boîtier en acier serti de diamants et couronne surmontée d’une rubellite, bracelet deux tours en acier et céramique sertis de diamants, mouvement à quartz. riCHard mille Montre “Calibre RM 016” en or gris et diamants, couronne en onyx, mouvement squeletté à remontage automatique à réserve de marche chez Cadrans.


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De gauche à droite : Cartier Montre ‘‘Tank Américaine’’ petit modèle en or rose, mouvement à quartz. avenue C mini lily Cluster de Harry Winston Mouvement quartz, boîtier en or rose (18K) sertie de 47 diamants, bracelet en or rose etanche jusqu’à 30 M, chez ATAMIAN louis vuitton Horlogerie Montre “Tambour Evolution Chronographe GMT” en or rose, boîtier en black MMC et en or rose, bracelet en or rose, mouvement automatique.


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De gauche à droite et de haut en bas : Patek PHiliPPe Montre “Aquanaut Luce Mysterious Black”, boîtier serti de diamants, couronne sertie d’un diamant, boucle déployante Aquanaut sertie de diamants, mouvement mécanique à remontage automatique, chez Cadrans. HuBlot Montre “Classic Fusion Titanium Pavé”, boîtier et lunette en titane serti de diamants, bracelet en caoutchouc, mouvement à quartz avec réserve de marche, chez mouaWad. Harry Winston Montre “Ultimate Emerald Signature” en or blanc, boîtier et cadran sertis de diamants, bracelet en satin, mouvement à quartz, chez atamian. CHanel Horlogerie Montre “J12-G10” 33 mm en céramique et acier, lunette sertie de diamants, cadran laqué serti d’index de diamant, bracelet en alligator, passants et boucle en acier serti de diamants, mouvement à quartz, chez Cadrans.

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Co u Ps D ’éC L Ats Entièrement pavés de diamants blancs, ces garde-temps suivent la devise. Quand on aime on ne compte pas.

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RÉALISATION EMILY MINCHELLA, StépHANIE MISSIRIAN 1. Montre “Dentelle de Monogram”, boîte en or gris sertie de diamants, cadran en nacre blanche sertie de diamants, mouvement quartz, Louis Vuitton. 2. Montre “Ladies Automatic Nautilus Haute Joaillerie” en or gris, mouvement mécanique à remontage automatique, entièrement pavée de diamants, sertissage aléatoire, Patek Philippe, chez Cadrans 3. Montre “La D de Dior Précieuse”, mouvement quartz, boîtier, lunette, cadran, couronne et bracelet en or blanc sertis de diamants, Dior Horlogerie, chez Cadrans. 4. Montre “Classic Fusion Automatique” en titane, boîtier, lunette, cadran et bracelet sertis de diamants, 38 mm, mouvement à remontage automatique, réserve de marche 42 heures, Hublot, chez Mouawad. 5. Montre “Emerald Clister” en platine, boîtier et bracelet sertis de diamants tailles brillant, marquise, poire et baguette, mouvement quartz, Harry Winston, chez Atamian. 6. Montre “Première” en or blanc, boîte et fermoir sertis de diamants taille brillant, bracelet chaîne en serti neige de diamants taille brillant, cadran laqué noir, mouvement quartz, Chanel Horlogerie. 7. Montre “Reine de Naples” en or blanc 18 carats, lunette et carrure serties de diamants baguette, cadran en or argenté guilloché à la main, tour d’heures pavé de diamants baguette, bracelet pavé de diamants, mouvement automatique, Breguet, chez Atamian. 8. Montre “Baignoire” minimodèle en or gris, sertie de diamants, Cartier. 9. Montre en platine sertie de diamants et d’un diamant taille poire, mouvement quartz suisse, collection “Lumières d’eau”, Chaumet, chez Cadrans. 10. Montre “Charms M” en or blanc, trois rangs de diamants, bracelet entièrement serti de diamants, Van Cleef & Arpels. 11. Montre “Reverso Cordonnet Duetto” en or gris sertie de diamants, mouvement mécanique à remontage manuel, réserve de marche 40 heures, Jaeger-LeCoultre, chez Cadrans .12. Montre “Haute Joaillerie Bulgari-Bulgari Catene” en or blanc, 31 mm, sertie de diamants tailles rond et baguette, Bulgari.


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À DROITE, UN ENSEMBLE DE BIJOUX SIGNÉS CÉSAR EXPOSÉ À LA GALERIE SORRY WE’RE CLOSED EN 2011. CI-DESSOUS, BOUCLES D’OREILLES EN OR “LE NIL” (1966) DE DOROTHEA TANNING.

L’ART ET LA MATIÈRE

Propriétaire de la galerie Sorry We’re Closed, à Bruxelles, Sébastien Janssen nous fait découvrir l’intense originalité des bijoux conçus et signés par de grands artistes comme Picasso ou César, qu’il collectionne et expose une fois par an.

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a galerie de Sébastien Janssen s’élève au cœur de Bruxelles, rue de la Régence, à distance égale du Palais de justice, de la Grande Synagogue et du Sablon. Elle porte le nom singulier de Sorry We’re Closed, mais aucune vitrine n’est pourtant plus ouverte sur le monde. C’est un cube blanc qui reste visible et éclairé à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Surtout, c’est un lieu de découverte où le propriétaire n’hésite pas à offrir à sa clientèle internationale les objets hors normes qu’elle affectionne. “Le bijou d’artiste, dit-il, c’est quelque chose que j’ai découvert il y a six ans en rencontrant

ma femme (Stéphanie Busuttil-Janssen, ndlr) qui était la compagne de César. Elle portait ces superbes compressions en or qui sont tellement irrésistibles d’abord parce qu’elles sont uniques, ensuite parce que chacune d’entre elles raconte l’histoire de leur propriétaire et en dit beaucoup sur leur personnalité.” Ces bijoux sont nés de commandes particulières provenant de femmes qui apportaient au grand artiste les bijoux de leur grandmère. Tel Vulcain, César transformait alors cet amoncellement de chaînes tordues, de médailles froissées, d’anneaux enchevêtrés en sculptures portables, baroques et brutales, auquel il transmettait une tension singulière,

chargée d’énergie et d’émotions, bien au-delà des canons habituels de la beauté. “J’ai commencé à en acheter – avec toute la difficulté que vous pouvez imaginer car les gens y sont très attachées, continue le galeriste. Quand j’en ai eu quarante, j’ai décidé d’en faire une exposition : il n’y avait pas eu d’expositions liées à ces compressions depuis trente ans.” Si César fut le déclic, Sébastien Janssen élargit vite le cercle de sa recherche et fut subjugué par ses découvertes. “Pour la naissance de mon fils, qui a maintenant 5 ans, j’ai mis la main sur un médaillon de Picasso. Stéphanie me dit alors : ‘C’est incroyable, la manière dont c’est fait, cet or, cette technique, on croirait voir un bijou

PHOTOS YANN DELACOUR, PHILIPPE D., DR

PAR HERVÉ DEWINTRE


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de Max Ernst.’ Nos recherches nous menèrent alors vers les ateliers de François Hugo.” Né en Italie, l’arrière-petit-fils de Victor Hugo mena une brillante carrière d’orfèvre. Ingénieur de métier, il s’essaya en de multiples domaines avant de trouver une première voie dans l’orfèvrerie religieuse. On lui doit une extraordinaire collection de boutons qu’il fabriqua pour les grands couturiers de son temps, Worth, Dior, Rochas, Schiaparelli. De grands artistes comme Pablo Picasso, Max Ernst, Jean Arp, Jean Cocteau, Dorothea Tanning l’honoraient de leur amitié : de fil en aiguille, ils lui demandèrent de fabriquer leurs bijoux. Si François Hugo n’avait jamais prévu de devenir un jour l’orfèvre des artistes, il fut pour eux un créateur de joyaux aussi sublimes que rares, transposant leurs dessins, leurs plâtres et leurs plombs en œuvres d’art exécutées en métal noble. Par bonheur, il transmit l’amour de son métier à son fils Pierre, qui vit à Aix-en-Provence. “Nous avons contacté Pierre Hugo, qui a appris la bijouterie et l’orfèvrerie dans les ateliers de son père après ses études au Royal College of Art de Londres. Nous l’avons convaincu de rassembler les bijoux qu’il avait en sa possession et de faire une exposition à Londres. L’engouement des clientes, toutes jeunes, fut total. Il accueillit donc avec enthousiasme la proposition suivante : une collaboration avec l’artiste suisse Ugo Rondinone.” Les sept masques en or qu’ils ont créés ensemble ont nécessité deux ans de mise au point entre New York, Bruxelles et Aix-en-Provence. “Je suis extrêmement fier du résultat”, admet le galeriste devenu éditeur pour l’occasion.“J’ai été alors frappé de voir à quel point, même s’il y a des collectionneuses éminentes comme Diane Venet ou encore Clo Fleiss, une nouvelle génération de femmes entre 25 et 50 ans, venues du monde entier, s’enflamme pour les bijoux d’artistes qu’elles découvrent souvent pour la première fois par le biais

CI-DESSUS, UN COLLIER DE CLAUDE LÉVÊQUE. EN HAUT À DROITE, UN PENDENTIF DE PABLO REINOSO. CI-CONTRE, UNE COMPRESSION DE BIJOUX DE CÉSAR. CI-DESSOUS À DROITE, SÉBASTIEN

JANSSEN DANS SA GALERIE. EN BAS À GAUCHE, PENDENTIF EN OR “TUESDAY” D’UGO RONDINONE. EN BAS À DROITE, PENDENTIF EN OR “TÊTE GÉOMÉTRIQUE” DE PABLO PICASSO.

de l’art contemporain.” Beaucoup sont américaines. “César, par exemple, n’est pas connu aux États-Unis. Un de mes clients voulut un jour m’acheter une compression pour sa femme, Amalia Dayan, la petite-fille de Moshe Dayan. Sa galerie Luxembourg & Dayan est une institution de l’Upper East Side. Elle fut tellement subjuguée par ce travail de la matière qu’elle est devenue depuis la galerie de César au États-Unis.” Ironie du sort, cette exposition se déroula à quelques pas de la Galerie Saidenberg, où César présenta ses œuvres en 1961. C’est donc par le biais du bijou que la gloire de l’artiste s’est propagée sur le continent américain pour la première fois depuis cinquante ans. Reste à savoir si les New-Yorkaises ont mis à profit le conseil de Françoise Giroud qui, avec beaucoup d’esprit, n’hésitait pas à déclarer : “Quand passe à votre portée un bijou de César, si vous ne pouvez pas l’acheter, volez-le.” Sorry We’re Closed, rue de la Régence, 65A, 100 Bruxelles (sur RDV), tél. +32 478 35 42 13. www.sorrywereclosed.com

ÉDITEURS ET MARCHANDS CO N S E I L L É S PA R SÉBASTIEN JANSSEN La galerie Minimasterpiece Créée par Esther de Beaucé, elle présente des bijoux de Lee Ufan, Claude Lévêque, Frank Stella et François Morellet. 16, rue des Saints-Pères, Paris 7e. www.galerieminimasterpiece.com Louisa Guinness Elle collectionne et vend dans sa galerie de Mayfair les bijoux de Claude Lalanne, Antony Gormley, Anish Kapoor, Damien Hirst ou encore Alexander Calder. 45 Conduit Street, Mayfair, London W1S 2YN. www.louisaguinnessgallery.com Didier Antiques Depuis 2006, Didier et Martine Haspeslagh sont les plus grands spécialistes des bijoux d’artistes d’après-guerre. 66b Kensington Church Street, London W8 4BY. www.didierltd.com


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François Curiel est le brillant directeur international du département joaillerie de Christie’s. Il nous dit tout sur les parures de l’élite et délivre de précieux conseils aux futurs acheteurs. PAR HERVÉ DEWINTRE

L’ART DU COLLECTIONNEUR À GAUCHE, PENDANTS D’OREILLES EN PLATINE, TITANE, DIAMANTS, GRENATS TSAVORITES ET PERLES DE SEMENCES, CARNET. VENDUS AUX ENCHÈRES PAR CHRISTIE’S HONG KONG EN NOVEMBRE 2013 POUR 275 000 $ HONG KONG.

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rançois Curiel accompagne depuis plus de quatre décennies la destinée de Christie’s dont il est actuellement le président pour l’Asie et le directeur international du département joaillerie. Son efficacité et sa discrétion lui ont assuré la confiance et l’admiration des grands de ce monde, de la princesse Aga Khan à Lily Safra en passant par Ellen Barkin. Son exigence, sa loyauté, sa courtoisie et son fair-play ont parachevé sa réputation de parangon de l’élégance. Il nous explique les courants qui dominent et excitent actuellement la curiosité de l’élite et prend soin également de donner de bons conseils aux néophytes. “Il y a un certain chic aujourd’hui à porter un bijou difficile à trouver”, explique François Curiel. “Celuici pourra provenir de chez Viren Bhagat dans sa petite boutique à Bombay, celui-là aura été déniché chez Carnet à Hong Kong, tel autre sera acheté chez JAR à Paris où le client aura réussi à se faire accepter. Et pour obtenir l’un des spectaculaires bijoux de Cindy Chao, il faudra se rendre à Taipei.

Cette véritable chasse à l’objet ajoute un frisson, un supplément d’âme, vous rend différent. D’abord, c’est plus difficile : ces nouvelles destinations il faut les connaître. Toutes ne sont pas forcément lointaines d’ailleurs. Ainsi, en plein cœur de Paris, l’adresse de Harumi Klossowska de Rola, la fille de Balthus, ne s’échange qu’entre amateurs éclairés ; Sergio Nardi, en Italie, n’a qu’une seule boutique ; James de Givenchy, à New York, est également très prisé. Les grandes maisons, qui ont des boutiques partout, ont bien compris cette philosophie puisqu’elles sortent désormais au mois de juillet, pendant la semaine de la haute couture, des collections ne comprenant que des pièces uniques. Plus que jamais, à l’heure du marketing global, il s’agit d’avoir un bijou que personne d’autre ne peut avoir.” Concernant la valeur intrinsèque des bijoux, François Curiel adopte une formule claire. “Le coût d’une pierre, on le sait tous, est déterminé par ce qu’on appelle les 4 C (voir encadré, ndlr). J’ajouterai un cinquième paramètre : la provenance. Si une pierre a appartenu à Elizabeth Taylor, par exemple, ou

PHOTOS CHRISTIE’S IMAGES LTD 2014, CAFRTIER

CI-DESSOUS, MONTREBRACELET “LUDO HEXAGONE” EN OR ET AQUAMARINE, VAN CLEEF & ARPELS VERS 1940. MISE AUX ENCHÈRES PAR CHRISTIE’S NEW YORK EN OCTOBRE 2014, PRIX ESTIMÉ : 40 000 $ .


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LA RÈGLE DES 4 C

Chef gemmologiste de Tiffany & Co., Melvyn Kirtley nous détaille les impératifs à maîtriser avant d’envisager l’achat d’un diamant. BROCHE CAMÉLIA PAVÉE DE RUBIS, JAR. ISSUE DE LA COLLECTION DE LILY SAFRA VENDU AUX ENCHÈRES POUR L’ASSOCIATION JEWELS FOR HOPE PAR CHRISTIE’S GENÈVE POUR 400 300 F RANCS SUISSES.

PHOTOS CHRISTIE’S IMAGES LTD 2014, CAFRTIER

CUT, LA TAILLE

“C’est peut-être le paramètre le plus important car il conditionne la beauté visuelle du diamant. Une pierre mal taillée semblera moins volumineuse et moins éclatante.”

COLLIER PENDENTIF EN PLATINE, DIAMANTS ET PERLES, BHAGAT. VENDU AUX ENCHÈRES PAR CHRISTIE’S NEW YORK EN 2007 POUR 958 400 $ .

si elle a une histoire qui rejoint la grande Histoire, cela ne peut que soutenir et fortifier sa valeur.” Des données à scruter scrupuleusement avant chaque acte d’achat. “Tout collectionneur garde toujours en tête qu’il se constitue là un patrimoine plus aisément transportable qu’un tableau, qu’une maison, qu’une action ou une obligation dans un monde devenu incertain. C’est d’ailleurs une tendance qui se perd dans la nuit des siècles : déjà pendant la révolution française, la duchesse du Barry avait pris soin de confier ses bijoux à Christie’s en Angleterre.” Mais si l’érudit directeur aime François Curiel à rappeler le lien de confiance historique qui existe entre la célèbre maison de ventes avec les grands de ce monde, il insiste également avec force sur le plaisir qui est le sien de voir émerger une nouvelle génération d’acheteurs férus de bijoux originaux. Pour ceux-là, il adresse les conseils suivants : “Prenez votre temps et allez

CARAT, LE POIDS

“Si ce facteur est le plus connu, il ne détermine pas à lui seul, loin de là, la valeur d’une pierre.”

CLARITY, LA PURETÉ

dans les salles d’exposition des ventes aux enchères, car c’est la manière la plus efficace et la plus rapide pour apprendre. Vous regardez en toute tranquillité, vous consultez les catalogues, vous écoutez les conversations aux alentours, vous voyez un bijou dans une vitrine et vous pouvez alors questionner un expert à l’envie. Surtout, n’achetez rien lors de votre première vente et même lors de la deuxième : comparez les estimations des spécialistes avec le prix de vente définitif. Celui-ci est parti à 10 000 euros alors qu’il était estimé 12 000. Celui-là est parti à 18 000 alors qu’il était estimé à 13 000. Pourquoi cette différence ? Au-delà de la seule notion de carats, vous comprenez alors l’importance d’une taille qui va diminuer ou augmenter l’impact visuel de la pierre, d’une couleur qui sera plus ou moins pertinente et recherchée. Toutes ces astuces vous poussent à faire vos devoirs à la maison avant d’acheter.” Quitte à acheter ensuite sur le net…

“Les impuretés microscopiques contenues dans le diamant se nomment les inclusions. Nous vous recommandons de n’acheter que les diamants IF (pas d’inclusions) et VVS1 (très peu d’inclusions).” COLOR, LA COULEUR

“Un beau diamant blanc doit être absolument sans couleur (D, E ou F). Les diamants légèrement teintés sont jugés moins intéressants surtout si la teinte est imprécise. Un diamant de couleur se doit d’être clairement ‘ fancy’.” EN HAUT, DIAMANT COULEUR D, PIERRE DE CENTRE DU COLLIER “PUR ABSOLU”, COLLECTION “CARTIER ROYAL”, CARTIER.


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BIJOUX

SÉLIM MOUZANNAR SÉRIEUSEMENT POUR UNE FOIS Chouchou des rédactrices de mode, Sélim Mouzannar est tout sauf présentable: impossible de le présenter. Boule d’énergie et de joie de vivre, ce bijoutier célébré sur la scène internationale déborde du cadre, floute la photo, donne le vertige. Le bijou n’est pour lui qu’un prétexte pour vous entrainer dans les méandres de l’histoire, vous enrôler dans son combat pour la paix, vous emporter dans des voyages extrêmes, dans le sillon fou de son ski nautique ou à bord de sa Vespa pour une traversée de Beyrouth, sa ville, sa muse, sa passion.

L

e fait d’être né dans une dynastie de bijoutiers, entouré d’or, de gemmes et de contraintes, aurait pu lui ôter de manière définitive le gout de reprendre la flamme. «Enfant, je n’avais presque pas de vacances. Dans ces entreprises familiales, tout le monde doit mettre la main à la pâte. Je faisais le sauteruisseau pour mon père», bougonne Sélim Mouzannar. Il se réconcilie heureusement avec son destin, et après des études de

gestion et une formation en gemmologie à Paris, il est happé par un éminent bijoutier du Moyen Orient qui lui confie un poste de responsabilité à Riyad. Il n’a alors que 21 ans. Engagé pour six mois, il reste quatre ans en Arabie Saoudite, dont plus de deux à la tête d’un atelier où travaillent quinze artisans thaïlandais. Ce qui le conduit en Thaïlande, avec un ami géologue, à la frontière cambodgienne où il mène, hébergé dans un monastère, la vie d’un

chercheur de rubis. « Nous étions entourés de montagnes pas très hautes, d’un vert incroyablement dense. On baignait dans une béatitude. La nourriture était abondante, la nature généreuse. On braquait des jets d’eau sur la roche sablonneuse et elle crachait ses rubis qu’on recueillait en tamisant la boue. Manger à sa faim, vivre dans cette paix, permet de relativiser l’importance de la pierre». Mais une expérience inquiétante va provoquer un

PHOTOS Dr

par F.A.D.


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tournant dans la vie de Sélim Mouzannar. «Nous avons été arrêtés par les Khmers. On était encore sous Pol Pot. C’est de cette époque que date mon combat pour la non-violence. J’ai d’ailleurs créé avec mon beau-frère Chibli Mallat une ONG, Right to Non Violence, qui prépare entre autres des cadres juridiques pour l’après printemps arabe». Un prénom

La famille Mouzannar, établie à Damas au 19e siècle, entretenait des relations étroites avec le gouvernement de l’Empire ottoman dont elle frappait la monnaie. Le massacre de 1860 conduit ces commerçants à Beyrouth où ils trouvent refuge dans les anciennes écuries de l’armée turque, au cœur de ce qui deviendra le centre-ville. C’est là qu’ils rouvrent leurs ateliers et prospèrent à nouveau, créant avec d’autres bijoutiers un véritable marché, le Souk des Bijoutiers dont l’écho parvient aux confins de la région, attirant princesses, bourgeoises et femmes de toutes conditions. Le père de Sélim installe sa famille dans une maison patricienne, sur la colline d’Achrafieh, non loin du souk. Jeune adulte, Sélim refuse le statut d’héritier. Il adoptera le métier à condition de se faire un prénom. Après avoir roulé sa bosse, il ouvre sa propre boutique. Une boutique dans l’esprit de ce souk où il a usé ses baskets quand il était enfant, à mille lieues des traditionnels espaces feutrés et onctueux

de cette profession. Chez Sélim, on s’arrête pour prendre le café avant de poursuivre un jogging matinal, on pousse la porte pour admirer les nouvelles créations, on ne se prive pas de donner son avis, on refait le monde comme on voudrait qu’il soit, on consulte pour un cadeau à faire, un vieux bijou à refaire, et on rit, beaucoup. C’est l’enseigne de la bonne humeur. Le succès faisant, Sélim investit gros dans la création d’un atelier moderne équipé de machines pointues, mais il est contrarié par la guerre israélienne de 2006 qui l’oblige à revoir ses comptes. BijoUtier sAns Frontières

«J’ai compris à ce moment-là que je ne pouvais plus me limiter au seul marché libanais, avec tous les risques que cela comprend. Il me fallait mettre un pied ailleurs pour continuer à assurer du travail à mes équipes. J’avais quelques réseaux, je me devais de les exploiter. J’ai donc loué un espace à l’étage, place Vendôme, à Paris, où j’ai exposé mes bijoux. Ils ont plu et attiré du monde, ce qui m’a redonné confiance. J’ai ensuite installé un point de vente à Istanbul, puis à Dubai et Londres ». A la veille du lancement de son grand corner au Bon Marché, Paris, Sélim Mouzannar séduit avec des idées neuves. Quand on a vécu au milieu des pierres précieuses, dit-il, on se lasse du côté ostentatoire du diamant «full cut». Il préfère la «rose cut» des pierres sans culasse, taille qu’il fait réaliser par des artisans de Jaipur

et qui caractérise le traditionnel falamanki ottoman. La presse est conquise, les journalistes l’adorent, il a tant de choses à raconter et surtout, il communique du bonheur. A Beyrouth, Sélim a achevé de restaurer la maison familiale, entreprise menée avec beaucoup de passion et l’aide de sa femme Raya et de sa sœur architecte. La demeure est fin prête pour recevoir amis et étrangers, avec son jardinet en plein cœur de la ville et le grand piano à queue qui trône à l’entrée. Oui, le bijoutier joue aussi du piano à ses heures, «je pianote», dit-il, modeste, avant d’ajouter, goguenard, «vous savez, dans ces familles-là…» Certains soirs, on peut trouver, réunis à l’abri cette triple arcade typiquement beyrouthine dont le mouvement ravive en lui la nostalgie d’un temps révolu, des médias du monde entier, des journalistes de télévision, de quotidiens ou de magazines célèbres. Ils se mélangent à des écrivains, des chefs cuisiniers, des musiciens, des cinéastes, des créateurs locaux. C’est la manière de Sélim de faire retentir l’écho de sa ville audelà des frontières, de soulever des débats constructifs, de susciter des rencontres. Son moteur: transformer la violence en beauté. Ses collections, «Beirut», «Link», «Terra», «Kastak», «Plage de galets» ou «C’est dans l’air» ne disent pas autre chose. Elles racontent avec des formes simples l’histoire et le présent, glorieux ou mouvementés, d’un pays et de toute une région.


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anatomie d’une montre

30 18

Aussi sportive que précieuse, cette montre dynamique par excellence fait miroiter l’éclat de ses diamants dans les fonds marins, jusqu’à 30m de profondeur.

L’or gris rhodié le plus pur, 18 carats, forge l’allure de ce modèle ultra-précieux qui peut se décliner en or rose.

2007

5

La première «Ballon», est lancée en septembre 2007. Son remontoir, un saphir cabochon qui lui vaut le nom de «Ballon bleu», est protégé par une arche.

Le nombre de rangées de diamants ou de perles d’or qui constituent le bracelet

0.20

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Le poids en carats du diamant du remontoir.

Le calibre de son mouvement à quartz Cartier.

Conçue entre classicisme et futurisme avec des courbes profilées et un boîtier convexe aux allures de galet, la Ballon Blanc est une version diamant de la Ballon bleu, même cadran guilloché ou flinqué, mêmes aiguilles glaive, ici en émail bleu. L’une des plus précieuse de sa génération. par f.a.d

PHOTO dr

BALLON BLANC DE CARTIER


www.aeronautica.difesa.it



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mode AvAnt lA nuit PARFuM DE FEMME PARisiAn vibE COuP DE bAMbOu unDERgROunD

UNDERGROUND page 194


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AVANT LA NUIT Prête à sortir, Elisa Sednaoui mélange des pièces du soir avec des bases casual. Sweats sporty et paillettes glossy, T-shirts nature et diamants couture, robes précieuses et baskets paresseuses… L’art sophistiqué de la désinvolture s’impose en mode de vie. Party !

Photographie LAURENCE ELLIS Réalisation AUDREY TAILLÉE


Top en cachemire, collection croisière CHANEL. Boucle d’oreille “Serti sur vide” en or blanc et diamants, REPOSSI.


Foulard en soie imprimée, collection croisière DIOR. Turban en soie noire, DONIA ALLEGUE. Boucles d’oreilles en platine et diamants, bracelet “Link Small” en platine et diamants, HARRY WINSTON.


Pull en cachemire, MAISON ULLENS. Jupe en popeline rebrodée de cristaux, collection croisière PRADA. Bague “Serti sur vide” en or rose et diamants, REPOSSI.


Pull “Oui/non” à manches courtes en coton à sequins brodés, collection croisière KENZO. Pantalon baggy en cuir, avec ceinture à nouer, COMPTOIR DES COTONNIERS.


Robe en georgette de soie stretch imprimé pois, collection croisière DOLCE & GABBANA. Top en coton imprimé Vichy, collection croisière, ERIK A CAVALLINI. Boucle d’oreille “Serti sur vide” en or blanc et diamants, REPOSSI.


Robe longue en mousseline de soie délavée, collection croisière BOTTEGA VENETA. Boucles d’oreilles “Géode” en or blanc et diamants, CHANEL JOAILLERIE.


T-shirt en coton, CURRENT/ELLIOTT PAR CHARLOTTE GAINSBOURG. Robe en dentelle et soie rebrodée de sequins et détails en cuir, ROBERTO CAVALLI. Boucles d’oreilles “Géode” en or blanc et diamants, collier “Étoile filante” en or blanc et diamants, CHANEL JOAILLERIE.


Top en résille et top en soie avec empiècement en résille et broderie de laine et strass, FENDI. Jupe en vinyle, ZAPA. Bague “Serti sur vide” en or rose et diamants, REPOSSI.


Pull en viscose et maille jacquard, collection croisière, CÉLINE. Corset en tulle, CADOLLE. Pendentif “Géode” en or blanc et diamants, CHANEL JOAILLERIE. Pendentif en diamant taille poire HARRY WINSTON.


Brassière en coton et polyester, NIKE. Jupe en taffetas de soie, CH CAROLINA HERRERA.


T-shirt en coton, SUPREME. Coiffeur : Paolo Soffiati Maquillage : Lucy Burt Assistant photographe : Tom Ortiz OpĂŠratrice digital : Ana Larruy Assistante stylisme : Charlotte Thommeret


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N

Lorsqu’un magazine fait appel à vous, vous demandez-vous pourquoi vous et pas une autre ? “Je commence à avoir une idée car je sais aujourd’hui qui je suis, donc ce que je peux apporter à une série.” Ce n’était pas le cas avant ? “Du moins à mes debuts, pas vraiment. C’est compliqué de rentrer dans la peau de quelqu’un d’autre lorsqu’on ne sait pas vraiment qui on est soi-même. J’ai débuté à 15 ans, ma mère styliste m’emmenait avec elle sur ses shootings. Cela m’est tombé dessus, du coup, je ne m’étais pas préparée à devenir mannequin, alors qu’il le faut, comme pour tous les métiers.” Quand avez-vous compris que vous n’auriez pas une vie disons “normale” ? “Après le lycée, à 18 ans, j’ai commencé à me dire que je n’allais pas devenir diplomate comme je l’avais toujours rêvé. Je ne savais pas pour autant ce que j’allais faire exactement. Le mannequinat commençait à bien

“Je ne peux pas être que mannequin ou actrice. J’ai besoin des deux, comme j’ai besoin de réaliser, de m’occuper de mon association…” marcher, on m’approchait pour le cinéma. Ce qui est sûr, c’est que je n’allais pas me cantonner à une seule discipline. Aujourd’hui encore, je ne peux pas être que mannequin ou actrice. J’ai besoin des deux, comme j’ai besoin de réaliser, de m’occuper de mon association, etc. C’est quelque chose d’important pour moi, et si un de ces métiers nécessitait d’en arrêter un autre, cela voudrait dire qu’il n’est pas pour moi.” Pourtant, vous parlez souvent d’un certain snobisme du monde du cinéma envers celui de la mode. Comment cela s’est traduit pour vous ? “Dès que des réalisateurs ont commencé à s’intéresser à moi, plusieurs personnes m’ont fait comprendre que je devais m’éloigner du mannequinat qui n’a pas une image assez ‘intello’. Être mannequin voudrait-il dire que je n’ai pas de cerveau ?! Cependant, les choses sont en train de changer, personne ne peut plus ignorer l’impact de la mode dans la société d’aujourd’hui.” Vous vous sentez donc toujours aussi proche du milieu de la mode ? “Quand bien même je voudrais m’en éloigner, je ne pourrais pas ! Comme vous le savez, je suis extrêmement proche de deux personnes

parmi les plus influentes de la mode, mon parrain Christian Louboutin et Karl Lagerfeld. Ces deux génies me connaissent parfaitement et ça me fait un bien fou de les avoir près de moi. D’ailleurs, Karl sait même avant moi ce qu’il va m’arriver. Il a senti, par exemple, que j’étais enceinte quand moi je ne le savais pas encore !” Justement, ce qui a changé depuis notre dernière interview il y a quatre ans, c’est que vous êtes devenue mère… “Plus que ça, c’est le fait d’avoir fondé une famille.” C’était quelque chose d’inattendu ? “Pas vraiment, car en dehors du fait que je suis très amoureuse, j’avais besoin de faire cette promesse, de lier ma vie à celle de quelqu’un. C’est pour cela que je me suis mariée avec Alex et que nous avons eu Jack. Le mariage n’est plus vraiment à la mode, je sais, mais je trouve que la beauté du geste est dans le fait que ce n’est pas un engagement égoïste. Il faut faire des concessions, souvent, et cela fait grandir.” Et en quoi votre fils a changé votre vie ? “Jack me rend plus tolérante envers les autres et aussi beaucoup moins dure avec

PHOTOS CHANEL, BERTRAND RINDOFF/GETTY IMAGES, BRYAN BEDDER/GETTY IMAGES FOR IMG, DR

otre cover-girl n’est pas novice dans L’Officiel. C’est en effet la troisième fois en six ans que l’on retrouve Elisa Sednaoui dans nos pages glacées qu’elle réchauffe immédiatement. La dernière rencontre a eu lieu il y a quatre ans. Bien sûr, tout n’a pas changé chez elle. Elle est toujours cette femme qui rappelle “la plus belle du lycée” avec son visage aux traits ensoleillés et au tranchant de céramique, à la voix grave et douce… Une vie passée entre Louxor, Milan, Paris, New York et aujourd’hui Londres – autant de langues parlées à la perfection –, une carrière débutée sous les flashs à tout juste 15 ans, un regard qui intrigue les réalisateurs, une garde rapprochée d’exception, de son parrain Christian Louboutin à son ami Karl Lagerfeld… Nouveauté, la jeune femme de 27 ans vient de passer de l’autre côté de la caméra pour réaliser un documentaire. Elle y part à la rencontre du peuple égyptien pour mieux comprendre ce pays qui l’a vue grandir. Elle a aussi créé une association qui porte son nom et qui sensibilise les enfants de Louxor à l’art. Mais le plus important des changements dans sa vie est d’ordre personnel. Elle est devenue maman d’un petit Jack en mai 2013. Avant de lier sa vie à celle du père de son fils, le galeriste Alex Dellal, frère de Charlotte et d’Alice. De quoi nourrir la conversation. Car oui, on oubliait quelque chose qui n’a pas changé : Elisa Sednaoui a des choses à dire.


CI-DESSUS, AVEC KARL LAGERFED. À GAUCHE, EN FÉVRIER 1991, APRÈS-MIDI DÉGUISEMENT.

PHOTOS CHANEL, BERTRAND RINDOFF/GETTY IMAGES, BRYAN BEDDER/GETTY IMAGES FOR IMG, DR

CI-DESSOUS, AVEC DIANE VON FURSTENBERG.

PAGE DE GAUCHE, ELISA SEDNAOUI À 8 A NS, EN 1995 EN ITALIE.

CI-DESSUS, AVEC SA BELLE-SŒUR ALICE DELLAL, AU DÉFILÉ CHANEL EN SEPTEMBRE DERNIER. L’AFFICHE DE “BUS PALLADIUM”, SON PREMIER GRAND RÔLE AU CINÉMA, EN 2010.


moi-même, car je veux lui montrer le meilleur exemple possible.” Cela vous laisse encore le temps pour votre carrière d’actrice ? “Oui, cela n’a rien changé pour deux raisons. Une, j’emmène Jack partout où je vais. Deux, je n’ai pas envie de me dédier au cinéma plus que je ne le fais aujourd’hui.” Que voulez-vous dire par là ? “C’est assez difficile de trouver un bon rôle pour des filles qui ont un certain physique (il faudra trois minutes de négociations pour lui faire dire ’ jolies filles’, ndlr). Je trouve que les réalisateurs se laissent un peu trop aller à la facilité, pensant qu’un beau sourire et une plastique attrayante vont suffire pour donner une note glamour à un film. Moi, j’ai toujours envie d’aller plus loin et de ne pas rester dans une zone de confort soporifique.”

Et quelle est-elle ? “Je pense que pour évoluer, on ne doit pas forcément s’occidentaliser. Dans ce qu’on appelle bêtement les ’pays développés’, on pense trop souvent que pour se ’développer’, les autres pays doivent suivre le même modèle et donc aller à contre-courant de leur histoire, de leur culture et leurs traditions. Je ne suis pas d’accord avec ça. La libération sexuelle occidentale, par exemple, n’a pas apporté que des bonnes choses au final, du moins pas partout. Cela prouve qu’il y a sûrement d’autres modèles à suivre pour évoluer. Pour moi, la première des choses à faire est de renforcer ses racines et sa singularité avant de vouloir ressembler aux autres.” L’Égypte, c’est votre pays ? “Oui. Mais l’Italie et la France aussi. Comme pour mes professions, je ne peux choisir un plus que l’autre, j’ai besoin de me sentir un

PHOTOS MOHAMMAD SEIF, DR

C’est pour maîtriser cela que vous avez décidé de passer derrière la caméra, notamment pour votre premier documentaire ? “C’est vrai que ce documentaire sur lequel je travaille depuis des années arrivait à point nommé. Les événements du Printemps arabe sont arrivés, et je me suis dit que c’était le moment de partager ma vision de l’Égypte. Je suis alors partie avec mon amie d’enfance à la rencontre de plusieurs familles pour récolter leurs témoignages, découvrir leur vision du quotidien et de l’avenir. J’ai appris beaucoup de choses d’un pays que je pensais connaître, et surtout cela a confirmé une théorie que je pensais tout bas et que le documentaire vient au final appuyer.” peu des trois. Cependant, c’est vrai que j’ai un rapport particulier avec l’Égypte car je l’ai quittée à la séparation de mes parents, à 6 ans. C’est pour cela que j’ai voulu faire ce reportage, car j’avais un goût d’inachevé. Un jour, sûrement, je reviendrai y habiter.” C’est d’ailleurs à Louxor que vous avez créé votre association… “Oui, mais je tiens à préciser qu’elle n’a pas vocation à ne rester qu’en Égypte. C’est pour ça que je ne veux pas qu’on parle de projet caritatif, mais plutôt d’action culturelle. Le but de l’association est d’ouvrir la sensibilité des élèves, pour qu’ils puissent penser par eux-mêmes et ne pas croire ce que la société veut leur faire avaler. Mais je compte bien organiser le même genre d’événement en Italie prochainement. Comme ça, nous aurons encore plein de choses à nous dire, dans quatre ans, pour notre prochaine interview !”


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PAGE DE GAUCHE, ELISA À LOUXOR, EN ÉGYPTE.

PHOTOS MOHAMMAD SEIF, DR

CI-DESSUS, À GAUCHE ET À DROITE, SUR LE TOURNAGE DE SON DOCUMENTAIRE. CI-DESSOUS, AVEC DAVID MANULI, LE RÉALISATEUR DU FILM “LA LÉGENDE DE KASPAR HAUSER”, EN 2012.

À DROITE, ELISA DEVANT LES PYRAMIDES DE GIZEH, EN 1989 ET EN 2014. EN BAS À DROITE, AVEC SON PARRAIN CHRISTIAN LOUBOUTIN.


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STYLE

PARFUM DE FEMME Elle passe, vous traverse, et quand elle est passée, il ne reste que ce sillage divin soulevé par un mouvement de la jupe, un envol de la cape, un coup de vent dans la soie de ses cheveux. Et l’image fugitive d’un manchon de fourrure, de mitaines en brocard, de lunettes noires ou d’un sac. Etait-ce une serviette, une pochette? On a même cru voir un holster…

Stylisme

amine jreissati

Photos

samer raWaDi

Realisation

melanie Dagher et minja el-hage

Lieu

mar miKhael


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STYLE

Total look, fendi.


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Total look, cÉline. Page de droite: Total look, cÉline.

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STYLE

Total look, stella mccartney. Page de gauche: Total look, saint laurent.


STYLE

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STYLE

Total look, dolce & Gabbana Page de gauche: Total look, balenciaGa


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STYLE

Total look, balenciaGa Page de droite: Total look, fendi.

Maquillage : Ivana Coiffure : Schwarzkopf Professional Par Velvet management. Modèle: Irina


STYLE

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PARISIAN VIBE Les plus belles peaux et les effets poilus s’imposent cette saison comme les accessoires d’un style nonchalant et quotidien. Des éléments forts à mélanger avec légèreté aux basiques de sa garde-robe. Photographie

SPELA K ASAL

Stylisme

AUDREY TAILLÉE


Cardigan en mohair, ERMANNO SCERVINO. Blouse en soie, jupe en cuir et boucle d’oreille, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE. Page de gauche : pull en laine, BOTTEGA VENETA. Boucle d’oreille en métal, LOUIS VUITTON


Manteau long en vison, ROBERT BEAULIEU. Pull en laine et soie, LOUIS VUITTON. Jean en coton, BERENICE. Escarpins en cuir, DIOR. Page de droite : Boucle d’oreille multipiercing en or blanc avec rhodiage lilas, REPOSSI.




Cardigan en laine, jupe en cuir de veau, ceinture en cuir et bottines en cuir monogrammé, LOUIS VUITTON. Page de gauche : robe en python DSQUARED2 . Boucle d’oreille multipiercing en or blanc avec rhodiage lilas, REPOSSI.



Pull à col roulé en laine et pull en laine noué en jupe, CHANEL. Page de gauche : manteau en laine feutrée, CAROLINA HERRERA. Robe en organza de soie rebrodée de pierres et tunique en soie effet “filet”, CÉLINE. Modèles : Alla K chez Marilyn Agency, Soekie Gravenhorst chez Oui Management Coiffure : Hugo Raiah Maquillage : Christopher Kam Assistant photo : Lucas Haegeli Opérateur digital : Harry Celle Assistante stylisme : Charlotte Thommeret


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Ils ont compris sa tristesse et ses éclats de rire, sa peur, sa pudeur, son espièglerie un peu canaille, son envie que le jour ne se lève jamais, que jamais ne s’éteignent les projecteurs ni que s’invite la vraie vie. Ils ont compris son besoin insatiable de paillettes et de fleurs, de dentelles, de soie, d’ors, de fourrures. Ils ont compris qu’elle n’aura jamais froid, surtout pas aux yeux. Seuls les couturiers de Beyrouth peuvent comprendre Beyrouth.

UNDERGROUND

Photographie

bachar srour

Stylisme

amine jreissati

Réalisation

melanie dagher et minja el-hage

Lieu

minus 1


Veste et jupe, Rabih K ayRouz. Bottes, Saint LauRent.


Top et jupe, azzi & oSta. Ceinture, Vionnet. Bottes,VaLentino. Page de droite: Écharpe, Rabih K ayRouz. Robe, PRada.




Robe, zuhaiR MuRad.



Veste, zuhaiR MuRad. Top et Pantalon, SandRa ManSouR. Chaussures, GianVito RoSSi. Page de gauche: Veste, MOSCHINO. Jupe, Rabih K ayRouz. Bottes, Saint LauRent.


Robe, SandRa ManSouR. Maquillage : Ivana Coiffure : Schwarzkopf Professional Par Velvet management. Modèle: Simone Van Wekhoven



Le “New Bamboo” de Gucci se décline depuis 2010 en une profusion de matières. Quand on aime, on ne compte pas…

coup de bambou Photographie

FLORENT TANET

Réalisation

LisA jOuviN


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Sac “New Bamboo” en cuir noir. Page de gauche : sacs “New Bamboo” en poulain imprimé, en satin beige, en cuir camel et en cuir noir, gucci.


Sac “New Bamboo” en poulain imprimé. Page de droite : sac “New Bamboo” en toile, python et pompons en perles, gucci.





Available at A誰zone stores 01 99 11 11


MELISSA IT. FALL WINTER 2014.

www.melissa.com.br



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magazine ÉVÉNEMENTS TALENTS ART ECHAPPÉE

L’OSCAR DE L’ÉLÉGANCE JET-SET page 214


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FRONT ROW

L’OSCAR DE L’ÉLÉGANCE JET-SET Son décès à 82 ans provoque la nostalgie d’une époque, celle où savoir-faire rimait avec savoir-vivre… D’origine dominicaine, Oscar de la Renta deviendra le plus courtisé des couturiers américains, apprécié des Premières dames, des socialites et des stars. Par

AU DEFILÉ OSCAR DE LA RENTA PRINTEMPS ÉTÉ 2015.

PHOTO DR

PATRICK CABASSET


PHOTO DR


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FRONT ROW

LA SÉRÉNITÉ D’UN LUXE INTEMPOREL

Né à Saint-Domingue en 1932, plus jeune garçon d’une famille patricienne – son père travaille dans les assurances – où il est entouré de six filles, Oscar de la Renta développe très tôt une véritable inclination pour l’art. Désirant devenir peintre, il part à Madrid à peine âgé de 19 ans. Mais dans l’Espagne de l’après-guerre, sa nouvelle liberté l’amène plutôt vers la vie sociale trépidante des cafés et des clubs de flamenco. Il avouera même avoir été tenté par une carrière de danseur avant de rencontrer Cristóbal Balenciaga et de devenir illustrateur à ses côtés. Résolu à avancer, il demande bientôt à le suivre au studio plus stratégique de Paris. Une requête refusée par le maître, ce qui ne l’empêchera pas de prendre un train pour

“Ne jamais confondre ce qui se passe sur un podium avec la mode.”

Paris et de trouver rapidement un emploi auprès d’Antonio del Castillo chez Lanvin, en 1961. C’est ensuite à New York qu’il va tenter sa chance. D’abord chez Elizabeth Arden, qui désirait créer ses propres collections de couture. Puis chez Jane Derby en 1965, dont il reprend l’affaire dès sa disparition la même année et qu’il rebaptise à son nom. Son style à la fois classique et spectaculaire séduit. La ligne se distingue par un mélange de corsages ajustés portés sur de longues robes de style romantique très décoratives et colorées. Une opulence couture qui trouve un écho particulier en 1967 lors de sa collection “Gipsy”. Sa formation parisienne sert son image mais aussi son travail, assuré, précis, simple et précieux. Jamais impressionné par sa propre réussite et doué d’un sens de l’humour aussi solide que celui des affaires, il deviendra multimillionnaire.

Son expérience française lui servira encore de 1993 à 2002, lorsqu’il reprend la direction artistique de la maison Balmain à Paris. Cependant, si ses clientes apprécient toujours son bon goût et son style raffiné, il laisse souvent de marbre celui des journalistes, davantage attirés par le spectacle d’une créativité plus originale. Une critique qui ne l’effleure pas : “Ne jamais confondre ce qui se passe sur un podium avec la mode, dira-t-il un jour. Le podium est un spectacle. Ça ne devient de la mode que lorsqu’une femme porte le vêtement.” LE GENTLEMAN DU BON GOÛT

Un discours sage qu’il développera également à travers la décoration de ses résidences. Deux maisons en République Dominicaine, à Casa del Campo et Punta Cana, abondamment photographiées dans les magazines spécialisés, et une propriété à Kent, dans le Connecticut, où il est décédé,

PHOTOS JEAN GUICHARD/GAMMA-RAPHO, LOUIS FAURER CONDÉ NAST ARCHIVES, PETER LINDBERGH/THE LIGHTHOUSE/VOGUE,

“L

e vêtement doit être en retrait, ne doit pas être en conflit avec le caractère de celle ou celui qui le porte. Entre le vêtement et la personnalité, il doit y avoir un accord”, déclarait Oscar de la Renta dans L’Officiel en 1984. Et d’ajouter : “(Une femme) choisira un créateur plutôt qu’un autre parce qu’entre elle et lui, il y a quelque part une ressemblance, une complicité secrète.” Une connivence que ce charmeur au regard de velours et aux manières de diplomate n’aura de cesse de renouveler avec ses clientes. Loin du tapage des tendances, ce grand classique imaginait des vestiaires parfaits pour ses amies socialites Babe Paley, C.Z. Guest, Marella Agnelli, Marie-Hélène de Rothschild ou Hélène Rochas. Après avoir été introduit auprès du clan Kennedy par un autre grand séducteur, Porfirio Rubirosa, il dessinera aussi des robes impeccables pour les premières dames des États-Unis : de Nancy Reagan à Hillary Clinton, en passant par Laura Bush ou même plus récemment Michelle Obama, habituellement attirée par l’univers des jeunes créateurs. Il a même su séduire des reines du tapis rouge comme Sarah Jessica Parker, Penélope Cruz ou Jennifer Garner, tout en signant, peu avant sa disparition, la robe en tulle ivoire d’Amal Alamuddin lors de son mariage à Venise avec George Clooney.


photos jean guichard/gamma-rapho, louis faurer condé nast archives, peter lindbergh/the lighthouse/vogue, bruce weber vogue, condé nast

en plus de domiciles new-yorkais. C’est à Punta Cana qu’il réunissait l’été sa famille et ses amis dans une atmosphère décontractée. Une maison coloniale qui accueillait régulièrement Bill et Hillary Clinton ou Nancy et Henry Kissinger. Généreuse, sa philosophie de la richesse séduit encore aujourd’hui : “Le luxe pour moi ce n’est pas d’acheter des choses chères. C’est de vivre de façon à pouvoir apprécier les choses.” Grand amateur d’art et de culture française, il épousera d’abord l’éditrice de mode et décoratrice Françoise de Langlade, en 1967. Lorsqu’elle disparaît en 1983, le couturier séduira la philanthrope Anne France Engelhard, dite Annette, fille par alliance d’un magnat de l’industrie minière et ex-femme d’un banquier d’affaires renommé. Il l’épouse en 1989. Leur couple deviendra indissociable des événements les plus mondains. Depuis huit ans, Oscar de la Renta luttait contre un cancer. Une période qui n’a pas empêché son entreprise de croître de 50 % malgré une période économique délicate. Celui qui avait demandé à John Galliano de dessiner quelques robes en février 2013 croyait en la pérennité du talent. Au terme de cinquante ans de carrière, il présentait

encore sa collection lors de la fashion week de New York en septembre dernier. En plus de ses collections de prêt-à-porter et de ses parfums, il laisse derrière lui sa femme Annette, son fils Moises, trois sœurs, trois beaux-enfants et neuf petits-enfants. Sans oublier le designer Peter Copping, transfuge de chez Nina Ricci et nouveau directeur créatif de la griffe, nommé par Oscar pour lui succéder quelques jours avant son décès. À lire : Oscar de la Renta (éd. Assouline, 2014, www.assouline.com).

robes russes pour pierre balmain haute couture, 1997. en compagnie de carolina herrera et ralph lauren, en 2014. kate moss en oscar de la renta. page de gauche, dans son studio aVec amal alamuddine. un manteau elizabeth arden, en 1963.


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SAVOIR-VIVRE

À l’ heure où sort une biographie de Loulou de la Falaise chez Rizzoli, son mari Thadée Klossowski de Rola évoque la femme de sa vie.

PARFOIS ELLE RESSEMBLE À BIBI FRICOTIN

PHOTOS LUXPRODUCTIONS.COM/JEAN-FRANÇOIS JAUSSAUD, PIERRE LACROIX ET RENÉ LORTAC/SOCIÉTÉ PARISIENNE D’ÉDITION, FRANÇOISE HUGUIER, GUY MARINEAU, CHRISTOPHE ROUÉ, LUC CASTEL/BESTIMAGE

PAR THADÉE KLOSSOWSKI DE ROLA


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S

on père lui disait : “Tu as dîné au Maxim’s, est-ce que les hommes ont jeté leur chapeau haut de forme au plafond ? C’est ainsi que nous saluions l’entrée des beautés, quand j’avais ton âge”, ajoutait-il en anglais, et la conversation se poursuivait dans les deux langues, en balai-broom, ça s’appelait. Loulou était bien plus irlandaise que française, si cela veut dire quelque chose. Mais voilà, dans mes carnets d’autrefois (Vie rêvée, 31 octobre 1975), il y a cette note isolée : “Parfois elle ressemble à Bibi Fricotin.” Je ne sais pas du tout pourquoi j’avais écrit ça, qui me remplit de bonheur mystérieusement. Oui, ça me dilate à la limite de la satisfaction, et je voudrais comprendre pourquoi. La chose curieuse, c’est que je ne me souviens pas d’avoir jamais lu une seule des aventures de ce héros de la bande dessinée. Il a ce nom génial. Mais je le vois bien, comme aussi Loulou le voyait : un petit garçon français avec une grande bouche qui rigole – tignasse rouge et pull-over à col roulé rouge – un petit costaud très malin… (J’ai googlé : né en 1924 du crayon de Forton, l’inventeur des Pieds nickelés, le personnage a été repris par d’autres dessinateurs jusque dans les années cinquante. Il est bien comme j’ai dit. Deux lions veulent le manger et lui, agrippé à la cime d’un palmier, il leur brûle le derrière avec sa loupe. Sur la couverture de Bibi Fricotin et les Martiens, il a la tête penchée, le cheveu stylisé, et la ressemblance avec Loulou est fugace. Il y a aussi ce titre : Bibi Fricotin boit l’obstacle.) Bon, Loulou devait être rousse ce jour-là. C’est un glimpse, comme nous disions, un de ces éclairs où l’on croit entrevoir le fond des choses ou bien, dans mon cas, le plus souvent, des personnages de bandes dessinées. Mais encore : il n’y a rien de fugitif dans la magie pour moi de cette ressemblance. Sous le nom de Bibi Fricotin, c’est Loulou petite fille qui se jette dans mes bras. Infiniment gracieuse et caressante. Héroïque. Elle a été abandonnée par ses parents dans une cour de ferme, campagne aigre, il y a une dame comme une sainte dans une chaise roulante, c’est une miraculée des bombardements qui fait tous les ans le pèlerinage à Lourdes, et Monsieur Jean, son mari bien plus jeune, est un chef scout, un pédophile comme on dit maintenant, tout cela est détestable, Loulou court dans les bois, elle parle aux pierres, aux arbres, aux animaux. Agile et robuste. Elle veille sur son petit frère : celui qui embête Alexis, elle le poussera dans les orties. Elle est une petite fille française qui n’aime pas du tout les Angliches (c’est sa mère, une femme voyante). Le premier jour au pensionnat anglais, quand elles sont toutes assemblées dans la salle de gym, elle monte à la corde et, hissée sur la poutre là-haut, fait pleuvoir des cadavres de mouches et d’araignées en criant “CAPOTI” (“cup of tea”) et “TON CUL VERT EST MOCHE” (“thank you very much”). Plus tard, à Paris, Loulou et Alexis déjeunent avec leur père chez leur grand-mère Hennessy (une toute petite dame qu’Alain de la Falaise soulève par le col pour la brosser avant de sortir). Laissés seuls avec l’aïeule, ils agitent leur bouche comme s’ils avaient une conversation animée, la vieille dame s’inquiète de ne rien entendre, “VOUS ÊTES SOURDE” font-ils semblant de hurler quand leur père les surprend. Punis, ils sont enfermés, oubliés dans une pièce éloignée où il n’y a qu’une table et une chaise. Alors ils découvrent le placard plein de bandes dessinées et, accoudés comme des Balthus, ils se régalent tout l’après-midi de Tintin, de Pim Pam Poum, de Bibi Fricotin… Bibi Fricotin ? Loulou se lève, elle se jette dans mes bras.

À GAUCHE, “BIBI FRICOTIN ET LES MARTIENS” PARU EN 1955. CI-DESSOUS, LOULOU DE LA FALAISE AVEC YVES SAINT LAURENT, DANS LES ANNÉES 1970.

PHOTOS LUXPRODUCTIONS.COM/JEAN-FRANÇOIS JAUSSAUD, PIERRE LACROIX ET RENÉ LORTAC/SOCIÉTÉ PARISIENNE D’ÉDITION, FRANÇOISE HUGUIER, GUY MARINEAU, CHRISTOPHE ROUÉ, LUC CASTEL/BESTIMAGE

Loulou court dans les bois, elle parle aux pierres, aux arbres, aux animaux.

CI-DESSUS, THADÉE KLOSSOWSKI. CI-DESSUS À GAUCHE, LOULOU AVEC UN COLLIER OFFERT PAR PIERRE BERGÉ ET YVES SAINT LAURENT. À GAUCHE, THADÉE ET LOULOU, À PARIS EN 2005. PAGE DE GAUCHE, LOULOU EN 2004.


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NOBLESSE OB L


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Lorsque quatre jeunes aristocrates romaines servent de modèles à l’illustre maison Fendi, la rencontre a tout de magique.

Par

LOUIS BOMPARD

Photographie

ALESSANDRO FURCHINO

Stylisme

AUDREY TAILLÉE

O

DE GAUCHE À DROITE, MELUSINE RUSPOLI, EDMÉE NICOLIS DI ROBILANT, MARIA SOLE TORLONIA ET SOFIA ODESCALCHI. ELLES PORTENT DES FOURRURES “PEQUIN” EN VISON AINSI QUE DES VÊTEMENTS ET ACCESSOIRES DE LA COLLECTION FENDI CROISIÈRE 2015.

B LIGE

n dit que Paris est la ville du romantisme, des arts et de la mode. Pourtant, Rome n’a pas à rougir devant notre capitale. Là-bas, en plus des vestiges d’une histoire impériale sans pareille, les fantômes d’icônes du siècle dernier évoquent le plus émouvant des génériques de film : Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti, Sergio Leone… Et si le cœur de la Ville éternelle bat toujours aussi fort, c’est aussi grâce à deux piliers de la vie romaine : la maison Fendi et la grande aristocratie. Si ces deux institutions ont réussi à perdurer, c’est qu’elles partagent certaines valeurs, l’amour de cette cité lumineuse, la passion du beau, le respect et la fierté du passé, mais aussi l’art de toujours vivre avec son temps. Ainsi, Fendi a su mêler son savoir-faire unique avec les nouvelles exigences mouvantes, gloutonnes et collectionneuses d’une clientèle toujours plus vaste (les récents charms “Karlito” en sont l’exemple le plus parlant). Les descendantes des plus anciennes familles de la noblesse romaine sont, elles, en train de faire évoluer les contraintes de leur milieu. Elles ont grandi dans des châteaux dignes d’être des musées, avec des toiles de maîtres comme papier peint où elles pouvaient observer leurs aïeuls : papes, banquiers du Vatican ou illustres chefs militaires. Aujourd’hui, elles ne veulent plus se contenter du lustre d’un pedigree et mènent des vies actives, loin des majordomes et des ronds de jambes. Quatre d’entre elles présentent aujourd’hui les fourrures de la collection “Pequin” de Fendi, et démontrent que le charme de Rome est bien éternel…


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MARIA SOLE TORLONIA, 29 ANS

S O F I A O D E S C A L C H I , 21 A N S

Derrière “Sunshine”, un surnom dû à un prénom solaire, se cache une jeune femme désormais mariée et aux idées bien décidées. Descendante de la lignée Agnelli (cousine donc de Lapo Elkann et d’une trentaine d’autres), Maria Sole n’a rien de la princesse qui occupe son temps à compter ses chaussures (elle en a pourtant plus de cent paires). Comme beaucoup des membres de sa famille, Maria Sole n’a pas eu peur de se lancer dans le grand bain du business. Après avoir habité à Milan, Florence et dans tellement de maisons qu’elle ne peut aujourd’hui les énumérer, Sunshine a créé Blazé, une marque de vestes sur mesure, car elle n’arrivait pas “à trouver le modèle parfait”. Aujourd’hui, la maison commence à se faire un nom, et lorsque l’on sait que les Torlonia ont fait fortune au XVIIe siècle en s’occupant des finances du Vatican, il y a fort à parier que Maria Sole a tout pour réussir.

Elle aime cultiver les paradoxes. Issue d’une longue lignée d’aristocrates, dont Benedetto, devenu le pape Innocent XI en 1676, Sofia Odescalchi est une pile électrique qui n’a pas sa langue dans sa poche. À l’adolescence, alors qu’elle reçoit les cours de maintien dus à son rang, elle est prise de la folie des piercings (enlevés depuis). Alors qu’elle a rencontré JeanPaul II, Benoît XVI et le nouveau pape François, elle dit que sa vie ne sera jamais réussie si elle ne croise pas un jour Quentin Tarantino. Alors qu’elle pourrait poursuivre ses premiers pas dans le mannequinat, qui l’a vue défiler pour Dolce & Gabbana, elle pige presque anonymement pour des magazines et sites de mode, et se voit bien devenir photographe pour National Geographic. C’est tout ? “Non, je rêve aussi d’un gin tonic avec du poivre et des baies de genièvre.”

Votre première pièce Fendi ? “Je m’en souviens très bien, c’était un tout petit sac brodé de fourrure. Il est vraiment unique.”

Votre première pièce Fendi ? “Je suis sûre que toutes les autres ont dit un sac, alors il faut que je trouve quelque chose de plus original… Même si, en vrai, c’était bien un sac.”


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M E L U S I N E R U S P O L I , 19 A N S

E D M É E N I C O L I S D I R O B I L A N T, 18 A N S

Impossible d’évoquer Melusine sans parler de son père, Alessandro “Dado” Ruspoli, un des plus extravagants aristocrates italiens du XXe siècle. Le rappel constant de cette filiation n’embête pour rien au monde cette jeune Romaine de 19 ans, muse de l’Italie créative du moment (nos confrères de L’Officiel Italie lui ont déjà consacré une couverture). Elle en est fière et parle de son paternel comme d’une inspiration, d’un héros. Alors qu’elle a grandi entre le palazzo Ruspoli à Rome, voisin du palazzo Fendi, et le château Ruspoli de Vignanello, au milieu des chevaux (sa grande passion) et des soirées endiablées organisées par Dado, elle s’apprête à partir pour Londres et des études de marketing. Ensuite, elle aimerait travailler pour une maison de luxe. Son français parfait (grâce à sa mère) pourrait donc l’emmener vers Paris. À moins que Fendi…

On n’est pas descendante d’un des plus grands chefs militaires de l’histoire italienne sans en tirer des traits de caractère. De Mario Nicolis di Robilant, célèbre général de l’armée italienne pendant la Première Guerre mondiale, Edmée a le buste droit, la retenue et la rigueur. Cependant, à 18 ans, elle prouve bien que les codes de la jeunesse aristocrate romaine sont en train de changer. Elle qui parle cinq langues (notamment grâce à des grands-mères anglaise et américaine) se destine à une carrière de mannequin, tout en gardant dans un coin de la tête ses rêves de guitare et de chant. Pour réussir, elle dit suivre le modèle de sa mère, une importante productrice de la télévision transalpine. “Eddy” n’en dira pas plus sur ses projets. “Cela ne se fait pas trop de parler de ses rêves, non ?”, répond-elle, la voix teintée de timidité. La retenue militaire, sûrement…

Votre première pièce Fendi ? “Curieusement, alors que je suis depuis longtemps proche de la maison, j’ai eu mon premier sac Fendi l’année dernière. Depuis, bien d’autres ont suivi…”

Votre première pièce Fendi ? “C’était un sac. Et pas besoin de préciser, vu mon style, qu’il était noir !”

FOURRURES “PEQUIN” EN VISON, VÊTEMENTS ET ACCESSOIRES COLLECTION PRÊT-ÀPORTER PRE-FALL 2014, FENDI. ASSISTANT PHOTOGRAPHE : ANDY MASSACCESI.


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Elle pourrait être la sœur de Stephanie Seymour et de Sofia Coppola. Lake Bell, actrice, réalisatrice et jeune maman est une New-Yorkaise atypique qui parle français, rêve d’être italienne et ambitionne de faire rire les autres.

Par

FRÉDÉRIQUE DEDET

Photographie

ALEXEI HAY

Stylisme

VANESSA BELLUGEON


Robe en cuir et strass, GUCCI. Maquillage : Vincent Oquendo Coiffure : Cecilia Romero Manucure : Deanna DiDonato Assistants photo : Greg Marinaccio, Paolo Stagnaro, Daren Thomas Opérateur digital : Mario Torres Assistante stylisme : Éléonore Jalou


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PHOTOS MARK SELIGER, SONY PICTURES HOME ENTERTAINMENT, JEMAL COUNTESS/GETTY IMAGES/AFP, DAVID X PRUTTING/BFANYC.COM, JULIAN MACKLER/BFANYC.COM, DR

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PHOTO MARGOT LANDEN

E

lle m’a donné Fille d’une famille bourrendez-vous geoise, Lake a fréquenté pour le café au Chapin, l’école des jeunes Diner à Wilfilles chics de New York (qui compte, entre autres, liamsburg, le comme anciennes élèves quartier élu des hipsters, avec vue impreJackie Kennedy et la reine nable sur la skyline de ManhatNoor de Jordanie) puis, tan où elle s’est installée avec adolescente, a suivi sa mère son mari, l’artiste tatoueur en Floride. Scott Campbell. Lumineuse, Elle tient son français, sans fard, vêtue d’un jean excellent, des étés passés noir et d’un pull ample et en famille dans un mas léger, elle vient de terminer non loin de Mougins, où sa un solide déjeuner : burger, vocation est née. Pour disfrites… Étonnant pour une traire sa mère et ses amis LAKE BELL, EN MARCHESA, ET SCOTT CAMPBELL LE JOUR Américaine qui d’ordinaire elle y raconte des histoires DE LEUR MARIAGE À LA NOUVELLE-ORLÉANS EN JUIN 2013. grappille une salade avec la drôles, joue la comédie, sauce à part. Mais Lake m’avoue avec un Dollar Arm et The Coup, où elle partage élabore des scénarios. Voir les autres rire immense sourire qu’elle attend son pre- la vedette avec Owen Wilson et Pierce la comble, elle veut en faire son métier. mier enfant, ce que je n’avais pas remar- Brosnan –, et son mariage. “Tout est Malgré des parents récalcitrants – son qué, sa silhouette élancée masquant son allé très vite, sept mois après notre ren- père est promoteur immobilier et sa mère ventre arrondi. À 35 ans, elle fait une petite contre nous étions fiancés. Nous nous est la grande architecte d’intérieur Robin pause dans sa carrière après le succès de sommes mariés à la Nouvelle-Orléans Bell – qui la poussent vers des voies moins In a World…, son premier long-métrage. car mon mari est né en Louisiane. C’était aléatoires, elle abandonne l’université Le film, qu’elle a écrit, réalisé, produit et magique, entourés de nos familles et et met le cap sur l’Angleterre. Elle veut dans lequel elle tient le rôle principal a amis (et des demoiselles d’honneur étudier sérieusement l’art dramatique. gagné le prix du scénario au festival de superstars : Cameron Diaz et Jennifer Elle y restera quatre ans avant de renSundance l’an dernier. Il raconte la rivalité Aniston, ndlr). Scott se destinait à être trer aux États-Unis et de s’installer à Los entre un père, star du doublage, et sa fille biochimiste, il est devenu tatoueur des Angeles. Elle y enchaîne les tournages, coach vocal. Très fin, hilarant, Lake y est stars, patron du célèbre Saved Tattoo à les petits rôles, puis ce sera d’excellentes impeccable en trentenaire loseuse étouf- Williamsburg, et a exercé ses talents sur séries telles Urgences, The Practice, How fée par un père narcissique. “J’ai toujours Heath Ledger, Orlando Bloom, Helena to Make It in America… Et des comédies été fascinée par le monde des voix off, un Christensen, Penélope Cruz…” Avant de avec Ashton Kutcher ou Meryl Streep métier dont peu imaginent l’âpreté”, dit- devenir un artiste reconnu qui expose avant de se lancer dans l’écriture cinéelle. Après l’avoir vu, on découvre que son travail aux quatre coins du monde. matographique. Aujourd’hui Lake poudans ce monde de l’ombre la compétition Je demande à Lake si elle est tatouée, elle ponne sa fille, née en octobre. Dès le mois est aussi acharnée que pour les plus grands rit, “Non, j’admire ceux de Scott… En fait de janvier, elle commence le tournage de rôles hollywoodiens. c’est un peu comme vivre à Brooklyn et son nouveau film, The Emperor’s ChildUne année bien remplie avec le tournage contempler Manhattan !” Manhattan, là ren, tiré d’un best-seller américain. Tous de deux films en tant qu’actrice – Million où elle est née et a grandi. les ingrédients d’un succès réunis…


PHOTO MARGOT LANDEN

PHOTOS MARK SELIGER, SONY PICTURES HOME ENTERTAINMENT, JEMAL COUNTESS/GETTY IMAGES/AFP, DAVID X PRUTTING/BFANYC.COM, JULIAN MACKLER/BFANYC.COM, DR

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À GAUCHE, AVEC SCOTT DANS LES RUES DE NEW YORK CET HIVER.

CI-DESSOUS, AVEC MARC JACOBS, À NEW YORK EN AVRIL DERNIER.

À GAUCHE, AU MET BALL AVEC SCOTT, EN MAI DERNIER, ENCEINTE DE LEUR FILLE.

CI-DESSUS, AVEC SA MÈRE ROBIN BELL ET SON GRAND FRÈRE LUKE.


DANS SON DRESSING, UNE COLLECTION DE CHAUSSURES EST EXPOSÉE DANS UNE BIBLIOTHÈQUE RÉTRO-ÉCLAIRÉE AU MILIEU D’AMULETTES ET BIBELOTS.


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Créatrice de chaussures à la renommée internationale, Charlotte Dellal saupoudre sa vie d’ humour, de glamour et de nostalgie. Rencontre à Londres, dans sa maison riche en couleurs.

HAUT TALENT

CHARLOTTE DELLAL, DE BON MATIN, DANS SA CUISINE, EN ROBE À POIS J&M DAVIDSON.

Texte

LÉA TRICHTER-PARIENTE

Photos

NICK HADDOW


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Jeune maman de trois garçons et à la tête d’un business prolifique, elle gère son emploi du temps d’une main de maître et mène une vie sans concession. Lancée en 2008, sa marque Charlotte Olympia s’est développée aussi rapidement que sa famille. Ses modèles phares, “Pandora” (la minaudière en Plexiglas transparent), “Dolly” (l’escarpin compensé à plate-forme) et “Kitty” (la ballerine en forme de chat), sont

devenus cultes. Avec une équipe de cinquante personnes – dont elle est “fière” – neuf boutiques dans le monde, huit collections par an, deux-cent-cinquante modèles par saison et une nouvelle ligne de sacs, la petite marque de niche a aujourd’hui tout d’une grande. “Après Miami et Hong Kong cette année, nous allons ouvrir à Las

Vegas et Dubai. Mon entreprise est organique, elle grandit doucement mais sûrement. Il n’y a aucun investisseur extérieur, tout est en propre. Control freak, j’ai encore du mal à déléguer.” G L A M O U R H O L LY W O O D I E N

Encouragée au commencement par ses parents, le promoteur immobilier Guy Dellal et le mannequin brésilien Andrea Dellal, Charlotte a travaillé dur pour ne pas les décevoir. Passionnée par la mode, une fois ses études au London College of Fashion terminées, elle lance Charlotte Olympia et pose d’emblée les fondations de ce qui fera son succès : le glamour hollywoodien des années 1940-1950. Son icône absolue ? Rita Hayworth. “Chacune de mes collections est déterminée par un thème fort mais toutes sont teintées d’une certaine nostalgie liée à cette époque.” Très attendues chaque saison, ses présentations à la presse et aux acheteurs sont des rendez-vous incontournables de la fashion week parisienne. La créatrice est sensible aux détails et tout est étudié, décor, boissons servies, ambiance sonore… “La recherche du détail est ma religion.”

EN HAUT : CHARLOTTE OLYMPIA, DANS SA CHAMBRE, EN PULL MARC JACOBS ET PANTALON GIAMBATTISTA VALLI. À CÔTÉ D’ELLE, UN SAC ROUGE DE SA NOUVELLE COLLECTION. PAGE DE DROITE : DANS LE DRESSING, DES SACS DE SES DIFFÉRENTES COLLECTIONS. EN BAS : À L’ENTRÉE DU DRESSING, LE N ÉON “WHAT WOULD PRINCE CHARLES WEAR?”. MINAUDIÈRES, SAC ET SOULIER DE SA COLLECTION HIVER 14-15.

PHOTO DR

C

harlotte Dellal semble sortie d’un film hollywoodien des années 1940. Il est 9 heures du matin et, pimpante, elle revient d’une réunion de parents d’élèves pour son fils aîné, Ray. De retour chez elle, elle nous reçoit dans ce qu’elle appelle son “uniforme” : lèvres et ongles rouges, coiffure crantée et robe cintrée. Charlotte ne suit pas la mode, elle la fait. Son style, son univers et sa personnalité ont forgé l’état d’esprit de sa marque de chaussures dont il ne fait aucun doute qu’elle est la meilleure ambassadrice. “Ma grand-mère paternelle, Zehava, vient d’une époque qui m’a inspiré mon adoration pour les accessoires, notamment les chaussures, les chapeaux, la lingerie et la bonneterie. Je parais toujours très apprêtée du fait de ma coiffure. Une fois par semaine, je me rends chez mon coiffeur, John Hilliard, qui s’occupe de moi depuis six ans. Pour obtenir une telle coupe, cela implique de mettre des bigoudis, de rester assise une heure avec un filet sous un casque sèche-cheveux, comme une grand-mère, et de mettre beaucoup de laque !”


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Cet hiver, avec la collection “Shanghai Express”, Charlotte a rendu hommage aux grandes dynasties de Chine. Des pandas et des lanternes s’accrochent aux sacs tandis que des vases en porcelaine bleue remplacent les talons. De véritables “objets à porter” comme elle aime nommer ses créations. L’été prochain, sa collection “Tex-Mex” sera, elle, sous le signe du Mexique et du Texas. Variées, ses collections touchent un éventail de femmes très large. Leur dénominateur commun ? “Des femmes qui s’habillent le matin en commençant par les pieds.” Le plus beau compliment qu’elle ait reçu ? “Qu’en dépit de leur hauteur, mes chaussures sont confortables. Un détail qui me tient particulièrement à cœur.” Dans dix ans ? “Je veux juste croître : bigger business, bigger familly.” Entourée des cinq hommes de sa vie, Maxim (son mari), Ray, Ike et Rio (ses trois mousquetaires de fils) et Marlon (son chien), Charlotte s’est installée à Ladbroke Grove, un quartier résidentiel et familial, non loin de Notting Hill. “J’ai toujours rêvé d’avoir une grande famille et un travail épanouissant. Mais il n’y a jamais assez d’heures dans une journée pour tout réaliser.” Elle concède cependant être une privilégiée : “Mon bureau est tout près de la maison et de l’école des enfants. Je mène une vie de quartier. Mon marchand de fruits et légumes, mon boucher, mon cours de Pilates sont à proximité de la maison. De plus, je suis très aidée par ma mère et ma belle-mère. Je viens d’une famille juive sud-américaine et moyenorientale où l’on est très solidaire.” Le moment qu’elle préfère ? “Le soir, lorsque je rentre à la maison et que je passe du temps avec les garçons. Une fois qu’ils sont couchés, je prépare à dîner à mon mari.”

PHOTO DR

FEMME-OBJETS

Née en 1981 au Cap, en Afrique du Sud, Charlotte est l’aînée d’une tribu de quatre enfants. Son frère Alexander (né en 1983), compagnon d’Elisa Sednaoui, est galeriste, sa sœur Alice (née en 1987) est mannequin

et muse de Karl Lagerfeld et Max (né en 1990) est le petit dernier. Cosmopolite, Charlotte a grandi entre Paris, Rio de Janeiro et Londres. Parmi ses destinations préférées ? Rio à Noël et à Pâques pour recharger les batteries. L’été, elle loue une maison en Espagne, souvent à Formentera, en juin, elle se rend à Capri avec sa belle-famille. “Le week-end, lorsque nous ne partons pas à la campagne dans le charmant cottage de mes beaux-parents, nous faisons des barbecues à la maison.” Ses passe-temps favoris ? La chasse (aux faisans) mais aussi la cuisine et

SES ADRESSES À LONDRES

Alfie’s Market, pour ses meubles et vêtements vintage 13-25 Church St, NW8 8DT Circus Antiques, pour ses meubles vintage 60 Chamberlayne Rd, NW10 3JH Michael Hoppen Gallery, pour son choix de photographies 3 Jubilee Pl, SW3 3TD Le Royal Institute of British Architects, pour des déjeuners d’affaires 66 Portland Pl, W1B 1AD Dock Kitchen, un restaurant dont la carte change chaque semaine 342-344 Ladbroke Grove, W10 5BU Ikeda, un restaurant japonais qui offre plus que des sushis 30 Brook St, Mayfair, W1K 5DJ Pescheria Mattiucci, un restaurant sicilien qui sert un poisson délicieux 8 Blenheim Crescent, W11 1NN The Wolseley, parfait pour le brunch 160 Piccadilly, W1J 9EB Santo, un restau mexicain très sympa 299 Portobello Rd, W10 5TD


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“Je collectionne, conserve, accumule, archive, encadre et personnalise tout ce qui me tient à cœur.”

les cartes. “Je suis une femme d’intérieur. J’adore passer du temps chez moi.” Si l’espace dédié aux enfants est au deuxième étage, il y a toujours des jouets qui traînent au rezde-chaussée, dans la cuisine et au salon, ou au premier étage, dans son dressing, sa chambre ou sa salle de bains. La maison, éclectique et chaleureuse, est remplie de bibelots et d’œuvres d’art. De nombreuses photographies de femmes sont disséminées dans les différentes pièces, parmi elles, certaines sont signées Guy Bourdin, sir Norman Parkinson, William Klein, Horst P. Horst et Alex Prager. Charlotte a mixé des meubles venant de chez ses parents (comme la table basse du salon) avec des pièces qu’elle a chinées ou fait faire. “Lorsque je

ne trouve pas exactement ce que j’aime, je le fais faire.” Elle amasse des objets en tout genre : “Je collectionne, conserve, accumule, archive, encadre et personnalise tout ce qui me tient à cœur.” Son dressing en est la parfaite illustration. Décorée de moquette léopard, lustre rétro, vieux portant et canapé en forme de bouche, la pièce regorge de chapeaux, minaudières, sacs, parfums et foulards posés, accrochés ou suspendus… “J’aime avoir tout ce que j’aime devant mes yeux.” En atteste son imposante collection de chaussures disposées, tels des livres, sur une bibliothèque murale rétroéclairée. Les chaussures sculpturales cohabitent avec ses souvenirs d’enfance ou de voyage : “Call me nostalgia. I love going to memory Lane.” Entendez, “je suis nostalgique, j’aime regarder vers le passé.” Les passeports de ses aïeuls y sont mêmes encadrés au mur : “Ils me rappellent mes origines.” Plusieurs œuvres d’art sont personnalisées, comme une œuvre en crochet de l’artiste Kate Jenkins offerte par son mari et qui représente du lime pickle, son condiment préféré, ou encore les pieds en bronze de ses enfants dont l’empreinte a été

prise à 19 jours. “C’est un cadeau que j’adore offrir à mes amies qui viennent d’accoucher.” Outre son dressing, Charlotte affectionne particulièrement sa cuisine – une pièce à vivre lumineuse et spacieuse qui donne sur le jardinet – et sa salle de bains. Sa chambre fait la part belle aux photos de famille, dont une sublime photo d’elle à son mariage avec Maxim Crewe, son financier de mari, qu’elle a épousé dans une fabuleuse robe “de musée” réalisée par son ami Giambattista Valli. Adepte de célébration, elle vient d’ailleurs de fêter son anniversaire entourée de quarante-quatre intimes, à Burgh Island, sur la côte de Devon dans son hôtel préféré (celui où Agatha Christie a écrit Les Vacances d’Hercule Poirot). Un week-end de festivités autour d’un thème : les années 1930. “Tout le monde a joué le jeu. Au programme ? Chasse au trésor, pique-nique, soirée nautique et bal Art déco black tie.” Reine de l’organisation, Charlotte avait tout planifié depuis un an et avait même pensé à faire des pantoufles “Kitty” collectors qu’elle avait disposées dans les chambres des invités. On aurait bien aimé en avoir une paire…

EN HAUT : VUE DU SALON. À GAUCHE : SAC “CHEVAL” DE LA COLLECTION ÉTÉ 2015. EN BAS : CHAUSSONS LÉOPARD DE LA COLLECTION ENFANT “INCY”.


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Emblématique, le Monogram Louis Vuitton a été revisité par six créatifs de talent. Une icône repensée par des iconoclastes, pour une édition limitée iconique.

MONO MANIAQUES

LE MONOGRAM V U PA R … Marc Newson

Karl Lagerfeld

Cindy Sherman

L

a dernière fois que Louis Vuitton avait confié son célèbre logo à des créatifs extérieurs à la maison – pour les 100 ans de celle-ci, en 1996 –, le succès fut tel que la griffe donnait vie à sa première ligne de prêt-à-porter de luxe créatif quelques mois plus tard. Cette année, pas d’anniversaire particulier, mais l’envie fondamentale d’un duo de choc : Delphine Arnault, nouvelle directrice générale adjointe de la maison, et Nicolas Ghesquière, nouveau directeur artistique des collections femmes. L’idée : réunir autour de la marque des personnalités capables de revisiter le fameux Monogram. Le créateur de souliers Christian Louboutin, l’artiste Cindy Sherman, l’architecte Frank Gehry, les créateurs Karl Lagerfeld et Rei Kawakubo ainsi que le designer Marc Newson ont repensé une pièce de Louis Vuitton. La collection d’accessoires inédits qu’ils livrent bouleverse et redéfinit les frontières entre art, architecture, design et mode. “Nous souhaitions faire appel à des personnalités qui travaillent avec audace”, indique Delphine Arnault, “à la fois avec leur esprit et avec leurs mains. J’ai trouvé cela fascinant – et amusant ! – de les réunir et de voir leurs différents points de vue sur le Monogram.”

Illustration YUÉ WU

Christian Louboutin

Le logo signature imaginé par Georges Vuitton, en 1896, était déjà révolutionnaire à l’époque. Le sigle “LV” entouré de fleurs stylisées correspond, selon les interprétations, au style néo-gothique du XIXe siècle, à l’influence du japonisme ou à celle plus terre à terre du carrelage manufacturé Gien qui ornait certains murs de la demeure familiale des Vuitton. Du sac punching-ball de Karl (parfaite interprétation de son sens de la répartie) à la malle “Studio in a Trunk” multicolore de Cindy Sherman, et du coffret trépied de Frank Gehry au trolley à chaussures forcément souligné de rouge de Christian Louboutin, on s’amuse en effet. Tout en redécouvrant la puissance et l’adaptabilité de l’étendard maison. “Le Monogram est intemporel”, ajoute Michael Burke, PDG de Louis Vuitton. “Avec ce projet, nous voulons le célébrer tout en défiant les règles du classicisme.” Une démarche quasiment philosophique : “Il faut que tout change pour que rien ne change”, déclarait Tancredi dans Le Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. C’est sans doute la motivation d’une opération de cette envergure qui sera dévoilée à New York lors d’une grande soirée ce mois-ci… À une époque non moins mouvementée et révolutionnaire que celle que traversait l’Italie du prince Salina.

Frank Gehry

Rei Kawakubo

PHOTOS MICHAEL AVEDON, DR

Par PATRICK CABASSET


PHOTOS MICHAEL AVEDON, DR

En exclusivité dans “L’Officiel”, Marc Newson a repensé pour LOUIS VUITTON un sac à dos. En shearling et toile enduite monogrammée et zippée, il se décline en trois couleurs, écru naturel, orange fluo ou bleu pop. Il est photographié ici par Michael Avedon (petit-fils du célèbre Richard) avec les mannequins Freja Beha et Liya Kebede.


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TALENTS

Il a fait ses marques dans les conservatoires de la vieille Europe et s’en va désormais conquérir le Moyen-Orient. Entre deux étapes, le contreténor libanais se confie. PAR PHILIPPINE DE CLERMONT-TONNERRE PHOTOGRAPHIE RAYA FARHAT

MATTEO EL KHODR BAROQUE!

S

a carrière semble être arrivée à un tournant. De Munich à Londres, de Froville à Saint Petersbourg, Matteo El Khodr avait déjà bien roulé sa bosse sur la planète lyrique. Mais cette année, l’interprétation du rôle titre de Hyacinthe à la

Cité de la Musique, aura, sans aucun doute, marqué un petit apogée dans la trajectoire de son parcours sans faute. « Vous vous rendez-compte, ils m’ont appelé, je n’ai même pas eu besoin de passer d’audition. Cet opéra n’avait jamais été joué depuis la mort de Mozart », s’exclame le jeune virtuose

de 29 ans, seul contreténor du MoyenOrient où il est également le premier à avoir introduit la musique baroque. Pour cette double casquette, il s’est vu remettre, tout récemment, un prix du Beirut International Awards Festivals. En dix ans, l’ascension qui est la sienne fut portée par une vague


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d’engouement inédite pour les contreténors, chanteurs d’opéra dont la voix a pour particularité cette tessiture féminine. De nombreux talents furent ainsi révélés : Philippe Jaroussky, Franco Fagioli, Max Emanuel Cencic, autant de pointures musicales avec lesquelles Matteo a lui-même collaboré. « J’ai eu ce que je voulais » Matteo El Khodr m’a donné rendezvous chez lui, rue Clémenceau, au troisième étage d’une somptueuse demeure des années 30. « A un moment, je me suis dit : j’ai eu ce que je voulais, j’ai eu l’impression d’avoir bouclé ma boucle. Et depuis un mois, tout a basculé », poursuit-il, l’air ravi et décontracté, assis dans un fauteuil de son salon bariolé de tissus orientaux. Il y a dix ans, quatre semaines avaient déjà suffi à faire basculer son destin, lorsque, repéré par Guy Manoukian lors d’un concert amateur, il se retrouve en train de signer avec Universal Music. « C’est

Saint Louis des Capucins pour le traditionnel festival Beirut Chants. Passionné de musique sacrée, Matteo El Khodr ne cache pas sa fascination pour les représentations religieuses même s’il se dit non pratiquant et croyant « à sa façon ». Né dans une famille où se côtoient islam et chrétienté, il a hérité de cette diversité toute beyrouthine non pas une foi profonde, mais une fervente ouverture d’esprit. Et, sans doute, le fait d’être, comme il le dit lui-même, « un enfant d’Orient éduqué en Occident » a-t-il concouru à forger ce libéralisme. De Paris à Beyrouth, des défilés de la Fashion Week au Conservatoire de musique classique, finalement la seule enveloppe dans laquelle Matteo El Khodr, se laisse volontiers enfermer est celle du baroque, ce courant décadent du 17e siècle, à partir duquel le chanteur a construit sa philosophie de vie, sa spiritualité, voire même son identité. « Je suis vraiment très baroque, très extravagant, très lumineux. Mes réactions sont exagérées, qu’il s’agisse de joie ou de colère. J’adore la fête et ses excès »,

s’étire de Marie Antoinette à Pete Doherty, embrasse tout naturellement la mode. Dans sa garde robe, Matteo El Khodr a déjà accumulé une petite centaine de costumes signés, entre autres, Dior Homme et Valentino. «J’ai toujours une touche très rock, un ruban, un nœud et en même temps un coté cuir avec beaucoup de noir sur les yeux, affirme cet admirateur de Klaus Nomi. J’aime l’aspect léger, éphémère et superficiel de la mode, dans ce domaine tu dois toujours avancer, aller plus loin, tu te régénères à chaque fois ». Certes, il est capable de débarquer en talons aiguilles à une soirée. Mais quand il s’agit de musique baroque, il retrouve son classicisme. Un purisme musical qui l’a poussé à mettre fin à son contrat avec Universal Music. « On était en plein dans la crise du disque, ils voulaient m’orienter vers un concept baroque pop. C’était du marketing, ce n’était pas ce que je voulais », explique Matteo qui depuis son deuxième album « Pieta », sorti en 2010, est son propre patron : « Mon équipe, c’est moi qui l’ai formée. Je suis mon propre boss, je n’ai de

De Paris à Beyrouth, des défilés de la Fashion Week au conservatoire de musique classique, finalement la seule boîte dans laquelle Matteo El Khodr, se laisse volontiers enfermer est celle du baroque. arrivé par hasard. A l’ époque j’ étais en terminale, je ne m’imaginais pas du tout faire de la musique mon métier », confie-t-il. Après une décennie passée à mettre ses pas dans ceux de ses aînés, à se « former », le chanteur s’apprête à tracer son propre sillon en terre inconnue, non pas de lui-même mais de ce MoyenOrient auquel il ambitionne de faire découvrir la musique baroque. Le 22 novembre dernier, il offrait le premier concert baroque au Philharmonique de Qatar. Prochaines étapes : Dubaï, Abu Dhabi et Oman, sans doute. Le contreténor espère se produire dans l’opéra f lambant neuf de Mascate, un impressionnant édifice des Mille et Une Nuits. « J’ai présenté mon dossier, je croise les doigts », assure-t-il. « Tout en moi est baroque » D’ici là, on le retrouvera le 17 décembre à Beyrouth sous les voûtes de l’Eglise

confie-t-il, lui qui, en bon noctambule cosmopolite, ne refuserait pour rien au monde une fiesta au Baron à Paris, ou encore au Berghain, le mythique club techno de Berlin à la réputation pour le moins sulfureuse. Son art, qui lui impose une discipline de fer, semble agir comme un garde fou sur cette nature somme toute très rock star. « Quand je sors, je m’autorise tout, je n’ai pas de limites, mais en dehors de ça, j’ai un rythme sain, je ne fume pas et fais beaucoup de sport pour entretenir ma forme physique et ma voix », souligne Matteo El Khodr. Cette voix justement. C’est de là que tout est parti, lorsqu’il découvre, à 18 ans, son timbre de contreténor, et se lance, par voie de conséquence, à l’assaut du répertoire baroque, les deux étant intimement liés. « J’ai tout dévoré, Vivaldi, Purcell, ça a été un véritable gavage », raconte-t-il « J’aime le côté superficiel de la mode » Son univers, qui, chronologiquement,

compte à rendre à personne ». Le virtuose, qui pousse dans les retranchements du sublime chacune des partitions auxquelles il s’attaque, avoue ne pas pouvoir se passer de ses professeurs Dominique Visse et William Christie, entre autres. « Avec eux je recharge mes batteries, ils remettent la machine en marche », affirme-t-il. Esthète ? Oui, mais pas que. Son principal défaut, confie-t-il, est « l’exagération » (dont le pendant positif est, incontestablement chez lui, la générosité). Un travers sur lequel il dit « travailler » et que sa lucidité lui permet, finalement, de dompter : « L’intelligence est très importante pour rendre les choses beaucoup plus simples dans une vie. Je me remets tout le temps en cause ce qui fait que j’ai des rapports très sains avec les gens. J’arrive toujours à régler les problèmes d’une façon ou d’une autre. La preuve, ça fait six ans que je suis avec la même personne ! »


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LA VIE

BEIRUT'S NOUVELLE VAGUE Ils sont Libanais, producteurs de biens. Des biens beaux, et des biens bons. L’Officiel Levant et A Mag les présentent au grand public dans le cadre d’une exposition qui se tient dans l’espace People du magasin Aïshti jusqu’à la fin de l’année. Ils sont la Beirut’s Nouvelle Vague. Par F.A.D

D av i D/N i c o l a s , l e m o N s t r e à D e u x t ê t e s

Derrière ce binôme qui est leur label, David Raffoul et Nicolas Moussallem travaillent en duo depuis 2011. Leurs créations sont la fusion de deux univers et la somme d’expériences et d’approches différentes, d’opinions parfois divergentes dont elles reflètent la richesse et l’énergie. Repérés par Nina Yashar qui a exposé leurs créations à la galerie Nilufar dans le cadre de la design week de Milan, leur nom a été retenu par le New York Times parmi trois étoiles montantes du design de 2014. Ils travaillent notamment pour le porcelainier portugais Vista Alegre. Joe ariDa, les vaNités D’uN graND moDeste

carla Baz, uN cv taillé DaNs le marBre

Le parcours de cette jeune designer est d’une implacable linéarité, d’un défi créatif à l’autre. Après Penninghen Paris et l’ECAL Lausanne où ses travaux sont sanctionnés par des Bouroullec, Charpin ou Campana, elle pose ses valises à Londres où elle effectue des stages chez Burberry, Vivienne Westwood et Zaha Hadid. Sous de tels auspices, le succès ne tarde pas à venir, porté par son désir profond de conjuguer sa vision contemporaine avec le savoir-faire traditionnel des artisans libanais. Lauréate du prix de design de la Fondation Boghossian en 2013, ses meubles et objets sont des sculptures en bois et marbre taillées à la main, et qui habitent l’espace avec élégance.

PHOTOS DR

Ce touche-à-tout passionné de mode et de stylisme a le don de saisir le souff le éphémère de l’air du temps. Et de l’insuff ler à son tour dans des créations justes et vibrantes, qu’il s’agisse de photo, de dessin, d’écriture ou de design. Sous son label La Terre est Folle, on devine un engagement écologique qui se traduit par des objets émouvants, polyvalents et durables. Sa nouvelle collection, IKE, s’inspire de l’art f loral japonais et déploie sur des coussins, entre Ikebana et Moribana, des motifs végétaux et des insectes qui rappellent les vanités. Ses radiographies transformées en luminaires soulignent sa fascination pour le passage du temps. On adore ses skate -boards pantouflards, habillés de toile de Jouy.


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vaNiNa, aux passioNNées les maiNs pleiNes

Quoi de mieux que cette kitschissime chanson de Dave pour définir l’univers de Joanne Hayek et Tatiana Fayad? Au départ, elles étaient deux fillettes qui se retrouvaient les après-midis de vacances pour bricoler ensemble des trucs de fillettes. A l’arrivée, elles sont à la tête d’une marque de bijoux fantaisie célébrée par Swarovski et vendue chez Colette. Le secret d’un parcours, du collier de pâtes à l’entreprenariat? Une passion commune et une amitié sans faille. En 2007, elles se lançaient dans l’édition de T-shirts qu’elles vendaient dans la boutique de la maman de Tatiana. Le bijou a suivi, alors qu’elles étaient encore à l’université. En 2014, elles sont à la tête d’un business qui vend du rêve à base de fleurs en plastique recyclé et d’allumettes de couleurs.

l’atelier Du miel, l’or Des ruches et l’art De l’emBallage

hhD heNry Dakkak Jr, uN caBiNet De curiosités

Ayant côtoyé toute son enfance les meubles précieux et objets insolites de la galerie de ses parents, Henry Dakkak Jr. a choisi de passer de l’autre côté du décor et enfiler la blouse de l’artisan. Depuis, il croise le bronze et le fer, burine le bois, patine, soude et assemble des objets qui semblent tout droit sortis d’un cabinet de curiosités du 18e siècle, mais dont l’origine remonte à avant-hier. La matière première de cet artisan contemporain ne provient en effet que de choses en déshérence, ici une boucle de ceinture, là une horloge cassée, là encore une poignée récupérée sur un vieux Riva. On s’amuse à les repérer dans la composition étrange d’un bougeoir, d’un bijou barbare ou d’une statuette votive.

C’est l’histoire d’un architecte avec un nom de conquérant. Marc-Antoine Bou Nassif, amoureux de la nature et fasciné par le génie des mains, décide de mettre de l’ordre dans la production du miel, en général mal contrôlée, et contribuer ainsi à préserver les pâturages des abeilles. Depuis son bureau de Gemmayzé, 1000YearsOld, il associe deux amis à cette entreprise atypique. Il prend contact avec les apiculteurs locaux, trace le parcours des transhumances des ruches selon les saisons et crée des échanges avec des producteurs étrangers. Il dessine le packaging en bois brut, le logo sobre et élégant, les étiquettes dont les couleurs s’harmonisent avec la provenance du produit. Les cuillères à miel sont réalisées par des artisans de Jezzine, du Kalamoun, de Sarafand ou de Tripoli, chacun selon sa spécialité.


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marc DiBeh, soN éloge De la légèreté

Ce designer de produits et architecte d’intérieur est sûrement habité par un spectre scandinave. Ses créations, d’un minimalisme élégant, obéissent à une rigueur sans concession dont il transmet les arcanes à ses étudiants en design de l’Université Saint Joseph et de l’ALBA. Il a créé son propre studio en 2009 et, depuis 2012, ce surdoué est commissionné par la galerie Artfactum Beyrouth pour présenter ses créations dans toutes les expositions qui comptent, de Dubaï Design Days à DesignMiami Fair. Seul ou en collaboration avec Marc Baroud, il produit des objets décalés, toujours teintés d’humour. Des vases en verre ou porcelaine qui basculent sur leur support et portent des prénoms familiers, un cheval de bois minimaliste, des projecteurs en cuivre, des néons sortis de Star Wars. ralph masri, la trace D’uNe araBesque

S’il est né à Beyrouth, Ralph Masri a grandi balloté entre le Canada, la France et le Royaume Uni. A 18 ans, on le trouve à Londres, en stage de bijouterie à Central Saint Martins. Etudiant en première année, il gagne le prix Swarovski qui lui ouvre les portes de l’emploi au sein de cette enseigne internationale de cristaux du Rhin. L’année suivante, il est encore lauréat du UK Jewellery Award. Il n’a pas 20 ans et il est déjà sollicité par les grandes maisons européennes pour intégrer leurs ateliers. Quand, en 2011, il obtient son diplôme, c’est déjà un vétéran prêt à fonder sa propre marque. Ce qu’il fait, gravant en toute légitimité sa signature dans l’or des collections précieuses qu’il dessine désormais sous la dictée de sa propre vision. On adore sa ligne «Arabesque», inspirée des géométries de l’art arabe.

De l’Académie libanaise des Beaux Arts au studio Berçot à Paris, avec un passage chez Proenza Schouler à New York, le parcours de cette jeune styliste suit la trajectoire d’une f lèche. Mais la cible de Sara Melki est bien définie, c’est à Beyrouth qu’elle ouvrira son showroom, en avril 2012. De l’Orient extrême à la vaste Afrique, elle cherche son inspiration dans le voyage, n’emploie que ces tissus précieux qu’on ne trouve que chez Mahlia Kent, fournisseur officiel de Chanel. Quand elle ne rêve pas longs cours, Sara Melki se plonge dans les œuvres de Basquiat, Mirò ou Calder qui la stimulent et lui prêtent leurs couleurs et leurs gestes. Sa pièce iconique est le short qu’elle décline dans tous les styles avec une exigence de coupe digne d’une grande.

PHOTOS DR

sara melki, iDées loNgues et visioN short


LA VIE

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house of zeJD, l’huile D’olive couture

L’huile d’olive, on dit encore que c’est l’or vert du Liban. Pourtant, entre pressoirs vétustes et récoltes sauvages, ce secteur a longtemps peiné à décoller. C’est la raison pour laquelle toute une nouvelle génération d’ingénieurs agricoles en a fait son combat. Youssef Fares fait partie de ces puristes qui ont poussé leur passion jusqu’à devenir de véritables «nez». Accrédité par le Conseil international de l’Huile d’Olive en qualité de connaisseur et véritable expert, Fares a ouvert en 2004 sa compagnie Olive Trade, spécialisée dans la production et la vente éco conscientes de dérivés de l’olive. Sa marque, Zejd, a fait ses preuves sur les marchés mondiaux avant de rejoindre Beyrouth en 2013, dans l’atmosphère sophistiquée d’une boutique où tout donne envie. Beirut cooks, uN livre comme uN DîNer De potes

Pascale Habis n’a pas choisi ses chefs au hasard. D’ailleurs, ils n’étaient pas vraiment chefs avant d’avoir été adoubés dans son livre. Designers, publicitaires, entrepreneurs, écrivains, ils viennent de tous les horizons et n’ont en commun que leur passion: la cuisine, le plus souvent familiale. Ils sont 37 à offrir, dans les pages de ce livre qu’on aborde comme un dîner de potes, les tours de main et saveurs d’enfance qui font le succès d’une bonne recette. Les fruits de mer selon Tala Hajjar, le barbecue revu par Karim Chaya, la dinde d’Anthony et Raya, pas d’esbroufe, tout a été dûment testé et goûté et tout marche. L’album est somptueux, beau papier, belles illustrations et élégante mise en page. La préface est d’un vrai chef (quoique venu de l’architecture): Nicolas Audi. Il est édité chez Rawiya.

PHOTOS DR

sapori Di tery, la cuisiNe De mamma eN fille

Isabella Baffa est une Italienne pur fruit, même si elle est née et vit au Liban. Après 18 ans dans la pub, les médias et la communication, est venu pour elle ce jour où l’on tourne une page pour suivre son cœur. Et son cœur, c’est cette passion de la cuisine qui lui vient d’une famille où tout le monde est aux fourneaux pour préparer des repas partagés dans la joie et les rires. En hommage à sa mère, Tery, Isabella s’investit dans la production de sauces à pasta en dix saveurs différentes, de dips et de cakes salés. Attention: contient de la bonne humeur. Ne pas se priver de dépasser les doses prescrites.




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LA VIE

HOUSE OF TODAY: LE DESIGN NAKED House of Today, l’association créée pour promouvoir le design libanais, inaugure sa deuxième exposition au très select Yacht Club de Beyrouth. Sur le thème intimiste “Naked – Beyond the Social Mask”, Cherine Magrabi Tayeb, instigatrice de l’initiative, et le designer Sam Baron, ambassadeur de cette édition, réunissent les œuvres de 30 participants. Les fonds de cette opération profiteront aux missions de l’association. En l’occurence la “Lebanese autism society” PAR CLAIRE AZUÉLOS

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e sa col laboration de toujours au sein de l’entreprise de sa famille, Cherine Magrabi a acquis la posture d’entrepreneuse et le sens du commerce : “Je sais vendre” – nous dit-elle clairement. L’Ecole d’Art de Chelsea avait préalablement façonné ses dispositions artistiques.

Dans sa House of Today le principe d’entraide fait loi. Un comité d’experts est là en renfort pour aider la maison à baliser la nouvelle vague émergente. Les designers chevronnés aident leurs jeunes pairs en leur donnant de la visibilité via des expositions communes, ou font don, comme Raed Abillama, Nadim Karam ou Najib Tabbah, de certaines de leurs œuvres à l’association. Tous les bénéfices générés par les ventes sont reversés en bourses d’étude en design ou en aide à la production. C’est le cas pour David/Nicolas dont l’exposition de ce mois de décembre

PHOTO DR, DIMITRI HADAD

Le projet de House of Today (HOT), lancé en 2002, intervient logiquement dans le parcours de la – très belle mécène sur qui la communauté des industries créatives et de l’art contemporain du Moyen-Orient compte déjà depuis des années. Elle mobilise temps, finances et carnet d’adresses pour le développement de cette plateforme collaborative. “Il y a d’excellents designers au Liban. Il faudrait que ça se sache d’avantage.”


LA VIE

à Art Factum a reçu un bon coup de pouce de l’association. Les moulins à vent de Najla El Zein avaient pu tourner l’année passée au V&A grâce à elle. En bref, House of Today a l’esprit de famille : la maisonnée très connectée fait toujours bénéficier ses protégés de ses réseaux. “On est toujours en contact avec des collectionneurs qui ont envie d’enrichir leur collection ou des personnes qui recherchent des designers pour des collaborations.” – précise Chérine. “Confessions” en 2012, “Naked – Beyond the Social Mask” en 2014. House of Today est un commanditaire qui a le goût de la formule et qui contraint pour mieux inspirer. Le thème de l’exposition vient cette année d’une conversation avec Rabih Salloum, à la terrasse d’un café. “A quoi ressemble-t-on quand on rentre chez soi le soir et que tombe notre ‘moi social’ ?” A Beyrouth, la question est de circonstance et a de quoi faire plancher les 30 designers invités à produire un objet fonctionnel.

PHOTO DR, DIMITRI HADAD

Entre designers libanais connus et reconnus comme Elie Saab, Karim Chaya, Claude Missir et Marc Baroud, ou étrangers comme Sam Baron, Valentina Carretta et Christian Haas, auxquels s’ajoutent de nouveaux venus qui font de plus en plus parler d’eux comme Fadi Mansour et David/Nicolas, HOT donne aussi à découvrir les œuvres de designers débutants mais prometteurs: Céline Stephan, Kamal Aoun, Tamara Barrage, Vrouyr Joubanian et Léa Rosa Kirdikian. Et comme c’est tout de même les fêtes, des créatifs d’autres domaines ont rejoint le générique de l’événement : Gilles Khoury, Cynthia Merhej et Tala Hajjar, chargés d’imaginer des idées pour de petits cadeaux. Pour vous donner encore plus envie d’embarquer à bord du (love) yacht: Elie Saab a dessiné un sac spécialement pour l’occasion. De couleur chair – “Naked” oblige, il se destine à de rares élues. La série est limitée à trois exemplaires. “Naked – Beyond the Social Mask”, exposition de House of Today, Yacht Club, Beyrouth. Du 16 décembre 2014 au 17 janvier 2015. Ouverture au public du lundi au samedi, de 10h à 19h. www.house-of-today.com https://www.facebook.com/HouseofToday


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échappée

FAIS DU FEU DANS LA CHEMINÉE… L’ hiver sans feu de bois n’est pas l’ hiver. Cette année, il s’annonce rigoureux pour le plus grand bonheur des nostalgiques. Une saison pour se retrouver autour d’un foyer qui, selon la tradition, est dépositaire de cadeaux autant que de confidences sentimentales. Voici quatre cheminées mythiques du Liban pour laisser courir votre imagination.

Par F.A.D. Photographie RAYA FARHAT Conception MINJA EL-HAGE


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Villa Clara, Beyrouth.

Cet hôtel niché dans une ancienne maison bleue du quartier Mar Mikhaël est le rendez-vous des artistes, écrivains et autres bohèmes. Idéal pour grignoter une tartine de foie gras avec un verre de sauternes et la pluie qui cogne aux fenêtres.


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échappée

M z a a r I n t e r c o n t I n e n ta l , Fa r aya M z a a r .

Le pendant montagnard du célèbre hôtel Phoenicia domine un complexe de chalets entourés de gazon l’été, feutrés par la neige l’hiver. Avec son remonte-pente privatif, c’est le paradis des skieurs qu’il bichonne dans son spa après la dernière descente. Pour se gaver de fondue savoyarde au bout d’une journée qu’on sent encore dans les jambes.


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a l B u s ta n , B e i t M e r y.

A un jet de pierre de la capitale qu’il surplombe, ce grand classique est un rendez-vous incontournable depuis les années 50. Un lieu gracieux et rassurant comme un havre, tenu avec amour et élégance par Myrna Boustani qui y organise un festival de musique éclectique et accueille à la veille des fêtes de fin d’année les travaux des enfants malentendants de l’IRAP. Pour un cognac au bar, dont la baie vitrée offre une vue vertigineuse sur Beyrouth.


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échappée

PeoPle, Fakra.

Le jumeau des neiges du célèbre People de Beyrouth. Rendez-vous d’une jeunesse hype et dorée sur tranche qui le remplit à la sortie des pistes et des chalets design du «village». On y parle mode, voyages et art contemporain, business et universités lointaines, dans un décor pointu. Pour un burger black angus ou une pizza au feu de bois avec un verre de bordeaux millésimé.


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DESIGN

Gabriella Crespi a impacté la scène italienne du design des années 1960-70 avec un style nourri de formes minimales et de matériaux luxuriants. On le redécouvre aujourd’hui avec émerveillement. Par Olivier reneau

Esprit créAtEur

PHOTOs miussy werner, ben erikssOn, Piasa

A

vec une soixantaine d’objets au catalogue, Piasa est en quelque sorte la première maison à organiser une vente monographique de l’Italienne Gabriella Crespi. Le nom parle évidemment aux collectionneurs, ravis de voir une telle offre arriver à Paris. “C’est une idée que nous avons eu en début d’année, dans le cadre des focus que nous réalisons sur des créateurs plutôt rares. Nous savions où étaient les pièces mais il a fallu convaincre un peu de monde pour réunir cet ensemble assez inédit”, souligne Frédéric Chambre. Pour autant, la dame est peu connue du grand public et n’apparaît que très rarement dans la liste des designers de la péninsule des cinq dernières décennies. Et pour cause, en pleine apogée, Gabriella Crespi quitte la scène pour s’installer durant vingt ans (1985-2005) en Inde afin d’embrasser une vie beaucoup plus spirituelle. Une vraie surprise de la part de cette grande bourgeoise, mariée dans l’une des plus illustres familles milanaises, et qui a côtoyé des personnalités telles qu’Elizabeth Arden, la princesse Grace, l’homme d’affaires Gunther Sachs ou encore le Shah d’Iran pour qui elle a réalisé des projets d’ameublement. Ce dont on redécouvre aujourd’hui les traces à travers des pièces aux formes géométriques et façonnées dans des matériaux d’exception. Un univers très bohème-chic avant l’heure qui, il est vrai, tranche avec l’approche plus radicale d’un Andrea Branzi ou d’un Ettore Sottsass de la même époque. Mais quarante ans plus tard, ces propositions qui mettent en valeur la haute facture italienne de l’époque tiennent le choc. Tant et si bien que Stella McCartney demande en 2008 à la Signora Crespi, alors âgée de 86 ans, et revenue vivre en Italie, de créer une ligne de joaillerie sur la base de dessins réalisés trente ans plus tôt. Ou bien encore lorsqu’Angelo Ruggeri, directeur artistique de Sergio Rossi, réalise l’an passé une collection de dix modèles de souliers en hommage à la grande dame. Peu de temps après que le Palazzo Reale à Milan lui a d’ailleurs consacré une exposition monographique (2011). La vente chez Piasa, accompagnée d’un ouvrage monographique, arrive à point nommé pour reconsidérer toute la portée de cette créatrice… intemporelle. Le livre Gabriella Crespi, Timeless, est en vente chez Piasa, 118, rue du FaubourgSaint-Honoré, Paris 8e. www.piasa.fr

de haut en bas : gabriella crespi, 1974. commode “mrmme” en laiton et acier, 1972. appartement à milan, 1980. lampe “fungo” en laiton et bambou, série “rising fun”, vers 1973. table en bois laqué et laiton, série “plurimi”, vers 1979. dans le palazzo cenci, à rome, ancien showroom de gabriella crespi, meuble multifonction “yang yin”.


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cuisine

DES DINDES PAS DINDES La dinde n'est pas une volaille intéressante. Non pas à cause de la sottise qu'on lui attribue à tort, la pauvrette, mais parce que sa chair est réputée sèche et sans saveur. Pourtant, que serait un repas de réveillon sans une belle dinde dorée tout droit sortie d'un livre de contes? Par F.A.D.

LO U I S YA M M I N E

Cet ingénieur financier a commencé à cuisiner quand il était étudiant. D’abord pour survivre, ensuite pour ses amis, puis pour son immeuble, et finalement son université. Parallèlement à son travail dans la finance, il anime désormais une émission de cuisine diffusée dans les EAU et préside une société de conseil spécialisée dans la création et la refonte de menus de restaurants, cafés et hôtels. Passionné de bonne chère, de technologie, de sports d’hiver, collectionneur de montres, ce chef sans toque rédige actuellement un e-book de cuisine.

1 dinde entière (crue et nettoyée), 1/2 paquet de beurre ramolli, 300g de bacon (non cuit), 1 oignon, 1 gousse d’ail, 2 feuilles de laurier 2 citrons, 2 tomates moyennes, 4 feuilles de laurier, 1 poignée de persil frais romarin frais, 3 c. à s. d’huile d’olive, sel et poivre, 1 tasse de vin blanc, 1 tasse de bouillon de poulet ou de légumes, ou d’eau tout simplement. Préchauffer le four à 220°C, le temps de préparer la dinde. Mélanger le beurre fondu dans un bol avec 1 cuillerée d’huile d’olive et le jus d’un demi citron, assaisonner de sel et de poivre, ajouter le persil haché. Assaisonner la cavité de la dinde avec le sel et le poivre, y ajouter l’oignon, la moitié du citron, la gousse d’ail hachée et les deux feuilles de laurier. Décoller délicatement la peau de manière à pouvoir glisser une partie du beurre aromatisé entre la chair et la peau. Déposer la volaille sur un grand plat à rôtir. La beurrer, saler, poivrer, arroser de deux cuillerées à soupe d’huile d’olive.

Faire rôtir la dinde durant 15mn, la retirer, l’arroser avec du jus de cuisson, la garnir de bandes de bacon pour l’empêcher de sécher. Baisser la température du four à 180°C et laisser cuire pendant 30mn par kilo en arrosant de temps en temps avec le jus de cuisson. Transférer la dinde dans un plat réchauffé au préalable, supprimer et réserver le cou, les ailes et les pilons pour la sauce. Laisser la dinde tiédir pendant au moins 45mn. Pour la sauce, récupérer le jus de cuisson dans un récipient, réserver. Hacher grossièrement le bacon qui a rôti sur la dinde et le faire frire pendant quelques minutes dans le plat qui a servi à cuire la volaille. Ajouter un peu d’huile d’olive au besoin. Hacher les oignons, l’ail et le citron qui ont cuit à l’intérieur de la dinde et ajouter au mélange deux brins de romarin et les tomates hachées. Faire cuire 1 à 2 minutes, ajouter au mélange les ailes, le cou et les pilons de la volaille, également hachés. Ajouter la tasse de vin blanc et faire bouillir le tout quelques minutes. Ajouter le jus de cuisson mélangé à du bouillon ou à de l’eau, porter à ébullition puis réduire légèrement le feu. Laisser mijoter 15 à 20 minutes.

photos raya farhat

La dinde au bacon


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cuisine

La dinde au cidre

Ingrédients: 1 petite dinde (environs 3,5 kg), cou et abats réservés. 60g de beurre ramolli 1 pincée de sel 2 c. à café de turmeric 2 c. à café de sumac Une tasse de cidre Préchauffer le four à 220°C le temps de préparer la volaille. Rincer la dinde et l’éponger. Mélanger 55g de beurre avec une c. à café de sel de mer, poivre, curcuma et sumac dans un petit bol. Frotter la cavité de la dinde avec une petite quantité de ce mélange et faire fondre le reste pour la badigeonner. Poser un bol de cidre en céramique à feu sur le plat de cuisson, soulever la dinde et l’asseoir sur le bol appuyée sur les pattes. L’arroser avec du beurre fondu et l’enfourner à 220°C pendant 15 mn. Réduire ensuite la chaleur et laisser rôtir 2h en arrosant régulièrement avec le reste du beurre. Le cidre s’évapore et contribue à la parfumer en l’empêchant de sécher. Une fois cuite, retirer la dinde du four et la laisser reposer. Pour la sauce, déglacer le plat de cuisson pour récupérer les jus, verser dans une casserole avec le cidre, ajouter le cou de la volaille, 1 bâton de cannelle et six tasse d’eau. Amener à ébullition. Passer au chinois. Servir avec un couscous au beurre et à l’huile d’argan, accompagné de poireaux, épine vinette, noix et abricots et relevé de menthe, citron confit et piment. BETHANY KEHDY

Née à Houston, Texas, cette foodista de mère américaine et de père libanais s’est fait connaître par son blog sur la cuisine du Moyen Orient (Middle Eastern food blog). Bethany a passé son enfance au Liban. Sa famille s’étant réfugiée à la montagne, dans la ferme paternelle, pendant la guerre, elle a grandi en arrosant les vergers et en récoltant les œufs de sous les poules. Elle a même appris à traire les vaches et à faire du fromage. En 2002, elle représente le Liban au concours Miss Monde, voyage beaucoup et construit sa carrière autour de la cuisine de sa région dont elle offre une approche modernisée. Célébrée par Ottolenghi, elle publie des livres de recettes (The Jewelled Kitchen) dont font écho The Telegraph, Times, Guardian et le New York Times.


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R AFAELLA SARGI

Venue de la pub et des arts créatifs, cette cuisinière née a tout laissé tomber pour suivre sa passion. Pour elle, la cuisine se définit comme un concentré d’émotion, d’amour et d’attention pour ceux à qui on la prépare. C’est aussi une forme d’expression artistique qui appelle tous les sens, un lien entre le souvenir d’un goût et son anticipation. On l’aura compris, Rafaella Sargi cuisine en jouant avec les formes et les couleurs, et les aliments l’inspirent à la manière d’une toile vierge.

La dinde en crapaudine est une dinde tout simplement aplatie, technique qui assure une cuisson plus rapide, complète et uniforme. La poitrine est plus juteuse et la peau dorée et croustillante. Ingrédients: 2 carottes, pelées et hachées 2 branches de céleri hachées 1 poireau haché 2 échalotes hachées 8 gousses d’ail pelées 2 feuilles de laurier 4 tiges de romarin frais 4 tiges de thym frais sel et poivre noir du moulin 1 dinde de 6 kg (environ) 4 cuillères à café de sel 3 cuillères à soupe d’huile d’olive Ingrédients pour la sauce: le cou et la colonne vertébrale de la dinde. 1 petit bâton de cannelle 1 feuille de laurier 2 échalotes 2 petits brins de romarin 4 gousses d’ail 1 cuillère à soupe d’huile d’olive 1 cuillère à café de sel 5 grains de poivre noir 3 verres d’eau 2 cuillères à soupe de beurre 2 cuillères à soupe de farine Préchauffer le four à 220°C le temps de préparer la volaille. Chemiser le plateau de cuisson de papier aluminium, y répartir les légumes hachés avec l’ail, les échalotes, les herbes, le sel et le poivre. Poser la dinde côté poitrine sur un plan

de travail, la queue vers soi. A l’aide d’un couteau électrique ou de ciseaux à volaille, fendre le dos le long de la colonne vertébrale. Détacher celle-ci et la réserver pour la sauce. Faire pivoter la dinde de manière à avoir le cou vers soi, couper ou casser le bréchet (wishbone) et presser la poitrine avec la paume jusqu’à entendre un petit craquement. La dinde doit être légèrement aplatie. Masser la dinde avec de l’huile d’olive, saler généreusement, poser la volaille sur le plat contenant les légumes et enfourner environ 1h30. Sortir ensuite la volaille du four et la laisser reposer une quinzaine de minutes avant de la couper. Pour la sauce, faire revenir à feu moyen dans une casserole le cou et la colonne vertébrale avec le bâton de cannelle, les échalotes, le romarin, l’ail, l’huile d’olive, le sel et le poivre, jusqu’à ce que les viandes commencent à brunir. Verser sur le mélange les trois verres d’eau, porter à ébullition puis baisser le feu et laisser cuire 1h. Passer au chinois et ne garder que le liquide. Séparément, faire fondre le beurre, y ajouter de la farine, puis verser dessus la sauce petit à petit en mélangeant bien pour éviter les grumeaux. Laisser cuire à petit feu jusqu’à épaississement en remuant doucement. Une fois la dinde prête, prélever du plateau de cuisson trois cuillerées de légumes rôtis, les réduire en purée et les ajouter à la sauce pour un goût plus riche et une texture agréable. Servir avec un gratin de poireaux, choux de Bruxelles, champignons et marrons agrémenté de croûtons et de pancetta.

portrait so-Min Kang

dinde en crapaudine et sa sauce


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la vie

CRÉER SA VILLE AVEC URBACRAFT Sabine de Maussion et Ayssar Arida ont créé un jeu, « Urbacraft, The City Crafting System », qui à partir de deux pièces basiques, neutres et blanches, permet de rêver et bâtir un espace urbain infiniment varié. par ElisE slEiman

T

out a commencé, avec un déménagement et une envie : créer une maison de poupée libanaise pour deux petites filles, Aya et Iris. Sabine de Maussion, franco-irakienne, et son mari Ayssar Arida, libano-britannique, ne voulaient pas d’une maison européenne classique, avec un toit rose, des lits blancs à baldaquin et une table sur laquelle trônerait un gâteau à étages. Sabine de Maussion qui fut, pendant sa vie parisienne, chargée de programmation artistique dans des lieux d’art contemporain tels que la Villette, le Centre Pompidou ou le Centquatre, lola bessis.ne voulait pas d’une maison de princesse hors du monde et du temps. Pour ses deux filles, elle voulait une maison qui refléterait leur environnement beyrouthin. « Mais nous avons très vite réalisé qu’aucune architecture ne peut être vraiment libanaise, explique Ayssar Arida. Nous ne voulions pas tomber dans le registre nostalgico-kitsch, et coller une Barbie aux cheveux noirs dans une maison de la rue Sursock ». Sabine et Ayssar décident alors de sortir non seulement de la maison traditionnelle, mais de la maison tout court, et de faire de la rue leur nouveau terrain de

jeu. « L’identité de Beyrouth ne se trouve pas dans l’architecture des immeubles et des maisons, mais dans la vie qui y règne, dans ses rues », explique Ayssar, qui se définit comme urbatecte, néologisme inventé par ce designer théoricien, architecte et urbaniste de formation, qui envisage «l’architecture à travers la ville et non la ville à travers l’architecture ». La ville étant un ensemble d’interactions entre des gens, des immeubles, une nature, des événements… Au sortir de ce premier virage naît Playstreets: au lieu de faire jouer les enfants à la dînette et autre mini kit de repassage, Playstreets se concentre sur les éléments qui font l’urbain : bancs, chaises, arbustes, lampadaires… Mais Playstreets ne les convainc pas encore assez. La ville est métissée et les gens circulent et voyagent. Le jeu doit s’ouvrir et accompagner ces trajectoires. Pas suffisant pour décourager un couple qui semble avoir l’énergie chevillée au corps. Le ressort de ce nouveau rebond est un retour au minimalisme, à l’essentiel, au plus petit dénominateur commun. Avec un objectif : ouvrir la porte de tous les possibles. Au cœur de leur nouveau projet, baptisé « Urbacraft, The City Crafting System » et totalement « made in Lebanon », les “Urbs”: Deux pièces de plastique, basiques,

neutres, blanches, qui s’emboîtent dans tous les sens pour former des murs, des sols... A quoi comparer les Urbs ? Des Lego probablement, mais sans les contraintes. Contrairement aux Lego qui sont autosuffisants, les Urbs invitent le joueur à créer sans entrave. Les Urbs ont deux effets. Le premier est un léger sentiment de vertige : que faire quand tout est possible ? Le second est une sorte d’excitation : tout faire quand tout est possible. Recréer son quartier, imaginer une ville, un immeuble… Se réapproprier sa ville et ses rêves. « Urbacraft est un modèle de construction urbain mais doté d’une dimension « craft », artisanale, manuelle, explique Ayssar. À partir des deux « Urbs », le joueur peut tout construire. Un jeune enfant va créer une tour en deux dimensions. Un enfant un peu plus âgé va monter un immeuble en volume, puis un second, puis positionner l’un par rapport à l’autre, créant par la même une rue. Dans cette rue, il aura envie de mettre une voiture, un ours polaire, un personnage Playmobil, mais aussi un arbre en papier, une façade sur un immeuble. Et c’est là que le côté « craft » de la chose est intéressant. Sur le site d’Urbacraft seront bientôt proposés des modèles de façades qui s’imbriquent


la vie

Photos Vinnie Volkerijk.

sur des structures. L’idée est aussi que chaque utilisateur puisse proposer ses propres modèles, les partager avec la communauté Urbacraft via une plateforme de création et d’échange digitale …. Des dossiers pédagogiques en ligne viendront enrichir ce système de sensibilisation à la ville. « Aujourd’hui, les adolescent passent des heures à jouer à Minecraft sur leur ordinateur », explique Ayssar. Minecraft est un jeu en ligne de création à partir de blocs virtuels de différents matériaux. « Avec Urbacraft, nous réintroduisons le monde physique dans le jeu. Le joueur manipule, emboîte, découpe un arbre, prend en photo la façade d’un immeuble, la manipule sur son iPad, l’imprime et l’intègre à ses Urbs… », explique l’urbatecte. « Urbracraft fait la synthèse du jeu rétro et de la culture actuelle

du bidouillage », poursuit-il. Les enfants mais aussi les plus grands y trouvent leur compte. Lancé en mai dernier lors d’une exposition au Beirut Art Center, à Beyrouth, Urbacraft est aujourd’hui en pleine expansion, alors que Sabine et Ayssar lancent une levée de fonds pour emmener leurs « Urbs » plus loin encore. Les boîtes sont en vente de Beyrouth (Chez Ginette, au BAC, et dans plusieurs événements de Noël), à Londres (Dover Street Market) et New York (Smithsonian Museum of Design). Autour d’Urbacraft sont également organisés des ateliers (au Parasol Unit à Londres ou au Centre Pompidou à Paris). Dans certaines écoles de Beyrouth, les « Urbs » sont utilisés pour stimuler la créativité des enfants au même titre que la pâte à modeler. « Avec les Urbs, les enfants sont sensibilisés à l’idée

de structure, de spatialité, de proportion de manière ludique », explique Sabine. Urbacraft n’intéresse pas que les petits, puisque des designers et architectes l’utilisent déjà dans des contextes universitaires et professionnels. “Urbacraft intéresse les centres d’art et musées tant pour des workshops qu’en tant que cadeau original à acquérir dans leurs boutiques”, explique Sabine, qui parallèlement à son engagement avec Urbacraft est lancée dans un PhD en culture visuelle au Goldsmiths’ College à Londres. Retrouvez Urbacraft sur Facebook et sur urbacraft.com, à Beyrouth au Beirut Art Center, chez Ginette mais également pour des événements exceptionnels : Le samedi 6 décembre au Souk el Tayeb, Souks de Beyrouth. Du jeudi 11 au dimanche 14 décembre au STATION Xmas Market à Jisr el Wati.


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LA VIE

C’est bien un scoop. Artscoops.com, le premier site de vente d’art en ligne consacré à la production artistique de la région vient d’être inauguré à Beyrouth, faisant de May et Raya Mamarbachi des pionnières. Ces 20 dernières années, le Maghreb et le Machrek ont déferlé sur tous les territoires du monde de l’art contemporain. Ils sont aujourd’hui à la tête d’un empire : musées, biennales, foires, prix, collections. La vente en ligne était le seul domaine qui échappait à ce raz-de-marée. Par Claire azuélos

Artscoops une AffAire mère-fille


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ci-dessus, À droite, le visuel de artscoop. "postcard" par NassouH ZaGHlouleH.au Milieu la toile de serWaN BaraN. ci-desous, eN Bas, l’ecriture araBe par HouMaM al saYed. paGe de GaucHe, raYa et MaY MaMarBacHi.

photo Dr

L

a mention “De père en fils” a toujours eu le don de rassurer les clients. Chez Artscoops on accorde tout au féminin. Raya et May surprendront davantage les curieux en leur apprenant que c’est la fille (Raya) qui a recruté la mère (May). Un responsable de ressources humaines n’aurait pas pu mieux faire pour associer des complémentarités. May est volubile, Raya réservée. Fait de société, la mère est francophone, Raya embraye directement en anglais. Elle est de culture anglophone pour avoir étudié au Royaume-Uni. Elle en est notamment revenue avec un MBA du Henley Management College de Londres. “Ma question était de savoir s’il était plus stratégique d’investir dans l’art ou en actions” – explique Raya. “Si de fait un bien artistique compte un plus lent retour sur investissement, il apparaît clairement que passé le cap des 5-7 ans l’art est une meilleure valeur.” Autant dire que cela met les idées en place. Le parcours de Raya Mamarbachi est très construit. A Publicis au Liban puis à Mac DDB au Qatar elle est en charge de marketing digital. Elle compte entre autres clients Qatari Diar ou le Qatar Museum Authority. La jeune femme a ensuite œuvré en marketing, online et traditionnel, pour The Association of Executive Search Consultants à New York et Executivesontheweb. com à Londres. Tous les ingrédients étaient présents. Le déclic intervient lors de l’exposition Syri-Arts au Beirut Exhibition Center en 2013. May Mamarbachi participe activement à l’opération de l’ONG Kayani à destination d’enfants syriens réfugiés au

Liban. Kathy Battista, directrice de l’art contemporain chez Sotheby’s assure le commissariat. Des artistes sont invités à offrir leurs œuvres pour une mise aux enchères par Paddle 8. Plus d’ un million de dollars sont récoltés. Raya va trouver Paddle 8 pour y voir de plus près. “Je me demandais combien de pièces avaient été physiquement acquises au Liban et combien en ligne. Il se trouve qu’une majorité écrasante avait été achetée via un click. Il y avait donc un marché.” Elémentaire. En bonne stratège elle recrute alors sa mère, élégante jetsetteuse, collectionneuse, chef d’entreprises, coordinatrice d’expositions d’envergure (Masterpieces of Ceramics, Victoria & Albert Museum) et diplômée sur le tard de SOAS et de Sotheby’s en art et en archéologie. May s’exclame (devant sa fille) : “Ce retour à l’université m’a offert les plus belles années de ma vie”. Elles sont co-fondatrices et partenaires. Raya est PDG et May est en charge du développement de Artscoops. “Toutes les galeries que nous avons approchées ont pour l’instant été partantes. Il faut dire que la transaction est intéressante. Notre commission est de 20% ”, dit May, toujours pragmatique. Les artistes sont invités à présenter leur portfolio en ligne, le comité d’experts de Artscoops, collectionneurs, institutionnels, commissaires et chercheurs, se charge de la sélection des œuvres. Aujourd’hui le site compte plus de 80 pièces dont les prix sont majoritairement inclus dans une fourchette de 2000 à 20 000 dollars. “Ce sont les prix que nos clients sont généralement prêts à mettre pour un achat en ligne.” – précise Raya. Nassouh Zaghlouleh, Sabhan Adam, Gylan Safadi, Houssam Ballam, Joe Kesrouani, Caroline Tabet ou Khosrow Hassanzadeh comptent parmi les artistes dont les œuvres sont accessibles en ligne. Artscoops vous livre où que vous résidiez et vous fait de plus bénéficier d’une politique de retour. La première vente s’est déroulée à l’automne en partenariat avec Paddle 8. Les photographies sont parties à vitesse grand V. Une nouvelle vente aux enchères en ligne se prépare. Pas de doute, le métier de marchand d’art est en pleine mutation. Artscoops, rue Louis Abou Charaf, Immeuble Yaacoub – 5e étage, Achrafieh, Beyrouth +961 (0)1 327 069, + 961 (0)3 127 069 http://artscoops.com


ART

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L’Officiel a convié le critique d’art et commissaire d’expositions Hans Ulrich Obrist à choisir une figure qui illustrerait une certaine idée de la création en France. Son choix s’est porté sur la poétesse et artiste visuelle Etel Adnan (née à Beyrouth en 1925) qui vit à Paris, et dont il a organisé une grande rétrospective au Mathaf à Doha (Qatar) en 2014. Portrait sensible en quelques touches de cette artiste au croisement de l’Orient et de l’Occident, ouverte à toutes les formes d’expression. par Hans UlricH Obrist propos recueillis par William massey

La peinture comme acte poétique

photos dr

Etel Adnan, je suis ravi que vous acceptiez de vous prêter au jeu de ce questionnaire qui m’a été inspiré au cours de mes conversations avec les artistes. Quel est votre rêve de bonheur? Etel Adnan: ''Je crois que la race

humaine est incapable de bonheur. Le bonheur est comme Dieu, comme l’infini. C’est une frontière. Lorsque l’on est heureux, on ne le sait pas. Et quand on parle du bonheur, on le place toujours dans le futur, comme si l’on était dans une course avec lui. C’est une épiphanie, une révélation dont on n’est pas conscient lorsqu’elle se produit et dont on ne parvient pas à se souvenir. Mais je crois fermement en la

notion de bonheur, c’est un désir profond. La recherche du bonheur nous maintient en vie. C’est un sentiment qui prend différents visages, même prendre une douche ou se trouver dans un taxi peut procurer un moment de bonheur.''

Qu’est-ce que l’harmonie ?

''L’harmonie est une notion plus intellectuelle. Pour certaines personnes, la symétrie est synonyme d’harmonie. Pour ma part, je crois en la faculté qu’ont les Japonais ou les Indiens d’Amérique d’évaluer l’impair. Ils y voient une porte vers le futur, vers une possibilité autre. Je trouve que le manque de symétrie est beau en lui-même, tandis que la

symétrie peut nous étouffer. L’harmonie est beaucoup plus qu’un état que l’on peut atteindre visuellement ou en musique. L’harmonie est une énergie positive.''

Quelle chanson aimez-vous chanter ?

''Je ne chante pas beaucoup aujourd’hui parce que malheureusement on ne chante plus. Le chant n’existe plus que dans des situations formelles. Il y a peut-être des pays, que l’on dit “en développement”, où les gens chantent encore spontanément. Mais en Méditerranée, en Europe, en Amérique, on va au concert pour entendre chanter. Alors que quand j’étais petite, ma mère chantait, sans raison. Peu importe que l’on chantât bien ou non. Tout à coup


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ART

dans des soirées, les femmes chantaient.''

De façon improvisée, informelle, soudaine…

''Ce genre de chant est le plus important. C’est comme les oiseaux qui tout d’un coup se mettent à chanter. Le chant peut également être important dans le travail. Enfant, chez moi, mes parents passaient souvent un disque des chants des bateliers de la Volga en Russie. J’ai aussi entendu des chants d’ouvriers égyptiens, quand ils construisaient le barrage d’Assouan sous Nasser. Et je possède un livre de poèmes que des femmes tunisiennes chantaient quand elles tissaient les laines. Elles ont même des chants spéciaux quand elles travaillent. Le chant donne du courage, il fournit un rythme. Et le rythme donne du repos. Quand j’étais étudiante à Paris, je louais une chambre rue de Tournon. Ma propriétaire, qui avait vécu la Seconde Guerre mondiale à Paris, me disait souvent que l’une des expériences inoubliables de la guerre, était que les soldats allemands chantaient en groupe dans les

rues. Cela l’avait fascinée et elle m’a confié qu’elle fermait les fenêtres, car elle ne voulait pas avoir un si grand plaisir à entendre ces jeunes gens qui occupaient la France. Mais elle disait que c’était extraordinairement beau…''

Qu’est-ce que le malheur ?

''Oh le malheur. C’est beaucoup de choses : l’absence, la guerre, la maladie. Il y a beaucoup de malheurs, c’est infini.''

Qu’est-ce qui devrait changer dans le monde ?

''Je crois que ce qui devrait changer, ce sont nos habitudes de vie. Avoir des vies plus simples, plus attachées au monde, à l’univers.''

Quel est le rôle du hasard ?

''Le hasard a un rôle majeur, éminent dans nos vies. Nous croyons tout diriger mais heureusement on dirige peu. Et quand on dirige, cela n’est pas nécessairement bien. Le hasard, l’imprévu est là à chaque instant. Par exemple mon amie Simone était au café La Palette, rue de Seine.

Quelqu’un a oublié le Figaro sur une table. Elle l’a regardé, et a vu un appartement à vendre rue Madame. Elle m’a téléphoné en Amérique. Je lui ai dit de l’acheter et c’est l’appartement dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Sans hasard on mourrait d’ennui, nous serions des robots. Le hasard est une chance.''

Avez-vous une devise ?

''Je n’en ai pas mais il y en a une qui m’a fortement impressionnée quand j’étais jeune. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Churchill a dit : “il ne faut avoir peur que de la peur”. Si je devais choisir une devise, je prendrais celle-ci. Il nous a donné du courage.''

Comme disait Jean Rouch, nous avons besoin de courage. Quels sont vos héros et héroïnes ? ''Ah mes héros et héroïnes ! Je répondrais Virginia Woolf. Et je crois que Gandhi est un héros.''

Gandhi et Woolf, c’est un joli couple.

Tous les visuels de ce sujet sont issus de l’ouvrage Dans la Forêt, manuscrit d’un poème inédit d’Etel Adnan, constitué de trente et un dessins originaux de l'artiste. De cet ouvrage (imprimé en juillet 2004), il a été tiré cent huit exemplaires numérotés et signés par l’artiste. Il est le vingt-quatrième volume de la collection “Une Rêverie émanée de mes loisirs”, paru chez Yvon Lambert Editeur.


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Et dans les romans ?

''Anna Karénine, parce que son nom est beau, le rythme de son nom, parce que Tolstoï l’a rendu attachante et Greta Garbo l’a incarnée magnifiquement. C’est un personnage extraordinaire.''

Avez-vous des pseudonymes ?

''Non, mais lorsque j’étais enfant j’avais des diminutifs, en grec. Paradoxalement les diminutifs en grec allongent le mot. Par exemple ma mère m’appelait Etellaki ce qui veut dire petite Etel. Elle m’appelait ainsi quand elle était de bonne humeur.''

Quel est votre principal de caractère ? ''Je suis calme et impatiente.''

Un oxymore donc. Quel est votre musée préféré ? ''Mon musée préféré n’existe plus, c’est le Moma dans les années 1950… avant les escalators, c’était le paradis.''

Le Moma pré-escalators, c’est magnifique ! Est ce que l’âge des grandes narrations est dépassé ?

''On ne sait pas ce qui est passé. Il suffit qu’un grand écrivain recommence la narration. On ne sait pas, on ne peut pas savoir. Il n’y a pas de destin pour ça.''

Sans quoi ne pourriez-vous vivre ?

''Sans réfléchir, sans penser, sans mes amis.''

Quel trait de caractère appréciez-vous le plus chez vos amis?

La gentillesse pure et simple. C’est important. La simplicité.

Est-il mieux de voyager ou d’arriver ?

''De voyager bien sûr. On ne veut pas arriver. J’aimerais pouvoir me déplacer plus souvent. Pour l’instant c’est un grand souci. J’aime aller voir l’océan, les montagnes, voir d’autres montagnes que je ne connais pas, comme les Pyrénées et le Nord de la Toscane. J’ai envie de voir le monde, j’ai toujours aimé le monde et il me manque. ''

Quelle est votre routine matinale ?

Quelle est votre couleur préférée ?

''Je crois que c’est le rouge. En fait j’aime toutes les couleurs. Je ne pourrais pas vivre avec une seule couleur. Mais le rouge me revient plus facilement. Et dans les tableaux récents il y a de nouveau le rouge au centre, c’est un rouge qui voyage, qui n’est pas statique. Le rouge est la couleur la plus forte, plus que le noir, plus que le blanc. ''

Quelle est l’œuvre la plus récente que vous avez créée? ''C’est votre portrait… il y a dix minutes !''

Vous en réalisez assez rarement il me semble.

''Oui c’est rare, j’ai seulement fait des portraits de mon amie Simone. C’est un exercice difficile car il faut que l’on voie la personne dans le portrait, que quelque chose de sa personnalité soit capturé. Dans l’art, j’aime beaucoup les autoportraits, d’autant plus que je n’en ai jamais réalisés. Je trouve qu’il y a dans l’art, surtout occidental, beaucoup de grands autoportraits. Ceux de Rembrandt et de Van Gogh sont extraordinaires. Mais il y a évidemment aussi des autoportraits de peintres moins connus et je suis toujours fascinée de voir comment un artiste se voit lui-même. C’est une biographie en une seule image.''

Cela m’amène à ma prochaine question : qu’est-ce que le temps ?

J’ai remarqué que j’évoque le temps dans ma poésie, mais jamais de la même façon. Dernièrement j’ai dit que le temps, c’est l’énergie qui crée la vie.

C’est une phrase magnifique. Et qu’est-ce que la mémoire ?

''Sans mémoire, il n’y a pas d’identité. Je ne sais pas ce qu’est la mémoire, mais je sais ce qu’elle produit : elle crée l’identité. Je suis moi car je me rappelle que j’ai été. Quand quelqu’un est malade, il n’a plus de mémoire ni d’identité. On ne parle pas assez de la mémoire aujourd’hui. Il n’y a pas d’être, de conscience, sans mémoire.''

Et l’amnésie ?

''J’essaie vraiment de boire un café au lait, c’est le bonheur du matin.''

L’amnésie nous guette parce qu’avec Internet, nous ne comptons plus sur notre mémoire.

Et écrire aussi ?

Avez-vous des rêves ?

''Pas nécessairement. Lire le journal, j’aime lire le journal, même les mauvaises nouvelles.''

Oui très souvent mais je les oublie. Les rêves que j’aime le plus, c’est quand il y a de grands fleuves. Ils ne sont pas dans

le lointain, je les vois de très près, avec mes yeux, plus que je ne peux voir cette dimension dans la réalité. Je vois le fleuve comme une seule image qui bouge. C’est mon rêve le plus intéressant.

Et le plus récurrent également ?

C’est celui que j’attends. J’aimerais qu’il revienne.

Doris Lessing m’a souvent dit : “il y a des projets que nous n’osons pas faire”. Que pensez-vous de l’autocensure ? De nombreux projets sont souvent liés aux autres. Donc on n’est pas entièrement responsable du fait qu’ils ne se concrétisent pas. Il ne s’agit pas nécessairement de censure, mais plutôt d’impossibilité. La véritable autocensure, celle qui est dangereuse, c’est celle qui fait qu’on a peur de penser. C’est la force d’une dictature : elle fait que les gens se censurent euxmêmes. C’est pour moi le plus grave.

Qui ou quoi auriez-vous voulu être ?

Tout simplement, j’ai envie d’être parce qu’on est.

Pourriez-vous décrire l’épiphanie ?

C’est une expérience qu’on ne peut pas décrire.

Est-ce que le passé est toujours une pré-condition du présent ?

La notion de passé oui. Mais d’ailleurs le passé n’est qu’une notion. Par exemple ce meuble a été fait dans le passé mais il est là. En réalité, le présent n’a pas besoin du passé, il est là. Il est entre le passé et le futur.

Dans une sorte d’entre-deux. Vous dites que le temps est l’énergie qui crée la vie. Qu’est-ce que l’énergie ? On ne peut pas l’expliquer.

Le futur est…

Le futur n’a jamais été ce que nous pensons. On va le laisser inconnu.

Dernière question. Pouvez-vous me parler de la lumière ?

''Dernièrement, je pense beaucoup à la nuit. Et la nuit est liée à la notion de lumière. Parce qu’on croit que la nuit est le manque de lumière. Mais ça n’est pas vrai. La nuit a sa luminosité. La lumière n’est pas que physique, la lumière est une épiphanie. C’est le mystère qui devient présent. C’est ça la lumière. Et on le sent parfois plus la nuit que le jour.''


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photo NABIL ISMAIL

DOUBLE FÊTE BEIRUT’S NOUVELLE VAGUE CHOC ESTHÉTIQUE

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Après avoir célébré dans son restaurant, le People, une nouvelle vague de designers et producteurs libanais, le magasin Aïshti attendait ses invités autour d’un runway en plexiglas blanc de 40m pour la présentation des collections prêt-à-porter déjà en boutique de l’ hiver 2014-2015.

DOUBLE FÊTE CHEZ AÏSHTI Par F.A.D.

photos nabil ismail

L

e 14 novembre dernier, à 20h précises, alors que les chaises valsaient pour s’aligner sur un front row qui ne pouvait accueillir tout le monde, le coup d’envoi du défilé était donné avec une robe vaporeuse de Valentino, assortie de sandales Charlotte Olympia et d’un collier Cartier. Ce vent de fraicheur, de sensualité et de délicatesse allait se poursuivre jusqu’au modèle final, un numéro 47 en dentelle dorée totalement Saint Laurent. Car non moins de 47 looks portés par 14 mannequins dont deux hommes, ont défilé ce soir-là pour donner une idée de ce que l’on portera cet hiver, avec des créations – à part Valentino, de Michael Kors, Burberry, Marc Jacobs, Cushnie et Ochs, Prada, Oscar de la Renta, Céline, Alaïa, Etro, Gucci, Moschino, Brunello Cuccinelli, Antonio Berardi, Zegna, Corneliani, Pucci, Stella McCartney, Balenciaga, Fendi, Bottega Veneta, Dior, Miu Miu, Nancy Gonzalez, Sara Battaglia, Gianvito Rossi, Casadei, Jimmy Choo, Diane Von Furstenberg, Vannina Vesperini, Sylvia Toledano, Paul Andrew,

Eugenia Kim, Marni, Dolce&Gabbana, Agent Provocateur et Roberto Cavalli, sans compter les bijoux de Cartier et accessoires de différentes grandes maisons et la mise en beauté réalisée au ïDay spa. Les mannequins trainaient parfois une valise Tumi ou traversaient le runway équipés d’une tablette Samsung Galaxy Note 4. New York, Milan, Londres et Paris illuminaient de tous leurs feux cette nuit beyrouthine dédiée au luxe et à la bonne humeur. Les fashionistas brandissaient leurs Smartphones pour saisir des instants de pur désir qui allumeraient par la suite les réseaux sociaux. Les collections qui parlent presque toutes de contes de fées contemporains dans un vocabulaire de formes simples, rendaient accessible à chacun et chacune un vestiaire à la fois éclectique et aussi facile à adopter qu’à mixer, empruntant une pièce à chaque marque pour un effet toujours harmonieux avec un twist. Très remarquée, une cape blanche de Saint Laurent assortie avec un ensemble lingerie Agent Provocateur fut sans conteste la vedette de cette présentation. Prenant la parole à la fin


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du show, le CEO de Aïshti, Tony Salamé, a annoncé les noms des gagnants de la loterie organisée avec le soutien de Master Card, Bank Audi, Global Blue et Samsung. Le ministre du Tourisme, Michel Pharaon sous le patronage duquel avait eu lieu l’événement, ainsi que les directeurs de la maison Céline, Enda Cleary et Diego Menarin, ne cachaient pas leur enthousiasme. Gagnants ou pas, la foule élégante s’est ensuite dirigée vers le bar ouvert, picorant des canapés et célébrant au champagne en échangeant des avis et des préférences sur la présentation qui venait de se clore. Certains s’étaient même engouffrés dans les magasins Aïshti encore ouverts, raflant ce qui pouvait l’être avant épuisement, ressortant de l’autre côté chargés des sacs oranges à nœud noir de la boutique, dessinés par Stefan Sagmeister. On se retrouvait autour de la sculpture de Mar Quinn, une grande orchidée blanche posée à même la chaussée dallée, pour bavarder encore dans la nuit un peu humide de la première pluie. Il y avait ce soir là comme une vraie joie dans le ciel de Beyrouth, et ça, ça n’a pas de prix.


photos nabil ismail

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PARTY

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party

BEIRUT’S NOUVELLE VAGUE AU PEOPLE Le 14 novembre dernier, L’Officiel Levant et A Mag, avec le soutien du ministère du Tourisme et Global Blue, accueillaient au restaurant People les œuvres d’une nouvelle génération de créateurs libanais, entre designers, styliste et producteurs alimentaires ainsi que la signature de l’ouvrage de Pascale Habis Beirut Cooks. Ces surdoués du bon goût exposaient leurs travaux dans une ambiance pétillante où les invités happaient des cocktails colorés et savouraient canapés et confiseries en dansant sur les rythmes du DJ Philvader. Sous les labels Vanina, Ralph Masri, La terre est folle, David/Nicolas, HHD Henry Dakkak Jr, Marc Dibeh, Carla Baz, Sara Melki, L’Atelier du miel, House of Zejd et Sapori di Tery, la Beirut’s Nouvelle Vague s’est révélée, entre rigueur et poésie. L’exposition court jusqu’à la fin du mois de décembre.


photos pulse production


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InfIltré

Une ancienne église au cœur de Londres, une installation monumentale de l’artiste Mat Collishaw et un aréopage de jeunes femmes divinement chaussées étaient les ingrédients du dîner Jimmy Choo pour célébrer le lancement de la collection “Vices”.

choc

Par

FRÉDÉRIQUE DEDET

Photographie

JEAN PICON


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InfIltré

1. sandra choi, directrice artistique de jimmy choo, et pierre denis. 2. sandra choi et tallulah harlech. 3. kate mara. 4. charlotte wiggins et sam rollinson. 5. ron arad. 1

L

e décor de la soirée Jimmy Choo a conquis une assemblée souvent blasée. Deux tables de quarante-huit couverts éclairées à la bougie, d’immenses obélisques s’élançant jusqu’au plafond et servant de toiles aux projections signées Mat Collishaw, le tout dans une ancienne église de Mayfair. Auparavant, les invités avaient assisté au cocktail dans la nouvelle boutique de Bond Street, où Jimmy Choo proposait, sur trois étages, au milieu de ses collections d’accessoires ultra-désirables, un comptoir à caviar, le DJ pointu Jack Guinness et un bar à cocktails comme seuls les Anglais savent en proposer. Les quatre-vingts-seize convives, jeunes femmes souvent jambes nues malgré les premières bourrasques automnales, se sont délectés de l’excellent menu concocté par Mark Hix, avant de découvrir les étonnants desserts : des jellies vertes et roses… Ce dîner offert pour fêter “Vices”, la collection capsule d’une vingtaine de modèles née de la volonté de la directrice artistique Sandra Choi, qui voulait “une collection irrésistible inspirée des pierres précieuses qui me fascinent”, a rassemblé de nombreux fans de la griffe. La princesse Beatrice en tête, absolument charmante – la petite-fille de la Reine est actuellement en poste chez Sony, dans la branche des séries, où les Anglais excellent, elle est d’ailleurs fan de Call the Midwife dont la saison 4 est diffusée actuellement sur la BBC. Mais aussi le rappeur Tinie Tempah qui ne se chausse presque que chez Jimmy Choo, en passant par la sublime Arizona Muse, Kate Mara ou encore Tallulah Harlech. Ultime clin d’œil aux pierres qui ont inspiré “Vices”, des “liseuses” de pierres semiprécieuses proposaient à tous de choisir, sur des plateaux où elles étaient disposées, la pierre de leur choix et l’interprétaient. Parions qu’elles ont prédit un immense succès à cette éclatante capsule.

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6. amber lebon et portia freeman. 7. le dj jack guinness. 8. sophia hesketh, alice naylor leyland et katie readman. 8


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addresses

A

DIESEL +961 1 99 11 11 EXT.450

MICHAEL KORS +961 1 99 11 11 EXT.130

DIOR +961 1 99 11 11 EXT.592

MIU MIU +961 1 99 11 11 EXT.130

7 FOR ALL MANKIND +961 1 99 11 11 EXT.560

DIOR BEAUTÉ +961 1 99 11 11 EXT.105

MONCLER +961 1 99 11 11 EXT.120

AGENT PROVOCATEUR +961 4 41 72 17

DIOR PARFUM +961 1 99 11 11 EXT.105

MOSCHINO +961 1 99 11 11 EXT.130

AL MANDALOUN PÂTISSERIE +961 4 54 74 11

DOLCE & GABBANA +961 1 99 11 11 EXT.555

MOUAWAD +961 1 99 98 91

AS29 CHEZ SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

DRIES VAN NOTEN, CHEZ AÏSHTI

MUKHI SISTERS +961 1 24 72 74

ASHI +961 1 33 30 61

+961 1 99 11 11 EXT.130

NADA DEBS +961 1 99 90 02

ATAMIAN +961 1 25 66 55

DSQUARED2 +961 1 99 11 11 EXT.130

OLYMPIA LE-TAN +961 1 99 11 11 EXT.104

AURÉLIE BIDERMANN CHEZ SYLVIE SALIBA

EMILIO PUCCI +961 1 99 11 11 EXT.579

OSCAR DE LA RENTA +961 1 97 65 65

+961 1 33 05 00

ESTÉE LAUDER +961 1 99 11 11 EXT.105

AZZI & OSTA +961 1 32 63 75

ESTÉE LAUDER PARFUM +961 99 11 11 EXT.105

B

ETRO +961 1 99 11 11 EXT.590

P, Q, R

BIOLOGIQUE RECHERCHE +961 1 99 11 11 EXT.350

FENDI +961 1 99 11 11 EXT.550

PIAGET CHEZ CADRANS +961 1 97 53 33

BOTTEGA VENETA +961 1 99 11 11 EXT.565

FERNANDO JORGE CHEZ SYLVIE SALIBA

PRADA +961 1 99 11 11 EXT.130

BREGUET CHEZ ATAMIAN +961 1 25 66 55

+961 1 33 05 00

RABIH KAYROUZ +961 1 56 60 79

BULGARI +961 1 99 91 59

GALERIE CARWAN +961 3 68 60 89

RAG & BONE +961 1 99 11 11 EXT.140

BURBERRY +961 1 99 11 11 EXT.455

GEORG JENSEN CHEZ AÏSHTI HOME COLLECTION

RALPH MASRI +961 1 56 65 38

BURBERRY PRORSUM +961 1 99 11 11 EXT.455

+961 1 99 11 11 EXT.151

REPOSSI CHEZ SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

C

GEORGE HAKIM +961 1 97 59 85

RICHARD MILLE CHEZ CADRANS +961 1 97 53 33

GIANVITO ROSSI +961 1 99 11 11 EXT.110

ROBERTO CAVALLI +961 1 99 11 11 EXT.115

GUCCI +961 1 99 11 11 EXT.200

ROSA MARIA +961 1 57 19 85

CADRANS +961 1 97 53 33

HARRY WINSTON CHEZ ATAMIAN +961 1 25 66 55

CARTIER +961 1 97 26 00

HERMÈS +961 99 97 10

CASADEI +961 1 99 11 11 EXT.110

HUBLOT CHEZ MOUAWAD +961 1 99 98 91

S

BALENCIAGA +961 1 99 11 11 EXT.570

CÉLINE + 961 1 99 11 11 EXT.250 CHANEL +961 1 99 91 29 CHANEL BEAUTÉ +961 1 99 11 11 EXT.105

F, G, H

I, J, K

PATEK PHILIPPE +961 1 97 53 33 PAVONINA DE GLASHUTTE ORIGINAL CHEZ ATAMIAN +961 25 66 55

SAINT LAURENT +961 1 99 11 11 EXT.562 SANDRA MANSOUR +961 1 44 41 55 SANTONI +961 1 99 11 11 EXT.120

IDEO PARFUMEURS +961 3 28 59 55

SELIM MOUZANNAR +961 1 33 12 99

+961 1 97 53 33

JAEGER-LECOULTRE CHEZ CADRANS +961 1 97 53 33

SERGE LUTENS +961 99 11 11 EXT.105

CHANEL PARFUM +961 1 99 11 11 EXT.105

JENNY PACKHAM +961 1 99 11 11 EXT.130

SKITSCH CHEZ AÏSHTI HOME COLLECTION

CHANTECLER CHEZ SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

JIMMY CHOO +961 1 99 11 11 EXT.595

+961 1 99 11 11 EXT.151

CHARLOTTE OLYMPIA, CHEZ AÏSHTI

JOELLE SAVRANSKY CHEZ SYLVIE SALIBA

STELLA MCCARTNEY +961 1 99 11 EXT.575

+961 1 99 11 11 EXT.110

+961 1 33 05 00

SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

CHAUMET CHEZ CADRANS +961 1 97 53 33

JOHN SAM-RONE +961 1 99 11 11 EXT.130

CHLOÉ +961 1 99 11 11 EXT.580

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T, U, V

CHANEL HORLOGERIE CHEZ CADRANS

D, E

THEORY +961 1 99 11 11 EXT.130

L'ATELIER NAWBAR +961 1 74 48 28

TIBI +961 1 99 11 11 EXT.140

DE GRISOGONO CHEZ SYLVIE SALIBA

LADURÉE +961 1 99 29 22

TOM FORD BEAUTÉ +961 1 99 11 11 EXT.105

+961 1 33 05 00

LA MER +961 99 11 11 EXT.105

TOM FORD PARFUM +961 1 99 11 11 EXT.105

DELFINA DELETTREZ CHEZ AÏSHTI

LANCÔME +961 99 11 11 EXT.105

TORY BURCH +961 1 99 11 11 EXT.140

+961 1 99 11 11 EXT.130

LANVIN +961 1 98 65 01

TUMI +961 1 99 11 11 EXT.151

DINA KAMAL +961 3 33 00 71

LORO PIANA +961 1 99 11 11 EXT.130

VALENTINO +961 1 99 11 11 EXT.130

DINH VAN CHEZ SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

LOUIS VUITTON +961 1 96 68 10

VHERNIER CHEZ SYLVIE SALIBA +961 1 33 05 00

DIOR +961 1 99 11 11 EXT.592

LSA CHEZ AÏSHTI HOME COLLECTION

VIONNET +961 1 99 11 11 EXT.130

DIOR BEAUTÉ +961 1 99 11 11 EXT.105

+961 1 99 11 11 EXT.151

DIOR HORLOGERIE +961 1 97 53 33

M, N, O

W, x, Y, Z

DIOR JOAILLERIE CHEZ CADRANS +961 1 97 53 33 DIPTYQUE +961 1 99 11 11 EXT.105

YVAN TUFENKJIAN +961 1 99 90 51

MARA HOFFMAN +961 1 99 11 11 EXT.130

YVES SAINT LAURENT BEAUTÉ

DOLCE & GABBANA PARFUM

MARC BY MARC JACOBS +961 1 99 11 11 EXT.148

+961 1 99 11 11 EXT.105

+961 1 99 11 11 EXT.105

MARC JACOBS +961 1 99 11 11 EXT.148

YVES SAINT LAURENT PARFUM

DRIES VAN NOTEN +961 1 99 11 11 EXT.130

MARNI +961 1 99 11 11 EXT.148

+961 1 99 11 11 EXT.105

DSQUARED2 +961 1 99 11 11 EXT.120

MELISSA +961 1 99 11 11 EXT.140

ZUHAIR MURAD +961 1 57 52 22

DOLCE & GABBANA +961 1 99 11 11 EXT.555


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horoscope

BÉLIER

TAU RE AU

GÉMEAUX

21 m a r s – 2 0 av r i l

21 av r i l – 21 m a i

2 2 m a i – 21 j u i n

vous épousez un rôle de superwoman, vous avez un punch d’enfer ! A M O U R : Vénus ne promet pas la stabilité et vos élans de conquérante redorent votre blason. V I E S O C I A L E : vos impulsions sont un peu freinées. Dès janvier votre devise sera la sélectivité. Faites table rase de tout ce qui vous encombre. M O N CO NS E I L : une succession d’instants brûlants… Affaire à suivre ! F O R M E :

satisfaisante. A M O U R : votre charme juvénile vous vaudra d’être courtisée à chaque coin de rue. Ne jouez pas trop, vous pourriez être prise à votre propre piège. V I E S O C I A L E : un climat de confusion plane sur votre travail. Un break s’impose avant janvier qui vous demandera un punch d’enfer. M O N CO N S E I L : utilisez l’art de la dérision, votre meilleur outil. FORME :

CANCER

LION

VIERGE

22 juin – 22 juillet

23 juillet – 23 août

24 AOûT – 23 SEpTEMBRE

F O R M E : les astres boostent vos désirs en sommeil. A M O U R : vous êtes guidée vers l’homme de vos fantasmes, un Poisson énigmatique ou un Scorpion envoûtant ? Attention, vous pourriez vite l’avoir dans la peau. V I E S O C I A L E : retour à l’énergie positive. En janvier, vous prendrez le taureau par les cornes. M O N CO N S E I L : jouez les ensorceleuses !

un ciel propice à la séduction. Vénus vous confère une élégance digne de votre réputation de lionne fatale. À vous les conquêtes ! V I E S O C I A L E : n’amplifiez pas vos émotions et vos colères pour des motifs anodins. En janvier, il est temps de choisir une réorientation, affirmezvous ! M O N C O N S E I L : gardez votre selfcontrol en toutes circonstances. FORME :

A M O U R :

Mercure domine votre ciel, si vous vouliez être coupée du monde, c’est raté ! A M O U R : préparez-vous à faire des rencontres qui vont vous bousculer. En janvier, vivez au présent. V I E S O C I A L E : les astres vous incitent à sortir de votre coquille… En janvier, vous serez la reine du dialogue et des négociations. M O N CO N S E I L : déridez-vous ! FORME :

BALANCE

SCORpION

SAGIT TAI RE

24 septembre – 23 octobre

24 octobre – 22 novembre

23 n ov e m b r e – 21 d é ce m b r e

F O R M E : Vénus vient se nicher dans votre ciel, résultat : vous êtes en pole position. A M O U R : c’est le moment de (re)conquérir l’âme sœur. Janvier est une période faste pour clamer votre amour. V I E S O C I A L E : ne culpabilisez pas d’être insouciante. Une rentrée créative et enthousiaste vous attend ; un nouveau souffle. M O N CO NS E I L : cultivez votre infinie délicatesse.

vitalité et dynamisme s’installent dans votre ciel. A M O U R : vous vous sentez pousser des ailes, attention aux pièges jupitériens qui pourraient débrider vos pulsions animales. V I E S O C I A L E : certaines planètes continuent à défier vos acquis mais vous redoublez de tonus pour faire aux désagréments. M O N CO N S E I L : tempérez votre esprit de révolte. FO R M E :

les planètes ne vous laissent guère de répit, vous êtes en effervescence. A M O U R : Vénus vous chérit. Femme amazone, vous pourrez vous attaquer à des proies stimulant votre goût de l’exploit. V I E S O C I A L E : un climat de malentendus sème la zizanie et l’incompréhension. M O N CO NSE I L : préparez-vous à une année digne de votre vitalité explosive. FORME :

CApRICORNE

VERSEAU

pOISSONS

22 décembre – 20 janvier

21 j a n v i e r – 19 f é v r i e r

20 février – 20 mars

vous puisez l’énergie nécessaire pour mener des projets de longue haleine. A MO U R : Vénus ne vous facilite pas la tâche, projets d’union différés, solitude s’éternisant, patience… V I E S O C I A L E : vos projets vous poursuivent sur votre lieu de détente. Ne déviez pas de vos objectifs mais faites une pause à Noël. M O N C O N S E I L : vous verrez bientôt la lumière ! FOR ME :

ILLUSTRATIONS SO-ME

vous stabilisez votre poids malgré les fêtes. A M O U R : plus sensuelle que jamais, vous testez votre charme. En janvier, le cœur peut être relégué au second plan, effervescence professionnelle oblige. V I E S O C I A L E : mille préoccupations vous assaillent, les astres vous font multiplier les échanges. M O N CO NS E I L : rechargez vos batteries, l’année s’annonce captivante. F O R M E :

c’est l’heure du bilan, méditez positivement. A M O U R : l’homme avec un grand H est au centre de cette période bénie des dieux. Vous vous sentez comme dans une bulle d’amour et de sécurité. V I E S O C I A L E : le repos servira à faire germer vos idées de pionnière. En janvier, la chance vous colle à la peau. M O N CO NS E I L : bâtissez votre vie en excluant la routine. FORME :

un ciel clément favorise l’équilibre. A M O U R : les astres vous mettent du baume au cœur, vous nagez en pleine idylle et formez un tandem envié de toutes ! VI E SO C I A LE : Mercure occasionne quelques blocages, des déplacements sont modifiés ou retardés. Immobilisme et stagnation sont à prévoir. M O N CO N S E I L : privilégiez l’harmonie, votre bien-être en découle. FOR ME :

par Chrystèle dessoy


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playlist

On aperçoit déjà les traces de la première neige sur les sommets du Sannine, et même sous le ciel de Beyrouth, on anticipe ces soirées de grands froids qui donnent envie de caresses et de tendresse, de bordeaux et de feu de cheminée, et font résonner un puissant argument marketing de la fin du XXe siècle: le cocooning. Par Mélanie dagher

3 days – Rhye This is all yours – Alt-j Together – The xx Meridian – Zola Blood Exxus – Glass Animals Retrograde – James Blake On & On – Erykah Badu Everyday Robots – Damon Albarn Breathe – Telepopmusik Wicked Games – The Weeknd Partners in Crime – The Strokes I Found a Reason – The Velvet Underground

PHOTO TRUNK ARCHIVE

PLAY IT DOUCEMENT


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