L'Officiel Hommes-Levant, March Issue 53

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N° 53 – 7,500 L.L.

Les Scrambled Eggs sont habillés en The Kooples Burberry et Valentino

SCRAMBLED EGGS • DAV A ID ADJAY AV A E • FERNANDO JORGE AY OWENSGAT A E • HISHAM JABER • LE CINEMA DE M.PILAT AT A I AT










www.dior.com - 01 99 11 11 ext.592



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LEBANON 225 Foch St., Downtown Beirut Te l . + 9 6 1 1 9 9 1 1 1 1 E x t . 4 8 0







SOMMAIRE

L’OFFICIEL HOMMES

NUMÉRO 53

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L’ÉDITO 38

NEWS 60

MON, MA, MES 78

COMME UN DESSIN… 86

OWENSGATE, DE L’ART OU DU COCHON ? 90

DSQUARED2 PUISSANCE DEUX 94

MUST HAVE 98

LA MINUTE MODE 10 6

FERNANDO JORGE 110

CET ÉTÉ, ON EST BIEN « LV » 113

MODORAMA 13 4

L’AUTRE SECRET STORY 14 0

MACHINE À CA$H 142

LE TOP 30 DES LOW PROFILE 14 5

RÉPÉTITION 15 6

LA MINUTE À SOI 16 4

LUKE GRIMES « THE PLAYER »

MM AA RR SS2 20 0115 5



175

FACTORY 18 6

JASON SCHWARTZMAN « LE COMÉDIEN » 19 4

DES HOMMES ET DES SECRETS 200

LE CINÉMA DE M.PILATI 204

UNE MAISON DANS LES OLIVIERS 208

LE TEE-SHIRT (BLANC) 209

SOUK EL AHAD 225

« UNFINISHED CONVERSATIONS » IN A WHITE CUBE 228

DAVID ADJAYE, TUTOYER LE CHAOS 234

MICHEL ET CAMILLE DÉMÉNAGENT LEUR « PACIFICO » 236

HISHAM JABER ET « LA POP D’AVANT NOUS » 238

SEA, SUN AND SURF 242

LA BANDE À CHARLIE 24 8

YUKSEK HAUT DE GAMME 2 51

DÉCORATION 255

HITLIST 256

PLAY IT COACHELLA


www.etro.com


Éditeur Rédaction

Département artistique

Contributeurs

TONY SALAME GROUP TSG SAL

Rédactrice en chef FIFI ABOU DIB Rédactrice et Coordinatrice STÉPHANIE

NAKHLÉ

Directrice de création MÉLANIE DAGHER Directrice artistique MINJA EL-HAGE

Photos JIMMY

DABBAGH, TONY ELIEH, RAYA FARHAT,

BENJAMIN MALLEK, BACHAR SROUR

Rédaction CLAIRE AZUÉLOS, PHILIPPINE DE CLERMONT-TONNERRE Stylisme AMINE JREISSATI Production

Fabrication ANNE-MARIE TABET Retouche numérique FADY MAALOUF

Publicité et Marketing

Directeur général commercial et marketing MELHEM MOUSSALEM Coordinatrice commerciale STÉPHANIE MISSIRIAN Directrice marketing KARINE ABOU ARRAJ

Directeur Responsable

AMINE ABOU KHALED

Imprimeur

53 DOTS DAR EL KOTOB

w w w. l o f f i c i e l h o m m e s . f r Édité par LES ÉDITIONS JALOU SARL au capital de 606 000 € — Siret 331 532 176 00087 — CCP n° 1 824 62 J Paris 5, r ue B achaumont, 75002 Paris. Téléphone : 01 53 01 10 30 — Fax : 01 53 01 10 40

Fondateurs GEORGES, LAURENT et ULLY JALOU † L’Officiel Hommes is published quarterly in September, December, March and July — Total : 4 issues by Les Éditions Jalou


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DIRECTION

Gérants, co-présidents des boards exécutif et administratif Marie-José Susskind-Jalou et Maxime Jalou Directeur général, directeur des boards exécutif et administratif Benjamin Eymère (b.eymere @ jaloumediagroup.com) Assistante de direction Pascale Savary

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Directeur général publicité, membre du board exécutif Olivier Jungers (o.jungers @ jaloumediagroup.com) Directrice commerciale Anne-Marie Disegni (a.mdisegni@ jaloumediagroup.com)

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COMMUNICATION ET RELATIONS PRESSE

Thomas Marko & Associés Céline Braun et Emmanuel Bachellerie — Tél. : 01 44 90 82 60 Dépôt légal à parution — Commission paritaire N° 0419 K 89063 — ISSN 1777-9375 Photogravure Cymagina Suivi de fabrication et papier Entagos Group, 3, rue du Pont-des-Halles, 94150 Rungis Impression Rotolito, Via Sondrio 3, 20096 Pioltello (Mi) Distribution MLP



On aura tout imaginé en pensant le futur. La conquête de l’espace, la robotisation, le tout numérique, la téléportation, la télépathie, la nano chirurgie, l’éternelle jeunesse, le génie génétique, bref, tout ce qui, créé par l’homme, permet à l’homme de dépasser ses propres limites. On a aussi imaginé, comme dans le post apocalyptique Mad Max, les effets pervers du surpeuplement, des catastrophes, naturelles ou pas, et de la raréfaction des ressources. Entre le meilleur et le pire ainsi schématisés, on ne s’est pas arrêtés sur l’allusion d’ André Malraux à l’éventualité d’un avenir religieux. On a eu tort, c’était la troisième option.

Le religieux nous rattrape, et c’est un chaos de nature imprévue qui frappe la civilisation telle que nous l’avons connue jusqu’ici. Nous voilà de plain-pied dans une situation déroutante, à la charnière de deux époques qui s’affrontent brutalement, celle des dogmes passéiste et de l’obscurantisme médiéval, et celle du progrès irréversible des technologies, avec son esthétique conceptuelle et son culte du mieux-vivre.

Gageons que sous l’effet de cette tension dramatique, les décennies à venir verront naître un homme nouveau, adapté à une situation sans précédent. Comment s’habillera-t-il, comment se déplacera-t-il, comment se nourrira-t-il, à quoi ressemblera son habitat? Les artistes, les architectes, les ingénieurs et les créateurs de mode planchent déjà sur un art de vivre différent. Il s’annonce déjà plus discret et introverti, moins clivé hommes/ femmes, mais aussi plus coloré et joyeux par compensation. La mode, on ne le dira jamais assez, est un indicateur sensible de nos aspirations.

FIFI AbO AbOu DI DI b

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V

LE LIVRE EXPO

isionnaire ? Marchand d’art ? Avant-gardiste ? Difficile de classer Jeffrey Deitch dans une case tant il a œuvré et apporté au monde de l’art. Avant d’être à la tête du Moca à Los Angeles de 2010 à 2013, Jeff Deitch présidait le Deitch Projects. Située au cœur de New York, à Soho, cette galerie présenta quinze années d’exposition et de création. Le livre, Live the Art, est bien plus qu’une simple rétrospective, c’est un bel hommage à cette mythique galerie d’art contemporain qui – de 1996 à 2010 – a mis en avant le travail de Barry McGee, Dash Snow, Dan Colen, Michel Gondry… À lire, à regarder, à conserver. Un must have. | Timothée Verrecchia “Live the Art”, de Jeffrey Deitch (éd. Rizzoli).

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ATTACHANT

Dinh Van, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00

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Photos DR

inh Van est peut-être minimaliste, mais depuis 1976, il va droit à l’essentiel. L’amour? Un lien. Un lien fort? Un cordon? Mieux, des menottes. Une menotte réduite au fermoir relié à un simple cordon de soie. Un cordon de «soi», pour se souvenir de son propre attachement. A ce qu’on veut. | F.A.D


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BOTTEGA VENETA DANS L’OBJECTIF DE NUBOYOSHI ARAKI

uboyoshi Araki est le plus grand photographe japonais vivant. Connu pour son érotisme impudique et sans concession, il a commencé sa carrière dans la photo commerciale avant de libérer son langage visuel sur des sujets plus provocants. C’est son objectif à fleur de peau que Thomas Maier, directeur artistique de Bottega Veneta vient d’offrir à la maison de luxe italienne pour sa campagne printemps été 2015. Bottega Veneta a déjà été célébrée par le regard de David Armstrong, Peter Lindbergh, Erwin Olaf, Lord Snowdon, Ralph Gibson et Annie Leibowitz. Chouette portfolio. | F.A.D Bottega Veneta , rue Allenby, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.565

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COMME UNE FRESQUE

es puristes vous le diront, chez Corneliani, tout l’art est dans la couleur. Cette maison originaire de Mantoue s’inspire des œuvres d’art qui jalonnent sa ville pour déployer dans sa confection une palette unique mise en valeur par des textiles d’exception. Le costume conserve une coupe classique même si plutôt affutée et près du corps, avec des vestes justes et des pantalons cigarette. Mais ces brique et tommette, ces infinies nuances de gris et de terre, ces parme sont anthologiques. | F.A.D

Photos DR

Corneliani, 225 rue Foch, Centre- Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.500

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SANS FAUSSES NOTES

S

ans le jazz, la vie serait plus grise. Et sans le label Blue Note, le jazz aurait beaucoup perdu. Les fondateurs Francis Wolff et Alfred Lion ont imaginé en 1939 une structure accueillant les plus beaux disques de leur temps. John Coltrane, Dexter Gordon, Wayne Shorter ont enregistré pour eux. Comme les grands labels, celuici s’est forgé une identité visuelle unique : ses pochettes ont fait l’histoire autant que la matière musicale. Wolff, passionné par la photo, a profité de côtoyer autant de beaux esprits pour les immortaliser. À chaque image, c’est un peu de leur grâce qui nous salue. | Baptiste Piégay “The Blue Note Photographs of Francis Wolff”, Michael Cuscuna (éd. YellowKorner).

DUTRONC VA DE NOUVEAU

près bien des aventures – qui mériteraient un ou deux romans –, le club qui faisait danser, dîner et boire ce qu’il était convenu d’appeler la jet-set pendant deux décennies avant de s’éteindre dans les années 2000, vit sa deuxième vie. Ils sont nombreux à s’être penchés au-dessus du berceau du nouveau Castel, dont Thierry Costes et André Saraiva, qui a œuvré avec le directeur artistique Thomas Lenthal à sa réinvention. Du rouge, du soufre, une fresque de Jean-Philippe Delhomme, une bonne cuisine, des cartes postales pop, une bande-son souple : mieux qu’un second souffle, Castel a retrouvé son âme. | Adrian Forlan Castel 15, rue Princesse, Paris 6e, tél. 01 40 51 52 80

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Photos Francis Wolff/DR

A

AIMER LES FILLES


m a r c j ac o b s s to r e s w o r l d w i d e

w w w. m a r c j ac o b s . c o m


Xavier Veilhan sera présenté chez Perrotin simultanément à New York (du 26 février au 11 avril) et à Paris (du 7 mars au 11 avril).

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Photo Stéphane Grangier/Canal+

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veilhan l’omniprésent

ans les mois à venir Xavier Veilhan (en photo, ci-dessus) sera partout. D’ici avril, on le retrouvera à Miami, à l’abbaye de Cluny, à Séoul, à Orléans, au château de Rentilly, à New York et à Paris… Cette folle activité, et sa globalité, est à l’image de son œuvre, protéiforme, joyeuse. On a particulièrement hâte de découvrir les deux expositions personnelles qui se dérouleront en parallèle à Paris et à New York : on jurerait qu’elles ne livreront pas toutes les clés de sa personnalité, bien au contraire. Et c’est même ça qui rend si fascinant l’artiste, insaisissable, entre démarche cérébrale et pulsions ludiques, visions futuristes et rêveries mélancoliques. | A.F.


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stYle spooKY

nutile de chercher une comparaison, Spooky Black fait du Spooky Black. Un flow laid back, un timbre de voix mélancolique, un style vestimentaire très… personnel, ce jeune Américain originaire de Saint Paul dans le Minnesota est clairement dans son monde. Très bien produit, son premier album Black Silk avait conquis l’internet l’an dernier à une vitesse fulgurante, notamment grâce au titre Without You. Quelques dizaines de millions d’écoutes plus tard, Spooky surprend encore tout le monde en dévoilant le premier album de son groupe Thestand4rd sur la plateforme SoundCloud. Un mélange de hip-hop, de R&B, de new pop… Le résultat est impeccable. Retenez bien son nom, vous risquez d’en entendre beaucoup parler cette année. | T.V. www.spookyblack.com

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C’est BonBon

Photos DR

tre affilié à Busta Rhymes n’est pas nécessairement un viatique vers la célébrité. Il faut aussi du talent : or, O.T. Genasis n’en manque pas. Son tube, Coco, déclaration d’amour pas du tout masquée pour la cocaïne, fait palpiter les enceintes. Son bien lourd, basses sombres, mantra en boucle, un soupçon de cynisme aussi. L’album à venir en 2015 dira si ce cocktail brut et enivrant était un feu de paille… | Laurent Joules www.otgenasis.com

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Canali, 225 rue Foch, Centre- Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.480

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Photos DR

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pompilio ChahUte Canali

e temps d’une collection capsule, le turbulent Andrea Pompilio, styliste universel, architecte d’intérieur et dessinateur d’objets à ses heures, revisite le très sage label Canali qui rêvait d’un petit courant d’air dans ses classiques. Mais Pompilio a beau être passé par la case New York, il reste très italien dans ses fondamentaux. A l’arrivée, on obtient une petite ligne printemps été 2015 subtilement chahutée, entre jeux de volumes sur un imperméable, jeu de lignes horizontales sur un costume croisé, jeu de couleurs avec des pulls fluo. Tant que l’Italie est dans les détails, tout le reste peut bouger. | F.A.D



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et le gagnant est...

’est devenu une tradition. Voilà plusieurs années que la chaine de magasins de luxe Aïshti s’associe avec des marques qui véhiculent son idée de l’art de vivre pour récompenser ses clients après les achats de fin d’année. Chaque mois de décembre, pour tout achat de 200$, on est gratifié d’un coupon permettant de participer à une luxueuse loterie portant sur une voiture offerte par Saad & Trad et un téléviseur Samsung. Le 10 février dernier, c’est dans une atmosphère de printemps précoce et sous le contrôle d’un représentant de la Loterie nationale, en présence de MM. Michel Salamé COO d’Aïshti, Michel Trad, CEO de Saad & Trad et Eddy Cherfane CEO de l’agence Samsung Liban, que Rola Njeim a remporté le magnifique coupé Jaguar F-Type V6 2015 et Christiane Zein la Smart TV Samsung 78’’ Curved. Joyeuse manière de commencer 2015! | F.A.D Mme Njeim, titulaire du coupon gagnant n°06477, les clés du coupé Jaguar F-Type V6 2015.

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PleIn la VUe

Brunello Cucinelli, en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.120

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Photos DR

es épices de l’orient, les bleus de l’Europe. Une palette de safrans, rouges de Cayenne, jaunes turméric, ocres et orange curry claque sur des nuances marine, bleu roi, ciel, indigo ou bleu de Gênes. Des couleurs dont seuls les textiles répondant aux normes d’exigence de Brunello Cuccinelli peuvent restituer avec fidélité la vibration et la caresse. Une nouvelle collection où le luxe est inséparable de la volupté. | F.A.D


Photo Ignacio Alegre Garcia

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les BIenFaIts DU CHateaU MaRMOnt

roducteur réputé – Kanye West, FKA Twigs et surtout Lana Del Rey sont passés entre ses mains expertes en manipulation de sons –, Emile Haynie s’est enfermé quelques mois au Chateau Marmont pour rêver son premier album en solitaire. Rêver plus que composer dirait-on sans ciller : chaque chanson, magnifiquement libre, joue au funambule entre pop onirique et délire associatif, méditation douce et envol lyrique. De faiseur de tubes sur mesure, il est devenu maître artificier, envoyant sa musique sur la Lune. | F.M. Premier album à paraître en 2015 chez Polydor.

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Diesel, 129 rue Foch, Centre- Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.450 Diesel, Beirut City Center, Level 1, +961 1 28 71 87

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Photos Francis Wolff/DR

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POUR Un ROaDtRIP en CalIFORnIe

la veille du festival Coachella, pas besoin de chercher bien loin pour trouver le bon look. Le dément Nicola Formichetti (à qui l’on doit la robe en steak de Lady Gaga) a pensé à tout. Pour dessiner la nouvelle collection de la marque Diesel (née, comme chacun sait, dans une grange à foin et baptisée sous les roues d’un tracteur), il a pensé à «la liberté d’un roadtrip californien de la côte au désert». Entre l’esprit skater de Venice beach et le coup de blues qu’on peut avoir en faisant le plein dans une station d’essence au milieu de nulle part, cette collection autour du jeans ressuscite la palette des années 50. Du sport, du voyage, du rêve. | F.A.D


MatHÉMatIQUe

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egna poursuit entre rigueur et fantaisie son interprétation de l’architecture et de l’espace. A travers une ligne urbaine où se décline avec force rayures une palette de gris et de bleus, la collection printemps été 2015 met en avant le «nouveau leader», dominant la cité avec assurance et caractère. Photographiés en contre plongée par Inez & Vinoodh sur un concept de Stefano Pilati, les modèles de cette nouvelle campagne dégagent une puissance troublante. Matérialisée par le vêtement. | F.A.D Zegna, rue Abdel Malek, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.222

la tResse antI-stRess

Photos DR

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ous sommes en 1928, à Monaco. Six ans plus tôt, en 1922, disparaissait le prince souverain Albert 1er, un personnage d’exception, savant et navigateur, qui laissa une empreinte profonde dans la culture monégasque. A son image, en chaque citoyen du Rocher s’était réveillé un explorateur, et ce n’est pas par hasard que se créa, il y a 80 ans, ce petit atelier de Monte Carlo où l’on tressait déjà des bracelets en poil d’éléphant. Depuis cette époque, la Maison Albanu n’a jamais cessé d’améliorer et d’élaborer sa technique et ses beaux fermoirs en métal précieux. De quoi flatter le voyageur au long cours qui sommeille en chacun. Avec zéro culpabilité, puisque la Maison Albanu a scellé un accord de respect de la préservation des espèces avec le WWF. | F.A.D Albanu, en vente chez Sylvie Saliba, Achrafieh, Beyrouth, +961 1 33 05 00

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COMME MICHEL VAILLANT

’est une histoire digne d’une bande dessinée. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, Ferruccio Lamborghini, mécanicien dans l’armée de l’air et fils de vendangeur, découvre dans un garage des surplus mécaniques abandonnés par les militaires. Il se lance dans la fabrication de tracteurs, fait fortune et s’offre la voiture ultime: une Ferrari 205 GT. Mais le véhicule le frustre, il est inconfortable, trop dépouillé, l’embrayage est fragile. Il décide alors de construire une gran turismo selon ses propres critères. On est en 1963, la Lamborghini vient de naître avec un ADN terrien, paysan, solide, efficace. Le style qui accompagne ce mythe est de la même veine, entre pulls confortables, textiles résistants, cuirs inusables et le fabuleux logo du taureau à porter près du cœur. | F.A.D Lamborghini, en vente chez Aïzone, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.140

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ETRO CE QU’ON MANGE

Etro, avenue Fakhry Bey, Beirut Souks, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.590

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Photos DR

’Exposition universelle qui se tiendra à Milan du 1e mai au 31 octobre 2015 a pour thème «Nourrir la planète, énergie pour la vie». Alimentation, sous-alimentation, nutrition, OGM. En chiffres, ce seront 20 milliards d’euros d’investissements, 29 millions de touristes attendus, 175 pays participants, 7000 manifestations, et une augmentation prévue de 44 milliards d’euros du chiffre d’affaires des entreprises locales. Un événement que la maison Etro anticipe et célèbre à sa manière avec une collection inspirée de la gastronomie italienne. Pasta, crustacés et sauce tomate s’étalent sur les vestes sans faire tâche et remplacent le traditionnel motif Paisley de la maison. Un petit clin d’œil à Arcimboldo et le bon goût est sauf. | F.A.D



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LA RELIGION DE RUSSEL WESTBROOK

uatrième joueur de l’histoire à réussir deux matches consécutifs à plus de 45 points, battant son propre record en plus du record national, Russell Westbrook Jr, phénomène du Basket Ball américain et joueur vedette de la National Basketball Association (NBA) prête son image à l’iconique maison de jeans californienne True Religion pour la saison printemps été 2015. Dans le cadre d’une campagne à la fois sobre et puissante, Russel Westbrook, photographié en contre-plongée, arbore les nouvelles coupes d’inspiration biker, ornées de multiples usures, matelassages et motifs isolant les genoux. Les jeans, chemises et blousons masculins et féminins de True Religion sont reconnaissables à leurs surpiqûres sellières très visibles et au motif de fer à cheval mis en évidence au niveau des poches. | F.A.D True Religion, Beirut City Center, Level 1, +961 1 29 19 91 True Religion, Beirut Souks, +961 1 99 11 11 ext.585

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PRADA ET LE VOL-AU-VENT

Prada, en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.120

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Photo DR

uand, à l’entrée d’un défilé de mode, on vous sert en guise de cocktail des vol-au-vent, de la salade russe et des beignets de crevettes, vous êtres d’emblée transporté dans une autre époque et vous comprenez tout de suite que la gastronomie elle aussi est soumise à des modes. Ces entrées oubliées restent pourtant de grands classiques. Et c’est précisément cette idée du classique oublié que Miuccia Prada a voulu restituer dans sa collection homme printemps été 2015, avec des surpiqûres insistantes pour bien mettre en valeur les coupes, seule entorse à la sobriété exemplaire d’un vestiaire nostalgique du milieu du 20e siècle, nécessairement androgyne car dépourvu de marqueurs sexuels. | F.A.D


SI L’AMOUR AVAIT UN PARFUM

Né en 1947 pour accompagner le légendaire New Look de Christian Dior, Miss Dior fut ainsi baptisé en l’honneur de Catherine, la sœur du grand couturier, dont c’était le surnom. Ce chypre vert inspiré des jardins de Granville entourant la maison d’enfance de Christian Dior devait, dès l’origine, «sentir l’amour». Il est resté à la femme ce qu’ «Eau Sauvage» est devenu plus tard à l’homme, un grand classique d’une incomparable sensualité. Pour en restituer la délicatesse dans un message contemporain, la maison Dior a fait appel au talent d’Anton Corbijn. Cinéaste et portraitiste légendaire, ce dernier filme Nathalie Portman dans une robe bustier rose pale semée d’une pluie de fleurs en relief ton sur ton. Et le parfum s’exhale presque de l’image. | F.A.D Dior Parfum en vente chez Aïshti, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.104

LONESOME COWBOY

Pour une fois chez The Kooples, l’homme se la joue solitaire. Car la marque rock qui exalte d’habitude la vie en couple est, cet été, dans une totale immersion far-west. Les hommes languissent au soleil en attendant l’arrivée du Pony Express ou la tombée du soir, blouson en cuir de buffle usé, chapeau de guingois, jeans déchirés, cravate américaine, veste satinée et moirée façon tuxedo, chemise rouge. L’absence des femmes est trop pesante pour convaincre. Pas d’inquiétude, on les retrouvera sûrement au saloon. | F.A.D Photos DR

The Kooples, rue Saad Zaghloul, Centre-Ville, Beyrouth +961 1 99 11 11 ext.535

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S’ÉCOUTER UN MOMENT

n ne le répète jamais assez, il faut rester à l’écoute de son corps. Or la vie professionnelle ne nous en laisse jamais le loisir, on prend trop d’avions, on ne compte pas les heures passées dans la même position, on ne fait pas trop attention à ce qu’on mange. Installée depuis une poignée d’années à l’orée du centre-ville de Beyrouth dans le vieux quartier superbement rénové de Saïfi, la clinique Dermapro, spécialisée dans les soins de beauté, étend désormais ses services au bienêtre et au rajeunissement. De la détox par champ magnétique pulsé et ozonothérapie, en passant par l’ostéopathie et même le blanchiment des dents, demandez le programme. Ambiance feutrée et détente garantie dans les chambres luxueuses installées dans les caves historiques du centre. | F.A.D Dermapro, avenue Georges Haddad, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 97 55 44

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Gucci, rue El Moutran, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.200

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Photos DR

IN THE NAVY

attes aux épaules et insignes partout, rayures pirate, boutons dorés, blazers croisés, éclaboussures de peinture imitant les embruns sur des pantalons en toile de lin imitant le denim, pantalons cigarette longueur cheville ou juste rouleautés pour faire bonne mesure. Le jour, la taille est basse, façon corsaire, soulignée d’une ceinture rouge. Le soir, l’amiral se révèle rock n’ roll et détourne l’uniforme en costume de scène, débraillé ce qu’il faut, éméché comme il faut. Libre et décadent, il navigue sur une mer de luxe et de tranquillité sensuelle. La palette exalte les contrastes violents du blanc et du noir, du rouge et du bleu marine. C’est Gucci et ça se voit. | F.A.D



lus primée que le colossal Birdman à la 87e cérémonie des Oscars, la maison italienne Zegna a contribué au glamour de l’événement en y mettant tous les hommes qui comptent sur leur 31. Le méchant look d’Alec Baldwin, mèche blonde en pétard, nœud pap’ et habit noir relevé d’une discrète pochette jaune; le costume rayé d’Adrien Brody assorti d’une cravate à rayures, parce qu’on peut; la démarche assurée de Josh Hutcherson (Hunger games) en pingouin; le veston blanc sur pantalon noir de David Burtka (mais il est chef cuisinier); le smoking gris perle de Neil Patrick Harris ou le costume gris fer satiné du comique Andy Samberg, provenaient en direct de chez le grand faiseur piémontais. On l’aura bien compris, tant de sobre élégance n’avait d’autre but que de mettre en avant les femmes venues à leurs bras. | F.A.D Zegna, rue Abdel Malek, Centre-Ville, Beyrouth, +961 1 99 11 11 ext.222

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Photo DR

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RED CARPET, LES HOMMES AUSSI


DE L’AUDACE ET ENCORE DE L’AUDACE

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a marque de chaussures espagnole la plus prisée de la faune arty a une très belle histoire. En 1877, un cordonnier de Majorque, passionné par son métier, embarque pour l’Angleterre en pleine révolution industrielle. Il en ramène des machines et forme d’autres artisans cordonniers à leur manipulation. Cette production semi manuelle, combinée à un feu sacré jamais éteint, est aujourd’hui transmise à la 5e génération de la famille de ce cordonnier qui a créé la marque Camper en 1975, portée par la Movida qui a soufflé un vent de jeunesse et de liberté sur l’Espagne. Cet esprit est encore bien présent, entre savoir-faire et créativité, high-tech et poésie. | F.A.D Camper, Aïzone, Beirut Souks, Centre-Ville, +961 1 99 11 11 ext.568 Camper, Beirut City Center, Hazmieh, +961 1 28 71 87

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LOVERS EVERYWHERE

oute la tendresse et la joie de vivre du monde dans le clip et la campagne photo réalisés par Mario Testino pour la collection printemps été 2015 de Burberry…Sur fond de ciel bleu teinté d’orage (il faut bien justifier l’imperméable!) Naomi Campbell et Jourdan Dunn, les deux panthères noires des runways, célèbrent l’amitié, enveloppées du célèbre trench beige, cette fois souligné de couleurs pastel aux manches et au col. Plus que des fairevaloir, George Barnett et George Le Page, respectivement percussionnistes de These New Puritans et Of Empires, ajoutent au tableau une grâce angélique en costumes sombres et cravates flashy. La saison sera décidément colorée. | F.A.D

Photos DR

Burberry,

rue

Allenby,

Centre-Ville,

+961 1 99 11 11 ext.455

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Beyrouth,



MOTHER AND DAUGHTER


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sac

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cao utc h o u c, d es so u li e rs e n cu i r et u n t- sh i rt roc k, la pan o pli e i d Éale po u r

co m m e n c e r

Par J o s é e N a k h l é e

T-shirt imprimé, Brotherhood

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| Photos

pri nte m ps. R aya Fa R h at


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1. Richelieu chics en cuir poli, Burberry 2.Chaussures Ă lacets en cuir, Valentino 3. Richelieu Ă lacets en cuir de veau, Alexander McQueen 4. Derby en veau, Dior

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1. Montre “J12-G.10” en céramique de titane, bracelet en alligator, Chanel Horlogerie 2. Montre “Tank Solo” en or jaune sur bracelet en alligator, Cartier 3. Montre “Octo 41” en acier et bracelet alligator, Bvlgari 4. Modèle “Cap Cod”, cadran étain, bracelet en veau lisse, Hermès

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1. Sneakers en cuir noir, Dsquared2 2. Sneakers, Armani 3. Sneakers en cuir, Armani 4. Sneakers, Dsquared2

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1 et 2. Lunettes de vue, Gucci 3. Lunettes de vue, Ermenegildo Zegna 4 et 5. Lunettes de vue, Dior .6. Lunettes de vue, Gucci 7. Lunettes de vue, Ermenegildo Zegna 8. Lunettes de vue, Dior 9 et 10. Lunettes de vue, Ermenegildo Zegna

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Blouson en daim Ă ouverture simple, Zadig et Voltaire

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Chronographe “Deep Sea Chrono” en acier, bracelet cuir veau, Jaeger-LeCoultre, en vente chez CADRANS

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Montre calibre de Cartier Diver, 42 mm en acier, bracelet en caoutchouc, dotĂŠe du mouvement 1904 MC, Cartier

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Mouvement automatique, rĂŠserve de marche de 44 heures, boĂŽtier en titane, bracelet en caoutchouc, IWC Schaffhausen en vente chez ATAMIAN

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Sous Plat Aqua, Zaha Hadid

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1. Keepall 45 bandoulière “Mon damier graphite” toile damier graphite, Louis Vuitton 2. Sac Duffle en cuir de veau lisse, Loewe 3. Sac fourre-tout structuré en cuir sartorial, Burberry

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Weekend bag, Dsquared2

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Valise 48 h imprimĂŠ toile monogramme, Saint Laurent par Hedi Slimane

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Sac “The Travel Satchel” en cuir grainé, Burberry Prorsum

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1. Mocassins indiens en daim, Saint Laurent par Hedi Slimane 2. Intrecciato mocassins en daim, Bottega Veneta

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Bomber rĂŠversible en satin de soie, laine, lin et coton, Louis Vuitton

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Blouson en shantung imprimĂŠ, Valentino

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1. Bottines en cuir lavé, Zadig et Voltaire 2. Bottines élastiquées en nubuck ciré, Hermès

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COMME UN DESSIN… L’été prochain nous entrainera dans monochrome et du Look androgyne. iL imprimés déments et des rayures. six Leurs feutres pour nous montrer à

un revivaL des années 70, du y aura beaucoup de denim, des iLLustrateurs Libanais ont pris quoi ceLa devrait ressembLer.

P a r S T É P H A N I E N A K H L E | TEXTE F. A . D

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DENIM les continents. Mieux, elle envahit déjà les runways et fait du pied à la haute couture sans cesser d’être démocratique. |

Yves Saint Laurent aurait aimé inventer le jeans. Cette toile indigo est un vrai miracle. On se demande encore par quel phénomène elle a pu devenir en quelques dizaines d’années cet uniforme planétaire qui unit pauvres et riches sur tous

Le thème «Denim» vu par l’illustratrice Lamia Ziadé. De gauche à droite, Dior, Moschino et Prada.

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MONOCHROME trop criardes, la combinaison orange Guantanamo ou le vert Sukleen. A part ça, on aime bien le bleu cobalt et le rouge tommette. |

On veut de la couleur, pas «des» couleurs. Anti grisaille, oui, perroquet, non. Du coup, les créateurs nous servent la monochromie en guise de passe muraille, mais attention, il y a des codes. S’il est commode de ne plus se casser la tête à trouver le bon assortiment, on évite quand même les teintes

Le thème «Monochrome» vu par l’illustratrice Cynthia Merhej. De gauche à droite, Ermenegildo Zegna, Etro et Gucci.

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SPORTSWEAR souligner nos tenues de soirée. De toute façon, tout nous fait courir. Autant s’équiper. |

Avec la grande entrée des tissus techniques dans le vestiaire de tous les jours, Lycra et polyuréthane ne sont plus réservés aux explorateurs des fonds marins, et le fluo a migré les dossards athlétiques pour

Le thème «Sportswear» vu par l’illustratrice Timi Hayek. De gauche à droite, Fendi, Hermès et Iceberg.

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SEVENTIES à tarte et les bottes vernies à plateforme, on réfléchit. |

Voilà une décennie qui continue à faire rêver, à croire que le monde entier a connu son âge d’or en plein choc pétrolier. Les imprimés psychédéliques, les zigzags, le hippie chic, oui. Mais pour le pantalon pattes d’eph, le col pelle

Le thème «Années 70» vue par l’illustratrice Sandra Ghosn. De gauche à droite, Diesel Black Gold, Roberto Cavalli et Saint Laurent.

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RAYURES italiens. Cet été donc, rayures pour tous et tous pour la rayure, verticale ou horizontale. |

Pirates ou matelots, les gens de la mer ont toujours adopté les rayures pour rester visibles, surtout par gros temps. Al Capone adorait les costumes rayés que lui réalisaient sur mesure de grands faiseurs

Le thème «Stripes» vu par l’illustratrice Jana Traboulsi. De gauche à droite, Canali, Gucci et Dior.

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MASCULIN-FEMININ (deux parties d’un nouvel être) s’affirme, et la cloison est de plus en plus ténue entre les deux genres. |

Prada a donné le ton en faisant défiler des femmes sur le runway de sa collection hommes printemps été 2015. Chez Saint Laurent, on a l’habitude de piquer le smoking des hommes pour le prêter aux dames. Dans l’absolu, la tendance «pandrogyne»

Le t hème «Mascu l i n-fém i n i n» v u pa r l ’ i l lust rateu r Mohamad Abdouni. De gauche à droite, Saint Laurent, JW Anderson et Gucci

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©2014 TUMI, INC.

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OWENSGATE DE L’ART OU DU COCHON? FIN JANVIER, EN PLEIN DÉPART DE LA FASHION WEEK PARISIENNE CONSACRÉE À LA MODE MASCULINE DE L’AUTOMNE HIVER 2015-2016, TANDIS QUE LES MÉDIAS RECENSAIENT LES NOUVEAUTÉS ET TENTAIENT DE REPÉRER LES TENDANCES DOMINANTES, RICK OWENS CRÉAIT UNE SURPRISE MITIGÉE AVEC UN DÉFILÉ PARMI LES PLUS BIZARRES DE L’HISTOIRE DE LA MODE. Par F. A . D

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secret est bien gardé. Dans une atmosphère post-nucléaire (mais c’est de bonne guerre), vous voyez passer des manteaux structurés, ligne “A”, presque classiques n’était l’ingéniosité des coupes et une façon qui tient de la haute voltige. Vous vous dites que décidément, ce bonhomme est un grand. La rigueur des structures est éblouissante, c’est de l’architecture faite vêtement. D’ailleurs, ces matelassages, ces surpiqûres, ces cuirs, cette palette terre, gris et noir, font penser à des abris, des murs, voire des armures. A peine vous êtes-vous extasié sur cette bande contrastée qui vient barrer le col d’un caban noir évasé à double boutonnage, qu’une rumeur discrète monte dans la salle. Votre voisine a porté la main à ses lèvres et lâché son dossier qui tombe en s’éparpillant sous le strapontin. Vous n’avez pas eu le temps de voir ce qu’elle a vu, mais vous voyez de dos les jumpsuits en grosse maille portés à cru, à même la peau. C’est, on va dire, très ajouré, mais pas de quoi s’affoler. Oups, on a parlé trop vite. Owens vient de lâcher ses bêtes. De belles bêtes, faut-il préciser. Les mannequins sont habillés avec des sortes de tuniques de moines de religion inconnue. Des manches leur pendent à la taille.

l est dark, Rick Owens. Ames sensibles et dandys bon teint, passez votre chemin. A son palmarès, on a déjà répertorié, en juin 2013, à Bercy, une terrifiante performance punk métal du groupe estonien Winny Puhh. Les musiciens ont fini le show suspendus en l’air avec des câbles. Pour sa collection printemps été 2014, il a fait jouer les mannequins à quarante danseuses américaines blacks, obèses et hommasses en guise de célébration de la diversité raciale et corporelle. Pour le printemps été 2015, ses modèles féminins étaient grimés de blanc de la tête aux pieds et arboraient des robes ethniques imitant le tipi. Pour l’hiver 2014, le plan de la collection masculine tournait autour de curieuses coiffures en voiles de nones. Mais les amateurs de belles matières, de couleurs coruscantes et de coupes affutées n’en étaient pas encore pour leurs frais… #DICKOWENS Vous êtes assis au premier rang, le défilé commence et tout a l’air normal. Vous savez pourtant qu’il y a anguille sous roche. Vous le savez parce que c’est Rick Owens. Sinon, le

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Le vêtement est inversé. L’ouverture du col est placée un peu…beaucoup trop bas, et ce qu’on y voit balloter n’est ni un brandebourg ni un bijou barbare, quoique. Ca y est, le buzz est lancé! En une petite dizaine de passages, Rick Owens vient de se tirer une balle dans le pied. Oublié le quasi syndrome de Stendhal provoqué par la perfection des coupes. On ne parlera plus que du zizi, de la bite, de la quéquette. Le “Owens gate” fait le buzz. Le hashtag qui explose s’appelle “#dickowens”. Dick pour la zigounette. EXHIBITION OU PHILOSOPHIE? La nudité, c’est tout de même l’anti-vêtement. Tant qu’à fabriquer de la mode, autant utiliser du tissu. Prendre ce dogme à rebours, c’est déjà faire un pas dans le conceptuel. Il est clair que ce ne sont pas ces pièces là que les acheteurs vont commander à la sortie du défilé. Owens a vendu du caban, pour sûr, de vrais beaux cabans contre le froid. Mais avec chaque caban acheté et porté sera véhiculé le fantasme du sexe nu, du courant d’air bizarre. Est-ce l’effet recherché par le créateur? D’aucuns ont vu dans ce parti-pris un délire mystique, une philosophie du déta-

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chement. Plutôt hors sujet dans l’industrie la plus matérialiste inventée par le marché contemporain. Toujours est-il qu’un zizi est un zizi, et que ce loup entrevu rappelle tristement ceux, morbides, qui se dégagent de certains imperméables à la sortie des métros. Car un sexe masculin qui sort d’un trou mal placé n’est pas assimilable à l’accident de décolleté d’une starlette sur la Croisette. C’est ainsi. Les seins des femmes ont des qualités plastiques, voire esthétiques, que Popol a du mal à revendiquer. Y avait-il pour autant attentat à la pudeur? Ce concept flou n’existe plus en France depuis 1992. Une règle quand même: le spectateur doit être consentant. Que le public de ce défilé déstabilisant l’ait été, ce jour-là, reste à prouver. Beaucoup n’ont pas pardonné à Rick Owens ce voyeurisme forcé. A sa décharge, l’apparition inattendue de la breloque sous ces haillons fashion fut discrète, trois sans-culotte ne font pas une révolution. Mais elle donna une impression misérabiliste. Un peu comme ces marmots qui trainent déculottés à défaut de couches dans la boue des favelas. La prochaine fois, il faudra peut-être y mettre un peu d’humour. Ou mieux, ne pas recommencer. |



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DSQUARED2 PUISSANCE DEUX Par G I O R G I A V I R Z Ì | Photos J O N AT H A N F R A N T I N I



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ères gémellaires et prolifiques, doués d’un sens du travail hédoniste, les frères en connaissent un rayon en matière de lifestyle. Rencontrés au cœur de leur spectaculaire QG milanais, dans le secret très bien gardé de leur bureau. En excellents serial entrepreneurs qu’ils sont, affaires obligent. Votre nouveau QG, Ceresio 7, a déjà fait en un an les riches heures des nuits milanaises et le tour de la presse internationale. Après la mode et le parfum, vous ajoutez donc un département lifestyle à votre marque. Où trouvezvous l’ins piration ? Nous partons toujours du principe qu’il est essentiel de faire les choses pour soi-même. Cela peut paraître déraisonnable, mais on ne peut pas plaire à tout le monde, alors autant se faire plaisir. Après tout, nous sommes nos premiers clients ! Avec une question essentielle : où et comment dépenser au mieux notre temps et notre énergie ? Ceresio 7 retranscrit fidèlement nos voyages, nos expériences, nos idées, et ce lieu nous ressemble finalement beaucoup.

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Votre philosophie serait donc de se faire du bien ? Est-ce encore possible de nos jours en affaires ? Nous n’avons jamais eu peur en affaires. C’est vrai que nous n’avions au départ pas grand-chose à perdre, et c’est probablement plus facile ainsi. Mais le mot « panique » n’existe pas chez nous. Il faut savoir prendre des risques et aimer l’idée de relever des challenges. Après, il faut être capable de soutenir ses projets sur le long terme. Nous sommes très impliqués au quotidien dans nos affaires, comme au Ceresio 7 où nous passons beaucoup de temps et où nous échangeons très régulièrement avec nos clients. La réussite serait donc une partie de plaisir ? Pas tant que ça ! Les gens nous croient extravagants, décalés, fêtards ; c’est vrai que c’est l’image que nous leur renvoyons. La réussite passe, selon nous, par une certaine liberté. Mais être businessmen, c’est aussi un sacerdoce, même si nous avons toujours plus fonctionné à l’instinct qu’au business plan. Ce n’est pas seulement un job, c’est une vie entière qu’il faut y consacrer.


Vos vies professionnelles et privées ne font qu’une ? Pour ainsi dire. Nous sommes une famille moderne ! Pourquoi une entreprise devrait-elle forcément être sérieuse à mourir ? Prenez l’exemple d’Instagram. Nous y mélangeons vie privée et business, sans aucun complexe. Après tout, c’est ce que les gens attendent. Quel fut votre premier petit bonheur en affaires ? Le jour où nous avons réuni assez d’argent pour partir aux Etats-Unis, en 1983. Nous avions fait tous les petits boulots possibles à Toronto pour financer un cycle d’études à la Parsons School for Design de New York. Ensuite, tout est allé très vite. Une première collection de fin d’études remarquée presque par hasard par une multinationale, un premier job à la clé, et six mois plus tard nous étions assis en première classe d’un vol destination Hong Kong pour y produire nos toutes premières créations. Avec la confiance d’un seul homme, Luke Tanabe, qui nous a donné notre chance, nous a tout appris, et que nous ne remercierons jamais assez. Quand et comment avez-vous conquis l’Europe ? Les débuts n’ont pas été simples ! Nous avions financé, aidés par un producteur italien, une première collection à notre nom. Mais sa distribution fut annulée au dernier moment. Nous sommes alors partis avec notre collection sous le bras pour Paris, où nous avions réservé à la dernière minute un stand au SEHM (Salon international de l’habillement masculin, ndlr). Quelques amis pour jouer les acheteurs intéressés, le bouche à oreille… et en quatre jours, on avait atteint le million d’euros de commandes ! Qui vous a aidé à exploser ? Madonna, rien que ça, qui au début des années 2000 nous a commandé des tenues de scène. Nous avons eu coup sur coup six couvertures de magazine dans le monde ! Et aussi Renzo Rosso (patron de Staff International et détenteur exclusif de la marque, ndlr) qui nous soutient au quotidien. Comment vivez-vous le fait de dépendre d’un autre ? Nous sommes créateurs avant d’être chefs d’entreprise. Faire de l’argent ne sera jamais notre priorité, et Renzo Rosso le sait. Après avoir signé avec lui, la marque est passée de un à cinq showrooms dans le monde. Nous avons ouvert un premier flagship à Milan, à côté de voisins prestigieux comme Gucci ou Versace. Rihanna coupant le ruban rouge, ça ne s’oublie pas ! Aujourd’hui Los Angeles, Miami, demain New York et Londres, ça ne se refuse pas.

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Pourquoi avez-vous choisi de vivre à Londres ? Pour des raisons professionnelles. C’est l’une des rares capitales européennes qui permettent de rester ambitieux. La créativité, les initiatives n’y sont pas bridées. Cette ville vous garde éveillé… C’est un choix qui n’a pas été facile à faire, car nous sommes très, très, attachés à l’Italie. Vous venez d’ouvrir vos deux premières boutiques américaines à Los Angeles et Miami, avant New York en février prochain. Les Etats-Unis sont donc votre prochain challenge ? Entre autres ! Internet, via notre boutique en ligne, est un excellent indicateur des marchés pour une marque comme la nôtre. Et la demande américaine a véritablement explosé ces dernières saisons. Il nous paraissait donc opportun de commencer à nous y installer. D’autres projets ? Nous avons encore tant de choses à faire ! Nous arrivons à un moment de notre vie professionnelle et de notre business où les bases sont solides et où nous pouvons dès lors entreprendre de nouveaux projets. Un peu comme un second départ. Nous allons continuer de développer le projet Ceresio 7, avec l’ouverture sur place d’un club de sport, d’un spa et d’une guest house de trois chambres exclusives. Comment appréhendez-vous le marché de la mode masculine ? C’est avec lui que nous avons débuté ! Nous le connaissons bien. C’est un marché qui demande à être constamment surpris, au risque de se lasser très vite. Votre avis sur l’industrie du luxe contemporaine ? La mode et le luxe exigent des efforts constants et de nouveaux investissements en matière d’idées, d’innovation et de créativité. Apporter une bouffée d’air frais pourra certainement régénérer cette industrie éternelle. Et si c’était à refaire aujourd’hui ? Quel conseil donneriezvous à la jeune génération ? Sincèrement ? Nous ferions exactement la même chose. Les affaires ne sont pas qu’une question de marché, c’est aussi et surtout une question de volonté. Le conseil que nous pourrions donner ? Suivez votre passion, gardez les pieds sur terre et accumulez les expériences. Le métier de créateur est beaucoup plus difficile qu’il n’en a l’air ! |


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Le noir, Le bLanc, ou même Les deux ensembLe.comme pivot centraL de votre vestiaire.Jusqu’à 38 bonnes nouveLLes raisons d’en raJouter une coucHe. des vêtements, mais aussi des accessoires au sport, à La viLLe. sérieux, mais pas trop. Par A n n e G A f f i é | Photos G i u l i o C A s t e l l i | s t y l i s m e R o m A i n VA l lo s

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1.Veste en toile de coton denim, Burberry Prorsum 2.Portefeuille en cuir Saffiano avec détail « Porter» en métal, Prada 3.Sac bowling en cuir Selleria, Fendi 4.Chapeau « Vendôme » en serge de coton, Hermès 5.Sneakers en cuir perforé, Balenciaga 6.« Duffle Bag » en veau, Loewe 7.Chaussures de sport en veau Epsom, Hermès 8. Casque audio à système « anti-résonnant et fermé », en aluminium et cuir d’agneau, Vertu.

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9.Derbys en cuir de cerf grainé, Ermenegildo Zegna 10.Briquet Ligne 2 Ceramium A.C.T Noir, S.T. Dupont 11.Beats By Dre » en cuir Selleria, Fendi.

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ABC DBAYEH MALL, GROUND FLOOR, LEBANON T. 04 417 217

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LA MINUTE MODE EN UNE PETITE QUINZAINE D’ANNÉES, LES MARQUES HORLOGÈRES ISSUES DU MILIEU DE LA MODE SE SONT CRÉÉ UN VÉRITABLE UNIVERS, OÙ L’ESPRIT COUTURE FUSIONNE AVEC LES PRINCIPES DE LA HAUTE HORLOGERIE, AFIN DE DONNER NAISSANCE À DES MONTRES FORTES, TAILLÉES SUR MESURE. Par VINCENT DAVEAU | Photos CHRISTOPHE BOUQUET

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COUPE SPORT • Burberry « Montre Chronographe The Britain 47 mm » Au fil du temps, la jeune collection horlogère de la maison réputée pour ses trench-coats mastic prend de l’assurance et investit des univers de plus en plus sport. Puissant avec son boîtier en acier à la lunette recouverte de gomme noire, ce chronographe de 47 mm de diamètre mu par

un calibre à quartz impose ses lignes viriles au poignet. Etanche à 100 mètres et taillé pour endurer les pires traitements, cet instrument au cadran noir surligné de jaune pétant se porte sur un bracelet en acier recouvert de caoutchouc pour résister à tous les aléas de la vie. |

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COUSU DE FIL BLANC • Chanel « J12 Noire Mate Chronographe Superleggera 41 mm » Certains modèles issus de maisons dont les origines sont plutôt « couture » donnent du fil à retordre aux marques horlogères consacrées. C’est le cas de ce chronographe qui sublime les lignes des instruments traditionnels en se vêtant de matériaux d’avant-garde comme la

céramique high-tech pour offrir au métier un second souffle. Animé par un calibre automatique certifié chronomètre, ce garde-temps pratiquement inaltérable défie les modes avec une insolence que lui permet son équilibre esthétique canonique. |

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MOTIF DIAMANTS • Gucci « G-Timeless Slim Automatic » Cette montre à la coupe classique, tombant à la perfection sur le poignet, est animée par un calibre automatique de facture suisse, visible par le fond transparent. Cet instrument laisse voir sa masse oscillante gravée du désor mais célébr issime motif « d ia-

mants » cher à Gucci. Ce décor très chic, au cadran rose pâle renforce la teinte de la coiffe en or de la lunette. Il donne à cette pièce intemporelle, à porter sur bracelet alligator fermé par une triple boucle déployante, ce qu’il faut de cet esprit couture bien dans le ton du moment. |

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chaîne et trame • Louis Vuitton « Montre Tambour Nemeth » En collaboration avec Kim Jones, le directeur artistique du Studio Homme de Louis Vuitton, la jeune maison horlogère éponyme rend hommage à Christopher Luis Nemeth, designer et artiste anglais (1959-2010), figure de la mode underground dans le Londres des années 1980.

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La version à quartz de la montre « Tambour » en acier sur bracelet cuir ombré cognac, parée d’un cadran argent vintage au motif décalqué main à la Fabrique du Temps, représente, avec des effets de relief, le maintenant célèbre motif de cordage entrelacé créé par Nemeth. |


GRANDE MESURE • Dolce & Gabbana « Automatico DG7+ » Avec un sens du réemploi intelligent, cette montre, animée par un calibre automatique de facture suisse visible par le fond transparent en saphir, synthétise certains codes esthétiques des garde-temps d’antan pour leur redonner une vraie actualité. Par ce stratagème et faisant

du syncrétisme un principe de création, Dolce & Gabbana assure à son modèle de passer les années sans prendre une ride. Urbaine dans le principe, cette pièce au dateur surdimensionné à 6 heures se porte sur un bracelet en caoutchouc fermé au poignet par une boucle déployante. |

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TIRÉ À QUATRE ÉPINGLES • Dior « Chiffre Rouge C03 » La rigueur de la coupe associée à la sobriété du dessin est une signature Dior qui trouve à s’exprimer jusque dans les asymétries de ce boîtier en acier aux lignes accrocheuses. Cela permet au cadran réalisé en nacre véritable à l’orient bleuté de trouver une dimension et une puissance

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inattendues. La montre, animée par le calibre automatique Elite de la manufacture Zenith, entretient la magie de l’exclusivité par son tirage limité à 100 exemplaires. D’un chic absolu, elle affiche l’heure et les phases de lune, mais aussi la date en rouge dans un guichet épuré. |


ESPRIT SELLIER • Hermès « Dressage Petite Seconde » Exclusif toujours, l’univers d’Hermès a le chic pour combiner matières rares et dessins originaux. Cette péréquation exceptionnelle a pour effet d’offrir à ceux qui s’y adonnent la sensation d’avoir des objets faits à leurs exactes mesures. Cette montre de 40 mm en

acier, au dessin puissant inspiré de pièces de sellerie, est réalisée à la main dans les ateliers de la maison. Conçue avec soin, elle est mue par un calibre automatique de manufacture et se porte sur un bracelet en alligator mat couleur havane fermé par une sobre boucle déployante. |

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FERNANDO JORGE PAS COMPLIQUÉ DE FAIRE SENSUEL QUAND ON EST BRÉSILIEN D'ORIGINE LIBANAISE: ÇA COULE DE SOURCE, SANS EFFORT, COMME UNE NATURE, UNE MANIÈRE D'ÊTRE. LE CRÉATEUR DE BIJOUX FERNANDO JORGE EST TOUCHÉ PAR CETTE GRÂCE-LÀ. APRÈS UN MASTER EN DESIGN DE BIJOUX À CENTRAL SAINT MARTINS, IL FUIT LES BRUMES LONDONIENNES POUR REGAGNER SES TROPIQUES DANSANTS. DANS SON RIO NATAL, IL REVISITE CES GEMMES COLORÉES UN PEU DÉCLASSÉES EN RAISON DE LEUR ABONDANCE. IL LEUR OFFRE SA VISION, UNE TAILLE ORIGINALE, DES CHAINES SERPENTINES, ET LE TOUR EST JOUÉ, SCULPTURAL, ÉLÉGANT, Par S T É P H A N I E N A K H L É | Photos B E N JA M I N M A L L E K

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ourquoi avez vous choisi de vous spécialiser dans le bijou? Depuis tout petit, j'adore dessiner, ce qui m'a encouragé à choisir le design à l'université. C'est au cours de mes études que j'ai eu l'opportunité de travailler chez un grand fabricant de bijoux à São Paulo. Quand j'ai vu mes dessins prendre vie dans les métaux et les pierres précieuses, ça a été le coup de foudre et je n'ai plus jamais regardé en arrière. Le fait d'être Brésilien d’origine libanaise a-t-il une influence sur votre inspiration? Tout ce qui m'entoure peut être source d'inspiration, mais l'essentiel de mon travail est enraciné dans mon parcours. J'essaie de capter la désinvolture et la sensualité du Brésil, pays où j'ai grandi. Il ya aussi un côté pragmatique qui vient de mon patrimoine libanais. En même temps, mon esthétique s'est affinée au cours de mes années d'études à Londres. Tout cela donne, je crois, à mon travail, une identité universelle dans

laquelle chacun peut se retrouver sans effort. Comment définissez-vous le luxe? J’associe le luxe avec le plaisir et la qualité, mais pas la démesure. Il peut se trouver dans les petites choses et les moments les plus simples. C'est une véritable expérience qui vous fait vous sentir spécial. Quelle est la principale source d'inspiration derrière votre dernière collection «Fusion»? Derrière la collection «Fusion» il y a une réflexion sur notre monde en mouvement et en constante transformation. J' ai pensé au cosmos, à l'atome et au contraste entre les micro et macro éléments. J' y ai ajouté les finitions signature de mes collections précédentes , juxtaposant la douceur et la rondeur de «Fluid» avec le dynamisme de "Electric" . Que dire de "Stream", votre collection à venir? Ma prochaine collection «Stream» revisite la fluidité de

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mes premières collections, mais cette fois avec un clin d'œil à l'aérodynamique qui défie la gravité. A l'arrivée, cela donne des pièces sensuelles qui tourbillonnent doucement autour du corps. Parmi les pièces que vous avez conçues, quelle est votre préférée à ce jour? Quand j'y pense, il y a pas mal de réalisations dont je suis fier! La plus récente est un grand bracelet qui a été le déclencheur de ma nouvelle collection «Stream». Je m'amusais à aligner des diamants de différentes coupes. L'idée est venue en imaginant le bijou s'enroulant autour du corps avec des courbes souples et dynamiques. Le succès est venu très vite depuis la fin de votre MA. Quelle a été votre pièce la plus iconique?

Maintenir une activité indépendante tout en restant fidèle à une vision personnelle est très difficile. C'est pourquoi chaque défi surmonté continue à me réjouir. Recevoir des prix est également très gratifiant, mais ma plus grande réussite est la fidélité de mes premiers clients. Grâce à eux j'ai le sentiment de réaliser des objets qui préservent les souvenirs des gens et tiennent une place importante dans leur vie. Quels sont vos prochains projets? Quelle est votre vision de l'avenir de votre marque? Le cours que prennent les choses me semble très naturel, même si cela se passe rapidement. Mon objectif est de garder le rythme et de rester concentré sur mes fondamentaux, en m'organisant davantage et en espérant que de grandes opportunités continueront à se présenter. |

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CET ÉTÉ, ON EST BIEN “LV”

”Le rose est Le bLeu marine de L’inde” disait diane VreeLand qui a posé, L’une des premières, Les règLes du jeu fashion contemporain. soit. “maaaaahVeLous!”, comme eLLe dirait. Kim jones, directeur artistique de La création homme chez Louis Vuitton L’a prise au mot. sur Le conseiL de feue Louise WiLson, son Vénéré professeur à centraL saint martins, iL s’était promis de faire escaLe en inde. c’est donc au rajahstan, pays des maharadjahs, qu’iL a puisé L’inspiration de La coLLection LV printemps été 2015.

P

Par F. A . D

our la nouvelle saison, voici donc, déclinée en rose (vous n’aurez qu’à lire “bleu marine”), ocre et orange, mais aussi dans une palette plus sérieuse de gris, mastic, bleu roi et beige, une ligne née du croisement d’une machine à coudre et d’un rêve seventies dans les jardins d’un palais de Jodhpur. De la machine à coudre, on retiendra le savoir-faire qui se cache derrière les sublimes boutonnages contrastés, fauve sur bleu, les détails réalisés main; les malles qui cachent des écritoires et tout le nécessaire d’un écrivain voyageur; des boucles de ceintures en acier guilloché en rayons autour du monogramme; des blousons taillés dans un denim signature imitant le traditionnel tissu shisha indien, incrusté de miroirs comme autant de clous. De la décennie seventies, avec un clin d’œil à l’Op art, Kim Jones célèbre les rayures en zigzag comme autant de “V”,

un imprimé dynamique qui joue les trompe-l’œil, en rouge et bleu par exemple, sous l’encolure beige d’une chemise. La taille du pantalon remonte, le blazer est à la fête, le costume est sauf mais se porte avec des baskets blanches. Des combinaisons d’aviateur rappellent que l’homme vient de poser le pied sur la lune. Les tissus sont brillants, en coton satiné imitant la toile des premiers parachutes. Sans surprise, beaucoup de shorts et de combi-shorts. Dans les jardins de Jodhpur, Kim Jones a puisé un art de vivre à la fois languide et discipliné. A la sensualité du climat indien s’oppose la rigueur britannique. De mousson en mousson, l’Inde est pays de migrations intérieures. Célébrant les grands déplacements familiaux et saisonniers des maharadjahs auxquels la maison Louis Vuitton a fourni ses plus belles malles, Kim Jones réédite à petite échelle des sacs et bagages d’anthologie. |

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Beirut Souks, Souk El Tawileh - Beirut City Center, Hazmieh, Level 1 Also available at all A誰zone stores in Beirut, Dubai, Amman

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MODORAMA AUJOURD’HUI, S’IL Y A AUTANT DE MARQUES EN MODE MASCULINE, C’EST BIEN QU’ELLES NE SE RESSEMBLENT PAS. MÊME DANS LE PELOTON DE TÊTE DES MAISONS DE LUXE. FINI LE TEMPS DE LA PANOPLIE À PAPA.QUE PROPOSENTELLES ET SURTOUT QUI SONT-ELLES ? POUR VOUS AIDER À MIEUX LES CONNAÎTRE, ET DONC À MIEUX LES MAÎTRISER, L’OFFICIEL HOMMES DÉCRYPTE EN EXCLUSIVITÉ LES QUATRE PRINCIPALES TENDANCESDU MOMENT, MAIS AUSSI L’ADN DE 13 GRANDES MARQUES QUI SE CACHENT DERRIÈRE. CELLES QUI FONT TOURNER UN BUSINESS EUROPÉEN D’EXCEPTION DANS LE MONDE ENTIER. Par A N N E G A F F I É , H A D R I E N G O N Z A L E S , AY M E R I C M A N TO UX E T BA P T I S T E P I ÉG AY | Photos S ATO S H I S A Ï K U S A

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Stylisme : Kenny Guetta

PRADA Oscar Lesage (Elite) porte une veste zippée d’esprit blouson en Tricotina à surpiqûres contrastées et patte de poche poitrine, un débardeur en alpaga torsadé, et une chemise en popeline de coton à larges rayures


PRADA Date de création de la marque ? 1913

GUCCI Date de création de la marque ? 1921

CEO ? Miuccia Prada et Patrizio Bertelli

CEO ? Marco Bizzarri

Maison mère ? Prada Group (Prada, Miu Miu, Church’s, Car Shoe)

Maison mère ? Kering

Chiffre d’affaires ? 3,5 milliards d’euros en 2013 pour Prada Group

Siège social ? A Florence, Via Don Lorenzo Perosi 6, Casellina di Scandicci

Combien de boutiques dans le monde ? 580 pour Prada Group

Combien de boutiques dans le monde ? 485

Nombre d’employés ? 10 816 Nombre de followers ? 180 000 sur Twitter, 5 100 700 sur Facebook, 2 200000 sur Instagram Siège social ? A Milan, Via Bergamo 21, 10 000 m² de pur style industriel, aménagés par l’architecte Roberto Baciocchi Flagship ? A Milan, la Prada Galleria, première boutique de la griffe ouverte au cœur de la galerie Vittorio Emanuele II Produits dérivés ? Lunettes, parfums, téléphones portables Le + produit ? En 2014, Prada a acquis 80 % de la société Angelo Marchesi, propriétaire de l’une des plus anciennes pâtisseries de la ville, la Pasticceria Marchesi, fondée en 1824

Nombre de followers ? 1 360 000 sur Twitter, 2 900 000 sur Instagram, 15 181 492 sur Facebook Première collection masculine ? Début des années 1990 Actualité ? L’imprimé Flora, imaginé en 1966, et réinventé par l’artiste Kris Knight pour la marque Image ? Clément Chabernaud pour le Men’s tailoring, photographié par Mert & Marcus et James Franco pour le Made to Mesure par Nathaniel Goldberg Le + produit ? L’entrée au Met de New York en 1985 de l’iconique mocassin à mors créé en 1953

La collection printemps-été 2015 ? Encore une fois un manifeste précis et pertinent, toujours sous l’influence « rétro-futuriste » chère à la maison, avec cette saison une place de choix faite aux « must-have » du dressing, largement revisités, et surpiqués

La collection printemps-été 2015 ? Twist à l’italienne toujours avec, sur la base d’une silhouette ascendant latin lover, quelques éléments plutôt rock’n’roll, pour ne pas dire anglo-saxons. Cette saison, c’est la Navy qui s’en mêle, avec tout ce que cela comporte de références à l’uniforme des officiers de marine

Pour qui ? Les inconditionnels du style vintage remastérisé

Pour q ui ? Les playboys de la dernière génération

Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien de meilleur que l’ADN d’une marque

Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien

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Stylisme : Kenny Guetta

GUCCI Chris Garcia (Bananas) porte un trench en toile cirée, un débardeur en soie côtelée, un pantalon large à pont en coton, des tennis en cuir et toile de coton et un sac besace en cuir à large bandoulière en toile de coton rayée


DSQUARED2 Bakay Diaby (Bananas) porte un autocoat esprit trench en toile de gabardine beige waterproof, rehaussée et doublée de lignes thermocollées de couleurs vives, un pantalon en toile de coton blanc à taille froncée, une chemise en denim façon chambray, un foulard en soie imprimée de micromotifs et des derbys en cuir noir sans lacets

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Pourquoi ? Pour ne jamais faire comme les autres

DSQUARED2 Date de création de la marque ? 1995 Dirigeant ? Dean & Dan Caten

DIOR HOMME Date de création de la marque ? 2001

Directeur artistique ? Dean & Dan Caten

Président directeur général ? Sidney Toledano

Maison mère ? Dsquared2 S.p.A.

Directeur a rtistique ? Kris Van Assche

Combien de boutiques dans le monde ? 33

Maison mère ? Christian Dior Couture

Nombre d ’employés ? 200

Combien de boutiques dans le monde ? 60

Nombre de followers ? 246 000 sur Instagram, 55 000 sur Twitter, 649 000 sur Facebook

Nombre de followers ? 5 320 000 sur Twitter, 2 400 000 sur Instagram, 14 700 000 sur Facebook

Siège s ocial ? A Milan, Via Ceresio 7/9

Siège s ocial ? A Paris, Christian Dior Couture, 30, avenue Montaigne

Flagship ? A Paris, 247-251, rue Saint-Honoré, sur 800 m2

Bureaux ? A Paris, 3, rue Marignan

Chiffre d’affaires annuel ? 205 millions d’euros

Flagship ? A Paris, 11 bis, rue François 1er, au sein de la boutique historique de la maison

Image ? Les photographes Mert & Marcus

Services ? Voiturier, demi-mesure avec tailleur, service personnalisé

Le + produit ? Le Ceresio 7, l’endroit où il faut voir et être vu en ce moment La collection printemps-été 2015 ? Toujours aussi ludique et accessible, elle est placée cette fois-ci sous le signe du pop et du New York arty des années 1980, avec quelques références street art hautes en couleur, mixées aux best-sellers plus classiques de la maison, en denim « used » blanc immaculé Pour q ui ? Les anticonformistes, ceux qui ne se prennent pas trop au sérieux

Produits d érivés ? Parfum « Eau Sauvage » depuis 1966, colognes et bougies, cosmétiques « Dermosystem » depuis 2006, horlogerie « Chiffre Rouge » depuis 2004 Le + produit ? L’escalier du 30, avenue Montaigne est classé monument historique. L’entoilage de toutes les vestes est cousu, et non thermocollé Image ? Karl Lagerfeld pour les campagnes prêt-à-porter depuis 2008 et Willy Vanderperre pour les communications alternatives depuis 2011

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Stylisme : Kenny Guetta

DIOR HOMME Marc Sola (Bananas) porte une veste de costume deux boutons en serge de laine finement rayée à l’horizontale, col et revers raccordés, une chemise en popeline de coton blanc à rayures marine, un débardeur en maille de coton rayé et une cravate en jacquard de soie


Stylisme : Kenny Guetta

LOUIS VUITTON Christopher Michaud (Bananas) porte une veste croisée six boutons contrastés en coton, un pull à col roulé en viscose, coton et soie, et un pantalon droit en coton


La collection printemps-été 2015 ? L’art du télescopage des styles. Après une saison d’hiver dédiée à la rencontre du tailoring et du workwear, voici que streetwear et sportswear prennent la relève. Des silhouettes nouvelles, à l’élégance surprenante, entre conseil d’administration et base de loisirs

Les hommes d’influence, aux commandes et toujours en mouvement Pourquoi ? Pour pouvoir se la raconter en toutes circonstances

Pour qui ? Les nouveaux hommes en gris, curieux de « street tailoring »

ERMENEGILDO ZEGNA Date de création de la marque ? 1910

Pourquoi ? Pour réinventer les codes classiques, ce sont les meilleurs

CEO ? Gildo Zegna

LOUIS VUITTON Date de création de la marque ? 1854

Directeur artistique ? Stefano Pilati Maison mère ? Ermenegildo Zegna

CEO ? Michael Burke

Chiffre d’affaires ? 1,27 milliard d’euros

Directeur artistique ? Kim Jones

Combien de points de vente dans le monde ? 555

Siège social ? A Paris, 2, rue du Pont-Neuf

Nombre d’employés ? 7 000

Combien de boutiques dans le monde ? 460 Nombre de followers ? 4 000 000 sur Twitter, 2 600 000 sur Instagram, 18 700 000 sur Facebook

Siège social ? A Milan, Via Savona 56/A. L’usine de tissu qui a vu naître la dynastie se trouve à Trivero, ainsi que la fondation artistique éponyme Flagship? A Los Angeles – sur Rodeo Drive –, et récemment à Shanghai, deux lieux qui inaugurent un nouveau concept de boutique

Première collection homme ? Hiver 1999 Actualité ? Arrivée de la ligne de maroquinerie « V » en magasin Image ? Les mannequins Rhys Pickering et Thibaud Charon, shootés par le photographe Peter Lindbergh La collection printemps-été 2015 ? Vestiaire idéal pour globe-trotter premium, il réunit tout ce à quoi un homme stylistiquement « open minded » est en droit de rêver. Avec ici quelques indispensables sous inspiration « voyage aux Indes », histoire de bousculer ses classiques Pour qui ?

Nombre de followers ? 81 600 000 sur Instagram, 378 000 sur Facebook, 98 000 sur Twitter

Logo? A l’origine, il comportait les armes de la famille Zegna. Il a évolué quatre fois depuis 1967 ; le dernier en date est blanc et noir en version typographique Image ? L’acteur Frederick Schmidt, égérie de la campagne printempsété 2015, photographié par Inez & Vinoodh Produits dérivés ? Lunettes, montres, parfums

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Le + produit ? Bucaneve, la petite auberge alpestre, dotée d’un excellent restaurant, ouverte par les Zegna à Trivero, dans le Piémont, où se trouvent les racines de la famille La collection printemps-été 2015 ? Le parfait équilibre entre sophistication et décontraction, pour qui veut accéder à cette fameuse élégance faussement insouciante. Les coupes sont amples, les matières fluides, les couleurs sourdes. Et le tout fait une allure

Image ? Les mannequins George Barnett et George Le Page, photographiés par Mario Testino La collection printemps-été 2015 ? Arty et bohème à souhait, dans une palette de couleurs irrésistibles, cette saison signe une nouvelle fois une petite merveille de désinvolture. Chaque pièce est à sa place, mais sans en avoir l’air. « Effortless », comme ils disent Pour q ui ? Ceux qui ont besoin de vitamines

Pour q ui ? Les professionnels de la nonchalance

Pourquoi ? Pour se refaire une santé

Pourquoi ? Parce qu’il y a une vie après le costume

BOTTEGA VENETA Date de création de la marque ? 1966

BURBERRY Date de création de la marque ? 1856 CEO ? Christopher Bailey, également directeur général de la création Chiffre d’affaires ? 2,3 milliards d’euros

Président directeur général ? Carlo Alberto Beretta Directeur artistique ? Tomas Maier Maison mère ? Kering

Combien de boutiques dans le monde ? 216

Résultats opérationnels courants ? 331 millions d’euros

Nombre de followers ? 3 460 000 sur Twitter, 2 300 000 sur Instagram, 17 997 279 sur Facebook Siège s ocial ? A Londres, Horseferry House, Horseferry Road

Combien de boutiques dans le monde ? 228 (au troisième trimestre 2014) Nombre de followers ? 18 400 sur Twitter, 199 000 sur Instagram, 39 753 sur Facebook

Flagship ? A Londres, 121 Regent Street

Nombre d’employés ? 2 891

Actualité ? Lancement du parfum «Brit Rhythm Homme Intense»

Siège social ? Località Conti Maltraverso, 1 Montebello Vicentino, près de Vicenza, en Italie

Services p roposés ? Le sur-mesure Le + produit ? Mélomanie activiste avec Burberry Acoustic, et intense communication digitale

Flagship ? A Milan, Via Sant’Andrea 15, la plus grande boutique au monde, 1 060 m2 sur deux étages d’un bâtiment du XVIIIe. L’architecte ? Tomas Maier !

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Stylisme : Romy Loaëc

ERMENEGILDO ZEGNA Ryad Slimani (Bananas) porte un costume en gabardine de laine, à veste droite et pantalon large, un polo à manches longues en crêpe de coton très fin à passepoil contrasté, un foulard en pur voile de coton imprimé et une ceinture en coton élastique à rayures de couleurs, le tout ligne « Couture »


Stylisme : Romy Loaëc

BURBERRY Adrien Lesueur (Elite) porte un trench-coat en nubuck, un blouson en denim brut à col contrasté en cuir et un chapeau en feutre mou, le tout sous le label « Prorsum »


BOTTEGA VENETA Victor Debiais (Elite) porte un blouson zippé à capuche style « coupe-vent » en agneau plongé ultra-fin, un tee-shirt en coton bio et un pantalon d’esprit « jogging » en double jersey de laine


Produits dérivés ? Bagages, petite maroquinerie, lunettes, chaussures, montres, parfums, haute joaillerie et bijoux, mobilier Le + produit ? C’est une maison « anti-logo », qui a pour devise : « Quand vos initiales suffisent » Image ? Chaque saison, pour le shooting de la campagne publicitaire, le projet « The Art of Collaboration » propose de travailler avec un photographe différent (Ryan McGinley, David Sims, David Armstrong, Peter Lindbergh, Collier Schorr, Jack Pierson, Robert Longo, Nan Goldin, Steven Meisel, Nick Knight, Sam TaylorWood, Annie Leibovitz, Lord Snowdon, Philip-Lorca diCorcia…) La collection printemps-été 2015 ? Ou l’art de lâcher prise dans une maîtrise absolue. Spécialité de la maison, le « cosy-chic » y est régulièrement poussé à son paroxysme, en mode plus-que-parfait. L’allure générale, les volumes, les matières… appellent au cocooning premium

Nombre de followers ? 689 000 sur Instagram et 2 250 000 sur Facebook Première collection homme ? Le premier vêtement était un blouson en daim créé en 1925. La première collection de prêt-à-porter arrive à l’automne-hiver 1978 avec Bernard Sanz Image ? George Barnett shooté par Harry Gruyaert pour l’été 2015 Actualité ? Réouverture des boutiques de Londres (sur Bond Street) et de Seattle Le + produit ? «Lors d’un dîner chez des amis il y a quelques années, un invité portait une veste Hermès et m’a avoué : “Quand je l’ai essayée la première fois, j’ai eu l’impression que vous me connaissiez.” C’est sans doute l’un des plus beaux compliments que l’on m’ait fait», raconte Véronique Nichanian

Pour q ui ? Les esthètes du jogging

La collection printemps-été 2015 ? On retrouve ici toute l’essence de la maison, et la sensualité de ses matières fétiches, la peau et la soie. Mais le tout est régulièrement et sérieusement remastérisé, rajeuni, avec cette saison une option « sportswear couture » très marquée

Pourquoi ? Pour ne jamais se laisser aller

Pour q ui ? Les initiés, et ceux qui en rêvent

HERMES Date de création de la marque ? 1837 CEO ? Axel Dumas Directrice a rtistique ? Véronique Nichanian, depuis vingt-six ans

Pourquoi ? Pour goûter au luxe génération 3.0 LANVIN Date de création de la marque ? 1889 Président directeur général ? Shaw-Lan Wang, femme d’affaires chinoise

Siège s ocial ? A Paris, 24, rue du Faubourg-Saint-Honoré

Directeur artistique ? Sous la direction d’Alber Elbaz, Lucas Ossendrijver pilote le département Style Homme depuis 2005

Chiffre d’affaires ? 3,75 milliards d’euros

Maison mère ? Jeanne Lanvin SA

Combien de boutiques dans le monde ? 320

Chiffre d’affaires ? 250 millions d’euros (source : Women’s Wear Daily

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Stylisme : Nicholas Galletti assisté de Marie Curtin

HERMES Onnys Aho (Elite) porte une saharienne en veau, une chemise en piqué de coton lavé, un pantalon à pli central en serge de coton, une ceinture en veau Swift et des chaussures de sport en veau Epsom bicolores


Stylisme : Yasmine Eslami assistée de Clémence Belin

LANVIN Vincent Barilleau (Bananas) porte un blouson zippé en cuir d’agneau à bord-côtes en coton constrasté et lacets de cuir, et un pantalon en coton mélangé technique


Siège social ? A Paris, 15, rue du Faubourg-Saint-Honoré

Directeur artistique ? L’enseigne reste discrète sur les directeurs de création qui se sont succédé à ce poste

Combien de boutiques dans le monde ? 35 en propre, 26 franchises et plus de 400 points de vente

Maison mère ? Hugo Boss

Nombre de followers ? 807 000 sur Twitter, 567 000 sur Facebook,265 000 sur Instagram

Chiffre d’affaires ? 2,4 milliards d’euros

Flagship ? A Paris, 15, rue du Faubourg-Saint-Honoré

Combien de boutiques dans le monde ? 1 028

Services ? Ateliers de sur-mesure et demi-mesure

Nombre d ’employés ? 12 656

Nombre d’employés ? 600

Siège social ? 12 Dieselstrasse, Metzingen (Allemagne)

Actualité ? Le musée Galliera lui consacre sa première rétrospective, du 8 mars au 23 août 2015

Flagship ? A Paris, 115, avenue des Champs-Elysées

Le + produit ? Meryl Streep et Jean Dujardin furent tous deux habillés en Lanvin pour la cérémonie des Oscars de 2012. L’une fut couronnée meilleure actrice, l’autre meilleur acteur. Coïncidence ? La collection printemps-été 2015 ? Dans la lignée des précédentes, pour un style reconnaissable entre mille. Une «couture rock», technique et urbaine, à l’allure sèche et longiligne, dont la complexité des volumes, des contrastes et des détails n’a d’égale que l’efficacité du résultat Pour q ui ? La jeune génération pressée Pourquoi ? Pour dépasser tout le monde

Nombre de followers ? 353 000 sur Twitter, 7 500 000 sur Facebook, 305 000 sur Instagram Image ? Charlie Siem, violoniste anglais prodige, pour la campagne printemps-été 2015 Produits d érivés ? Lunettes, montres, parfums, Home Collection, Kidswear Le + produit ? La marque est le sponsor officiel de l’écurie McLaren de Formule 1 La collection printemps-été 2015 ? Celle que l’on appelait anciennement «Hugo», la collection petite sœur de la ligne principale, maintient avec succès son cap du techno-urbain pour plaire à la génération des fils de la première. Esprit graphique, color-block, minimaliste, le résultat est acéré, juste ce qu’il faut

HUGO BOSS Date de création de la marque ? 1977

Pour q ui ? Ceux qui veulent s’essayer au « techno-urbain »

CEO? Claus-Dietrich Lahrs

Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas que des costumes chez Boss

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Stylisme : Yasmine Eslami assistée de Clémence Belin

HUGO BOSS Nicolas Ripoll (Bananas) porte un sweat-shirt en coton épais bicolore, un pantalon coupe jean en denim de coton bicolore, des boots en cuir et une casquette en coton


DOLCE & GABBANA Killian Briot (Bananas) porte une veste longue en coton, une chemise en popeline de coton, un pantalon droit en coton et des slippers en velours


ceo ? Remo Ruffini, qui a racheté la marque en 2003

DOLCE & GABBANA Date de création de la marque ? 1985

Directeur artistique ? Thom Browne pilote la ligne masculine « Gamme Bleue »

Directeur artistique ? Domenico Dolce & Stefano Gabbana Nombre de followers ? 10 099 154 sur Facebook, 2 790 000 sur Twitter, 2 700 000 sur Instagram. Siège social ? A Legnano, l’usine et l’administration. A Milan, Viale Piave 22, pour le studio et le bureau des créateurs, Via Broggi 23, pour la communication, Via Goldoni 10, pour le commercial, et le « Metropol » Viale Piave pour les défilés Flagship ? A Paris, 3 rue du Fauboug-Saint-Honoré, 300 m2 entièrement dédiés à l’homme Services ? Salons VIP dans de nombreuses boutiques

Maison mère ? Moncler S.p.A. chiffre d’affaires ? 580,6 millions d’euros combien de boutiques dans le monde ? 163 Nombre de followers ? 105 000 sur Twitter, 1 156 700 sur Facebook, 174 000 sur Instagram Siège social ? A Milan, Via Solari 33, conçu par les architectes français Gilles & Boissier Flasgship ? A Paris, 7, rue du Faubourg-Saint-Honoré, sur 445 m²

Produits dérivés ? Produits de beauté, horlogerie Image ? La denière campagne automne-hiver sur le thème d’un pique-nique en forêt, shootée par Domenico Dolce himself, avec entre autres les tops Noah Mills et Ryan Barrett La collection printemps-été 2015 ? C’est sans doute la plus sicilienne des Italiennes, et ça se voit. Quand les couleurs n’explosent pas, c’est le noir et blanc qui s’impose d’office, dans une simplicité toute rigoureuse comme on l’observe rarement ailleurs. Un art du tailoring à la limite de la science et à la technicité irréprochable

Produits dérivés ? Une collection de lunettes, dont Pharrell Williams est à la fois l’égérie et le directeur artistique Logo ? A l’occasion des Jeux olympiques de Grenoble, en 1968, où elle habille l’équipe de France, la marque troque définitivement sa représentation du mont Aiguille contre le coquelet français

Pour qui ? Les initiés au tailoring de demain

La collection printemps-été 2015 ? Etendard plus que bavard de la marque, la ligne « Gamme Bleue » n’est pas donnée à tout le monde. Mais, bien au-delà de total-looks souvent exagérément stylisés, se cachent d’excellentes pièces techniques, qui portées seules sont des bombes en puissance

Pourquoi ? Pour viser encore mieux

Pour q ui ? Les adeptes du street-wear premium

MONCLER Date de création de la marque ? 1952 (à Monestier-de-Clermont, non loin de Grenoble)

Pourquoi ? Parce que c’est l’une des meilleures adresses en la matière

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Stylisme : Yasmine Eslami assistée de Clémence Belin

MONCLER Nicolas Hau (Bananas) porte une parka à capuche, en coton waterproof imprimé prince-de-galles et ganses tricolores, un pantalon en coton seersucker et un débardeur en résille de coton, le tout dans la ligne « Gamme Bleue »



L’AUTRE SECRET STORY DES DÉFILÉS ANNUELS QUI COÛTENT DES FORTUNES ET SONT DEVENUS, AVEC LE TEMPS, DES MARQUEURS DE LA POP CULTURE ACTUELLE. UNE POLITIQUE EXTRÊMEMENT SÉLECTIVE DÈS QU’IL S’AGIT DE CHOISIR SES MANNEQUINS. UN CHIFFRE D’AFFAIRES QUI N’ARRÊTE PAS DE GRIMPER. POURTANT, DERRIÈRE LE SUCCÈS DE LA MARQUE DE LINGERIE VICTORIA’S SECRET, IL EXISTE UNE HISTOIRE PLUS DOUCE AMÈRE. Par J E A N -V I C C H A P U S

Photos DR

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ujourd’hui encore, Kate Upton, la pin-up la plus googlée de notre époque, ne décolère pas de l’affront qui lui a été fait. L’affront ? Ses photos intimes balancées sur le web par un hacker mal intentionné en octobre dernier ? Au vrai, la blessure que la pulpeuse cicatrise difficilement lui a été causée par Victoria’s Secret. Courant 2013, la célèbre marque de lingerie féminine utilise pour les besoins de son catalogue des photos datant de 2011 du jeune mannequin élevé en Floride. Ceci sans jamais demander son autorisation à l’intéressée et sans aucun contrat de travail liant les deux parties. Forcément, Kate Upton cherche à savoir ce qui lui vaut cette mise à l’écart. En 2012, Sophia Neophitou, en charge des castings pour les défilés Victoria’s Secret, esquissait pourtant un début de réponse : « On dirait une fille de la page 3 du Sun.Elle ressemble à une femme de footballeur, avec ses cheveux blonds et son visage que n’importe qui peut avoir ou s’offrir avec de l’argent. » Dans un article du Business Insider, Danielle McCoy, viceprésidente du département Recherche sur une marque de la firme Wunderlich Securities, analyse : « C’est un fait, toutes les filles se rêvent, un jour ou l’autre, en mannequin Victoria’s Secret. A la marque donc de trouver des modèles auxquels elles puissent s’identifier. Quand ils choisissent Alessandra Ambrosio, par exemple (un des premiers modèles VS), c’est l’image de la femme mariée et de la mère

de famille qu’ils cherchent à mettre en avant ! » Ce constat s’applique aux autres représentantes de VS – surtout connues sous le surnom d’anges Victoria’s Secret les jours de défilés. Parmi les plus célèbres : Heidi Klum, Laetitia Casta, Gisele Bündchen, Doutzen Kroes, Adriana Lima, Candice Swanepoel... Danielle McCoy relance : « L’idée forte de VS, c’est de choisir des femmes qui plaisent aux femmes autant si ce n’est plus qu’aux hommes. » Le show annuel mettant en vedette les top models du cheptel VS emprunte pas mal au faste (et au kitsch) des productions hollywoodiennes. Le spectacle livré – qui est devenu le défilé le plus regardé au monde depuis 1995 et a aimanté cette année 500 millions de téléspectateurs – ressemble à un show tel qu’on en produit dans les hôtels casinos de Las Vegas. Chorégraphies millimétrées, bling en pagaille, light shows agressifs, heures de répétitions dans une ambiance pas si éloignée du camp militaire de Full Metal Jacket. Régulièrement, en clou du spectacle des défilés, Victoria’s Secret aime fusionner avec la haute joaillerie. Pour cela, la marque a une habitude : présenter son Victoria’s Secret « Fantasy Bra » Model. Derrière ce nom de prototype, une parure de dessous unique incrustée de diamants, saphirs et rubis. La première, portée par Claudia Schiffer en 1996, coûtait la bagatelle d’UN million de dollars. Depuis, c’est l’inflation. Les parures exhibées par Heidi Klum et Gisele Bündchen respectivement

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en 2001 et 2005 ont chacune atteint les 12,5 millions de dollars l’unité. Mieux, Victoria’s Secret ne crache pas sur un petit concert privé en fin de représentation. Se sont déjà produits à travers les années Rihanna, Kanye West, Justin Bieber ou Taylor Swift. Si la facture de leur participation « amicale » reste du domaine du secret d’Etat, rien n’empêche de supposer que ces gens-là ne se négocient pas exactement pour le prix d’une formule midi comprenant un jambon-beurre et un Coca Zero. La vérité, c’est que rien n’est jamais trop cher pour Victoria’s Secret. La facture de son dernier show, le 2 décembre 2014 au Earl’s Court de Londres, avoisinait les 20 millions de dollars. Une somme en partie couverte par l’ouverture exceptionnelle du défilé au public et la mise en vente de tickets à 10 000 £ (12 500 €). Résultat d’image : VS dépasse désormais le statut d’entreprise de lingerie fine glamour pour s’inviter à la table prisée de la pop culture. Normal, quand on exhibe un chiffre d’affaires 2013 de 6,7 milliards de dollars (les deux tiers du chiffre d’affaires du groupe L Brand auquel VS appartient depuis 1982). Mais comment devient-on l’empire Victoria’s Secret ? Réponse : sur une poussée de romantisme mêlée d’un peu de puritanisme. Le créateur de Victoria’s Secret

s’appelle Roy Raymond. Etudiant à l’université de Tufts puis de Stanford, ce natif du Connecticut partage sa vie avec son épouse Gaye et passe le temps mollement derrière son bureau du département Marketing pour la marque de pastilles Vicks. Sa rencontre avec le monde inconnu de la lingerie commence au milieu des 70s quand il franchit la porte d’une boutique spécialisée. L’homme cherche à offrir un cadeau à son épouse. Problème : sur place, il se rend vite compte que les modèles proposés dans la boutique sont immondes et qu’en outre les vendeuses le cataloguent au rayon pervers. Partant de cette expérience, disons, humiliante, le grand timide Roy Raymond plaque son boulot chez Vicks, s’associe avec son épouse, et crée sa boutique de lingerie au shopping center de Stanford. Au début de Victoria’s Secret, Roy Raymond a en tête un concept fort : appliquer à sa marque le décorum des boudoirs de l’ère victorienne. Cette riche idée se concrétise en 1977, une fois que Roy Raymond a investi une mise de départ de 80 000 dollars. Dans la boutique, il y a des sofas rouges, des éléments de décoration rappelant les maison closes, de la broderie et des éclairages tamisés. Tout ce décorum ne serait rien sans l’ultime coquetterie du couple Raymond : exposer leurs derniers modèles dans des cadres fixés aux murs. Tout pour ringardiser les marques de dessous pour lesquelles

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Photos DR

un soutien-gorge reste seulement un élément fonctionnel. La première année d’existence, le CA de la boutique plafonne à 500 000 dollars. Ross Bossander, journaliste américain spécialiste de la marque, dégaine : « Le génie de Roy Raymond et de son épouse, c’était de comprendre avant les autres que leur marque allait répondre à deux tendances en vogue à la fin des 70s. Le désir des hommes de voir les femmes comme des objets de convoitise sexuelle et celui des femmes de se sentir le plus sexy possible ! » Gaye Raymond minimise : « Notre idée, c’était surtout de créer un endroit réservé à la lingerie fine, où les hommes ne se sentiraient pas observés comme des voyeurs ! » Celui qui va flairer, derrière la petite entreprise familiale basée à Palo Alto, une révolution en marche, s’appelle Leslie Wexner. Dire qu’il est un visionnaire dès qu’il s’agit d’accompagner les développements de la société avec des nouveaux vêtements confine à l’euphémisme. Dans le monde du business made in USA, l’homme est connu pour avoir lancé, avec succès, une marque de sportswear pour femme, The Limited. En 1977, Wexner a 40 ans, un patrimoine lié à son business estimé à 50 millions de dollars et une envie de rajouter de nouvelles marques à son activité. Quand il passe la porte de la boutique Victoria’s Secret, il flaire d’entrée de jeu le

potentiel inexploité de la lingerie féminine conceptualisée par Roy Raymond. Dans l’hebdomadaire Newsweek, en 2010, Wexner encore tout émoustillé : « Cet endroit ressemblait à un bordel victorien. C’était sexy. Surtout, je n’avais jamais rien vu de tel aux EtatsUnis ! » Résultat, en 1982, le businessman très lié au parti républicain rachète la marque pour seulement 1 million de dollars. Gaye Raymond : « Mon mari a d’abord voulu garder ses parts dans le business et tout gérer avec Leslie. Mais finalement, il en est arrivé à la conclusion qu’il serait plus heureux en se détachant complètement de cette affaire ! » Pour Wexner, la bonne affaire va devenir un empire qui le verra, au cours des années, prendre le pouvoir avec des marques comme Abercrombie & Fitch, Express, Lane Bryant. Deux ans seulement après son achat, la valeur de Victoria’s Secret frôle les 500 millions de dollars. Pour Roy Raymond, la revente sonne l’entrée dans une spirale où l’homme alternera emprunts d’énormes sommes d’argent à sa mère pour se remettre à flot, faillite de sa librairie pour enfants, dépressions nerveuses, divorce. Courant 1993, à seulement 46 ans, c’est un Roy Raymond sans perspective de se refaire la cerise qui décide de se jeter du haut du Golden Gate Bridge. |

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Machines à ca$h EncorE plus forts quE linda EvangElista, cEs photographEs nE sE lèvEnt pas à moins dE 60 000 E/jour. voirE lE doublE parfois. s’ils sont moins d’unE dizainE à tEnir lE marché mondial dE la photo, c’Est parcEqu’ils lE valEnt biEn. mais aussi parcE qu’ils occupEnt toutE la placE. c’Est commE ça. unE suprématiE prochE dE l’irrationnEl, Et un EmpirE dans lE mondE du luxE. Par A n n e G A f f i é e t S A r A h d e M AvA l e i x | illustrations JAu M e v i l A r d e l l

Mario TesTino – 130 000 €/jour né au Pérou en 1954 , 60 ans agence art Partner C’est définitivement Le plus businessman de tous, qui réquisitionne, paraît-il, jusqu’à 40 personnes sur un plateau. outre son sens aigu du commerce, aguerri par la cash machine du tout début des années 2000, il possède son propre studio ainsi que des parts dans l’agence photo de son frère Giovanni, qui le représente mondialement. Mondain, jet-setteur, il règne en maître absolu et depuis un bon moment déjà sur les plus grosses campagnes beauté du monde du luxe, les plus rentables en termes de montant et de durée des droits, pouvant grimper à 130 000 €/jour. entre deux « missions », il trouve encore le temps de publier un livre par an ou presque et d’immortaliser la famille royale d’angleterre dont il est resté, depuis Lady Di, le photographe de cœur. sTeven MeiseL – 150 000 $/jour né à new York en 1954, 60 ans agence art + Commerce Même si le compteur tourne pour lui, et pas que pour l’argent, il reste le challenger en termes de cachet. Minimum tarifaire ? 150 000 $/jour. et encore, il semblerait que les droits publicitaires soient systématiquement négociés en sus, ce qui peut largement doubler la mise. Basé à new York, il

refuse désormais de voyager – à aucun prix, c’est le cas de le dire –, travaille toujours avec la même équipe et quitte le plateau à 16 h 30 quoi qu’il advienne. Malgré tout, ou grâce à cela, c’est lui qui shoote encore les plus grosses campagnes, comme récemment Prada, Dolce & Gabbana, valentino, Louis vuitton… Quand il lui reste un peu de temps libre, il portraitise à merveille les grands de son temps (c’est lui qui signa sex, le livre culte sur Madonna) et réalise des séries de mode pour de grands magazines, même si ça paye moins bien. Bien qu’il ait été le premier dans sa catégorie à décrocher un contrat de 2 millions de dollars avec vogue us. MerT aLas eT MarCus PiGGoTT, DiTs « MerT anD MarCus » – 120 000 €/jour nés en Turquie et en angleterre en 1971, 43 ans agence art Partner en photographie comme en mode, la grande tendance est aux « twins » (duos jumeaux), et ils en sont les meilleurs ambassadeurs. Trublions incontestés du milieu des beautiful people, ils commencent à faire parler d’eux à Londres dès le milieu des années 1990. Mais c’est leur exil ibicenco qui va les propulser au sommet, leur permettant de réaliser la majorité de leurs shootings chez eux, sous le soleil d’ibiza. au minimum, pour le commercial, 120 000 €/jour. une vie de pachas pour ces deux-là, et un monde à part. La légende

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Mario Sorrenti

Mario Testino

Inez & Vinoodh

Juergen Teller

Mert and Marcus

Steven Meisel

veut que tous les portables de l’équipe soient momentanément confisqués le temps de la prise de vue. so chic.

Photos DR

inez van LaMsweerDe eT vinooDh MaTaDin, DiTs « inez & vinooDh » – 120 000 $/jour nés à amsterdam en 1963 et 1961, 51 et 53 ans. The Collective shift L’autre duo du moment, à la scène comme à la ville, s’est formé très tôt sur les bancs de l’ l’a rt academy d’amsterdam avant de s’installer à new York dans les années 1990. ils y possèdent deux studios et leur tableau de chasse affiche les plus grosses marques du luxe qui lâchent pour eux une moyenne de 120 000 $/jour. Le compteur de leur instagram a depuis longtemps atteint les six chiffres, où l’on trouve pourtant moins de créations publiques que de snapshots privés d’une hirsute progéniture, leur fils Charles star et leur caniche Leonardo Moon. juerGen TeLLer – 90 000 $/jour né à erlangen (allemagne) en 1964, 51 ans agence CLM avec son style reconnaissable entre mille, il est l’un des a photographes les plus créatifs et les plus estimés de sa génération. Travaillant encore souvent en argentique, une coquetterie qui, aujourd’hui, relève presque du militan-

tisme, il reste un passionné, pour qui l’argent ne semblerait pas être une priorité. on le dit sympathique et spontané, bien loin des caprices de diva du milieu, et il ne fait parler de lui que pour la bonne cause : celle d’une imagerie volontairement très crue, électrique et sulfureuse, toujours à l’extrême limite de la provocation. installé à Londres depuis les années 1980, il a fait les riches heures de la presse mode anglaise alter alternative (i-D, Daze & Confused…), et signe encore aujourd’hui quelques-unes des plus prestigieuses campagnes mondiales, comme dernièrement celles de Céline, Louis v vuitton ou Marc jacobs. et c’est sa longue fidélité aux marques qui fait, mine de rien, tourner son compteur, entre 90 000 et 100 000 $/jour. Mario sorrenTi – 60 000 €/jour néé en iitalie en 1971, 43 ans agence art Partner enfant prodige de la photographie, initialement soutenu par Bruce w weber, il commence sa carrière très tôt, à 21 ans, et sur les chapeaux de roues, en signant un contrat avec le magazine américain harper’s Bazaar, puis enchaîne en devenant le photographe attitré des célèbres campagnes Calvin Klein. suivront celles pour Max Mara, estée Lauder, Tom Ford… il tourne à 60 000 €/jour. Ce qui ne l’a pas empêché de rester le « guy next door » par excellence, installé à new York avec sa femme Mary Frey et ses deux enfants. |

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LE TOP 30 DES LOW PROFILE PERSONNE, OU PRESQUE, NE CONNAÎT LEUR NOM. ET POURTANT, ILS FONT LA PLUIE, LE BEAU TEMPS, ET TOUT LE RESTE. EMINENCES GRISES, MARIONNETTISTES TAPIS DANS L’OMBRE, ILS NOUENT ET DÉNOUENT LES CONTRATS, LES DEALS. ILS ONT TOUTES LES AUDACES, PRENNENT TOUS LES RISQUES – ET RAMASSENT LE PACTOLE EN TOUTE DISCRÉTION. P a r H É L È N E B R U N E T- R I VA I L LO N , L I O N E L F R O I S S A R D , A N N E G A F F I É , AY M E R I C M A N TO UX , B A P T I S T E P I ÉG AY, A R N AU D R A M S AY, B E R N A R D R O C H E | I l l u s t r a t i o n s JAU M E V I L A R D E L L

BIZZ – MARC CHAYA, 42 ANS, PDG ET COFONDATEUR DE LA MAISON FRANCIS KURKDJIAN Francis Kurkdjian le présente comme son « Pierre Bergé » à lui. C’est en 2003 qu’il rencontre le Franco-Libanais lors d’un défilé de haute couture. Ce diplômé de l’EM Lyon a déjà roulé sa bosse chez Ernst & Young, lorsqu’il décide de se consacrer entièrement à la « Maison » qui ouvre en 2009. Quand Francis compose, Marc pense stratégie et international. En cinq ans, la marque exporte dans ses 250 points de vente son french way of life… A Paris, une seconde boutique ouvre au 7, rue des Blancs-Manteaux en avril. L. F. LITTÉRATURE – ANDREW WYLIE, 68 ANS, AGENT LITTÉRAIRE On ne le surnomme pas Le Chacal pour rien: sa spécialité, c’est de déchirer les contrats, pour en imposer de plus lucratifs à ses clients. Il a obtenu un demi-million de livres ster-

ling à Martin Amis en guise d’avance, négocié le transfert de Christine Angot de Gallimard jusqu’au Seuil pour 240000 euros. Dernier fait d’armes ? Avoir pactisé avec Amazon pour la diffusion exclusive des œuvres de ses protégés. B. P. BIZZ – MOHAMED ALABBAR, 58 ANS, PDG D’EMARR PROPERTIES Le financement du plus haut building du monde, le Burj Khalifa à Dubaï, c’est lui. Celui du célèbre Dubaï Mall, c’est encore lui. Et si Dubaï est devenue la première plateforme du shopping international et la nouvelle capitale de la mode, c’est grâce à lui. Aîné d’une famille de 12 enfants, il a gravi tous les échelons jusqu’à devenir milliardaire et le second homme le plus puissant de son pays. H. B.-R. SPORT – MINO RAIOLA, 47 ANS, AGENT DE JOUEURS Et dire qu’il a songé se présenter à la présidence de la Fifa !

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Le Néerlandais d’origine italienne, qui ne se déplace qu’en jet privé, ose tout. Allure débonnaire, fort en gueule, ce résident fiscal monégasque parle sept langues. Il les utilise pour gérer les carrières de Zlatan Ibrahimovic (qu’il appelle sa Joconde), Paul Pogba, Mario Balotelli ou Blaise Matuidi. L’ancien plongeur de la pizzeria familiale s’occupe de quatre joueurs du PSG. A.R.

ensuite), Jacques Dereux est installé depuis longtemps dans le paysage de la restauration parisienne. Sourceur passionné, consultant fort d’une expérience rare (acquise dans les cuisines de Matignon), il donne une belle allure aux plats préparés cooked by… et permet, à titre amical, aux restaurateurs de trouver leur identité. Sa fille, Dorothée, semble prendre le relais avec sa structure So Food. B. P.

ART – SCOTT STOVER, LA CINQUANTAINE, CONSULTANT Son cabinet de conseil, Global Art Development conseille les riches de ce monde pour leurs collections, mais aussi les fondations, les gouvernements et les institutions. Son activisme philanthropique lui a offert un carnet d’adresses bien fourni, et un succès avec une énergie nouvelle insufflée à la Centre Pompidou Foundation qui a acquis près de 500 œuvres pour 45 millions de dollars en dix ans. Ses clients actuels incluent notamment le Grand Palais pour la création d’un groupe de soutien international. B. P.

BIZZ – LAURENT PLANTIER, 47 ANS, EX-DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ALAIN DUCASSE ENTREPRISE Petit-fils de confiseur et ancien patron de PME, ce diplômé du prestigieux MIT (Massachussetts Institute of Technology) a longtemps été le binôme du chef Alain Ducasse. Leur société, cofondée en 1998, regroupe aujourd’hui plus d’une vingtaine de restaurants dans le monde, une chaîne hôtelière, des écoles (gastronomie et pâtisserie) en France, au Brésil et à Manille, une maison d’édition et une chocolaterie. Et son aura est multicontinentale. H. B.-R.

MODE JEAN-JACQUES PICART, 67 ANS, CONSEILLER EN STRATÉGIE LUXE ET MODE « Talleyrand du luxe », « Gourou des couturiers »… les for formules ne manquent pas pour définir ce fin stratège qui, depuis une quinzaine d’années, avance en sous-marin les pions du paysage mode français. Personnage atypique, au bras long et leste, il intrigue entre autres pour le compte de Bernard Arnault, dont il a su gagner la confiance. Il est vrai que son expérience dans le monde du luxe a commencé tôt, il fut dans les années 1970 le premier attaché de presse du milieu, débusquant la crème des jeunes créateurs. Thierry Mugler, JeanCharles de Castelbajac, Christian Lacroix, Hedi Slimane, Guillaume Henry... On ne compte plus ses poulains devenus pur-sang. A. G.

SPORT – NICOLAS TODT, 37 ANS, PATRON DE ALL ROAD MANAGEMENT Agent de pilotes de Formule 1 et fils du président de la Fédération internationale de l’automobile, son écurie gère le Brésilien Felipe Massa et le Vénézuélien Pastor Maldonado. Très proche de Jules Bianchi, dont il avait en partie financé la carrière à hauteur de plusieurs millions d’euros depuis le kar karting et qui assurait l’avenir immédiat en Formule 1, Nicolas Todt a été très affecté par son accident. Les espoirs qu’il a placés dans le jeune Monégasque Charles Leclerc, dont la carrière en auto ne fait que commencer, ne le consoleront pas pour autant. L. F

FOOD JACQUES DEREUX, 72 ANS, INFLUENCEUR GASTRONOME De l’hôtel Costes à l’aventure de la Jeune Rue (il l’a quittée

MODE – ADRIAN JOFFE, 61 ANS, PR É SI DE N T DE COM M E DE S GA RÇON S INTERNATIONAL Aux côtés de Rei Kawakubo, à la ville comme à la scène, et derrière le succès de Comme des Garçons International, il a

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fait de cette entreprise une maison de mode globale générant 220 millions de livres sterling de CA par an et employant 800 personnes. Il dirige aussi d’une main de maître le Dover Street Market, crème des concept-stores londoniens qui vient de fêter son 10e anniversaire, avant l’ouverture prochaine d’une adresse à New York. Autant dire qu’il fait la pluie et le beau temps du marché mode, et que tous les jeunes créateurs rêvent de retenir son attention. A.G.

BIZZ – BRUNE BUONOMANO, DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE BETC LUXE Diplômée de Berkeley et de Sciences Po Paris, ancienne directrice du développement et de la communication de Havas Paris (2010-2014), passée par Euro RSCG (consultante marque) et par Le Journal du Parlement (journaliste), elle est numéro deux, depuis l’année dernière, de l’agence instigatrice des campagnes de Louis Vuitton, Berluti, Lacoste, Giorgio Armani ou encore Cerruti. H. B.-R. MODE – ADRIAN JOFFE, 61 ANS, PR É SI DE N T DE COM M E DE S GA RÇON S INTERNATIONAL Aux côtés de Rei Kawakubo, à la ville comme à la scène, et derrière le succès de Comme des Garçons International, il a fait de cette entreprise une maison de mode globale générant 220 millions de livres sterling de CA par an et employant 800 personnes. Il dirige aussi d’une main de maître le Dover Street Market, crème des concept-stores londoniens qui vient de fêter son 10e anniversaire, avant l’ouverture prochaine d’une adresse à New York. Autant dire qu’il fait la pluie et le beau temps du marché mode, et que tous les jeunes créateurs rêvent de retenir son attention. A.G. SPORT – JORGE MENDES, 49 ANS, AGENT DE JOUEURS L’agent sportif le plus puissant du globe. Ancien joueur de

troisième division portugaise puis gérant d’un vidéo club et d’une boîte de nuit, le play-boy au portable greffé sur l’oreille dirige une multinationale. Lors du marché des transferts cet été, il a touché 34 millions d’euros de commissions ! Son portefeuille de joueurs est tentaculaire. Ses stars : Cristiano Ronaldo, triple Ballon d’Or, dont il est le parrain du fils, et José Mourinho. A. R.

MODE – SARAH ANDELMAN, 39 ANS, COFONDATRICE ET DIRECTRICE ARTISTIQUE DE COLETTE Elevée dans le sérail mode et dans l’ombre de sa mère, Colette, créatrice du concept-store éponyme, elle aurait presque pu passer inaperçue, tant sa personnalité, jusque dans son allure, semble réservée. Mais c’était sans compter sur une passion dévorante et une expérience acérée du métier, qui font d’elle aujourd’hui l’une des personnalités incontournables du paysage mode parisien. Acheteuse hors pair, dénicheuse toutterrain, amie de Pharrell Williams et de beaucoup d’autres, elle a le capital sympathie au beau fixe. Jamais un défilé ne commencera sans elle, mais elle n’est pas du genre à être en retard. A. G. |



En haut: Charbel en chemise The kooples et Veste Prada. En bas: Malek et Tony en Dior Homme.


répétition

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Texte F. A. D | Réalisation MÉlAnie DAgheR Stylisme AMine JReiSSATi | Photos BAchAR SRouR

e cherchez pas leur label au hasard, sur YouTube par exemple. Vous n’obtiendrez qu’un tutorial sur la meilleure manière de faire des œufs brouillés. Précisez plutôt “Lebanon”: “Scrambled Eggs, Lebanon”. Vous tomberez alors sur un de ces tubes de rock indépendant qui vous prennent aux tripes sans se prendre au sérieux, comme “Girls on fire” ou “Russian roulette”. Qu’un œuf cru s’écrase sur leurs percussions dans ces moments-là, et vous comprendrez sans démonstration l’effet d’une musique en surchauffe sur cet aliment basique. D’où le nom du groupe qui prouve que le son et les œufs ont en commun la propriété de se brouiller sans perdre contenance. Présents sur scène depuis 1998, ils se sont épanouis peu après la fin officielle de la guerre civile dans un contexte de liberté surveillée. De leur rencontre sont nés, entre 2002 et 2006, trois albums en dur et un EP de six titres enregistré au lendemain de la guerre israélienne contre le

Liban, tiré de leur concert “Music Against Monsters”. On retrouve aussi leurs riffs sur les bandes son de “A perfect day” (2005) et “Je veux voir” (avec Catherine Deneuve, 2008), deux films de Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige qui ont valu aux Scrambled Eggs le prix de la meilleure bande son au Festival des Trois Continents à Nantes. Ils ont enregistré cinq autres disques entre 2006 et 2010. Charbel Haber à la guitare (il est aussi le chanteur du groupe), Tony Elieh (par ailleurs photographe de L’Officiel Levant) à la basse et Malek Rizkallah aux percussions, ont réussi à imposer ensemble une certaine “lebanese touch”. Pionniers, ils ont ouvert la voie, avec Scrambled Eggs, à d’autres initiatives dont la moindre n’est pas Mashrou3 Leila. Leur nouvel album est prévu au début de l’été sous le titre “Peace is overrated and war misunderstood”. Pour notre numéro Hommes, Ils se retrouvent tels qu’en euxmêmes, modèles d’un jour, testant les effets des nouvelles pièces de créateurs sur l’inspiration d’un moment de déconnade communément appelé “répétition”. |

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“DU ROCK INDEPENDANT QUI VOUS PREND AUX TRIPES SANS SE PRENDRE AU SÉRIEUX”

Charbel en Dior homme.


En haut, Tony en Burberry. En bas à gauche, Fady en total look The kooples. Malek en Dolce & Gabbana. À droite, Malek en trench The kooples. Charbel en chemise The kooples et Veste Prada. Tony en total look The kooples.

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Page de gauche et ci-dessus: Charbel, Malek et Tony en Prada.

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En haut: Fady en Valentino. En bas Ă gauche: Malek en trench The kooples. Tony en total look The kooples. Charbel en chemise The kooples et Veste Prada.

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De gauche Ă droite: Tony en Burberry, Charbel en Valentino et trench The Kooples, Fady en Valentino, Malek en total look The kooples.


Tony, Charbel et Malek en Dior Homme.

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LA MINUTE À SOI

UN GEL NETTOYANT, UN APRÈS-RASAGE APAISANT, UNE CRÈME HYDRATANTE, UNE CRÈME LISSANTE POUR LES CHEVEUX, C’EST BEAU DE SENTIR BON, C’EST BON DE SE SENTIR BEAU. ON A PRESQUE ENVIE DE RECOMMENCER.. Par STÉPHANIE NAKHLÉ | Réalisation M I N J A E L - H A G E | Photos RAYA FARHAT

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De Gauche à droite: Eau de parfum, BLEU DE CHANEL. Porte-Clé, TOD’S. Gel ADN silkgen, bIOLOGIQUE RECHERCHE. Shampooing au germe de blé, CHRISTOPHE ROBIN. Savon, DIPTYQUE.


De Gauche à droite: Chaussures en cuir, TOD’S. Cirage chaussures, FRATELLI ROSSETTI. Eau de Parfum, Tam Dao, DIPTYQUE. Bougie, Candle Pine. Bagues, Sayuri et Romeo. ROSA MARIA.


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JORDAN: CITY MALL +962 6 582 3724,KUWAIT: THE AVENUES MALL +965 2259 8016

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Photos A N D R E W

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HAIL

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Stylisme

HELENA

TEJEDOR


Pull brodĂŠ et pantalon en coton Gucci, baskets en toile de coton Carven

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Chemise en soie imprimÊe Sandro, T-shirt en coton Façonnable, short en laine Brioni, sneakers en toile Converse


Chemise en coton Faรงonnable, pantalon en laine Brioni

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Pull en sweat de coton Dsquared 2, maillot de bain Faรงonnable


Chemise et pantalon en coton Paul & Joe

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Veste et T-shirt en coton Faรงonnable, pantalon chino en coton Paul & Joe, chaussettes en laine Falke, mocassins en cuir J.M. Weston


Veste et T-shirt en coton Faรงonnable, pantalon chino en coton Paul & Joe, chaussettes en laine Falke, mocassins en cuir J.M. Weston

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Luke : veste et T-shirt en coton Façonnable Nathalie : manteau d’homme en cachemire Berluti Mannequins (par ordre d’apparition) : Nathalie Love et Jazzy de Lisser Grooming : Lucy Halperin Coiffure : Kevin Bing Opérateur digital : Anthony Cabaero Assistant photographe : Kelsey Novotny Assistant stylisme : Keyla Marquez



www.napapijri.com


LES MURS SUINTENT, LE PORTAIL ET LES GRILLAGES SONT MANGÉS DE ROUILLE, L’ENDUIT FAIT DES BULLES. DANS LA POÉSIE GLAUQUE DE CE QUI FUT UNE ANCIENNE USINE S’ÉRIGE UN LIEU NOCTURNE OÙ LES BASSES ONT REMPLACÉ LE MUGISSEMENT DES MACHINES. MONTRER PATTE BLANCHE, TRAVERSER, FÉLIN, SE REMPLIR D’ÉNERGIE. . Photos BACHAR SROUR Réalisation MINJA EL-HAGE, JOSÉE NAKHLE Stylisme AMINE JREISSATI Lieu THE GRAND FACTORY

Chemises, The Kooples



Page de gauche: Chemise blanche, Dior

Page de droite: Pull en Maille, The Kooples Pantalon, Dolce & Gabbana


Pull en Maille, The Kooples Pantalon, Dolce & Gabbana Page de droite: Pull, The Kooples



Chemise ImprimĂŠe, Alexander McQueen Jeans, Burberry




Page de gauche: T shirt, Prada Sport Sweat, The Kooples Chemise ImprimĂŠe, Alexander McQueen Page de droite: Chemise noire, The Kooples Chemise blanche, Zegna Sartoria



Page de gauche: Veste, Fendi Chemise en cuir, The Kooples Tshirt gris, Valentino Page de droite: Tshirt, Dior Chemise, Burberry


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C O M É D I E N ” TO U R À TO U R BOY- SCO UT, M USI C I E N ET FI GU RE D E PROU E D’U N E CERTAI N E I D ÉE D U C I N É MA AM É R I CAI N , I N D É PE N DANT O U N O N , JASO N EST N OTRE H O M M E D U M O M E N T. DA N S “ L I ST E N U P P H I L I P ”, RÉALISÉ

PA R

ALEX

ROSS

P E R R Y,

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DU

REPORTER

DE

P h o t o s V I N C E N T P E R I N I | S t y l i s m e J U L I A N DA R TO I S Tex t e T I M OT H É E V E R R EC C H I A

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SCOOPS.


Costume en laine Z Zegna, cardigan en cachemire Hermès, chemise en coton et soie Lanvin

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Blouson en veau velours Hermès, chemise en coton Bottega Veneta

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Chapeau vintage, costume en laine, pull et chemise en coton Dior Homme

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Pull en laine Prada, chemise en coton ZÂ Zegna, pantalon en coton Maison KitsunĂŠ

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Q

uelle était votre première impression en lisant le scénario de Listen Up Philip ? Jason Schwartzman : J’ai eu une crise de claustrophobie ! J’ai mis beaucoup de temps à le finir, presque une journée. En le lisant, je ne pouvais croire les choses que Philip faisait ou disait. Ces personnages semblaient être à la fois très heureux et malheureux. La ville de New York aussi était décrite de façon étouffante. Après environ vingt pages, je me suis senti obligé d’aller prendre l’air, mais il fallait vite que je découvre ce qu’allaient devenir ces personnages, alors j’y suis retourné. Ça a continué comme ça toute la journée, et ce n’est qu’à la toute fin que j’ai commencé à rire de certaines choses et à trouver ça drôle. Je crois que ce qui m’a attiré c’était l’idée de jouer un personnage qui agit de façon extrême et qui d’une certaine manière ne cherche pas à protéger sa réputation. Il dit ce qu’il veut, il est très franc, très motivé. Très souvent les personnages se cherchent, mais celui-ci sait exactement qui il est, en principe, qui sait, mais c’était intéressant de voir un type si déterminé. Pouvez-vous nous parler un peu de Philip et des défis à surmonter dans l’interprétation ? C’est un type qui a connu beaucoup de succès en tant qu’écrivain et qui fétichise l’époque où les écrivains étaient un peu plus que les vedettes du rock, du moins en Amérique. Il croit avoir manqué de très peu cette époque. Il est aussi talentueux que froid. Pendant le tournage, la chose la plus importante était de ne pas savoir s’il était sympathique, seulement s’il était captivant, mystérieux ou convaincant. C’est un personnage qui n’a certainement pas un comportement “passif-agressif”, et j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer un personnage qui était si honnête et franc. Le film de Maurice Pialat Nous ne vieillirons pas ensemble m’a beaucoup influencé. Ce très beau film montre un couple qui se dispute passionnément, tout au fil de leur histoire, et on ne sait jamais si un jour ou trois semaines se sont écoulés après une dispute. C’est intéressant. Dans le film de Pialat, le couple se dispute plus sur un mode européen, alors que dans ce film, la tonalité est new-yorkaise, moins violente. Personnellement, j’aime les deux styles. Comment avez-vous abordé le tournage ? Je me suis préparé pour le rôle en déménageant à New York un mois avant le tournage, et j’ai passé chaque jour avec le réalisateur, Alex Ross Perry. Le scénario était très

long et je voulais vraiment le maîtriser, alors je le lisais tous les jours. D’habitude, lorsque je lis un scénario, je choisis un chiffre au hasard, disons 5, je le lis donc cinq fois. De toute façon, pendant le tournage, on est toujours en train de le consulter. Mais je l’ai lu et relu tous les jours pendant deux mois, et quand j’étais à New York avec Alex, deux fois par jour, une fois tout seul, une fois avec lui, très attentivement. Pendant le tournage, les journées étaient très chargées donc ça n’aurait pas été possible de poser trop de questions, ça aurait ralenti le tournage. C’était essentiel de les poser avant. Souvent c’étaient des questions très simples, mais c’est important de tout comprendre et de connaître les règles du film. Comme ça, quand on arrive, tout le monde joue au même jeu. Quelle relation aviez-vous avec Alex Ross Perry ? Nous avons regardé beaucoup de films ensemble : Nous ne vieillirons pas ensemble, Maris et Femmes de Woody Allen, Ce plaisir qu’on dit charnel de Mike Nichols, des films qui montrent un New York brunâtre, un état d’esprit un peu en sourdine. Le tournage a eu lieu à New York sur trois semaines, un mois, et c’est le genre de film où tout le monde doit s’entraider, et c’était magnifique parce qu’on était comme une petite famille, les comédiens se sentaient proches les uns des autres. Il y avait autre chose de vraiment intéressant : le scénario prévoyait une voix off très présente dans le film, et quelqu’un la jouait à voix haute sur le plateau. On m’a souvent demandé si c’était gênant ou distrayant que quelqu’un lise le scénario sur le plateau, mais en fait, j’ai trouvé que c’était bien parce qu’il me semblait que Philip aime avoir un narrateur. Pendant la plus grande partie du film, il est la vedette du roman qui se déroule dans sa tête, ce dispositif est alors très utile pour raconter sa vie. Ceci dit, je ne pense pas que le fait de travailler avec une équipe réduite soit nécessairement un gage d’authenticité ou améliore le jeu des comédiens. Tout le monde a sa façon de faire, et bien que je ne sois pas un comédien de type method acting, ni ne comprenne tous les enjeux de cette façon de procéder, je sais que j’ai plus de plaisir à travailler lorsque l’ensemble de l’équipe et les comédiens sont proches les uns des autres, qu’on se sente faire partie d’une communauté, et qu’on a du temps devant de soi. Je crois que c’est important de se sentir à l’aise avec ses collègues, et plus on a de temps, plus on peut faire des blagues et s’amuser, c’est plus spontané. | “Listen Up Philip”, d’Alex Ross Perry, en salles le 21 janvier

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Veste en coton glacĂŠ Burberry Prorsum, chemise en soie Dolce & Gabbana, pantalon en coton glacĂŠ Burberry Prorsum Maquillage : Paul Desmarre Assistant photo : Jason MacDonald Assistante stylisme : Eva Schnarrenberger

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www.aeronautica.difesa.it www.aeronauticamilitare-collezioneprivata.it Available at all A誰zone stores, +961 .1. 99 11 11 Produced and distributed by Cristiano di Thiene Spa


DES HOMMES ET DES SECRETS Quel est cet objet fétiche dont vous ne vous séparerez jamais… parce Qu’il est chargé d’émotion, parce Qu’il porte bonheur, parce Qu’il contient un message, parce Que c’est avec lui Que tout a commencé. c’est la Question Que nous avons posée à Quatre entrepreneurs et créateurs emblématiQues. leurs réponses en images. Par F.A.D | Photos TONY ELIEH

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TOUFIC AOUAD Directeur général de la Audi Private Bank, le petit-fils de l’écrivain et diplomate Toufic Youssef Aouad est attaché à tous les souvenirs qui lui viennent de son grand-père. Tué dans un bombardement vers la fin de la guerre civile, l’auteur des visionnaires «Al raghif»

(le Pain) et «Tawahin Beyrouth» (Dans les meules de Beyrouth) avait reçu, dans les années 60, des mains du roi Fayçal d’Arabie saoudite une épée d’apparat. Pour Toufic Aouad, la valeur émotionnelle de ce trophée est inestimable. Il le lèguera à son propre fils. |

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SARI EL KHAZEN Architecte, artiste visuel. Son «objet» est un stylo, voire toute une collection de stylos. Parce que «le stylo est à la main ce que la langue est à la bouche». Pour ce

dessinateur surréaliste, tracer l’idée, rendre visible et tangible par ce simple geste une émotion abstraite et pouvoir la communiquer avec clarté n’a pas de prix. |

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RABIH KAYROUZ Créateur de mode. Tous ses objets le racontent, le rassurent et l’inspirent. Aucun n’est là par hasard. Cette paisible colombe est un cadeau de Nadia Khoury

(les Artisans du Liban et d’Orient). L’arbre suspendu est une installation du jeune architecte Riskallah Charaoui (Fondation Starch). |

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KARIM BEKDACHE Designer, galeriste. Né dans une maison qui a gardé son cachet des années 70, ses rideaux graphiques, ses luminaires design, ses chromes, résine et plastique de couleur, il reste amoureux de cette période audacieuse

à l’avant-garde de la modernité. Son objet fétiche pourrait être une lampe Nesso, d’Artemide, ou la Telegeno de Vico Magistretti, ou encore un moulin à poivre d’Ettore Sottsass. Entre utopie et nostalgie. |

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AvAilAble At A誰zone stores 01 99 11 11


LE CINÉMA DE M.PILATI ÊTRE UNE MAISON FONDÉE EN 1910 N’INTERDIT PAS DE SE RÉINVENTER. EN IMAGINANT AVEC LE RÉALISATEUR PARK CHAN-WOOK UNE MAGNIFIQUE SÉRIE DE FILMS, LE DIRECTEUR DE

LA

CRÉATION

D’ERMENEGILDO

ZEGNA

A

DÉMONTRÉ

Par B A P T I S T E P I ÉG AY

QUE

C’EST

UN

BEL

IMPÉRATIF.


Photos Inez & Vinoodh, DR

Daniel Wu, l’acteur principal, en Ermenegildo Zegna Couture. Page de gauche, en médaillon, le directeur de la création de la marque italienne, Stefano Pilati.

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“A Rose Reborn”, un film où l’élégance côtoie l’inattendu, avec les acteurs Daniel Wu et Jack Huston (en haut).


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Photos DR

eux hommes d’affaires se croisent : disposés à changer le monde, porteurs d’une mystérieuse invention (un genre McGuffin hitchcockien, du nom de cette invention narrative, destinée à capter l’attention du spectateur), ils vont parcourir le monde, du Wyoming à Milan en passant par Shanghai. Porté par un récit poétiquement elliptique, brodé avec des motifs symboliques forts, A Rose Reborn, le film réalisé par Park Chan-wook, l’auteur de Old Boy et de Stoker, adoré par Tarantino, donne à voir des acteurs du monde contemporain guidés par une conscience de leurs responsabilités. Conte moral plutôt que messe d’autopromo : le geste est courageux, et plastiquement, le film est renversant, par sa finesse chromatique, sa texture soyeuse. Il est rare qu’une grande maison de mode infuse ainsi ses valeurs aussi discrètement, bien loin d’un support publicitaire. Park n’aurait pas accepté qu’il en soit autrement : “J’ai reçu l’assurance que je jouirai d’une liberté artistique absolue, assure-t-il. Et je ne raconte pas toujours des histoires de meurtres ou de kidnapping ! Pour moi, ce film fait partie de mon œuvre.” Dans la coulisse, mais au plus près du projet, Stefano Pilati préfère éviter les rapprochements entre son art et le septième. En effet, selon lui, le cinéma n’a rien à voir avec la mode et il repousse à cet égard toute influence de celuici sur son travail : “Je n’ai jamais été inspiré par un film. Sincèrement, je trouve que ça serait une approche limitée, et la mienne a toujours eu plusieurs points de départ. Ceci dit, des films comme Metropolis ou Blade Runner sont devenus parties intégrantes de notre culture et, euxmêmes, des références de mode.” BROKEN SUIT Désormais installé à Berlin, et inspiré par l’architecture de la ville, il se veut soucieux de mettre en musique, c’est-àdire en vêtements, la théorie de la cause et de l’effet. Au cœur du film se trouve une des fulgurances qui traversent sa plus récente collection pour Ermenegildo Zegna Couture : le costume dépareillé, le broken suit qui sonne comme un appel à rebattre les cartes du style et de l’idée que l’on s’en fait. Enthousiasmé par ce concept, Park a moins tenté de l’illustrer que de lui donner corps – ou plutôt une texture : “En les regardant rapidement, on peut avoir l’impression que la veste et le pantalon sont les mêmes, mais en les étudiant de près, on remarque des variations. L’art commence aussi par ce jeu sur des distinctions subtiles, ce sont elles qui font la différence. C’est pareil pour les vêtements : la coupe, le motif, la matière, le positionnement du bouton. Si vous visitez un plateau de cinéma, vous

pouvez vous demander pourquoi le cinéaste multiplie les prises d’une même scène. Vous ne comprendrez peut-être pas pourquoi, mais pour nous, c’est vital !” L E S AT T R O U P E M E N T S É N A M O U R É S Par un beau tour de passe-passe, A Rose Reborn (beau titre qui aurait plu à l’écrivain argentin Jorge-Luis Borges, luimême, amateur d’illusions et d’allusions métaphoriques), réussit à parler du sens de nos actions, de l’évolution d’un personnage qui apprend à être empathique. Daniel Wu, superstar du cinéma asiatique (il fallait voir les attroupements énamourés devant l’hôtel où nous le rencontrons), en partageant avec nous le making-of du film, ne dit pas autre chose : “La veille du tournage, nous nous sommes réunis autour d’une table pour une répétition, mais nous avons fini par parler de tout, de philosophies de la mort, de la vie, pendant six heures. Ce qui nous a ramenés au film. Et suite à cette conversation, mon personnage a pris tout son sens, tout en restant mystérieux. Je pense que le film aborde des questions profondes, la vie, la mort, et comment protéger la vie…” Sensible à l’idée du broken suit, où il voit un éloge “des nouveaux horizons, de la liberté” que peut prendre l’homme vis-à-vis de sa garderobe, ilrejoint Park sur la petite leçon de regard délivré ici : “J’ai fait des études d’architecture avant de devenir acteur, et j’ai appris à regarder un costume comme on regarde un immeuble : c’est l’assemblage final qui le rend superbe. Ce film me l’a fait comprendre.” Les vêtements sont comme les images : tellement omniprésents que l’on ne sait plus les regarder, les décrypter, les apprécier. L’avenir du monde, mis en scène par le film à sa façon, mettant en exergue le poids de notre libre arbitre, dépendra justement de notre capacité à repérer l’authenticité d’une démarche, la sincérité d’une action, esthétique, citoyenne. “La beauté est dans les yeux de celui qui regarde” dit l’adage. À propos de regard et de beauté, parmi les films aimés par Stefano Pilati, on trouverait Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, Le Mépris de Jean-Luc Godard et L’Empire des sens de Nagisa Ôshima. Dans sa variété, ce patchwork de goûts dit quelque chose, bien sûr, du projet mené avec Park, de son subtil éloge de l’affirmation de soi, et du feu qui court sous ses plans. Et si A Rose Reborn n’est pas un film sur la mode, il diffuse le plus élégant des messages : ce que l’on porte, et comment, a bien plus de sens et d’impact que l’on croyait. Heureusement que le cinéma est là pour nous dessiller. | www.zegna.com arose-reborn.zegna.com

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UNE MAISON DANS LES OLIVIERS C'est un jeune ColleCtif d'arChiteCture organisé en plateforme Collaborative et multidisCiplinaire sous le nom de "platau". on y trouve boulos douaihy, arChiteCte et environnementaliste, sandra frem, arChiteCte du mit et lauréate du prestigieux smarChs award, ainsi que romeo Chahine, arChiteCte et designer. a eux trois, ils inCarnent une nouvelle garde de l'arChiteCture libanaise, à la fois modeste, impliquée et responsable.

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Par F . A . D

'ils ont participé à de nombreux concours internationaux pour des projets publics, de Madrid à San Francisco en passant par le Maroc, l'Italie, le Québec et la Corée du Sud, avec une mention spéciale pour leur projet dans la très compétitive Dubai, les architectes de "Platau" sont avant tout engagés sur la scène libanaise. Basés à Jounieh, la plupart de leurs réalisations sont pour l'instant résidentielles avec cependant une église à Eeresta et un centre culturel à Zgharta: la Maison Colombe.

Photo DR.

Leur projet vitrine est aujourd'hui la résidence particulière de Boulos Douaihy à Zgharta. Dans cette région du Liban Nord où l'olivier est roi, il n'est pas rare d'hériter d'un lopin de terre dans lequel cet arbre parfois multi centenaire prend toute la place. Pour Douaihy, il n'était pas question de déranger la paix bucolique du lieu où il entendait installer sa petite famille. Formé dans les ateliers de Bernard Khoury et de Hashim Sarkis, il a puisé au conceptualisme de l'un et à la délicatesse de l'autre la parfaite combinaison d'un projet discret et lumineux, emblématique à lui seul d'un art de vivre à la fois caché et accueillant, où le silence résume son idée du luxe. Partiellement enterrée pour se soustraire à la vue depuis la rue attenante, cette maison négocie astucieusement son implantation topographique, épousant la pente légère sur laquelle elle déploie ses deux étages en "L". En bas, les

chambres à coucher et leurs salles de bain, ainsi que les espaces techniques. En haut, les espaces conviviaux, le salon, la cuisine, la bibliothèque. Le prolongement de ces deux moitiés de rectangle a permis de développer une terrasse qui invite le paysage environnant à l'intérieur de la construction. Un mur d'enceinte en forme de "U" protège l'intimité de la maison tout en dégageant à l'étage supérieur un patio qui sert d'entrée, et permet l'ouverture de grandes baies vitrées donnant sur la montagne pour jouir du paysage sans être vu. Les matériaux sont modestes et écologiques, pierre de sable pour le mur d'enceinte, ciment blanc pour le toit et la structure, peinture isolante pour les façades intérieures. Orientée sud, la maison est baignée de soleil et idéalement aérée, ce qui rend inutile la climatisation et assure un rafraichissement naturel par grandes chaleurs tout en préservant du froid l'hiver. Fils d'écrivain, Boulos Douaihy perpétue avec cette maison une ambiance familiale toute de recueillement studieux et de simplicité. Si elle représente un prototype pour le collectif "Platau", c'est qu'elle obéit en tout point à la philosophie de ce groupe d'architectes, loin de toute agression visuelle et de toute pollution du paysage, respectueuse d'un mode de vie à la fois convivial et réservé, parfaitement intégrée dans son environnement. |

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EE

ntErtInEntA MzAAr 路 AIzonE cIty MALL 路 BEIrUt cIty cEntEr


LE TEE-SHIRT (BLANC) IL N’Y A PAS PLUS SIMPLE, ET POURTANT PLUS RETORS, QU’UN TEESHIRT, BLANC QUI PLUS EST. QUAND VOUS AUREZ FINI DE LIRE CETTE PAGE, JAMAIS PLUS VOUS NE VERREZ LE VÔTRE DE LA MÊME FAÇON. Par A N N E G A F F I É

LA PETITE HISTOIRE Très rapidement, parce que tout ça n’est pas clair, le tee-shirt aurait existé dès l’Antiquité, sous sa forme la plus rudimentaire s’entend, comme couche protectrice entre peau et cuirasse des soldats romains. Puis les chevaliers du Moyen Age auraient perpétué le bon plan, version Jacquouille. On est encore très loin du Fruit of the Loom, qui tient plus du « T-Type Shirt » des GI de la Seconde Guerre mondiale, qui l’auraient euxmêmes récupéré de la Royal Navy. Il tient dès lors son nom de sa forme en T, inchangée depuis, quoique agrémentée de deux coutures sur les côtés (il était à l’origine réalisé en coton tubulaire). Le mythe est en route. Le magazine Life en fait sa couverture en juillet 1942, et James Dean l’érotise définitivement dans La Fureur de vivre. Tout ce que Hollywood compte de beaux gosses passera désormais par ses arcanes. Le tee-shirt, plus ou moins blanc, plus ou moins moulant, devient à la fois le vêtement le plus sexy et le plus casse-gueule du vestiaire masculin. Un faux pas, un mauvais emploi, et c’est le ridicule assuré. Mais c’est ce qui fait son charme, parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de le sublimer. Alors, bien sûr, les années 1970 ont apporté leur lot de messages en tout genre, Mickey Mouse et autres « I Love NY », les années 1990 leur oversize rappeuse, et les années 2000 leur déferlante d’eshops spécialisés en customisation à tout va. Mais on revient toujours au blanc, parce que c’est le meilleur. Avec le gris chiné peut-être. LE MAUVAIS DÉLIRE On ignore souvent que le fait d’acheter un tee-shirt relève

de l’acte suicidaire. Sa fabrication est l’une des plus polluantes au monde, d’abord parce que la culture du coton est l’une des plus répandues, dans plus de 100 pays, sur 2,5 % des terres arables de la planète, tout ça à coup de pesticides et d’arrosage. On produit chaque année au niveau mondial 29 millions de tonnes de coton, soit l’équivalent de 100 tee-shirts par personne en Occident. Quand on sait qu’il faut au total 2 70 litres d’eau pour fabriquer un teeshirt, l’équation donne des frissons. Sans parler de la main d’œuvre… Face à cette apocalypse textile, on comprend mieux l’importance de nouveaux combats, sur les matériaux notamment (coton bio, chanvre, bambou…). Avec 2 milliards de tee-shirts vendus dans le monde chaque année, cela vaut la peine de lire l’excellent essai de l’économiste Pietra Rivoli, Les Aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée, une réflexion extrêmement pertinente et décalée sur le libre-échange et la mondialisation. MODE D’EMPLOI Le choisir col rond, l’acheter par dizaine quand on a trouvé le bon, le laver toujours à part du reste, le laisser dépasser un peu d’un pull col rond, mais jamais d’une chemise de ville, éventuellement en roulotter les manches l’été, pour se risquer à y cacher un paquet de cigarettes. LES MEILLEURS James Perse, Uniqlo, J.Crew, Acne, Sunspel, Zimmerli, Derek Rose, American Vintage, Hanro. |

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ALLEZ, UN PETIT VOYAGE DANS LE TEMPS. DANS UNE VILLE QUI CHANGE À TOUTE ALLURE, AU RYTHME DES DESTRUCTIONS ET DES RECONSTRUCTIONS, OÙ VONT LES OBJETS QUE FORCÉMENT ON LAISSE DERRIÈRE SOI À CHAQUE DÉMÉNAGEMENT? MÊME EN DÉSHÉRENCE, ILS NE SONT PAS PERDUS POUR TOUT LE MONDE. POUR SE RASSURER, IL N’Y A QU’À FAIRE UN PETIT TOUR À SOUK EL AHAD, CETTE BROCANTE DU PAUVRE OUVERTE LES DIMANCHES À JISR EL WATI. S’Y DÉPLOIENT CES SOUVENIRS CHARGÉS D’ÂME, RESCAPÉS D’UNE VIE VÉCUE JUSQU’À LA TRAME, ET QUI ESPÈRENT ENCORE, DANS UN DERNIER SURSAUT, EXISTER. Par F. A . D | Photos JIMMY DABBAGH


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«UNFINISHED CONVERSATIONS» IN A WHITE CUBE LE BEIRUT ART CENTER PARLE AUJOURD’HUI DE NOUS, DE VOUS. EN EFFET, MARIE MURACIOLE, LA NOUVELLE DIRECTRICE DU LIEU, INAUGURE UN PROGRAMME DE DEUX ANS INTITULÉ “PRESENT TIME. OURSELVES.” CE PROJET DÉBUTE AVEC L’EXPOSITION “UNFINISHED CONVERSATIONS”, RÉSOLUMENT PLACÉE SOUS LE SIGNE DE STUART HALL, LE GRAND CHANTRE DE L’IDENTITÉ.

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Par C L A I R E A Z U É LO S

es projets curatoriaux, l’approche dynamique et les qualités humaines de Marie Muracciole vont revigorer la programmation du Beirut Art Center ” - promettaient l’année passée Sandra Dagher et Lamia Joreige, toutes deux fondatrices puis directrices du BAC, au moment de leur passation de relais à la Française Marie Muraciole. Historienne de l’art et critique, enseignante en histoire du cinéma et de la vidéo à l’université de Bordeaux, ancienne responsable des activités culturelles du Jeu de Paume à Paris et par ailleurs commissaire indépendante, Marie Muraciole a - entre autres – une prédilection pour les travaux d’Allan Sekula et Yto Barrada, à qui elle a consacré des écrits. “Je crois que la globalisation est un effet de surface et que les inégalités subsistent. Je pense qu’il ne faut jamais s’y résoudre, ni les encourager.” – souligne-t-elle dans le cadre d’une collaboration avec la Galerie Cécile Fakhoury à Abidjan. La nouvelle directrice du White cube qu’est le Beirut Art Center est bien outillée pour maintenir l’institution au niveau exigeant d’un réseau de centres d’art internationaux. Résistant ostensiblement au prêt à penser dans l’art, elle cohabite à Beyrouth avec nous aujourd’hui. “Unfinished Conversations” est un hommage à Stuart Hall (1932- 2014). Né à la Jamaïque, le jeune intellectuel se rend en Grande Bretagne en 1951 pour y poursuivre ses études. En 1968, année de l’émancipation sociale et d’une remise en question profonde de la gauche en Europe, il est un

acteur influent de la New Left britannique. A l’université de Birmingham, avec Richard Hoggart, il est l’un des fondateurs des études culturelles (Cultural studies) qui vont revisiter le concept d’identité. “Je” se décline dès lors au pluriel. Pour Stuart Hall, l’identité est naturellement fluctuante, tributaire des rencontres et des échanges. Une conversation à poursuivre ensemble pour mieux habiter notre époque et cohabiter avec la différence. L’exposition au Beirut Art Center comprend une série de projections et de discussions. Le Britannique John Akomfrah, la Franco-Algérienne Zineb Sedira et l’Africaine du Sud Penny Siopis s’exprimeront d’abord par le biais de films et de vidéos puis de vive voix. Au rythme de trois mercredis par mois des tables rondes viendront poursuivre la conversation. Une programmation de films scandera la manifestation. JOHN AKOMFRAH Né au Ghana en 1957 mais très vite résident en Grande Bretagne, John Akomfrah est au même titre que Stuart Hall ou Paul Gilroy une figure emblématique de la culture de la diaspora noire. Une partie significative de son travail a consisté à démontrer la partialité d’archives audiovisuelles jusqu’alors présentées comme “objectives” par les occidentaux. Il est aussi co-fondateur du révolutionnaire Black Audio Film Collective. “The Unfinished Conversation” (2012), citation de Stuart Hall par l’artiste, est une vaste installation vidéo déclinée sur trois écrans. L’œuvre se construit à partir des souvenirs universitaires et personnels de Stuart Hall, repris et réinstallés

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«Unfinished conversations» par John Acomfrah.

ZINEB SEDIRA Quand on demande à Zineb Sedira de se définir, elle répond : « gardienne d’images ». La formule est juste. Mieux, elle est gardienne de la mémoire. Car il s’agit bien de cela, dans son œuvre. D’un travail sur la mémoire, sa conservation, sa transmission, mais aussi les altérations qui l’affectent, quand le temps passe, et les querelles dont elle est l’enjeu quand s’affrontent des façons opposées de se souvenir d’un même événement. Mother Tongue (2002) est un triptyque vidéo largement inspiré de la vie de l’artiste. Trois moniteurs diffusent chacun une conversation « en temps réel » entre l’artiste et sa mère (Mother and I, France), entre l’artiste et sa fille, (Daughter and I, England) et entre cette dernière et sa grand-mère (Grandmother and Granddaughter, Algeria). Les conversations entremêlent français, arabe et anglais, - l’artiste, sa mère et sa fille parlant respectivement leur «langue maternelle». Dans cette installation, Sedira joue à évoquer l’ambivalence de l’espace entre ce qui est dit, ce qui est entendu et ce qui est compris. Elle explore les échanges et les traductions dont

procède l’identité dans ces communications familiales. Cette œuvre renvoie à la tradition orale de la chaîne matriarcale qui transmet une «identité» et un sentiment d’appartenance d’une génération à l’autre. Pourtant la fluidité de cette chaîne est interrompue par les effets de l’émigration et de la différence de langages. Le récit est brisé et parfois impossible entre la grand-mère et sa petite fille par manque de vocabulaire commun. Il finit par se résumer à des regards et des silences, générateurs d’une autre histoire. Mother Tongue révèle ainsi les glissements potentiels de l’entente au malentendu, de la reconnaissance à la différence, dans la négociation constante d’une identité conçue comme un processus. PENNY SIOPIS Peintre de formation, Penny Siopis est également réalisatrice. Elle présente au BAC quatre vidéos : My Lovely Day (1997), Obscure White Messenger (2010), Communion (2011) et The Master is Drowning (2012). Dans My Lovely Day, Siopis associe des séquences brèves de films de famille en 8mm tournés par sa mère dans les années cinquante et soixante en Afrique du Sud, avec à une bande son et des sous-titres qui évoquent le déplacement de population. Dans Obscure White Messenger et The Master is Drowning elle s’empare du documentaire historique. Films de famille et archives publiques sont combinés pour construire des récits où se mêlent fiction et réalité. Ils mettent en scène les tentatives d’assassinat de H.F. Verwoerd, alors premier ministre sud-africain et militant actif pour l’Apartheid. Communion est l’histoire de Sœur Aidan, religieuse irlandaise assassinée accidentellement par une foule en colère dans l’Est

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dans une époque différente par John Akomfrah, comme pour mieux souligner la nature instable du souvenir et l’idée d’une identité sans cesse en devenir. Les références à William Blake, Charles Dickens, Virginia Woolf, Mervyn Peake, au Jazz et au Gospel jalonnent la conversation. Akomfrah décrit son œuvre comme un exercice de « spectropoétique », une manière de ressusciter les fantômes qui hantent toute existence et d’interroger leur impact sur l’imaginaire collectif.


«The master is drowning» par Penny Siopis.

«Obscure white messenger» par Penny Siopis.

du Cap pendant la Defiance Campaign de 1952 en Afrique du Sud, une campagne de protestation contre les lois de l’Apartheid. Dans le film, la religieuse assassinée semble relater l’événement de sa propre mort. Les films de Penny Siopis donnent à entendre le discours impossible ou jamais tenu, de figures paradoxales de l’histoire de l’Apartheid. UNE MANIFESTATION D’IMAGES ET DE MOTS “Unfinished Conversation” est une manifestation d’images et de mots. Le premier étage du BAC, dorénavant dédié aux activités culturelles et à l’éducation artistique abritera durant tout le temps de l’exposition des tables rondes qui chercheront à ancrer l’approche de Hall dans le contexte du Machrek. Le collectif libanais 98 Weeks et l’artiste Tony Chakar vont travailler à placer les débats dans le contexte local. Le Dr Layal Ftouni du Center for Media Studies de SOAS (The School of Oriental and African Studies) à Londres organisera sur place une journée d’étude ouverte au public. Par ailleurs, deux programmes de projections sont prévus. Morad Montazami, curator adjoint au sein de l’équipe de la Tate Modern spécialisée dans la région Afrique du Nord – Moyen-Orient et cocurator de “Unedited History. Iran 1960- 2014”, et sa collègue Andréa Lissoni, curator du département dédié au film dans cette même institution, ont conçu une série de projections. Keith Shiri, curator et spécialiste du cinéma africain, va également contribuer à ce très riche programme.

et de modifier le statut confortable du spectateur. “Chaque élément du passé se traduit instantanément en savoir collectif” - disait Mahmoud Darwich. La diversité des mediums artistiques proposés à cet effet (expressions plastiques, film, danse, musique) contribuera à définir ce qui dans les faits constitue le contexte culturel local. Marie Muraciole s’est inspirée de Between the Acts (1941), ouvrage posthume de Virginia Woolf pour formuler sa proposition. Dans cet ultime ouvrage, l’auteure évoque la nature de la répartition des rôles entre gardiens du langage d’une part et spectateurs de l’autre. Virginia Woolf dépeint une représentation théâtrale donnée à l’occasion d’une fête paroissiale un jour d’été 1939 dans la paisible campagne anglaise. Les villageois y retracent l’histoire de l’Angleterre pour divertir les notables locaux. A un moment de la représentation, juste après l’acte consacré à la période victorienne, les spectateurs se retrouvent face à une scène vide. Ils attendent. Rien ne se passe… jusqu’à ce que l’un d’eux s’empare du programme et lise : “La période présente. Nous.” Un peu plus tard les acteurs reviennent sur scène avec des miroirs sur lesquels les spectateurs peuvent observer leur reflet. “Ourselves! Ourselves! (...) Mopping, mowing, whisking, frisking, the looking glasses darted, flashed, exposed.” (‘‘Nous-mêmes! Nous-mêmes! (...) Tournant, virevoltant, les miroirs scintillent, reflètent, révèlent.’’) | “Unfinished Conversations”, Beirut Art Center, Jisr El Wati - Off Corniche

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an Nahr. 13, rue 97, Beyrouth.

“PRESENT TIME. OURSELVES.” Le cycle fraîchement inauguré en 2015 au Beirut Art Center se propose d’interroger la suprématie des langages visuels

Du 23 février au 2 mai 2015. Horaires d’ouverture : mardi à vendredi, de midi à 20h, et samedi et dimanche de 11h à 18h. http://www.beirutartcenter.org

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DaviD aDjaye TUTOyeR Le CHaOS Constamment inspiré par l’afrique, sa jeunesse, son énergie, ses riChesses et ses traditions, david adjaye se bat aveC ses instruments pour que les mégalopoles du futur Cessent d’être hostiles. le haus der Kunst de muniCh ConsaCre une rétrospeCtive exhaustive à Ce bâtisseur singulier qui signe, à beyrouth, le siÈge de la fondation aïshti. Par F. A . D

Photos DR

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uverte en janvier dernier, la rétrospective David Adjaye du Haus Der Kunst (Maison des Arts) de Munich connaît une affluence record. Si les projets majeurs de cet architecte vedette, des simples habitations aux bibliothèques publiques en passant par les campus universitaires et les musées, attirent autant de monde, c’est qu’ils offrent une vision de l’avenir des villes tel qu’on souhaiterait qu’il soit: rassurant, convivial, humain. Cette exposition arrive à un tournant de la carrière d’Adjaye, à quelques mois de l’inauguration (en 2016) de son musée national de l’histoire afro-américaine, commissionné par la Smithsonian Institution. Le site de ce projet est en lui-même emblématique puisqu’il s’agit de l’espace paysager dominant le Washington Monument, en face de la Maison Blanche. L’inspiration de ce musée, qui vient couronner des années de lutte pour la reconnaissance du rôle de la communauté noire dans la société et la culture de l’Amérique contemporaine, est elle aussi significative. Adjaye a en effet conçu un bâtiment de trois étages en forme de couronne, à partir

d’une sculpture du célèbre artiste Yoruba, Olowe d’Ise. Cette interaction entre l’architecture et les arts plastiques et conceptuels est d’ailleurs l’un des principaux signes distinctifs de cet architecte singulier. DeS eSpACeS vIvAntS Le thème très technique (“Forme, consistance, matériaux”) sous lequel est placée l’exposition du Haus der Kunst annonce les trois axes d’exploration de l’architecte dans la conception et le développement d’une construction. Avec non moins de 45 projets, livrés ou en cours, compris dans la visite, cette exposition commissionnée par Okwui enwezor donne à voir une multitude d’installations, de dessins, d’esquisses, de maquettes, de films ou de fragments géants. La scénographie, divisée en six sections, insiste sur la matérialité et les qualités formelles des travaux d’Adjaye, ce qui permet, au bout du parcours, de comprendre la manière dont s’y prend l’architecte pour créer des constructions à la fois artistiques par leur forme et conceptuelles par leur inspiration, et surtout agréables à vivre par leur propension à partager l’espace de manière

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flexible et “amicale” avec ceux qui l’habitent ou le visitent. On y trouve d’une part les dessins et matériaux d’inspiration de l’architecte, et de l’autre des maquettes de monuments tel que le pavillon “Horizon”. Dans la section “espaces vivants”, on découvre la très controversée elektra House réalisée à Londres, Whitechapel, pour un couple d’artistes contemporains, ainsi que the Dirty House (domicile des artistes tim nobel et Sue Webster) qui évoque par ses matériaux, selon the Guardian, “une gourmandise chocolatée nappée d’un glaçage blanc”. Dans la section “Démocratie du savoir”, on trouvera les bâtiments urbains à vocation sociopolitique tels que la Moscow School of Management, non loin de l’aile “etudes urbaines et analyses d’implantation”. Une dernière section présente les recherches d’Adjaye sur l’architecture dans les métropoles africaines. La projection en avant-première d’un nouveau film documentaire d’Oliver Hardt intitulé “David Adjaye – Collaborations” a également lieu dans le cadre de cette exposition organisée en collaboration avec l’Art Institute de Chicago. parmi les mécènes qui ont permis à cet événement de voir le jour, figurent la Fondation Ford, tony & elham Salamé, la Fondation Aïshti et Michael Hue-Williams.

ABSOrBer L’énerGIe UrBAIne Dès le début de sa jeune carrière (son atelier londonien, David Adjaye Associates, a été créé en 2000), Adjaye explorait déjà la force du contraste entre des façades presque aveugles et la surprise provoquée par des ouvertures généreuses et une luminosité exceptionnelle, négociées à l’arrière et au sommet des bâtiments. L’exemple le plus significatif de ce parti-pris est elektra House, un petit bloc de 130m2 caché derrière un écran de résine embossé de reliefs 3D, érigé sur le site d’une ancienne fabrique de chaussures. Sans fenêtres, sans jardin, cette construction ne reçoit lumière et ventilation que par des ouvertures zénithales ainsi qu’une large verrière à l’arrière, dénotant dans ce quartier historique où sévit, dit-on, Jack l’éventreur. elle fut d’ailleurs à un doigt de la démolition. Cependant, elle fait réagir le public. Certains passants, intrigués, viennent effleurer la façade pour voir de quoi elle est faite et d’autres passent leur chemin d’un air dégoûté. Cette interaction est le but même recherché par Adjaye, dans l’esprit de ces Young British Artists côtoyés lors de son année de maîtrise au royal College of Art de Londres. Architecte conceptuel? Il ne se défendrait pas d’être lui-même un YBA,

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Siège de la Foundation Aïshti

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la gratuité du propos en moins. Car loin d’être de simples vues de l’esprit, les projets d’Adjaye, surtout ceux d’intérêt public, contiennent des astuces et des sortilèges pour inviter le public à y entrer et en prendre possession. Ainsi de ses bibliothèques, à travers Londres. Sachant que les nouvelles générations sont de moins en moins familières avec les livres, il leur offre des espaces digitaux parallèlement aux classiques rayonnages. Une manière d’abolir l’élitisme en mettant toutes formes de culture à la portée de tous. Car pour Adjaye, l’époque n’est plus aux boulevards manucurés ni aux immeubles et aux arbres alignés de manière passive, proprette et ennuyeuse. Elle n’est plus aux édifices publics intimidants dont les portails monumentaux vous écrasent dès le seuil. Les villes sont appelées à devenir de plus en plus chaotiques et familières. Il faudra donc faire avec le chaos, le tutoyer, en absorber l’énergie, l’intégrer dans l’architecture, le transformer en un environnement inspirant. Un pArCoUrS InSpIrAnt Londonien puis newyorkais d’origine ghanéenne, David Adjaye, enfant de diplomates, en a longtemps voulu à ses parents pour son enfance vagabonde et cette impossibilité de

prendre racines dans un pays et de s’y faire des amis. parmi les nombreuses capitales témoins de ses attachements éphémères, il y eut même Beyrouth où il fit une petite classe à l’IC, à la veille de la guerre. Ce n’est que plus tard, à l’âge des études universitaires, qu’il prit conscience de la richesse de cette vie versatile qui lui a été imposée. Il lui fallut s’adapter, s’intégrer, développer son sens de la communication, cultiver son charisme. très jeune, il lui fallut aussi apprendre à trouver ses repères dans des lieux nouveaux et inconnus, sentir le fonctionnement des sociétés pour mieux s’y fondre. Aujourd’hui, dans chaque pays où il est appelé à intervenir, il adapte son concept architectural aux mœurs, à l’histoire et à la géographie locales. Malgré la globalisation du monde, cet humaniste s’attache les services d’une équipe permanente de sociologues constamment à l’écoute des attentes et des désirs populaires. Il y a fort à parier que le bâtiment de la Fondation Aïshti qu’il a lui-même conçu au nord de Beyrouth, en bord de mer, à la fois musée d’art contemporain et galerie marchande, saura jouer un rôle fédérateur dans une société traumatisée et sous tension, avide de restaurer son amour propre, de se mettre au diapason du monde et de retrouver sa sérénité. |

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KRISTIAN & REBECA EN COUPLE DEPUIS 3 ANS

148 SAAD ZAGHLOUL STREET - DOWNTOWN BEIRUT



Michel et caMille déMénagent leur “Pacifico” Après Avoir Animé pendAnt dix huit Ans une impAsse de lA rue monot, le bAr à l’AmbiAnce lAtino prend de lA hAuteur, et de l’espAce. Par P h i l i P P i n e d e C l e r m o n t - t o n n e r r e

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eux qui affectionnaient surtout sa terrasse en seront pour leurs frais. Le Pacifico a désormais son propre jardin. L’enseigne a pris ses nouveaux quartiers un peu plus haut dans la rue, entre les murs d’une maison traditionnelle, ce qui ne fait qu’ajouter à ce petit côté cantine cubaine. « On a déjà gagné de nouveaux clients. Ceux qui étaient partis parce qu’ils trouvaient l’endroit trop étroit sont revenus. On respire beaucoup mieux ! », se réjouit Michel Saidah, copropriétaire du restaurant. Après presque deux décennies passées dans une impasse de la rue Monot, les fondateurs du Pacifico ont préféré déménager plutôt que reconduire un bail renouvelable pour seulement six mois. Le hasard aura également voulu que toute l’équipe quitte les lieux au lendemain du dix-huitième anniversaire de l’établissement. « On a fermé dimanche et rouvert dans le nouveau local mercredi. Pour le dernier soir dans l’impasse, on avait aménagé un bar en bambou car le comptoir avait déjà été déplacé dans le nouveau restaurant. Ce fut notre manière de dire aux gens qu’on s’en va », explique le partenaire de Michel, Camille Chahwan.

DeS COCktAiLS D’APrèS guerre Le succès du Pacifico, comme du Habana - leur tout premier bar ouvert en 1994 à Jounieh -, ou encore du Punta del este, réside dans cet esprit latino, simple et chaleureux, qu’ont insufflé c’est Michel et Camille. Dans les années quatre-vingt-dix, la tendance est à la gastronomie sudaméricaine. À cette époque, les associés résident à Munich et assistent à l’apparition des premières grandes chaînes de restauration latino comme Havana ou tex Mex. Au Liban, c’est la fin de la guerre. Leurs études de business terminées, les deux amis lâchent des premiers boulots en management et marketing peu convaincants, et décident de rentrer au pays. « On en avait ras le bol de l’europe, raconte Michel Saidah. On a ouvert le Habana par hasard, ça nous a tout de suite absorbés ». tous deux passionnés d’Amérique du Sud, ce continent que, de Buenos Aires à Mexico, ils n’ont jamais cessé d’arpenter, Michel et Camille rapportent de leurs voyages des recettes et des breuvages nouveaux. «il faut se souvenir qu’à l’époque, les cocktails ne faisaient pas encore partie du décor au Liban. On buvait du gin, de la vodka, du whisky, de la bière et du vin, tels

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quels», rappelle Camille Chahwan. trois ans plus tard, en 1997, le Pacifico ouvre rue Monot, sur l’ancienne ligne de démarcation entre les fronts est et ouest de Beyrouth. « La ville était coupée en deux, personne ne voulait construire dans cette zone car elle était jugée trop dangereuse, se remémore Michel. On a profité de cela ». Avec le Café Monot, qui voit le jour à quelques semaines d’intervalles, le troquet d’inspiration cubaine est le premier à s’installer dans cette artère, toujours à l’état de no men’s land. « On a senti que ça commençait à bouger, qu’il fallait ouvrir un nouvel endroit à Beyrouth. On a eu raison. Deux ans plus tard, Monot connaissait son pic de fréquentation », se souvient Michel. « fOOD, Drink AnD MuSiC » Vingt ans plus tard, la rue a retrouvé son calme mais le Pacifico n’a, depuis sa création, jamais désempli. Côté musique, l’ambiance, souvent jazzy et latino en début de soirée, vire au funk après 23 heures. Si le Pacifico est réputé pour sa margarita et ses fajitas, la carte de ses cocktails évolue en permanence. « Quand on a ouvert,

la mode était à la tequila et à la cachaça, puis ce fut le rhum et la vodka, maintenant c’est le gin tonic », relève Michel Saidah qui, dans sa ma maison de Debbié, au Chouf, cultive lui-même toutes une gamme d’herbes aromatiques – la menthe, le basilic, la citronnelle indispensables à l’assaisonnement de ses « drinks ». Sa dernière création : le « gin-gin mule », une boisson à base de gin, de sirop de canne, de jus de citron, de ginger ale et de menthe. incontournable à Beyrouth, le Pacifico est aujourd’hui, pour tous ceux qui le connaissent, une valeur sûre. « On a eu des propositions pour ouvrir à Dubaï et à Abu Dhabi, mais franchiser le Pacifico lui ferait perdre son identité », confient les deux associés, également propriétaires du Dragonfly à gemmayzé. Le secret de ce succès ? Ce triptyque simple et efficace, « food, drink and music », répond Michel. Mais surtout un leitmotiv. « notre boulot est de faire en sorte que les gens se sentent en vacances quand ils viennent chez nous, sans avoir besoin de prendre un billet d’avion pour istanbul ou Larnaca », conclut-il. |

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HISHAM JABER ET "LA POP D'AVANT NOUS"

Adolescent, il n'AvAit qu'une Ambition: Avoir un job sAns horAires. A lA veille de s'inscrire à l'université, hishAm jAber, AccompAgnAnt un Ami à l'institut nAtionAl des beAux-Arts, trouve que le théâtre "n'est pAs une mAuvAise idée" et devient Acteur, metteur en scène, musicien et producteur. Après l'éblouissAnt "hishik-bishik", il revient sur les plAnches de metro Al mAdinA Avec deux nouvelles revues: "AghAni serviset" et "bAr FArouk".

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Par F . A . D

ous sommes à Metro Al Madina, rue Hamra, une salle récupérée sur les vestiges du cinéma Saroulla, lieu emblématique du Beyrouth d'avant-guerre. Trois étages sous terre, une petite odeur de canalisations, une ambiance reconstituée avec des éléments rescapés du décor initial, un sas pour les fumeurs et pour refaire le monde, un bar éclairé au néon, tabourets en skaï, sol métallique industriel. La salle est à l'avenant, sièges dépareillés, mais lourd rideau de velours rouge: L'espace de la scène est sacré. Dans les coulisses éclairées par une méchante loupiote spasmodique, brillent par intermittence les habits de lumière des comédiens de Hishik Bishik. Cette revue dont le nom résonne comme les grelots d'une mule apprêtée pour un mariage se joue à guichet fermé depuis deux ans. Presque sans publicité, le public a afflué dès le premier lever de rideau. Un petit miracle pour un spectacle qui n'aborde ni politique ni problèmes de société, et se déroule dans un décor rudimentaire, savamment poussiéreux. Derrière ce succès, une troupe de passionnés venus de tous les horizons, ayant en commun la nostalgie de ce monde arabe insouciant et fataliste de la première moitié du 20e siècle. Hishik Bishik, ce sont les chansons populaires de l'âge d'or du Caire, teintées de fatalisme et d'un soufisme bon enfant, légères et souriantes comme des comptines surannées.

L'histoire est sommaire, un cabaret cairote dans les murs d'un cabaret libanais. Une meneuse de revue (la chanteuse Yasmina Fayed), un handicapé de guerre portant encore l'uniforme (le musicien Ziad el Ahmadieh, oudiste et chanteur), un clown (l'accordéoniste Samah Abi Mona), un rabatteur (le cinéaste Roy Dib, également chanteur), une danseuse orientale (l'architecte Randa Makhoul), un derviche tourneur, également chanteur et costumier (Wissam Dalati), une matrone (la chanteuse Lina Sahab), un violoniste et chanteur (Ziad Jaafar), un percussionniste (Bahaa Daou). L'idée initiale est venue de Yasmina Fayed qui a biberonné, toute son enfance, le cinéma égyptien et ses chansons qu'elle connaît sur le bout de ses ongles vermillon. Elle sait même de quelle scène de quel film est tiré chaque refrain. Hisham Jaber lie la sauce, produit et met en scène. Depuis 2008, La comédienne Nidal Achkar lui a remis les clés de Metro Al Madina, donnant carte blanche à la folle liberté de son talent. Le public est transporté, adhère au-delà des espérances de la troupe. Même les étrangers affluent pour s'offrir sans y comprendre grandchose cette parenthèse de bonne humeur universelle. La vie est une vaste comédie, d'accord, mais Hisham Jaber prend cet aphorisme au pied de la lettre. Quand on le

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À gauche, en chapeau et cravate blanche, Hisham Jaber dans "Aghani serviset".

Photo Nadim Saoma.

rencontre dans le placard à balais qui lui sert de bureau tout au fond des coulisses, on est déjà un comparse. Un étrange tête-à-tête où il n'est pas évident de garder contenance tant l'échange se teinte de cette théâtralité qu'imposent le décor et le personnage. Venu de la télévision, principale destination des diplômés de l'INBA, Jaber a déjà touché, en tant que producteur et documentariste, à tous les domaines de cette industrie. Il a surtout touché du doigt l'impossibilité de réaliser une œuvre indépendante quand on émarge aux subventions publiques. Pour assurer la mise sur pied et le roulement de Hishik Bishik, il y est allé de ses propres économies. Auparavant, en 2006, il avait presque décidé de s'installer définitivement au Caire. "Tout en étant un farouche laïc, affirme-t-il, j'aime le soufisme égyptien. C'est une échappée mystique, ésotérique et fascinante au cœur même du pragmatisme de la vie quotidienne. Une ouverture théâtrale dans le théâtre de la vie". C'est la perspective de gérer Metro Al Madina qui l'a décidé à revenir à Beyrouth. Le 7 mars, Hishik Bishik se produit aux Beaux-Arts de Bruxelles. Pendant ce temps, une nouvelle revue sera donnée tous les weekends du mois de mars sur le thème du taxi service, cette invention toute libanaise de transport en commun, entre diligence et covoiturage. Jaber, qui adore ce véhicule, y recense toutes les préoccupations du petit peuple, exprimées

avec l'humour amer et élégant des désenchantés. "Aghani serviset" est le pendant libanais de Hishik Bishik, une comédie musicale effilochée, entièrement originale malgré quelques reprises classiques, notamment empruntées au répertoire de Chouchou, célèbre comédien satyrique des années 70. Au mois d'avril, la troupe de Metro Al Madina, toujours sous la houlette de Hisham Jaber, promet un show brillant autour du vieux Beyrouth, baptisé "Bar Farouk". "Place el Bourj, raconte Jaber, il y avait un théâtre qui s'appelait "la Fleur de Damas" (c'était le surnom de Beyrouth sous l'Empire ottoman). Avec deux séances par jour (comme il n'y avait pas de télévision), la salle de 1200 places était constamment pleine. Après le départ des Ottomans, dans les années 40, ce théâtre a changé d'enseigne pour devenir "Masrah Farouk", (la salle Farouk), en hommage au roi d'Egypte. Il a encore changé de nom dans les années 50, mais les gens ont continué à l'appeler "Masrah Farouk. Plus tard il donna son nom à un bar louche de la rue Hamra, le Bar Farouk." Jaber ajoute: "Nous allons ressusciter cette ambiance mi-glauque mi comique des abadayes et des souks en plein exode rural, au temps de la première mutation sociale de la ville." Voilà décidément un métro qui roule à rebours sur les chemins de la mémoire. Chacune de ses stations promet un éblouissement.|

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SEA, SUN AND SURF LÂCHER DU LEST ET METTRE LE CAP ENCORE PLUS À L’OUEST. WELCOME TO QUEENSLAND, AU NORD-EST DU PAYSCONTINENT, À LA RENCONTRE DE L’HOMME “DOWNUNDER”. Par Katia P EC N I K | Photos C H R I S T U B B S



Le voilier Solway Lass près d’Hamilton Island.

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our atterrir en douceur, mettez le cap sur Hamilton, la plus développée des Whitsundays, cette constellation de vingt-deux îles au large de la magnifique côte du Queensland. Ici ont essaimé des resorts alignés sur des pelouses manucurées. Les seuls véhicules autorisés étant les voiturettes de golf, on sillonne les petites collines de l’île, cheveux au vent, dans cette voiture-jouet. Au pied d’immeubles eighties, des piscines couronnées de palmiers étincellent d’un bleu Obao. Hamilton a de petits airs de Miami. Mais sans le vice. Les restaurants vous accueillent pour le dernier service à l’heure de l’apéritif. Un seul et même bar peut offrir un dernier verre, pas de quoi rire. Cette expérience nous met au diapason : l’Australie se couche tôt, comme le soleil. Demain est un autre jour… où l’on surfe. Les plus délurés feront des réserves d’alcool à la supérette et gagneront les vagues, encore embrumés, après quatre heures de sommeil. Les autres ne festoieront pas, parce que le concept de fête nocturne n’existe pas. La nature est dense, bien que les constructions grignotent peu à peu les côtes. Mais le trésor d’Hamilton est plus difficile d’accès. Et pour le découvrir, nous embarquons sur le Solway Lass, un deuxmâts qui a baroudé. D’origine hollandaise, il est passé des Britanniques aux Allemands pendant la guerre. Après maintes pérégrinations, le voilier restauré a pris ses quartiers dans les eaux des Whitsundays. À son bord, des routards apprennent des rudiments de voile. À eux seuls, le bateau et son équipage illustrent le grand mix à l’œuvre en Australie. Les autochtones sont toujours prêts à s’expatrier, tandis que les saisonniers venus de tous pays affluent durant la saison touristique, dans un mouvement de ressac. Nous jetons l’ancre, euphoriques, à Whitehaven Beach, une immense plage vierge dont les bancs de sable immaculé infusent dans la mer. Mais pas question d’en prélever un dé à coudre ou de ramasser un coquillage sans avoir les autorités sur le dos : elles ne tolèrent pas qu’on dérobe la plus infime partie de leur patrimoine naturel. Les dangereux anarchistes latins que nous sommes décident alors de survoler ce bijou naturel, et s’engouffrent dans un hydravion pour planer au-dessus de la barrière de corail. Des efflorescences bleu pâle et marine surnagent dans la mer turquoise. Le moteur de l’hydravion vrombit tandis que le pilote baragouine des propos incompréhensibles. Attention sur votre droite, observez la formation corallienne dessinant un cœur, emblème mythique de cartes postales. Malgré toutes ces beautés, le must reste l’atterrissage somptueux dans la crique de Long Island et son enfilade de bungalows lovés dans la verdure. Une vision d’Éden. Ici, accueillis par une patronne accorte à la main de fer, nous baissons la garde. Un hamac, une large piscine marine, des wallabies qui

sautillent dans le jardin : nous pourrions y rester toute la vie. La cheftaine a séjourné à Santorin et emploie un Ouzbek qui découvre les mœurs locales. Pourquoi quitter ce paradis ? Le devoir nous rappelle vers le continent, à Noosa, ville où serpente la rue la plus chère d’Australie, Hastings Street. Alors, c’est ça Noosa ? Une ville nouvelle balnéaire, aux immeubles de deux étages alignés sur une immense plage… Mais cette cité a ceci de remarquable qu’elle jouxte une réserve naturelle, Noosa National Park. Et pour ne pas l’endommager, la ville possède un numerus clausus de 48 000 habitants. D’où le prix. Des magasins bien nets se greffent et des pintades cavalent, étonnées, sur le bitume. En bord de plage, la fumée de barbecues s’élève. Excellent dîner dans l’une des gargotes locales. C’est dans la plus vieille demeure de Noosa que transitent les surfeurs du monde entier. L’un deux gratte sa guitare face à l’horizon. Les voilà, les fameux as de la glisse ! Demain, dès 7 h, routards européens, ados australiens et papys du cru seront à l’eau pour attraper les plus belles vagues. Australie rime avec healthy ! À Noosa, pour un plongeon total dans le vert, il faut mettre le cap sur l’écolodge de Fraser Island, le King Fisher Bay, la perle du séjour. Sous la fenêtre brille un plan d’eau marine piqué d’ajoncs et, plus loin, la mer impérieuse. Sublime. Au dîner, des ingrédients, comme ces petites baies sauvages, et le “tour de main des natifs de l’île”, nous rappellent la présence aborigène. On en parle, mais que sont-ils devenus ? Ici, comme au long du séjour, nous ne croiserons aucun Aborigène, mis à part le prof de didjeridoo… Fraser est la plus grande île de sable au monde. La végétation abondante y créa de l’humus sur lequel prospèrent différents types de forêts protégées. En balade entre les arbres géants, nous croisons un varan, des ruisseaux cristallins qui glissent sur des lits sablonneux, puis la perle : le lac McKenzie, bordé d’une forêt de conifères sombres. Le sable blanc d’une douceur de soie, l’eau douce, pure et cristalline : nous avons l’impression de prendre un bain de jouvence. Quelle majesté ! La prochaine halte nous offrira la vue d’un lac émeraude, le Lake Wabby, une poche d’eau vert sapin opaque, progressivement étouffée par les mouvements naturels du sable. L’itinéraire se poursuit sur la grande plage qui s’étend tout autour de l’île. Plus pratique à emprunter que les chemins sablonneux de Fraser, elle est quadrillée par les 4x4 et les vans surchargés de planches de surf conduits par des tribus de jeunes hilares. Non loin, des surfers chargent des sacs de glace pour rafraîchir leurs whiskys à la nuit tombée. On trinque. Aux arbres, aux réserves, aux koalas. Au Queensland, la fée verte. |

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DE 1969 À 1986, “CHARLIE MENSUEL”, FRÈRE AÎNÉ DE “CHARLIE HEBDO”, A FAIT DÉCOUVRIR AU PUBLIC FRANÇAIS LA FINE FLEUR DES DESSINATEURS INTERNATIONAUX. UN VRAI TRAVAIL DE DÉFRICHEUR. Par L AU R A C EC I L I A C A R A BA L LO

Photo collection particulière Arnoud Verhaeghe

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uite à l’attentat sanglant contre la liberté d’expression et plus largement contre le droit de “se marrer”, Charlie Hebdo est universellement connu. Parmi les victimes de l’attentat, des grands dessinateurs de BD et du dessin de presse : Charb, Cabu,Honoré, Tignous et Wolinski. Ce dernier, dessinateur et scénariste, est à l’origine du premier Charlie, l’authentique Charlie Mensuel, “journal plein d’humour et de bandes dessinées”. Son histoire est indissociable de celles des périodiques publiés par les éditions du Square. Tout débute en 1960, lorsqu’est lancé Hara-Kiri, journal satirique “bête et méchant”, comprenant des articles sur l’actualité, la caricature et le dessin humoristique. À sa tête : le professeur Choron, homme de presse et humoriste et François Cavanna, journaliste, écrivain et dessinateur. Plusieurs jeunes dessinateurs viennent rejoindre cette première équipe : Fred, Reiser, Wolinski, Gébé, Cabu et Willem. Dix ans plus tard, la provocante une du 16 novembre 1970, Bal tragique à Colombey : 1 mort, en référence au décès du général de Gaulle, coûte l’existence du journal. Mais une semaine plus tard, celui-ci renaît sous le nom de Charlie Hebdo. Il emprunte son prénom au périodique Charlie Mensuel, baptisé ainsi en hommage à Charlie Brown, personnage central de la série Peanuts et à son créateur, l’Américain Charles Schulz. Le premier numéro de Charlie Mensuel paraît, lui, en février 1969. La publication est encore dirigée par le professeur Choron. Le journaliste Delfeil de Ton en est le rédacteur en chef. L’arrivée à cette fonction du jeune Wolinski en 1970 définira la singularité du périodique jusqu’en 1981. La deuxième série, éditée

par Dargaud, dirigée par le dessinateur Mandryka puis par l’écrivain et scénariste Philippe Mellot, sortira de 1982 à 1986 et publiera des séries expérimentales et contemporaines. L’ A D N d e l a r e v u e Wolinski, scénariste, dessinateur et écrivain dans le premier volet, a imposé deux objectifs au journal : la célébration de la bande dessinée en tant que produit culturel et la connaissance des comics américains par les lecteurs français. “Pourquoi une nouvelle revue ? Pour vous faire rire […] Nous aimons la bande dessinée et nous avons la ferme intention de vous la faire aimer. Comment ? D’abord en vous présentant les meilleures d’entre elles, et seulement les meilleures d’entre elles, dans la meilleure traduction possible”, revendique Delfeil de Ton dès le premier édito. Le format – réunissant des strips, des Sunday pages, des séries à suivre, des cartoons et une section de rédactionnel – s’inspire de la formule du journal italien Linus, avec laquelle il partage le même enthousiasme pour la série de Schultz. Les couvertures vivement colorées et iconiques qui reprennent à chaque fois un dessin agrandi d’une série du journal (très souvent Peanuts) marqueront l’ADN de la revue. Si chez Charlie Hebdo le dessin a autant d’importance que le texte par son esprit satirique et son rapport à l’actualité, le mensuel, lui, prend résolument le parti de la BD et veut convaincre le public qu’il s’agit bel et bien d’un art. Une constellation de talents américains et européens y contribuera, imprimant des séries désormais universellement reconnues, notamment celle qui a inspiré

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Les couvertures iconiques du mensuel ont fait la part belle aux illustrateurs amĂŠricains


wPhotos collection particulière Arnoud Verhaeghe

le nom du journal : Peanuts. Ce comic traduit dans plus d’une vingtaine de langues apparaît sur les pages de tous les numéros du premier volet. Sous le format de strip ou de page, il aligne les élucubrations d’un jeune garçon, Charlie Brown, de son chien Snoopy et ses amis sous la structure comique du gag. Le regard “adulte” du monde par des enfants créé par Schulz caractérise aussi celui de la jeune Mafalda de Quino, également très présente dans Charlie Mensuel. La jeune fille et ses amis évoquent souvent l’avenir de l’humanité porté par un idéal de paix mondiale. À cette bande dessinée intello, d’apparence enfantine, dotée d’un graphisme minimaliste, s’ajoute, entre autres, l’héroïne

Unis : deux gamins qui, par leurs bêtises empoisonnent l’existence des adultes dans un décor très imaginaire. Ensuite, la ligne avant-gardiste des premières séries américaines sera assurée par l’incontournable Krazy Kat chef-d’œuvre de George Herriman, découvert par un large public chez Charlie. La thématique policière n’était pas en reste avec Dick Tracy de Chester Gould, et même guerrière avec Male Call interprétée par la sexy pin-up Miss Lace, de Milton Caniff, grand maître du noir et blanc en bande dessinée. Le Vieux Continent, quant à lui, apportera aussi une volumineuse diversité de genres et styles de

de Copi, La Femme assise. Également ancrée dans son époque, cette femme éternellement assise échangera numéro après numéro avec d’innombrables personnages, humains ou non, des propos sibyllins sur les grands thèmes de la société.

dessin. Une BD européenne d’allure érotique réunira audacieusement l’Ulysse de Pichard et Lob, Valentina de Guido Crepax et Lo scimmiotto de Milo Manara. Plusieurs légendes de la bande dessinée et du cartoon, comme Cabu, Moebius, Willem, Benito Jacovitti, Sempé, Tardi, Gotlib, Philippe Druillet, Léandri, Loup, Hugo, Guido Buzzelli, Max Cabanes et les Argentins Alberto Breccia et José Muñoz trouveront leur place dans le périodique. Charlie Mensuel a ainsi fait découvrir au public français les artistes qui ont impulsé la BD des années 1970 et 80. Et cela grâce au grand Wolinski. Hommage lui soit rendu et, plus largement, à tous les travailleurs de la presse graphique, chargés de visualiser jour après jour leur vision du monde pour nous la faire partager. |

La sex y pin-up Miss Lace Sous l’impulsion de Wolinsky, les comics américains envahiront les pages du journal. Ainsi les populaires séries Popeye d’Elzie Crisler Segar, Félix le chat de Pat Sullivan et Li’l Abner d’Al Capp ou les historiques The Captain and the Kids de Rudolph Dirks et The Katzenjammer Kids d’Harold Knerr, connus en France sous le nom de Pim Pam Poum. Ces deux derniers titres publiaient la même histoire dans deux journaux différents aux États-

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Haut DE gammE Maître des nuits Magiques, ce réMois de 37 ans est un brillant artificier sonore, un petit génie des Musiques qui font danser sans rendre idiot. Par A d r i A n Fo r l A n | Photo E m A n u E l E Fo n tA n E s i

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’est la crise ? Est-ce une raison pour ne plus rien faire, et rester les bras ballants devant les décombres de l’industrie du disque ? Sûrement pas, s’est dit Pierre-Alexandre Busson, alias Yuksek (soit “haut” en turc, ce qui lui va bien). Musicien à la formation classique, amoureux des musiques sans frontières, il voulait imaginer une structure légère, pour donner aux amis créateurs un espace de liberté et d’autonomie. Le label Partyfine est né en 2013. C’est un rêve punk pour hédonistes des sons. La Danoise Oh Land ou les Français de Juveniles sont passés par le studio rémois de leur boss. Une compilation, vraiment fine, vient fêter un premier anniversaire : en soufflant la bougie, on allume un bien joli feu d’artifice. Comment sonne la musique dans tes rêves ? C’est une boucle infinie, une obsession.

Ta pochette de disque préférée ? Celle de 3 Feet High and Rising, par De La Soul. C’est l’un des disques que j’ai le plus écouté et c’est la pochette la plus facile à trouver au milieu de mes vinyls. Si tu étais un instrument, tu serais… Un piano, c’est mon instrument, celui qui m’accompagne depuis que j’ai 6 ans. La pièce préférée de ton dressing ? Un T-shirt oversize de Kinfolk. J’aimerais le porter tous les jours mais malheureusement je n’en ai qu’un. Ton étoffe favorite ? Le jeans, je crois. Quelle question poses-tu à ton miroir le matin ? Ça va durer encore longtemps ?

Quelles paroles pourrais-tu te faire tatouer ? “Elle passe ses nuits sans dormir […] Amoureuse d’un égoïste”, La Groupie du pianiste, de Michel Berger, par France Gall.

Le faux pas que les musiciens font le plus souvent ? Trop suivre les tendances, manquer d’honnêteté et de propos surtout. Qu’est-ce qui est le plus beau dans ton métier : faire danser ou faire pleurer ? Faire pleurer, c’est plus dur. |

Quel est l’endroit le plus singulier où tu aies joué ? Dans un parc d’attraction en intérieur en Corée du Sud. Quel est ton bâtiment préféré ? Le château de Chambord, j’adore la vieille pierre et c’est sûrement le plus beau château français.

“Partyfine Vol. 1” (Partyfine/Believe Recording).

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TONY SALAMÉ DANS L’ORDRE DU MÉRITE ITALIEN

Vendredi 26 féVrier, dans le cadre chaleureux de la Villa italia, tony salamé, ceo de la chaine aïshti, receVait des mains de l’ambassadeur d’italie Giuseppe morabito les insiGnes de l’ordre du mérite italien.

S

Par F. A . D

i le président de la République italienne Giorgio Napolitano a confié à l’ambassadeur Giuseppe Morabito le soin d’honorer Tony Salamé, c’est d’abord pour “ses qualités professionnelles et humaines et son engagement infaillible dans la promotion du made in Italy, en particulier l’art, la mode et le luxe”, ainsi qu’il l’a souligné dans son message. L’ambassadeur d’Italie a par ailleurs insisté sur le parcours exceptionnel de Tony Salamé, depuis son diplôme en droit de l’Université Saint Joseph jusqu’à la création de l’entreprise Tony Salamé Group of Companies qui emploie plus de 900 salariés. Il a souligné que ce dernier compte parmi les hommes d’affaires qui ont le plus contribué au succès du “made in Italy” au Liban et dans la région du

Moyen Orient et du Golfe, tout en aidant l’ambassade, en tant que collectionneur majeur d’art contemporain, à promouvoir la culture italienne dans son pays. Mettant l’accent, pour sa part, sur l’implication exceptionnelle de M. Morabito dans sa mission, Tony Salamé a rappelé l’importance du futur siège de la Fondation Aïshti en termes de coopération avec l’Italie. Annonçant l’inauguration de celui-ci pour octobre 2015, Salamé a révélé qu’il sera ouvert en présence de Massimiliano Gioni, curateur de la Biennale de Venise. Citoyen italien, Salamé a affirmé qu’il était avant tout “Italien de cœur”, ajoutant à l’adresse de M. Morabito: “le soutien amical que vous m’apportez y est pour beaucoup”. |

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PLAY IT COACHELLA Et voilà, lE comptE à rEbours a commEncé. En avril, sur lEs wEEk-Ends du 10 au 12 Et du 17 au 19, sE tiEndra lE fEstival d’art Et dE musiquE lE plus attEndu dE la planètE dEpuis 1999. En plEin cœur dE l’arizona, dans la valléE dE coachElla, aura liEu sous lEs étoilEs la grand-mEssE du rock Et dE la musiquE élEctroniquE. pour cEux qui ont vécu cEs 48 h. dE transE joyEusE, l’ExpériEncE Est inoubliablE. mais lE sitE officiEl affichE dEpuis janviEr «passEs no longEr availablE». voici, pour nous consolEr, lEs morcEaux qui fEront lEs grandEs hEurEs dE cEttE hallucinantE immErsion sonorE.

aC/dC- Sweet Candy Tame impala- Feels Like We Only Go Backwards Jack White- Would you fight for my love? The Weeknd- Earned It ratatat- Neckbrace Chet Faker- Gold Flying lotus- Between Friends Ft. Earl Sweatshirt & Captain Murphy

lyyke li- Gunshot dj Snake- You Know You Like It (ft. Aluna George) Caribou- All I Ever Need Belle and Sebastian- The Party Line FKa Twigs- Give Up Toro y moi- Empty Nesters Tyler The Creator- Jamba drake- Worst Behaviour

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Illustration Mèlanie Dagher

Par mélanie dagher


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Beyrouth - Bab Idriss


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