Le retour des femmes formidables Samedi 21 juin, aéroport d’Orly Encore sous l’émotion de ce comité d’accueil surprise, nous nous dirigions vers le parking de l’aéroport. Andréa rayonnait d’avoir retrouvé Vincent, son homme, celui qu’elle avait décidé de demander en mariage. Chloé, encore sous le choc et en pleine confusion sentimentale, avait le visage fermé. Elle avait fui le hall de l’aéroport, ne sachant si elle devait se réjouir de la présence et de la déclaration de Thomas. Quant à Alice, j’aurais adoré être une petite souris pour l’observer durant le trajet du retour avec Paul. Comment allait-elle aborder ce premier face-à-face avec lui après le baiser échangé avec Olivier ? Ce comité d’accueil avait été des plus étonnants et je me doutais que nous n’étions pas au bout de nos surprises. Un SMS de Mike me tira de mes pensées. Sourire aux lèvres, je songeais à notre rencontre, aux doux moments partagés durant la grève et à notre dernière nuit en Grèce. Cette semaine m’avait fait le plus grand bien. J’avais quitté une vie dont je me sentais prisonnière. Je la retrouvais sereine, avec de beaux projets en perspective et le désir d’avancer. Mike venait d’entrer dans ma vie. J’allais devoir apprendre à dompter mes angoisses pour ne pas reproduire, une fois de plus, le scénario qui régissait mes relations amoureuses. Vincent chargea les valises dans le coffre de la voiture. À peine installée, je l’interpellai : — Raconte-nous, comment avez-vous su ? — Ah, on vous a bien eues ! se moqua-t-il. Vous êtes parties toutes les quatre comme des gamines qui font le mur. Vous vous faites attraper la main dans le sac à votre retour ! — Ça ne me dit toujours pas comment vous avez su. — C’est grâce à Julien. — Julien, mon ex-mari ? m’étonnai-je. — Oui, il a cherché à joindre Alice pour lui proposer un projet, mais sa messagerie indiquait qu’elle était absente du 14 au 21 juin. Il t’a appelée au bureau pour en savoir plus et on lui a dit que tu étais en formation aux mêmes dates. Il a ensuite appelé Andréa, et rebelote, la messagerie l’informe qu’elle est en arrêt de travail. C’est là qu’il a réalisé que Chloé avait elle aussi posé ses vacances la même semaine. Toutes ces coïncidences ont attisé sa curiosité. Tu le connais, quand quelque chose l’intrigue, il va jusqu’au bout. — Mais nous sommes séparés depuis quatre ans, il est en couple et va être papa. Alors, de quoi se mêle-t-il ? C’est ma vie ! commentai-je, agacée.
— Il nous a contactés, Paul et moi. Nous avons trouvé un débit de carte bancaire pour une agence de voyages. Paul, furieux du départ d’Alice, a soutiré des informations à un copain de cette agence et nous avons découvert que vous étiez parties toutes les quatre en Grèce. J’étais content d’apprendre qu’Andréa était avec vous. — Bravo les détectives ! lançai-je. — Vous allez voir, il s’en est passé des choses depuis votre départ. J’ai dîné avec Paul hier soir, il est transformé. Se retrouver seul avec les enfants n’a pas été simple, ils lui ont fait payer ses années d’absence. Et puis le départ d’Alice lui a fait peur, il a pris conscience de tout ce qu’elle gérait. Il attaque sa phase de mea culpa, la reconquête commence ce soir ! Figurez-vous qu’il a même organisé un anniversaire surprise pour Alice. — Ah oui ? Je suis curieuse de voir comment elle va réagir, elle qui déteste les surprises. D’autant plus qu’elle est remontée contre Paul, il a été odieux la semaine précédant son départ, commenta Andréa. J’observais Chloé, le visage collé à la fenêtre. Elle semblait absente, elle n’avait pas dit un mot depuis qu’elle était montée dans la voiture. Qu’allait-elle décider vis-à-vis de Thomas ? — Chloé, on arrive chez toi. Chloé ? Tu m’entends ? demanda Vincent. — Oui, oui, je t’entends. On fait comment pour ce soir ? — Aucun retard ne sera toléré ! Nous avons rendez-vous à 19 h 30 précises à Ma Cantine. Tu viens seule ? s’enquit Vincent. — Bien entendu que je viens seule ! s’emporta Chloé. Ce n’est pas parce que monsieur Thomas joue le retour du prince charmant que je vais oublier les mois d’attente qu’il m’a imposés. — Ne t’énerve pas, c’était juste une question. — Excuse-moi, Vincent. Je rentre détendue de cette belle semaine, déterminée à l’oublier, et lui, il arrive comme une fleur. Ce qui m’agace le plus, c’est qu’en cinq minutes, il a réussi à me perturber et me faire douter de mes bonnes résolutions. — Pour l’instant, rentre chez toi, vide ta valise, prends une bonne douche et fais-toi belle. Cette soirée te changera les idées, dit Andréa en lui faisant un clin d’œil. — Oui, grande soeur, se moqua Chloé en sortant de la voiture. À mon tour, je me perdis dans mes pensées. J’avais envie que Mike soit à mes côtés pour fêter l’anniversaire d’Alice, comme lors de la soirée sur la plage en Grèce. Hier, je me disais qu’il fallait que j’y aille doucement. Aujourd’hui,
j’étais impatiente de le retrouver. Arrivée devant mon immeuble, je remerciai Vincent de m’avoir raccompagnée. Je retrouvais avec plaisir mon appartement. J’en fis le tour pour m’assurer que tout était en ordre. Je m’arrêtai devant une photo de mes filles et moi qui trônait sur le bureau de Zoé et ressentis un grand manque. J’avais hâte de revoir Marie et Zoé lundi. Les moments passés en Grèce avec Hugo, mon amoureux de trois ans, m’avaient fait prendre conscience que je devais préserver et aborder différemment ma relation avec elles. C’était primordial. Être constamment dans un rôle d’éducatrice me privait de moments spontanés et légers auxquels j’aspirais. J’ouvris le courrier, mis le linge dans la machine à laver, constatai que le réfrigérateur était vide… Bienvenue dans la vraie vie ! Les courses attendraient demain matin. J’envoyai un message à Mike pour lui raconter le comité d’accueil surprise à l’aéroport et la soirée à venir pour Alice. L’heure tournait, je devais vite me préparer.
Quand l’imprévu s’en mêle, Alex Riva