4 minute read

Didier Wampas

Next Article
Edith Nylon

Edith Nylon

ouvrier chanteur Didier Wampas

Pierre -Arna ud Jonard

Advertisement

Les années passent, des groupes apparaissent, d’autres disparaissent mais dans ce paysage mouvant, les Wampas sont toujours là. Ils auront marqué notre adolescence, marqueront sans aucun doute nos retraites: de bons travailleurs du rock, en somme.

Dans le monde de la musique, nombreux sont ceux qui le jour où le succès arrive oublient leurs racines et leur milieu social d’origine. Ce n’est assurément pas le cas de Didier Wampas qui a été élevé par une famille communiste où le respect des valeurs importait et où le succès à tout prix était considéré comme suspect. C’est peut-être pour cela que même après le tube “Manu Chao”, Didier n’a jamais abandonné son travail à la RATP: «C’était important de rester un travailleur en même temps que de produire de la musique. J’ai fait les 3/8 jusqu’à l’âge de 50 ans. J’ai toujours refusé de rentrer dans le système, de prendre le statut d’intermittent. Je voulais rester ancré dans cette condition de travailleur. Aujourd’hui, je suis à la retraite. »

«Quand Lionel des Limiñanas m’a dit être fan des Charlots, je me suis dit que ça allait le faire !»

Didier Wampas

ouvrier chanteur

Non, ce n’était pas mieux avant

C’est évidemment pour cela que les Wampas ont toujours rendu hommage au monde du travail tout au long de leur carrière de “Punk ouvrier” en 2012 à “Roy” aujourd’hui. Ce morceau fera d’ailleurs peut-être grincer quelques dents dans le monde souvent politiquement correct du rock. Il est en effet rare d’entendre un titre saluer la mémoire d’un électeur FN : «Cet homme travaillait avec moi à la RATP. À sa mort, sa femme a écrit un truc sur Facebook pour savoir si ses collègues pouvaient lui rendre hommage. Je l’ai fait à travers ce morceau. En l’écrivant, je me suis dit que des gens allaient certainement mal le prendre, dire que je banalise le vote FN, ce qui n’est évidemment pas du tout le cas. Ce mec avait tout pour déplaire. Il votait FN, était alcoolique, mais il était super gentil. J’ai donc trouvé normal d’honorer sa mémoire. »

Malgré cet ancrage dans le monde ouvrier et un titre du dernier album qui tendrait à prouver le contraire (“C’est politique”), Didier Wampas ne se sent pas chanteur engagé : «Certains trouvent que la société va plus mal qu’autrefois, mais ce n’est pas le cas. Ce n’était pas mieux avant. Le penser, c’est des conneries. » Par ailleurs, il trouve que faire de la politique est, somme toute, chose aisée : «C’est facile d’en faire. Même si tout est politique, l’important, bien plus que la politique, c’est la poésie. J’essaie d’exprimer les choses de manière poétique. La chanson sera toujours ce qui reste au final. Je m’en fous du compresseur dernier cri. Pour moi, le studio, c’est être torse nu avec une guitare. Je n’ai jamais appris comment fonctionnent tous ces boutons dans un studio et ne veux pas l’apprendre. »

Avant il n’y avait que cela

Cet ancrage dans la culture populaire est peut-être la raison qui lui fait aimer des musiques honnies des bien-pensants du rock, de Claude François à Mike Brant : «J’ai grandi dans les années 70. J’étais fan au premier degré de Clo-Clo, d’ Il était une fois. Je découpais leurs photos dans Podium. C’est la musique qui m’a bercé. Après il y a eu la révolution punk en 77 qui a tout changé, mais avant il n’y avait que cela. Je ne peux pas aujourd’hui renier ces artistes. Je suis plus Claude François qu’Iggy Pop lorsque je monte sur scène. Quand tu écoutes les derniers concerts de Clo-Clo, c’est la folie. Ça va à un rythme hallucinant. On avait essayé d’en faire une reprise, mais on n’y était pas arrivé tellement

c’était rapide. J’ai été marqué dans ces années par Johnny à la télé qui suait dès le deuxième morceau. Ce qui est aussi mon cas sur scène!»

C’est sans doute pour cela que Didier Wampas déteste toute forme de snobisme ou d’élitisme. Il semble très loin de tout esprit de chapelle, esprit qui abonde pourtant dans le milieu rock: «Lorsque la maison de disques m’a proposé Lionel des Limiñanas à la production, je me suis dit “Merde un puriste garage qui va me bassiner avec les Sonics...” mais lorsque nous nous sommes rencontrés, chez moi à Sète, il m’a dit être fan des Charlots. Là, je me suis dit que ça allait le faire. » i

dwampas.com

Sauvre le monde Verycords

Treizième album pour les inusables Wampas qui reviennent pour sauver le monde. Un disque qui a bénéficié d’une production cinq étoiles: enregistrement au célèbre studio ICP à Bruxelles avec Lionel des Limiñanas aux manettes et Jim Diamond qui a notamment travaillé avec les White Stripes au mix. Qu’on se rassure, ce luxe n’a pas aseptisé le groupe. Ce nouvel opus est un vrai disque de rock’n’roll, fier et sauvage. S’il n’y a aucun changement au niveau musical, il y en a en revanche au niveau des textes. Didier Wampas a toujours été un tendre. Il l’exprime ici peut-être plus que jamais avec “Roy” ou “Pernety”, superbe morceau nostalgique des années post-ado.

This article is from: