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Dizzy Brains

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Ça gave

Ça gave

The Dizzy Brains

les passionnés de Mada

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YANN LANDRY

Découvert en 2015 lors du festival malgache de Libertalia Music, le dizzy four de Madagascar a vite marqué les esprits en France. Le groupe est de retour avec son meilleur album, Dahalo, franc, conscient et personnel.

Les Dizzy Brains ne sont pas des curiosités déchaînées sur scène comme certains ont pu les voir au début en France, à l’image de leur christique chanteur Eddy qui n’hésitait pas en concert, torse-nu tel un Iggy moderne, à se caresser le sexe sous le pantalon. Les Dizzy ont surtout des choses à dire, sans pitié. Ils ont muri, se sont délestés d’une certaine fougue physique en transformant leur colère en paroles engagées où l’on ne parle plus de cul. «Pour Dahalo, on a pris du temps grâce aux confinements, on n’était pas dans l’urgence. On a eu le temps de réfléchir aux textes et d’étudier chaque mot avec Poun et Mahefa, membres du groupe. C’est ce qui donne l’esprit “sage”, plus conscient, car on est clairs dans nos mots. Là, on a eu carte blanche par notre label X-Ray. Sans ça, nous n’aurions pas pu être si rock et si sensés.» explique Eddy.

Après Tany Razana produit en France et réalisé par une légende, Clive Martin, rien de mieux pour le groupe que de revenir aux fondamentaux pour ce nouvel album. «On a décidé de le faire à Madagascar. Voix et guitares à la maison, avec nos micros et basse/batterie en studio. On a eu le temps d’être libres pour enregistrer, sans être pressés par le temps ou l’argent. Nous voulions être nous-mêmes, sur la compo, sur le chant.» Et surtout c’est en malgache que le groupe chante la pauvreté, la corruption, les viols et la sécheresse. «Le retour aux sources, c’est la conscience de devoir faire quelque chose et chanter pour le pays, comparativement au gouvernement. Le seul moyen pour nous d’être compris et écoutés, de créer le déclic pour les Malgaches, c’était de parler dans notre langue. On s’était beaucoup “européanisés”, là, nous sommes compris par les nôtres.»

Le chemin tracé en trois albums en près d’une décennie met en lumière un groupe qui ose parler des sujets qui fâchent, sans pour autant se poser en porte-paroles de la misère aux yeux du monde. « On espère des jours meilleurs. C’est notre part de responsabilité de demander aux gens de changer de mentalité. Il y aura toujours de l’espoir mais la façon de l’exprimer a changé, avant on le chantait plus avec la rage, c’est toujours le cas mais à “va te faire foutre”, on ajoute “s’il te plait” à la fin (rire). »

En fin de compte, c’est le seul titre chanté en anglais, “Trouble”, qui parle d’un sujet universel: le changement climatique et l’égoïsme qui pousse toujours plus loin le problème, en fermant les yeux, mais dont les conséquences se mesurent dramatiquement dans les pays du Sud et particulièrement à Madagascar comme en témoigne le récent cyclone Batsirai. «Si nous continuons ainsi, nous crèverons.» Voilà le message des Dizzy Brains. Écoutons-les. i

dxrayproduction.com/artistes/the-dizzy-brains

Dahalo / X-Ray Production

Gaëlle Borgia

Pour parler de la famine qui touche le sud de l’île, le groupe a clipé le titre ‘’Kère’’ avec la journaliste malgache et prix Pulitzer, Gaëlle Borgia. Pour Eddy le chanteur: «C’est par son courage que j’ai commencé à l’admirer. Elle est tout de suite tombée sous le charme de l’esprit de la chanson, et nous a passé des rushes de ses documentaires. Elle divise à Madagascar, sur ses idées, sur ses propos. Dans le sud du pays, les gens sont fiers d’elle, qu’elle dénonce tout ça, alors que d’autres pensent que c’est une marionnette des médias français.» Dans un pays gangréné par la corruption, cette rencontre du groupe avec «une femme engagée, qui était prête à dénoncer ce qui ne pouvait être dénoncé» allait de soi.

«Après “va te faire foutre”, on ajoute “s’il te plait”!»

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