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Des Lions pour des Lions

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Mauvais Sang

Mauvais Sang

«On n’a pas de slogan, ce que l’on a à dire se trouve dans notre musique.»

je t’avais bien dit qu’il nous fallait des lions

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Depuis six ans, Des Lions pour des Lions réunit les extrêmes en produisant une musique radicale, excessive, qui privilégie les émotions dans une forme de discours primal, quasi chamanique, propice à la transe et à l’élévation de l’âme.

Mélangeant les sonorités du dôhl (tambour de cérémonie indien) à celles de la guitare slide, alliant la voix aux cuivres, les mots s’effaçant alors parfois derrières de simples syllabes incantatoires, Élisabeth Herault (chant, sax), Alain Lardeux (trombone), Cédric Maurel (percussions) et Freddy Boisliveau (guitare) recherchent avant tout la fusion. Cédric explique : « Tant que l’on n’est pas arrivés à cela, on laisse tomber, il faut que tout soit ensemble, dans la même énergie. » Et leurs rugissements se veulent impulsion, mouvement : « On a envie de donner de l’élan, de donner de l’espoir, de faire quelque chose de très vivant qui passe par le corps » dit Élisabeth. D’où la transe comme socle principal sur lequel viennent se construire les discours des autres instruments en s’approchant « d’une sorte de fête païenne, un

NICOLAS RIVOIRE NICOLAS DJAVANSHIR

exutoire qui ne fera pas mal à grand monde et qui surtout fera du bien. » Surprenante par son extrême puissance, leur musique participe presque, comme le dit Cédric « d’un exercice métaphysique, où chacun donne tout ce qu’il peut, tout en laissant la place à l’autre. » Pour Élisabeth, « C’est une façon entière d’être à la musique ou à la vie […] un truc très dessiné qui raconte la liberté. » Remarquable encore est l’unité qui se dégage de l’expression spontanée et simultanée des quatre musiciens, enregistrés en conditions live. Ils l’expliquent ainsi : « On essaye de se laisser de la place, mais ça ne lâche jamais » (Élisabeth), « On veut donner, chaque note est importante, on essaye de la charger » (Alain), « On veut garder la vie, et même les aléas de la vie, car la vie se situe également dans l’erreur. » (Cédric) Ce dernier, reprenant une formule d’Alain, confie que ce qui anime avant tout le groupe est le fait d’être « des lions qui jouent pour des lions qui écoutent ». Dans cette recherche d’égalité avec le public, le quatuor revendique de ne pas choisir entre musique de scène et musique de rue : « Il y a toute une partie du circuit musical qui ne comprend pas ça du tout » (Alain). Pour Élisabeth : « On a eu des tourneurs qui nous ont dit : « Ah non quand vous faites de la scène vous ne pouvez pas faire de la rue », […] C’est quelque chose qu’on a refusé, on a deux tourneurs différents. » Avant qu’Alain ne résume : « C’est une manière d’ouvrir les oreilles, de dire qu’il y a quelque chose d’autre qu’Internet […] L’autre jour on a joué dans un endroit qui s’appelle le Court-Circuit et j’aime bien l’idée du circuit court justement […] c’est un peu éthique tout ça, c’est une manière de donner du sens à notre vie, c’est un peu politique. La politique c’est notre comportement, on n’a pas de slogan, ce que l’on a à dire se trouve dans notre musique. » i

ddeslionspourdeslions.com

No(s) Border MaAula Records

Avec No(s) Border, Des Lions pour des Lions continuent de creuser le sillon d’une musique singulière et affirment à nouveau leur volonté de ne pas choisir. Sur la base de structures rythmiques répétitives, puisant dans une infinité de styles, ils élaborent une musique envoutante, aux allures d’oxymore, et invitent sur deux titres leur ami René Lacaille à rejoindre leurs petites et grandes aventures. En se fixant comme seule limite celle de servir un propos commun cohérent empreint d’émotions, à la forme brute, mais néanmoins très belle, Des Lions pour des Lions rappellent que construire en 2022 un projet artistique libre, aussi novateur qu’inattendu, est toujours possible.

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