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le sabbat clermontois

Avec leur troisième album, Forgotten mansion, les Clermontois de Witchfinder montrent qu’ils font partie de ce qui peut se faire de mieux en Europe en matière de stoner/doom (NdlR genre musical qui a vu le jour au début des années 90 à la suite de l’intégration d’éléments psyché dans le doom). Lourd et mélodique à la fois, le combo auvergnat est en train de devenir incontournable.

Les racines du doom sont diverses selon les pays et les époques mais elles ont toujours en commun d’être fortement influencées par les premiers albums de Black Sabbath. Le doom se distingue par des tempos plus lents que le metal classique, des accordages de guitares plus graves et des sons lourds et épais. À Clermont Ferrand le doom (tout comme le stoner) est très présent et s’articule autour de quelques lieux majeurs : le Raymond Bar ou encore Rolling Rock, que l’on peut légitiment considérer comme le meilleur disquaire français en matière de stoner, de doom et de rock psychédélique. Les membres de Witchfinder se rencontrent au Raymond Bar, ce qui est tout sauf un hasard : « Ce lieu associatif est délirant. En 2014, ils ont proposé pas moins de 300 concerts dans l’année. C’est autogéré et il n’y règne aucune discrimination. Quant à Sylvain, le boss, c’est un gros fan de musiques lourdes. Il y avait une demande pour ce genre à une époque à Clermont. Il y a même dans la région Auvergne l’un des meilleurs festivals stoner européen : les Volcano Sessions. »

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Avant de jouer dans leur registre actuel les membres de Witchfinder évoluent pour l’un dans un combo death-metal, pour un autre dans un groupe hard-core, et pour le dernier dans une formation glam : « Ados nous allions au Hellfest ensemble. On s’est retrouvés un jour à regarder les groupes qui jouaient à la Valley (NdlR : la scène sludge, stoner et doom du festival). On y a vu des combos comme Eye Hate God. Cela a été la révélation. Nous avons eu envie de faire quelque chose dans ce genre. »

Dès la sortie de leur premier album la mayonnaise prend. Le groupe se fait un nom sur la scène hexagonale puis européenne. « On est proches d’un combo comme Monolord, avec ce son moderne qui les caractérise. Nous mélangeons plein de choses différentes. On a un son qui est un peu à part. Nous amenons ainsi des cassures rythmiques qui viennent du metal et un côté mélodique qui vient du grunge. Nous sommes fans de ce mélange sombre et lumineux qu’avait un groupe comme Alice in Chains. Nous essayons de proposer quelque chose de brut et de puissant mais qui soit émotionnel. »

À cette époque on classifie alors un peu hâtivement le combo comme une version française d’Electric Wizard : « On a voulu se détacher de cette étiquette. On écoute très peu ce groupe en fait. On est en réalité plus proche d’un Dopelord... On a peut-être en commun avec ces derniers l’imagerie horrifique. Notre dernier album parle ainsi d’un manoir où chaque pièce représente une émotion différente. Il y a donc évidemment une dimension fantastique dans ce que nous produisons. » i dfacebook.com/witchfinderdoom

Forgotten mansion

Mrs Red Sound

Ce troisième opus des Clermontois est sans conteste leur meilleur album à ce jour. Non pas que Witchfinder ou Hazy Rites étaient de mauvais disques, bien au contraire, mais avec ce nouvel album le groupe passe à un niveau supérieur. Peut-être parce qu’il parvient à élargir son spectre musical... L’apport d’un clavier donne ainsi une tonalité psychédélique à l’ensemble qui fonctionne à merveille. On est bien sûr toujours dans l’univers stoner/doom, ne nous y trompons pas, avec des morceaux ultra longs, une basse pachydermique et de la fuzz en veux-tu en voilà, mais on navigue à certains moments dans une atmosphère éthérée propre au psychédélisme. Avec cet album Witchfinder confirme qu’il fait partie de l’élite stoner/doom européenne aux côtés de groupes comme Monolord ou Dopelord. Le disque de la confirmation et on l’espère pour eux de la consécration.

Fifou est l’un des photographes les plus sollicités par la scène rap française. Bonne occasion pour parler des coulisses, de ses images cultes et de l’évolution de l’imaginaire rap. On feuillette avec lui ses Archives, livre taille XXL compilant 20 ans d’aventures mouvementées en terre hip hop.

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