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remontée mécanique Bukowski

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Le 6e ! Chiffre aussi vertigineux (15 ans de carrière) que glaçant (sa connotation maléfique). Et un black album ? Probablement. Car c’est bien une disparition — celle de son iconique bassiste — qui a contraint les rockeurs parisiens à un reboot éponyme…

Il y a d’abord la référence à l’écrivain américain (Charles dont le groupe s’attribue le nom de famille), auteur notamment des récits de débauche du Journal d’un vieux dégueulasse. Avant d’être réédité, un succès d’estime du milieu beat, sans être pour autant assimilé ni adhérer au mouvement hippie des 50s... De l’esprit de contreculture, retenez-en toutefois les premières lectures publiques dans des cercles littéraires et bars où, enivré, les insultes du poète se mêlaient à ses rimes… Tentative de se saborder face à la célébrité ou volonté de brouiller les pistes (artistiques) ? Nul ne sait.

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La référence est nécessairement déséquilibrée. Inégalable. Incomparable surtout (pas le même contexte). Et pourtant… Pourtant la folie du geste originel de l’auteur américain résumait peut-être finalement le mieux Julien Dottel, bassiste-graphiste du groupe et frère du chanteur-guitariste, disparu en octobre 2021. Déclarations révoltées et à fleur de peau sur les réseaux, saillies provocatrices sur scène entre les morceaux… Le fort en gueule aussi drôle qu’écorché occupait une place dont l’absence aurait pu n’importe qui décourager.

Avec un album tous les deux ans depuis 2009, ce serait cependant oublier que Bukowski a toujours eu une géographie mouvante : né de la dissolution des groupes Wünjo et Kwamis ; produit par Davy Protela (ex-Pleymo) ou encore William Bastiani (exEnhancer) ; classé par Rock Hard entre Megadeth et Kiss ; et ayant connu dans ses rangs Fred Duquesne (Empyr, Watcha, Mass Hysteria…), Timon Stobart

(Full Throttle Baby projet parallèle dudit bassiste) ou encore Romain Sauvageon (Perfecto). Même douloureuses, même secouées par les remous, leurs mues successives n’ont jamais été synonyme de moue... À l’image de leurs tournées avec Eths ou encore AqME, ce furent même un marqueur d’époques plus qu’un produit dérivant.

Pas étonnant donc qu’en jouant aussi souvent aux chaises musiciennes, leurs acteurs purent tutoyer quelques contraires : du stoner mais mélodique, du sarcasme capable d’introspection, voire la cohabitation d’une fratrie et d’amitiés… En pleine société de déconstruction, il n’est pas difficile de comprendre la force de caractère(s) requise pour chaque fois se réinventer.

Il a donc fallu encore une fois se prendre le mur pour ralentir. Congédier la nostalgie et réfléchir. Se reconstruire, aussi, avant de reprendre la route... Avec une première halte aussi symbolique qu’imposée : le confinement. L’occasion d’un ravitaillement et changement de méthode : « Nous qui sommes plutôt de l’école plug and play, il nous a fallu préparer, anticiper, s’envoyer des fragments, travailler à partir de programmations de batterie », raconte le chanteur Mathieu qui en a profité pour s’essayer à la MAO. Avant de reprendre : « Autrefois, nous étions toujours dans l’urgence. Un rythme effréné entre tournées et enregistrements. Nous ne passions pas autant de temps sur les textures, fiers de conserver une forme de spontanéité. À la recherche d’une authenticité qui pouvait éviter de trop grandes différences entre la scène et l’enregistrement… Alors bien sûr, prendre pour la première fois plus de temps pour créer, c’est encore plus douter... Mais l’exercice s’est finalement révélé gratifiant ! En l’absence de deadline, l’écueil aurait pu être de ne jamais s’arrêter, mais on a fait confiance à la matrice… ».

Reste que le drame familial est toujours présent. Légitimement. Mais sans être une ombre trop pesante : « C’est la phase d’enfermement qui a eu le plus d’impact sur l’écriture. Dans mes textes, je me suis autorisé à sortir davantage de ma zone de confort, à aller plus dans la fiction plus que me raconter… L’absence de mon frère nous a obligé à nous dépasser, à compléter (plutôt que remplacer) le vide ainsi créé ».

Le ton de l’album reste pourtant sombre… « Mais l’espoir est tout de même présent ! Il y a plus de plages progressives, par exemple… Plus d’aérations.

Ce qui traverse donc les pistes, ce n’est pas de la mélancolie : c’est du pragmatisme. Je reste toujours déboussolé par ce nouveau monde, dont le problème d’incarnation des idées tue tout élan. Dont le but global semble la création d’une bulle personnelle… qu’importe son prochain ! Le chien fou que j’étais a donc laissé place au constat, sans être donneur de leçons. Il est toujours plus efficace d’inspirer que d’humilier. »

Un reproche adressé à la nouvelle génération d’artistes ? « Pas du tout… Je comprends que certains jeunes artistes ne se mouillent pas : il y a certains combats qui vieillissent mal et l’on peut toujours se couper d’une partie du public. Or, pouvons-nous nous le permettre quand on est émergent ? Moi, j’ai choisi d’avoir des paroles plus cryptiques, récompensant celles et ceux capables de double lectures… Mais c’est l’expérience qui m’amène à choisir la nuance… sans me renier. » Ce qui n’empêche pas le chanteur de charrier sur la dimension académique de cette scène : « Ils sont plus rigoureux, plus sportifs. Ils ne tombent pas dans nos pièges et tiendront davantage dans la durée. C’est hélas parfois au détriment d’une chaleur ou d’une proximité. Il faut toujours prendre garde à la tentation de l’élitisme : le rock reste en marge. Il doit rester un mode d’expression populaire... Méfions-nous quand il s’accroche dans des musées ! » i

dfacebook.com/Bukowskitheband

BUKOWSKI (Athome)

Notons d’abord la qualité des clips (“Crossroads“, “NCFYC“ et “Vox populi“), dont l’esthétique égale certains élans outre-Atlantique… À ceci près que prime comme chez beaucoup l’image sur l’histoire : nul concept, seconde lecture ou provocation donc, sacrifiée au profit d’une production plutôt qu’aux scénarios marquants... “La majorité s’en fout“, est-ce un argument ? Face à la concurrence, il ne s’agit plus de faire un bon album de rock (c’est le cas !), mais d’imaginer ce qui vous distinguera… Or, il y avait rien que dans l’amorce du disque (l’excellent et pétaradant “From above“ ou encore le nuancé “Breathin’ underwater“) de quoi offrir des aspérités qui méritaient un support tout aussi vallonné.

Troisième album pour l’un des groupes les plus intrigants et torturés du moment, Pink color surgery s’érige tel un asylum d’où s’échappent les complaintes d’êtres voulant simplement être libres.

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