Lou & Artémis - Numéro #3 by Lou & Artémis

magazine androgyne

N U M Ă&#x2030; R O #3

NOVEMBRE 2013

CUL

toisons

p a r o le s

rir

c jouer i l c é d

silhouettes

humour

SON

aventure !

BEAU

Sueurs

surd

chambre noire

échos

PUTE baiser(s) Jouer ab

sorts

I manger O F E S I A MAUV

s ex e

balles & boules

pages

amour

lies

vagues

JEUNEUSSE

Amuse-bouche

DUNE

JOUISSANCE

humeurs

tét C h Œ u r on s

nerd

s r u e t c e j pro

Fourru re

Couture

pets & paillettes

NECTAR !

SPOTS

TEXTILE

Art

encre

Horreur

Esqu Pilules TOILE(S) Plumes isses androgyne

GRAND ÉCRAN

Édito

La photographie est un art. La photo-graphie est un métier. La photographie est une entité. Cette discipline, en tant que telle, a longtemps été oubliée par l’artiste. Reléguée à un rang secondaire par l’establishment culturel, elle gagna pourtant très vite sa place aux côtés des grands. Seulement, elle n’existait pas par elle-même. Elle était associée à la musique, à la peinture, à la littérature, à la couture. Lou Reed photographiait quand il n’avait plus de voix. Hedi Slimane commença sa carrière derrière un objectif.

d’information. Le journalisme n’est plus rien sans ses images. Le tourisme se sentirait bien seul sans les cartes postales qui ornent les portants. Et que serait Google sans son onglet Images ? Avec la profusion des représentations, les frontières entre art et info se brouillent et on ne sait guère où son focus. L’Iphone devient l’appareil photo le plus utilisé. Les chambres noires ont laissé place aux filtres numériques sur les Androids. Et le passant lambda se prend pour Terry Richardson. On ne peut juger de cette évolution. On ne peut dire si l’art photographie en pâtit. Aux vues de l’explosion des galeries photo et des prix qui vont de concert, il semble que les deux courants se renforcent mutuellement.

La photo est aujourd’hui reconnue « matière » reine dans l’art, et s’est fait une place de choix dans les musées et les galeries. Les tableaux laissent désormais la place aux clichés de maîtres. À noël, le choix de l’enfant ne porte plus sur une guitare mais bel et bien sur un polaroid. Et le photographe est devenu un artiste à part entière.

C’est pourquoi nous souhaitons rendre hommage à la photographie, à l’artiste derrière son lourd objectif, à la lycéenne les doigts vissés sur Instagram. À travers le regard et les clichés de quatre photographes ; par la plume de jeunes, et de moins jeunes, amateurs ; la photographie est mise à l’honneur. Elle nous le rend bien.

Il ne faut pas omettre l’autre facette de la photographie. Les œuvres de Depardon et de Newton sont certes saisissantes, mais l’appareil photo est avant tout un outil

Ce que la photographie reproduit à l'infini n'a lieu qu'une fois. Roland Barthes

Lou & Artémis

SOMMAIRE!

POURQUOI ? Le jogging

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MALCHANCES 8! Épopée héroïque du manchot borgne (qui vit trois guerres). .....................................................................................................................................................................................................................................................

Les mésaventures poisseuses de héros ordinaires. Sir Adrian Carton de Wiart.

VERSUS Pocahontas vs. Nicki Minaj

10!

Le fight de l’absurde. Préparez vos zygomatiques !

HUMEUR Vidéo gag !

HUMEUR Écoute, maman est près de toi…

PORTRAIT Diana Rigg

Portrait de la dame aux bottes de cuir et aux épines de roses.

CHRONOLOGIE 70 La guerre de Crimée, oubliée de l’Histoire.! ...........................................................................................................................................................................................................................

Une redécouverte d’un épisode pas si ancien, au parfum suranné.

ÉTYMOLOGIE L’origine des mots

Deux spécialistes réputés proposent une fine analyse de deux expressions. « Être un fesseMathieu » & « Être bouché à l’émeri ».!

MELODIE Le Rap US

La nouvelle génération in da place.

PORTFOLIO!

38!

Aimé Mangouta Jean-Jacques Bernard Ulrich Lebeuf

Audrey Ricoul

85!

DOSSIER

20!

PHOTOGRAPHIE!

98!

Lou & Artémis!

Bourdieu, les cartes postales, les selfies, le feu Kodakrome, la Chine, Germaine Tillon, des portraits, des tropiques, des contrechamps, de la pellicule, Cléopâtre -Diane de Mérode, et vous.

De la boustifaille, de la tranquillité et un peu de culture.

........................................................................

PAR LES TEMPS QUI COURENT La mode et l’enfant.

Une bloggeuse reconnue, une photographe talentueuse, le récit de nos premiers goûts en terme de mode.

Arrêt sur image

NOS REGIONS ONT DU TALENT Quand le territoire se dévoile. D’Angers.

........................................................

GRAND ECRAN Arrêt sur image

Focus sur les créateurs de l’ombre, d’ambiances et de lumières qui font la patte d’un film ou d’un réalisateur.!

104

TRONCHES DE VIE Dennis Rodman, Worm Armageddon!

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Le retraité le plus timbré de la NBA qui s’improvise ambassadeur des Etats-Unis auprès de la Corée du Nord. Retour sur une sacrée tronche !

Instantanés Lou et Artémis et leurs instants photographiques. À découvrir au tournant d’une page. Auvergne Bordeaux New York

CHRONIQUE Bambi et le Porn, Part 1 : Rencontre

106

108

UCHRONIE Robot and Fred

L’Histoire telle qu’elle aurait pu être. Bienvenue dans le « non-temps »

! 110

ŒIL AU LOIN Un jeune idéaliste, du blues et de la moonshine.

Une culture. Un œil vif et neuf. Les Etats-Unis.

Auvergne, France Octobre 2013

des fausses publicités pleines de dérision © Lou & Artémis – Ophélie Auzolle

OURS

Roman Fruitier & Romain Lagarde

Fanny Anseaume & Maurane Pauli

Roman Fruitier, Sophie Didier

La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leurs auteurs. Toutes les marques citées dans le magazine appartiennent à leurs propriétaires respectifs.

Camille Anseaume, Simon Arcache, Ophélie Auzolle, David Clough, Alizée Cogez, Guillaume Dovale, Martin Gallard, Bruno Lambert, Lucas Lebrun, Pauline Merveille, François Moreau, Bastien Resse, Maxime Saulue

Tous droits de reproduction réservés pour tout pays. Aucun élément de cette revue ne peut être reproduit ni transmis d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Georges Delcros, Francis Fruitier, Jean-Pierre Petit

Vous pouvez sans aucune autorisation inclure un lien vers le magazine et le site web sur votre propre site.

Simon Arcache, Jean-Jacques Bernard, Bruno Lambert, Ulrich Lebeuf, Quentin Lepek, Aimé Mangouta, Zelda Pressigout, Audrey Ricoul, Manon Raupp, Alexis Susani

Aimé Mangouta (photographie issue de la série One Day...)

Fanny Anseaume & Maurane Pauli

Alex Labarrière, Maud Sztern, Horla

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Pocahontas restera pour toute une génération de natifs des 90’s le fantasme absolu car le plus juvénile. Disney y est pour beaucoup, mais le personnage originel n’y est pas étranger non plus ! Petite remise à niveau. Si les prénoms déterminent le destin de la personne qui le porte, la princesse indienne en est le meilleur exemple : en langue Powhatan – du nom de la tribu du chef - Pocahontas se traduit par « petite dévergondée ». Et ce n’est pas nous qui le disons mais la très sage encyclopédie Wiki. Il n’en fallait pas moins pour créer une légende : une princesse aux mensurations incroyables défiant autorités paternelle et maritale pour défendre l’élu de son cœur, le tout en petite tenue.

american !

Pocahontas a toujours été en avance sur son temps, bien avant le protocole de Kyoto, elle fait de la nature sa BFF. Normal après tout, sa grand-mère est un arbre. Une ascendance qui lui procure quelques avantages bien sympathiques quand il s’agit de promener sa silhouette mannequin en pleine forêt, un exercice tout de suite plus difficile pour Nicki et le 35 tonnes qu’elle traine derrière elle. Cascades, rivières, loutres, hérons, rien ni aucun être vivant ne résiste à la Princesse amérindienne. Elle est de plus complètement bilingue quand il s’agit de parler aux éléments. L’air du vent, ou comment nous faire comprendre en 3 minutes 30, et quelques images psychédéliques, que la nature est notre bien le plus précieux. Elle invente à elle seule une nouvelle forme de lutte pour la planète, l’écologie rebelle et glamour. Et avec un raton laveur pour meilleur ami, impossible de questionner son éco-credibility.

Car Pocahontas est et reste la seule Disney Princess à ne pas être dénuée de sensualité. Loin de là ! Le modèle d’inspiration : Naomie Campbell, le super top aux courbes assumées et aux poses plus que suggestives. Un rapide coup d’œil suffit à en être convaincu. Princess P est grande, ses cheveux caressent sensiblement ses fesses à chaque mouvement, sa bouche rouge pulpeuse et ses grands yeux effrontés surmontent une poitrine fièrement exhibée sous une mini robe à frange. Et pas besoin d’injection dans le popotin ou de perruques fluos, c’est sans artifice que la diva powhatan nous fait vibrer. Mettons de côté - ou pas ! - ses longues jambes arquées qui lui permettent sauts de biche ou poses félines. Pocahontas, c’est la plus chineuse des héroïnes pour enfants, la plus aguicheuse mais aussi la plus rebelle. Elle aurait d’ailleurs été l’élément déclencheur de la folie des tatouages colorés. Dans l’esprit de tous elle est associée à ce fantasme inavouable, celui de la biatch étrangère écolo qu’on ne retrouvera pas dans notre société occidentale. Babs au discours bio ou petites

Ne lui manquait donc plus que le grand Amour. Et comme Pocahontas est la plus sexy du nouveau continent, ce n’est pas un mais bien trois keums qui se battent pour elle. Du guerrier bodybuildé, à Ken l’explorateur en passant par John Rolfe l’aristocrate anglais, son cœur et ses attentions balancent. Pourquoi choisir quand on a un harem à ses pieds ? Queen P s’offre donc le malin plaisir de faire patienter et même crever ses prétendants - RIP Kocoum. Elle jure amour éternel à John #1 mais fini avec John #2. Le tout dans un dessin animé sponsorisé par Walt Disney, destiné au moins de 10 ans et applaudi par les parents. Well done biatch, tu auras berné tout le monde jusqu’au clap de fin.

nanas déguisées en amérindiennes, personne ne peut s’approprier le concept Pocahontas.

G.D. M.P. 10

NICKI MINAJ !

ses poétiques « Bitch », « Nigga » et « Count », en rêvant d’un monde où des soucoupes volantes déposeraient sur une plage déserte des créatures aux mensurations irréelles, se mouvant entourées d’indigènes bodybuildés.

Si elle en avait une, Nicki se foutrait éperdument des conseils de Grand-mère feuillage. Elle ferait de ses branches une tenue pour se rendre à une des innombrables cérémonies qui lui ont rendu hommage depuis le début de sa jeune carrière. Bah oui, vendre plus de disque que Rihanna n’est pas donné à tout le monde. Surtout pas à une blédarde en pirogue qui miaule trois paroles et pense être en osmose avec la nature. Ce ne sont pas Will.I.am, Eminem ou David Guetta - avec qui elle a collaboré - qui diront le contraire.

Nicki Minaj est bonne. N’essayez pas de dire le contraire. Elle ne l’a pas toujours été, certes : preuve en est des nombreuses photos d’Onika Tanya Maraj - c’est son vrai nom, celui qu’elle portait avant la chirurgie et le succès - qui traînent sur le net. Elle n’est pas jolie, elle n’est pas belle, elle n’est pas classieuse : elle est bonne. Son cul n’a d’égal que sa poitrine, et sa bouche... Elle est l’avatar des poupées américaines, le symbole de la décadence. Elle survole haut, très haut, le bon goût et la mesure pour atteindre les étoiles du vulgaire. Sur son étendard, des poses explicites, des cheveux multicolores et des faux ongles indécents. Nicki ne fait pas semblant. Elle ne minaude pas. On sait tous pourquoi elle est là et ne cherche pas à nous faire croire le contraire.

Depuis le début de sa jeune et glorieuse carrière, Nicki part à l’abordage de tout ce qui bouge. Juchée sur des hanches XXL - ne prend pas cet air dégouté, tu adores ! - elle se hisse au sommet du mat de l’indécence, et n’a que faire de l’envahisseur : c’est elle qui envahit… !! !

Nicki en fait trop. Mais putain, c’est bon. Elle décomplexe le superficiel. Elle autorise enfin à se maquiller à la truelle et à ne pas en avoir honte. Elle prend le contre-pied de cette énervante tendance à la verdure, à la nature, au bio. La chanteuse aux nombreux alter egos, psycho et too much, nous révèle une autre forme de féminisme, une quintessence du girl power. Qu’importe le vide de ses textes et les beats trop poussés, sa musique nous fait danser, insouciants et désinvoltes, la bouche en cœur, les fesses en arrière. Et l’on se délecte de

Ses détracteurs la veulent victime de ce qu’elle représente. Ils sont eux-mêmes victimes de leur inconsistance. Nicki sue le surfait, la marchandise, le fabriqué. Mais Nicki n’en est que plus vraie, authentique et alternative - me risqueraisje même à dire. Car loin des clichés de la gentille féministe, elle dispose réellement de son corps. Elle fait n’importe quoi avec, elle en fait surtout ce qu’elle veut. Et elle a raison. Cascade de champagne, forêts de faux cils, torrent de mascara, pirogue Lamborghini et rocher 25 carats : ne cherche pas, la voilà la divine idylle... F.A. F.M.

HUMEURS !

Vidéo gag ! Il est espéré, réclamé, revendiqué... Le recours à la vidéo est devenu le sujet privilégié des passionnés de sport. Quitte à en oublier son absurdité. Ou quand le soi-disant progressisme devient rétrograde. ! Puisque l'excès est le propre des réactions de comptoir, autant balancer... Sur l'arbitre, ce hors-jeu inexistant, cette faute non sifflée, cette passe en-avant, ce tacle interdit et on en passe. Plus un seul sport n'en fait l'économie. Trente millions de consommateurs. Autant de protestataires. L'homme en noir et ses décisions litigieuses ont même remplacé, voire effacé, les résultats eux-mêmes, les tendances du classement et les prédictions de fin de saison. Gravissime ? Chacun en sera juge. Mais le plus alarmant est certainement que les plateaux de télé ont supplanté les comptoirs, que les « pseudo-spécialistes » en manque de reconnaissance ont succédé aux ivrognes, que les ralentis ont relayé les imaginaires collectifs...

raison évidente : la vérité suprême n'existe pas sur une action qui porte à confusion. Qui plus est dans un sport de contact. Combien d'exemples pour lesquels vous n'êtes pas d'accord avec votre voisin, votre frère ou votre adversaire ? Pour une main volontaire ou pas, un accrochage limite ou non, un écran manifeste ou contestable... Il serait possible de délayer sur des pages. Ensuite parce que la vidéo n'est en rien exhaustive. Car avoir cent ou mille caméras autour d'un terrain ne sera jamais suffisant. Le cas du Norvégien Flo lors du Mondial 1998 était éloquent. Conspué par l'ensemble du cercle footballistique et propulsé tricheur pour avoir simulé une faute contre le Brésil et abusé le référé... avant la rédemption, deux jours plus tard, grâce à une obscure caméra placée dans les tribunes le disculpant. Et si on révélait aussi qu'il est impossible de tracer une ligne tout à fait exacte sur un hors-jeu, si ce n'est qu'elle soit en permanence dans l'axe même de l'action. Autant dire que ce n'est pas envisageable...

Des heures et des heures à disséquer telle ou telle action, à passer en boucle les différents angles de caméra, à scruter la ligne la plus célèbre depuis Maginot. Ce but aurait dû être annulé ! Honte au football ! Une seule solution, messieurs : la vidéo ! Et l'on nous tartine, dans des promotions toujours plus consensuelles, de l'obligation d'instaurer « l'assistance technique » à l'arbitre. Indispensable, inéluctable, assurent ses défenseurs chevronnés. Jusqu'à en convaincre tous les entraîneurs du monde. Et comment ? Payés et surpayés pour gagner, en même temps que leur métier s'est hissé au rang de « job le plus précaire de France » devant celui d'employé de centrale nucléaire quel meilleur refuge pour eux que celui de la faute arbitrale pour justifier une contre-performance ? Quand la vox populi et les anciennes gloires vous soutiennent, on appelle ça une aubaine.

Le plus dramatique dans cette vaste fumisterie, c'est la perte de considération de l'arbitre. Elles sont loin les campagnes de solidarité pour soutenir le mec isolé, à grand coup de « on n'a pas le même maillot mais on a la même passion ». Ils sont désormais discrédités, décrédibilisés. Comment ensuite lui demander de rester maître des débats ? Car la décision demeure une question d'interprétation. Accéder à la vidéo, c'est donner le pouvoir à quelqu'un qui ne se trouve pas sur le terrain. Mais dans une minuscule pièce devant son écran. C'est surtout donner le pouvoir à un autre interprète, ajouter de la subjectivité à la subjectivité.

Quel intérêt à transformer le match en jeu vidéo ? On ne voit pas vraiment... Benzema peut encore rater des « un contre un » pendant une douzaine de rencontres internationales, Trinh-Duc va continuer à foirer des coups de pied d'engagement pendant dix ans mais l'arbitre, lui, n'a pas le droit de se tromper. Crime de lèse-majesté. Quand le meilleur amant entre dans la peau du cocu...

Allez-y, continuez si vous voulez ! Dépensez votre argent dans d'innombrables dispositifs techniques pour résoudre un problème tous les six mois. Cela ne changera rien. L'essence d'un exutoire passionnel est de ne jamais trouver la raison. Et quand les mêmes personnes crachent toute la journée sur l’exubérance du sport, ces contrats si indécents, ce système gangrené par un libéralisme à outrance, ces salaires immoraux, ces transferts à vomir, ce petit peuple favorisé qui s'éloigne encore et encore des badauds installés sur leur canapé, cette déshumanisation du sport, on a envie de répondre : mais la chose qui reste la plus humaine ne serait-elle pas l'arbitrage ? À méditer...

Pourtant, laisser à croire que la vidéo est infaillible est une parfaite ineptie. Autant qu'un danger. Car dans ce débat national, qui déchaîne les passions au Café des Sports, au stade ou encore à la maison, il manque un léger détail à la plaidoirie collective : des preuves ! Non, le ralenti n'est et ne sera jamais la solution miracle. D'abord pour une

David Clough

HUMEURS !

Écoute, maman est près de toi... Qu'il est loin le temps des guerres entre nations puissantes ! Qu'il est loin le temps où les relations internationales, naturellement anarchiques, étaient un espace d'exposition de la verve, de la gouaille, du beau verbe, où les De Gaulle et autres Churchill n'hésitaient pas à dire ce qu'ils pensaient, à faire ce qu'ils disaient... !

Dans un monde où les relations politiques entre puissants sont « apaisées », on finit par s'emmerder ! Même des révélations qui, il n'y a que quelques dizaines d'années, auraient déclenché des guerres impitoyables, passent aujourd'hui pour des actes compréhensibles et non-répréhensibles. Le « scandale » des écoutes et de la surveillance de la très américaine National Security Agency ne font s'esclaffer que ceux qui, en toute honnêteté, ne peuvent rien y changer. Existe-t-il encore des « grands de ce monde », ou bien le courage a-t-il réellement et définitivement été sacrifié sur l'autel de la diplomatie courtoise, et chiante ? Loin de penser posséder cette vaillance politique, il me semble que les événements de ces derniers mois ayant révélé l'immense système de surveillance mis en place par les États-Unis d'Amérique donnent à exprimer un modeste point de vue, celui de votre aimable servit-auteur.

que nous sommes. Quant au comique, tout simplement le fait que certains le gobent. Après tout, écouter les ambassades, les institutions européennes et les dirigeants eux-mêmes : quoi de mieux pour déjouer un attentat terroriste ? Les partisans d’un stratagème ayant pour but d’avoir une longueur d'avance dans les négociations commerciales et diplomatiques passées et en cours ont vraiment l'esprit mal placé... Peut-être qu'à force de raison, valeur que je défends ardemment, il est devenu urgent de savoir fermer sa gueule. Peut-être que les fourberies de Barack ne méritent pas les réponses que j'aurais tant aimées entendre, assis devant mon écran. Au moins, on pourra dire que Machiavel était sérieusement avant-gardiste ! Se jouer de la morale à ce point, flouer ses propres alliés, et ne recevoir en échange que de modestes réprimandes de la part de chefs d’État sclérosés, quelle belle mise en scène des écrits de ce théoricien-dramaturge !

Le spectacle auquel nous assistons tient plus de la tragi-comédie à la Molière que du roman aventurier à la Dumas. Le système international est devenu une société de Cour, où le puissant toujours moins puissant fait ce qu'il veut de ses courtisans, qui s'en plaignent à demi-mot mais qui pour autant n'en font rien. D'un autre côté, quand on voit la courbe de popularité des politiques, on comprend que ces derniers puissent se sentir flatter de se savoir écoutés...

Loin de moi l'idée de faire l'apologie d'un monde plein de guerres, de catastrophes naturelles, de peurs, de tromperies, de maladies. Non, et il ne m'empêche pas d'être tout à fait conscient que l'idéalisme n'est qu'une pensée pour les blaireaux - je m'excuse auprès d'eux qui sont sûrement très nombreux. Mais je vous avoue qu'entendre un chef d’État, dont le téléphone portable a été surveillé pendant plusieurs années par un « ami », dire un grand « m**de » m'aurait fait sourire et gagner ma journée. Mais finalement, je reste devant mon écran, à lire des articles tristes, en attendant le clou du spectacle. Sans savoir s'il y en aura un

Le côté tragique dans cette histoire ? L'aberrant paternalisme qui orne les excuses de nos voisins d'outre atlantique justifiant leur système par sa vocation protectrice pour les pauvres petits peuples européens

François Moreau

Diana Rigg

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Diana Rigg, lâ&#x20AC;&#x2122;actrice aux bottes de cuir

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La photographie,

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Instagram, le retour des polaroïds, les selfie

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Portfolio

Aimé Mangouta Sans formation technique, Aimé s’est jeté dans la photo il y a deux années seulement, poussé par une lancinante obsession de l’image. C’est avec de la musique dans les oreilles et une envie de créer un monde, son monde, que le photographe shoote de manière spontanée mais précise une réalité augmentée. Il donne au banal une nouvelle dimension, grâce à un travail d’analyse précis et à ce noble support qu’est l’argentique. Une tentative, et une seule donc, pour saisir la douce poésie de places vides, de paysages désolés... Dans « Imaginary friends » il nous explique, grâce à « des endroits vides de toute présence humaine » que « les personnes que nous souhaitons rencontrer dans nos vies se trouvent souvent dans notre imaginaire ». Dans « One day », il se sert de son vécu, de son histoire, pour nous offrir une série à l’esthétique percutante, et rendre ainsi hommage à un ami d’enfance, décédé l’été passé. C’est ce spleen, cette âpre mélancolie, avec lesquels il compose dans sa vie, qui ressort de ses clichés. Aimé espère être de ces photographes « qui [font] attention à ce qui est moins visible ou invisible ». Qu’il soit rassuré, il en est.

J.-J. Bernard

Ulrich Lebeuf

C'est dans la cacophonie urbaine que Jean-Jacques Bernard se sent à l'aise. Du coeur des villes, il extrait une photographie coloriste, nerveuse, humaniste, et compose des tableaux que l'on croirait mis en scène, presque échappés du réel. S'il aime promener son regard dans des métropoles en pleine mutation et hautement chargées symboliquement (Shanghai, New-York, La Havane, Tokyo, Dubai, Rio, Bombay, etc.), Jean-Jacques Bernard préfère suggérer que montrer, et offrir au spectateur une vision à la fois quotidienne et assez peu banale des « lieux communs en couleur » qu'il visite, ou revisite.

Ulrich Lebeuf se définit comme un photographe d’album de famille. Un des derniers, il le déplore. Mais il est aussi un photographe à « hit ». Une ritournelle qu’on lui demande d’exposer à tout va et dont il ne se cache pas. Ce succès s’appelle « Antonyme de la pudeur ». Une immersion dans le X. Avec force de jeux d’ombres et de prudes cadrages, il offre des images charnelles que le spectateur observe entre curiosité et voyeurisme. Mais ce n’est pas tout ce que ce photographe toulousain veut nous montrer. Et parmi ses séries c’est au Tropique du Cancer que nous avons donné sa place ce mois-ci. Défendue avec enthousiasme par son créateur, « Tropique », raconte une histoire de couple. Et les conséquences de sa fin. Les photos, témoins d’un amour réel, décrivent avec désir la beauté d’une femme, à travers l’œil d’un homme amoureux. Ce qui donne cet aspect si particulier aux photos ? Ce sont les feux de l’amour. Au sens propre. Jusqu’à ce que le photographe décide de sauver ce qu’il restait des clichés et d’en faire une œuvre, un ensemble cohérent qui nous donne à lire, entre les cloques et les brûlures, une histoire que l’on soupçonne, des instants que l’on chuchote.

Sa street-photographie rassemble artistes et spectateurs tant elle fait la part belle à l’instant et à l’improvisation. Ce sont justement ces fragments de vies capturés sur le moment qui donnent un éclat et une réalité incomparable aux clichés de Jean-Jacques Bernard. C’est un déclic et un tempo parfaitement maîtrisés qui animent les instantanés de l’artiste. !

AIME MANGOUTA

.l’émotion en étendard

.photographie

JEAN-JACQUES BERNARD

urbaine contemporaine

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L’ORIGINE DES MOTS. !

par Lucas

Lebrun & Maurane Pauli!

Deux spécialistes réputés, philologues, linguistes, étymologistes, épistémologistes, pitres poètes, cruciverbistes professionnels, docteurs en langues diverses et variées, troubadours modernes des Lettres anciennes, proposent une fine analyse de deux expressions bien d’chez nous.

ILLUSTRATION : Marie-Hanna Belaakalia.

L’ORIGINE ÊTRE BOUCHÉ À L’ÉMERI toile / flacon / esprit

MOTS CLÉS

L’explication de notre linguiste! L’émeri, ou le corindon granuleux, décrit par le père de la cristallographie géométrique René Just Haüy, est un matériau extrêmement dur qui a l'apparence, pour nous simples mortels, d'une roche noire ou gris foncé. La poudre d'émeri, mélangée à un liquide - le plus souvent de l'eau ou de l'huile - permet la création d'une pâte servant, entre autre, à boucher de manière parfaitement hermétique bouteilles et flacons. Le constat est bien simple : une personne bouchée à l’émeri présente la double caractéristique d'être à la fois hermétique et étanche, d'être bornée et de ne rien pouvoir recevoir en retour. Cette expression, dont on aimera au passage la variante anglaise : « to not have two brains cells to rub together », remonte fin XIXème, époque de la manipulation de l’émeri comme abrasif pour les contenants. Cependant le terme « bouché » est visible dés le XVIIème et surtout l'utilisation de cette roche, extraite dans les Cyclades, date de l'Antiquité, ce qui confirme bel et bien que l'idiotie n'est pas une nouveauté. Quant à la question légitime : les cons sont-ils nombreux ? l'écrivain français Raoul Ponchon apporte un élément de réponse : « Il n'y a pas plus de cons que de femmes. » L.L.

par M. Marouane Goldstein, chef de pub pour le Débouche-tout

« Eh, mais tu es complètement bouché à l’émeri mon gars ! » Combien de fois n’avez vous pas entendu cette phrase alors que vous rentriez, passablement saoul d’une soirée ou plus précisément, d’un enchaînement de pintes au bar du coin ? Car oui, cette expression, nous vient tout droit du quartier parisien de Montmartre, haut lieu de la peinture et des artistes fauchés du début du XXe. L’émeri est ce petit flacon dont se servaient Picasso ou Foujita pour diluer ! leurs couleurs. Il se trouve qu’à cette époque le champagne coulait à flots pour la bourgeoisie, mais moins pour le petit paria tentant vainement de glisser ses toiles auprès de Gertrude Stein. L’émeri aurait donc été la drogue de l’artiste, celle qu’il pouvait boire à petites lapées mais également humer dans ses savants mélanges de peinture. Une mixture qui faisait sombrer les esprits et provoquait hilarité ou hallucinations. Être bouché à l’émeri, drogué ou complètement saoul, nulle différence pour l’habitant de Montmartre, grand spectateur des frasques des artistes du coin.

DES MOTS.

ÊTRE UN FESSE-MATHIEU verge / hâtif / apotre

MOTS CLÉS

L’explication de notre linguiste!

commun des mortels. Un fesse-pinte est donc un grand saoulard, un fesse-cahier est un intello… L’Académie ne se prononce en revanche pas sur la joyeuse association « un fesse-fesse ».

Dans le langage plus commun – voir familier - nous pourrions traduire cette expression par être radin, avare, pleuremisère ou même comme nos voisins Hollandais, « être un chieur de par Frère Léon, titulaire de la chaire raisins de Corinthe». Comprenez « d’Histoire théologique » de Noirlac que cette personne ne vous Signification : Personne faible d'esprit, trop gentille ou simplement dotée d'une trop prêtera pas un pécule et passera courte verge. Utilisation : « Quel fesse-Mathieu cet homme ! A force, il terminera martyr ! » plus de temps le derrière sur une chaise à recompter son butin « Étant sorti, Jésus vit en passant, un homme assis au bureau de la douane ; son nom qu’à le dépenser en festins, beuétait Matthieu. Il lui dit : Suis-moi ! Et, se levant, il le suivit. » L'origine de cette expresveries ou même prostituées de luxe. sion est à rechercher directement de cette fameuse occurrence souvent mal interprétée. Saint-Mathieu était publicain, c'est à dire qu'il était percepteur d'impôts, dans la petite Céans, il nous faut donc mettre en mais non moins bordélique ville de Capharnaüm. Il s'occupait du péage d'Hérode, lumière les dessous de cette le lupanar aux tendances pédérastes le plus chic de Galilée. Grâce à ces nouveaux cu(l)rieuse expression. Rappelons éléments, la phrase peut être ainsi exprimée : « Étant sorti, Jésus vit en titubant, un homme assis que « fesser » désigne à l’origine au guichet du bobinard ; son nom était Matthieu. Il lui dit : Suis-moi ! Et, se levant, il le suivit. » « battre à l’aide d’une verge ». Cependant, l’œuvre de Saint-Mathieu a été mal traduite par quelques disciples trop Laissez derrière vous toutes penhâtifs. D'une part les pronoms personnels furent inversés et d'autre part une confusion a eu sées malvenues, une verge n’est en lieu entre n!µ"‡# (fesse en araméen) et $%"!# (être en grec). Enfin, rappelons que ce effet qu’une sorte de baguette, charpentier à la toge maculée de mauvais vin ne tenait pas la boisson, il était donc dans dure mais assez flexible pour un état lamentable au moment des faits : « S'étant fait sortir, Jésus vit en titubant, un homme fouetter. Et fouetter n’importe quelle assis au guichet du bobinard ; son nom était Matthieu. Il lui dit : fesse-toi ! Et, se levant, il se fessât. ». Notre apôtre, en plus de ne pas être un ange, manquait bel et bien de tact. partie du corps humain, pas seulement le derrière. Il est intéressant de noter que cette structure de Quid de Mathieu, posté à l’arrière de phrase a bénéficié d’un fondement tout ce verbe oublié ? Mathieu serait un des autre depuis le XVème siècle et signifie douze apôtres, évangéliste de plus « faire quelque chose à la hâte ». belle, qui, avant de se convertir était un de ces « chieurs de raisins de Traduisez donc « faire » par « fesser » Corinthe » : un usurier. Fesser Saint et vous obtiendrez un champ lexical et Mathieu signifie donc au XVIIe pratiquer un vocabulaire, si ce n’est d’un obsédé, l’usure et un fesse-Mathieu se rapporte au moins bien plus vaste que celui du donc aux avares. M.P.

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Instantanés

New York, États-Unis Juin 2012

LA MODE ET L’ENFANT TEXTE : CAMILLE ANSEAUME PHOTOGRAPHIES : AUDREY RICOUL

« Avant j’avais des principes. Maintenant j’ai un gamin à habiller. » En parallèle des photos d’Audrey Ricoul sur le monde de l’enfance et des enfants dans la mode, nous avons donné à Camille Anseaume, bloggeuse, journaliste et auteur, l’occasion de nous exposer sa vision de ce tendre univers. Entre apprentissage du « bon goût » et grands principes de mère, voici son expérience.

Les gens croient que j’ai eu une enfance heureuse. Pourtant, c’est loin d’être le cas. La preuve : je n’ai jamais eu le droit de porter de culottes Mickey. Mes parents ont toujours eu une idée assez précise du « beau ». Disons pour simplifier qu’on n’avait pas tout à fait la même. J’ai grandi avec l’idée que les matières synthétiques étaient le mal, les couleurs vives à chier, les paillettes interdites et les petits chatons dangereux, surtout sur les tee-shirts et les calendriers. Avec l’idée qu’il existait une vision objective et supérieure du beau, à laquelle il me faudrait bien un jour adhérer. Un jour, je devais avoir sept ans, ma marraine m’a offert un sweat arborant une vache à l’oreille percée. Le sweat était rose et en molleton, la vache en surimpression toute douce, la boucle d’oreilles brillante, bref il était sublime, ou à chier, c’est selon, mais bientôt la culpabilité de faire cet affront à mes parents l’a remportée sur le plaisir de porter un vêtement à mon goût. J’ai décidé de l’abandonner sur mon lieu de vacances comme on abandonne sur une aire d’autoroute un animal ou un aïeul encombrant, en lui disant adieu en même temps qu’à mes frémissements rebelles. Sur sa tombe le sommier d’un matelas sous lequel je l’avais planqué au cas où ma mère viendrait faire un « dernier tour des chambres », je jurai solennellement que quand j’aurai un enfant, je lui laisserai décider de ce qui est beau, sans lui imposer de tyrannie du bon goût.

américain et ne sauront jamais conjuguer le subjonctif, tout en continuant à me promettre de faire preuve de plus d’ouverture avec ma tendre progéniture. Puis l’enfant arriva, et mes bonnes résolutions furent expulsées à peu près en même temps que mon placenta. Dans ses premiers mois je l’habillai exclusivement de blanc, de gris et de rose pale. Si elle avait su parler, j’en aurais pris plein la gueule. Bref, la mère de Fiona à côté de moi, c’était du pain béni.

En grandissant, les frontières entre ce que j’aimais et ce que je me devais d’aimer ont continué à s’estomper : j’ai commencé à juger celles qui mettaient du crayon à lèvres marron, et à supposer que les enfants qui portaient des vêtements Walt Disney portaient aussi un prénom

En contemplant ces cols Claudine et ses blouses en liberty je redoutais le jour où elle

serait en mesure d’exprimer ses préférences vestimentaires à peu près autant que le jour où elle prononcerait le mot « contraception ». Ce moment arriva, sous une forme toute simple un matin dans sa bouche d’enfant : « Z’en ai marre, tu m’habilles comme une adulte mais moi ze suis une tite fille. » L’après-midi même nous partions toutes les deux en voyage initiatique au rayon enfant de C&A, où elle manifesta assez clairement un goût de chiotte très prononcé, avec un attrait particulier pour les fringues bien fushia, bien brillantes, avec bien des princesses et dans des matières bien de merde. De retour à la maison, j’ai rangé ses affaires en ravalant mon vomi et en récitant quelques Ave Maria. Aujourd’hui j’ai tranché, je crois. Je pense que le bon goût ça s’éduque, et que c’est aussi un service à rendre à nos enfants que de leur dire que les chatons c’est moche.

Déchirée entre le choix de laisser ma fille libre de ses opinions et celui de la laisser sortir habillée de la sorte, j’ai hésité, assumé parfois, certains jours moins (« Si je connais cette petit fille qui m’appelle Maman et porte un teeshirt Raiponce, non, pourquoi ? »), bref je me suis tâtée. Comme une femme qui avant avait des principes, puis après a eu un enfant.

Finalement, j’ai toujours très à cœur que ma fille sache que je n’ai pas le monopole du bon goût. Mais je veux aussi qu’elle comprenne que les autres ont des goûts de chiotte en général

Portfolio

Audrey Ricoul Audrey ça a d’abord été un coup de cœur. Pour des photos qu’elle avait faites d’une petite fille que je connais bien. Une manière de capter un regard qui en dit long sur la manière dont elle met à profit sa passion et sa technique. Et puis une découverte. Son blog, son travail, son univers. Ce qui m’a le plus surprise c’est de voir avec quelle constance elle restait dans le monde poudré de l’enfance et comment elle ne laissait paraitre aucune lassitude au fil de ses photos, bien au contraire. Audrey met aujourd’hui ses talents au service de l’emblématique marque Petit Bateau, dont elle est chargée de l'image et du digital. D’après elle, c’est à 15 ans qu’elle a compris ce qu’elle voulait faire de sa vie, prise entre l’appareil photo de son père et le magazine de mode enfantine Milk. Elle dit joliment de cette étape que « rares sont ces instants où la vie vous persuade avec tant de force et de justesse ». 8 ans déjà donc, qu’elle s’essaie à immortaliser la jeunesse. Elle parle d’une nourriture commune et réciproque entre enfance et photographie, d’un univers spontané et libre qui la pousse à créer. Avec cette obsession sans cesse, de « fixer les instants, retenir la vie, la rattraper et l’éclairer ». Elle tente de capter ce qu'il existe de plus sincère chez les enfants en recherchant, en parallèle, cette même qualité chez les adultes. Obsédée par les beaux détails du quotidien qui composent ses ambiances empreintes de perfection, baignée par les matières et les parfums (sa deuxième passion), Audrey offre des clichés à l’univers poudré certes mais chaud et profond, dans lesquels on viendrait bien se blottir F.A.

Instantanés

Auvergne, France Octobre 2013

Instantanés

Bordeaux, France Octobre 2013

Black Swan, Darren Aronofsky, 2011 – Directeur de la photographie : Matthew Libatique

Arrêt sur image

Nous avons tous en tête quelques films que nous louons pour la beauté de l’image, qu’on attribue souvent au seul réalisateur. Toutefois, ces films doivent beaucoup au directeur de la photographie, un maillon essentiel dans la chaine du tournage d’un film. Son rôle est dans un premier temps de préparer le tournage, en choisissant avec le réalisateur le lieu et les décors, mais aussi les costumes et le maquillage. Ils décident ensemble d’un plan de tournage et du découpage du film. Il est aussi chargé des détails techniques : selon les choix faits pour le lieu de tournage, les sujets à filmer et les effets recherchés, il choisit la caméra, les objectifs et pellicules, et travaille la

lumière pour donner une atmosphère bien précise sur une scène.. Pendant le tournage, il dirige et coordonne les opérations - il est aussi appelé le chef opérateur – et les équipes : les assistants opérateurs, les cadreurs, les électriciens et les machinistes Enfin en postproduction il est chargé de l’harmonisation des images pour assurer la cohérence artistique du film. Cet étalonnage est permis par un assombrissement d’un plan ou l’augmentation du contraste d’un autre grâce à l’informatique. Rendons à César ce qui est à César, et mettons en lumière ces techniciens de l’ombre.

Moonrise Kingdom, Wes Anderson, 2012 – Robert D. Yeoman Il a œuvré sur tous les films de Wes Anderson, ou encore sur Bliss, mais n’a reçu aucune récompense à ce jour.

Melancholia, Lars von Trier, 2011 – Manuel Alberto Claro European Film Award de la Meilleure photographie.

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The Shining, Stanley Kubrick, 1980 – John Alcott Il a reçu un prix pour Orange Mécanique et a été nominé pour Barry Lyndon ainsi que pour!Greystoke, la légende de Tarzan, de Hugh Hudson.

Atonement, Joe Wright, 2008 – Seamus Mc Garvey Il a aussi œuvré sur We Need to talk about Kevin, de Lynne Ramsay. Il a été nominé aux BAFTA et aux Oscars pour son travail sur Atonement et Anna Karénine, deux films réalisés par Joe Wright.

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Blade Runner, Ridley Scott, 1982 – Jordan Cronenweth Meilleure photographie aux BAFTA pour son travail dans cette adaptation de Philip K. Dick

Black Swan, Darren Aronofsky, 2011 – Matthew Libatique Nominé pour l’Oscar et le BAFTA de la meilleure photographie. Independent Spirit Awards, Prix de la Meilleure photographie.

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In the Mood for Love, Wong Kar-Wai, 2000 – Christopher Doyle et Mark Li Ping Bing Prix Vulcain de l'Artiste-Technicien au Festival de Cannes, LE MÉTIER DE DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE ÉTUDES : Après un BTS métiers de l’audiovisuel avec option métiers de l’image, il existe deux diplômes privilégiés dans le secteur : le diplôme délivré par La Fémis (Fondation européenne des métiers de l'image et du son) spécialisation image, ou le diplôme de l'ENSLL (Ecole nationale supérieure Louis-Lumière) section cinéma. Sinon, il existe des masters professionnels à l’université (bac +5) ou des écoles privées proposant des formations en deux ou trois ans après le bac. SITUATION : Intermittent du spectacle, ses revenus dépendent du budget des projets auxquels il participe, du nombre de jours de tournage, de son expérience et de sa notoriété. DOMAINE D’ACTION : Aussi bien le cinéma que les spots publicitaires ou les émissions télévisées. Toutefois, les sociétés de production de films de cinéma constituent les premiers recruteurs de directeurs de la photographie.

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PAR MAXIME

SAULUE

Dennis Rodman, Worm Armageddon!

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TRONCHES DE VIE

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TROIS JOUEURS DE NBA COMPLÈTEMENT À L’OUEST

Javaris Crittenton Plus connu pour ses frasques extra-sportives que pour ses ankle-breakers, « Jay-Critt » s’est notamment illustré dans une sombre histoire de paris entre coéquipiers de l’équipe des Washington Wizards. Quoi de mieux alors que de vouloir régler ça à l’arme à feu à l’intérieur-même du vestiaire de la franchise avec son partenaire de club Gilbert Arenas ? Toujours est-il que ce dernier ne sera pas cité dans cette rubrique, faute de n’avoir pas abattu une mère de famille lors d’un affrontement entre gangs. Il n’y a pas à dire, le pire pour un meneur de jeu, ce sont les balles perdues…

Les récits ont toujours traités de l’existence de leurs héros. Parfois sombres, parfois fous, parfois ordinaires, ces personnes constituent un vivier d’écriture permanent. Pour de grands auteurs ou de petites mains. Let’s get in their life. rebondeur du championnat, deux fois meilleur défenseur de l’année et est nommé sept fois dans la meilleure équipe défensive. Ceci lui ouvre par deux fois les portes du prestigieux All-Star Game, mais aussi et surtout une place au Hall Of Fame, plus grande distinction pour un sportif dans une ligue américaine. Le tout en ne dépassant qu’à une seule reprise la moyenne de 10 points/match sur une saison.

« Fifty percent of life in the NBA is sex. The other fifty percent is money. » La phrase est de Dennis Rodman, ancien basketteur NBA et assurément l’un des retraités les plus timbrés de la grande ligue. Et contrairement à ce que l’on peut penser en lisant cette punchline que l’on aurait pu attribuer à n’importe quelle star des lycées tombée dans le luxe et se brûlant les ailes chez les pros, Rodman a été le pilier de certaines des plus grandes équipes des années 1980-1990.

DU TALENT SUR ET HORS DES TERRAINS

« THE WORM »

En quoi ce formidable athlète, qui a su compenser ses faibles prédispositions physiques pour un joueur à son poste par une activité débordante sur le terrain et un mental d’acier, est-il sorti du lot ? La réponse se trouve dans le quotidien du bonhomme en dehors du terrain. Tout commence lorsqu’il joue aux Detroit Pistons, surnommés alors à juste titre les « Bad Boys » et portés par des talents purs tels que Joe Dumars ou Isaiah Thomas, mais aussi par des bûcherons comme Bill Laimbeer. Malgré ses grosses performances défensives face à His Airness Michael Jordan qui permettent aux Pistons de remporter les titres de 1989 et 1990, c’est le début de la galère pour Rodman qui sombre dans une terrible dépression, songeant

Surnommé « The Worm » par sa mère, ce qui deviendra son blaze officiel pendant et après sa carrière, Dennis n’était pas le plus grand, ni le plus fort, et sortait tout droit d’une université de second rang, la Southeastern Oklahoma State University. Pourtant, le rôle qu’il a pu jouer au sein des différentes franchises dont il a porté les couleurs fut majeur. Alors que le leitmotiv de la plupart de ses coéquipiers et adversaires était de scorer encore et encore pour faire gagner l’équipe, lui s’est contenté d’effectuer le sale boulot, c'est-à-dire prendre des rebonds et défendre. Et comme le garçon n’est pas dans la demi-mesure, il s’est donné corps et âme à ces tâches, quitte à oublier – volontairement – le scoring. Résultat, il termine sept fois meilleur

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Lamar Odom " Avant d’être le petit ami de Khloe Kardashian, Odom est avant tout un talentueux joueur de basket qui a fait les beaux jours des deux franchises de LA, à savoir les Lakers et les Clippers. Mais ça, c’était avant. Depuis, « The Candy Man » est devenu accro au crack et passe ses journées entre le commissariat et l’HP. Un bien triste sort pour le champion du monde 2010 et champion NBA 2009 et 2010. Un joli départ, puis le bonhomme a tout simplement craqué.

au suicide, après que sa femme l’ait quitté, emportant avec elle leur fille de trois ans. Après une saison supplémentaire à Motown, il s’engage chez les San Antonio Spurs pour jouer le titre aux côtés de l’Amiral David Robinson. Frôlant la consécration, les Texans !" réussissent tout de même leur année, mais Rodman continue de défrayer la chronique en loupant les entraînements de manière répétée, en brisant le climat très orthodoxe des Spurs et surtout du fait de sa relation tumultueuse et hyper-médiatisée avec Madonna, « the Maid of Detroit ». Et ses sorties de plus en plus nombreuses complètement travesti – dans le monde du basket, qui est un milieu quasi ouvertement macho et homophobe, Jason Collins on pense à toi – font grincer pas mal de ratiches à Fort Alamo.

« … THE BEST PROSTITUTE IN A HIGH-CLASS WHOREHOUSE. »

noir remportent le titre à l’aide d’un cinq majeur impressionnant. Les ardeurs de Dennis ne seront pas pour autant calmées, puisqu’il trouvera toujours le moyen de jouer de la métaphore acide : « For five years I've felt like the best prostitute in a high-class whorehouse. But all the other girls get paid more than I do. » Élégant… Après deux dernières piges sous les couleurs des Los Angeles Lakers et des Dallas Mavericks, « Demolition Man » – en hommage à ses nombreuses agressions sur et en-dehors du terrain au cours de sa carrière – prend une retraite méritée, mettant ainsi un terme à une carrière bien fournie, remplissant tant les colonnes de stats que celles de la presse à scandale. Sa présence constante dans les magazines people fut également justifiée par son mariage avec Carmen Electra d’une durée de dix jours. Pourtant peu réputé pour sa rapidité sur le terrain, Le Ver savait apparemment conclure en un éclair…

UN FUTUR PRIX NOBEL DE LA PAIX

Trop freaky pour les sobres éperons, The Worm est envoyé chez les Chicago Bulls pour épauler leurs deux stars, à savoir le beau Scottie Pippen et surtout Michael Jordan ; pour son come back tant attendu dans la grande ligue. Rodman parvient à être canalisé par le coach Phil Jackson, alias « Zen Master », et les rouge et

Dennis Rodman est désormais davantage un homme de télévision qu’un sportif retraité, en témoigne sa présence permanente dans les talk shows et la real TV américaine. Mais notre héros a de multiples casquettes : son dernier fait d’armes a eu lieu sur le terrain politique.

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Delonte West Ancien meneur des Boston Celtics et des Cleveland Cavaliers, le problème principal de « Redz » est qu’il est médicalement cinglé. Toxicomane, arrêté en possession d’armes à feu, il tente environ tous les deux ans un come-back, non pas en NBA mais IRL. Et puis franchement, qu’un gnome pareil se soit fait suspecter d’avoir tiré sa chique avec maman LeBron James, accessoirement l’un des joueurs les plus puissants du championnat, le pauvre a visiblement perdu le nord…

TRONCHES DE VIE En homme conscient de la grave crise que traverse le monde qui l’entoure, The Worm a joué le rôle d’ambassadeur US auprès de… la Corée du Nord ! Considérant Kim Jong-un comme son ami et n’hésitant pas à cracher sur l’action politique de Barack Obama et d’Hillary Clinton en matière de politique extérieure, il a effectué plusieurs voyages dans la partie nord du Pays du Matin Calme pour négocier avec le rejeton du charmant Kim Jong-il. Bien évidemment, cet échec demeure nié en !

bloc par Dennis Rodman. Notons au passage que le bougre ne savait initialement pas qu’il existait une différence entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Mais passons sur ces détails, et arrêtons-nous à la vraie question : ! doit-il être placé, comme il l’indique, parmi les prétendants légitimes au Prix Nobel de la Paix pour son action exemplaire en Asie du Sud-Est ? Peut-être pas, mais toujours est-il que c’est notre Nobel à nous, Monsieur Dennis Rodman : un grand malade, il marquera l’Histoire…

J’y suis arrivée tard. Sans doute car je l’ai longtemps perçu comme un interdit lourd. Le porno c’était pour les ados en rut ou les vicelards finis à la pisse. C’était comme les putes : un catalyseur qui permet à des mecs paumés de se vider les couilles légalement, au lieu d’aller violer des gamines. Et le peu de fois où ma lubrique curiosité m’avait poussée à regarder timidement des extraits de scènes, j’avais refoulé avec force les minimes émois qui m’avaient effleurés. Sur l’écran, du faux, des fesses, des « fuck » et des flux. Entre les gros plans de testicules fouettant en rythme le derrière d’une blonde au regard vide et les cris de jouissance simulée de la nénette qui joue avec la substance de son partenaire, mon cœur balançait, jusqu’à l’écœurement.

culpabilité. Avant de me perdre dans les tubes, j’ai donc d’abord beaucoup lu sur la culture porn. La curiosité et l’ouverture d’esprit sont devenues mes meilleures amies quand, au détour des conversations, venait mon envie de dire que je matais du porn, mais pas celle d’avouer que j’aimais ça. En même temps, l’image globale du porno il y a encore peu c’était les meufs aux chattes épilées, aux seins refaits et aux faux ongles tellement longs que tu te demandes comment elles font pour ne pas équeuter leur(s) partenaire(s). Rien qui ne corresponde à ce que je vivais et ce que j’avais envie de vivre. Les plastiques parfaites, les performances acrobatiques, les scénarios chelous… Pas étonnant donc que beaucoup ne se sentent pas concernés par la représentation pornographique. Plus encore que d’être loin de la réalité, le porno est aussi à des kilomètres de ce que l’on essaie de faire entrer dans la tête des petites filles : une conception des relations sexuelles dans le respect mutuel, l’amour et la tendresse.

C’est finalement pour des raisons professionnelles que je m’y suis penchée, comme assistante de production d’un réalisateur qui se lançait dans la magnifique aventure du porn. Du beau porn. J’ai eu besoin d’intellectualiser ma démarche pour contrecarrer les plans démoniaques de ma

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ILLUSTRATION : ZELDA PRESSIGOUT

Sans coup de foudre ni passion, je me suis laissée charmer lentement par cette représentation fantasmée et fantasmatique de la sexualité qu’est le porno sur internet. Récit d’une rencontre.

Dépasser les jugements, déconstruire ses représentations de la sexualité et du désir, tenter de reconstruire son patrimoine sexuel est un travail de longue haleine. Et c’est avec force d’obstination que j’ai aimé le porno. A me perdre dans les tubes pour trouver ce qui me faisait vibrer, j’ai appréhendé et appris à aimer ces représentations crues de la sexualité.

jusqu’à la pénétration donnait une tension qui me fait encore de l’effet quand j’y repense. À force de chercher ce qui me retournait les ovaires, j’ai fait de mauvaises pioches évidemment, et d’autres qui valaient carrément le détour. J’en parlerai avec enthousiasme dans un prochain article. En attendant, je cherche encore mes limites et continue à me demander constamment où se trouve la barrière entre le hard et l’inacceptable, entre le vicieux et le malsain, entre le #teen rêvé et le #teen réel.

Je me rappelle encore de la première vidéo qui m’a fait casser un câble. La scène était filmée en POV - point of view, comme si le spectateur était le mec. On voyait juste une nana en short, pourvue d’un boule venu d’ailleurs, qui se frottait allègrement contre la troisième jambe du caméraman. Pas un bout de chair, pas une sécrétion. Juste ce mouvement, lancinant, répétitif, ce balancier, qui accélérait doucement jusqu’à l’orgasme. La suggestion, la retenue de ces deux personnes qui n’iraient pas

Et un jour peut-être, j’avouerai que je mate du porn parce que j’aime bien voir des filles se faire démonter. Curieusement vôtre, Bambi. 109

31 FEV

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