Plus qu’un traité de philosophie ou de théologie, L’Europe et la Profondeur doit être lu comme un « roman philosophique » – une enquête quasi-policière à travers la peinture, la littérature, l’histoire et la géographie, pour revenir à la source du destin de l’Occident. Celui-ci est pensé à partir de l’événement cardinal du départ du Christ et de la détresse en laquelle il plonge l’homme européen, cette détresse induisant notamment les catégories nouvelles d’espace et de temps qui régissent aujourd’hui le monde. Dans sa première partie (Espace et lieu), s’aidant d’une réflexion sur la perspective considérée comme une méditation en actes autour de l’Incarnation, il est montré comment l’espace moderne – c’est-à-dire celui où l’étendue prend le pas sur le lieu – se met en place, espace libéré par le retrait du Christ, ce « dieu qui se dérobe », et, en ce dérobement, déracine et désenchante.