La vie à Toulouse dans l’entre-deux-guerres

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JACQUES ARLET

LA VIE À TOULOUSE DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES

HISTOIRE LOUBATIÈRES


Ce livre n’aurait pas vu le jour aussi vite si sa rédaction, commencée en 1987, n’avait été stimulée puis grandement aidée par l’Exposition « Toulouse entre les deux guerres », remarquablement organisée et présentée en 2008, par notre Bibliothèque d’étude et du patrimoine. Son catalogue était aussi une grande réussite. J’ai pu ainsi profiter de l’érudition de ses commissaires scientifiques, en particulier de Claudette Peyrusse, qui a bien voulu me conseiller ; et de l’efficacité de ses commissaires généraux, en particulier de mon amie Marianne Miguet, et de Colette Exposito. Je les remercie très vivement. Et je veux dire un grand merci à l’administration de la Bibliothèque et à chacun de ceux qui ont réuni la documentation iconographique de l’exposition et m’ont autorisé à utiliser leurs belles images pour illustrer ce livre. D’autres images, en particulier des cartes postales, m’ont été prêtées par mes fidèles amis cartophiles, Jacques Sicard et André Hermet. Je les remercie une fois de plus, du fond du cœur.

Cet ouvrage est publié avec le concours du Centre régional des lettres de la Région Midi-Pyrénées Photographie de couverture Sur le pont suspendu en 1934 © Germaine Chaumel ISBN 978-2-86266-607-5 © Nouvelles Éditions Loubatières, 2010 10 bis, boulevard de l’Europe – BP 27 31122 Portet-sur-Garonne Cedex www.loubatieres.fr


Jacques ARLET

LA VIE À TOULOUSE DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES

Loubatières


Son importance passée et présente dérive avant tout de ce qu’elle a été longtemps la plus complète et la plus authentique des capitales régionales de la France et celle dont la vie a – jusqu’ici du moins – dépendu le moins de Paris. (Jean Coppolani, Toulouse au XXe siècle)


AVANT-PROPOS Vingt ans qu’est-ce que c’est ? Moins d’un quart de siècle ! Mais ces vingt ans-là, entre deux gigantesques catastrophes, ont pesé très lourd dans l’histoire, dans notre histoire, dans l’histoire du monde. Les événements se sont télescopés avec une vitesse progressivement accélérée au fil des années. Toulouse, une grande ville de France parmi d’autres, a résonné, plus ou moins fort, à l’annonce de ces événements. Elle a continué à vivre, aussi, et à grandir ; elle a contribué à créer de nouveaux progrès, de nouvelles connaissances, de belles machines, de beaux monuments, à susciter de belles énergies ! J’ai eu du mal à construire ce livre, peut-être à cause de l’accélération de l’histoire. Je n’ai pas pu ne pas tenir compte de la chronologie. Pour les fondations, c’était facile, bien qu’essentiel. Il fallait qu’elles soient solides, qu’on ne rechigne pas sur le béton, c’est-à-dire une documentation sérieuse, solide et importante. En l’occurrence, les annuaires et les archives, les journaux et les revues, les mémoires et les thèses, les articles et les bulletins, l’avis des témoins, ont été le bon béton de notre ouvrage, son fondement. Fondement est moins pompeux, pour un livre, que fondation et cela a plus de sens ; fondement veut dire aussi argument ; mon livre repose sur une argumentation tirée des faits décrits et interprétés par ceux qui les décrivent et les signent. Pour l’historien comme pour le policier, un fait n’existe que s’il a été vu. Au lecteur de faire ses commentaires. Je donne les miens, de temps à autre, quand je me relis ! Je me relis souvent. Sur ces fondations, j’ai construit trois étages. Chaque étage correspond à une municipalité, celle de Feuga, celle de Billières, celle d’Ellen Prévot. Chaque étage comprend tout ce qu’il faut pour y vivre, municipalité, ateliers, magasins, facultés, 5


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théâtres, librairies, buralistes, etc. comme dans les tours gigantesques de l’avenir. Promenez-vous y. Bien entendu, je n’ai pas épuisé le sujet et j’ai fait des choix. Certains événements locaux m’ont paru plus intéressants et plus amusants que d’autres, et je ne voulais pas trop vous ennuyer. Vous aurez le droit de me critiquer !


INTRODUCTION Ce fut un long armistice, en tout cas pour les Allemands, pour beaucoup trop d’entre eux qui pensèrent à la revanche 1 et la préparèrent, dès le lendemain de Rethondes 2 ! Chez nous, ce furent vingt ans de reconstruction, un gros travail, efficace et souvent brillant, mais au milieu de vingt ans de deuil et de commémorations. Eh oui ! Si certains veulent oublier à tout prix et noyer le chagrin… des autres, dans les cocktails, la blanche et le charleston – c’est un privilège de Parisiens et de Parisiennes argentés –, presque tous travaillent. Comment faire autrement, il y a tant à faire, et cela aide à ne pas pleurer ! Ils travaillent à construire et à reconstruire. On construit des milliers de monuments aux morts et d’ossuaires 3 pour ne pas oublier, on construit des dizaines de navires de plus en plus gros, navires transatlantiques et navires de guerre, des centaines d’avions de plus en plus perfectionnés, des milliers d’automobiles de plus en plus rapides 4, de nouvelles usines, de nouvelles mines. On reconstruit des villes entières, écrasées sous des milliers de tonnes de bombes, Reims par exemple. Pendant ces vingt ans, on n’a peut-être pas fait de grandes découvertes, mais on a fait des progrès techniques formidables à partir des grandes découvertes de la Belle Époque et la France y a pris une grande part. Le génie artistique et littéraire de notre pays renaît aussi, crée des personnages, invente des styles, suit des modes dont certaines viennent d’Outre-Atlantique, car on commence à prendre l’habitude de copier les Américains et ça ne nous passera pas de si tôt ! Les Arts Déco font suite à l’Art Nouveau, sans rupture, quoi qu’on ait dit et malgré la guerre. En 1925 à Paris, on inaugure l’Exposition internationale des Arts Décoratifs qui fixe un style, en quelque sorte et c’est ce style-là, et pas un autre, qui dominera 7


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l’architecture européenne de l’Exposition universelle (ou internationale des Arts et Techniques) de 1937, à Paris 5. C’est bien; quand ça dure un quart de siècle, ce n’est plus une mode c’est un style. Il est plus difficile de suivre les bourgeonnements et les arborescences les plus divers où se découvrent ou se perdent les peintres et les sculpteurs. Tandis que les salons parisiens et les galeries provinciales exposent des œuvres sages mais parfois ennuyeuses et sans génie, d’autres plus géniaux ou plus fous, comme Picasso ou Giacometti, continuent à chercher et à trouver ! On pourrait dire la même chose de la littérature. Il y a la sage, il y a la folle : entre les deux guerres, les inventeurs fous furent les surréalistes. On ne manque pas de travail, on manque d’ouvriers, tous ceux que l’on pleure (un million trois cent mille tués par la guerre) et les millions de blessés, d’infirmes et d’éclopés à vie. Les émigrés sont les bienvenus, on organise leur installation, en accord avec les autorités de leur pays, comme cela s’est fait pour les mineurs polonais. Et pourtant le chômage s’est installé chez nous comme dans les autres pays développés, à partir des années trente ! On en reparlera. Il faudrait, peut-être aussi, se décider à faire un peu plus d’enfants ! Nous nous sommes arrêtés d’en faire après la guerre de 1870 6, alors que les Allemands et les Anglais continuaient à entretenir une croissance démographique bientôt dangereuse pour nous : en 1914, les Allemands étaient presque deux fois plus nombreux que nous !! Sans nos alliés russes, nous étions écrasés, comme nous le serons en 1940. En avril 1925, Le Télégramme annonce que la population allemande a progressé de 2 millions en 3 ans et qu’ils sont 63 millions ! On l’a oublié. La vie l’emporte et notre population augmente aussi, mais il y a ceux qui pensent que ce n’est pas la peine de faire des enfants pour qu’ils partent en guerre à leur tour, pour souffrir autant qu’ils ont souffert eux-mêmes et pour se faire tuer ! Cet argument, bien triste et suicidaire mais bien compréhensible, n’est pas seulement à usage individuel, il est exprimé du haut de certaines tribunes pacifistes. Car on parle de paix, et comment ne pas en parler. En politique, les affaires extérieures étaient dominées par les questions de désarmement, de réparations, de dettes et de paix. On crée 8


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et on réunit de très nombreuses commissions d’experts, puis de fréquentes réunions d’hommes politiques responsables, de préférence au bord d’un lac suisse ou italien, pour signer des protocoles et des traités sans avenir. Nous avions notre apôtre de la paix, Aristide Briand, au prénom grec. Il fut 20 fois ministre, 11 fois président du Conseil et une fois prix Nobel de la paix en 1926 ! et certes un infatigable défenseur de la paix et certainement de bonne foi. Il est même arrivé à faire signer, à tous les pays qui avaient pris part à la guerre, le 27 août 1928, au Quai d’Orsay, un pacte de renonciation à la guerre ! Allemagne comprise ! Faisons un rêve ! En réalité, pour nous, la priorité était d’assurer notre sécurité, d’autant que nos deux voisins essentiels, étaient tous deux nos ennemis héréditaires – même si l’Angleterre, avait mis de l’eau dans son whisky – et ni l’un ni l’autre ne croyait vraiment à cette agitation en faveur de la paix et du désarmement. En Allemagne, même avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, les généraux ne songeaient qu’à reconstituer une armée puissante 7 et, à partir de 1934, l’Europe a assisté – assisté est le mot juste, car Hitler ne s’en cachait pas – à un accroissement exponentiel, bientôt formidable des capacités guerrières de son pays qui apportait, jour après jour, la preuve qu’il ferait la guerre comme il l’avait écrit dans Mein Kampf 8, malgré les déclarations apparemment apaisantes dont il parsemait ses discours furieusement agressifs. Et il y affichait son antisémitisme : « On nous qualifie d’antisémites tapageurs, c’est parfaitement juste ! » Quant aux Anglais, ils voulaient bien que les autres désarment à condition qu’ils gardent leur supériorité navale, que leur Navy reste la plus puissante du monde et qu’ils puissent poursuivre sans être dérangés « l’organisation d’une formidable armée aérienne » (commandant Hautebray, Le Télégramme du 31 mai 1925). D’un autre côté ils n’étaient pas mécontents que les Allemands réarment pour maintenir l’équilibre entre la France et l’Allemagne, équilibre nécessaire à leur tranquillité d’esprit! Nous étions les seuls, en vérité, à faire de sérieuses et honnêtes propositions de désarmement ! Je relève cette constatation exprimée, le 9 mai 1933, dans une lettre à un ami par M. Dovgolevski, ambassadeur de l’URSS en poste à Paris et délégué à la conférence du désarmement ; il était 9


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francophile et probablement un homme de bonne foi : Cette conférence sur le désarmement, écrit-il, « qui a pour besogne la plus noble tâche qui puisse être imaginée […] au lieu d’agir, de prendre des décisions, de décréter, piétine sur place et procède à des palabres […] Je n’ai pas de quoi être fier. » C’était ainsi, désolant certes, d’autant plus que nous ne pouvions pas nous offrir le luxe de ne pas entretenir notre entente cordiale avec les Anglais et ce n’était pas facile 9 : nos dirigeants allaient à Londres tous les trois mois pour le faire et demander les consignes ! Parlons-en, de nos dirigeants. Ceux qui ont eu, le plus souvent, la charge de la politique de la France, sont pour la plupart des intellectuels brillants, voire des normaliens. Ce sont aussi, souvent, des radicaux ou des radicaux-socialistes. Au lendemain de la première guerre mondiale, en novembre 1919, nous avons élu une chambre de droite, mono bloc, le bloc national, bleu horizon (419 sièges contre 195 à la gauche). En 1936, à la veille de la deuxième, nous avons eu un gouvernement d’union des gauches à direction et majorité socialiste, sous le nom de Front populaire. En janvier 1920, la présidence du Conseil a été confiée à Alexandre Millerand, ancien ministre de la Guerre qui était considéré comme un homme d’autorité, si bien qu’après la démission de Deschanel en septembre, il était élu sans problème président de la République; et Georges Leygues, centriste (RDG), le remplaçait à la tête du gouvernement… pas pour longtemps ! Car dès janvier 1921, Leygues était remplacé par Aristide Briand qui sera lui-même remplacé, un an plus tard, par Raymond Poincaré… Ce jeu des chaises musicales se poursuivra pendant ces vingt ans, rendant toute action de fond bien difficile. La Chambre est souveraine et en abuse; comme par caprice, elle renverse le gouvernement auquel elle a donné sa confiance un mois, voire un jour, auparavant ! Il y aurait lieu de réformer nos institutions, on y pense, certains, comme Tardieu, font des propositions mais ils n’ont ni l’énergie, ni les moyens pour le faire. Autre exemple, il faudrait tout faire pour empêcher le réarmement allemand, mais aucun de nos hommes politiques, sauf peut-être Raymond Poincaré, n’a le courage d’en faire une priorité. Comme l’écrira Léon Daudet : Les majorités issues des boîtes n’autorisaient que l’inaction chronique. 10


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Événement politique important, le congrès du parti socialiste (il n’y avait pas encore de parti communiste français), à Tours, en décembre 1920. Il aboutit à la scission des socialistes. La question essentielle était : le parti devait-il s’aligner sur la révolution bolchevique et la IIIe Internationale comme le réclamaient Frossard et Cachin, qui revenaient, apparemment enthousiasmés, de Moscou ? Oui, répondit la majorité qui formera le Parti communiste français et gardera L’Humanité : non, dit la minorité sur la motion de Blum et Paoli : ils formeront le parti socialiste, SFIO, et garderont Le Populaire. La division affaiblit, mais le refus d’accepter la tutelle bolchevique fut lucide, courageux et finalement payant, car le parti socialiste devint un parti de gouvernement, ce que ne fut jamais, officiellement, le parti communiste. Autre événement majeur en France: le 6 février 1934. Ce n’est qu’un aboutissement… ou un commencement ! mais décisif. Depuis plusieurs mois, la grogne et l’agitation dans la rue se sont installées dans le pays, face à la détérioration de la situation économique et sociale, aux scandales financiers où sont mêlés des politiques, au manque de lignes directives volontaristes des gouvernants. Le 6 février 1934, le couvercle saute. C’est un terrible face à face, place de la Concorde. D’un côté les anciens combattants dont beaucoup ont été regroupés par le colonel de La Roque, et des étudiants de droite (Jeunesses patriotes), de l’autre les gardes mobiles chargés de protéger la Chambre des députés, le symbole de la République, mais d’une république éclaboussée par les scandales financiers et dont les chefs ne savent que faire. Résultat : une imbécile et tragique fusillade ; 16 (ou 19) morts et 655 blessés du côté des manifestants (Amouroux), c’est beaucoup, c’est beaucoup plus qu’une bavure. Et le 9 février, sur la même place de la Concorde, riposte socialo-communiste par une grande manifestation. Même affrontement avec les forces de l’ordre : neuf morts ! Daladier, un des chefs des radicaux, alors président du Conseil depuis quelques jours, démissionne. Le président de la République, Albert Lebrun, appelle au secours son prédécesseur, Gaston Doumergue, retraité à Tournefeuille 10. Doumergue bricole, comme il peut, un ministère de salut public avec le maréchal Pétain comme caution et rassure les Français avec « ses causeries avec le peuple de France », bien sympathiques ! Il dit gentiment 11


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qu’il faut que ça change, mais il ne change rien ; il demande que l’on oublie les différends, les luttes politiques et que l’on s’unisse, mais il ne dit ni sur quoi ni comment ! Cette union – partielle – se fera sans lui à l’instigation des communistes qui pratiquent 11 l’opération main tendue aux socialistes et aux radicaux, et poussent à la réalisation d’un front commun, au nom de la lutte contre le fascisme. Malheureusement, cet antifascisme n’avait pas comme cible principale la dictature la plus redoutable, le nazisme. Et la pire des choses arriva, une deuxième guerre mondiale. Elle était devenue inévitable parce que Hitler la voulait et qu’on ne le croyait pas, parce qu’il était devenu le plus fort en peu d’années, sans que personne ne s’y opposât vraiment et que les efforts des pays vainqueurs de la première guerre pour maintenir la paix furent mal concertés et irréalistes, et aussi, que dans notre pays les efforts financiers nécessaires pour assurer notre défense en cas d’agression ne furent jamais votés par les chambres avant 1936.


première partie

1920-1925 LA FRANCE ET TOULOUSE APRÈS LA VICTOIRE Deuil et commémorations. Paix et réparations. Après avoir passé l’année 1919 à ficeler le traité de Versailles, on s’occupe maintenant des choses de la maison. C’est le moment de changer de président de la République. Clemenceau pensait que ça lui revenait de droit, opinion peu démocratique ! Le Congrès n’a pas retenu cette prétention, il l’a senti et s’est retiré de la course, un peu amer, le 17 janvier 1920. On a choisi Deschanel, homme distingué, qui avait fait preuve dans ses fonctions de président de la Chambre des députés, d’une sagesse, d’un équilibre et d’un sang-froid estimables et que l’on croyait pérennes. Hélas, hélas, quatre mois plus tard, il quittait son wagon de chemin de fer sans permission 12 et ces belles qualités sombraient dans une irrémédiable démence. Après lui, le 23 septembre 1920, le Congrès élira Millerand qui était président du Conseil depuis le mois de janvier. Mais, lui non plus ne dura pas. Il ne supportait pas d’être un président potiche, uniquement occupé à inaugurer les foires expositions. Il prétendait diriger la politique 13. Inadmissible ! voici une autre forme de folie disent les députés. Il démissionna lui aussi, et fut remplacé, en 1923, par Gaston Doumergue, qui connaissait et respectait les règles du jeu. Enfin, maintenant que la paix est signée, on va s’occuper de la maintenir 14 – ce qui, déjà, n’était pas évident –, à discuter du désarmement des grandes puissances à commencer par l’Allemagne – c’était dans le traité qu’elle avait signé – à obtenir qu’elle paye les réparations. La SDN, la Société des Nations 13


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que l’on venait de créer en même temps que l’on signait le traité de Versailles, était chargée des tâches dont je viens de parler. Les plus pessimistes, ceux qui annonçaient dès 1923, comme le maréchal Pétain 15, comme plus tard le maréchal Foch, que les Allemands préparaient la revanche, avaient malheureusement raison. Et ces Allemands avaient un chancelier socialiste et Hitler n’avait encore levé que son petit doigt. Je lis dans Le Télégramme, quotidien toulousain, du 4 janvier 1925, que les Anglais reconnaissent que « l’Allemagne est redevenue une grande puissance militaire ! ». Le plus grave est que les Anglais trouvent ça normal. Mais, ça ne les empêche pas d’augmenter leur budget militaire à 110 millions de livres, dont 21 pour la RAF (trois fois plus que chez nous) (février 1925). En 1925, on ne peut pas, non plus, ne pas regarder plus loin vers l’Est, vers « l’empire » des Soviets. C’est déjà une superpuissance, tenue par un groupe d’autocrates. Ils sont trop nombreux et en particulier on dit qu’entre Trotski et Staline c’est la lutte pour le pouvoir suprême. On sait que Staline gagnera. Revenons chez nous. Jeanne d’Arc est canonisée à Rome en mai 1920 et la Chambre est bleu horizon, nous dit-on. C’est possible, mais le gouvernement que Millerand a formé, en janvier 1920, est plutôt « violet » avec Steeg à l’Intérieur et Albert Sarraut 16 aux Colonies. À Toulouse Le Télégramme, journal du centre, n’est pas content de ce « gouvernement de gauche ». En 1924, à la suite des législatives, les radicaux reprennent le pouvoir en formant le Cartel des Gauches, en s’alliant avec les socialistes. Cette alliance est contre nature, et plutôt molle, si bien que les socialistes bien que non représentés au gouvernement mènent le jeu à leur gré, et font tomber le gouvernement quand ils veulent. Il y a beaucoup à faire : le deuil, les commémorations, puis la réadaptation, la lutte contre la vie chère et les reconstructions dans toute la France du Nord sur laquelle on s’est battu pendant quatre ans et que les Allemands ont occupée pendant ces mêmes années. À Toulouse, la guerre a laissé moins de traces ; plus que de reconstruction, Toulouse a besoin de constructions nouvelles, 14


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après cinq ans de stagnation dans son développement, car tout alors était dominé par la guerre ! Pendant la guerre, ses activités industrielles principales étaient la Cartoucherie, ville dans la ville, quarante hectares où travaillaient près de 15 000 personnes, la Poudrerie, autre ville dans la ville où plus de 30 000 personnes fabriquaient de la poudre à canon, et l’usine Latécoère qui fabriqua d’abord des milliers d’obus, puis des centaines d’avions. Les événements de la politique extérieure, les travaux des commissions internationales ont moins d’impact sur le lecteur toulousain que sur le Parisien. On a pourtant l’œil fixé sur l’Allemagne et les journaux, en particulier les journaux de centre droit comme Le Télégramme, dénoncent, jour après jour, à la « une », les tricheries du gouvernement allemand qui recrée, en douce, une armée et la réarme ! Et qui refuse de payer les réparations décidées par le traité de Versailles. Le chancelier Streseman fait des sourires mais il ne nous paye pas. Poincaré, président du Conseil, lorrain combatif, se fâche et fait occuper la Ruhr. La deuxième préoccupation majeure, c’est la vie chère. La guerre nous a ruinés 17. Le franc a fondu ainsi que les économies, qu’elles soient dans la lessiveuse ou sous le matelas… Les prix de base ont été multipliés par six ou sept. Il va falloir faire avec. Heureusement il y a le rugby ! et le Stade Toulousain y est maître. Tous les journaux toulousains, ainsi que les hebdomadaires, consacrent plusieurs colonnes à ce sport passionnant ; à défaut de photos des joueurs, Le Télégramme, par exemple, en présente des caricatures. Heureusement il y a les spectacles, le théâtre, surtout l’opéra. Il continue à être joué aux Variétés car la salle du Capitole a flambé en 1917 ! Il est d’ailleurs maintenant urgent de la reconstruire. Et puis il y a le cinéma qui prospère, les salles de cinémas qui se multiplient au détriment des théâtres. Toulouse est une ville étonnante où chaque année les décès l’emportent sur les naissances et dont, pourtant, la population augmente chaque année. Sa population a triplé en un siècle et demi : 58 000 habitants en 1790, 175 000 en 1921. Toulouse aurait dû disparaître. Sa survie et sa richesse c’est 15


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son pouvoir d’attraction, elle attire les gens de l’extérieur, de toutes les provinces voisines et des pays proches, espagnols et italiens surtout. En 1919, une nouvelle municipalité va prendre en charge les problèmes et la façon d’être et de vivre de cette ville, toujours jeune et renouvelée, mais toujours marquée par des traditions puissantes. À Toulouse, en 1919, on ne vote pas à droite, bien qu’il y ait un petit virage, un petit clin d’œil vers la droite ; on se contente de redonner la majorité aux radicaux contre les socialistes de Jean Rieux, maire sortant. La municipalité est en majorité radicale mais avec une ouverture à droite. Deux républicains modérés sont au conseil, deux juristes, Amilhau, avocat à la cour et Thomas, professeur de droit. Mais le conseil élit comme maire, un radical pur jus M. Paul Feuga (18631939). I. LA VIE MUNICIPALE Qui est Paul Feuga ? Paul Feuga est un vrai toulousain, né rue Saint-Rome. C’est un radical, protégé par La Dépêche, mais très peu socialiste ; d’ailleurs il n’en a pas dans son conseil et il est opposé à la lutte des classes. Il s’est exprimé clairement à ce sujet à l’occasion de revendications salariales des employés du gaz. Il s’est entremis, pour éviter un conflit, et en reconnaissant que ces revendications étaient légitimes, il a ajouté : « Nous défendons les intérêts du capital et les intérêts du travail, nous sommes de ceux qui pensent qu’il faut que le capital travaille et que le travail capitalise, nous voulons l’union des classes et non la lutte des classes. » C’est une formule assez heureuse, dite avec humour ! Il est franc-maçon, mais il n’est pas sectaire et ne fera rien contre l’église. C’est un homme habile et chaleureux, un bon politique, un serreur de mains, ce qu’on appelle ici un toco manete, il y en eut d’autres. Il est érudit, il aime l’histoire et la musique. Il a écrit des ouvrages sur Riquet, le créateur du 16


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canal du Midi et sur Louis Deffès, le compositeur de La Toulousaine, l’hymne national des Toulousains. Les problèmes financiers La première urgence de cette municipalité est de mettre de l’ordre dans les finances de la ville et de trouver de l’argent. La mairie est endettée jusqu’au cou. « La dette est énorme » s’écrit M. Galinier, conseiller municipal, en janvier 1920. La municipalité précédente, socialiste, présidée par M. Jean Rieux, a laissé une ardoise de plus de trois millions. Il faut trouver de l’argent et ce même Galinier ajoute que si l’on pouvait demander le classement de Toulouse parmi les « stations de tourisme et de pèlerinage artistique » on pourrait frapper les visiteurs d’une taxe juteuse ! En attendant, on va relever les tarifs de l’octroi. Ah ! L’octroi, il faudra bien le supprimer un jour ou l’autre, son maintien est contraire aux principes de la gauche. Le gouvernement a autorisé sa suppression et a engagé les grandes villes à la faire, mais par quoi remplacer cette source essentielle de ressources ? En août 1920, le conseil municipal crée quelques taxes supplémentaires… sur les pianos, les phonographes, les domestiques, les automobiles et l’enlèvement des ordures et bientôt sur les balcons ! Va-t-on taxer les balcons des fenêtres murées depuis 1840, depuis les impôts sur les portes et les fenêtres ? C’en est fini de la stabilité légendaire du franc germinal et de la force du franc or. Les prix des aliments et ceux des matériaux ont été multipliés par cinq ou six. Le prix du travail s’est élevé parallèlement et, aussi, parce que la loi du 24 septembre 1919 a réduit le temps de travail à 8 heures par jour. Le prix du pain – c’est un prix de référence – est décidé par arrêté municipal. En juillet 1921, il est fixé à 1 franc 10 le kilo, mais la flûte de 700 grammes vaut 1 franc. Et la mairie va être obligée d’accepter et d’arbitrer une augmentation du prix du gaz ainsi que celui du ticket de tramway, décisions éminemment impopulaires. En mai 1920, elle 17


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Un bus de la STCRT devant Saint-Sernin.

accepte l’augmentation du prix du gaz, après une longue et dure discussion, mais en demandant à la Société Lyonnaise des Eaux et de l’Éclairage, qui le distribue, d’assurer une meilleure et constante qualité du gaz. La municipalité se réserve le droit d’en faire un contrôle régulier. Le prix des places de tramway est un sujet sensible car les ouvriers sont souvent obligés de se déplacer, loin de chez eux, pour aller à leur travail, et, aussi, parce que c’est une compagnie privée et qu’on estime qu’elle gagne beaucoup trop d’argent sur le dos des travailleurs ! Ce qui ne semble pas vrai en ce moment, car elle perd, dit-elle, beaucoup d’argent ! Quoi qu’il en soit, on décide d’une augmentation de près de 50 % du prix du ticket. Les relations entre la municipalité et la société des tramways sont depuis longtemps conflictuelles. Il est loin le temps ou le maire – c’était Honoré Serres – et Firmin Pons partaient, la main dans la main, visiter les capitales voisines déjà pourvues d’un tramway électrique, pour étudier leurs installations 18. Et depuis vingt ans, il y a au conseil municipal des partisans de la prise en charge des tramways par la municipalité, par la création d’une régie. C’est pour cela qu’on est très mécontent que la Société des Tramways et Omnibus F. Pons ait changé d’appellation et se soit appelée Société des 18


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transports en commun de la région toulousaine, sans autorisation. Elle n’en avait pas le droit. En fin de compte, et pour régler les comptes, M. Feuga est obligé de faire un emprunt ; on l’appellera, pudiquement, un emprunt de liquidation. mais il permettra aussi de faire des investissements pour l’avenir, car on a prévu de faire construire des écoles et d’aménager l’usine électrique du Ramier du château. Donc, le rapporteur, M. Galibert, estime nécessaire un emprunt de 9,8 millions. L’emprunt est voté lors des séances du conseil municipal des 15 et 30 juin 1921. La situation financière ainsi épurée, on pourra établir un projet de budget raisonnable. Le 16 février 1922, M. Thomas, professeur à la Faculté de droit, conseiller municipal, présente un projet de budget équilibré avec des recettes et des dépenses de 25,6 millions de francs. Il y a cent ans, la municipalité tournait avec un million de francs or, et avant 1914 avec cinq ! En février 1924, lors de la présentation du budget, on réalise que le personnel coûte trop cher 19 : 12,3 millions au lieu de 9,7 millions en 1923, soit près de 40 % du budget de la ville. Malgré les difficultés financières, le conseil décide d’acheter le collège de l’Esquile (qui était devenu, ensuite, un petit séminaire) pour y installer les services économiques de la mairie. Son achat était prévu depuis 1908, coût: 22000 francs. La Mémoire, les monuments aux morts Pendant ces années d’après guerre, chaque village de France élève, en face de la mairie, un monument aux morts, sur lequel sont inscrits les noms des enfants de la commune morts à la guerre, pour la France. Les sculpteurs ne sont pas au chômage. Ce rappel permanent de la guerre, de son carnage, sera-til l’aiguillon quotidien qui incitera chacun à tout faire pour qu’une telle hécatombe ne se reproduise plus ? Plus jamais ça ! À Toulouse, le conseil général de la Haute-Garonne et le conseil municipal ont décidé d’élever un grand monument pour toutes les victimes de la Haute-Garonne. Il doit être érigé au début des allées Alphonse-Peyrat (aujourd’hui Fran19


çois-Verdier). La participation financière de la ville sera de 250 000 francs. Aussitôt s’élève la voix des admirateurs de Bourdelle. Dans Le Travail du 6 février 1920 à la rubrique Les Arts, celui qui signe Le Pompier 20 estime qu’il y aurait une malhonnêteté profonde à confier l’exécution du monument de Toulouse à un autre qu’à Bourdelle. Il y en a d’autres de son avis, mais il y a des oppositions vigoureuses comme celles exprimées par J.R. de Brousse, déjà sur tous les fronts. Il s’en suivra une querelle par articles interposés pendant plusieurs mois ! Finalement un concours est ouvert par le conseil général. Les maquettes correspondantes aux projets furent exposées dans les salons du Palais des arts. Le Pompier est allé les voir le jour où le jury fit son choix préterminal de trois candidats encore anonymes. Il écrit qu’il aurait été bien embarrassé de choisir et il ajoute : la décision de bon sens est de distribuer 3 000 francs à chacun des lauréats et d’adresser la commande à Bourdelle (!). Le projet d’Abbal, un des trois finalistes, était un arc de triomphe en briques, avec une frise de pierre sculptée de bas-relief racontant la guerre. Le conseil préfère un vrai architecte pour le monument lui-même et choisit Léon Jaussely (1875-1932), architecte en chef des PTT; il propose aussi un arc de triomphe, mais tout en pierre. Les trois finalistes, Abbal, Moncassin et Raynaud se contenteront de le décorer ! 20


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Abbal, en particulier, sculptera, en taille directe, les bas-reliefs de la frise d’entablement. Le monument, une fois dévoilé, fut très critiqué! On regrettait qu’il bouchât la perspective de l’allée, on le trouvait laid ! Les critiques les plus nombreuses et, peut-être, les plus appropriées s’adressaient à la Victoire ailée de Camille Raynaud. Cette femme nue, ailée, avec de gros seins et un gros ventre, suscita la réprobation indignée des anciens combattants 21 ! Ils réclamèrent sa destruction, il y a eu de longs débats, mais la Victoire, tout ailée qu’elle fut, ne s’envola pas. Cependant Toulouse se devait aussi d’honorer ses propres morts. Cette intention avait été présentée, dès 1915, au conseil municipal par M. Bedouce avec un projet de monument à construire dans le nouveau cimetière. En effet, en 1909, le conseil municipal avait décidé l’agrandissement du cimetière de Terre Cabade au-delà du chemin de Caillibens 22. Cet agrandissement fut réalisé, en 1916, quand il fallut inhumer les morts de la guerre. En 1920, le monument fut mis au concours : le projet de M. Isidore fut retenu et les travaux commencèrent en 1923 ; le monument fut inauguré le 11 novembre 1926. Il est installé à l’entrée du cimetière de Salonique 23, c’est une galerie à colonnade, en arc de cercle, de vingt-huit mètres de long et de sept mètres de hauteur. Sur le mur de la galerie sont inscrits les noms des 5211 enfants de Toulouse morts pour la patrie ! Cependant, dès le mois de février 1920, la ville est sollicitée par le comité du quartier Saint-Aubin qui veut son monument et demande une subvention pour son érection. Alors ! si chaque quartier de Toulouse en veut un, où allons-nous ? Et c’est ce qui arrive, les demandes se multiplient ; trop c’est trop ! Mais que faire, freiner un peu ? En janvier 1921, le conseil décide que leur construction sera autorisée sous réserve d’un passage devant une commission municipale pour en contrôler l’esthétique! Et puis, il faut de l’argent pour construire ces monuments, aussi plusieurs quartiers vont en faire un ensemble – et je fais un bond en avant pour vous annoncer que les quartiers de Bounhoure, Guilheméry, Griffoulet et Moscou attendirent leur monument jusqu’en juin 1933 ! 21


la vie à toulouse dans l’entre-deux-guerres

Les grands travaux d’utilité publique La distribution de l’eau Depuis 1913, on n’utilise plus les installations de la prairie des filtres. Cependant, il faut consolider, sinon reconstruire, la galerie d’amenée des eaux des sources de Clairfond et de Portet vers le château de Bourrassol à partir duquel elles sont distribuées à la ville. Il y en a pour 70 800 francs, à devoir à la société anonyme des Travaux de ciment de Grenoble (juillet 1922). Quand il y a des excédents d’eau, ils sont stockés dans les réservoirs de Périole, Saint-Sylve et Guilheméry qu’il faut entretenir et qui ont une capacité totale de 43 000 m3. Cependant, avec l’augmentation du nombre des habitants et de leurs besoins, la distribution est insuffisante. En février 1924, on fait le point. On distribue 36 000 m3 par jour, mais ce n’est pas assez. Les consommateurs demandent plus, il faudrait 50 000 m3. Le projet est de prélever l’eau de la Garonne, en bas des coteaux de Pech-David. Un devis a été fait : il est adopté ; mais c’est la prochaine municipalité qui l’exécutera. L’énergie électrique La Garonne a été pendant des siècles la source essentielle d’énergie pour la ville de Toulouse. Cela, grâce à deux chutes d’eau, deux chaussées, construites à l’entrée et à la sortie de la ville. Cette puissante énergie hydraulique, urbaine, a permis l’installation d’industries prospères, en particulier de minoteries, dont la farine était réputée et distribuée dans l’Europe entière. C’est encore à la Garonne que Toulouse doit sa première électricité. Car depuis quelques années (nous sommes en 1920) on sait transformer la puissance d’un torrent ou d’un fleuve en électricité et depuis un quart de siècle nul ne peut ignorer que l’électricité sera la force énergétique de l’avenir. Les Pyrénéens en profitent. Entre 1918 et 1939, plus de 70 usines hydroélectriques ont été implantées dans notre région. Grâce à la volonté du directeur de la Compagnie des 22


la france et toulouse après la victoire

L’usine hydro-électrique du Ramier, vue depuis l’usine des gadoues.

chemins de fer du Midi et à l’installation de barrages dans les Pyrénées 24, le train, désormais, roulera à l’électricité, dans notre Sud-Ouest; c’est pratiquement fait en 1925 et la Compagnie du Midi est pionnière en Europe dans ce domaine, avec la Suisse. Il faut dire que l’opinion publique était tout entière favorable au développement et à la diffusion de l’électricité, et les agriculteurs étaient les premiers à la réclamer. Avant la Compagnie du Midi, à Toulouse, une société privée avait décidé d’utiliser la force motrice de la chaussée du Bazacle pour produire de l’électricité. « Dès 1888, écrit Coppolani, la société Toulousaine du Bazacle pensa utiliser, à la production d’énergie électrique, la chaussée du Bazacle, refaite en 1719 en maçonnerie, devenue alors perpendiculaire au courant avec une longueur réduite à 250 m. Elle installa à côté du vieux moulin, une centrale qui n’alimentait d’abord que 350 lampes à arc de l’éclairage public, puis assura l’éclairage domestique dans le centre de la ville. » En amont, dès 1916, on a songé à utiliser la chaussée du Ramier du château pour faire de l’électricité. Et cela, à la demande du ministère de la Guerre qui va avancer les fonds, près de 8 millions. Mais, il était entendu que la production d’électricité de l’usine serait mise à la disposition de l’armée jusqu’à la proclamation de la paix. Donc, en octobre et novembre 1916, le conseil municipal décida de construire cette usine 23


LA VIE À TOULOUSE DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES JACQUES ARLET Après avoir raconté la vie à Toulouse à différentes époques de son histoire dans des ouvrages qui font aujourd’hui référence, Jacques Arlet se penche sur l’entre-deux-guerres. Ces deux décennies qui commencèrent dans la joie de la paix retrouvée et finirent dans la crainte de la guerre prochaine. Mêlant son érudition à sa verve coutumière, il présente dans ce livre un panorama complet de la ville pendant cette période : la vie politique municipale, de Paul Feuga à Étienne Billières ; la vie industrielle et commerciale, avec les débuts de l’aviation, la création de l’ONIA ou encore la Violette de Toulouse ; la vie culturelle et scientifique avec les universités, l’Observatoire du Pic du Midi ; les arts et les spectacles ; la vie quotidienne des Toulousains, enfin, l’arrivée de la TSF, la pratique du ski et, encore et toujours, les embarras de la ville…

ISBN 978-2-86266-607-5

25€

www.loubatieres.fr

Jacques Arlet a déjà publié La Vie à Toulouse sous LouisPhilippe 1830-1848, Le Second Empire à Toulouse 18511870 et Toulouse à la Belle Époque 1890-1910.


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