FRANÇOIS LEGENDRE JEAN RAMIÈRE
la Nature en Languedoc-Roussillon
FORÊTS * EAUX * VILLES * LACS MONTAGNE * PLAINES * COTEAUX FAUNE
* CAUSSES * PLANTATIONS SANSOUIRES * ZONES HUMIDES GARRIGUES * LAGUNES * VIGNES TORRENTS * RIVIÈRES * PARCS ÉTANGS * FALAISES * COLLINES FLORE * VILLAGES * MAQUIS… L
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LITTORAL ET MER le contexte en Languedoc-Roussillon
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dunes et arri猫re-plages
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la c么te rocheuse
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la haute mer
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prospective
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LITTORAL ET MER 152
dunes et arrière-plages Cap d’Agde (34). Espace dunaire où les ganivelles en bordure de plage permettent de protéger des piétinements la végétation qui s'installe sur la dune blanche.
La plage de l’Espiguette au Grau-du-Roi (30), présente un des plus beaux ensembles de dunes du littoral régional.
Face aux vagues, la plage se pare de diverses laisses de mer, algues et débris de bois auxquels se mêlent brisés, coquilles et carapaces diverses, certaines encore aiguisées et colorées, d’autres déjà émoussées par l’usure des grains de sables et de l’eau salée. Derrière cet amas se dessinent doucement les premières courbes d’une dune dont le sable meuble a conservé les traces de l’escapade nocturne d’un habitant discret. Telle une légère calligraphie, la piste serpente dans le substrat
granuleux et disparaît dans une touffe d’oyats au sommet de la dune. C’est ici l’une des plantes dominantes, particulièrement bien adaptée à cette vie précaire et ce milieu toujours en mouvement. La dune dite « blanche » est en effet mobile, sculptée par les vents, déplacée au gré de leur souffle. Débarrassée de son sel au fil de sa croissance, elle constitue un habitat moins hostile que la plage, mais demeure particulièrement fragile. Sa structure non stabilisée la rend sensible à tout bouleversement. Le piétinement lourd de milliers de visiteurs représente l’effet d’un bulldozer, accentuant brusquement le travail de grignotage mené par la mer elle-même. Le mécanisme de formation et de maintien des dunes est étroitement dépendant de la végétation qui colonise ces monticules de sable. Les racines maintiennent les grains ; la strate végétale contribue à créer des conditions différentes, permettant l’enrichissement par des matières organiques nouvelles, elles-mêmes favorables à l’implantation de nouvelles espèces. Ayant passé l’hiver à l’abri du sable, un lys de mer pointe vers le ciel ses pétales immaculés, surgissant au cœur d’un amas de feuilles vertes tentaculaires. Relativement exubérante pour un tel milieu, cette plante est typique des dunes blanches et cordons sablonneux des lidos qui parsèment la côte, notamment entre Aude et Hérault. D’autres plantes se rencontrent sur les courbes dunaires, à l’image du panicaut maritime qui contribue, comme l’oyat, à fixer la dune par son système racinaire impressionnant. Au sein de cette végétation, de nombreux
Le lys de mer est l’une des fleurs les plus spectaculaires du milieu dunaire.
La dune est un milieu mobile. Offerte aux vents, aux attaques de la mer, elle ne peut se fixer que grâce à la végétation. Spontanément, certaines espèces particulièrement bien adaptées à l’image de l’oyat (Ammophila arenaria), s’implantent le long de ce cordon littoral. Pourvues de profondes racines, ces plantes jouent un rôle de soutien du matériau de la dune, constituant partiellement son squelette. Sans leur présence, la dune s’effondre, partage son sable aux quatre vents alors qu’en retour l’apport de matières alluvionnaires diminue de plus en plus. Afin de renforcer certains édifices dunaires remarquables, l’homme a ainsi usé de techniques dites de « génie écologique » consistant simplement à copier habilement la nature et utiliser les propriétés physiques et/ou fonctionnelles de certaines plantes et matériaux. Ainsi, la plantation d’oyats et la construction de ganivelles (structures composées de pieux en bois) viennent maintenir les dunes existantes et favoriser leur évolution spontanée. En parallèle, il est indispensable de maintenir des espaces de circulation réglementée permettant de proscrire piétinement et accès sur les zones en cours de colonisation par la végétation.
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L’HOMME ET LE PAYSAGE : FIXER LA DUNE
LITTORAL ET MER 154 Vol de sternes caugek, aux ailes effilées et queue échancrée évoquant la silhouette d'une hirondelle.
hôtes discrets trouvent refuge, se dissimulant parmi les tiges verdâtres et les touffes jaunies par le soleil. L’étonnante truxale méditerranéenne (ou occitane), sauterelle à la tête étirée, croise parfois le chemin d’une caragouille des dunes, escargot à coquille plate, affectionnant les habitats dunaires. D’autres habitants attendent le soir pour montrer leurs antennes, passant la journée au pied de la végétation, enfouis. Certains d’entre eux, des coléoptères, tel Psammodius pierottii sont particulièrement rares, ne se rencontrant que sur une poignée de sites du littoral régional. Identifiées tardivement (les connaissances dans l’univers des insectes sont, pour certains groupes, encore très partielles), ces espèces interrogent beaucoup les naturalistes quant à leurs modes de vie et à leur répartition exacte.
Truxale méditérranéenne.
SITE : LA RÉSERVE NATURELLE DU MAS LARRIEU (66)
Non loin des plages surfréquentées d’Argelès-sur-Mer, la réserve naturelle du Mas Larrieu préserve depuis 1984, 145 ha d’un des rares massifs dunaires de la côte du Roussillon et permet de découvrir la richesse de ce milieu. Située entre le Tech et la Riberette, la réserve abrite également d’autres types d’habitats plus humides évoquant la flore des ripisylves. L’été venu le site est animé par les cris roulés des guêpiers d’Europe qui nichent sur le périmètre de la réserve. De la végétation dunaire émane, lors des plus chaudes journées, une douce saveur de curry, en fait diffusée par l’élégante immortelle des sables dont les panaches délicats d’or surmontent les longues tiges vert argenté. En saison estivale, des visites permettent régulièrement de mieux connaître le patrimoine naturel de la réserve.
ESPÈCE : LE PSAMMODROME D’EDWARDS (HISPANIQUE) / (PSAMMODROMUS HISPANICUS EDWARDSIANUS)
longueur totale (queue comprise) : 10 à 17 cm Lézard des milieux ouverts, ce psammodrome se rencontre régulièrement sur les dunes littorales où il semble totalement à son aise, parcourant le sable à grande vitesse. Extrêmement rapide, son observation nécessite une bonne dose de patience et de discrétion, le psammodrome d’Edwards disparaissant à la moindre alerte. Il se dissimule aussi bien dans la végétation dunaire qu’en s’enfouissant dans le sable. Sa robe à coloration variable est ornée de bandes blanches longitudinales soulignées de traits sombres.
Sternes naines, identifiables, outre leur petite taille, à leur bec jaune et leur front blanc.
Pêche à l’anguille au Grau-du-Roi (30).
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Derrière ces sables encore mobiles s’étend la dune fixée, dite « grise », sur laquelle la végétation est nettement plus importante. Protégée des embruns et de la force du vent par les rondeurs de la dune blanche, cette partie du réseau dunaire accueille des espèces de renom, à l’image de l’énorme lézard ocellé, qui peuplent les dunes du Mas Larrieu dans les Pyrénées-Orientales. D’autres reptiles moins spectaculaires mais tout aussi élégants, comme le psammodrome d’Edwards, filent à toute vitesse sur le sable fin, traquant çà et là de petits insectes. Les lieux sont également explorés par un drôle de petit limicole* à la silhouette rondouillarde. D’un pas nerveux, le gravelot à collier interrompu guette lui aussi de minuscules proies à la surface de cette mer sablonneuse, piétinant de temps à autres les flaques temporaires qui se forment parfois dans les dépressions humides de l’arrière-dune et qu’affectionne, par exemple, le pélobate cultripède. Rejoignant la mer, une sterne caugek passe au-dessus des dunes, lâchant au passage un cri éraillé.
LITTORAL ET MER 156
la côte rocheuse Le cap Rédéris à Banyuls (66). Vue sur le cap de l’Abeille et le cap Béar au lever du soleil.
Découpés telles des silhouettes de géants figés pour l’éternité dans le minéral, les grands rochers de la côte reçoivent à leur pied l’incessant battement des vagues. Le soleil déclinant accentue le rougeoiement de l’air et donne à la végétation s’agrippant aux cailloux des teintes de feu. Un trio de goélands leucophées longe la ligne de côte, jouant avec les courants d’air se formant dans les méandres de la roche. Ils regagnent certainement leur dortoir, bientôt suivis par d’autres congénères qui semblent tout autant s’amuser des flux thermiques. Sur un rocher, un cormoran de Desmaret profite jusqu’à la dernière minute des rayons du soleil. Dans un cri, un infatigable martinet pâle fend l’air à la poursuite d’amas invisibles d’un plancton aérien constitué d’une multitude de petits diptères et autres insectes. La côte rocheuse du Roussillon permet assez aisément de découvrir ce parent plus méditerranéen (et nettement
Poulpe commun.
ESPÈCE : CORMORAN HUPPÉ DE MÉDITERRANÉE OU CORMORAN DE DESMAREST / (PHALACROCORAX ARISTOTELIS DESMARESTII)
taille : 65 à 80 cm ; envergure : 90 à 105 cm Espèce intégralement protégée Nettement moins connu que le grand cormoran qui lui, pénètre largement à l’intérieur du territoire continental, le cormoran de Desmarest est un taxon* endémique du bassin méditerranéen. La sous-espèce nominale (P.a. arisotelis) se rencontre sur la façade atlantique. Seuls les adultes sont dotés d’une légère huppe qui leur a valu leur nom. Excellent plongeur, il traque sous l’eau poissons et divers invertébrés marins. Les juvéniles de Cormoran de Desmarest présentent un ventre quasiment blanc. Côtier, le cormoran huppé affectionne les zones rocheuses qui lui offrent de multiples reposoirs où il prend de longs bains de soleil, l’aidant à digérer son bol alimentaire. L’espèce ne niche pas sur le littoral du Roussillon mais s’y observe régulièrement, en grande partie issue des colonies corses ou parfois peut-être des Baléares.
LE SAVIEZ-VOUS ? OURSINS, ÉTOILES DE MERS ET COMPAGNIE…
Il existe en fait plusieurs espèces d’oursins en Méditerranée. Tous font partie de la famille des échinodermes (littéralement « à peau de hérisson ») qui regroupe également les étoiles de mer, les délicates ophiures ainsi que les étranges holothuries, plus connues sous le terme de « concombre de mer ». Seule une espèce d’oursin Paracentrothus lividus, l’oursin commun, est comestible et fait ainsi l’objet d’une pêche notable le long des côtes. Cette pêche demeure toutefois soumise à une réglementation locale afin d’assurer la survie de l’espèce. Les oursins sont tous dotés de piquants disposés sur un test calcaire qui protège les organes de l’animal. De plus, les oursins disposent de minuscules pieds ambulacraires, semblables à de fins tentacules dotés d’une ventouse terminale et permettant les déplacements de l’animal. Malgré le nombre important de pieds dont il dispose, l’oursin n’est pas un champion de vitesse, se déplaçant en moyenne d’un centimètre par minute !
Saupe dans un herbier de posidonies.
ESPÈCES : LES POISSONS DE ROCHES
Si l’intitulé évoque plus souvent des idées culinaires, il n’en demeure pas moins que les fonds rocheux abritent précisément une belle diversité de poissons qui trouvent là des secteurs idéaux offrant abris et nourriture. Dissimulé sur le fond de gravier ou sur une énorme pierre, le gobie rayé ainsi que la rascasse rouge font partie des adeptes du camouflage. Les trous et autres cavités sont parfois occupés par d’impressionnantes murènes qui défendent jalousement leur territoire. Saupes, sars, daurades et oblades montrent leur caractère grégaire, se réunissant parfois en groupes importants. Les girelles, rougets et crénilabres ne s’aventurent jamais bien loin de la protection de la roche, disparaissant à la moindre alerte dans une cavité. Les abords de la réserve de Cerbère-Banyuls sont également le fief de l’emblématique mérou brun dont la reproduction effective sur les côtes du Roussillon ne fut prouvée qu’à partir de 2003, venant couronner près de 20 années de protection.
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plus rare en France) du martinet noir, largement répandu. Sous la surface, les interstices des blocs rocheux servent d’abris aux oursins qui agitent leurs épines d’un mouvement presque imperceptible. Les tronçons rocheux de la côte du Languedoc et du Roussillon demeurent réduits, et seuls quelques sites remarquables, à l’image des abords de la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls, permettent de percevoir la richesse de ces fonds. Là où la roche cède sa place à un matériau plus sablonneux, quelques herbiers de posidonies laissent onduler dans les va-et-vient de l’eau leur feuillage vert porteur de vie. Ces « buissons » sous-marins sont en effet de véritables oasis, accueillant de nombreuses espèces de poissons mais aussi d’autres animaux aquatiques aussi variés que des crustacés (divers petits crabes) ou des échinodermes (étoiles de mer, oursins) venus s’y dissimuler ou au contraire s’y nourrir. De petits bancs de jeunes poissons se maintiennent entre deux eaux, se déplaçant d’un mouvement synchrone. Parées d’argent et d’or, un groupe de saupes vient brouter les herbiers. Leurs écailles renvoient sans cesse la lumière du soleil qui provient de l’univers aérien, là-haut, au-dessus de la surface. Une girelle
LA FORÊT qu’appelle-t-on forêt ?
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la forêt en Languedoc-Roussillon
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la pinède à crochet
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hêtraie et hêtraie sapinière
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les plantations de résineux
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la châtaigneraie
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les chênaies
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les ripisylves
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prospective
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PNR du Haut-Languedoc
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16 LA FORÊT
LES FORÊTS EN L ANGUEDOC-ROUSSILLON Quand on évoque la forêt languedocienne, on s’imagine les étendues de pins parasols où cymbalisent les cigales sous un soleil implacable. On entrevoit un tapis d’aiguilles sur un sol desséché aux fortes odeurs de sève et des étendues ravagées par les feux. Loin de ces clichés, la forêt languedocienne se décline en diversité selon les altitudes, les latitudes, les expositions et les sols. Être en forêt, quelle que soit son apparence, c’est « sortir de la civilisation », tant les mythes qui l’entourent lui conf èrent une aura particulière. La forêt est l’espace de nature par excellence, où l’on ressent, où l’on respire, où l’on écoute et on sent. Elle est régénérante, oxygénante, propre à une évasion spirituelle autant que physique.
qu’appelle-t-on forêt ? Hêtres et conifères à Ferrals-les-Montagnes (34).
La forêt est le stade ultime de colonisation végétale d’un sol duquel, à partir de la roche mère, s’est mis en place tout un processus de pédogénèse*. Les plantes colonisatrices (mousses et lichens le plus souvent en zone tempérée) s’installent en premier et commencent à dégrader la roche pour en extraire des minéraux et créer un premier tapis végétal. Sur celui-ci vont pouvoir s’installer des herbacées et des ligneux* bas (genêt, fougère, bruyère), lesquels vont à leur tour fixer le substrat et créer une première couche d’humus qui sera colonisée par des ligneux hauts dégradant le sol plus profondément. Enfin apparaît la forêt climacique ainsi appelée lorsqu’elle correspond
La forêt française connut son minimum d’extension au milieu du XIXe siècle. L’exploitation à outrance due à la révolution industrielle, le surpâturage généré par une forte croissance démographique, l’utilisation massive du bois comme moyen de chauffage et surtout l’absence d’exploitation coordonnée et réglementée avaient fini de mettre à mal la couverture forestière française, réduite à moins de 14 % du territoire. La forêt présentait alors un bien triste visage en dehors de quelques zones inaccessibles. Elle était principalement constituée de reliquats dévolus à la chasse ou de taillis informes dont l’exploitation permanente interdisait tout vieillissement du peuplement. Que dire des étendues d’où elle avait quasiment disparu comme en Languedoc-Roussillon? Des plaines aux sommets, les millions
LA NATURE EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
la forêt en Languedoc-Roussillon
Pinède à Fabrègues (34), présentant un sous-bois clair dénué de strates intermédiaires.
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parfaitement aux contraintes du lieu où elle pousse et qui mettra donc des siècles avant d’atteindre son climax*. Or, en Languedoc-Roussillon comme ailleurs, la forêt porte souvent l’empreinte de l’homme que ce soit dans les essences qui la composent, dans sa répartition et dans son âge moyen. L’homme a toujours réalisé les plantations qui lui semblaient adéquates aussi bien en fonction des contraintes stationnelles qu’économiques. La forêt est souvent considérée comme une ressource, et fait à ce titre l’objet d’une exploitation plus que d’une protection. Cela lui laisse peu de chance d’atteindre ce fameux stade climacique, d’autant que la nature elle-même vient jouer les troubles fêtes en remettant parfois les compteurs à zéro. Feux, glissements de terrains, avalanches, inondations, climats et évolutions climatiques, tempêtes… interviennent comme autant de facteurs qui modèlent une forêt sauvage et naturelle… en dehors des interventions humaines.
18 LA FORÊT
de moutons qui la parcouraient d’hivernages en estives dans les Pyrénées, la Montagne Noire et toutes les hauteurs du Gévaudan n’étaient pas compatibles avec la recolonisation ou même la survie d’une surface forestière. La ressource bois était surexploitée et l’érosion très active des fortes précipitations marquait profondément de ses LES CHIFFRES ravines l’ensemble des reliefs. DE LA FORÊT Il fallut l’exode rural dû à la révolution industrielle EN LANGUEDOC-ROUSSILLON : pour que la pression commençât à se relâcher. CeTaux de boisement de la région : pendant, l’absence d’un substrat adéquat à même 34 % soit 934 000 ha d’accueillir une forêt, notamment dans les pentes, département le plus boisé : ne facilitait pas une recolonisation forestière nala Lozère avec 45 % turelle. Les premières lois de 1827 interdisant les département le moins boisé : défrichements et mettant en place les premières l’Aude avec 28 % opérations de reboisement sous l’égide de la toute moyenne nationale : nouvelle Administration des Eaux et Forêts (qui 26 % deviendra l’ONF en 1966) permirent d’inverser la forêts privées : tendance. La gestion durable mise en œuvre se résumait 74 % alors à cette maxime: « Imiter la nature, hâter son œuvre. » Le Second Empire fut marqué par le lancement de grands travaux avec le boisement des Landes et de la Sologne et la politique de restauration des terrains de montagne (RTM) pour lutter contre les risques naturels. Le massif de l’Aigoual, aux confins Gard-Lozère, est un des symboles les plus marquants de la RTM en LanguedocRoussillon. Totalement dépouillé de végétation, extrêmement érodé sous l’effet des épisodes cévenols* qui peuvent apporter jusqu’à 400 mm de pluie en 24 heures (soit 400 litres par mètres carrés), il fallut toute Abattage d’arbres à Canilhac (48). l’opiniâtreté et l’obstination de Georges Fabre (1844-1911) pour mener
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à bien ce projet à partir de 1875. Cet ingénieur consacra sa vie au reboisement de l'Aigoual et à la création de l'observatoire météorologique toujours en activité aujourd'hui. C’est en impliquant les habitants et en leur fournissant un emploi en complément de leurs maigres ressources agricoles qu’il finit par remporter l’adhésion de la population et que le massif put être reboisé jusqu’en 1914. Il constitue aujourd’hui, 150 ans après, une des plus vieilles et plus riche hêtraie sapinière de la région. Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, l’État, par le biais du fonds forestier national (FFN), accorda des aides aux particuliers et aux communes pour reboiser. Quasiment toutes les forêts du Languedoc-Roussillon, aux apparences parfois si naturelles, sont le fruit d’une politique de reconquête. La faune comme la flore n’ont pas manqué de se réinstaller dans ces nouveaux écrins de verdure. Le phénomène est toujours d’actualité avec, par exemple, l’implantation de la chouette de Tengmalm dans nombre de boisements qui atteignent aujourd’hui un stade adéquat. Il en est de même pour la rosalie des Alpes, insecte coléoptère remarquable strictement inféodé aux vieilles hêtraies. La variété des influences climatiques (méditerranéenne, supraméditerranéenne, montagnarde, subalpine, subcontinentale, atlantique), des substrats (granitiques, basaltiques, calcaires, schisteux), des expositions (ubacs* et adrets*), des vents, des empreintes de l’homme (abandon, reconquête, urbanisation…) créent non pas une forêt mais des forêts languedociennes tant sont incomparables les chênes kermès des plaines et les pins à crochets de l’étage subalpin. Entre les forêts exploitées et les boisements spontanés de tous âges, toutes les essences présentes en France se rencontrent en Languedoc-Roussillon dans une mosaïque d’ha- Vieux chêne offrant une multitude de micro-habitats à Saint-Germainbitats à découvrir… les sens en éveil. du-Teil, vallée du Lot (48).
LA NATURE EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
La rosalie des Alpes est un des plus impressionnants coléoptères présents en France.
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BIBLIOGRAPHIE ET SITES INTERNET Pour aller plus loin, vous trouverez ci-dessous quelques ouvrages très complets et sites Web riches en informations sur la nature en Languedoc-Roussillon. Il ne s’agit que de pistes d’ouverture ; de nombreuses autres ressources sont à explorer, complémentaires au présent ouvrage. Plusieurs guides naturalistes d’ampleur nationale satisfont tout à fait à l’identification des espèces présentes dans la région. De même, de très nombreux topo-guides et autres ouvrages de balades fourniront d’intéressantes informations sur des circuits à parcourir.
à lire Collectif, Oiseaux au fil d'étangs, à la découverte des oiseaux du littoral languedocien, Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze, 2005. GENIEZ Philippe et CHEYLAN Marc (coord.), Reptiles et amphibiens de Languedoc-Roussillon et régions limitrophes, Atlas biogéographique, Biotopes éditions, 2012. RENAULT Jean-Michel, La Garrigue grandeur nature, Les créations du Pélican, 2000. VEZON Thierry et BOURRA Olivier, Gard sauvage, Éditions du Centre Ornithologique du Gard, 2011.
à consulter ALEPE, association lozérienne pour l'étude et la protection de l'environnement : http://lozere.alepe.over-blog.com Ligue de protection des oiseaux de l'Aude : http://aude.lpo.fr Aude nature : http://www.audenature.com Ligue pour la protection des oiseaux de l'Hérault : http://herault.lpo.fr Les écologistes de l'Euzière : http://www.euziere.org/ Groupe ornithologique du Roussillon : http://gorperpignan.pagesperso-orange.fr Centre ornithologique du Gard : http://www.cogard.org Faune Languedoc Roussillon, portail participatif et base de donnée en ligne : http://www.faune-lr.org
Crédit photographique. 4, 8, 16, 27h, 39, 42, 45b, 46h, 52h, 53h, 54, 61, 64h, 92, 93b, 97h, 98h, 99h, 111h, 117b, 118b, 124h, 132, 135, 138h, 139h, 141b, 148, 159h, 168h, 170h, 175h, 180, 183, 184 : Julien Gieules ; 6, 7, 10, 13, 18, 19b, 26b, 47m, 48b, 58b, 59h, 62b, 63m, 63b, 64b, 65h, 65b, 67h, 68h, 69h, 69b, 75h, 75m, 77h, 77b, 80b, 87h, 116, 119h, 120h, 120b, 121, 122h, 122b, 123h, 123b, 124b, 125h, 126h, 127h, 128h, 129h, 129b, 130h, 130m, 130b, 131b : François Legendre ; 9, 23h, 94h, 106h, 118h, 140h, 156h, 162, 166 : Alain Baschenis ; 11 : Craig Drollett/Frederick Wildman and Sons ; 12 : Joop Kuipers ; 17 : Andrew Movenko ; 19h : Lammert Hilarides ; 20h : arenysam/Fotolia.com ; 20b, 21hd, 27bg, 33m, 49b : Frank Vassen ; 21hg : Terje Asphaug ; 21b, 103b, 106b, 129m : Joan Simon ; 22hg : Yola Simon ; 22hd : B. Navez ; 22b : Steve & Jem Copley ; 23b : Marrakech99 ; 24h : Havang (nl) ; 24m : Sandy_R ; 24b : Aconcagua ; 25h, 67bg : Bernard Stam ; 25b : Ahmed Karatas ; 26h : C. Pasquier ; 27bd : Mongider ; 28 : Catherine Justet / http://www.flickr.com/photos/sinopis/ ; 29h: Archives départementales de la Lozère ; 29m : Magne Flåten ; 30h : Daniel Larsson ; 30mh, 30mb, 63h : Ettore Balocchi ; 30b : David Short ; 31h : Brigitte Hamey ; 31b : Tomás Royo ; 32h : Maison de la Truffe du Languedoc ; 32m, 86b : Radio Tonreg ; 32b : Felix Reimann ; 33h : Mircea Nita ; 33b, 104m, 109b, 176b : Michael Sveikutis ; 34h : Jose Manuel Mota ; 34b : Peter Trimming ; 35h : Tomasz Przechlewski ; 35b : Philip « Galli » Rentschler ; 36 : Michel Monnot/Office de Tourisme Mont Aigoual ; 43h : Luc Viatour ; 43b, 51h, 51m, 67bd, 178b, 179b : Ferran Pestaña ; 44 : Daniel Buthion ; 45h : Thomas Quine ; 46b : Gabriel Legaré ; 47h : Damian Keith ; 47b : Andrew2606 ; 48h : www.fotoARION.ch ; 49h : Ian Joseph ; 50h : Anne-Marie Veith ; 50m : Shizhao ; 50b : Baptiste Monsion ; 51b : Wusel007 ; 52b, 152h : Bernard Chambres ; 53m : Voies navigables de France ; 53b : Serge Costa ; 58h : Céline Lajeunie ; 59b : Claude Bihain ; 60h : Sylenius ; 60b : Brigitte Metge ; 62h : Paul Asman and Jill Lenoble ; 66h : Laurenç Marsol ; 66b : Visa Kopu ; 68b : Oh Weh ; 69m, 84bd, 88, 93h, 105h, 107b, 108h, 110h, 110b, 171b, 177b : Jean Ramière ; 70 : Raymond Dejong ; 74 : Monday Morning ; 75b : LOC ; 76h : Jonas Bille ; 76bg : Silke Baron ; 76bd : Luis Daniel Carbia Cabeza ; 78h : BMZ-75 ; 78b, 141m : José Manuel Armengod Ariño ; 79m : Cornell University Library ; 79b : Klearchos Kapoutsis ; 80h : Thomas Vandenberghe ; 80m : Derek Keats ; 81h : Yves Tennevin ; 81b : IngolfBLN ; 82h : Artur Mikolajewski ; 82b : Gillian Moy ; 83h, 99b, 104b, 155h : gailhampshire ; 83b : Sébastien Renoir ; 84h : Jeremy Atkinson ; 84bg : Jean Pol de Loof ; 85h : Arno Laurent ; 85b : Andy Walker ; 86h : Laurent Lebois ; 86m, 150h : Poom ! ; 87b : Jean-Pierre Matanowski ; 94b : Pierre Mestre ; 95, 96h, 96b, 176h : Alain Falvard ; 97b : Éric Andreoli ; 98b : Lanzi ; 100h : Julien Barataud ; 100m : Denis Jevtic ; 100b : Pere prlpz ; 101h : coll. B. Ramière ; 101b : Christine et Hagen Graf ; 102h : Chris Phillips ; 102b : Jaume Calafat ; 103h : Raymond Gimilio ; 104h : Eddy Circhirello ; 105m : David Perpiñán ; 105b : Francesco Gasparetti ; 107h : Jan Willem Steffelaar ; 108b : Jos Dielis ; 109h : TooN Laurent ; 111b : Tom « orangeaurochs » ; 112 : YK ; 117h : Olafur Larsen ; 119b : Gary Kramer ; 124m : Sylvain Haye ; 125m : José Ramón Correas González ; 125b : Xavier Muñoz ; 126b : Tom C.; 127b : Noel Reynolds ; 128b : Jacme31 ; 131h : Gouffre Géant de Cabrespine ; 138b : H. Zell ; 139b : Trebol-a ; 140b : Alex Rollan/Birdwatching Barcelona ; 141h : Dunkan Hull ; 142h : Joëlle Lampin ; 142b : Armel ; 143h : Teuteul ; 143b : Dûrzan Cîrano ; 144 : Nicolas Peaudeau ; 149h : Clive & David ; 149b : Terranik ; 150b : Liam Quinn ; 151h : François Polito ; 151b, 157b : Philippe Guillaume ; 152b : Laurent Chassaing ; 153h : candiru ; 153b, 158m : Miluz ; 154h : David Merrett ; 154m : Lucarelli ; 154b : Erwann.d ; 155m : Mickael Dia ; 155b : Philippe (Ipon1) ; 156m : Elapied ; 156b : Anthony Milan ; 157h : Jef Dockx ; 157m : Albert Kok ; 158h : Tino Strauss ; 158b : Jacky Denis ; 159b : Ilse Reijs/Jan-Noud Hutten ; 160h : marcoarnunes ; 160b : Kristel Jeuring ; 161h : René ; 161m : coll. Jean-Pierre Bobo ; 161b : Francesca Gigli Berzolari ; 167h : Sarah Gregg ; 167b : Fagairolles 34 ; 168b : Ian White ; 169h, 169b : Marie-Élise Gardel ; 170b : Sandrine Ruitton ; 171h : Esculapio ; 172 : Tredok ; 173h : Olivier Bacquet ; 173b : Christophe Franco ; 174h : Lip Kee Yap ; 174b : Angélique Michaud ; 175m : Andrea Schaffer ; 175b : Hans Hillewaert ; 176m : Phil Sellens ; 177h : Luciano Giussani ; 177m : Tigerente ; 178h : Friedrich Böhringer ; 179h : Francis Burst ; 179m : PerroVerd ; 189 : http://d-maps.com/
Je tiens à remercier les naturalistes d’ici et d’ailleurs, croisés au fil des ans sur les chemins de la garrigue et du littoral, avec qui nous avons partagé d’inoubliables observations et bien des connaissances qui ont contribué à m’enrichir et me faire d'autant plus apprécier les terres du Languedoc-Roussillon… En particulier : Dominique Clément, Vincent Lelong, Fabien Gilot, Mathieu Bourgeois, Christophe Savon et Morgan Boch. De façon plus personnelle, je remercie mes parents pour m'avoir « importé » dans les terres audoises quittées depuis, mais sur lesquelles je prends plaisir à revenir souvent… Merci à mon père, Bernard, pour ses apports et connaissances sur les fantastiques fossiles de la région et pour avoir mis à disposition sa collection de « cailloux » ! Merci finalement à Cyrielle, pour sa présence, l’infinie patience et l’écoute durant les diverses étapes de ce nouveau projet… J. R.
FRANÇOIS LEGENDRE & JEAN RAMIÈRE
la Nature en
Languedoc-Roussillon dessins de Pierrette Blaise De la Camargue aux Pyrénées et aux Corbières, du littoral méditerranéen aux Cévennes et aux contreforts de la Montagne Noire, le Languedoc-Roussillon offre une exceptionnelle diversité de paysages et de milieux. C’est aussi la première région de France, en pourcentage, pour la superficie des sites d’intérêt communautaire et des réserves naturelles nationales. Haute montagne, causses, plaines et coteaux, garrigues et maquis, zones humides et cours d’eau, littoral et marais d’eaux saumâtres, sans oublier les espaces villageois et urbains, sont autant d’habitats pour une faune et une flore au sein desquels coexistent espèces dites communes et espèces rares ou endémiques. François Legendre et Jean Ramière nous convient à la découverte de cette précieuse biodiversité et nous font partager leurs connaissances et leur passion. Leur livre est une invitation à arpenter les chemins de Languedoc-Roussillon et à découvrir, observer et admirer une nature accessible à tous. Butor étoilé, centaurée de la Clape, ophrys d’Aymonin, arcyptère caussenarde, talève sultane, utriculaire, grande noctule, isard, girelle, fou de Bassan, chêne vert…, sont quelques-unes des nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes, de poissons, de mammifères, de reptiles, d’arbres, de plantes et autres, rencontrées dans cet ouvrage. Près de 300 photographies et dessins illustrent le propos, complété par un glossaire et une carte. François Legendre est professeur des écoles, membre de la Ligue pour la protection des oiseaux et administrateur de l’Association lozérienne pour l’étude et la protection de l’environnement. Passionné de nature, il contribue dès qu'il le peut à faire avancer la connaissance et la protection de notre environnement.
Photo de couverture : le littoral vu depuis le massif de la Clape (Aude). © Julien Gieules
ISBN 978-2-86266-685-3
25 €
9 782862 666853
www.loubatieres.fr
Jean Ramière est ornithologue, naturaliste chargé de mission au sein de l’Association Nature Midi-Pyrénées depuis 2006. Il est directeur de la collection « La Nature en… » aux Éditions Loubatières et l’auteur de La Nature en Midi-Pyrénées (Loubatières, 2012). Il a également coordonné, avec Sylvain Frémaux, L’Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées (coédition Delachaux et Niestlé/Nature Midi-Pyrénées, 2012).