L'habitat traditionnel des Pyrénées catalanes

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OBJECTIFS ET ENJEUX DE L’OUVRAGE Le Syndicat Mixte du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes a entre autres pour mission la protection et la valorisation du patrimoine bâti d’un vaste territoire s’étendant de Ria-Sirach, dans le Conflent, jusqu’à Bourg-Madame en Cerdagne et Puyvalador en Capcir.

À droite, en haut : Garrotxes, Conflent. Habitat isolé entre Caudiès-de-Conflent et Ayguatébia.

Le patrimoine bâti, qu’il soit d’origine civile (habitat, exploitations agricoles, moulins…), religieuse (églises, chapelles, ermitages, monastères) ou militaire (maisons fortes, châteaux forts, citadelles), nous parle sous une forme construite de l’adaptation progressive des hommes à leur milieu naturel et à ses ressources, de leur culture, de leurs croyances et de l’organisation de la société au fil des siècles. Le bâti constitue également la touche finale d’un paysage, qu’il peut magnifier par la justesse de son implantation et l’harmonie visuelle de ses volumes et matériaux avec l’écrin naturel qui l’accueille.

En bas : Hameau de Quès à Latour-de-Carol, Cerdagne. Linteau historié.

Situé à la croisée des chemins entre nature, culture et paysage, le patrimoine bâti, et plus particulièrement l’habitat, qui parle de la vie quotidienne des hommes, est par conséquent l’un des fondements de l’identité d’un territoire.

À gauche, en haut : Latourde-Carol, Cerdagne. Enduit décoré.

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L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES

Face à la déprise ou aux transformations excessives, la connaissance, la préservation et la valorisation à long terme de l’habitat traditionnel sont aujourd’hui une mission de première importance. De nouveaux enjeux, économiques ou environnementaux, imposent également avec sens, dans la conception de l’habitat d’aujourd'hui, la nécessité d’intégrer des mesures de maîtrise de l’énergie et l’utilisation de matériaux plus durables. Il est apparu nécessaire de réaliser un travail de synthèse destiné à apporter aux différents acteurs de la préservation et de la restauration du bâti : élus, propriétaires, entreprises, le maximum d’informations sur les caractéristiques locales de l’habitat traditionnel et la manière de les préserver tout en intégrant aux édifices les dispositifs techniques, énergétiques et thermiques contemporains. C’est l’objet du présent ouvrage, qui entend contribuer sur le territoire du Parc au développement de pratiques de restauration respectueuses de l’habitat traditionnel et de son histoire, seules capables d’apporter à ce dernier les qualités architecturales, techniques et environnementales nécessaires à la poursuite de son voyage à travers les siècles.


En haut : Dorres, Cerdagne. Petite ferme sur cour. En bas, à gauche : Nyer, Conflent. Front bâti du centre-village. En bas, à droite : Serdinya, Conflent. Ruelle escarpée de centre-village.

OBJECTIFS ET ENJEUX DE L’OUVRAGE

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Le plateau du Capcir et le massif du Carlit vus depuis le village de Réal. Ci-contre, en bas : Village d’Angoustrine, Cerdagne. À droite : Village de Ria-Sirach, Conflent.

LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES :

Le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes est un territoire de montagne de 138 000 hectares, représentant à lui seul plus d’un tiers de la surface du département des Pyrénées-Orientales. Il est constitué de terroirs extrêmement contrastés en matière de topographie, ressources en matériaux, expositions climatiques, conditions d’enclavement et activités humaines.

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES ET DIVERSITÉ DE L’HABITAT TRADITIONNEL

Cette diversité a influencé les implantations humaines et les manières traditionnelles de bâtir l’habitat. L’état des lieux de cet habitat offre par conséquent à première vue une hétérogénéité certaine, face à des constructions aussi caractéristiques que celles des villages de la partie basse du Conflent, des villages-rues de la vallée de la Têt, des villages miniers des contreforts nord du massif du Canigou, des anciens bourgs castraux du Capcir, ou encore des agglomérations de fermes encloses de Cerdagne. L’étude de ces différents types d’habitats traditionnels du Parc par le biais de la description de leurs implantations, de leurs formes bâties, et de leurs mises en œuvre particulières, montrera que des caractéristiques communes se dessinent, et qu’en fonction de l’échelle d’observation, l’hétérogénéité bâtie n’est que relative.

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L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC Jusqu’au début du XXe siècle, le mode d’implantation des maisons dans un village se fait au gré des besoins, en fonction du relief, de la rigueur du climat, de la présence d’éléments structurants tels que cours d’eau, voies ou édifices particuliers : église, moulin, château, d’éventuels besoins défensifs, et de l’organisation sociale de la communauté. Cette implantation relative des bâtiments les uns par rapport aux autres procure au village sa physionomie générale, reflet de l’ensemble de ses particularités topographiques et sociales. La grande majorité des villages du Parc répond, pour les quartiers bâtis avant 1914, à un principe commun d’implantation groupée aérée, n’adoptant que rarement le resserrement volontaire des maisons en front défensif, courant dans la plaine du Roussillon. Cette faible densité bâtie s’explique par le besoin de jardins ou cultures vivrières proches des maisons, implantés pour cela au cœur des villages.


À gauche, en haut : Ayguatébia, Conflent : village implanté dans la pente. Ci-contre, en haut : Serdinya, Conflent ; en bas, le vieux village ; en haut l’extension linéaire le long de la RN 116. À gauche, en bas : La Llagonne, Capcir : implantation à pôles. Ci-contre, en bas : Hameau de Rô, Cerdagne, constitué de grandes fermes encloses de murs.

Cette constance de l’habitat groupé aéré est donc une caractéristique propre au territoire du Parc. En revanche parmi cet habitat groupé aéré, il est possible de distinguer quatre types différents, bien que parfois combinés, d’organisation du groupement de l’habitat traditionnel : – l’implantation dans la pente : Le village est accroché à un versant, le plus souvent exposé au sud (le sola), ou posé sur les pentes ensoleillées d’une éminence ou d’une combe ; la répartition parcellaire se fait dans ces cas conjointement le long des chemins de communications, fréquemment déployés en lacets, et se répartit sur l’emprise des feixes, terrasses artificielles de culture étagées en gradins, soutenues par des murets de pierre sèche ; – l’implantation en pôles, focalisée sur un ou plusieurs édifices de pouvoir et/ou de défense : château, tour de guet, église, créent des densités bâties supérieures à leurs abords, ou aux abords des voies y menant ; la forme n’adopte par pour autant, à l’exception de rares cas, une concentricité organisée régulièrement, au contraire de celle, omniprésente, de la plaine du Roussillon ; – l’implantation linéaire, le long d’un axe majeur de circulation et/ou d’un cours d’eau : en fonction du relief, cette

première implantation donne ensuite lieu à une implantation de type bâtie dans la pente, décrite ci-avant ; – l’agglomération constituée de grandes fermes encloses de murs, cas particulier propre au plateau de Cerdagne d’un tissu urbain distendu et refermé, conséquence de la réorganisation au XVIIIe siècle de ce plateau fertile mais délaissé, en grandes exploitations autarciques. Il faut enfin signaler, en Conflent et en Capcir, la rareté de l’habitat isolé, conséquence de la volonté de regroupement des populations émise dès le Xe siècle par les grandes abbayes propriétaires des terres, et probablement par suite, de l’insécurité chronique ayant sévi pendant des siècles dans ces secteurs.

LES DIVERSES FORMES D’HABITAT TRADITIONNEL L’habitat traditionnel se comprend non seulement comme maison, abri des hommes, mais également comme abri des bêtes, des récoltes, des outils. La nécessité d’autarcie alimentaire relative, jusqu’au XIXe siècle, impose à tous, paysans, journaliers, artisans, commerçants, notables, de posséder

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES

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Schémas des principaux types d’encadrements de fenêtres et de contrevents présents dans l’habitat traditionnel du territoire du Parc.

Cadre de charpente avec ou sans arc de décharge, contrevents à cadres.

Encadrement de pierre de taille (granit) positionné à fleur du mur, linteau historié, contrevents à double cours de planches croisées à la Vauban.

LE SECOND ŒUVRE Fermetures et garde-corps Le second oeuvre désigne, dans un bâtiment, l’ensemble des ouvrages n’appartenant pas à la structure et au couvert de l’édifice. Font ainsi partie du second oeuvre les fermetures et garde-corps, les ferronneries, les partitions et revêtements intérieurs, les équipements domestiques intégrés au bâti.

Encadrement de pierre de taille (granit) positionné en saillie du mur, contrevents à cadres.

verticale. Recouvrement entre les vantaux par gueule-de-loup ou feuillure simple. La fermeture est opérée par un taquet, un balancier ou pour les maisons les plus aisées, une espagnolette. Les crémones n’apparaissent qu’au début du XXe siècle. Volets Sont désignés ainsi les volets intérieurs, qui remplacent les fenêtres notamment sur les fenestrous, ou les ouvertures de granges; ils sont à cadres ou à double cours de planches croisées.

Ouvrages de menuiserie

Latour-de-Carol, vallée du Carol : galerie dans-œuvre à garde-corps ouvragé (balustres tournés) polychrome. 54

Portails et portes

Contrevents

Les portes ou double portes sont à cadre ou à double cours de planches croisées, le sens des planches extérieures pouvant varier. Dans ce dernier cas, les portes de rez-de-chaussée des maisons de journaliers et petites fermes peuvent présenter un quart supérieur ouvrant indépendant.

Simples ou généralement doubles, il s’agit des fermetures extérieures des baies, ils sont à cadres, à double cours de planches croisées, continues ou chanfreinées et dans ce cas dites à la Vauban. Le sens des planches se retrouvant en extérieur lorsque les contrevents sont fermés est vertical, facilitant ainsi le ruissellement des eaux de pluie.

Fenêtres Les fenêtres s’ouvrent à la française, c’est-à-dire vers l’intérieur de la pièce. Elles sont à un ou deux ouvrants vitrés, à petits bois. Les carreaux sont soit carrés, soit de proportions à dominante

L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES

Garde-corps Les garde-corps de porte-fenêtre, de galerie ou de fenêtre sont souvent menuisés; ils peuvent être en bois de moyenne et petite


section, bruts de rondin, ou menuisés. Dans ce dernier cas les barreaux sont de section carrée ou en losange, et posés à 45° par rapport aux lisses hautes et basses. Les garde-corps ouvragés portent des balustres de bois tourné, souvent polychromes.

Ouvrages de ferronnerie

sur les balcons des maisons bourgeoises de petites villes. Dans le cas des longs garde-corps de galeries, ceux-ci sont rigidifiés par des arceaux de renfort ancrés dans la façade. Les pentures forgées des portes et portails courants sont clouées à clous rabattus. Elles sont soit terminées en lancette, soit ouvragées à double enroulement.

La richesse en minerai de fer du massif du Canigou est exploitée depuis l’Antiquité, et à l’origine d’un savoir-faire métallurgique extrêmement développé sur le territoire du Parc comme dans le reste du Roussillon. Les ouvrages de ferronnerie anciens sont donc représentatifs d’une caractéristique locale bien particulière.

Les loquets pouciers sont souvent anciens, façonnés et décorés, porteurs de symbolique: cœur, cua de gall (queue de coq)…

Les barreaudages sont simples :

Les sols intérieurs

– barreaudages de section ronde ou carré, avec ou sans traverses plates ; – esquinxe-roba, barreau de défense découpé en épi, élément récurrent sur tout le territoire, mis en œuvre par récupération et façonnage d’une portion de bandage de roue de charrette. Les garde-corps sont également simples, on les trouve principalement sur les galeries des grandes fermes encloses, et

Partitions et revêtements intérieurs

En bas à gauche : Odeillo, Cerdagne : exemple de barreaudage fin XVIIIe siècle, à fer carré et traverse à trou renflé. En bas à droite : Evol, Conflent : cadre de charpente protégé par deux esquinxes-roba. Ci-dessous : Platine de loquet poucier traitée en cua de gall (queue de coq) ; la poignée a hélas disparu.

Au rez-de-chaussée : les étables présentent un pavage rudimentaire de pierre avec rigole d’écoulement quand le relief le permet ; les pièces de stockage et de remisage sont traitées en terre battue. Les étages d’habitation ont des sols revêtus de parquet de bois brut ou parfois ciré à lames de largeurs irrégulières, ou de carreaux de terre cuite posés sur un support de parquet brut et chape maigre.

LA CONSTRUCTION SUR LE TERRITOIRE DU PARC : MATÉRIAUX ET MISE EN ŒUVRE

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INTERVENIR SUR LE BÂTI TRADITIONNEL : LE RESTAURER SANS LE DÉNATURER

L’habitat traditionnel du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes est un corpus bâti singulier et complexe. Singulier, parce que bien que répondant dans la plupart des cas à un type architectural identifiable, mis en œuvre de façon traditionnelle, aux éléments architecturaux ou équipements domestiques récurrents, chaque édifice est la traduction bâtie particulière des besoins d’un foyer ou d’une famille donnés, à une époque, sur un site et avec des moyens humains et financiers à chaque fois différents. Il est donc totalement improbable de rencontrer deux bâtiments parfaitement identiques ; Complexe, car ces édifices sont à la fois résistants – ils ont traversé les siècles, les séismes, les tempêtes… pour nous parvenir – et extrêmement fragiles : – une simple fuite en couverture, par exemple, entraîne des dégradations rapides et irréversibles sur les murs hourdés à la terre ou à la chaux aérienne ;

Angoustrine, Cerdagne : grande ferme sur cour résultant des agrandissements successifs d’un édifice primitif destiné au contrôle d’une route. 58

– toute modification non réfléchie, par exemple agrandissement de baie, démolition partielle, piquage d’enduit, peut faire disparaître des éléments ou dispositions anciennes rares, et porter définitivement atteinte à la lisibilité et la cohérence architecturale d’une maison ancienne.

L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES

Ce constat implique que toute intervention de restauration ou de transformation d’une habitation traditionnelle nécessite au préalable, en sus de la connaissance des types architecturaux et des mises en œuvre du territoire du Parc, une analyse la plus exhaustive possible de cet objet bâti, et des caractéristiques, parfois uniques, qui lui sont propres et fondent sa particularité. Préparer une opération de restauration respectueuse d’un édifice se déroule par conséquent en deux étapes spécifiques : – la prise de connaissance de l’objet bâti ; – l’élaboration du projet de restauration.


CONNAÎTRE LE BÂTIMENT À moins d’y avoir habité pendant un certain temps, une maison ancienne est une inconnue complexe, dont les quelques visites préalables à son achat ne permettent pas d’avoir une connaissance suffisante pour entamer une démarche de projet. Restaurer un édifice ancien, quelles que soit sa taille et son histoire, passe obligatoirement par une phase de découverte et d’analyse indispensable à la compréhension de son usage, de son fonctionnement structurel, de son évolution, de sa valeur patrimoniale et de ses points faibles. L’ensemble des informations recueillies donne un socle solide à la réflexion de projet, en lui permettant d’éviter la plupart des erreurs les plus fréquemment rencontrées dans la restauration du bâti. Se faire accompagner par un professionnel (architecte expérimenté, architecte du patrimoine) au cours de cette phase cruciale est vivement recommandé pour éviter oublis et erreurs d’interprétation.

ÉTAT DES LIEUX :

RELEVÉS, MATÉRIAUX, MISES EN ŒUVRE, ÉLÉMENTS PATRIMONIAUX SINGULIERS ET ÉVOLUTION DE L’ÉDIFICE Relevés d’état des lieux Il s’agit d’établir un instantané de l’état de l’édifice au moment précis où il est mis à disposition de son nouveau propriétaire. Cet état des lieux servira de témoin et de référence tout au long de la démarche de projet et de chantier, puisqu’en fonction de l’état du bâti et de l’ampleur des travaux, un certain nombre de dispositions anciennes peuvent être amenées à être déplacées, adaptées, voire reconstruites après démontage.

À gauche : Les Angles, Capcir : petite ferme sur cour dont l’habitation est insérée dans le tissu urbain de centre-village. À droite : Odeillo de Réal, Capcir : vue intérieure du mur partiellement ruiné d’une petite ferme sur cour, XVIIIe siècle.

Les relevés d’état des lieux, à effectuer après débarras des éventuels objets et matériaux encombrant intérieur et espaces extérieurs, comprennent trois étapes : le relevé photographique de l’édifice, suivi du relevé graphique et métrique de l’édifice. CONNAÎTRE LE BÂTIMENT

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À gauche : Vue d’ensemble depuis la piste d’accès. Ci-contre : Pignon est de l’ancienne remise sur cour.

RÉHABILITATION DE BÂTIMENT ANNEXE DANS UNE FERME SUR COUR ISOLÉE : AMÉNAGEMENT D’UN GÎTE DANS UNE ANCIENNE BERGERIE À VALCEBOLLÈRE, CERDAGNE Le Mas Carell est un ensemble bâti isolé à 1 600 m d’altitude, implanté sur le versant Nord de la vallée de la rivière Llavenera, menant de Valcebollère à Osséja. Désaffecté depuis le début du XXe siècle, malgré quelques années d’occupation par une famille espagnole suite à la Retirada de 1939, le mas est dans un état d’abandon prononcé lors de son rachat en 1984 par la propriétaire actuelle. Piste d’accès carrossable, électricité, eau courante et assainissement sont inexistants. Le Mas Carell est cité pour la première fois en 1150 en tant que propriété de l’abbaye de Corneilla-de-Conflent. L’ancienneté de son implantation est confirmée par l’emploi de la toponymie de mas, courante en Roussillon mais inusitée en Cerdagne, issue du manse, terme désignant dès l’époque carolingienne l’unité fiscale de terre cultivée par un affranchi. Sis à la croisée de deux anciens chemins de hautes-eaux menant, depuis Nahuja au nord-ouest et Osséja

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L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES


au sud-ouest, à Valcebollère et ses carrières de lloses, la disposition en L des bâtiments du mas en faisait un point de contrôle potentiel de ces voies, qui empruntaient chacune un porche différent. Par sa position en altitude et son orientation, le mas constituait également un poste d’observation privilégié de la vallée du Carol par laquelle arrivaient habituellement, jusqu’au Traité des Pyrénées, les troupes françaises ennemies. L’exploitation agricole, qui s’étendait sur quelque 100 hectares, produisait du blé noir et plus tard des pommes de terre sur des terrasses de culture ou feixes s’étageant jusqu’à 2000 m d’altitude. À la fin du XIXe siècle, la culture est

abandonnée au profit d’une exploitation pastorale qui comptera jusqu’à 1 200 brebis. L’importance de ces chiffres explique la taille relativement étendue des bâtiments d’exploitation pour un ensemble de type ferme sur cour antérieur à l’apparition des grandes fermes encloses de Cerdagne. Le bâtiment d’habitation s’élève à la jonction entre l’aile nord, qui comprenait une étable en rez-de-chaussée sur cour et un fenil à l’étage, et l’aile sud bâtie dans la pente, avec bergerie voûtée au niveau inférieur, et remise ouvrant sur la cour à l’étage. Il contrôle les deux anciens porches de passage, qui le longent en rez-de-chaussée. L’ensemble

Vue éclatée de l’ancienne remise sur cour aménagée en gîte de séjour. EXEMPLES D’INTERVENTIONS CONTEMPORAINES RESPECTUEUSES DU BÂTI TRADITIONNEL

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Table des matières

OBJECTIFS ET ENJEUX DE L’OUVRAGE Pour une définition de l’habitat traditionnel du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes ..................6 L’habitat traditionnel : caractérisation et limites d’étude ............7 L’habitat du Parc et son territoire : contexte physique, contexte historique ..................................................................8 Le Conflent ...........................................................................11 Le Capcir ...............................................................................12 La Cerdagne .........................................................................13

LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES : CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES ET DIVERSITÉ DE L’HABITAT TRADITIONNEL Les caractéristiques générales de l’habitat traditionnel du Parc .............................14 Les diverses formes d’habitat traditionnel ...........................15 Les unités simples ...........................................................17 La maison de journalier ou d’ouvrier ......................................17 La maison de notable ............................................................19 La maison bourgeoise ...........................................................21

Les unités composées .....................................................23 Les petites fermes de village ..................................................23 La petite ferme de village sur cour ........................................24 La petite ferme de village disséminée ...................................26 Les grandes fermes encloses sur cour .....................................27

Diversité bâtie du Parc : Conflent, Cerdagne, Capcir ......................................31 Le Conflent ........................................................................32 118

Le Conflent de tuile : vallées de la Têt, de la Castellane, de la Litera, de la Rotja et du Cady ..................................32 Le Conflent de llose : le défilé de la Têt et les contreforts schisteux des massifs du Madres et du Canigou ..............34 La Cerdagne ......................................................................36 Plateau granitique de Cerdagne et contreforts schisteux du massif du Puigmal .................36 Vallée du Carol ...............................................................36 Le Capcir et les Garrotxes ...................................................40 La construction sur le territoire du Parc : matériaux et mise en œuvre ....................................42 Ouvrages de maçonnerie ...................................................42 Matériaux .............................................................................42 Hourdage ..............................................................................43 Finition extérieure des parements ..........................................43 Finition intérieure des parements ...........................................43 Voûtes maçonnées ................................................................44 Les ouvertures .......................................................................44 Ouvrages maçonnés en saillie ................................................45

Ouvrages de charpente ......................................................46 Matériaux .............................................................................46 Charpente de plancher ..........................................................46 Charpente de couverture .......................................................47 Cadres de charpente des ouvertures ......................................47 Ouvrages de charpente en saillie ...........................................48

Ouvrages de couverture .....................................................49 Couvertures en llose ..............................................................49 Couvertures en tuile canal .....................................................52

Le second œuvre ................................................................54 Fermetures et garde-corps ..............................................54 Ouvrages de menuiserie ........................................................54

L’HABITAT TRADITIONNEL DU PARC NATUREL RÉGIONAL DES PYRÉNÉES CATALANES


Ouvrages de ferronnerie ........................................................55

Partitions et revêtements intérieurs .................................55 Les sols intérieurs ..................................................................55 Les escaliers ..........................................................................56 Le cloisonnement intérieur et sa finition .................................56

Restauration des toitures : charpente, isolation, couverture .....80 Restauration des ouvertures : baies, menuiseries .....................83 Aménagements et partitions intérieurs : intégration des réseaux, ventilation ........................................85

Équipements domestiques intégrés à l’habitat .................56 La cheminée ..........................................................................56 Le fourneau potager ou fogo .................................................57 Le four à pain ........................................................................57 L’évier ou aiguera ..................................................................57 Les rangements .....................................................................57

INTERVENIR SUR LE BÂTI TRADITIONNEL : LE RESTAURER SANS LE DÉNATURER Connaître le bâtiment .............................................59 État des lieux : relevés, matériaux, mises en œuvre, éléments patrimoniaux singuliers et évolution de l’édifice ..59 Relevés d’état des lieux .........................................................59 Repérer les matériaux et les mises en œuvre ..........................61 Repérer les éléments patrimoniaux singuliers .........................62 Repérer les phases d’évolution de l’édifice .............................63

Diagnostic sanitaire du bâtiment ........................................64 Restaurer le bâtiment ..............................................66 Établir un programme ........................................................66 Établir le projet de restauration ...........................................68 Le projet de restauration à l’échelle de la parcelle ..................68 Le projet de restauration à l’échelle de l’édifice ......................72 Restauration des élévations : structure, parements, isolation ...73 Restauration des planchers : planchers anciens et planchers neufs .....................................78

EXEMPLES D'INTERVENTIONS CONTEMPORAINES RESPECTUEUSES DU BÂTI TRADITIONNEL Bâti isolé et extension dans un bâtiment annexe : une grange réinvestie à Py .................................................90 Connaissance du bâti .....................................................90 Projet de restauration .....................................................90 Réhabilitation d’une petite ferme de village sur cour en deux logements à très basse consommation d’énergie à Ria-Sirach, Conflent .................94 Réhabilitation du pailler d’une petite ferme sur cour de centre-village en cave d’affinage et appartement en duplex à Sahorre, Conflent ............................................98 Réhabilitation de bâtiment annexe dans une ferme sur cour isolée. Aménagement d’un gîte dans une ancienne bergerie à Valcebollère, Cerdagne .................................................102 Regroupement parcellaire de deux anciens bâtiments, réhabilités en habitation à très basse consommation d’énergie à Vernet-les-Bains, Conflent .............................................106 Conclusion .............................................................110 Bibliographie .........................................................112 Glossaire ................................................................115 TABLE DES MATIÈRES

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L’HABITAT TRADITIONNEL DES PYRÉNÉES CATALANES LE CONNAÎTRE ET LE RESTAURER

Le Syndicat Mixte du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes a entre autres pour mission la protection et la valorisation du patrimoine bâti. Le patrimoine bâti, qu’il soit d’origine civile (habitat, exploitations agricoles, moulins…), religieuse (églises, chapelles, ermitages, monastères) ou militaire (maisons fortes, châteaux forts, citadelles), nous parle sous une forme construite de l’adaptation progressive des hommes à leur milieu naturel et à ses ressources, de leur culture, de leurs croyances et de l’organisation de la société au fil des siècles. Le bâti constitue également la touche finale d’un paysage, qu’il peut magnifier par la justesse de son implantation et l’harmonie visuelle de ses volumes et matériaux avec l’écrin naturel qui l’accueille. Situé à la croisée des chemins entre nature, culture et paysage, le patrimoine bâti, et plus particulièrement l’habitat, qui parle de la vie quotidienne des hommes, est l’un des fondements de l’identité d’un territoire. Il est apparu nécessaire de réaliser un travail de synthèse destiné à apporter aux différents acteurs de la préservation et de la restauration du bâti – élus, propriétaires, entreprises – le maximum d’informations sur les caractéristiques locales de l’habitat traditionnel et la manière de le préserver et de le restaurer, en intégrant les dispositifs techniques, énergétiques et thermiques contemporains. C’est l’objet de cet ouvrage, qui entend contribuer sur le territoire du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes au développement de pratiques de restauration respectueuses de l’habitat traditionnel et de son histoire, seules capables d’apporter à ce dernier les qualités architecturales, techniques et environnementales nécessaires à la poursuite de son voyage à travers les siècles.

ISBN 978-2-86266-689-1

Parc del Pirineu català

23 € 9 782862 666891

www.loubatieres.fr

Dépôt légal : janvier 2014


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