Journal de marche d'un biffin

Page 1

Louis Viguier

Journal de marche d’un biffin 2 août 1914

~

19 février 1919

éditions Loubatières


Ce livre est un hommage Ă tous les biffins.


Portrait de Louis Viguier Louis Viguier est né le 19 février 1892 à Sancerre où son père, originaire de Toulouse, « conducteur » ponts et chaussées, avait été affecté. À l’âge de cinq ou six ans, Louis Viguier perd subitement son père. Sa mère, sans activité, décide alors de rentrer à Toulouse dans la maison familiale située dans le quartier Saint-Agne. Elle est embauchée dans la mercerie que tient sa mère pour confectionner des vêtements sur mesure. Louis Viguier se montre très tôt doué pour les études, sa scolarité est couronnée de succès. En 1910, il intègre l’Institut Électrotechnique de Toulouse fondé un an plus tôt par Paul Sabatier. Pour financer les études supérieures de leur petit-fils, les grands-parents paternels reprennent le passage à niveau de Saint-Agne comme garde-barrière. Pour compléter les revenus, Louis Viguier se rend chaque soir en patins à roulettes dans un cinéma de la place Lafayette, l’actuelle place Wilson, où il est projectionniste. Louis Viguier se marie en 1917 avec Antoinette Matalen (voir sa « dernière lettre » du 22 août 1914) qu’il avait rencontrée par l’intermédiaire du frère d’Antoinette, Victor, grand ami de Louis et dont la mort est relatée le 15 juin 1915. Après la Grande Guerre, Louis Viguier est employé aux Chemins de Fer à Paris puis rentre à Toulouse aux Chemins de Fer du Midi avant de repartir à Paris. Il participe aux innovations techniques de l’époque, notamment en tant que spécialiste de la traction motrice. Il finira sa carrière à la SNCF comme ingénieur principal. Le couple a trois enfants : un garçon et des jumelles. Entre les deux guerres, la famille mène une vie plutôt bourgeoise, profitant de la vie et des vacances : l’été à Biarritz, l’hiver en Andorre ou à Luchon. Louis Viguier et son épouse fréquentent les casinos théâtres, assistent aux matches de tennis à Roland-Garros… Pourtant, et contrairement à son épouse, Louis Viguier déteste les mondanités. Il négocie d’ailleurs les sorties avec Antoinette : un après-midi à la pêche contre une soirée en ville. Pour décourager sa femme, il se présentera même au casino de Salies-du-Salat en smoking et pantoufles. En 1939, Louis Viguier perd une de ses filles et deux mois plus tard sa femme. Il portera leur deuil jusqu’à sa mort le 7 février 1986. Croyant et fervent pratiquant, Louis Viguier confia que la spiritualité lui avait permis de traverser ces nouvelles épreuves. Tout ce que cet homme a entrepris dans sa vie a fait l’objet d’une approche extrêmement rigoureuse. Lorsqu’il décide par exemple de produire quelques kilos de miel, il étudie l’intégralité de la littérature apicole de l’époque, prend des cours à l’école du rucher et crée son propre modèle de ruche et d’extracteur. La lecture, la photographie et le cinéma l’accompagnent toute sa vie. Il reste très attentif à l’actualité, passionné par les progrès technologiques, et alerte son entourage sur le danger de certaines découvertes ou applications. À l’école de la IIIe RéJOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

7


publique, les élèves étaient récompensés par des prix, la plupart du temps des livres. Dans sa bibliothèque, Louis Viguier, devenu grand-père, conserve d’innombrables volumes. Ses petits-enfants gardent l’image d’un grand-père très présent, dynamique, aidant aux travaux scolaires et organisant des sorties et des activités pour toute la famille. Il apprend à ses petits-enfants à skier, nager, faire du vélo et du tennis et les accompagne jusqu’à un âge avancé. Ce voyageur de première classe passe le permis de conduire très tard, dans les années 1950, et préfère la moto à la voiture. Il bichonne sa Terrot qu’il démonte entièrement une fois par an, l’été pour que les petits-enfants l’aident à nettoyer les pièces du moteur. Un autre aspect de sa vie à mentionner est son patriotisme fondé sur l’amour de son pays et non sur la haine des autres ; il fait lever son entourage dès que la Marseillaise retentit. L’histoire de ce livre débute par l’ouverture d’une armoire restée scellée pendant des décennies et la découverte de ce que l’on pourrait appeler un « trésor ». Des cartons de manuscrits accompagnés de divers documents et des caisses de photographies, l’ensemble soigneusement référencé et ordonné. Jamais personne n’avait eu connaissance de l’existence de ce fonds. Le 4 août 1914, jour de la mobilisation générale, Louis Viguier débute un journal de guerre qu’il va transcrire dans une série de petits carnets. Après la Grande Guerre, Louis Viguier élabore ce qui constitue le manuscrit du « Journal de marche d’un “biffin” », titre qu’il a luimême choisi. Si les carnets de terrain contiennent une multitude de notes et de schémas, ils sont aussi complétés par des documents d’époque, des objets et surtout des centaines de photographies que Louis Viguier a prises au cours du conflit. Louis Viguier chérit ses parents, adore ses amis et aime celle qui deviendra sa femme… À Bouconne (Haute-Garonne) et à Caylus (Tarn-et-Garonne) où il débute son service militaire en 1912 sous le matricule 4652, Louis Viguier se noue d’amitié avec Victor Matalen, son futur beau-frère. Lorsqu’en septembre 1915 Louis Viguier doit constituer son équipe de téléphonistes, il choisit des hommes qu’il connaît, leur assurant une plus grande chance de survie. Des amitiés indestructibles se forgent alors. Viguier, Val, Dupias, Monty, Tourenc et DiJOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

8


gnat font en sorte de se revoir le plus fréquemment possible pendant le conflit et même après, jusqu’à leur mort, partageant même les vacances en famille. L’histoire du Biffin, c’est une histoire dans l’Histoire, ce sont des histoires dans l’Histoire. Celle d’un jeune parmi tant d’autres engagés dans un conflit sur des territoires qui seront à jamais marqués par l’horreur. C’est aussi celle, personnelle, d’un homme qui fait partager son aventure et ses états d’âme devant des situations inédites et contrastées qui révèlent l’absurdité de la guerre. Celle d’un homme qui a une histoire et des projets. C’est également l’histoire d’amitiés qui semblent lui permettre de traverser cette période en faisant vivre les valeurs de fraternité, de solidarité et d’humanité. Mathieu Teste



Dans le viseur de Louis Viguier… Louis Viguier fait partie d’une lignée de témoins directs de la Grande Guerre que l’on a découverte depuis peu, celle des « poilus-photographes ». Jusqu’au début des années 2000, et en particulier depuis l’édition pionnière des Carnets de guerre du tonnelier audois Louis Barthas (1977), on s’était surtout attaché à retrouver les rares journaux de tranchées encore conservés dans les familles. Souvent rédigés à l’origine à l’aide de notes rapides écrites au crayon sous la mitraille, bon nombre de ces textes avaient été repris par leurs auteurs quelques décennies plus tard et mis en forme de manière plus littéraire, au prix parfois d’une certaine autocensure ou d’une réinterprétation des faits. On connaissait également de nombreux fonds d’images, publics ou privés, plus ou moins bien identifiés, qui alimentaient régulièrement les ouvrages traitant de ce premier conflit mondial. Mais il semble bien que c’est avec le dernier grand anniversaire de cette guerre, en 2004, qu’ont été valorisées des archives encore plus rares, formées à la fois d’écrits et de photographies de témoins uniques. Ce fut le cas, en 2004, de celles de Paul Minvielle, publiées par son fils, ou, en 2006, de celles de Léon Lecerf, tous deux médecins. Et c’est aussi le cas, assez exceptionnel, de celles que nous a laissées Louis Viguier, cet ingénieur toulousain parti dès la première heure, le 2 août 1914, et démobilisé en février 1919. Si l’existence de notes ou de correspondances pendant la guerre paraît relativement normale, la présence très importante de l’image dans les archives familiales ou les institutions publiques peut sembler paradoxale. En premier lieu, il apparaît évident qu’en 1914, même si l’on avait assisté depuis une décennie à une certaine démocratisation de la pratique photographique, peu de mobilisés – sinon quelques officiers – devaient disposer d’un appareil. Et si tel était le cas, peu de ces privilégiés auraient souhaité s’encombrer de cette machine lors de leur départ la fleur au fusil et un lourd paquetage sur les épaules. Enfin, il est clair que l’autorité militaire ne pouvait manquer, durant tout le conflit, d’essayer de maîtriser la pratique photographique des poilus. C’est le sens en particulier de la circulaire que le généralissime Joffre signa au Grand Quartier Général, le 13 mars 1916, mais qui portait en ellemême l’aveu de l’échec de la démarche. Elle mentionne que, « dans la zone de l’avant et la zone des étapes, le port et l’usage d’un appareil photographique est interdit à toute personne, militaire ou civile, non munie d’une autorisation du général commandant l’Armée ». Il s’agissait entre autres d’éviter « les graves inconvénients que présentent les nombreuses photographies prises sur le front et envoyées à l’intérieur », qui fournissaient très souvent des renseignements précis et fort utiles aux Allemands. Il était bien évidemment interdit aussi d’envoyer des clichés « portant des renseignements utiles à l’ennemi ». Des « commissions de contrôle » étaient instituées afin de filtrer ces images. Enfin, la circulaire portait interdiction pour les photographes locaux de développer et de tirer des épreuves des clichés apportés JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

11


Boîtier contenant des clichés stéréoscopiques sur plaque de verre légendés et organisés par Louis Viguier.

par des militaires ou des civils non munis de l’autorisation susdite. Il est vrai que, depuis mai 1915, avait été créée au sein du Bureau des informations à la presse la fameuse « Section photographique de l’Armée », qui était devenue en cette année 1916, la « Section photographique et cinématographique de l’Armée », sous l’autorité directe du ministère de la Guerre, et que celui-ci se réservait la production et la communication des images officielles des opérations militaires. Mais comment contrôler une pratique qui devient courante dès les premiers mois du conflit, et surtout qui répond clairement à une demande sociale et familiale de plus en plus pressante ? Comment interdire la prise de vues sur le terrain et la circulation d’images alors même que la presse illustrée qui se développe alors en réclame de plus en plus. Le cas le plus extrême est certainement celui du Miroir, qui annonce dès le 16 août 1914, qu’il « paiera n’importe quel prix les documents relatifs à la guerre et présentant un intérêt particulier ». Cet appel direct aux soldats, jugé dangereux, se voit tout d’abord interdit, avant de reparaître en septembre 1914 et d’être lancé chaque semaine durant toute la période de guerre. Cet hebdomadaire alla même jusqu’à organiser des concours, dont celui de « la plus saisissante photographie de la guerre », dotés de prix substantiels en argent. C’est une aubaine que certains poilus, comme le caporal René Pilette dont les images ont rejoint l’Historial de Péronne, n’hésiteront pas à saisir. Il s’agit alors pour cette presse illustrée de donner à voir la guerre dans toute sa réalité quotidienne, parfois la plus triviale ou cocasse, parfois aussi la plus « normale » afin de rassurer l’opinion. Mais ces images, au fur et à mesure de l’évolution du conflit, montreront aussi toute l’horreur et la cruauté des combats et vont familiariser toute la société avec cette violence d’un type nouveau. La production de photographies à usage familial n’est certainement du même ressort. Il ne s’agit pas pour l’amateur photographe de diffuser ses clichés, mais avant tout de les réserver à ses proches, aux parents et aux amis privés de la présence du fils, du frère ou du père. C’est à ce cercle intime qu’elles sont destinées, et c’est dans ce cercle intime qu’elles sont souvent restées jusqu’à aujourd’hui. Dans ces clichés, peu de mise en scène, peu d’images édulcorées : nous sommes au plus près des poilus et des conditions extrêmes dans lesquelles ils vivent leur guerre. Nous côtoyons avec eux la mort et ces monceaux de cadavres dont on ne peut même plus distinguer la nationalité tant ils sont enchevêtrés, dans une grisaille et une boue que l’on sent omniprésentes. Pourtant, çà et là, l’humour pointe au détour d’un portrait de groupe, et la photographie apparaît alors comme un dérivatif salutaire à un quotidien d’ennui et de peur. Il faut dire que le poilu qui possède un appareil photographique bénéficie à coup sûr d’un statut particulier dans les tranchées. En premier lieu, même si ces machines se miniaturisent et se diffusent dans toutes les couches de la société, dont celle des soldats, elles sont encore pour beaucoup un JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

12


luxe inabordable. Ensuite, grâce à cet appareil, ce n’est pas seulement son propriétaire qui bénéficie de ses images, mais tous ceux qui font partie du même boyau de tranchée ou du même abri. Enfin, au-delà de la simple information des familles ou de la constitution de « journaux de guerre photographiques » personnels, livres de raison des temps modernes, la photographie a tout son intérêt dans la surveillance de l’ennemi et la préparation des opérations futures. C’est certainement ce statut particulier du photographe et le rôle de son art au service à la fois du moral des troupes et du renseignement militaire qui explique en bonne part que Louis Viguier ait pu, durant toutes ses années de guerre, faire

usage de son appareil sans aucun problème avec sa hiérarchie. Si l’on relit ses carnets et que l’on analyse les centaines d’images qu’il nous a laissées, on y découvre toutes les facettes de son activité photographique, des portraits de ses camarades à ceux de ses supérieurs, des scènes de bombardement aux séances de concert à l’arrière, des reconnaissances de position aux résultats des bombardements ou des assauts. Il se place aussi, grâce à son appareil, comme un témoin privilégié de cette guerre. Le 18 mars 1915, il écrit ainsi : « Si mes photos sont réussies, j’aurai de très belles vues de cette guerre, particulière, de mines. » Son goût pour la photographie et la qualité de ses clichés lui permettent d’ailleurs d’avoir avec son commandant des relations privilégiées dès cette année 1915, et d’obtenir l’année suivante, le 17 avril 1916, le fameux « permis de photographier » indispensable pour éviter tout problème. Il peut donc dès lors se livrer à son passe-temps favori et en faire profiter ses collègues tout en servant son pays grâce à lui. Pour cela, il va tout d’abord utiliser le fameux « Vest-Pocket » de la maison Kodak. Comme son nom anglais l’indique, ce « folding » (appareil pliant à soufflet) pouvait se glisser (et donc se cacher) dans les poches de la veste de celui qui voulait l’utiliser discrètement. Diffusé à partir de 1912, il bénéficia pendant la guerre d’une publicité particulière qui le gratifia du surnom de « Kodak du soldat ». En 1916, le catalogue de la maison « Photo-Plait » décrit ainsi ses qualités particulières : « Pour le soldat, qu’il soit au front ou dans un dépôt, rien n’est comparable au Vest Pocket Kodak. En résumé, le Vest Pocket Kodak est le Kodak du soldat. Il possède tous les JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

13

Exemple de cliché stéréoscopique.


Albums contenant des négatifs conservés par Louis Viguier.

avantages demandés par lui. » Il se chargeait non plus avec des plaques mais avec une pellicule de type 127 donnant des images de 4 × 6,5 cm. Louis Viguier signale dans ses carnets, dès le 13 octobre 1914, qu’il désire ardemment ce type d’appareil. Deux jours après, il envoie 100 francs à Toulouse pour qu’on puisse lui en acheter un, et il reçoit enfin le 9 novembre suivant « l’appareil tant attendu ». Mais très vite, il ne s’en satisfait pas, et note le 10 février 1915 : « Je reçois mon nouvel appareil photographique : un 6 ½ × 11 qui me permettra de faire de meilleures photos qu’avec le premier, par tous les temps et tous les brouillards d’eau ou de terre car sa luminosité paraît excellente. » Il s’agit certainement d’un Kodak pliant avec une pellicule de type 106. Celui-ci subit comme son propriétaire les rudes épreuves du conflit. En juin 1915, par exemple, alors que sa compagnie entre dans Arras, voici ce qu’il écrit : « je m’empresse, notamment, de porter mon Kodak chez un marchand d’appareils photographiques pour le faire réparer car il ne déclenche plus depuis que j’ai été enterré à Souchez et je n’ai pas pu arriver à le faire fonctionner ». Malheureusement, « mon appareil photographique ne peut être réparé à Arras. Il sera envoyé à Paris et on l’expédiera chez moi à Toulouse après mise au point. Je ne pourrai donc prendre aucun cliché de ce secteur lacustre et c’est bien regrettable » (12 juin 1915). Il apprend le 5 août suivant qu’il est réparé, mais il ne le récupérera que onze jours plus tard. Louis Viguier prendra également, comme beaucoup de ses camarades, de nombreux clichés stéréoscopiques, certainement réalisés avec le fameux « Vérascope Richard » qui donnait des images de 4,5 × 10,7 cm et permettait de réaliser soit 12 vues stéréoscopiques soit 24 vues simples. Certains écrits qu’il nous a laissés nous montrent que cet ingénieur de formation notait parfois consciencieusement les temps de pose et l’ouverture des diaphragmes qu’il utilisait pour chacune de ses photos, ainsi que les conditions atmosphériques (et donc d’éclairage naturel) dans lesquelles il les réalisait. Quant aux opérations de développement des pellicules et JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

14


de tirage des photographies, elles étaient à coup sûr des plus délicates sur le front. Louis Viguier n’en parle que peu, mentionnant accessoirement, par exemple, que le 12 janvier 1915, « la journée se passe en travaux de grands lavages, distributions. Je développe quelques photos. » Par ailleurs, l’une de ses images stéréoscopiques, prise au village de La Harazée (Marne), porte comme légende rédigée par ses soins : « La “Villa” louée par nos poilus dont ils occupent la cave (grand laboratoire d’où sont sortis la plupart de ces clichés) ». L’un des miracles de ce terrible conflit est que Louis Viguier ait pu survivre aux terribles combats auxquels il participa ; un autre en est que les centaines d’images qu’il réalisa, parfois au péril de sa vie, aient également pu être sauvées. Elles constituent un témoignage unique et original sur les quatre années vécues par Louis Viguier et ses compagnons de galères, un témoignage en images qui vient éclairer et illustrer le récit manuscrit qu’il nous en a laissé. Ces clichés nous confirment assurément ce que le chroniqueur Jules Clarétie écrivait de manière prémonitoire dans Le Figaro, le 29 avril 1905 : « Le vrai peintre de la guerre aujourd’hui, le plus féroce et le plus vrai, c’est le Kodak. » François Bordes Conservateur en chef du Patrimoine Directeur des Archives municipales de Toulouse


À 9 h 30, nous devons attaquer à notre tour. À 9 h 20, contrordre – mais dix minutes plus tard, les mines sautent tout de même. Nous regagnons Suippes en foulant un épais tapis de neige. 13 février 1915 Nous partons pour Bois-Carré accompagnés d’une grande pluie. Nous devons y rester 24 h. Nous arrivons mouillés jusqu’aux os. Le poste a subi de grands changements ; il est blindé en conséquence. Dimanche 14 février 1915 Nous revenons à Suippes à 12 h. Je donne le petit verdier, que j’avais apprivoisé, à des gens de Suippes car il ne pourrait supporter bien longtemps ce va-et-vient. 15 février 1915 Veille d’attaque. La soirée est bruyante et il neige à nouveau. Je prends quelques clichés.

Pan Coupé, explosion d’une mine après le bombardement, sape Forge, 3 200 kg d’explosifs, 16 février 1915.

16 février 1915 Départ à [blanc]. Nous arrivons à P.C. à 8 h. Le bataillon doit attaquer à 9 h 30. Le poste de commandement est dans les sapes. La canonnade commence à 9 h et ne s’arrêtera que le soir. À 9 h 50 les mines sautent – trois à la fois établies à 15 m de distance et chargées de 1 200, 1 000 et 1 000 kg d’explosifs. Une colossale gerbe de terre jaillit du sol que j’essaie de prendre en photo. Trois entonnoirs de 30 à 40 mètres de diamètre sont ainsi créés. La 6e compagnie doit s’élancer à l’assaut mais elle ne peut déboucher par suite des grandes défenses accessoires de l’ennemi. Soueix est blessé. Nous couchons dans les boyaux.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

98


Entonnoir 48, une demi-heure après l’explosion, 16 février 1915.

Boyau, cote 200, février 1915.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

99


Assaut du bois 13, cote 200, février 1915.

17 février 1915 La canonnade fait rage depuis le lever du jour. Le 1er bataillon progresse à droite ainsi que les 88 et 83e. On ne peut démarrer du P.C. Le colonel Viar qui a le commandement voit l’impossibilité d’attaque pour le bataillon et les 5e et 6e compagnies sont envoyées au ravin. Je couche à notre ancien poste avec la liaison du 83e. 18 février 1915 6 h départ du P.C. pour aller relever le 1er bataillon à 202 aux tranchées conquises. Nous sommes violemment bombardés dans Y et allons à l’abri X. Nous repartons par l’entonnoir 48 pour arriver dans une tranchée conquise – au milieu d’une boue considérable. Le poste de commandement est dans un abri allemand. Ils nous ont laissé un grand nombre de boucliers et de sacs à terre qui nous serviront à assurer leur tranchée qui est complètement éventrée. Les Allemands l’avaient reprise au 83e. Mais notre artillerie a tout pilonné, on voit par son état les terribles effets de nos obus. Le 59e s’élance ensuite et reprend la tranchée, faisant de nombreux prisonniers. Nous avons suivi l’assaut et canardé les fuyards. À 18 h, le 130e régiment arrive pour l’attaque de demain matin. Nous veillons toute la nuit. 19 février 1915 Jour de mon anniversaire. Ma compagnie attaque ainsi que le 130e à droite et l’attaque réussit. La 6e a pris la terrible tranchée 48, soit 350 mètres de tranchée, une mitrailleuse, un officier et [ill.] prisonniers. JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

100


L’un d’eux dit « Artillerie capout, touché mort, pas touché mort quand même… ». Notre sergent-major est disparu et trente-neuf hommes sont hors de combat. La nuit se passe en grandes fusillades, contre-attaques adverses qui sont violemment repoussées. 20 février 1915 Le 83e vient nous relever. Nous sommes fourbus et trempés, les tranchées sont pleines d’eau. Nous allons à 152 – au passage, nous voyons dans une guitoune, le tambourmajor, le caporal-clairon et trois hommes qui ont été tués par un 105. Passé voir Barbis. À 152, je remplace le sergent-major. Dimanche 21 février 1915 Barbis vient me réveiller à 8 h 30. Je dormais si bien que je ne croyais pas qu’il soit si tard. La matinée se passe en nettoyages et travaux de bureau. Je vais déjeuner avec Val au bivouac de Barbis. Nous prenons quelques photos de 75 éclatés et de quelques artilleurs amis. 22 février 1915 Départ 5 h 30 pour la cabane forestière. Nous restons toute la journée dans le ravin. La 8e compagnie était détachée au er 1 bataillon pour l’attaque. Le soir à 18 h 30 nous allons relever le 83e au P.C.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

101

Perthesles-Hurlus, nos nouveaux crapouillots de 77, lancebombe Collinier (partie de tranchée nouvellement conquise), février 1915.


Bois-Carré, pièces de 75 éclatées, 21 février 1915.

Remise de décorations, 24 février 1915.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

102


23 février 1915 Relevés à 6 h par le 59e, nous allons à 204. 24 février 1915 Prises d’armes 9 h 30 pour la remise de décorations à Decollas et à Canouet. 25 février 1915 Départ 9 h 30 pour P.C. relever le 59e. 26 février 1915 Poste du ravin. 27 février 1915 Poste du ravin 101. Attaque à 14 h. Panique dans le boyau. Arrêt d’un peloton. Dimanche 28 février 1915 Nous partons à 6 h du poste du ravin pour aller au repos à La Cheppe. Cette route ne nous est pas inconnue – nous l’avions utilisée pour repousser l’ennemi. Elle nous rappelle de fameuses actions : La Certine ! où nous les avons battus et refoulés, talonnés à deux heures d’intervalle de leurs factions importantes qui n’ont pas eu ainsi le temps d’incendier complètement les villages de cette région. Chaque coin, chemin ou accident de terrain était pour nous une source inépuisable de souvenirs et provoquait chez tous d’innombrables exclamations. Nous reconnaissions le pays comme si nous y avions toujours vécu. Cette Bataille de la Marne faisait les frais de nos conversations et nos cris transformaient nos haltes en champ de foire. Les bleus arrivés du dépôt, les embusqués et les civils que nous rencontrions nous regardaient comme des bêtes curieuses ou sans doute comme des échappés de Braqueville ou de Charenton. Là, était une meule de paille ayant servi d’observatoire aux Allemands et de cible pour nous. Plus loin, un pont en bois doit exister sur la rivière auprès d’une ferme où un civil gisait assassiné au pied d’un mur, où une brave femme, ayant servi de jouet à ces bandits, pleurait à moitié folle. De sur la hauteur, des chasseurs se détachaient un à un pour fouiller le bois où restaient encore quelques traînards cachés qui nous tiraient dans le dos… et tant de souvenirs rappelés par les uns et par les autres, nous faisaient oublier la fatigue de cette étape un peu longue pour notre manque d’entraînement. Nous agissions comme des gosses, dans la joie de filer enfin vers l’arrière. L’ordonnance du commandant, monté sur le cheval d’un chasseur, nous servait de tête de turc. Nous lui faisions sauter des haies, des fossés, tous les obstacles possibles. Ce concours hippique était d’ailleurs à l’avantage de l’ordonnance très bon écuyer. Le clou de notre randonnée a été réussi par le fourrier de la 5e compagnie : Des poilus du 83e passaient sur la route et discutaient ferme. À notre croisement, le fourrier leur crie : « Ça se connaît que vous ne venez pas des tranchées vous autres ! » et ils étaient aussi crottés que nous… Qu’est-ce qu’il a pris comme réparties, JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

103


* assemblages de pieux et de branchages pour soutenir la terre et éviter les éboulements.

Sur le flanc nord un grand camp – tout en clayonnages* – est magnifiquement installé à l’abri des obus. La veille, les Allemands ont bombardé le flanc sud et les coteaux situés de l’autre côté de la vallée, où se trouve l’artillerie. Nous avons de bons et beaux postes avec tout le confort désirable et dans un très joli site Le soir, après dîner, vers 20 h 30, les Allemands attaquent mais une canonnade très intense déclenchée par nos fusées, nos réflecteurs, les arrêtent rapidement. Je passe une bonne soirée sur un banc, à l’entrée de nos abris. 12 août 1915 Nous sommes dans le ravin du Four de Paris. Vers 3 h, une autre attaque adverse est encore repoussée. À 6 h 30, le commandant me réveille pour aller reconnaître les tranchées du secteur de Saint-Hubert. Les 150 et les minens nous accompagnent en route. Le P.C. est dans un petit ravin au terrain très rocailleux. Attaque à 20 h 30 – 21 h. Le vélo de Val reçoit une balle.

Le Four de Paris, ravin des Maurissons, route de Varennes, août 1915.

13 août 1915 Départ pour la relève à 2 h 30. Les compagnies, à 1 h d’intervalle, la 6e en tête, se suivent dans un très grand silence mais les Allemands, contrairement à leur habitude, n’attaquent pas. Les chefs de service restent 24 h pour passer toutes les consignes.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

154


Le Ravin Vert est très calme mais pas pour longtemps. Pendant que j’étais de faction, à 20 h 30, attaque habituelle des Allemands. Alerte. Roulement de tambour. Déclenchement du tir de notre artillerie qui arrête net l’attaque. 20 minutes après, tout était rentré dans le silence. Les Allemands sont à 8 ou 10 mètres de nous aussi l’on ne se sert pour ainsi dire pas des fusils mais des bombes qui sont alignées sur le parapet. Dans la nuit autre « pétarade ». 14 août 1915 Réveil à 6 h. Pluie dans la nuit aussi les tranchées sont pleines d’eau. On fait sauter un camouflet pour arrêter le travail des mines et les Allemands s’installent dans l’entonnoir mais sont arrosés par les 150 et les 210. De faction de 21h à 22 h. Pas plutôt couché que la pétarade nous réveille – toujours même « tabac ». Dans la nuit ils y reviennent mais ils sont toujours bien reçus. Dimanche 15 août 1915 Réveil 6 h. À 20 h 15 bombardement des tranchées allemandes pendant deux minutes pour prévenir leur attaque. Réponse par deux ou trois 150. Attaque sur Marie-Thérèse à gauche à 22 h. 16 août 1915 Réveil 4 h. La 5e compagnie ramène un prisonnier blessé à la tête et qui s’est rendu. On le fait parler : Il y aurait en face deux bataillons allemands qui n’auraient pas été relevés depuis longtemps malgré de grandes pertes ; depuis deux jours vingt tués et de nombreux blessés à sa compagnie. Le commandant lui donne la « trouille » JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

155

Le Four de Paris, le poste du colonel, août 1915.


en parlant de le mettre « capout ». Il indique une relève pour 8 h et le 75 bombarde à cette heure-là tranchées et boyaux. Siadous se bat – il dit que c’est lui qui a fait le prisonnier et qu’il veut les douze jours de permission auxquels la prise donne droit. Un sergent-mitrailleur est grièvement blessé par le 75. Départ des quatre fourriers à 14h pour faire le cantonnement à Florent. En route l’on me remet mon appareil photographique. Une voiture nous prend les sacs vers La Chalade, ce qui nous soulage beaucoup car la pluie commence à tomber. Arrivé à 16 h 30 à Florent, je vais trouver l’adjudant de bataillon du 7e car nous remplaçons le 1er bataillon de ce régiment, puis le major de cantonnement – très gentil – qui se trouve à la mairie et qui me passe les consignes. Bon cantonnement. Couché au cantonnement des chevaux du régiment avec Despassac.

Florenten-Argonne, la cuisine roulante de la 6e compagnie, août 1915.

17 août 1915 Réveil 6 h. Nous allons à 7 h à la sortie du village sur le banc du Tournic-Club attendre le bataillon. Val était arrivé hier à Florent de retour de permission. La 8e compagnie qui était en réserve était arrivée dans la nuit à 3 h. La 7e arrive à 7 h 30, la 6e à 8 h 30 et la 5e à 9 h 30 avec le commandant. Celui-ci est très en colère ; il se plaint que les commandants de compagnie ne l’écoutent pas aussi il alerte le bataillon. Nettoyage immédiat de tout le cantonnement. Sortie de toute la paille. Nous sommes ainsi occupés toute la journée à des corvées. Au moment de se mettre à table, le commandant s’aperçoit qu’il doit déjeuner dans la chambre d’un autre officier et me passe « un poil » que je n’encaisse pas sans

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

156


me défendre assez violemment. Il finit par convenir que j’ai fait mon possible et qu’il restera là. 18 août 1915 Réveil 6 h. J’ai oublié de commander les corvées de Florent et vais en aviser l’adjudant de cantonnement. Le commandant veut faire des photos et me harcèle à ce sujet tout le temps. Exercices des grenadiers le matin. Tiré photos magnifiques pour le commandant. Subernoyaux abîme son nouvel appareil mais je le lui arrange. Ai fait photos toute l’après-midi. Distribution d’effets – de culottes. Je dois m’occuper à 20 h de l’enterrement du lieutenant Chapauteau. 19 août 1915 Réveil 7 h. Enterrement 10 h. Préparatifs de départ aux tranchées et bruits de départ en permission pour samedi. Longue attente d’ici là ! Expédié sac de… ? 20 août 1915 Réveil 24 h. Départ à 24 h 30 par une nuit très noire. Quand nous arrivons au ravin, les obus nous souhaitent la bienvenue. La 7e a travaillé à la guitoune, les obus tombent dans le voisinage. Nos tranchées sont démolies par les minens. Le commandant veut faire des photos mais je lui dis que je suis trop fatigué. JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

157

Florenten-Argonne, abri de mitrailleuse contre avions, août 1915.


21 août 1915 Pas d’attaque cette nuit. Je suis de planton de 21 à 22 h. 22 août 1915 Nous nous réveillons à 3 h car la mine doit sauter à 4 h 45. Tir de barrage puis la mine saute et blesse des nôtres… Sergent Galmot tué. 23 août 1915 Réveil 4 h. Veille de 4 h à 5 h. Réveillé à nouveau par le téléphone et le bombardement. Les minens font des pertes à la 8e (56), tombent sur la tranchée Migeon et font sauter notre abri de munitions. Le sergent St-Marie de la 8e est haché par l’explosion, des parties de son corps pendent aux arbres. Un autre est aussi écrasé. Un nouveau minen enterre les trois pompiers que l’on nous avait envoyés avec des lance-flammes. Ils sont évacués avant d’avoir pu essayer leur « outil ». Des hommes fous passent. Nous bombardons violemment les tranchées allemandes. Général Ruault, contrairement aux ordres du colonel, ne veut pas que l’on occupe l’entonnoir. Des hérissons sont plus faciles à remplacer que des hommes dit-il. À la nuit, nous déménageons l’abri de munitions du ravin soit, entre autres, plus de 3 000 pétards et 22 caisses de bombes – de quoi faire sauter tout le « quartier. » Marie-Thérèse, bombardiers et lance-bombes, août 1915.

24 août 1915 Veille de 2 à 3. Les Allemands sont calmes cette nuit ; le bombardement n’est toutefois pas trop éloigné du P.C.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

158


Nous continuons la construction de notre abri. Un trou de mine allant sous la route de Saint-Hubert. Un minen tombe près du poste de munitions de la 7e mais ne le fait pas exploser. L’après-midi, vers 16 h, nous allons faire le cantonnement au camp Deville. Le capitaine de la Giglai voudrait en plus l’abri de la liaison. Rien à faire jusqu’au matin.

Camp Deville, fontaine et lavoir, août 1915.

25 août 1915 Réveil 3 h. Arrivée de la relève 4 h. Mené les compagnies au camp Deville.

Camp Deville, fontaine et eau stérilisée, août 1915.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

159


Camp Deville, essayage des casques, 26 août 1915.

Le capitaine de la Giglai réussit à s’approprier notre « cagna », mais je ne veux pas habiter « le gourbi » qu’il me donne à la place où loge déjà une escouade de la 5e. Je vais à la compagnie. Allé avec Val à La Harazée pour prendre quelques clichés. Fait photos toute l’après-midi avec le commandant. 26 août 1915 Les autres corps ont des permissions, mais notre brigade n’en a pas à cause de ce « cochon » de secteur où les Allemands sont trop remuants. Distribution d’effets sur le soir. Nous devons tous être munis de casques et de tuniques. Dans la nuit, forte canonnade française à Fontaine aux Charmes. 27 août 1915 Relevons 7e demain. 28 août 1915 Prenons à nouveau le secteur de Saint-Hubert qui devient plus calme. Notre artillerie semble avoir pris le dessus car les Allemands n’envoient plus que quelques minens. Dimanche 29 août 1915 Notre abri caverne est constitué avec des encadrements de galerie majeure de 1 m 80 et au-dessus de nous il y a des rochers énormes. La liaison est ainsi bien à l’abri. 30 août 1915 Quelques blessés par des bombes. JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

160


Saint-Hubert, PC du 2e bataillon et liaison, août 1915.

Saint-Hubert, PC du 2e bataillon, abri de la liaison, août 1915.

JOURNAL DE MARCHE D’UN BIFFIN

161


Louis Viguier

Journal de marche d’un biffin* (2 août 1914 ~ 19 février 1919) Ce livre est la transcription intégrale des carnets de guerre de l’adjudant Louis Viguier. Il commence à les rédiger le dimanche 2 août 1914 à Toulouse et y met un point final le 19 février 1919, veille de sa démobilisation à Versailles. Féru de techniques nouvelles – il fera une brillante carrière d’ingénieur, dans les chemins de fer, notamment – il fait la guerre sans quitter son appareil photo. Ainsi, il photographie tout ce qu’il n’a pas le temps d’écrire : camarades, installations, champs de batailles, scènes de la vie quotidienne, prisonniers, soldats morts au combat, ruines, avions abattus… Il a également conservé de très nombreux papiers (ordres, états, comptes rendus, messages, courriers…) qui documentent ses écrits. Au fil des jours, on suit avec lui le curieux rythme de la guerre : le calme (presque le train-train), l’attente, l’attaque soudaine et les combats qui s’éternisent, à nouveau le calme irréel d’après la bataille. Ces carnets forment un long « reportage » de l’intérieur, qui a duré cinq ans, à la lecture duquel on ne manquera pas d’être surpris par la liberté de ton de l’auteur. Transcrits par son arrière-petit-fils, Mathieu Teste, les carnets de Louis Viguier sont publiés dans leur intégralité, illustrés d’un choix de 220 photographies et autres documents (correspondances, cartes, schémas techniques et dessins). (*) Les journaux de marche sont traditionnellement l’apanage des officiers, ce que n’a pas voulu devenir Louis Viguier. Le choix de nommer ainsi son propre journal souligne son désir assumé de se ranger auprès des hommes de troupe, les biffins, sans abdiquer sa liberté de réflexion.

www.loubatieres.fr ISBN 978-2-86266-690-7

26,50€

9 782862 666907

Ce livre a reçu le label « Centenaire » délivré par la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.