Le costume militaire médiéval

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SYLVAIN VONDRA

LE COSTUME MILITAIRE MÉDIÉVAL LES CHEVALIERS CATALANS DU XIIIE AU DÉBUT DU XVE SIÈCLE Étude archéologique

Loubatières


Remerciements Tout d’abord, je tenais à remercier l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) et en particulier la confiance que m’ont accordée Messieurs François Souq, Directeur interrégional de la Région Méditerranée et Hervé Petitot, Assistant Scientifique et Technique pour le soutien à la cause de ce projet. Comme on peut l’imaginer, de nombreuses personnes ont été sollicitées et m’ont facilité la tâche dans de nombreux domaines, depuis de simples conseils, renseignements ou relectures, jusqu’à la possibilité d’accéder aux œuvres conservées dans des lieux parfois fermés, privés, ou d’accès réduit, ou encore la fourniture de certaines photographies. Qu’ils en soient ici remerciés. Je tiens également à remercier tous les souscripteurs qui ont été le moteur de lancement de ce projet ; sans leur aide, l’ouvrage n’aurait pu voir le jour. Je n’oublie pas non plus les aides financières de M. Christophe Beaussire de la société Beaussire ainsi que l’ensemble de ses collaborateurs, de M. Christian Chiari de la société Akuo Corse Énergie de Bastia, et M. Jacques Guipponi de la société G.G.L. groupe Montpellier qui ont participé à l’investissement décisif pour ce projet. Citons également :

Ouvrage publié avec le concours de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives.

Mlle Irène Palmade pour son assistance dans tous les déplacements de ces prospections, les enregistrements sur sites, son aide aux prises de vue, aux conversations et traductions avec les personnes, ainsi que ses relectures ; Mlle Pascaline Bazart, pour la relecture du manuscrit ; Mlle Assumpcio Toledo i Mur, de l’Inrap, pour les traductions, contacts et courriers effectués envers divers organismes de la Catalogne Sud ; Mlle Marie-Christine Carle, de l’Inrap, pour la diffusion du bon de souscription et son soutien à ce projet ; Mme Bibiana Agusti Farjas, de In Situ SCP – Arqueologia funerària i preventiva pour son aide à la documentation et l’organisation de la visite du Musée d’Olot ; M. Jordi Ramon Corbella, érudit du village de Ciutadilla, pour l’accès à sa documentation ; M. Josep M. Llorens i Rams, de la Bibliothèque Archéologique de Gerona, pour ses précieux renseignements ; M. Josep Tort i Bardolet, du Departament de Cultura i Mitjans de Comunicació de Lleida ; M. Pasqual Prous, Museu de Guimerà, pour sa disponibilité et l’accès au musée de cette ville ; M. Denis Fontaine, Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, pour sa relecture du cadre historique. M. Frédéric Wittner, rédacteur en chef de la revue Histoire et Images Médiévales, pour le soutien à ce projet ; Mme Marie-Claude Valaison, ex-conservatrice du Musée Hyacinthe-Rigaud de Perpignan, désormais à la retraite, et Mlle Amy Benadiba, Conservateur territorial du Patrimoine à Perpignan pour leur aide à l’accès aux monuments de cette même ville ; M. Jaume Bernades i Postils, conservateur du Musée Diocésain de Solsona, pour sa disponibilité et l’ouverture des réserves ; Mme Maria Garcia, Centre de documentation du Musée de Vilafranca del Penedès, pour son aide à l’ouverture particulière des lieux ; M. Mossen Paussas, de l’église de Sitjes pour sa disponibilité ; Mlle Agnès Bergeret, Inrap, pour la mise à disposition des résultats de la fouille effectuée dans l’ancien couvent des Franciscains de Perpignan ; M. Francesc Fité, professeur de la Universitat de Lleida, departament de Historia del Arte, pour les photographies du gisant d’Arnau Mir de Tost ; Mme Sofia Mata de la Cruz, conservateur du Museu Diocesà de Tarragona, pour les renseignements ainsi que les photographies de monuments ; M. Richard Donat, Inrap, pour ses renseignements concernant le gisant de Serrateix et ses conseils dans la rédaction de cet ouvrage ; M. Alberto Velasco Gonzàlez, conservateur du Museu diocesà i comarcal de Lleida, pour sa disponibilité ; les religieuses du monastère de Vallbona de les Monges, pour leur accueil ; M. Jaume Martell et Mme Trini Esteve guide et érudit historique de la ville de Santa Coloma de Queralt, pour leur accompagnement dans cette ville, mais également sur la commune de Talavera ; et M. Guilhem Colomer, Inrap, pour son aide précieuse de dernière minute. De nombreuses personnes auraient mérité de voir leur nom figurer sur cette liste, comme on peut l’imaginer, ce serait impossible tant la liste serait longue et je m’en excuse devant eux, mais qu’ils reçoivent ici mes remerciements les plus sincères.


sylvain vondra

Le costume militaire médiéval Les chevaliers catalans du XIIIe au début du XVe siècle Étude archéologique

loubatières


À Irène, pour sa patience


Avant de commencer à parcourir ce livre, il est important de rappeler quelques faits qui ont contribué à l’élaboration de ce travail couvrant plus de sept années de recherches, voyages et démarches entre la Catalogne française et la Catalogne espagnole. Comme nous le mentionnons plus loin, l’aire géographique concernée correspond à la Catalogne historique au plus fort de son extension avec parfois quelques excursions proches ou lointaines, hors de ses limites frontalières. Celles-ci ont semblé nécessaires afin d’appuyer certaines de mes hypothèses ou de proposer des comparaisons stylistiques. Durant ces prospections, les monuments funéraires sélectionnés ont été enregistrés sur des fiches adaptées au besoin spécifique, construites essentiellement sur la base de l’armement militaire. Au total, 54 fiches ont été ouvertes et un condensé allégé en est issu, publié sous la forme d’un catalogue présenté dans la dernière partie de cet ouvrage. Cependant, ce catalogue n’a pas la prétention de présenter l’inventaire exhaustif des œuvres et il est possible qu’un monument ou un fragment ait échappé à nos visites et soit conservé dans une réserve de musée, un dépôt de mairie ou la cave d’un particulier, comme cela c’est déjà vu. Profitons-en pour mentionner également que, pour la Catalogne sud, si certains de ces monuments ont eu à souffrir des vicissitudes du conflit de 1936 et présentent aujourd’hui des dégradations assez importantes, d’autres ont été définitivement perdus et ne sont plus connus aujourd’hui que grâce à quelques clichés précieusement conservés par certains services d’inventaires. Parmi les monuments inclus au catalogue, quelques-uns ne se présentent plus que sous forme de fragments, mais ces « restes » apportaient des informations suffisamment importantes pour leur attribuer une fiche. Par contre, d’autres effigies ne nous sont connus que par de petits fragments mis au jour, généralement grâce à l’archéologie. Ces éléments étant à notre sens trop petits, nous avons décidé de ne pas les intégrer au fichier. Toutefois, les renseignements qu’ils ont apportés ne sont pas négligeables et sont indiqués à maintes occasions dans certains chapitres. Il est important de mentionner ici que le contact avec la plupart des personnes responsables des lieux où sont conservées ces œuvres a été des plus chaleureux. Souvent, elles ont aussi été le lien avec des historiens locaux ; des amoureux de leur patrimoine disposés à partager sans réserve leur savoir. Ces historiens, que l’on pourrait identifier comme étant les mémoires locales de tel village, château ou abbaye, ont toujours fait preuve d’une grande patience envers nous qui pourtant ne parlons ni le catalan ni l’espagnol et nous les en remercions ici une première fois. Parfois, malgré une présentation scientifique du projet, celui-ci se heurta à des interdictions de prises de vues, ou les coûts d’accès à certains sites asso-

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ciés à des droits de reproduction trop élevés nous ont obligés à présenter un catalogue des œuvres incomplet du point de vue photographique. Cependant, pour une bonne compréhension du texte, celles-ci ont été remplacées par des croquis établis par nos soins. Heureusement, de nombreux conservateurs sensibilisés à notre travail ont ouvert leurs collections en permettant un accès sans réserve et souvent, nous ont même fourni des photographies gracieusement. Enfin, au terme de cette étude achevée en 2011, une suite logique était d’ouvrir à une nouvelle prospection de ces « chevaliers de pierre », mais cette fois pour la France entière. Bien que ce projet puisse sembler très ambitieux, à l’heure de cette publication déjà plus de la moitié des départements français ont été visités. Fort de l’expérience dégagée en Catalogne, nous espèrons que ce nouveau recensement fera l’objet d’une nouvelle publication.


La guerre au Moyen Âge est un sujet bien plus complexe que l’on ne peut l’imaginer. D’ailleurs, de nombreux spécialistes en la matière, tels P. Contamine, D. Nicolle, H. W. Koch entre autres, le démontrent bien dans leurs divers articles et ouvrages. Néanmoins, pour encore beaucoup de personnes, ces batailles n’étaient que des affrontements conduits par des hommes couverts de lourdes armures de fer qui, montés sur de puissants chevaux, galopaient à travers les campagnes tout en faisant tournoyer au-dessus de leur tête de lourdes épées qu’ils faisaient retomber sur des têtes innocentes. À cela, ajoutons l’imagerie scolaire qui, depuis les années 1950 jusqu’aux environs de la fin des années 1970, présentait souvent dans des manuels illustrés de vignettes une histoire du Moyen Âge aux plaines couvertes de combattants s’entretuant lors de très longues batailles, de sièges de châteaux aux hautes murailles, ou encore le départ de croisés couverts de fer en route vers Jérusalem, supportant même ces armures tout au long du voyage. La plupart du temps, pour illustrer ces livres d’histoire, les dessinateurs utilisaient déjà les travaux des pionniers dans l’histoire du costume tels E. Violletle-Duc, A. Demmin et de F. Hottenroth entre autres. Remis en situation, les personnages aux costumes inspirés de ces auteurs, étaient souvent rehaussés de vives couleurs. Mais si dans l’art militaire, l’archéologie dévoile de plus en plus auprès du public la mutation du château fort et de ses différents organes, il faut savoir que cette évolution se fit sentir également sur les armes et le costume militaire. Ainsi, si entre le xiie et le xve siècle, la défense du château augmente jusqu’à devenir complexe, il en est de même pour l’armure portée par le combattant. Comme nous allons le voir un peu plus loin, les sources pour étudier le costume militaire médiéval sont nombreuses. Mais l’une d’entre elles a attiré mon attention. Elle concerne la sculpture funéraire médiévale et plus exactement les dalles, les gisants et les priants. En observant de près ces monuments, il est facile de se rendre compte que la représentation des costumes permettait d’en faire des observations intéressantes sur les tenues de l’époque qu’elle soit civile, ecclésiastique ou militaire. Un article de Louis Le Clert paru en 1909 et intitulé Le Costume de guerre en Basse Champagne au xiiie et au xive siècle. D’après les effigies gravées sur les pierres tumulaire fut le moteur de notre passion. Après sa lecture, la curiosité me poussa à photographier et enregistrer tous les « chevaliers de pierre » rencontrés au gré de nos déplacements touristiques. Certains même de ces monuments me permirent

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de publier quelques petits articles concernant essentiellement, dans ce domaine, les régions de Bourgogne et de Champagne-Ardenne. Après un déménagement et une installation dans les Pyrénées-Orientales durant l’année 2000, la même curiosité de ces œuvres me poussa à les rechercher de ce côté de la Catalogne française. Rapidement, cette recherche passa outre la frontière pour s’élargir sur l’autre versant des Pyrénées, côté Catalogne sud et pour s’étendre jusqu’au pais de Valencia qui en fut une ancienne province. Très vite, il apparut que certaines de ces œuvres affichaient des costumes militaires bien différents et dont certains présentaient des étoffes d’origine orientale indéniable. Plusieurs déplacements axés sur ces monuments conservés sur le territoire espagnol, donnèrent lieu à des photographies et des enregistrements sur fiches. Cependant, il est important de mentionner ici qu’il ne s’agit pas d’un inventaire exhaustif de ces œuvres. En effet, quelques rares monuments n’ont pu être visités. Parmi ceux-ci, nommons principalement ceux se trouvant désormais dans des musées bien loin de leur Catalogne d’origine, tels ceux du Cloister of Metropolitan Museum de New York aux États-Unis et du Glasgow Museum en Écosse. D’autres encore, faisant partie de collections privées ou, plus simplement, n’ayant appris leurs existences que plus tardivement par rapport à la rédaction de ces lignes. N’étant pas catalan d’origine, la consultation de la documentation sur le sujet et la barrière de la langue furent parfois assez contraignantes. Cependant, avec persistance, et l’aide de certaines personnes sensibles à cette cause, il fut possible de passer certains de ces obstacles. Ainsi, un petit lot d’études très intéressantes, traitant essentiellement le côté artistique des œuvres, permit de mieux appréhender le sujet. Citons certains articles de Francesca Espanol i Bertrand, spécialiste des monuments funéraires de Catalogne, et dont je regrette de n’avoir pu consulter sa thèse soutenue en 1987 intitulée La escultura gotico funeraria en Catalunya (siglo XIV). Cependant, plus proche du thème de l’armement, des documents tels que L’arnès del cavaller. Armes i armadures catalanes de Marti de Riquer daté de 1968, Arms and armour in Spain d’Ada Bruhn de Hoffmeyer de 1981 et la série composée de trois volumes intitulée Historia militar de Catalunya de Francesc Xavier Hernàndez Cardona, ouvrages abondamment illustrés de reconstitutions de militaires d’après leurs tombeaux ont été des livres référents pour cette étude. En complément aux monuments funéraires, il fut décidé d’associer les empreintes sigillographiques. Comme nous le verrons, ce choix tient du fait que bien souvent les personnages représentés sur les tombeaux sont, dans la plupart des cas, affichés sans protection de tête. La sigillographie complète ce vide, d’autant plus que, comme les tombeaux, le sceau est à l’image ou à la volonté d’un personnage et donc bien personnelle. La source principale utilisée fut l’inventaire des sceaux de Catalogne effectué par F. de Sagarra intitulé Sigillografia catalana. Bien que cette étude composée de plusieurs volumes ait été publiée entre 1915 et 1932, elle reste encore de nos jours une somme de documents incontournables pour qui veut étudier ou identifier les sceaux de la Catalogne. Par ailleurs, nous verrons que ceux-ci nous ont permis d’apporter bien d’autres supports de datations. Ainsi, à travers ces lignes, j’ai voulu tenter une approche un peu novatrice démontrant que le costume militaire médiéval pouvait être étudié à travers des supports encore très peu exploités. La sculpture funéraire en est le thème principal et la sigillographie est considérée comme une annexe. Ces œuvres méritent de sortir de l’ombre afin d’amener un éclairage nouveau sur un sujet bien plus délicat qu’il n’y paraît.


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■LLes témoignages archéologiques Avant de développer plus en avant le sujet qui nous intéresse, il est important de s’autoriser un petit détour du côté de l’archéologie, afin de se rendre compte que la fréquence de découvertes d’objets reflétant la vie militaire médiévale est rarement abondante. D’ailleurs, il suffit de parcourir les divers ouvrages, rapports de fouilles ou articles traitants de cette matière, pour percevoir le faible pourcentage de leurs découvertes. Souvent très corrodés lors de leurs mises au jour, les quelques pièces d’armement trouvées sont généralement associées à un mobilier métallique déjà peu abondant. Cette situation a d’ailleurs longtemps laissé croire que les sociétés médiévales étaient peu pourvues en outillage de fer. Cependant, grâce aux nouvelles études, on sait désormais que durant cette période il était déjà effectué des refontes d’objets métalliques 1. Parmi ces maigres témoignages d’armements découverts, le plus abondant reste les projectiles. Les pointes de flèches et de carreaux d’arbalètes restent les plus courants, ce qui a permis à des chercheurs d’avancer, grâce à leurs travaux, des hypothèses typologiques et chronologiques très intéressantes 2. Mais en ce qui concerne l’armement défensif corporel et les armes de poing, leur chiffre est bien inférieur. Pour le néophyte, la découverte d’armement aurait tendance à s’associer aux douves de châteaux insolites isolés et abandonnés ou à de grands champs de bataille qui ont fait l’histoire de l’Europe. D’ailleurs, les amateurs d’utilisation de détecteurs à métaux auraient tendance à s’accorder également ce type de réflexion. Sans exclure le fait que ces lieux chargés d’histoire apportent, lorsque les travaux sont menés par des personnes compétentes missionnées pour l’occasion, des résultats aussi bien spectaculaires qu’impressionnants. Sans être exhaustif, résumons en quelques lignes les principales découvertes en la matière. Le premier exemple à citer est sans contestation la fouille effectuée par B. Thordeman entre les années 1905 et 1930 sur le site de la bataille de Wisby au Danemark qui eut lieu en 1361 3. À ce jour, cet ouvrage reste toujours une référence par rapport à cette exceptionnelle découverte d’hommes d’armes, inhumés encore munis de leurs armures. L’étude qui en découla apporta également de multiples informations sur le costume militaire médiéval. D’ailleurs, un très gros chapitre est développé sur ces armures de la période de transition entre la maille et la plaque. L’auteur propose des reconstitutions de ces défenses qu’il fait porter par des mannequins, mais pour démontrer la pertinence de ses exposés, il fait également appel à la sculpture funéraire est-occidentale pour illustrer ses vérifications. La partie anthropologie est traitée suivant un procédé tout aussi méthodique, et les traces de blessures y sont bien analysées, démontrant ainsi les faiblesses des protections de certaines parties du corps. Autre cas, en 1996, les ouvriers d’un chantier de construction de la ville de Towton (Grande-Bretagne, Yorkshire) découvrent des squelettes humains 1. Burnouf, 2008 : 140. 2. Voir entre autre à ce sujet le travail de V. Serdon, Armes du Diable, Arcs et arbalètes au Moyen Âge, Presses Universitaires de Rennes, 2005, 335 p., mais aussi l’article de J. Sainty et J. Marche, « Pointes de flèche en fer forgé du Moyen Âge : recherche expérimentale sur leur technique de fabrication », RAE, 2006, t. 55, p. 323-338. 3. Thordeman, 2001 : 328 p.

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enchevêtrés. Une intervention archéologique fut organisée sur les lieux, et rapidement, d’après l’étude anthropologique, il s’avéra que les chercheurs étaient en présence d’un charnier qu’ils associèrent à des fuyards de la bataille dite de Towton qui se déroula le 29 mars 1461 4. Cet épisode tragique de la Guerre des Deux-Roses, opposant la maison de York à celle de Lancastre qui se déroula un dimanche des Rameaux sous une tempête de neige, fait état de 28 000 morts et signa la défaite totale de l’armée de York. En fuyant, afin de s’alléger, il est dit que les soldats se dévêtirent de leurs pièces d’armures pour aller plus vite. Bien que les éléments offensifs ou défensifs trouvés sur le terrain de ce conflit ne se cantonnent qu’à de petits éléments isolés, tels des anneaux de mailles, bouterolles, boucles, etc., les squelettes ont révélé des blessures effectuées avec une grande violence, surtout ciblées sur les parties supérieures des torses, bras et crânes qui ont été fendus ou brisés par des armes. Ces découvertes restent tout de même très exceptionnelles. La plupart des trouvailles issues des fouilles ont, pour la plupart, perdu ce côté tragique de la guerre et quel archéologue ne s’émeut pas de sortir de terre un fragment d’arme ? Pour revenir au thème des fouilles castrales que nous mentionnions plus haut, même si les découvertes d’armement sont généralement pauvres, de temps en temps, un élément vient nous rappeler la fonction première du château. Déjà, pour le Haut Moyen Âge, concernant les « chevaliers-paysans » du lac de Paladru (Isère), au milieu d’un mobilier de bois conservé de façon exceptionnelle grâce au milieu humide, il fut possible d’isoler des armes de chasse et de guerre, telles des lances, haches, pointes de flèches, arbalète, mais également un matériel d’équitation comme des éperons à pointes, mors et, assez rare, des fragments d’arçons dont certains étaient ouvragés 5. Pour les périodes plus tardives, les fouilles effectuées en 1849 sur le château de Tannenberg, détruit en 1399, ont mis au jour un Grand Heaume qui est l’un des rares exemplaires qui est parvenu jusqu’à nous 6. Plus récemment, les quatre campagnes de fouilles entre 1985 et 1989, au cœur du castrum de Bourges, livrèrent également en petit nombre certains éléments d’armement. Bien que l’essentiel des découvertes de ce type repose essentiellement sur des pointes de flèches (près de 80), furent mis tout de même au jour un fer de javeline, un présumé canon d’arquebuse et une présumée bouterolle de dague 7. Dans la région de Franche-Comté, les fouilles organisées au château de Rougemont-le-Château (Territoire de Belfort), entre 1977 et 1990, ont apporté également leur lot de trouvailles 8. Pour les projectiles, si le nombre de pointes de flèches est faible (15), en revanche, les carreaux d’arbalètes sont bien représentés (1042). Ce grand nombre de pièces a permis aux chercheurs d’établir une typologie morphologique assez complète. En ce qui concerne l’armement d’hast et de main, furent découverts deux fers de lance, trois fragments d’épées et deux dagues qui purent être datés du xive siècle. Le site fut riche également en découverte de bouterolles de toutes sortes. Vingt-deux au total, toutes constituées dans des alliages cuivreux, mais vu leur petite taille, elles furent plutôt associées à des protections du type fourreaux de dagues que d’épées. En ce qui concerne la protection de corps, une fois encore, les trouvailles sont très faibles puisqu’un seul fragment de cotte de mailles annulaire fut découvert. 4. Fiorato, Boylston, Knüsel, 2007, 294 p. 5. Colardelle, Verdel, 1993 : 55-59. 6. Scalini, 2007 : 164-165. 7. Monnet, 1999 : 263-264. 8. Walter, 1993 : 128-143.


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Un peu plus au sud, dans le département du Jura, le château de Pymont situé sur la commune de Villeneuve-sous-Pymont, proche de Lons-le-Saunier, a lui aussi été l’objet de campagnes de fouilles effectuées entre 1967 et 1971. Ici, un petit lot de mobilier lié à la guerre ou à la chasse a pu être mis au jour. Pointes de flèches et carreaux d’arbalètes, quelques anneaux de cottes de mailles et une plate de cuirasse, trois éperons et deux molettes isolées, datés entre la fin du xiiie et le xive siècle 9. En Suisse, en 2008, la découverte d’un gantelet armé au milieu d’un amas de gravats lors de sondages effectués dans les ruines du château de Hünenberg, a pu être daté avec précision du troisième quart du xive siècle. À ce sujet, vu sa position lors de la découverte, il a été associé à la couche de l’incendie de 1388 effectué lors d’un épisode de combat contre le château 10. Entre 1983 et 1987, les résultats d’une fouille programmée effectuée sur le château de Geroldseck rapportent des résultats sensiblement similaires dans les trouvailles d’objets à vocation militaire. Outre les carreaux d’arbalètes, furent découverts un épieu de chasse, des anneaux de cotte de mailles, une plate de cuirasse, un fragment d’éperon à longue broche 11. En nous rapprochant plus du sud, concernant les campagnes de fouilles conduites sur le château de Montségur entre 1964 et 1976, la monographie rapportant treize années d’interventions consacre un chapitre à la vie militaire 12. Ce chapitre, développé par J.-P. Sarret expose un condensé concernant les 220 pièces d’armement offensif et les 24 défensives découvertes sur le site. Il y est fait mention de lames d’épées et de dagues fragmentées ainsi que des éléments de fourreaux tels des chappes, par contre, un seul étrier fut mis au jour. La lance est aussi représentée dans le mobilier grâce à la découverte de deux fers sur douilles. Ici aussi, les pointes de flèches issues des fouilles sont nombreuses, puisqu’elles avoisinent les 250. Les fouilles effectuées au château de Peyrepertuse (Aude), entre 1977 et 1993, ont abouti au final à une publication dirigée par L. Bayrou. L’armement y est représenté dans le chapitre concernant le mobilier métallique 13. Parmi les objets découverts, un fragment de protection de tête serait à rapprocher d’un casque du type « cabasset » ou « morillon » qui équipe le soldat à une période postmédiévale, plutôt entre les xvie ou xviie siècles. Par contre, la mise au jour de plusieurs fragments de cotte de mailles treslies, est le seul témoin pour les protections du corps. Deux éperons furent également mis au jour. Le premier a été retrouvé en état de fragment et présente une molette fragmentée, le second, en revanche, très ouvragé et à molette également, semble devoir aussi être associé à la période moderne. Ici encore, le nombre de fers de traits est important, puisque 160 éléments ont pu être découverts. Un autre exemple est la fouille d’une maison du castrum de Durfort, dans le Tarn, où au milieu d’un mobilier métallique de guerre rare composé de carreaux d’arbalète, se trouvait une plate d’armure à rivets, rappelant celle des brigandines 14. 9. Centre Jurassien du Patrimoine, 1993 : 79-86. 10. Frey, 2009 : 91-102. 11. Schmitt, Amos, 1988 : 43-55. 12. G.R.A.M.E., 1980 : 103-132. 13. Bayrou, 2000 :201-207. 14. Vidaillet, Pousthomis, 1996 : 195.

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Très récemment, en 2009, en Bretagne dans le Finistère, une intervention d’archéologie préventive effectuée par l’INRAP sur la forteresse de Roc’h Morvan exhuma d’une cache située dans le secteur de la porterie quatre paires d’éperons à molettes de la fin du xve siècle. L’état de ces derniers est assez exceptionnel et certains possèdent des décors rehaussés de dorures 15. Comment ne pas finir sur la très belle découverte en 1986, dans le puits de la Cour carrée du Louvre à Paris, des restes du chapel doré de Charles VI, une chape de fourreau d’épée le tout de la fin du xive siècle 16. Mais la découverte d’armement ne se rencontre pas uniquement dans les sites fortifiés ou de castrums. Les villes et villages aussi sont des lieux propices aux découvertes de tels objets et, au milieu d’ustensiles de la vie quotidienne, des armes peuvent se rencontrer. Pour le Sud de la France, il est difficile de ne pas citer le catalogue des fouilles de Rougiers qui fait référence, et dans lequel plusieurs types d’armes sont présentés. Y furent découverts des fers de lances, des lames de dagues ou de poignards, des fragments de lames d’épées supposés, des pommeaux, des gardes. Mais aussi des fourreaux et leurs bouterolles, quelques fragments de cottes de mailles treslies, des éperons et bien sûr des pointes de flèches et carreaux d’arbalètes au nombre de 72 17. L. Bayrou a très bien démontré la pauvreté en matière d’objets reflétant la vie militaire, qui ont été découverts lors des fouilles en Languedoc-Roussillon 18. Elles se résument, pour la période médiévale, essentiellement à des pointes de flèches et des carreaux d’arbalètes, des fragments de cotte de mailles et de brigandine. Cependant, il faut tout de même signaler que la fouille de la commanderie de Bajoles en 1996, proche de Cabestany (Pyrénées-Orientales), a livré également quelques objets tels qu’un fragment de cotte de mailles, quatre éperons à molettes, et un fragment de pointe d’épée 19. Déjà en 1992, sur le même site, une autre opération avait mis au jour un éperon d’un autre type sur lequel nous reviendrons plus loin 20. Plus récemment, en 2003, un affaissement de terrain du jardin du presbytère de Châtenois (Bas-Rhin) permit de mettre au jour les restes d’une maison de la fin du Moyen Âge. Parmi les objets découverts se trouvait un mézail, ou partie pivotante de protection de la face accrochée généralement à un bassinet. N’oublions pas non plus la découverte exceptionnelle à Valenciennes en 2006, de plusieurs centaines de pièces d’armures. Bien que postérieures à la période médiévale puisque les éléments sont datés de la seconde moitié du xvie siècle, il n’en demeure pas moins que c’est une exclusivité. En plus des plastrons se trouvaient aussi quatre casques. Les questions restent ouvertes, à savoir si l’enfouissement des pièces était voué à mettre à l’abri ces armes à cause des guerres de Religions ou si ces armures obsolètes pour l’époque étaient stockées en attendant d’être refondues pour en récupérer le fer. Toujours est-il que l’origine espagnole des pièces tend à être retenue en attendant une étude plus détaillée. En dehors des fouilles de charniers comme nous l’avons vu précédemment, la fouille de sépultures individuelles peut parfois amener des surprises. En effet, 15. Martineau, 2008 : 80-81. 16. Fleury, 1994 : 74-87. 17. Démians d’Archimbaud, 1982 : 438-451. 18. Bayrou, 2004 : 97-102. 19. Marichal, 1997 : 66-67. 20. Alessandri, 1993 : 241.


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quelquefois, rarement cependant, les individus ont pu être inhumés avec leurs attributs seigneuriaux. Ainsi, lors de la fouille de l’ancien couvent des Récollets de Rouffach (Haut-Rhin), une des sépultures contenait les restes d’un personnage allongé sur le dos. Entre le membre supérieur gauche et la paroi du cercueil, avait été déposée une épée dans son fourreau. À l’opposé, se trouvait une dague à rognons et, enfin, les pieds étaient chaussés de bottes auxquelles se trouvait attachés des éperons. Grâce à une plaque de plomb sur laquelle avait été inscrit le nom associé à des armoiries, il fut possible d’aborder l’hypothèse que le personnage se prénommait Jean et se rattachait à la famille des Hattstatt et serait décédé entre 1507 et 1512 ; d’ailleurs l’étude du mobilier appuie cette supposition 21. On retrouve un cas similaire, mais un peu plus tardif, dans une sépulture fouillée à l’occasion d’une fouille de l’INRAP pour l’installation du tramway de Montpellier sur l’ancien territoire de l’hôpital du Saint-Esprit. Le personnage, partiellement conservé, affichait une épée dans son fourreau posé sur son flanc gauche. Épée, qui par sa typologie, rappelle le xviie siècle 22. Ces inhumations, assez rarissimes, ont tout de même pu être observées pour la période du bas Moyen Âge comme en donne exemple le catalogue de l’exposition A bon Droyt, Épées d’hommes libre, chevaliers et saints qui se déroula au Musée régional de la ville d’Aoste entre le 29 juin et le 4 novembre 2007. Une fouille organisée durant l’été 2005 dans la collégiale Saint-Pierre-et-SaintOurs à Aoste (Italie), a mis au jour les restes d’au moins deux individus inhumés dans le même cercueil dans la nef nord. Les membres encore en connexion de l’un d’eux avaient aux pieds des éperons en bronze et, sur le côté une épée 23. La datation proposée pour cette sépulture se situe entre 1300 et 1350. Un second exemple pratiquement identique a été découvert dans une sépulture dans l’ancienne cathédrale de Florence (Italie, Toscane) et dont le personnage a été identifié comme étant Giovanni de Medici, gonfalonier de Justice, décédé en 1353. Ici aussi, furent mis au jour une paire d’éperons dorés à molette, une épée dans son fourreau en bois d’hêtre accompagnée de sa bouterolle 24. Dans la chapelle de la famille Proti de la cathédrale de Vicence (Italie), l’examen d’un sarcophage a permis également de mettre au jour une épée et deux éperons datés vers 1345 25. Enfin, et pour finir sur les armes trouvées en contexte funéraire, en 1739, dans la cathédrale de Spire en Allemagne fut ouverte la tombe d’Albert von Österreich, qui mourut en 1308, son épée reposant à ses côtés 26. Il arrive parfois que de tels objets soient des découvertes isolées et fortuites, rappelons le cas de l’épée découverte par des forestiers dans la forêt jouxtant le village de Tschlin-Vinadi (Suisse, canton des Grisons). Très bien conservée, elle se trouvait sous un bloc de pierre pesant plusieurs tonnes, et d’après la morphologie de l’arme et l’inscription figurée sur la lame, il fut possible de dater celle-ci du xiie, voire du tout début du xiiie siècle 27. De même, en France, dans la rivière d’Yonne, proche de Montereau (Seine-et-Marne), les travaux de sablières ont permis également de mettre au jour une série d’épées datables a priori d’entre le 21 Vivre au Moyen Âge. 30 ans d’archéologie…, 1990 : 485. 22 Abel, 2003 : 43-49. 23 Scalini, 2007 : 118-119. 24 Scalini, 2007 : 140-141. 25 Scalini, 2007 : 144-147. 26 Scalini, 2007 : 128-129. 27 Rageth, 2000 : 128-130.

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Fig. 001. Une des épées découverte à Pont-sur-Yonne (89).

Fig. 002. Bassinet découvert sur la commune de Banyuls-sur-Mer (66).

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xiie et le xviie siècle, dont la majeure partie annonce surtout le xive (Fig. 001). La découverte d’armes dans les rivières n’est pas un fait exceptionnel, et une petite étude effectuée par nous même pour le Musée de Sens dans le courant de l’année 2000 sur certaines pièces d’armement et d’équipements découverts dans la rivière de l’Yonne (Bourgogne) le démontre bien 28. Beaucoup plus importante fut la découverte de près de quatre-vingts épées dans la Dordogne, près de Castillon-la-Bataille, terme évocateur, et qui rappelle que cette commune fut le théâtre de la dernière bataille de la guerre de Cent Ans le 18 juillet 1453. Ce butin récupéré par l’armée française victorieuse était visiblement stocké dans des caisses en bois sur un bateau qui malheureusement coula. Cette découverte allait d’ailleurs servir de matière première à E. Oakeshott 29 pour en rédiger un article  . Autre découverte fortuite, mais cette fois-ci sur le territoire catalan de Banyuls (Pyrénées-Orientales) : sur les hauteurs du village, fut mis au jour un bassinet conservé dans un état exceptionnel. Cette pièce de protection a permis de le comparer à celui représenté sur des gisants et d’en proposer une datation de la seconde moitié du xive siècle ou du tout début du xve 30 (Fig. 002). Souvent, la sculpture funéraire peut apporter une aide en datation sur du mobilier issu de la terre. Mais parfois, c’est le gisant ou la dalle funéraire qui deviennent mobilier archéologique. Rappelons brièvement la découverte, lors d’une intervention archéologique effectuée en 1971 rue Soufflot à Paris, d’un pied armé de gisant taillé dans du marbre blanc. Après enquête, il s’avère que 28. Vondra, 2000 : 29 p. Étude jamais publiée, rapport déposé au Musée de Sens sous le titre : Petites observations sur des objets métalliques médiévaux conservés au Musée de Sens. 29. Oakeshott, 1993 : 7-16. 30. Vondra, 2005 : 107-110.


Introduction

cette pièce correspondait à un manque observé sur le gisant de Charles Ier de Valois † 1325, troisième fils de Philippe le Hardi et d’Isabelle d’Aragon. Ce dernier, comte de Valois, d’Anjou, du Maine, d’Alençon et du Perche, fut également proclamé roi d’Aragon et empereur d’Orient, mais ne régna jamais 31. Un autre cas à citer, cette fois-ci en Catalogne Nord, lors d’une fouille effectuée dans l’église des Dominicains de Perpignan, un pied armé de gisant fut également découvert. Les défenses qu’il présentait ont permis de dater l’œuvre du xive siècle 32 (Fig. 003). Plus récemment, la fouille effectuée entre 2005 et 2006 dans l’ancien hôpital militaire, qui n’est autre que le couvent de Saint-François de Perpignan, a permis de mettre au jour la tête et des fragments d’un même gisant présentant bassinet et cotte de mailles annulaires, le tout présentant une chronologie de la seconde moitié du xive siècle (Fig. 004-CC). Notons également qu’en Catalogne sud, une opération pluridisciplinaire très intéressante fut effectuée dans l’église Santa-Maria de Castello-d’Empuries à l’occasion du transfert de sépultures des comtes du lieu. Archéologues, anthropologues, chercheurs en histoire de l’art et restaurateurs, se retrouvèrent afin d’ouvrir et d’étudier le monument funéraire à double gisants installé dans le chœur de l’église 33. Le démontage du monument permit de suggérer des propositions d’identifications des personnages représentés 34, identifications qui, jusque là, étaient plus ou moins fondées 35. Démonté pièce par pièce, le monument fut analysé avant la séparation de celui-ci en deux monuments disposés chacun de part et d’autre à l’entrée du chœur 36. Les restes osseux furent également étudiés et l’étude anthropologique permit de mettre en avant que le sarcophage supérieur possédait les restes de trois individus, une femme et deux hommes, tandis que le sarcophage inférieur renfermait les restes de six personnes, deux femmes et 31. Fleury, 1973 : 53-60. 32. Bayrou, 1995 : 46-47. 33. Puig Griessenberger, 1999 : 49-64. 34. Puig Griessenberger, 2002 : 21-30. 35. Espanol i Bertrand, 1993 : 678-683. 36. Arroyo i Casals, 2002 : 33-44.

À gauche, fig. 003. Jambe armée découverte dans l’église des Dominicains de Perpignan (66). À droite, fig. 004. Découverte des restes d’un monument funéraire, ancien Hôpital militaire de Perpignan (66).

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trois hommes 37. Le constat de la présence de plusieurs individus par sarcophages démontra également que ceux-ci furent régulièrement réutilisés pour inhumer les personnes d’un même lignage, devenant ainsi sépultures familiales 38. Enfin, et pour finir, mentionnons la découverte toute récente en 2010 en Suisse, lors de la fouille de la cathédrale de Fribourg, d’une dalle funéraire complète sur laquelle est représenté un personnage en armes. Le bandeau épigraphique ceinturant la dalle a permis d’identifier le défunt qui se trouvait dans le chœur de l’édifice comme étant Pierre Dive, personnage apparemment bien identifié dans les sources archivistiques de la seconde moitié du xiiie siècle, malgré le mauvais état de la dalle au niveau de la date du décès. Les chercheurs ne peuvent s’empêcher de savourer leur joie en annonçant que cette découverte apparaît comme le plus vieux monument funéraire médiéval de la Suisse romande.

■LLes sources écrites

et les documents figurés Pour les tout derniers siècles du Moyen Âge, un certain nombre de pièces de l’équipement militaire européen est parvenu jusqu’à nous. De grandes galeries de musées renommés nous présentent des armures ; ainsi, en Grande-Bretagne à Leeds, à Paris au musée de l’Armée, en Espagne à Madrid, et aussi nombre de petits musées qui possèdent parfois quelques éléments. Certaines expositions proposent aussi des thèmes sur l’armement, telle l’exposition Les armures des Montmorency qui eut lieu en 1986 au musée de l’Armée à Paris. Postérieure au Moyen Âge, la plus grande partie de ces œuvres exposées date généralement la Renaissance. Quant aux témoignages antérieurs, ils sont très rares, et dans un état d’intégrité tout relatif. Certains éléments n’ayant pu, compte tenu des matériaux dont ils étaient constitués, se conserver, ou d’autres ayant été refondus pour former des armures plus modernes. Pour les étudier, il est donc nécessaire de se reporter à des sources contemporaines et multiples comme nous allons le voir ci-après.

Les textes Plusieurs types de textes apportent une contribution importante à la connaissance du sujet. Les principaux sont évidemment les inventaires ou les testaments qui, grâce à leur rôle descriptif, sont des sources de renseignements extrêmement précis, même si parfois l’objet est annoncé par un nom à la consonance aujourd’hui oubliée et qu’il n’est pas toujours facile d’identifier. Pour exemple, citons l’inventaire exécuté en 1262 par le nouveau châtelain royal du château d’Aguilar (Aude) dans lequel apparaissent armes offensives et défensives diverses (arbalètes et carreaux, pourpoints, chapeaux de fer, gorgières de fer, boucliers, tunique de mailles, barbute…) 39. De même, rappelons 37. Agusti i Farjas, 2002 : 47-60. 38. Agusti, Puig, Campillo, Villa, 2005 : 353-360. 39. Langlois, 2001 : 173.


Introduction

l’ouvrage dirigé par L. Bayrou sur les châteaux royaux en Languedoc-Roussillon, dans lequel il consacre un chapitre à l’armement et l’équipement à travers divers inventaires ou lettres de reconnaissances 40. L’inventaire chypriote des biens de l’évêque de Limassol, Guy d’Ibelin, établi en 1367, fait état d’équipement militaire par la présence de cotte de fer et d’arcs 41. Autre inventaire très intéressant, est celui daté du 25 juillet 1420, concernant l’armement conservé au palais ducal de Dijon. Très bien détaillé, il décrit très précisément chaque pièce 42. Bien que plus tardif, celui des vieilles armes du château d’Amboise exécuté en septembre 1499, mentionne des armes obsolètes pour l’époque et ayant appartenu à de grands dignitaires 43. En ce qui concerne les testaments, celui du comte Raymond Bérenger (de la lignée de Provence) décédé en 1209, signale en outre le don aux hospitaliers de Marseille de son cheval avec son équipement 44. Ou encore le testament daté du 10 juin 1264 de Geoffroy de Tournemine, chevalier de Bretagne, mentionnant le don aux templiers d’un haubert et de cottes de fer 45. Le testament d’Eudes, comte de Nevers, rédigé à Saint-Jean d’Acre en 1266 46 est très intéressant, car il mentionne l’équipement complet d’un chevalier croisé, en route pour la Terre sainte. De cette longue liste se dégage un armement assez conséquent où il est question de cuirasses, éperons, cottes d’armes, gambisons, bannières, couteaux, fers de glaives, chanfrein… Cependant, les dons peuvent parfois être effectués du vivant du donateur, comme celui effectué par Simon de Montfort juste après sa victoire lors de la bataille de Muret (12 septembre 1213). Pierre des Vaux-deCernay relate que, pour rendre grâce, le comte offrit son cheval et son armure en aumône pour les pauvres 47. Comme on peut le constater, inventaires et testaments sont des sources très importantes pour l’étude du costume militaire. Le deuxième type de documents concerne les cartulaires. Beaucoup moins précis, la description du costume militaire y est plus succincte. Mais ils donnent parfois des renseignements d’un ordre plus général et offrent tout de même un certain intérêt. Citons, pour illustration, l’exemple de la charte XXXVIII du cartulaire de l’Ordre du Temple, laquelle mentionne le testament du comte de Barcelone, Raymond Bérenger III, signé le 8 juillet 1131 et dans lequel il est question que celui-ci donne au Temple, pour la défense de Jérusalem, son cheval et son équipement militaire 48. Cependant, rien dans ce texte rédigé en latin ne précise si cet équipement militaire est celui du cheval ou celui du comte luimême. Les chroniques sont d’autres sources intéressantes. Elles sont nombreuses, mais il faut se montrer très prudent sur certaines descriptions des scènes de batailles, car généralement le nombre de combattants est démultiplié ou augmenté. Parfois, des chroniqueurs différents relatent les mêmes évènements. Ceux-ci, bien que rares, peuvent appartenir à des camps opposés, ce qui amène dans ce cas des comparaisons très intéressantes. Ces chroniques ont été la base de travail de 40. Bayrou dir., 2004 : 94-96. 41. Richard, 1950 : 98-133. 42. Robcis, 1998 : 78. 43. Le Roux de Lincy, 1848 : 412-422. 44. Pécout, 2004 : 111. 45. Brunel, 1992 : 360. 46. Chazaud, 1871 : 164-206. 47. Guébin, Maisonneuve, 1951 :180. 48. Albon, 1913 : XXXVIII, p. 28.

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le costume militaire médiéval

nombreux historiens, et il est vrai que des documents tels que La chronique du sire de Joinville, La chanson de la croisade albigeoise, Les chroniques de Froissart, pour ne citer que celles-ci, sont des textes où foisonnent les mentions d’équipements militaires et elles annoncent souvent l’effet des armes contre les individus. Pour le monde catalan, les textes rédigés par Ramon Lull comme le Llibre del feyts que l’on pourrait traduire par le « Livre des faits de Jaume le Conquérant », composé vers 1244, narre la conquête des Baléares, de Valence et de Murcie par Jacques le Conquérant. Puis la Chronique de Pierre le Cérémonieux est également un très bon témoignage sur la vie militaire au xiiie et au xive siècles. Bien qu’un peu moins historique, il serait injuste d’oublier de citer les chansons de geste. N’étant généralement que des « fictions », cette littérature épique peut apporter également certains renseignements dans le déroulement des combats, souvent très proches des textes des chroniques. Dans les proses, sont souvent mentionnées des pièces d’armures en termes bien significatifs. Ainsi, lit-on des « hauberts d’un fin treillis 49 », « des chausses d’acier avec des courroies de cerf 50» pour Erec et Enide ; « Si fort est le premier choc que les écus n’y résistent point ; le cuir est déchiré, les clous volent, les bandes d’acier se disjoignent, les fortes planches sont rompues 51 » pour Raoul de Cambrai, et comment oublier les célèbres proses de Bertrand de Born « J’aime la presse des boucliers aux teintes bleues ou vermeilles, les enseignes et les gonfanons aux couleurs variées, les tentes et les riches pavillons tendus dans la plaine, les lances qui se brisent, les boucliers qui se trouent, les heaumes étincelants qui se fendent, les coups que l’on donne et que l’on reçoit… 52 » Qu’elles soient littéraires ou narratives, ces sources possèdent de nombreux passages où il est fait état de telle ou telle pièce de l’armement. Des textes tels : La chanson de la croisade albigeoise, La chanson de Roland, La chronique du sire de Joinville, et les chroniques de Froissart, pour ne citer que ceux-ci, restent des recueils incontournables pour servir l’histoire de l’armement.

La sculpture ornementale

Fig. 005. La communion du chevalier, cathédrale de Reims (51).

La sculpture ornementale apporte également des renseignements sur le costume militaire. Rarement datée avec précision, elle peut cependant communiquer des détails intéressants. Les personnages sculptés sur la façade de certains édifices religieux peuvent parfois être des soldats qui apparaissent avec leur équipement au complet. Citons par exemple La communion du chevalier sculptée sur le revers du grand portail de la cathédrale de Reims qui est datée d’entre la fin du xiie et le début du xiiie siècle (Fig. 005). Mieux détaillée et également moins populaire, sortons de l’ombre la série de statues représentant des chevaliers en armes du xiie siècle dans le cloître Notre-Dame-en-Vaux à Châlons-en-Champagne (Marne). Sauvées de la destruction, ces statues y sont désormais exposées. Bien que très intéressant, décliner toutes ces représentations nous dérouterait de notre objectif (Fig. 006). Cependant, pour la Catalogne où les exemples sont nombreux, il est intéressant de signaler, entres autres, la représentation d’un personnage au costume militaire assez particulier, visible sur l’un des supports de 49. De Troyes. 1944 : 40. 50. De Troyes. 1944 : 41. 51. Truffau, 1941 : 114. 52. Magne, 1904 : 25.


Introduction

statues aujourd’hui disparues, de la porte des Apôtres de la cathédrale de Gerona. Ce guerrier qui semble être un arbalétrier, car il porte un crochet sur le devant de son ceinturon, est protégé par une cotte aux mailles pleines sur le corps et sur la tête. D’après des informations recueillies sur place, il semblerait que les statues que l’on distingue sur cette porte soient une création du sculpteur Antoni Clapera, située entre 1458 et 1460 (Fig. 007). Chose particulièrement troublante, à pratiquement 200 km au sud, dans la cathédrale de Tarragona, se trouve un retable en albâtre dit de Sainte Tecla sur lequel on retrouve le même personnage pourvu d’un visage et d’un costume similaire, seule la pose est différente. Même protection de tête, même cotte de mailles, même crochet d’arbalétrier, mêmes cubitières et mêmes bottes. Cela est doublement troublant, car toujours d’après des informations récupérées sur place, il s’agirait cette fois d’un autre sculpteur nommé Pere Johan, et l’œuvre aurait été exécutée en 1434. Toutes les suppositions sont ouvertes. Antoni Clapera aurait-il copié le personnage de Pere Johan (Fig. 008) ? Les chapiteaux représentent aussi parfois des scènes de la Passion où des soldats jouent un rôle : les légionnaires romains y portent la broigne et le bouclier en amande. Pour la Catalogne du Nord ou du Sud, on peut affirmer que pratiquement chaque monastère possède son chapiteau sur lequel est figuré un militaire. De très beaux exemples sont à signaler à Elne (Pyrénées-Orientales) (Fig. 009) ou à l’Estany (Bages) (Fig. 010). Vu l’ancienneté des lieux, ils ont l’avantage de présenter des militaires aux armures souvent archaïques, défendus uniquement par le haubert de mailles et le bouclier dans la main gauche, tandis que l’épée, plus rarement la lance, est tenue de la main droite. Un autre registre de la sculpture concerne les scènes de batailles. Plus rares, elles se rencontrent également dans les lieux de culte. Mentionnons à cet effet,

En haut à droite, fig. 006. Une des statues de l’ancien cloître de Notre-Dame-en-Vaux, Châlons-en-Champagne (51). En haut à gauche, fig. 007. Guerrier de la porte des Apôtres de la cathédrale de Gerona. En bas à droite, fig. 008. Guerrier du retable dit de Santa Tecla de la cathédrale de Tarragona.

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En haut à gauche, fig. 009. Chapiteau du cloître d’Elne (66). En bas à gauche, fig. 010. Chapiteau du monastère de l’Estany (Bages). En haut à droite, fig. 011. Chevaliers sur le portail roman de l’église de Ripoll (Ripollès).

la fameuse « pierre du siège » conservée dans la cathédrale de Carcassonne. Cet élément fragmenté serait le fragment d’un sarcophage apparemment du xiiie siècle. Bien que le détail ne soit pas trop précis, il donne tout de même d’intéressantes informations sur la composition des armées et les techniques de siège. Il y a d’autres exemples qu’il serait regrettable d’oublier, et qui sont les bas-reliefs figurés sur la façade de l’église de Santa Maria de Ripoll sur laquelle sont figurés des cavaliers se faisant la guerre. D’époque romane, on peut y apprécier ici aussi, la simplicité du costume militaire composé uniquement du haubert et du heaume conique portés par ces hommes montés sur des chevaux non encore recouverts de housses (Fig. 011-CC).

Fresques et peintures Grâce aux travaux de restauration effectués ces dernières décennies sur de nombreux édifices, il est désormais possible d’observer à nouveau quelques-unes de ces fresques qui attendaient, cachées, sous de multiples couches de plâtres et de badigeons. Ces décors peints couraient sur les murs de certains bâtiments aussi bien civils, militaires que religieux, et cela dès la période romane. Bien que le thème abordé par ces peintures soit essentiellement religieux, elles peuvent tout de même concerner le costume militaire grâce aux nombreuses représentations en armes de saints militaires tels Saint-Georges, Saint-Michel, Saint-Maurice.


Introduction

Parfois, elles peuvent relater des scènes de combat illustrant les exploits de valeureux militaires ayant réellement existé ou de héros tirés de la littérature comme ceux du cycle arthurien. L’intérêt de ces décors est double. S’ils peuvent apporter des informations sur l’équipement militaire, ils renseignent également sur les couleurs des costumes et de l’héraldique. Les exemples ne manquent pas et pour en donner quelques-uns en France, citons les très célèbres fresques du xiie siècle de la chapelle de Cressac, hameau du bourg de Blanzac en Charente. Elle présente des scènes de combats qui semblent se dérouler en Terre sainte, et aurait même été identifiée par Paul Deschamps comme étant la bataille de la Bocquée qui se déroula en 1163 53. Les combattants arborent le heaume à nasal et de longs boucliers armoriés incurvés. À Carcassonne, en 1926, après le dégagement d’une épaisse couche de chaux de l’une des salles du château comtal, il fut mis au jour une fresque présentant une scène de combat contre les musulmans. Ici aussi, le thème de la croisade est présenté, bien qu’il ne fût pas possible d’établir s’il s’agissait de combats en Orient ou en Espagne ; celle-ci fut tout de même datée, grâce notamment à l’équipement militaire, de la fin du xiie siècle 54. Dans le même registre, une scène de même type est conservée dans l’église de Coincy (Aisne). Datable de la fin du xiie ou du tout début du xiiie siècle, elle présente également une bataille lors des croisades en Terre sainte. Bien que partiellement détruite, elle affiche tout de même très bien un équipement militaire et l’héraldique aux couleurs très vives 55 (Fig. 012-CC). Autre bel exemple daté de la fin du xiiie siècle, celui des peintures murales dites de la tour Ferrande à Pernesles-Fontaines (Vaucluse), où les murs des trois étages de la tour sont tous ornés de fresques. Parmi celles-ci, au troisième étage, on peut y voir des scènes de la vie militaire qui, semble-t-il, relateraient la conquête de la Sicile par Charles d’Anjou entre 1266-1268 56. Toujours du même siècle, citons également les fresques issues du château de la Rive à Cruet, conservées aujourd’hui dans le musée de Chambéry. Elles sont le reflet en couleur de ce qu’était la vie féodale et militaire en Savoie et qui a donné lieu à une belle publication en 1990 57. En Catalogne, trois très beaux exemples sont à citer. Comme les peintures murales qui ornaient à l’origine les murs du Palais Caldes. Conservées aujourd’hui dans le Museu nacional d’art de Catalunya à Barcelone, elles présentent la conquête de l’île de Majorque par Alphonse III d’Aragon. Cette dernière, datée assez précisément entre 1285-1290, est une source iconographique que l’on rencontre souvent dans les ouvrages traitant de cet événement. Pratiquement de la même période, et toujours dans la même ville, la fresque du salon du Tinell, au Palau reial major datée de la même période, présente des couleurs encore tellement vives qu’il est possible d’y reconnaître les lignages des combattants ayant participé aux combats. Comme on peut le constater, les fresques sont une source à ne pas négliger dans l’histoire du costume militaire auxquelles il faut ajouter les peintures de retables ou de chevalet. Cependant, si ces exemples semblent se signaler dès la seconde moitié du xive siècle, ils apparaissent plus courants à partir du xve. Mais ces peintures apportent plus d’informations dans la disposition de certains accessoires de l’armure. 53. Daras 1968 & de Lannoy, 2001 : 36-41. 54. Dovetto, 1995 : 63-66. 55. Vondra, 2002 : 62-66. 56. De Lannoy, 2001 : 40-47. 57. Fernex de Mongex, Richard, 1990, 160 p.

Fig. 012. Combat en Terre sainte, église de Coincy (02).

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Tapisseries et vitraux Beaucoup moins représentés que dans les autres sources jusqu’ici approchées, les tapisseries et les vitraux peuvent cependant être considérés du même point de vue. Comment ne pas citer la célèbre broderie de la reine Mathilde, nommée « Tapisserie de Bayeux » exposée dans le musée de la même ville ? Datée de la période 1066-1082, elle reste le document le plus exploité par les historiens et les archéologues de la fortification et du costume militaire. Citée dans de nombreuses publications 58, son utilité dans la recherche du costume du xie siècle n’est plus à démontrer même si des discutions assez tendues sont encore d’actualité en ce qui concerne la représentation des mailles et des « bavières » situées au niveau du cou des combattants.

Fig. 013. Chevalier de la tapisserie de Baldishol. Museum of Applied Arts d’Olso.

58 À titre d’exemples, citons les ouvrages de : Lucien MUSSET, La Tapisserie de Bayeux, Zodiaque

2002, 271 p., David M. WILSON, La Tapisserie de Bayeux, Flammarion 2005, 234 p., Mogens RUD, La Tapisserie de Bayeux et la bataille de Hastings 1066, Eljers 2006, 103 p., Lucien MUSSET, La Tapisserie de Bayeux, Artaud Frères, 32 p., Simone BERTRAND & Sylvette LEMAGNEN, La Tapisserie de Bayeux, Ouest-France, 1996, 32 p., Michel PARISSE, La Tapisserie de Bayeux, un documentaire du xie siècle, Denoël 1988, 141 p., Wolfgang GRAPE, La Tapisserie de Bayeux, Prestel 1994, 176 p.


Introduction

Un guerrier à l’armure très semblable est représenté sur une autre tapisserie. Elle est conservée au Museum of Applied Arts d’Olso et porte le nom de « Tapisserie de Baldishol » (Fig. 013). Par cette comparaison avec celle de Bayeux, le xie siècle fut longtemps attribué comme datation à cette œuvre, mais de nouvelles études y voient plutôt le tout début du xiiie siècle 59. Il faut ensuite attendre plusieurs siècles pour trouver des tentures utiles à la connaissance de l’armement ou de la poliorcétique. Comme l’a démontré Fabienne Joubert, c’est au xive siècle que l’expansion de la tapisserie va se développer 60, et la tenture de Jourdain de Blaye, datée du dernier quart du xive siècle présente très bien des guerriers casqués présentant des camails et des « gambisons » 61. Il en est de même pour les vitraux qui, dès le xiiie siècle, peuvent présenter des personnages en armure. Ces derniers peuvent être des saints militaires tels le Saint-Maurice de l’ancienne église de Mutzig (Bas-Rhin) qui est conservé dans le musée de l’œuvre Notre-Dame de Strasbourg. Cependant, de grands dignitaires y sont parfois figurés comme dans la cathédrale de Chartres, dont un vitrail est dédié à Amaury de Montfort que l’on voit sur un cheval sans housse, coiffé d’un Grand Heaume portant le bouclier aux armes de la famille et la bannière. Toujours dans la même cathédrale, rappelons aussi le vitrail rappelant la bataille de Roncevaux sur lequel figurent des guerriers aux armures typiques du xiiie siècle. Quelques beaux exemples sont également à signaler au musée du Louvre comme ceux de l’histoire de saint Nicaire, daté du xiiie siècle, (Fig. 014CC) ou ce fragment conservé aujourd’hui au musée de Cluny et qui aurait pour origine la Sainte-Chapelle. La scène montrant le meurtre d’un roi est datée entre 1243 et 1248 (Fig. 015-CC). L’avantage de ces tapisseries et de ces vitraux est, lorsqu’ils n’ont pas été trop abusivement restaurés, qu’ils nous permettent d’apprécier les couleurs vives des bannières ou des housses des chevaux. Ils nous donnent une vision d’ensemble de ce que fut le costume militaire médiéval, sans pour autant entrer dans le détail.

59. Flori, 1998 : 358. 60. Joubert, 1981 : 388-389. 61. Joubert, 1981 : Ill. 335.

En haut, fig. 014.Vitrail de l’histoire de saint Nicaire, Paris, musée du Louvre. En bas, fig. 015.Vitrail du meurtre d’un roi, Paris, musée de Cluny.

23


Carte de situation.

F

R

A

N

C

E Andorre

CATALOGNE Perpignan NORD

ARAGON

CATALOGNE SUD Lleida

E

S

P

A

G

N

E

Barcelone

PAYS DE VALENCIA

ME RM ÉD IT ER R A N

CASTILLE

Valencia

0

100 km

E É


Fig. 003. Jambe armée découverte dans l’église des Dominicains de Perpignan (66).

Fig. 004. Découverte des restes d’un monument funéraire, ancien Hôpital militaire de Perpignan (66).

Fig. 005. La communion du chevalier, cathédrale de Reims (51).


Fig. 008. Guerrier de la porte des Ap么tres de la cath茅drale de Gerona.


À gauche, fig. 011. Chevaliers sur le portail roman de l’église de Ripoll (Ripollès). Ci-dessus, fig. 012. Combat en Terre sainte, église de Coincy (02). Ci-contre, fig. 015.Vitrail du meurtre d’un roi, musée de Cluny, Paris.

Fig. 015.Vitrail du meurtre d’un roi, musée de Cluny, Paris.


Fig. 020. Gisant découvert à Sadirac, musée archéologique de Bordeaux (33).

Fig. 022. Gisant de Guilhem de Entenza † 1237, Real monasterio d’El Puig (Valencia).


Fig. 027. Dalle funéraire murale du cloître de la cathédrale de Valencia.

Fig. 031. Détail de la main sur le pommeau de l’épée. Gisant de Bertran de Castellet † 1323, couvent Sant Francesc,Vilafranca del Penedes.


Ci-dessus, fig. 032. Gisant du roi Sanche VII de Navarre † 1234, église de Roncevaux. Ci-contre, fig. 033. Priant de Bernat de Raset † 1432, cathédrale de Gerona.

Fig. 037. Chapel de fer conservé au musée de Montjuïc, Barcelone.



154

le costume militaire médiéval

DISTRIBUTIONS DES MONUMENTS FUNÉRAIRES DANS LES COMARQUES ET DEÉARTEMENTS ACTUELS

PARTIE FRANCAISE

Aude

04

Roussillon 05, 06

ANDORRE

Berguedà Solsones 40, 41, 42 Noguera 47

PARTIE ESPAGNOLE

Segria 45, 46

Gerones 07, 08,09, 26

Bages 15, 22, 24, 25 33,34, 44

Segarra 53 Urgell 31, 48, 52

Garrotxa 51

39

Alt Emporda 27, 28,29, 50

Anoia 23

Conca de Barbera 32 amp Alt C03 Baix Garraf Penedes 49 s e n o g a r r Ta 16, 17, 18, 01, 02 19, 20, 21, 54

Barcelones 10,11, 12, 13, 14

Pais de Valencia

MER

Alto Palancia 35, 36

MÉDITERRANÉE Valencia 37, 38

Le n° 30 est exposé à New-York (États-Unis) Le n° 43 est exposé à Glasgow (Écosse) 0

50 km


LOCALISATION GéOGRAPHIQUE Commune : Vimbodi. Site : Monastère de Poblet. Pays, région, comarque (ou département) : Espagne, Catalogne, Tarragona.

MONUMENT Type : Gisant unique sur couvercle en bâtière d’un sarcophage à registres. Installation : Contre mur chapelle latérale. Attribution : Ramon Folc IV de Cardona. Date du décès : 1322. Datation de l’œuvre : xive siècle. Dimensions : 2,25 m x 0,80 m. État : Moyen. Symboles additionnels : Lion brisé aux pieds, angelots brisés à la tête.

ARMEMENT ■■ armes défensives Protection de tête : Sorte de cagoule d’étoffe ou de peau armoriée. Protection du corps : Imposant gorgerin habillé d’un tissu richement ouvragé sur la poitrine. Longue cotte d’armes, aux manches mi longues, brodée de motifs héraldiques. Protection des bras : Haubert composé de mailles treslies visible uniquement que par les manches. Protection des mains : Gants de mailles solidaires du haubert. Protection des jambes : Grèves enveloppantes. Protection des pieds : Cuir ou étoffe richement ouvragé. Écu : Sans. ■■ armes offensives Épée : Dans le fourreau. Dague : Sans. ■■ autres Baudrier : Simple avec bouterolle. Ceinture : Sans. Éperons : Pointes invisibles.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Bruhn de Hoffmeyer, 1982 : BRUHN DE HOFFMEYER (A.), Arms & armour in Spain II, A short survey, Gladius, 1982, Madrid, 310 p. Carderera y Solano, Valentín, Iconografía española. Colección de retratos, estatuas, mausoleos y demás monumentos inéditos de reyes, reinas, grandes capitanes, escritores, etc., desde el siglo XI hasta el XVII, copiados de los originales por D. Valentín Carderera y Solano, 2 vols., Madrid, Ramón Campuzano, 1855-1864. De Riquer, 1968 : DE RIQUER (M.), L’arnès del cavaller, armes i armadures catalanes medievals, Ariel, 1968, 239 p.

modèle n° 01

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le costume militaire médiéval

modèle n° 02

LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE Commune : Vimbodi. Site : Monastère de Poblet. Pays, région, comarque (ou département) : Espagne, Catalogne, Tarragona.

MONUMENT Type : Gisant unique sur le couvercle d’un sarcophage à registres. Installation : Dans salle latérale droit de l’entrée de l’église. Contre mur. Attribution : Non identifié. Date du décès : ? Datation de l’œuvre : xive siècle. Dimensions : 2,05 m x 0,75 m. État : Bon. Symboles additionnels : Animal fantastique entre les pieds. Divers : Ce monument serait attribué à Berenger de Puigvert d’après l’Iconografía española de Carderera y Solano. Notons que le gisant présenté dans le livre présente un personnage au costume similaire totalement similaire, mais le visage découvert.

ARMEMENT ■■ armes défensives Protection de tête : Cagoule à la maille particulière. Protection du corps : Longue cotte apparemment matelassée aux manches mi-longues et brodée de motifs floraux fermée au cou par trois gros fermoirs.

Protection des bras : Haubert visible uniquement au niveau des bras. Le haubert est du même type que la cagoule. Protection des mains : Gants à la maille identique que celles de la cagoule et du haubert. Protection des jambes : Maille identique à la description citée plus haut. Protection des pieds : Mailles identique à la description citée plus haut. Écu : Sans. ■■ armes offensives Épée : Présentée dans un fourreau très ouvragé. Dague : Sans. ■■ autres Baudrier : Ouvragé d’une seule pièce. Ceinture : Sans. Éperons : Extrémités invisibles.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Carderera y Solano, Valentín, Iconografía española. Colección de retratos, estatuas, mausoleos y demás monumentos inéditos de reyes, reinas, grandes capitanes, escritores, etc., desde el siglo XI hasta el XVII, copiados de los originales por D. Valentín Carderera y Solano, 2 vols., Madrid, Ramón Campuzano, 1855-1864. De Riquer, 1968 : DE RIQUER (M.), L’arnès del cavaller, armes i armadures catalanes medievals, Ariel, 1968, 239 p.


LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE Commune : Aiguamùrcia. Site : Monastère de Santes-Creus. Pays, région, comarque (ou département) : Espagne, Catalogne, Alt Camp.

MONUMENT Type : Gisant unique sur le couvercle en bâtière d’un sarcophage à six registres. Installation : Dans un enfeu du cloître. Attribution : Ramon Alemany de Cervello. Date du décès : 1234. Datation de l’œuvre : xive siècle. Dimensions : 2,20 m x 0,80 m. État : Bon. Symboles additionnels : Chien aux pieds.

ARMEMENT ■■ armes défensives Protection de tête : Cagoule de mailles avec sangles de serrage sur le côté. Protection du corps : Longue cotte vierge de motif aux manches longues dont les extrémités de celle-ci présentent des galons aux motifs floraux. Protection des bras : Les bras défendus par de la maille permet d’identifier la présence d’un haubert avec cagoule attenante. Protection des mains : Les gants de mailles sont solidaires du haubert. Protection des jambes : Grèves enveloppantes. Protection des pieds : Malgré le mauvais état de cette partie de la sculpture, il est possible d’y voir des anneaux figurant de la maille. Écu : Sans. ■■ armes offensives Épée : Figurée dans le fourreau. Pommeau type H. Dague : Sans. ■■ autres Baudrier : Porté en bandoulière sur l’épaule droite. Ce dernier, très large, est armorié aux armes de la famille de cervello. Ceinture : Éperons : Pointes invisibles.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Espanol i Bertran, 1995 : El maestro de los Alemany de Cervello y la primera escultura trecentista en Tarragona, Locvs Anoenvs 1, 1995, p. 61-74. Zaragoza Pascual, 1997 : ZARAGOZA PASCUAL (E.), Cataleg dels monestirs catalans, Pubicatcions de l’abadia de Montserrat, Barcelona, 1997, p. 205.

modèle n° 03

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le costume militaire médiéval

modèle n° 04

LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE Commune : Lézignan-Corbières. Site : Abbaye de Fontfroide. Pays, région, comarque (ou département) : France, Languedoc-Roussillon, Aude.

MONUMENT Type : Gisant unique sur couvercle plat d’un sarcophage disparu. Installation : Chapelle Saint-bernard, bras méridional du transept. Installation d’origine : Église de Santa Coloma de Queralt (Conca de Barbera). Attribution : Membre de la famille de Queralt.

Date du décès : ? Datation de l’œuvre : xive siècle. Dimensions : 1,58 m x 0,51 m. État : Moyen. Symboles additionnels : Néant (pieds détruits).

ARMEMENT ■■ armes défensives Protection de tête : Haubert de mailles treslies aux très gros anneaux. Protection du corps : Haubert de mailles treslies aux très gros anneaux porté sur une longue cotte. Protection des bras : Mailles identiques Protection des mains : Partie abîmée de l’œuvre, mais il semblerait que le personnage possède des mitaines de mailles de même composition que le haubert auquel elles sont solidaires. Protection des jambes : Grèves enveloppantes. Protection des pieds : Partie détruite. Écu : Sans. ■■ armes offensives Épée : Présentée dans le fourreau. Pommeau du type A (Variante du sphéroïdal type R.) Dague : Sans. ■■ autres Baudrier : Large mais simple, bouterolle. Ceinture : Éperons : Détruits.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES De Riquer, 1968 : DE RIQUER (M.), L’arnès del cavaller, armes i armadures catalanes medievals, Ariel, 1968, 239 p. fig. 81.


sommaire introduction............................................................................................... 7 Les témoignages archéologiques..................................................................... 9 Les sources écrites et les documents figurés.................................................. 16 Les textes................................................................................................. 16 La sculpture ornementale......................................................................... 18 Fresques et peintures................................................................................ 20 Tapisseries et vitraux................................................................................ 22 situation géographique........................................................................... 25 bref historique de la catalogne médiévale.......................................... 27 L’esprit de Croisade..................................................................................... 28 La Catalogne et le royaume de Sicile............................................................ 34 La Croisade française contre la Catalogne.................................................... 34 La Catalogne à la conquête de la Méditerranée............................................ 35 Première partie la sculpture funéraire............................................................................ 39 Définition des monuments funéraires.......................................................... 39 La dalle tumulaire.................................................................................... 41 Les gisants............................................................................................... 44 Les priants ou orants................................................................................ 48 les sceaux................................................................................................... 49 L’apport du sceau dans l’étude de l’évolution du costume militaire.............. 50 Deuxième partie armes défensives....................................................................................... 53 Les protections de tête................................................................................. 53 Les protections de cou................................................................................. 63 Les protections de corps.............................................................................. 67 Les textiles............................................................................................... 82


L’apparition des plaques pour la protection des bras et des mains................. 90 Les ailettes............................................................................................... 93 Les protections des jambes et des pieds........................................................ 99 L’écu.......................................................................................................... 105 armes offensives..................................................................................... 111 Les épées.................................................................................................... 111 Protection des lames et accessoires de portage............................................ 118 Les fourreaux......................................................................................... 118 Baudriers et ceintures............................................................................. 124 Les dagues................................................................................................. 135 aperçu de l’équipement équestre.......................................................... 139 Les éperons................................................................................................ 139 Le cheval et sa protection........................................................................... 143 conclusions............................................................................................. 147 Troisième partie catalogue des œuvres étudiées............................................................. 153 bibliographie........................................................................................... 209

Les photographies et les dessins sont de l’auteur, à l’exception de : p. 175, modèle n° 21, © Musée de Tarragona ; p. 200, modèle n° 46, © Musée de Lleida ; p. 201, modèle n° 47, © Francesc Fité ; p. 208, modèle n° 54, © Musée de Tarragona.

Ouvrage publié avec le concours de la Région Midi-Pyrénées ISBN 978-2-86266-716-4 © Nouvelles Éditions Loubatières, 2015 20 avenue Pierre-Marty F-31390 Carbonne www.loubatieres.fr Achevé d’imprimer sur les presses de GN Impressions à Villematier (Haute-Garonne) en octobre 2015 Dépôt légal 4e trimestre 2015



SYLVAIN VONDRA

LE COSTUME MILITAIRE MÉDIÉVAL LES CHEVALIERS CATALANS DU XIIIE AU DÉBUT DU XVE SIÈCLE Étude archéologique Le chevalier médiéval, dans la tradition populaire, est souvent représenté vêtu d’une armure de fer, brandissant une épée conquérante et monté sur un destrier galopant à travers des champs de bataille. Représentations souvent peu fiables, voire fantasmagoriques. Grâce aux recherches historiques ou archéologiques effectuées depuis quelques années, il est enfin possible de reconsidérer ce portrait. Au Moyen Âge, l’homme noble endossait fièrement l’armure pour la parade, le tournoi ou la guerre. C’était un signe de pouvoir qui marquait la place du personnage dans l’ordre hiérarchique, raison pour laquelle elle figure souvent sur les sceaux ou les monuments funéraires. Ces derniers – les deux principales sources de cette recherche – sont présents en grand nombre sur l’aire géographique de la Catalogne. Grâce à ses alliances et ses conquêtes, la Catalogne, aujourd’hui à cheval sur le Sud de la France et le Nord-Est de l’Espagne, a rayonné sur tout le bassin méditerranéen durant la période médiévale. Elle présente une importante concentration de gisants qui révèlent les influences venues de pays avec lesquels les liens commerciaux et stylistiques sont indéniables. Celles venues de GrandeBretagne se perçoivent dans les positions de certains personnages, et celles de l’Orient par les motifs sur les étoffes des costumes figurés. La minutie d’exécution de certaines de ces œuvres apporte une richesse d’information incomparable pour l’étude de l’armure portée par le milieu aristocratique dans l’entourage des comtes de Barcelone – certains d’entre eux deviendront rois de Majorque. Quant aux sceaux, si petits soient-ils, ils montrent des guerriers en tenue complète et cela dès le XIIe siècle, donc bien avant l’apparition des premiers gisants. Les données ainsi recueillies permettent de mieux appréhender quels types d’armures revêtaient les chevaliers et avec quelles armes ils aimaient se faire représenter. Par l’analyse détaillée de chaque pièce d’armement, il est possible d’en présenter la morphologie, la fonction et l’évolution. Le résultat de sept années de recherche menées par Sylvain Vondra est rassemblé dans cet ouvrage. Archéologue Inrap région Méditerranée, chercheur associé au LA3M UMR 7298 d’Aix-en-Provence, Sylvain Vondra est ancien élève de l’École du Louvre et de l’EHESS Paris IV. Intéressé par l’implantation franque au Proche-Orient à l’époque des Croisades, il a participé à plusieurs campagnes de fouilles en Syrie, Jordanie et Chypre. Depuis les années 2000, il se spécialise dans l’étude des armes et des armures médiévales à travers les monuments funéraires. Après avoir visité les monuments de Catalogne, il s’est lancé dans une prospection inventaire sur tout le territoire français.

Chevalier de la tapisserie de Baldishol. Museum of Applied Arts d’Olso.

Gisant de Thomas II de Savoie, cathédrale d’Aoste (Suisse).

ISBN 978-2-86266-716-4

0

50 cm

50 € 9 782862 667164

www.loubatieres.fr

Gisant de Hugh de Copons † 1354. Musée de Solsona


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