Toulouse Métropole, une histoire en devenir

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TOULOUSE MÉTROPOLE une histoire en devenir

textes Philippe Brassart

Conception et direction d’ouvrage : Maxence Fabiani Relecture, correction : Éditions Loubatières Maquette : Éditions Loubatières Photogravure et impression : GN Impressions ISBN : 978-2-86266-760-7

© Éditions Loubatières, 2019 Sarl Navidals 1, rue Désiré-Barbe F-31340 Villemur-sur-Tarn www.loubatieres.fr 2

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introduction

trente-sept communes, 755 882 habitants* dont 23 % ont moins de 20 ans, une croissance de près de 10 000 habitants en moyenne par an, 45 820 hectares dont 43 % d’espaces naturels, agricoles et forestiers, 326 000 emplois salariés dans le secteur privé dont un salarié sur cinq dans une entreprise de la filière aérospatiale, plus de 100 000 étudiants… on pourrait égrener encore des chiffres qui ont toute leur importance pour décrire le paysage socio-économique de Toulouse Métropole. Mais quelle est la « personnalité » de ce territoire ? Comment s’est construit son paysage historique, économique et culturel ? Car les liens entre les trentesept communes qui composent la Métropole ne datent pas d’aujourd’hui. C’est d’abord une histoire partagée, celle qui, de la romanité à nos jours, en a modelé les contours : après les villæ gallo-romaines, ces fermes disséminées autour de l’antique Tolosa, le Moyen Âge voit la constitution des seigneuries et la fondation des paroisses. À la Renaissance, les fiefs changent de main, se fractionnent, se sécularisent. Les riches capitouls et les parlementaires toulousains ont leur domaine dans les environs de Toulouse. À la Révolution, les baronnies et les paroisses sont amputées de leurs privilèges, les communes sont instituées et presque toutes existent encore aujourd’hui dans leurs limites de 1790. Jusqu’à la fin des années 1950, la ville de Toulouse connaît une progression constante de sa population, mais à partir des années 1960, sous l’effet conjugué de l’essor économique, de l’arrivée des baby-boomers à l’âge adulte et de l’évolution des modes de vie, l’habitat résidentiel se développe dans les autres communes du territoire. Lotissements, voirie, zones artisanales et commerciales, équipements scolaires, sportifs et culturels sortent de terre et aujourd’hui ces trente-six communes accueillent près de 40 % de la population de la Métropole. Métropolitains des villes et Métropolitains des champs, tous partagent désormais un territoire et un avenir commun.

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Toulouse Métropole c’est aussi une économie. Jusqu’au début du xxe siècle, Toulouse est une grande cité industrieuse, administrative et commerçante, au milieu d’une vaste plaine agricole plutôt prospère. Au Moyen Âge on échange biens et savoirs – l’université a été créée en 1229 – avec le reste de l’Europe, via les routes tracées depuis l’époque romaine ou la navigation, souvent hasardeuse, sur la Garonne qu’empruntera notamment l’or bleu, ce pastel qui fit la fortune de quelques riches commerçants au xvie siècle. Il faut bien nourrir la grande ville et dans les campagnes alentour on produit céréales, vigne, maraîchage, élevage. Au xixe, l’activité artisanale toulousaine – chaussure, chemiserie, chapellerie, ébénisterie… – est très organisée et performante mais point d’industrie, hormis la Poudrerie et la Cartoucherie, et au début des années 1890, la Manufacture des tabacs. Jusqu’à ce qu’un jeune industriel, ambitieux et avisé, venu des Pyrénées voisines, se lance au sortir de la guerre de 1914-1918, dans la construction d’avions et l’exploitation de lignes aériennes commerciales. Nul ne le savait encore, mais le destin aéronautique de Toulouse était scellé. Aujourd’hui, c’est toute la moitié ouest de la Métropole qui a, peu ou prou, partie liée avec l’aviation, que ce soit en accueillant sur ses terres constructeurs et soustraitants ou pour héberger les salariés de ces entreprises. L’est de la Métropole est plutôt dévolu à la recherche scientifique et à l’innovation technologique, avec le complexe scientifique de Rangueil-Lespinet, et son récent prolongement vers Aerospace Toulouse, qui réunit l’université des sciences, les laboratoires de recherche, la faculté de médecine et, de l’autre côté de la Garonne, l’Oncopole. C’est aussi là que le spatial s’est installé avec la création en 1968, du Centre spatial de Toulouse du CNES et l’implantation des grandes écoles du secteur aéronautique et spatial. Au cœur de la Métropole, Toulouse est toujours centre administratif, universitaire et commerçant, avec son université de sciences sociales à deux pas du Capitole et celle de lettres et sciences humaines dans le quartier du Mirail, ses grands magasins le long de la rue d’Alsace-Lorraine et ses boutiques nichées dans l’entrelacs des petites rues.

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Toulouse Métropole, c’est enfin une culture et un art de vivre qui s’enracinent dans un patrimoine et dans une langue, cette belle langue d’oc qu’on entend encore chanter – un peu – dans l’accent. Point de promenade dans Toulouse qui ne mène les pas vers un cloître, une église, une rue où se perçoit encore, entre chien et loup, un peu d’une ambiance moyenâgeuse. Mais point non plus de ville et de village qui n’ait son château de briques roses ou son église à clocher-mur. La langue d’oc perdure dans les noms de commune et des lieuxdits comme dans les noms de rue. Une terre fertile depuis longtemps pour la créativité dans tous les domaines : arts littéraires et arts plastiques comme arts du spectacle vivant ; arts du ballon ovale comme du ballon rond ou de la belle foulée ; arts de la gastronomie comme art de la flânerie… Un territoire avec son histoire, son économie et sa culture, c’est ce paysage, cette mosaïque, que ce livre a pour ambition de montrer. Toulouse Métropole, un territoire à vivre, une histoire en devenir.

* Insee 2016. Les chiffres relatifs à la population indiqués dans l’ouvrage sont les chiffres actualisés pour 2016 publiés par l’Insee en décembre 2018 (source : Observatoire Toulouse Métropole, 31 décembre 2018).

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Territoire

Ombres longues d’une fin d’après-midi d’été dans les collines de l’est de la Métropole : Mons, Flourens, Quint-Fonsegrives, Balma, Pin-Balma. 10

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économique. Longtemps, la ville restera pour Rome un poste militaire avancé.

tolosa Les premiers pôles de peuplement villageois de la future Ville rose datent du premier millénaire précédant notre ère. Plusieurs sites ont été identifiés à proximité de la Garonne, dans le quartier d’Ancely, à Purpan, dans le quartier Saint-Roch et, plus en amont, à l’emplacement de l’ancienne caserne Niel ainsi que sur les coteaux de PechDavid à Vieille-Toulouse.

Plan dessiné par Albert Jouvin de Rochefort (v. 1640 - v. 1710) et publié en 1770. On distingue nettement l’emplacement du gué du Bazacle.

On peut toujours admirer les Pyrénées depuis maints endroits de la Métropole. Ici, depuis le pont Saint-Michel à Toulouse.

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Une petite partie des remparts de Toulouse est encore visible dans le quartier Saint-Cyprien, rive gauche. Restaurés, ils bordent le jardin Raymond-VI qui s’ouvre sur la Garonne. Il sert parfois de cimaise aux artistes, comme sur cette image.

Au début du iiie siècle avant notre ère, les Volques Tectosages – «  les peuples qui cherchent un toit » ou, selon une version plus récente, « les peuples en quête de butin »… – suivant l’exemple de leurs prédécesseurs, ont bâti leurs demeures un peu à l’écart du grand fleuve d’humeur capricieuse. Le lieu était idéal, trait d’union entre la Méditerranée et la façade atlantique, à quelques encablures de l’Espagne, au centre d’un système de circulation de matières premières, parmi lesquelles l’étain, précieux pour confectionner bijoux et armes. Les Volques, que César nommait « Tolosates », font du commerce – du blé, du vin importé de Campanie – et créent leur propre monnaie. Ils eurent le tort de trahir les Romains, avec lesquels ils coexistaient pacifiquement, en pactisant avec les peuples migrants germaniques, ennemis de Rome, qui déferlaient sur la Gaule. Les Romains assiègent alors leur place forte Tolosa et s’en emparent en 106 avant Jésus-Christ. Le consul Quintus Servilius Caepio les soumet à l’impôt et leur impose une stricte surveillance ; une reprise en mains à la fois politique et

Viæ publicæ, viæ vicinales, viæ privatæ, certaines des voies antiques, tracées par les soldats romains eux-mêmes avec l’aide de villageois réquisitionnés pour l’occasion et parfois des esclaves, sont bien connues. De Tolosa, des routes reliaient Narbonne et Bordeaux (par la via Aquitania, construite à partir de l’an 14 de notre ère), Cahors, SaintBertrand-de-Comminges, Dax, Auch, le Massif central, Lyon. Des chemins dallés ou pavés, en terre battue recouverte de gravier pour les voies secondaires, munis de fossés, de postes de douane, de péages, et jalonnés par des bornes milliaires. Ces voies qui quadrillaient le pays tout entier n’ont pas été créées de toutes pièces par les ingénieurs romains : le réseau des routes gauloises était déjà dense bien avant l’arrivée des conquérants. Il reste hélas peu de traces visibles de cette époque hormis quelques vestiges de chaussée empierrée à SaintJory et de minces indices toponymiques comme le nom de Quint-Fonsegrives qui vient du latin quintus et désignait une borne milliaire, la cinquième sur la voie menant de Toulouse à Carcassonne. La plupart des voies ont aujourd’hui disparu sous la végétation ou le goudron. La cité romaine s’est implantée peu à peu, sur la rive droite de la Garonne, à l’emplacement actuel du cœur de la ville, là où le fleuve décrit une boucle butant contre une avancée de terrasse insubmersible, à quinze mètres au-dessus du niveau des eaux. Des gués permettaient d’aller d’une rive à l’autre en période de basses eaux. Au Bazacle en particulier, dont le nom latin, vadaculum, signifie

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« petit gué ». Gué auquel succédera plus tard le pont du Bazacle mentionné dans la Chanson de la Croisade albigeoise (La Canso), écrite entre 1208 et 1219. Jugée inhospitalière, la rive gauche fut délaissée mais l’eau de ses multiples sources fut exploitée : un aqueduc de huit kilomètres, situé entre ce qui est aujourd’hui le quartier de la Cépière et Esquirol, fournissait jusqu’au Moyen Âge 12 500 m³ d’eau par jour. Passage stratégique entre Narbonne et Bordeaux, Tolosa était prospère. Sur la Garonne, les barges à fond plat, ancêtres des gabarres, transportaient amphores, produits agricoles et marchandises diverses. Vers 20-30 de notre ère, un rempart de trois kilomètres ponctué de quarantehuit tours entoure la cité  ; il sera démantelé et rebâti maintes fois au fil des ans et des conflits, jusqu’à sa disparition définitive au xixe siècle. Au premier siècle, selon Jean-Marie Pailler, chercheur au laboratoire Traces, Tolosa accueillait entre 15  000 et 20  000 habitants. Théâtres, temples, écoles, réseau d’égouts, faisaient d’elle une ville moderne dont l’actuelle rue Saint-Rome était déjà l’axe principal nord-sud, le cardo.

capitale des wisigoths En 413, les Wisigoths, «  Goths sages » (ou « vaillants »), s’emparent de Toulouse. Trois ans plus tard ils signent un traité avec Rome, le foedus, par lequel ils deviennent « peuple fédéré de l’empire romain ». Les légions romaines

Vue aérienne du plus grand des bâtiments du palais des Wisigoths découvert lors des fouilles de l’hôpital Larrey.

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quittent la ville et les Wisigoths font de Tolosa la capitale de leur empire. Ces « barbares civilisés » vont faire de Toulouse le cœur de leur vaste royaume s’étendant du sud de la Loire au nord de l’Espagne. L’activité économique s’y concentre : denrées agricoles, tissus, produits de luxe, tout transite par la ville. Leurs souverains y séjournent quand ils ne sont pas en Arles ou à Bordeaux. « Ce fut une période phare de l’histoire de Toulouse  », souligne Jean-Luc

Boudartchouk, historien et archéologue de l’Inrap qui précise : « Les Wisigoths ont apporté la stabilité et la sécurité militaire et recréé une Rome miniature. » Six souverains se succédèrent sur le trône, ils s’appelaient Wallia, Theodoric Ier, Thorismond, Theodoric II, Euric, Alaric II. Les bustes des deux Théodoric, le père et le fils, trônent dans la salle du conseil municipal de Toulouse.

Restent quelques objets conservés au Musée Saint-Raymond et surtout les chroniques de Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand, témoin de cette époque, qui brosse des rois «  barbares  » des portraits presque chaleureux. En 507, les troupes de Clovis, nouvellement converti au christianisme, donnent l’assaut aux « Goths sages » qui

Que reste-t-il de cette période qui ne dura pas même un siècle ? Presque rien. Le vaste domaine fortifié où se trouvait le palais royal wisigoth, découvert par les fouilles menées en 1989 lors de la destruction de l’ancien hôpital Larrey près de la place Saint-Pierre a été enseveli sous la construction d’un immeuble.

perdent leur roi et leur capitale, pillée et incendiée, et se replient à Barcelone puis à Tolède. C’est la fin du royaume wisigoth de Toulouse et le début du monde des Francs, moins romanisés que leurs prédécesseurs. La ville cesse d’être une place forte, une cité majeure. JeanLuc Boudartchouk insiste : « Il faudra attendre les premiers comtes de Toulouse au ixe siècle pour qu’elle retrouve un dynamisme économique et urbain. »

En haut : Mobilier goth mis au jour sur le site de Saint-Pierredes-Cuisines. À gauche, plaque-boucle en fer et tôle d’argent, ve s. ; à droite, paire de fibules d’origine germanique orientale, en bronze, ve s. Ci-dessus : Vue de Toulouse, avec la Garonne au premier plan, prise depuis les coteaux, lieu d’implantation des premiers habitants. Page ci-contre, en haut : Vestiges du théâtre antique découvert lors de travaux réalisés sous un immeuble de la rue de Metz, près du Pont Neuf.

le territoire

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Les « pêcheurs de sable » raclaient le lit de la Garonne encombrée de bateauxlavoirs  ; mêlé à la chaux, ce sable devenait ciment pour maintenir les briques entre elles. Cette Garonne fut longtemps, bien que médiocrement, navigable. Au bord du fleuve, les bateliers étaient à l’œuvre, comme leurs prédécesseurs romains, chargeant et déchargeant bois, tissus, pierres, blé moulu dans les nombreux moulins de la région, blocs de marbre des Pyrénées commingeoises et balles de cocagne envoyées vers Bordeaux. Mais les naufrages n’étaient pas rares en période de basses eaux, bien que les berges soient régulièrement curées et les écueils rabotés par la police du fleuve. Les fautifs ? Les moulins flottants laissés sans surveillance, ces usines sur l’eau, massives, équipées d’énormes roues à aube. Une réquisition adressée en 1659 aux « syndic de la navigation et patron de la bourse » dénonçait à ce propos le danger de ces moulins à nef « en la juridiction de Blagnac et Fenouillet et

Ci-contre : Le Ramier est désormais aménagé en aire de pique-nique et de promenade Ci-dessous : Les Quinze-Sols, base de loisirs aménagée au bord de la Garonne, sur les communes de Blagnac et Beauzelle.

Ci-dessus : Moulin à nef ou moulin flottant. Page ci-contre : Pêcheurs de sable sur la rive gauche de la Garonne.

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En 1541, François Ier, qui avait besoin d’un ouvrage solide pour que ses troupes en route vers l’Espagne puissent traverser le fleuve sans risque, lèvera un impôt dans toute la région pour financer un nouveau pont. Les travaux dureront près d’un siècle, interrompus par les guerres, les problèmes techniques et financiers. Le Pont-Neuf sera inauguré en 1659 par un autre souverain, Louis XIV. Trois siècles et demi plus tard, il reste l’objet de toutes les attentions. Jusque-là, aucun ouvrage n’avait résisté à la force des eaux de la Garonne, Garona en occitan, « Garone » sans article et avec un seul « n » comme se

plaisait à dire et à écrire le poète Yves Rouquette évoquant ses colères subites. Des crues, « Garone » en fit subir de nombreuses à ses riverains. La première mention date du ve siècle, ce qui ne signifie pas qu’il n’y en eut aucune avant. Entre le ve siècle et l’année 1690, quatre-vingt-dix crues et inondations seront scrupuleusement recensées… Mais la Garonne et ses rives furent aussi pendant longtemps un important espace d’activité économique, source de richesse. Du port de la Daurade, les pêcheurs ne rentraient jamais bredouilles, allant au matin à la halle vendre truites, brochets ou anguilles.

de quantités de rochers dans les endroits de La Blanquette près du dit Blagnac ». Sur ce territoire, l’autan souffle souvent, vent maître du Lauragais qui fait, sans crier gare, des incursions du côté de Toulouse. L’autan (du latin alatanus ventus = qui vient de la haute mer), « vent fou », « vent qui moissonne le blé avant les hommes », « vent du diable » qui accompagna l’ultime siège de Toulouse mené par les Croisés le 1er juillet 1218 et attisa le feu qui dévora, le 7 mai 1463, les deux tiers de la cité. Les meuniers ne se plaignaient pas de l’autan quand il faisait tourner les ailes de ces moulins qui tinrent une place considérable dans la vie paysanne durant des siècles. Moulins à vent sur les collines ou moulins à eau sur la Garonne, en 1809, on en comptait en Haute-Garonne un pour 235 habitants. Les révolutionnaires de 1789 abolirent le « droit de l’eau et du vent ». Les moulins furent alors rachetés par les meuniers les plus aisés. L’électricité et les progrès de la minoterie industrielle contribuèrent bientôt à briser les ailes des uns, les roues des autres. Il en reste très peu de nos jours sur le territoire de la Métropole : à Beaupuy, à Mons où le dernier, situé sur l’actuelle avenue des Pyrénées, a été détruit en 1946 ; ceux de Pibrac n’existent plus que sur un plan ancien ; Cornebarrieu en avait quatre, deux à vent, deux à eau ; le moulin de Quint-Cayras, sur la Saune, à cheval sur les communes de Quint-Fonsegrives et de Saint-Orens-de-Gameville, se visite lors des Journées du patrimoine (ses meules ont cessé de tourner en 1950).

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Du XIX e  siècle à nos jours

de 1800 à 1945

Page ci-contre : Marché des Carmes, construit en 1892 et démoli pour être reconstruit en 1963. Ci-dessous : Vue d’une voiture de tramway de la ligne 22, Capitole-Côte-Pavée, 1956. En bas : Passage du tram à Blagnac, dans les années 1900.

Le xixe  siècle s’accompagne d’un changement majeur. La population de Toulouse croît rapidement au détriment de sa campagne et des départements limitrophes dépeuplés par l’exode rural. Entre 1850 et 1910, la Haute-Garonne perd près de 50 000 habitants alors que, dans le même temps, Toulouse passe de 93 000 habitants à 149 000, soit un gain de près de 60 000 habitants. Il faudra attendre quasiment le dernier quart du xxe siècle pour que le phénomène s’inverse et que les communes en périphérie de Toulouse croissent de nouveau significativement. Toulouse non seulement grandit, mais aussi embellit et se modernise. Les remparts sont détruits et laissent place à la ceinture des boulevards. Les deux grandes artères, la rue d’Alsace-Lorraine et la rue de Metz, sont percées entre 1869 et 1884. Sur toute leur longueur, les immeubles bourgeois de style haussmannien sortent de terre. Près du Jardin des plantes, le Muséum d’histoire naturelle est ouvert au public en 1865. Plus tard, la rue du Languedoc puis la rue Ozenne seront tracées à leur tour. En 1875, « l’ayguat de la Sent-Joan » l’inondation de la Saint-Jean, grande crue restée dans les mémoires, emporte des ponts et dévaste le quartier SaintCyprien, faisant de nombreuses victimes. Le pont Saint-Michel, pourtant de

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construction récente, est détruit ; il sera reconstruit en 1889 (le pont actuel date, lui, de 1961). Lors de la reconstruction, le faubourg Saint-Cyprien est embelli et doté d’une nouvelle place, la place Olivier, agrémentée d’une fontaine. Les marchés couverts de Victor-Hugo et des Carmes, abrités sous des halles de type Baltard, sont inaugurés en 1892. En 1904, l’enseigne parisienne de grands magasins Aux Dames de France ouvre le magasin Au Capitole, au début de la rue de Rémusat, dans un magnifique bâtiment de style Art nouveau surmonté d’un dôme d’acier et de verre. Le commerce et les nombreux ateliers de petite industrie de la ville sont très dynamiques. Il faut acheminer les Toulousains des faubourgs vers le centre. Les premiers tramways circulent à partir d’avril 1863, ce sont ceux de la Compagnie Pons, des omnibus à impériale tirés par des chevaux. Le réseau n’avait d’abord que trois lignes qui aboutissaient toutes à la nouvelle gare ferroviaire et desservaient, pour dix centimes la place, les faubourgs SaintMichel, Saint-Cyprien et des Minimes. En 1906, l’électrification est engagée pour trois nouvelles lignes et, en 1914, le réseau compte 18 lignes urbaines, 6 lignes de banlieue et, déjà, 3 lignes suburbaines vers Blagnac, Colomiers et Castanet. À partir de 1926, les trams et les autobus se croisent et se défient dans les rues de plus en plus engorgées, jusqu’en juillet 1957, date de l’abandon de la dernière ligne de tram, un tram qui le territoire

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métropole verte

Page ci-contre : Sur l’Île du Ramier, un théâtre de verdure remplace désormais l’ancien dancing. Ci-dessous : Entraînement sur un sentier des coteaux de PechDavid.

Un des quelque 2 600 VélôToulouse en libre-service.

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À l’inverse des années 1960-1980, la voiture n’est plus autant la bienvenue dans les centres-villes. Les zones piétonnières s’étendent et réapparaît un mode de déplacement qu’on aurait cru obsolète, le vélo. La Métropole compte déjà 584 kilomètres de voies cyclables, dont 310 kilomètres de réseau vert réservé aux cyclistes et aux piétons. Avec l’arrivée de VélôToulouse (283

stations, 2 600 vélos en libre-service), les cyclistes ont redécouvert le plaisir de rouler sans crainte dans les rues du centre historique qu’ils partagent avec les piétons depuis que la voiture en a été bannie. Petit à petit de nouveaux tronçons sont aménagés pour relier les villes mitoyennes ou accéder aux zones vertes du territoire. Car ici la nature n’est jamais bien loin. Vingt-trois lacs et étangs parsèment la Métropole, en grande majorité accessibles au public pour la promenade, parfois la pêche. Sept sont

aménagés en base de loisirs, dont trois gérées par Toulouse Métropole, celle de la Ramée sur la commune de Fenouillet, la base de loisirs « historique » des Toulousains, celle de Sesquières au nord et, la plus récente, les QuinzeSols à cheval sur Blagnac et Beauzelle. Au nord-est de Toulouse, l’étang de la Maourine, une zone humide rare en pleine ville, abrite une roselière et de nombreuses espèces protégées. Dans le parc de la Maourine, les Jardins du Muséum ont planté des centaines de plantes potagères et aromatiques

de monde entier à découvrir ou à redécouvrir. On peut désormais explorer l’ensemble du territoire métropolitain à vélo ; des randonnées sont organisées à la découverte des trente-sept communes de Toulouse Métropole et des nombreuses voies vertes qui sillonnent le territoire. Les randonneurs à pied sont aussi à la fête. Vingt nouveaux itinéraires, de 8 à 21 kilomètres, ont été ouverts, tous accessibles par les transports en commun.

le territoire

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commerce(s) C’est le commerce qui a fait la prospérité de Toulouse dès l’Antiquité, après que les conquêtes romaines aient ouvert les routes vers la Méditerranée et l’Atlantique. Aujourd’hui encore la ville garde du Moyen Âge quelques noms de rue évocateurs d’un artisanat et d’un commerce domestiques : rue Tripière, rue des Changes, rue des Couteliers, rue des Filatiers… Un peu plus tard, le commerce du pastel – encore lui – avec ses lointaines destinations, fera la richesse

de quelques Toulousains. Mais c’est avec l’avènement de la société industrielle que les échanges se démultiplient et que la consommation s’envole. Le 19 octobre 1904, le grand magasin Au Capitole ouvre ses portes au carrefour des rues d’Alsace-Lorraine et de Rémusat. Une coupole, de vastes verrières, un édifice entier consacré à la vente, construit par un groupe parisien – la société ParisFrance des frères Gompel, propriétaires de l’enseigne Aux Dames de France. Grande première, on peut y acquérir les nouveautés parisiennes à crédit, l’agence Paris-Toulouse est inaugurée le même jour dans la rue de Périgord attenante. Ce grand magasin n’est pas le premier mais il est vraiment plus grand que ses rivaux, contraints de réagir pour survivre. Ils sont nombreux  : le Grand Bazar Labit, Au Printemps, Au Bon Marché toulousain dont le « journal » vante ses bonnes affaires aux lectrices « soucieuses de leur intérêt autant qu’esclaves de la coquetterie ». D’importants rabais sont proposés par les uns, des cadeaux et des primes par les autres, tandis que la maison de confection belge Thiery ouvre ses portes chaque dimanche matin. En 1925, on trouvait dans l’immense Au Capitole, des articles courants et bon marché au rez-de-chaussée, les chapeaux, dentelles, fourrures au premier, les meubles, miroirs, literie et tissus d’ameublement au second. Après la crise des années 1930, des grands magasins créent des enseignes à faible prix : Monoprix, créé par les Galeries Lafayette, ouvre à Toulouse en 1933 à l’emplacement qu’il occupe encore aujourd’hui, Printafix, créé par Le Printemps remplace, l’année d’après, le

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Bazar Labit. En 1946, Marcel Garrigou installe Midi Caoutchouc place Esquirol dans l’immeuble des Grands Magasins Lapersonne victimes d’un incendie. Il prendra, dix ans après, le nom de Midica ; toujours présent sur la même place et dirigé par la même famille, le magasin propose sur cinq niveaux et 5 000 m² des articles pour la maison et les loisirs. Jusque dans les années 1970, on vient à Toulouse de tout le département pour s’habiller à la mode, se divertir (les cinémas sont nombreux), acquérir le dernier roman paru, le dernier disque des yéyés ou d’Elvis Presley. Les commerces de bouche, en boutique ou dans les marchés, approvisionnent les habitants, à Toulouse comme dans les villes alentour. Chaque village est encore pourvu en commerce d’épicerie, quincaillerie, papeterie marchand de journaux, chausseur, magasin de vêtements, mercerie… Une fois par an on vient à la foire de Toulouse, au parc des expositions du Ramier, faire l’acquisition des nouveaux équipements de la maison, le mobilier ou l’électroménager – qui «  libère la femme  ». Pendant une journée, on visite tous les stands, on goûte toutes les spécialités offertes et on procède souvent à l’achat de l’année, qui un tracteur, qui une machine à coudre, une chambre à coucher, une tente de camping, une machine à laver, une motocyclette, un téléviseur… En 1969, Toulouse voit s’édifier, à Gramont, la première grande surface de distribution de plus de 8 000 m². Un événement auquel assistent des milliers de curieux venus aussi écouter le chanteur Antoine. Ces « grandes unités de vente en libre-service à dominante

alimentaire » s’implantent alors, les unes après les autres, dans les communes périphériques, dont la population ne cesse de croître. En 1972, le Carrefour de Portet-sur-Garonne est alors le plus vaste hypermarché d’Europe. Progressivement les hypermarchés s’adjoignent des galeries marchandes ;

Page ci-contre, en haut : Les plaques de rues (en français et occitan) témoignent de la présence ancienne des métiers dans le cœur de la ville : changes = changeurs ; filatiers = artisans du textile ; Peyrolières = chaudronniers ; Paradoux = pareurs de drap. Page ci-contre, en bas : Le centre-ville de Toulouse est largement piétonnier. Ici, la place Wilson et la rue Lafayette.

des magasins d’électroménager et de bricolage s’installent à proximité, les centres commerciaux de plus en plus nombreux et de plus en plus vastes drainent de plus en plus de chalands. En ce début de xxie siècle, de nouvelles pratiques, de nouvelles attentes, émergent. La voiture n’a plus si bonne presse et le parking des grandes surfaces n’est plus un avantage compétitif.

En haut : Chez Chausson Matériaux, c’est la troisième génération qui est aux commandes et qui a hissé la société familiale au 1er rang des indépendants français. L’entreprise compte 350 agences en France et 3 800 salariés. Ci-dessus : Depuis Toulouse, les concepteurs des pharmacies Lafayette ont tissé un réseau qui s’étend aujourd’hui sur toute la France avec 180 pharmacies. Ci-contre : Centrakor, 1er réseau français de magasins indépendants pour l’équipement de la maison, la décoration et les cadeaux à petits prix, compte aujourd’hui 370 magasins en France.

économie et savoirs

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gagnac-sur-garonne, dont le territoire est à cheval sur le fleuve, porte bien son nom. L’histoire de la commune est aussi intimement liée au cours d’eau dont les « anciens » parlaient comme d’une personne imprévisible : « Garonne fait le dos rond, Garonne est en colère… ». Une crainte justifiée : la crue de 1875, qui causa la mort de cinq habitants de Gagnac, est dans toutes les mémoires. Dans la Revue des deux mondes de cette année-là, Adolphe d’Assier écrivait : « Tel fut le sort de tous les lieux situés entre Toulouse et Agen. Dans le département de la Haute-Garonne, trois villages, Fenouillet, Ondes et Gagnac, placés en aval de Toulouse, furent écrasés et anéantis (…) ». L’église est restée debout mais a été endommagée. Bâtie en 1869 lors de la création de la paroisse de Gagnacsur-Garonne et dotée du traditionnel clocher-mur toulousain, l’église Notre-Dame de l’Assomption dut être réparée et ne fut consacrée que dix ans plus tard. Le joli château tout de briques roses du village, plus éloigné du fleuve, fut épargné par les flots.

de la poudrerie à la chimie verte C’est par la chimie que Toulouse est véritablement entrée dans l’ère industrielle avec l’installation de la Poudrerie sur l’île du Ramier après 1850. La création du premier moulin à poudre de la ville avait été concédée aux capitouls par François Ier en 1536. Établi sur l’île de Tounis, ce moulin à pilons était actionné par une prise d’eau sur la Garonnette, un petit bras de la Garonne comblé dans les années 1950. Il a fonctionné sous l’autorité des

Usine de produits explosifs, la Poudrerie Nationale, 1916-1918. Laboratoire central de l’usine où est mesuré, à l’aide de nitromètres, le taux de nitration du coton-poudre.

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toulouse métropole – une histoire en devenir

capitouls jusqu’en 1675, date à laquelle Louis XIV fit bâtir un nouveau moulin plus éloigné de la ville, à côté de la chaussée de Banlève (du nom des îlots du Ramier occupés de nos jours par la centrale hydroélectrique). Début xixe, la production était de cent vingt tonnes de poudre à tirer par an. Des explosions successives, avec leur lot de victimes, convainquent le ministre de la Guerre de reconstruire l’usine plus loin encore, au sud de l’île du Grand Ramier. En 1914, la ville, hors de portée de l’aviation allemande, est choisie comme centre d’armement. La Poudrerie nationale participe à l’effort de guerre avec la Cartoucherie, créée en 1879 et installée route de Bayonne. À elles deux, elles emploieront jusqu’à 30 000 ouvriers, des hommes mobilisés pour la Poudrerie, venus majoritairement d’Afrique du Nord et d’Indochine, des femmes pour la Cartoucherie, surnommées les « munitionnettes ». Après le conflit, la Poudrerie est de nouveau éloignée sur le Ramier d’Empalot et sur la rive gauche de la Garonne, où sera implanté, en 1924, l’ONIA (Office National Industriel de l’Azote), site aujourd’hui occupé par l’Oncopole. À l’époque, on surnommera ce combinat « Poudreville ». La production de l’ONIA est d’abord centrée sur les besoins urgents de l’agriculture en sulfate d’ammoniaque, que la France peut produire grâce aux droits prévus par le traité de Versailles de 1919, d’exploiter

portrait de ville

industrie(s)

Gagnac-sur-Garonne La mairie, quant à elle, a été construite en 1889 et c’est un incendie qui l’a détruite en partie le 23 novembre 1960 ; les archives communales ont été réduites en cendres. La mairie actuelle, toute neuve, a été inaugurée en 2013.

La mairie, d’architecture contemporaine, date de 2013.

Traversée par la RD 63 qui enjambe la Garonne, Gagnac vit aujourd’hui des jours paisibles. Depuis 2010, piétons et cyclistes empruntent la passerelle qui servait à transborder les graviers de la Garonne : réhabilitée par Toulouse Métropole, allégée de ses rails, longue de 164 mètres, elle relie Gagnac et Seilh en passant au-dessus du fleuve. En 2009, une nouvelle salle des fêtes, l’Espace Garonne, a été inaugurée et depuis 2016 le nouvel espace multisport Astria accueille les sportifs à l’abri des intempéries sur le site Campistron qui regroupe les (nombreuses) activités des associations sportives et de loisirs de la commune. Côté nature, la Gèze, au bord du fleuve, est un espace vert propice aux promenades et les pêcheurs peuvent taquiner le poisson dans les deux lacs des Millières. À douze kilomètres au nord de Toulouse, Gagnac fait partie des sept communes associées au projet de Grand Parc Garonne porté par la Métropole et visant à reconquérir sur trente-deux kilomètres les bords du fleuve. Un vaste chantier qui a démarré en 2015 et se poursuivra jusqu’en 2020.

Population : 2 986 hab. Superficie : 430 ha Gentilé : Gagnacais, Gagnacaise

économie portrait et de savoirs ville

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compagnie aérienne du pays  : 3  000 kilomètres de réseau, 75 avions, 22 pilotes, 120 mécaniciens, 300 employés au total. Mais les difficultés financières commencent à s’accumuler, des concurrents apparaissent et les accidents des avions vieillissants se multiplient. En 1927, Latécoère cède la CGEA au banquier Marcel Bouilloux-Lafont qui la rebaptise Aéropostale.

les occitanistes sont formels : le nom lespinasse vient de l’occitan. Une espina, c’est une épine et une espinassa une grosse épine. Et, plus précisément, un endroit planté d’épineux. C’était effectivement le cas de cette zone au nord de Toulouse formée de bois et de landes où poussaient bruyères, genêts et autres arbustes épineux. Les historiens confirment : la forêt d’Espèses, entre l’Hers et la Garonne, a été donnée en 1114 par Philippa, la fille du comte de Toulouse Guillaume IV, à Robert d’Abrissel, le fondateur de l’abbaye de Fontevraud qui y fit établir le prieuré de Lespinasse. Situé « en bordure du vieux chemin de Toulouse à Cahors », le territoire, qui faisait partie de la seigneurie de Blagnac, est vendu en 1544 en même temps que ceux de Lacourtensourt, Petit-Paravis et Novital, à Pierre de Bernuy. La chapelle du couvent devient église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste ; plusieurs fois dévastée durant la guerre de Cent ans puis les guerres de Religion, elle sera reconstruite à la fin du xvie siècle. En 1858, un clocher-mur

acheminés jusque dans les Landes. Baptisé Croix du Sud, le quadrimoteur Laté 300, un monoplan de quarante mètres d’envergure, 3 000 chevaux et 23 tonnes dont 10 de carburant, peut amener une tonne de courrier à 4 500 kilomètres de distance. C’est à son bord que Mermoz, « l’Archange », disparaîtra en 1936 dans l’océan Atlantique. Entretemps, en août 1933, est née Air France,

Ci-dessus : Usine Latécoère. Des ouvriers travaillent sur les flotteurs d’un Laté 28. Ci-contre : Maquette en bois, grandeur nature, du Laté 631, le plus grand hydravion du monde à son époque.

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Latécoère a quarante-quatre ans et une nouvelle ambition : construire des avions capables de traverser l’Atlantique. Les Laté sortent de l’usine. Ils connaissent des déboires. Latécoère se lance alors dans l’aventure des hydravions avec les Laté 25, 26 et 28, des monomoteurs. Une base d’envol est créée à Biscarrosse. Les éléments des avions sont conçus et fabriqués à Montaudran et sont

fusion d’Air Orient, d’Air Union, de la Société générale de Transport Aérien, des lignes Farman, et du rachat des actifs de l’Aéropostale en liquidation judiciaire. C’est à Latécoère qu’Air France commande des hydravions l’année suivante. En 1937, Montaudran et la base de Biscarrosse sont cédés à Louis Breguet et une nouvelle usine Latécoère voit le jour à Toulouse dans

portrait de ville

Lespinasse est installé sur son flanc sud. Au xixe siècle, le nouveau canal latéral à la Garonne traverse le village, en même temps que la ligne de chemin de fer Bordeaux-Toulouse qui ruinera le projet économique du canal. Le village comptait 219 habitants au lendemain de la Révolution et à peine 40 de plus au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ils sont plus de 2 600 aujourd’hui. Ils sont jeunes et même très jeunes : un tiers de la population a moins de vingt ans. En pleine expansion démographique, Lespinasse est aussi très dynamique sur le plan économique. Bien située sur les axes routiers et ferroviaires Toulouse-Paris/Toulouse-Bordeaux, la ville compte cent cinquante entreprises regroupées sur cinq zones d’activités. La préservation de la nature est un des objectifs constants de la commune qui s’étire sur 424 hectares dont quarante d’espaces verts. Le parc de la Pointe, ancien domaine où la famille du général Giuseppe Garibaldi avait créé il y a plus de cent cinquante ans un jardin botanique, s’est refait une beauté après les dommages des tempêtes de 2008 et 2011. Mais Lespinasse est aussi une ville d’eau. Elle est traversée sur trois kilomètres par le canal latéral à la Garonne, devenu support d’un tourisme nautique de plus en plus important ; des structures sportives et de loisirs ont été installées sur les berges du lac du Bocage ; on trempe ses lignes dans le lac de Peyraillès et on s’oxygène au bord du lac Pétra, une ancienne gravière exploitée jusqu’en 1970, aujourd’hui réhabilitée.

L’Hôtel de ville d’architecture contemporaine de Lespinasse.

Population : 2 692 hab. Superficie : 420 ha Gentilé : Lespinassois, Lespinassoise

économie portrait et de savoirs ville

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2015. Le dernier-né d’Airbus, l’A350900ULR ouvre l’ère des vols d’ultra longue distance : 18 000 kilomètres sans escale, l’équivalent de la distance à vol d’oiseau entre Toulouse et Canberra… Singapore Airlines en a commandé

AéroConstellation, le plus grand site aéronautique européen, accueille le gigantesque hall d’assemblage de l’A380, dans l’usine Jean-Luc Lagardère. L’usine d’assemblage final de l’A350, à deux pas de l’usine Clément-Ader dédiée aux

principaux  : Avionique, Structure Aéronefs, Chaudronnerie et Usinage ; il forme 300 jeunes par an. Et la liste est longue des entreprises du secteur aéronautique et spatial, liées à Airbus, grandes et moins grandes, installées près de la ville ou à quelques encablures. À Mondouzil, la plus petite commune de la Métropole, l’entreprise Cauquil, quatre-vingts salariés, est spécialisée dans « l’usinage de pièces mécaniques de structure et de moteur en métaux durs  ». Ses principaux clients sont aujourd’hui des entreprises du segment des aérostructures ainsi que des équipementiers. À Flourens, les Ateliers de la Haute-Garonne, entreprise centenaire qui a naguère

équipé le Concorde de rivets en titane révolutionnaires, font partie des soustraitants d’Airbus. Tiso, à Colomiers, est spécialisé dans la tôlerie fine et la mécanique de précision. Airbus, qui entend avoir une longueur d’avance sur ses rivaux, accueille depuis 2015 à Colomiers le Bizlab. Cet « accélérateur » a pour vocation de « permettre à la fois à des start-up et des collaborateurs d’Airbus de développer des projets innovants à destination du monde aérospatial » ; mille start-up ont déjà suivi ce programme sur ses trois plates-formes (Toulouse, Hambourg et Bengalore en Inde) fonctionnant en réseau.

Les Ateliers de la Haute-Garonne, entreprise centenaire, est aujourd’hui le leader mondial du rivet utilisé dans l’aéronautique. Des ateliers de Flourens sortent neuf millions de rivets chaque jour.

Ci-dessus, à gauche : Premier vol du Beluga XL, le 19 juillet 2018. Ci-dessus, à droite : Dérive du premier A350 XWB de Qatar Airways peinte aux couleurs de la compagnie.

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sept. Une mention spéciale encore pour l’Airbus A300-600TS, plus connu sous le nom de Beluga, ainsi affectueusement nommé en raison du renflement caractéristique de son fuselage au-dessus du cockpit et de son petit air espiègle. Cet avion-cargo a remplacé le Super Guppy américain et transporte vaillamment ailes, voilures et tronçons d’A320 et d’A350 entre Gefate en Espagne, Brême et Hambourg en Allemagne, Braughton au Pays de Galles et Blagnac en France. En 2017, Airbus Group devient une seule entité sous le nom d’Airbus, dont le siège mondial est à Blagnac. Airbus, c’est un monde et des chiffres qui donnent le vertige. Sur les communes de Blagnac, Beauzelle, Cornebarrieu et Aussonne,

A330 et A340, s’étend sur 74 000 m². En 2017, l’avionneur, qui produit plus de la moitié des avions de ligne volant dans le monde, a vendu au loueur américain Indigo 430 moyen-courriers A320neo pour une valeur de 42 milliards d’euros, le plus important contrat de l’histoire de l’aéronautique. Airbus emploie à Toulouse 26 000 personnes, issues de tous les pays européens, dans les diverses branches (aviation commerciale, espace et défense). Airbus, c’est également un lycée professionnel d’entreprise, le Lycée Airbus, Lycée Professionnel Privé des Métiers de l’Aéronautique, qui propose des formations au baccalauréat professionnel dans quatre métiers économie et savoirs

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La Mairie de Mons, xixe siècle.

Des noms sont restés de ces temps anciens : la Pigasse, le rieu de Russel… Mons s’écrivait parfois Monts ou Monz. Le sens était le même, la toponymie décrivant fréquemment les formes du relief : la majeure partie du vieux village et son église étaient situées sur la colline, un peu plus haut. L’un des derniers capitouls de la Ville rose, Joseph Bru, fut le premier maire de Mons en 1792. La commune comptait alors 310 habitants. En 1962 c’est encore bien moins que cela, 205 habitants seulement. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que les Toulousains retrouvent le chemin de la campagne et des coteaux ensoleillés du Lauragais aux portes de la ville : la population quadruple en 35 ans. Toutefois, avec ses 730 hectares, Mons n’est pas près d’être saturée et 80 % du territoire sont encore constitués d’espaces naturels et agricoles. Depuis le parvis que se partagent la mairie et l’église Saint-Saturnin en haut du village on peut d’ailleurs faire une expérience amusante : en se tournant vers l’ouest, on voit les maisons sagement alignées les unes à côté des autres, qui s’étagent jusqu’en bas de la colline et on aperçoit Toulouse au loin ; en faisant un demi-tour sur soimême c’est un paysage vallonné de champs et de fermes qui s’offre à la vue… Mi-citadine, mi-rurale, telle est encore, visiblement, la commune de Mons.

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toulouse métropole – une histoire en devenir

Population : 1 762 hab. Superficie : 730 ha Gentilé : Monsois, Monsoise

Le nom s’est écrit, selon les siècles et les documents administratifs, sous diverses formes : Montrabe sans accent, Monrabe sans « t », Montrane ou Montrané, avant d’être officialisé dans les années 1990, avec le « e » final accentué, mais nombre de Montrabéens, et même de Toulousains, parlent encore de « Montrabe »… Dans des archives de 1309, on trouve le nom d’un seigneur de Montrabé, Mancipius Maurand, qui avait fait affaire cette année-là avec l’évêque de Toulouse. Dès lors, la seigneurie va passer de main en main, vendue à plusieurs reprises à des familles dont certaines ont laissé leur nom à des lieux-dits de la commune : Jean de Marinhac en 1436, les Gargas en 1451. Elle sera la propriété des Boix de 1462 à 1510, date à laquelle Astrugue Boix épouse Simon Bertier, secrétaire du roi. En 1661, lors du premier cadastre, les Bertier possèdent plus du tiers des terres communales, un château avec tours et pont-levis (château situé au centre

Montrabé

portrait de ville

Mons

portrait de ville

l’histoire de mons est assez bien connue. On sait que le site était déjà occupé au iiie siècle avant notre ère, grâce à des tessons de vases et des pièces de monnaie trouvés en abondance par des agriculteurs, et que le village a connu nombre de seigneurs à partir du Moyen Âge. Les Maurand, les Saint-Jean, les Puybusque entre autres ; Raymond Puybusque évoque, en 1460, l’existence d’un ancien château « en partie de terre, en partie de murailhe vieille et ruineuse entourée de fossés et autrefois de pont-levis ». Des nobles également ont habité ces lieux, venus de Toulouse ; les de Carrière, les de Costa, les Despigat, certains étaient capitouls, d’autres conseillers au Parlement. La Chartreuse de Toulouse a possédé quant à elle une partie de ce territoire, terres, vigne, châteaux, comme en témoignent les « 58 arpents, 13 pugnerées » (soit environ 33 hectares) que leur a vendus Paul de SaintJean en 1617. Ici, aux xve et xvie siècles, des moulins à vent tournaient, notamment sur l’actuelle avenue des Pyrénées (le dernier a été détruit en 1946). D’autres broyaient les feuilles de pastel : le « moulin des Chartreux » se trouvait chemin de la Briqueterie, un autre était situé sur les terres de Léonard Dubourg de Lapeyrouse, l’actuel domaine Trinchant.

le nom de montrabé aurait été formé à partir de l’occitan rabent, rapide, raide. De fait, au xiiie siècle, parmi les communautés soumises au droit de péage pour le passage du pont qui enjambait l’Hers au pied de la colline, on relève celle de « Monté rapido » ou « Monté rabent », montée raide, rapide. Il est vrai que la commune comporte quelques raidillons que, selon la légende, les mulets lourdement chargés et houspillés par les charretiers rechignaient à grimper !

du village actuel et dont il ne reste pas même une pierre) et un moulin, acheté par Philippe de Bertier en 1592 « pour le prix et somme de 250 escus ». En 1637, le poète occitan Pèire Godolin, a écrit une « fantaisie » intitulée « Description de la Fontaine-Montrabe », dédiée à Jean de Bertier, mécène de la poésie toulousaine qui avait hérité de son père la charge de « mainteneur des Jeux Floraux ». Avec le moulin à vent, la fontaine est en effet un des symboles du village qui en possédait plusieurs autrefois. Après la Révolution, Montrabé est constitué de métairies dispersées et de maisons de maître appartenant à des notables. La ligne de chemin de fer Toulouse-Capdenac est inaugurée en 1864 et le train fait halte dans la commune ; le téléphone arrive dès 1911, mais l’électricité en 1929 seulement. Jusqu’en 1960, la population de Monrabé restera stable : moins de 300 habitants. Comme la plupart des communes de la Métropole, l’expansion commence réellement dans les années 1970 et les Montrabéens sont aujourd’hui plus de 4 000. L’activité agricole est toujours présente mais n’occupe plus qu’un peu moins de la moitié de la superficie de la commune. Elle a laissé place aux services de proximité, aux commerces et à l’artisanat, accueillis sur trois parcs d’activité et trois centres commerciaux. Les équipements pour tous les âges ont suivi l’évolution de la population : une crèche, un groupe scolaire, un collège, une salle polyvalente, une bibliothèque, des terrains de foot, un boulodrome, des gymnases… Montrabé veut aussi préserver son environnement : des pistes cyclables ont été aménagées, un parcours de santé longe la Sausse et les Montrabéens sont invités à participer au concours municipal des Jardins de la biodiversité.

L’Hôtel de ville de Montrabé, xviiie-xixe siècle.

Population : 4 122 hab. Superficie : 520 ha Gentilé : Montrabéen, Montrabéenne

économie portrait et de savoirs ville

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Patrimoine, culture & art de vivre

Le Minotaure du « Gardien du Temple », mythe en quatre actes donné dans les rues de Toulouse en préambule à l’ouverture de la Halle de la Machine dans le quartier de Montaudran. 108

toulouse métropole – une histoire en devenir

patrimoine, culture et art de vivre

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pibrac

Le château de Pibrac est un bel ouvrage de la Renaissance reconstruit en 1540 par l’architecte toulousain Nicolas Bachelier pour remplacer l’ancien manoir défensif du xie siècle. En brique rouge, il se compose de trois corps de logis réunis à angle droit. Durant la Révolution, en 1794, ses sculptures seront martelées et ses tours découronnées. Il sera restauré en 1887 et inscrit aux Monuments historiques. Une de ses pièces a été baptisée le « cabinet des Quatrains » : Guy de Faur y a composé une partie de son œuvre.

En haut, la Mairie de Pibrac. Ci-dessus, l’église Sainte-Germaine.

Pibrac est également la ville natale de Germaine Cousin, née vers 1579. Infirme de naissance, rejetée, traitée comme une servante, la jeune fille avait à peine vingt ans à sa mort. Lorsqu’on ouvrit son cercueil quarante ans après, on aurait découvert son corps presque intact. Canonisée en 1867, la petite bergère est devenue la sainte des affligés et des malades. L’église étant devenue trop exiguë pour accueillir le flot des pèlerins, on dut faire construire au xxe siècle une imposante basilique dans le style romano-byzantin, dédiée à la sainte. Quant à l’église, située sur la place en face de la mairie, sa façade présente quelques curiosités : son traditionnel clocher-mur à cinq baies est encadré à gauche par une échauguette carrée, à droite par une tour ronde, qui lui donnent un air de château fort. Jusqu’aux années 1960 la population de Pibrac était inférieure à 1 000 habitants et le village, proche des zones d’activités aéronautiques et de la route qui relie Saint-Martin du Touch à Pujaudran et au Gers, est passé doucement de la ruralité à la ville résidentielle. Les équipements ont suivi avec deux complexes sportifs et le Théâtre Musical de Pibrac qui rassemble salle de spectacle, hall d’exposition et bibliothèque. Pibrac a aussi un lycée général et professionnel flambant neuf destiné à l’ouest toulousain et le nouveau quartier Parc de l’Escalette est prévu pour accueillir de futurs logements mais aussi un pôle technologique destiné aux entreprises de haute technologie.

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toulouse métropole – une histoire en devenir

Population : 8 379 hab. Superficie : 2 590  ha Gentilé : Pibracais, Pibracaise

le village de pin-balma est situé sur les premières collines du Lauragais, au nord ce sont les coteaux vallonnés qui se succèdent jusqu’au Tarn, au sud la plaine de la Garonne. Des premiers habitants, il ne reste plus que quelques vestiges de l’oppidum gaulois découvert au lieu-dit Les Barthes au milieu des champs. En revanche, on sait qu’au Moyen Âge, Le Pin, ou Lepin en un seul mot, était constitué d’un petit noyau d’habitations rassemblées autour de l’église et administré par l’évêque de Toulouse. Pour l’essentiel, les terres appartenaient à de riches Toulousains, parfois des capitouls, qui y avaient fait construire leurs résidences d’été. L’église Saint-Pierre de Pin-Balma témoigne de ces temps anciens. Sa construction remonte aux xie et xiie siècles et elle a traversé les années malgré les guerres de Religion, les incendies et les vols, au xvie siècle notamment où « Au Pin, les voleurs pillèrent l’église, le vestiaire, et en forcèrent le tabernacle » lit-on dans les Annales du Midi de 1874. Sans compter la foudre qui frappa par deux fois son clocher, en 1714 et 1818. Restauré, l’édifice arbore toujours son traditionnel clocher-mur à trois baies.

portrait de ville

La commune est connue pour ses monuments religieux, son château et les personnages illustres qui y ont vécu. Guy du Faur de Pibrac est du nombre. Né en 1529, érudit, latiniste, il fut magistrat, parlementaire, conseiller d’État, chancelier du futur Henri III puis de Marguerite de Navarre. Poète, Guy du Faur est l’auteur de cent vingt-six Quatrains réputés (« Tel qui pense, et se dit Sage/Tiens-le pour fou ; et celui qui savant/Se fait nommer, sonde-le bien avant/Tu trouveras que ce n’est que langage »). Il fut seigneur de Pibrac, qu’il mentionnait dans ses écrits sous le nom de Pybrac. Dans les cartulaires de Gimont (1163 et 1175) le village s’appelle Pilbrag ou Pilbrac, le suffixe -ac étant pour certains spécialistes la forme altérée du latin acum désignant le domaine rural ou le hameau ; quant au préfixe, pilbr ou pil, on se perd encore en conjectures.

portrait de ville

située à la lisière ouest de la métropole, pibrac est la deuxième commune en superficie après Toulouse avec 2 590 hectares pour un peu plus de 8 000 habitants, autant dire qu’ici la nature n’est jamais bien loin. Il est vrai que Pibrac porte sur son territoire une partie de la forêt de Bouconne, dernier massif forestier de la plaine toulousaine et habitat préservé pour de nombreuses espèces de plantes et d’animaux.

pin-balma En bordure du plateau du Cyprié, le château d’Aufréry, aujourd’hui reconverti en clinique, fait également partie de l’histoire du lieu. Le maréchal Niel avait acquis le terrain de 300 hectares – sur lequel s’élevait une maison fortifiée appelée « Camas » datant du xiiie siècle et appartenant à la famille Carrière d’Aufréry – et fait construire, en 1862, son château, au cœur d’un parc planté de cèdres et autres arbres d’ornement. À huit kilomètres à peine du centre de Toulouse, avec la Seillonne qui coule à ses pieds, Pin-Balma accueille aujourd’hui près de 900 habitants. Plus de 82 % de son territoire sont encore constitués d’espaces naturels, agricoles ou boisés ; c’est la deuxième commune la plus rurale de la Métropole, derrière sa voisine Mondouzil et devant son autre voisine, Mons. Ce n’est donc pas un vain mot que de dire que la spécificité de Pin-Balma est son patrimoine naturel. La faune et la flore trouvent dans les bosquets et les haies des habitats où prospérer et le territoire abrite deux plantes rares, à protéger, répertoriées par le Conservatoire national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées : la Jacinthe de Rome et l’Orchis lacté, orchidée sauvage qu’il est interdit de cueillir. Un projet de Parc Naturel Agricole est aussi dans les cartons de la municipalité avec pour objectif de « préserver les espaces naturels et agricoles de la commune en créant un pôle nature propice à la détente et aux activités de loisirs facilement accessible aux métropolitains ».

En haut, l’église Saint-Pierre date du xie-xiie siècle. Ci-dessus, vue sur les champs et bocages de Pin-Balma.

Population : 896 hab. Superficie : 660 ha Gentilé : Pino-Balméen, Pino-Balméenne

patrimoine, culture portrait et art de devivre ville

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on sait que le site de quint-fonsegrives a été fréquenté par nos ancêtres du Néolithique car, dans un champ, on y a découvert une hache de pierre polie. On sait aussi qu’au Moyen Âge, la paroisse de Quint était régie par le chapitre de Saint-Sernin ; son église Saint-Pierre maintes fois pillée, brûlée, détruite et reconstruite au cours des siècles, a néanmoins gardé des traces de son passé, notamment une partie de mur en chevrons de type wisigothique. La seigneurie était alors entre les mains de la famille Rouaix, une des plus anciennes lignées de capitouls. Au xviie siècle, le poète toulousain Pèire Godolin a vanté les charmes du lieu et plus particulièrement ceux du ruisseau du Grand Port de Mer ; il a aujourd’hui sa statue sur le cours qui porte son nom. À la même époque, des notables toulousains, possèdent aussi des terres sur lesquelles ils font construire bordes (fermes), maisons de maître et châteaux : Raymond de Laymerie, avocat au Parlement de Toulouse possède « une metterie hauste avec ediffices jardin terres et vignes », Jean de Boyer seigneur de Roquetaillade, possède « une grande maison avec tour [...] moulin pastelier avec ses meules cartz et une borde en sollier [...] ».

voyages dans le temps et l’espace

Ci-dessus : Exposition d’affiches de voyage du début du xxe siècle au Matou (Musée de l’affiche de Toulouse). Ci-contre : Cloître du musée des Augustins (xive siècle).

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toulouse métropole – une histoire en devenir

Créé en 1865, le Muséum d’histoire naturelle a fait entièrement peau neuve en 2008. Les collections superbement mises en valeur invitent à un voyage au cœur du vivant. Une librairie et un restaurant ouvrant sur le jardin des Plantes attenant en font un lieu très

Les hameaux de Quint et Fonsegrives seront réunis en une seule commune à la Révolution sous le nom de Quint. La première mairie-école a été construite en 1866 à Quint, mais c’est à Fonsegrives, situé au carrefour de la route reliant Toulouse à Castres et de la route de Revel, que l’activité et l’urbanisation vont se développer. C’est là qu’en 1937, le maire de l’époque

portrait de ville

En haut : Collection de bustes d’empereurs romains et de dignitaires de l’Empire, au musée Saint-Raymond de Toulouse.

La promenade est certainement le moyen le plus simple de découvrir « des siècles d’histoire » de Toulouse et de nombreuses visites sont organisées pour guider les pas des curieux. On peut aussi entrer dans un des musées de la ville. Pour l’Antiquité, c’est au Musée Saint-Raymond qu’il faut se rendre. Sur le parvis de la basilique Saint-Sernin, il occupe un ancien collège médiéval construit en 1523 aux premiers temps de l’université de Toulouse. Le Musée des Antiques abrite notamment des objets gaulois et romains et une impressionnante galerie des sculptures romaines découvertes dans une villa haut-garonnaise. Le Musée des Augustins est lui installé depuis 1793 dans l’ancien couvent des Augustins, de style gothique languedocien, édifié au début du xive siècle dans le cœur historique de la ville, aujourd’hui rue de Metz. Musée des Beaux-Arts de Toulouse, il abrite des collections de peinture depuis les primitifs jusqu’au xxe siècle ainsi que des sculptures, dont une exceptionnelle galerie de chapiteaux romans sauvés in extremis de la destruction, au xixe siècle, des cloîtres du monastère de la Daurade, de la basilique Saint-Sernin et de la cathédrale Saint-Étienne.

quint-fonsegrives fait construire une nouvelle mairie-école, dans le plus pur style Art déco que l’on peut admirer encore aujourd’hui. Il faudra toutefois attendre 1992 pour que la commune prenne officiellement le nom de Quint-Fonsegrives. L’origine du nom de chaque hameau est assez bien établie. Quint provient du latin Quintus désignant la cinquième borne milliaire sur la voie romaine de Toulouse à Carcassonne, Fonsegrives de Fons sagriva, la fontaine sacrée. Au xviie siècle l’activité est essentiellement agricole – terres pour les céréales, vignes, quelques prés pour l’élevage – et le restera jusqu’aux années 1960. Il y eut aussi deux moulins à eaux sur la Saune et un moulin a vent au lieu-dit Ribaute. Aujourd’hui Quint-Fonsegrives est une ville résidentielle qui a vu sa population démultipliée entre 1962 et 2016, passant de 300 à plus de 5 600 habitants, mais le territoire de la commune est assez étendu pour offrir aux Quintfonsegrivois un cadre de vie préservé. Réseau cyclable et piétonnier, promenades en bords de Saune et du ruisseau du Grand Port de mer, la ville vient aussi d’obtenir le label « Ville active et sportive » décerné par le ministère des Sports. La culture et les loisirs ne sont pas en reste avec la médiathèque où se tiennent de nombreuses animations tout au long de l’année, dont un salon musical consacré au jazz un jeudi par mois, et le cinéma, qui assure une programmation régulière dans la salle de représentations du complexe Patrick-Pépi.

En haut, l’église Saint-Pierre de Quint. Ci-dessus, la Mairie de style Art déco date de 1937.

Population : 5 606 hab. Superficie : 740 ha Gentilé : Quintfonsegrivois, Quintfonsegrivoise

patrimoine, culture portrait et art de devivre ville

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Ci-dessus : Les halls de l’ancienne Cartoucherie occupés en 2018 par les expositions du Festival Photo MAP Toulouse. Ci-dessus, à droite : Le pont de halage de Tounis, Toulouse. Photographie de Israel Ariño prise dans le cadre de la Résidence 1+2 2017. Cette résidence met en relation un photographe confirmé et deux jeunes photographes. Ci-contre : La salle de projection de la Cinémathèque de Toulouse. Ici, « Metropolis » (Fritz Lang, 1927), film muet sonorisé au piano en direct.

Page ci-contre, en bas : L’une des quelque 184 affiches que compte la collection de la Cinémathèque de Toulouse.

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toulouse métropole – une histoire en devenir

Toulouse est également accueillante pour le cinéma. Depuis 1964, la ville abrite la deuxième plus grande Cinémathèque de France. Présidée aujourd’hui par le Marseillais Robert Guédiguian, elle doit beaucoup à son fondateur Raymond Borde, Toulousain de naissance, critique pour la revue Les Temps Modernes et écrivain. En 1952, cet animateur de ciné-club follement épris de cinéma découvre au marché aux

puces de Saint-Sernin, une copie de The Ring, un film d’Alfred Hitchcock datant de 1929, que l’on croyait perdue. C’est le déclic. Après une laborieuse collecte de films dans le Sud de la France, Raymond Borde crée la Cinémathèque de Toulouse sur le modèle de celle de Paris fondée par Henri Langlois. Depuis 1997, la Cinémathèque est installée rue du Taur, en face de l’École Supérieure d’Audiovisuel, l’un des quatre établissements publics d’enseignement des métiers du cinéma. La Cinémathèque programme mille séances par an consacrées à des cycles thématiques et accueille plusieurs dizaines de milliers de spectateurs chaque année. Son Centre de conservation et de recherche, créé en 2004 à Balma, recèle quelque 46 000 copies, 80  000 affiches et 550  000

photographies. La ville aime le cinéma depuis longtemps et jusque dans les années 1970 les grandes salles comme les cinémas de quartier étaient nombreux. Aujourd’hui, les multiplexes tiennent le haut du pavé mais la Métropole compte aussi cinq cinémas d’Art et d’essai et une dizaine de communes ont leur cinéma. Les amateurs de festivals spécialisés n’ont que l’embarras du choix  : Cinélatino, Ciné-Palestine, les Rencontres du cinéma italien, leur donnent rendez-vous chaque année. Le festival Cinespaña passe ses bobines à la Cinémathèque ainsi que dans une quinzaine d’autres salles à Toulouse et dans les communes de la Métropole, le Festival international du film grolandais inclut aussi une programmation « hors les murs ». La commune de QuintFonsegrives organise de son côté un Festival international du court-métrage, « Brèves d’images », dédié à la jeunesse.

Plusieurs sociétés de production audiovisuelle et cinématographique exercent sur le territoire et de nombreux films, documentaires et de publicité, ont pour décor les lieux emblématiques de Toulouse, du Canal du Midi ou de la Garonne. Un intérêt qui a conduit l’agence d’attractivité de Toulouse Métropole à créer un Bureau des tournages pour faciliter la tâche des producteurs et des réalisateurs. Succès encourageant face aux géants américains et nippons, celui de TAT Productions, une société spécialisée dans le cinéma d’animation créée en 2000 par David Alaux, Éric et Jean-François Tosti : leur studio emploie 120 infographistes et leurs productions sont traduites dans quarante langues. Sorti en salles en 2017, leur premier long-métrage, Les As de la Jungle (les mésaventures hilarantes de super justiciers dirigés par un manchottigre prénommé Maurice) a été salué par

les critiques unanimes. TAT productions est lauréate d’un International Emmy Award pour sa série Les As de la Jungle à la Rescousse. Le deuxième long-métrage, Terra Willy, sera bientôt sur les écrans.

« Les As de la Jungle », premier long-métrage de TAT Productions.

patrimoine, culture et art de vivre

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portraits de villes

table des matières

Territoire

De la Préhistoire AUX WISIGOTHS une occupation très ancienne 23 Tolosa 24 capitale des Wisigoths 30 Du Moyen Âge à la révolution le comté de Toulouse 14 Garona et autan 17 Renaissance 20 Du XIX e siècle à nos jours de 1800 à 1945 34 au temps des trente glorieuses 40 xxie siècle 43 le défi de la mobilité 46 métropole verte 50

Économie & Savoirs

agriculture, commerce & artisanat agriculture et garonne, parties liées 58 commerce(s) 64 au xixe siècle, un artisanat de petite industrie 68 une exception, la manufacture des tabacs 72 industrie(s) de la poudrerie à la chimie verte 74 aviation : plus lourds que l’air 81 le monde d’Airbus 87 s’envoler, de Montaudran à Blagnac 96 la tête dans les étoiles 98 french tech et nouvelles technologies 102 métropole des savoirs 104

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toulouse métropole – une histoire en devenir

Patrimoine, culture & art de vivre Patrimoine couleur brique 116 bleu pastel 119 voyages dans le temps et l’espace 120 Culture pinceaux, burins et autres ustensiles 127 des clics et des claps 128 en scène et en piste 133 des mots et des bulles 137 toutes les langues du monde 138 toutes les musiques qu’on aime 140 aborder au quai des savoirs 144 art de vivre à chacun son rythme 145 après l’effort… 150

Aigrefeuille Aucamville Aussonne Balma Beaupuy Beauzelle Blagnac Brax Bruguières Castelginest Colomiers Cornebarrieu Cugnaux Drémil-Lafage Fenouillet Flourens Fonbeauzard Gagnac-sur-Garonne Gratentour Launaguet Lespinasse L’Union Mondonville Mondouzil Mons Montrabé Pibrac Pin-Balma Quint-Fonsegrives Saint-Alban Saint-Jean Saint-Jory Saint-Orens de Gameville Seilh Toulouse Tournefeuille Villeneuve-Tolosane

18 19 22 25 26 27 31 38 39 42 45 49 62 63 66 69 70 75 78 82 85 88 91 97 100 101 116 117 121 124 125 129 132 139 142 143 146 toulouse métropole – une histoire en devenir

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