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TARROUX INTRODUCTION

Sète est depuis longtemps devenue un sujet de peinture, si bien que nous ne pouvons plus voir la ville et son port hors du clair-obscur de Joseph Vernet, de la lumière blanche d’Albert Marquet ou encore de l’énergie qui agite les formes peintes par François Desnoyer. En 1994, après une résidence à la villa Saint-Clair effectuée deux années plus tôt, Philippe Pradalié peignait une série de vues, où la ville et ses abords apparaissaient comme étrangement dépeuplés ou plongés dans une solitude inquiétante. Il n’est pas indifférent pour Thomas Verny d’exposer 30 trente ans après son père le travail accompli à Sète durant toute l’année 2022 : à partir du musée devenu point d’ancrage, les 180 « Vues d’ici » couvrent la plupart des espaces de la ville et de son territoire. Sans former à proprement parler des séries, les vues sont néanmoins regroupées en zones géographiques, qui peuvent parfois se caractériser par des récurrences d’éléments formels – épis, arbres ou encore rochers. Face à un tel corpus, les « figures », peintes ou modelées en terre résine polychrome, constituent à la fois un ensemble moins important et plus confidentiel, relevant des territoires de l’intime – couples se livrant à des embrassements ou encore femmes dénudées aux postures explicites. Entre les deux domaines présentés dans l’exposition, il existe des tensions évidentes et nombreuses, opposant extérieur et intérieur, paysage et figure ou encore indifférence des choses et érotisme des corps, si bien qu’interroger l’œuvre de Thomas Verny revient à questionner la nature de notre regard.

Depuis de nombreuses années – les expositions à Sète ou à Montpellier en témoignent – le paysage est prééminent dans le travail de Thomas Verny. Les raisons sont nombreuses : enseignement de Vincent Bioulès aux Beaux-Arts, installation à Sète, contexte familial et amical, succès des premières expositions de vues de Sète. Aux circonstances biographiques s’ajoutent des raisons esthétiques : Thomas Verny admire les paysages de Pierre-Henri de Valenciennes et de Corot. Chez l’un et l’autre, il reconnaît un même penchant pour l’impromptu, si caractéristique de la modernité : les supports de dimensions modestes, 20 x 24 cm – au nombre de 168 dans l’exposition – sont, il est vrai, faciles à transporter lors des déplacements sur le motif. Ils permettent surtout une exécution au plus près de la sensation.

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