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LE GRAND ART « DÉCORATIF » DE THOMAS VERNY

Copaïba et Sète

1993

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Huile sur toile, 190 × 280 cm

Inv. 2015.5.1

Sète, musée Paul Valéry

C’est en 1994 que je fis la connaissance de Philippe Pradalié. Le peintre à la silhouette d’éternel jeune homme, empathique et réservé à la fois, me fixa rendez-vous à l’entrée du musée Paul Valéry à Sète pour découvrir son exposition. Il avait rassemblé là des toiles récentes, réalisées pour l’occasion, mettant en valeur les franges industrielles du port méditerranéen, avec des ciels immenses, des palissades, des cylindres, des parallélépipèdes, des accumulations de pièces de bois, des ombres immenses mordant sur la lumière (fig. 1 et fig. 2). De ces grandes toiles, de format horizontal, se dégageait une impression étrange de torpeur, de vide, de candeur aussi, comme si tout à coup notre vision de la réalité avait été déstabilisée, mise à mal. Un peu comme chez De Chirico et Hopper – des références évidentes du peintre –, il me semblait voir le monde pour la première fois. En tout cas le spectacle de la ville de Sète. Je sortis de ma visite enthousiasmé, et de ce moment naquit une longue relation d’amitié qui déboucha en 2011 sur une exposition de paysages et de figures au musée Fabre 1 Voici que près de trois décennies plus tard, c’est au tour de son fils, Thomas, d’investir les espaces de ce musée comme suspendu au-dessus de la Méditerranée. Une toile de son père montrant le cimetière marin 2 accueille le visiteur à l’entrée de l’exposition comme pour bien rappeler cette filiation et cet héritage : attachement pour la peinture de paysage que Philippe Pradalié pratique intensément depuis le milieu 1970 (au moment où naît Thomas), fidélité à la nature languedocienne, admiration pour Courbet et Bazille découverts au musée Fabre, vénération pour Corot entretenue par une longue amitié avec Martin Dieterle, spécialiste du peintre, fréquentation de Vincent Bioulès croisé aux Beaux-Arts de Montpellier à la fin des années 1950.

À l’École des beaux-arts de Paris, au début des années 1990, Thomas Verny choisit l’atelier de Bioulès qui pratique alors ardemment la peinture de paysage. Celui-ci l’entraîne sur le motif lors de virées à Céret sur les pas de Matisse et de Derain. De 2000 à 2004, Thomas Verny séjourne à la Casa de Velásquez à Madrid, occasion pour lui d’approfondir sa connaissance des grands maîtres au musée du Prado, à l’ermitage de San Antonio de la Florida mais aussi à l’Escorial, à Tolède ou Séville. Depuis une vingtaine d’années, Thomas Verny s’est fait connaître en montrant ses paysages méridionaux lors d’expositions dans des galeries principalement à Montpellier 3 et à Sète 4. En 2010, invité par Joséphine Matamoros, il effectue une résidence à Collioure

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