François Boisrond – une retrospective

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ÉDITIONS LOUBATIÈRES

ÉDITIONS LOUBATIÈRES

UNE RÉTROSPECTIVE BOISRONDFRANCOIS

SOMMAIRE

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PIERRE BERGOUNIOUX FRANÇOIS BOISROND 32

LAURENT LE BON FRANÇOIS BOISROND 82

1979-1987, DÉPART EN FIGURES LIBRES 86 1987-2002,QUOTIDIEN D’UN PARISIEN 124 1992-2007,TOUT L’UNIVERS DES ARTS 158 1999-2014, BIENNALES ET MUSÉES 186 2003-2019, PASSION 216 2016-2022, VERS LES MAÎTRES:

LISTE DESŒUVRES EXPOSÉES 270 ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES 278

STÉPHANE TARROUX INTRODUCTION 24

HECTOR OBALK FRANÇOIS BOISROND& HECTOROBALK, 40 ANS DECOMPLICITÉ–UNE ANTHOLOGIE DETEXTES DEPUIS1982 58

DOMINIQUE PAÏNI ENGUISE D’EX-VOTO ÀSAINT FRANÇOIS (LETTRE À BOISROND) 74

UNIFORMES ET VIE DESSAINTS 234

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LISTE DES EXPOSITIONS 289 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE 298

PHILIPPE DAGEN LA PEINTURE PHILOSOPHIQUE DE FRANÇOIS BOISROND 42

INTRODUCTION

24 STÉPHANETARROUX

Une rétrospective est toujours une invitation à s’interroger sur le sens d’une œuvre – autrement dit sur le cheminement qui conduit à faire œuvre – et donc à aborder le problème de son unité et à questionner la notion de style. L’exposition se divise en six grandes périodes, échelonnées de 1979 à 2022. La segmentation chronologique propose un ordre, qui est déjà «une» lecture, mais nécessairement imparfaite et partielle. Les œuvres d’art sont en effet issues d’un processus et d’une expérience singulière. L’ensemble qu’elles finissent par constituer possède une «cohérence interne», qui reste à jamais secrète et demeure, à bien des égards, inconnue à l’artiste lui-même. Sur quoi donc prendre appui sinon sur les dominantes visibles pour proposer

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Avec Hervé Di Rosa, Rémi Blanchard et RobertCombas, François Boisrond fait partie du groupe de jeunes peintres pour lesquels Ben a inventé en 1981 le nom de figuration libre. Avec Blanchard, il est aussi le seul auquel le musée Paul Valéry n’ait pas consacré d’exposition personnelle. Réunissant une sélection de 114 peintures, la rétrospective consacrée à François Boisrond revient, depuis la figuration libre jusqu’à nos jours, sur l’ensemble de son œuvre. Faire retour sur le travail de François Boisrond, c’est parcourir dans le sens de la chronologie la vie d’un peintre qui a apporté une contribution importante au regain de vitalité que la peinture a connu en France depuis les années1980.

Cette rétrospective a lieu à un tournant de la vie et de la carrière de François Boisrond, moment favorable pour proposer une relecture de son œuvre, mais aussi pour ouvrir des perspectives. Depuis l’automne dernier, il a tout d’abord mis un terme définitif à plus de vingt ans d’enseignement, qui l’ont conduit de l’École d’art de Lausanne à l’École des beaux-arts de Paris. Par ailleurs, depuis 2011, date de la rétrospective qui lui avait été consacrée au musée de l’Abbaye de Sainte-Croix des Sables-d’Olonnes, à la villa Tamaris de La Seyne-surmer et à l’espace Jacques Villeglé de Saint-Gratien, dix années se sont écoulées. Depuis lors, François Boisrond a suivi plusieurs directions: il a d’abord approfondi sa relation aux maîtres du passé dans son travail sur les uniformes ainsi que dans sa toute dernière série intitulée «Vie des saints», et intègre désormais totalement la caméra numérique à son travail.

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une organisation intelligible et accessible? C’est donc sous un angle neuf et avec la plus grande «lisibilité» possible que les visiteurs sont conviés à apprécier la démarche artistique de François Boisrond.

L’unité de son œuvre, considérée sur une durée de près de quarante ans de peinture, ne repose pas sur des caractéristiques formelles évidentes. Plusieurs ruptures semblent même la traverser et s’y opposer. Quatre étapes majeures scandent son évolution stylistique. La figuration libre est ainsi avant tout une forme de néo-primitivisme, née du besoin primordial de s’exprimer par la peinture, avec une grande spontanéité. Au moment de son apparition, ses principaux acteurs bousculent une scène artistique dominée par des discours esthétiques, qui sont certes de haute tenue, mais qui émanent de courants majoritairement hostiles à l’idée de représentation. François Boisrond pratique alors une peinture de signes, faite d’aplats et de cernes noirs, qui porte la marque de l’urgence et de l’immédiateté. Mais, dès le tournant des années 1980, s’ouvre pour lui une période de doute, car les limites inhérentes à la stylisation synthétique qui caractérise son travail lui apparaissent comme un carcan. François Boisrond trouve alors dans le quotidien de sa vie à Paris de nouveaux sujets et intègre à ses recherches préalables les photographies Polaroïd, comme des notes visuelles prises sur le vif. ÀHector Obalk, il confie alors que sa démarche est devenue «plus naturaliste»: il «salive» devant certains phénomènes, en particulier lorsqu’ils ouvrent la voie vers l’inédit en peinture. Simultanément, il réinterprète des chefs-d’œuvre comme Le Déjeuner sur l’herbe, de Manet ou bien le Gilles, de Watteau, et s’essaie dans ses œuvres sur carton, Tati ou encore Le Pigeon mort, à la technique classique des trois crayons. François Boisrond évolue ensuite vers une manière nouvelle, qui affiche une relation évidente à la photographie et au cinéma avant, dans un dernier temps, de se tourner plus nettement vers les techniques picturales des maîtres du passé, mais sans abandonner toute référence à l’univers du cinéma.

L’intérêt pour les modalités de production et de réception des images, bande dessinée, art de l’affiche, cinéma ou encore télévision, domine le travail deFrançoisBoisronddepuissesdébuts. Iladoptele numérique à la fin des années 1990, notamment parce que de nombreuses

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Les scripts des applications numériques décomposent avec une précision extrême, en niveaux de gris, l’image capturée par l’appareil avec lequel a été réalisée la prise de vue. François Boisrond s’en tient aujourd’hui à trois degrés, qu’il classe en clair, moyen et foncé, chacun à son tour divisé en paliers numérotés. Une fois le dessin tracé sur la toile à main levée, les gris sont posés, dans une valeur plus claire que les résultats de l’analyse effectuée par le script. Il est en effet nécessaire d’anticiper le séchage de l’acrylique qui provoque un assombrissement. La couleur vient ensuite les recouvrir et redonne toute son actualité à la problématique ancienne du coloris, associant la question de la lumière aux «couches épaisses de couleur appliquées les unes sur les autres, [dont] l’effet transpire de dessous en dessus» (Diderot). La touche colorée ne se fond pas pour disparaître; bien au contraire, elle se rend Pourvisible.capter

expérimentations en découlent. Certains usages, en particulier en matière de composition, s’approchent beaucoup des assemblages auxquels Ingres se livrait à partir des feuilles de calque. Mais les apports de la technologie sont de toute évidence les plus significatifs dans le domaine de l’analyse des couleurs. François Boisrond ne découvre pas avec le numérique toute la réflexion théorique développée depuis Goethe jusqu’à Munsell dans un tel domaine. Il en a connaissance et mesure à sa juste valeur l’apport des applications pour sonder les questions de teinte, de saturation et de luminosité. La théorie des couleurs est de fait un élément d’explication essentiel de la perception et donc du regard. L’effet de la couleur varie avec la lumière: son éclat –en peinture, il est question de valeur – change à proportion du blanc et du noir avec lesquels le pigment est recouvert ou mélangé.

les images, François Boisrond utilise une caméra HD qui lui offre la possibilité de multiplier les approches différentes de son sujet. Il est familier de l’image cinématographique, qui paraît en relation d’autant plus étroite avec le réel qu’à l’empreinte sur la pellicule s’ajoute le sentiment de la durée. L’image animée dit-elle pour autant la vérité? Elle est en réalité indissociable d’une stylisation inhérente à la représentation qui impose, dans la configuration la plus simple, un cadre et un point de vue. François Boisrond en connaît bien les artifices qu’il représente d’ailleurs en 1989 dans Qu’est-ce qu’ils tournent? :

Aux enjeux liés aux moyens techniques s’associe la question de la tradition et de la référence aux maîtres du passé. Aussitôt se lève le spectre d’un autre «retour à l’ordre» qui, depuis la belle énergie de la figuration libre, s’achèverait, pour l’ancien maître d’atelier des BeauxArts, dans le clair-obscur caravagesque caractérisant certaines œuvres parmi les plus récentes. Mais le schéma d’interprétation ne pourrait

film Passion (1982) rend le dispositif plus complexe: alors que Robert Bresson, partisan du cinématographe contre le cinéma, assimile le film à une écriture et souhaite le tenir loin de la peinture, qui lui ferait courir le risque de devenir une «carte postale», Jean-Luc Godard montre un metteur en scène reconstituant dans des tableaux vivants La Ronde de nuit, de Rembrandt, L’Entrée des croisés à Constantinople, de Delacroix,et la Petite Baigneuse, d’Ingres. François Boisrond s’approprie à son tour le dispositif mis en œuvre par le cinéaste pour transposer la peinture et représente à plusieurs reprises la comédienne interprétant la célèbre baigneuse, devenue aujourd’hui son épouse. Chaque touche de couleur correspond à la volonté de faire persister le moment de grâce pure, où la chair souple de la baigneuse accomplit en s’asseyant un mouvement d’une rare fluidité. Dans la série des «Uniformes», François Boisrond fait sien le dispositif du tableau vivant pour mettre en scène ses proches, ses amis et ses étudiants. Même si des coups de klaxons viennent ponctuer son déroulement, la scène de Passion a lieu dans une grande solennité. Des rushes tournés par François Boisrond émane, au contraire, une joie d’être ensemble encore renforcée par le plaisir d’être déguisé et grimé, attitude caractérisant la double postulation du peintre, à la fois sérieux et d’une décontraction que manifeste aussi très souvent l’humour présent dans ses œuvres.

Au travail pour l’exposition « Passion » (2012)

Laréinterprétées.sérietiréedu

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un couple enlacé, isolé dans la partie centrale de l’œuvre, est représenté entouré d’une équipe de tournage et de ses machines. Dans la série des «Biennales», La Tente colorée ou encore Regardeurs qui font le tableau ont beau donner lieu à des prises effectuées selon des angles différents, les films aboutissent à la réalisation d’un seul et unique tableau.

Les images ne sont pas recopiées, mais bien transposées et

Avec François Boisrond sera en effet inaugurée une nouvelle formule de résidence. L’artiste travaillera dans les salles, où sera non pas recréé, mais réellement transporté son atelier. En 2006, il avait déjà au Mudam du Luxembourg réalisé une vingtaine de tableaux.

Préparation de l’exposition rapport

«Au

L’année suivante, l’expérience avait été renouvelée à Berlin pour l’exposition «Peintures / Malerei» organisée au Martin-Gropius-Bau par Laurent Le Bon. La même année, pour les trente ans du centre Georges Pompidou, François Boisrond peint un ensemble de six toiles sur le nouvel accrochage. Les visiteurs auront ainsi accès à l’atelier, endroit considéré trop souvent comme mystérieux, alors qu’il est un lieu de travail et un espace de sociabilité, ce que doit être aussi un Qu’ilmusée.mesoit

se «plaquer» qu’avec de grandes difficultés sur le travail de François Boisrond. Les œuvres des maîtres du passé représentent certes pour lui un trésor d’expérience et un sujet d’admiration, mais elles contribuent surtout à rendre justice au réel, autrement dit à poser la question de la justesse dans le rapport du peintre aux êtres, aux choses et aux sentiments. Une telle interrogation implique non seulement l’habileté de la main et l’acuité du regard, mais aussi la mémoire et le cœur. De la figuration libre jusqu’aux derniers développements du travail de François Boisrond, plusieurs constantes se dessinent en effet: le besoin vital de parler de soi par la peinture et la conviction qu’elle est une longue initiation.

La rétrospective est aussi, pour finir, une ouverture vers l’œuvre à venir et l’occasion d’une rencontre unique avec un artiste vivant.

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permis ici de remercier sincèrement François Boisrond pour son engagement à nos côtés, sa confiance et son exceptionnelle générosité ainsi que Cécile, sa sœur, dont le soutien a été particulièrement efficace. Je remercie enfin tous les prêteurs, privés et publics, d’avoir accepté de se séparer, le temps de l’exposition, de ces œuvres précieuses et les assure de toute ma reconnaissance.

» (2017)

DÉPART

FIGURESENLIBRES 19871979

87 François Boisrond est reçu en 1978 au concours des Arts décoratifs, où il s’inscrit dans la section vidéo et film d’animation, comme Hervé Di Rosa, avec qui il se lie d’amitié. Avec Rémi Blanchard, Robert Combas et son ami, il devient en 1981, après l’exposition «Finir en beauté» du critique Bernard Lamarche-Vadel, l’un des initiateurs de la figuration libre. Ce retour expressionniste à la peinture naît en réaction à l’art conceptuel et à l’art minimal des années 1970, caractérisés par leur hostilité envers toutes les formes de Françoisreprésentation.Boisronddonne à ses œuvres une grande force expressive et bouscule les hiérarchies installées. Il peint sur toile, mais aussi sur toute sorte de supports de fortune, bâche, carton ou encore papier journal, à l’acrylique ou bien avec des couleurs industrielles. Ses premières œuvres révèlent un don unique pour styliser la forme. Il mêle sans hiérarchie des emprunts faits aux beaux-arts et aux arts appliqués, à l’art brut, à la BD, au pop art ou à la télévision. Fils du réalisateur Michel Boisrond et d’Annette Wademant, scénariste de Max Ophüls ou encore de Jacques Becker, François Boisrond emprunte également beaucoup au cinéma: comme des photogrammes juxtaposés, l’image se décompose ainsi souvent en zones, qui entretiennent entre elles des correspondances.

2 toiles: 119×88,5 cm (partieA et C)

sur toile non tissée marouflée sur toile, 117×181cm

2 toiles: 119×98 cm (partie B et D)

CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux Inv.1983-15

104 LIBRESFIGURESENDÉPART

Sans titre Acrylique41982parties

105 Sans titre Février AcryliqueDiptyque1982et autocollants sur toile, 249x 210,5 cm Chaque élément: 124,5×210,5 cm Nice, Collection MAMAC Inv.997.0.31

PARISIEND’UNQUOTIDIEN

20021987

125

Né à Paris, François Boisrond a vécu et travaillé dans des ateliers situés au cœur de la ville ou dans sa proche périphérie. Au tournant des années 1990, quand s’installe une période de doute sur la forte stylisation à laquelle est parvenue sa peinture, il trouve dans le quotidien des sujets qui éveillent son désir de peindre: «Tout d’un coup, un truc apparaissait qui me faisait saliver. […] De voir une chose que j’avais envie de peindre. Comme de saliver devant un aliment qui vous fait envie.» Lors de ses trajets à vélo dans Paris, François Boisrond garde l’œil toujours en éveil. Il saisit ainsi l’attitude d’un balayeur Feuilles mortes (1987-1993) – et l’uniforme coloré d’une Contractuelle (1987-1993). Les polaroïds interviennent ensuite lors des étapes préparatoires pour révéler ce qui n’est pas toujours visible. Ils sont aussi – mais de manière contradictoire – un instrument qui facilite le décalage exigé par la transposition du réel en objet de peinture: la scène trop banale du Pigeon écrasé (1993) trouve ainsi à s’inscrire dans la grande tradition de la nature morte ou des trophées de chasse à la manière de Jean-Baptiste Oudry au XVIIe siècle.

Au quotidien, la peinture s’inscrit dans un tissu de relations sociales et économiques, que La FIAC (1989), grand-messe parisienne et marché international de l’art contemporain, présente avec ironie. Les médias et la publicité y prennent leur part, favorisant la circulation et le flux des images. Ils offrent aussi de nouvelles voies pour la peinture: devenus image dans l’image, l’écran de la série des télévisions et plus tard les affiches des panneaux publicitaires offrent le recul nécessaire pour revisiter avec humilité les genres consacrés, le nu ou le portrait, et un thème aussi fondamental pour la peinture que la fenêtre.

Barbès Hector Obalk

140

Acrylique1993 & pastel sur carton, 48×37cm Collection

PARISIEND’UNQUOTIDIEN

Le Pigeon mort Collection Mazel Galerie, Bruxelles

Acrylique1993 sur carton, 47×30cm

141

Pomme Réaumur Acrylique2004-2005sur toile, 130×97cm Collection Mazel Galerie, Bruxelles

154 PARISIEND’UNQUOTIDIEN

155

Lise Charmel La Chapelle, Paris Acrylique2007 sur toile, 140×100cm Collection particulière, Suisse

156

Lise CharmelVictor Hugo, Paris Acrylique2007 sur toile, 140×100cm Collection particulière, Suisse

PARISIEND’UNQUOTIDIEN

157

Orange Haussmann Acrylique2008 sur toile, 130×97cm Collection particulière

20071992

DESL’UNIVERSTOUTARTS

159

Au début des années1990, François Boisrond abandonne la composition en registres. C’est à ce moment qu’apparaissent les transparences, déjà expérimentées par Francis Picabia dans les années 1930. À la juxtaposition, François Boisrond préfère la superposition de deux images différentes, l’une empruntée à l’encyclopédie Tout l’univers, relative aux lettres ou aux arts, comme «Shéhérazade», et l’autre à caractère autobiographique, souvent une vue d’atelier. Entre l’image première, qui correspond à un «mythe populaire» et l’image secondaire, apparaissent de multiples correspondances par lesquelles s’établit un dialogue entre l’intime et l’universel. François Boisrond trouve de toute évidence dans ces planches matière à peinture: les couleurs vives et la frontalité assumée de l’image procurent un plaisir ludique, qui est d’abord le propre de l’enfance. Mais son approche de l’histoire de la peinture est aussi un exercice d’admiration, qui n’exclut pas dans la transposition des chefs-d’œuvre, comme Le Déjeuner sur l’herbe (1995) de Manet ou encore le Gilles (1996) de Watteau, une volonté de renouvellement: «Je vais au Louvre comme si j’allais à la messe. J’en ressors plein de foi pour me mettre au travail humblement.» déclare-t-il en 1995.

160 ARTSDESL’UNIVERSTOUT

Acrylique1992 sur toile, 89×116cm Collection Marion Boisrond

Shéhérazade

161

166 LIBRESFIGURESENDÉPART

167 Les Derniers Jours de Pompéi Acrylique1995 sur toile, 200×200cm Collection particulière

Déjeuner l’herbe

Acrylique1996 sur toile, 89×116cm Collection ÉdouardMinc

169

sur

182 ARTSDESL’UNIVERSTOUT

L’Île aux mouettes. Cadaqués Acrylique2004 sur toile, 100×116cm Collection particulière

183 Carteret Acrylique2007 sur toile, 100×115cm Collection particulière

185

ETBIENNALESMUSÉES

19992014

Les vues de lieux et d’événements où s’expose l’art contemporain se multiplient dans la seconde moitié des années 1990. La représentation des pavillons de la Biennale de Venise et de leurs espaces intérieurs soulève des questions de peinture liées aux matières, à la composition et aux lumières. À plusieurs reprises, François Boisrond est invité à installer son atelier et à peindre dans les lieux où se tiennent les expositions d’art contemporain. Il en résulte la série consacrée à l’exposition berlinoise de LaurentLeBon en 2006, «Peinture-Malerei», puis l’ensemble réalisé autour de l’accrochage des collections au musée d’Art moderne du Luxembourg (MUDAM) et enfin, l’année suivante, au Centre Georges Pompidou.

Au cours de ces années, François Boisrond engage une réflexion sur sa pratique. Il y est tout d’abord invité par ses fonctions d’enseignant. Après quelques années passées à l’école cantonale d’art de Lausanne (ECAL), il est en effet nommé professeur à l’École des beauxarts de Paris en 1999, où il enseigne la peinture pendant 22ans. Dans son travail préparatoire, et jusque dans les étapes de la réalisation de l’œuvre, il intègre les évolutions de la technologie numérique, appareil photo et caméra HD. Les scripts informatiques – petits programmes conçus pour remplir une fonction précise – lui donnent des moyens inédits pour analyser en profondeur les images etatteindre ainsi une forme de justesse dans sa relation au réel.

187

188 MUSÉESETBIENNALES La Biennale 1999 Huile2001 sur toile, 61×80cm Collection particulière PhilippeChany

191 Le Pavillon japonais (pavillon Biennale deVenise 1999,Tatsuo Myajima, «Megadeath» 1999, 2450 ampoules) Huile2001 sur toile, 61×80cm Collection particulière, Suisse

192 MUSÉESETBIENNALES

Biennale 2003 après la pluie (pavillon italien) Acrylique2004-2005sur toile, 100×115cm Collection Hector Obalk

193 Devant le pavillon allemand Acrylique2004-2005sur toile, 100×115cm Collection particulière

PASSION 20032019

217

Dans le film Passion (1982), le réalisateur Jean-Luc Godard aborde sous des angles divers la relation entre peinture et cinéma. Il met en scène un cinéaste qui s’efforce de reconstituer avec des figurants plusieurs tableaux célèbres, dont L’Entrée des Croisés à Constantinople, d’Eugène Delacroix, et la Petite Baigneuse, d’Ingres. Les moyens techniques du cinéma renouvellent en particulier les questions liées à la lumière et à la représentation de sensations, comme l’émoi érotique.

Pour le peintre, le film ouvre un espace de recherche passionnant. François Boisrond transpose les deux toiles vues et représentées au cinéma sous la forme de tableaux vivants. Le dos nu de la baigneuse, interprétée par une comédienne devenue son épouse, le retient tout particulièrement pour la beauté de sa carnation, sujet de peinture qu’il n’avait jamais abordé jusqu’alors. François Boisrond s’appuie sur les technologies numériques pour se livrer à une analyse plastique d’une extrême précision: l’interprétation de chaque nuance de lumière en strates de gris permet de trouver le coloris juste. Au terme de l’analyse, l’image mouvement est devenue un objet approprié au travail du peintre qui souhaite exalter la beauté d’une femme. C’est à cette condition que le plaisir du spectateur à contempler la peinture rencontre celui de l’artiste à représenter son épouse.

Myriem Saint-Honoré Roussel Boisrond

Acrylique2003 sur papier, 70×100cm Collection Myriem

219

Mimi Bateau Lavoir

220 PASSION

Acrylique2009 sur toile, 89×116cm CollectionPatrick Amsellem

Petite Baigneuse I Huile2009 sur toile, 220×240cm Collection galerie Louis Carré & Cie, Paris

La

221

DESETUNIFORMESLESMAÎTRES:VERSVIESAINTS 20222016

Les deux séries les plus récentes, Uniformes et Vie des saints, ne correspondent pas à une volonté de restaurer un état ancien de la peinture. Elles mettent plutôt en jeu une nouvelle méthodologie de travail que François Boisrond, après le film Passion, a décidé de mettre en œuvre. À la manière d’un metteur en scène, il compose des tableaux vivants dans lesquels figurent ses étudiants des Beaux-Arts ou ses proches. Chacun donne lieu à un film qu’il tourne lui-même avec une caméra HD. Les rushes sont ensuite utilisés comme des études préparatoires et sont soumis à l’analyse des applications numériques. Pas d’opposition entre art et science, au contraire: la technologie enrichit le faire du C’estpeintre.armé

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de ce savoir que François Boisrond puise dans le répertoire d’attitudes et de compositions laissé par les Maîtres anciens. De toute évidence, il prend plaisir à peindre les matières, la densité et la couleur profonde des tissus ainsi que la rutilance des métaux. Aucune lourdeur dans sa manière: les uniformes de fantaisie changent les modèles féminins en soldats d’opéra bouffe ou en personnages de cirque, que leurs outils de jardinier, autre nouveauté en peinture, rendent bien peu menaçants. Et si derrière la figure de saint Jérôme, douloureusement incarnée par le beau-père de François Boisrond, alors atteint d’un cancer, affleure le tragique, le détail d’une paire de skis ou d’un livre de Bourdieu désamorce l’excès de pathétique.

237

François Boisrond en compagnie des modèles de la ApoloniaDerenneHerbelin,Nathanaëlledes«Uniformes»,sérieGregoryetSokol.

238 DESSAINTSVIEETUNIFORMESMAÎTRES:LESVERS Le Reniement de saint Pierre Acrylique2016 et huile sur toile, 100×140cm Rennes, Musée des Beaux-Arts Inv. 2018.1.1

240 LIBRESFIGURESENDÉPART

Blandine (au rotofil) Acrylique2016 et huile sur toile, 100×65cm Collection galerie Louis Carré & Cie, Paris

241

278 BIOGRAPHIQUESÉLÉMENTS

Admis au baccalauréat C. Prend une inscription en médecine pour devenir psychiatre. Il abandonne et prépare les concours des écoles d’art à l’école Penninghen.

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AnnetteWademant et Michel Boisrond sur le tournage de Faibles Femmes (1955).

Naissance à Boulogne-Billancourt, le 24mars, de Michel Boisrond, cinéaste, et Annette Wademant, scénariste. Il suit des cours de peinture dès l’école primaire.

François Boisrond (1964).

1973

1977

1959

Séjour en pension au nord de Londres. L’isolement favorise son goût pour la lecture.

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