« En 1954 [début de l’insurrection algérienne], j’ai deux ans. Le 5 juillet 1962, l’Algérie accède à l’indépendance. Entre ces deux dates : huit années de guerre et toute mon enfance. » Ainsi commence le récit de Luce Rostoll. Une enfance passée dans la maison familiale située dans l’enceinte de l’hôpital d’une petite ville de l’Oranie. Hôpital qui est pour elle « un lieu initiatique, un paradis et un enfer. J’apprends comment les femmes enfantent, comment des hommes perdent la vie et donnent la mort. »Une enfance entre des parents qui pensaient avoir leur place en Algérie, des pieds-noirs qui refusaient d’être assimilés à la figure ducolon. Eux-mêmes enfants d’exilés espagnols, ils portaient en euxune Méditerranée mythique.Luce Rostoll a su reconstituer les fragments de la mémoire de sonenfance algérienne avec justesse. Ce faisant, elle fait écho aux souvenirsde tous les enfants d’Algérie.