La Garonne

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La Garonne

CHARLES JEAN-LOUP JEAN DANEY MARFAING RAMIÈRE

LOUBATIÈRES


Un dimanche de juillet 1962, Ă La Gardette, en aval de Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne), la famille G. et quelques amis.


La présentation raisonnée d’un fleuve met en œuvre les ressources des sciences humaines et des sciences appliquées. Géographe, historien, ethnologue, biologiste, apporteraient par large touche, cours du fleuve, hydrologie, chronologie de la présence humaine, ouvrages et usages de l’eau, faune et flore, chacun leur part à un vaste panorama d’un sage réalisme. Ce serait peindre le tableau classique, académique, la leçon d’anatomie d’un fleuve. Les auteurs, ici, préfèrent la manière impressionniste, pointilliste, une vision imprégnée d’un contact concret avec la Garonne, la mémoire de sensations personnelles, le récit d’une longue fréquentation, sans négliger les sources du savoir. À l’orthodoxie universitaire, nous ne prétendons pas opposer d’hérésie scientifique, mais chercher dans les sensations, la subjectivité et le bonheur pris au côtoiement insatiable de la Garonne, les limons nourriciers d’un vagabondage. Laissons à qui veut le soin de juger ce qu’il a d’hasardeux, brouillon, fantasque ou heuristique. La mesure, la statistique, l’inventaire du fleuve, ne sont pas inutiles, au fil des pages, le lecteur y trouvera son compte. Mais c’est plutôt à une immersion que ce portrait du fleuve vous invite. Commencez sa lecture, image en tête de ce grand et magnifique tableau des bords de Seine, La Baignade à Asnières de Seurat, avec son jeune

Avant-propos

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Cinquième carte du cours de la Garonne (Détail), encre de Chine et aquarelle, AD78, A327-5.

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homme à mi-corps dans le fleuve, soufflant dans ses mains, saisi par sa fraicheur, mais prêt à se jeter à l’eau. C’est ainsi que cet ouvrage a été écrit, c’est ainsi qu’il faut le lire. L’immersion dans le fleuve a le caractère lustral d’une communion édénique avec la nature, on imagine mal Saint Jean-Baptiste préférer aux rives du Jourdain une plage de la Méditerranée ou de la Mer Rouge. Les jardins du paradis sont baignés de fontaines, inondés de sources, ruisselants de rivières babillantes… pas la moindre trace d’une plage, d’une crique, d’une mer ! Mais l’eau, la nature de l’eau, voilà l’aspect essentiel de l’immersion…De mémoire d’homme et aussi loin qu’il remonte aux sources de ses mythes, les rivières se partagent en deux mondes radicalement opposés, celui des eaux vives et claires aux fonds à portée de main et de regard et celui des miroirs sans fonds, remous d’eaux huileuses aux lits obscurs et insondables. Le Styx et l’Alphée, ces deux fleuves de l’effroi dans notre paysage mental, sont deux petits fleuves bien réels. Le premier, Styx ou Acherondas, coule en Grèce, au nord de Patras. Surgissant de longues gorges étroites et profondes, ses eaux vertes, lourdes, plates et énigmatiques zigzaguent dans une petite plaine. Dans ma jeunesse, à son embouchure sur une petite baie alors déserte, je n’ai


pas osé franchir la quinzaine de mètres de son lit. Hérissés de cannes, les méandres noirs aux reflets plombés de l’Alphée (Alféo), petit fleuve côtier qui se jette à la mer au sud de Messine, en Sicile, ne sont pas moins inquiétants. Dans les eaux claires, l’homme et la rivière s’adonnent à un vigoureux corps à corps. Il sillonne la rivière, la traverse d’une rive à l’autre. Enlacé par son courant, l’homme partage son lit avec la rivière. Mais ailleurs, le miroir opaque des eaux troubles instaure une distance irréductible entre l’homme et la rivière. Leurs échanges sont soumis aux dons et démons de l’eau, à l’équivoque de son chant. Là, l’homme ne partage plus le lit de la rivière. Le pêcheur des berges ou le marinier chevauchant un dragon imprévisible, tous deux discrets prédateurs, frôlant ces eaux sans effraction, savent respecter leurs mystères. Eaux claires, eaux troubles, tour à tour, la Garonne est l’une, puis l’autre. C’est au plus près des humeurs du fleuve que nous descendrons, de ses sources à l’Océan. Une carte, sera le fil de ce parcours imaginaire, promeneurs vigilants, attentifs à l’écho lointain du pas des arpenteurs. Jean-Loup Marfaing

Port-Saint-Marie (Lot-et-Garonne), vu depuis les hauteurs du village de Clermont-Dessous.

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De Montréjeau à Cazères de montréjeau à cazères, environ 52 km du cours de la garonne.

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PREMIERE carte du Cours de la Garonne a prendre a la Jonction de la Neste au dessus du pont de Montrejau Jusqua Cazeres y ayant huict Lieuës à 3 200 Toises chacune dans laqlle longueur l’on ne peut transporter aucune chose que sur des Trains ou des Radeaux a cause de la Rapidité de l’Eau et de ses changements de Cours, des Rochers et la Grave qui sont fort frequens. Les Rivieres qui tombent dans la Garonne sont la Neste, le Gers, la Somme, le Touch, la Noue, le Salat et quelques Ruisseaux.

Aquarelle et encre de Chine ; AD78, A327-1, 175 x 49 cm. .

L’arpenteur Le cours de la Garonne débute à hauteur du village de La Broquère et monte verticalement jusqu’à son confluent avec la Neste, sur le bord gauche de la carte. La nette boucle que dessine la Garonne entre La Broquère et Montréjeau, pour contourner le Picon de Garros est ainsi très fortement atténuée. Ni Valcabrère, sur la rive gauche immédiatement en aval de La Broquère, ni Seilhan ne

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sont portés sur la carte. C’est dans ce secteur d’ailleurs qu’elle présente le plus d’imprécision, notamment dans les situations respectives des villages de Martres-de-Rivière, Cier-de-Rivière (Sierp) et Ardiège. Tous les autres villages d’un arrière-pays montueux rendant les triangulations aléatoires malgré la boussole, Aspret-Sarrat (Aspet), Soueich (Choueche), Rieucazé, sont posés très approximativement, Encausse-les-Thermes n’est pas mentionné. Leur présence est anecdotique, là n’est pas l’objet de la carte. Les mêmes erreurs sont repérables pour l’arrière-pays au-delà de Saint-Gaudens ou Saint-Martory, il suffit de regarder les positions respectives de Saint-Médard, Castillon, Sepx, Auzas… En revanche la succession des villages implantés sur les rives de la Garonne présente une réelle précision. Aussi la seule erreur mérite d’être relevée. La carte situe le village de Mauran (Mouran) sur la rive gauche de la Garonne. La toponymie de la carte est aussi irrégulière, le nom de certains villages est bien celui que nous connaissons aujourd’hui, quelques-uns sont à peine écorchés, Bauchelet pour Beauchalot, Clerac pour Clarac, Cazenave pour Cazeneuve-Montaut, Salles pour Salies, écourté, Marsou pour Marsoulas, d’autres sont mal orthographiés, Palamini, Bousens, ou portent la trace d’une inattention irréparable sur une carte manuscrite, Montejau. Mais souvent la transcription phonétique des noms de villages par Matis semble garder l’écho de la question des arpenteurs aux habitants, Choueche pour Soueich, Cepz pour Sepx, Arnauguilleme pour Arnaud-Guilhem. La transformation de Mancioux en Moncour, celle du Fourcq en Houra restent plus mystérieuses.

Page ci-contre. La rivière Ger, qui se jette dans la Garonne à Pontis-Inard, juste en amont de Montespan. Double-page suivante. Carte de Villeneuve, seigneurie appartenant au duc d’Antin.

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Un inexplicable écart entre l’énumération des affluents de la Garonne dans la légende et leur désignation sur la carte trouble le lecteur vigilant. C’est comme si le rédacteur de cette légende, n’avait pas regardé la carte qu’il avait pourtant sous les yeux. Les affluents de la rive gauche sont bien la Neste, puis le Soumes, et non la Somme. Le Jô se transforme inopinément en un Touch, en amont de Lestelle, étrange transfiguration. La Noue est bien à sa place. Moins d’imprécision pour les deux principaux affluents de la rive droite, seul un s qui ne devrait pas brouiller les cartes a été ajouté au Ger. À détailler la carte, on s’interroge sur l’importance que Matis accorde à certains lieux-dits, comme Jaunac (Jonat sur la carte, là encore sans doute l’effet d’une transcription phonétique) en amont de Montréjeau. La disparition de certains lieux, ou la difficulté à les rattacher aux réalités actuelles du territoire invite à un récit dérobé,


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qu’en est-il de Tambouro, au nord de Landorthe, de Bonnesse au sud-est d’Arnaud-Guilhem ? Parfois l’énigme se dénoue, L’hôpital entre Choueche (Soueich) et Rieucazé ? Lespiteau évidemment.

Villas de bord de Garonne à Montréjeau (Haute-Garonne).

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Comment ne pas s’interroger aussi sur la représentation des villages qui s’écarte d’un simple mode conventionnel et répétitif. La plupart de ces groupements d’habitat semblent bien vouloir rendre compte d’une réelle observation topographique. Les dessins de Roquefort, d’Arnaud-Guilhem, de Saint-Martory, de Montréjeau, de Cazères se rapprochent de la réalité cadastrale. Pourtant quelques-uns comme Lestelle, Le Fréchet, Beauchalot ou Auzas s’en détachent nettement. La carte est aussi jalonnée de quelques repères qui traduisent les hiérarchies sociales de l’époque. L’abaÿe de Bonnefont est reproduite avec minutie. Indépendamment de l’échelle de la carte, le plan de l’abbaye est rigoureusement exact. Le château médiéval de Montespan est bien figuré, enceinte et donjon. Quelques grands domaines aristocratiques sont mentionnés, ceux de Mauran (Mouran), de Montclar, de la Bernède, mais surtout, avec leurs jardins, ceux de Mourlon (Morlon) et de Martres (château de Marignac). Le grand territoire aquarellé que sillonne la Garonne se partage en bois, landes ponctuées de buisson, franches et grasses pâtures réparties en taches vertes, cultures ordonnées en alignements, évoquant des boisements, mais sans aucune certitude. La plus large part reste aux grands aplats jaune pâle, vastes vacances laissées en marge de l’attention du géographe. Car c’est sur la Garonne que Matis porte son regard. Les grands méandres toujours existants de Taillebourg et d’Entremazaïgues sous Villeneuve-de-Rivière sont assez fidèlement tracés. Les inflexions de l’orientation générale du cours du fleuve, entre Saint-Gaudens et Cazères ne sont que légèrement accentuées. Les îles représentées sont aujourd’hui encore presque toutes repérables sur le terrain. Les ramifications du confluent du Ger sont aussi dessinées. De nombreux moulins sont localisés par Matis sur un des bras de la Garonne qui délimite ces îles, en aval de Montréjeau, à Polignan, à Huos, à Taillebourg, Miramont, Palaminy, Cazères. Ceux d’Huos et Miramont existent encore. Sur la carte, quatre ponts traversent le fleuve, à Montréjeau, Valentine, Miramont et Saint-Martory. Ce sont des ponts médiévaux à tabliers de bois posés sur des piles maçonnées. Tous ont été reconstruits ultérieurement. La pile du vieux pont de Saint-Martory est le seul vestige de ces premiers ponts.


Le promeneur Le paysage de cette section de la Garonne du piémont pyrénéen a été fortement modifié par l’industrie depuis le milieu du XIXe siècle. Sur la carte Matis s’égrènent au fil de l’eau bon nombre de moulins qui bénéficient d’eaux suffisamment abondantes en toute saison, la pente moyenne de la Garonne variant ici de 2,20 à 2,60 m pour 1 km. La force motrice de l’eau est alors intensément exploitée, moulins bladiers, moulins foulons pour les textiles, scieries, moulins à martinet (moulines) des forges. Les plus importants deviendront les premiers sites d’une industrie naissante. Les progrès de la sidérurgie, de l’outillage mécanique, l’invention de la turbine vont favoriser l’essor des premières usines sur les rives de la Garonne et de ses grands affluents pyrénéens, Neste, Salat, Ariège. La production du papier avec les bois pyrénéens et la fabrication d’outillage, notamment destiné à l’agriculture, sont les deux activités qui s’ancrent ici. Elles prospèrent durant le dernier quart du XIXe siècle avec l’ouverture des lignes de chemin de fer Toulouse-Bayonne et Boussens-Saint-Girons. Les anciennes prises d’eau des moulins ont été renforcées par des chaussées qui seront sans cesse rehaussées, avec

Cazères (Haute-Garonne).

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Couladère et Saint-Martory (Haute-Garonne).

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la déprise progressive de la navigation fluviale au bénéfice du transport ferroviaire. Mais, jusqu’aux années 1930, ce paysage industriel restera ponctuel sur le cours du fleuve et de ses affluents. Une chaussée importante et un large canal réalisés à hauteur du village des Bordes alimentent un grand moulin sur la rive droite, pratiquement en vis à vis du moulin de Saint-Jean qui lui aussi s’est agrandi. De petites manufactures s’installent à Miramont, mais c’est surtout à Saint-Martory, et à proximité, à Apas, que les papeteries laissent aujourd’hui les véritables témoignages de cette première mutation industrielle de l’économie fluviale. Elle marqua plus fortement la vallée du bas Salat avec les papeteries de Mazères, l’usine à sel de Salies. Les forges de Touille, qui depuis le Moyen Âge fournissaient un bon acier aux couteliers toulousains, sous l’impulsion de la famille Lasvignes se transforment en usine d’outillage agricole (faux, houes, pioches, pelles), employant jusqu’à 250 ouvriers. De fortes chaussées barrent la rivière et alimentent les larges canaux de ces usines, le plus long, celui de Salies fait près de 4 km. À Saint-Martory, se situe la prise d’eau d’un ouvrage hydraulique, le canal d’irrigation mis en chantier en 1866. À l’origine, sous la


Restauration, le projet avait été d’une tout autre ampleur. Il s’agissait de creuser un canal Pyrénéen de navigation, et accessoirement d’irrigation, reliant Toulouse à Bayonne, joignant la Garonne à l’Adour. Les progrès rapides du réseau ferré réduisirent ces ambitions, 71 km de longueur, 140 m de dénivelé, et quelques petits ouvrages d’art intéressants, une dizaine de ponts canaux, un siphon de franchissement de la petite rivière de la Louge au pied du village du Fousseret. Le canal de Saint-Martory, achevé en 1876, irrigue 10 000 ha de la plaine et de la basse terrasse de la rive gauche de la vallée entre Saint-Martory et Toulouse et alimente en eau potable 150 000 habitants. Les centrales hydroélectriques font une apparition précoce sur les berges de la Garonne avec l’installation de la centrale sur le site médiéval des moulins du Bazacle à Toulouse en I890 pour alimenter le réseau d’éclairage public de la ville, huit ans seulement après la création de première centrale hydroélectrique, celle de Vulcan Street à Appelton dans le Wisconsin (USA). La propagation de l’électricité a été incroyablement rapide. Et deux Pyrénéens y prennent une part importante en France. L’un, Aristide Berges, natif de la vallée

Lestelle-de-Saint-Martory (Haute-Garonne).

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Valentine (Haute-Garonne).


du Salat, à Lorp-Sentaraille, est l’un des précurseurs de l’énergie hydroélectrique et l’inventeur du slogan emblématique de la « houille blanche ». L’autre, Joachim Estrade, né à Beyrède sur les rives de la Neste, jouera un rôle pionnier dans la création des réseaux de lignes électriques.

Centrale électrique de Fos, premier village de France à accueillir la Garonne.

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Fils d’un papetier, né en 1833, Aristide Bergès, après des études à l’École centrale des Arts et manufactures conçoit en 1864 un défibreur à pression hydraulique qui simplifie la fabrication de la pâte à papier, mais des désaccords constants avec son père l’incitent à quitter le Salat pour s’installer dans les Alpes à Lancey où il crée son usine. Là, il installe de puissantes turbines (500 ch) alimentées par des conduites forcées de 500 mètres de chute. Ses installations permettront à Saint-Mury-Monteymond d’être le premier village éclairé à l’électricité. L’Exposition universelle de Paris en 1889


apporte une consécration méritée à son propos visionnaire : « Les glaciers des montagnes peuvent, étant exploités en forces motrices, être pour leur région et pour l'État des richesses aussi précieuses que la houille des profondeurs. Lorsqu'on regarde la source des milliers de chevaux ainsi obtenus et leur puissant service, les glaciers ne sont plus des glaciers ; c'est la mine de la houille blanche à laquelle on puise, et combien préférable à l'autre. » Zénobe Gramme, avec l’invention de la dynamo en 1869 avait fait le progrès décisif permettant la production d’énergie électrique. Avec ces dynamos couplées aux turbines Francis (1868) ou Pelton (1889), les centrales hydroélectriques à courant continu, de puissance très variable, vont se multiplier, souvent sur le site d’anciens moulins. La centrale électrique construite à Mancioux en 1900 fait partie de ces toutes premières centrales échelonnées sur le cours du piémont pyrénéen de la Garonne. Mais avec le courant continu, le transport à longue distance de l’électricité entraîne une importante perte d’énergie. Seules l’invention du courant alternatif par le physicien croate Nikola Tesla en 1882, sa mise au point des premiers alternateurs et l’invention du transformateur par Lucien Gaulard en 1883 vont permettre le transport d’électricité à haute tension sur de

Château ruiné de Montespan (XIIIe siècle).

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longues distances. Après plusieurs expérimentations menées par Lucien Gaulard et son associé John Gibbs à Londres puis Turin, la première ligne de courant alternatif de 15 000 volts sur 175 km est installée entre la centrale de Lauffen sur le Neckar et Francfort par l’ingénieur Oskar Von Miller en 1891. La même année, Joachim Estrade crée la Société Méridionale de Transport de Force et entreprend la réalisation de la centrale hydroélectrique d’Axat. Avec des turbines Pelton de 6 000 ch alimentées par une conduite forcée de 200 mètres de chute, la centrale fournira 20 000 V en courant alternatif au premier grand réseau de distribution pyrénéen à partir de 1901. La voie est désormais ouverte à l’électrification de tout le territoire et à la création des premières grandes centrales hydroélectriques pyrénéennes. La turbine à pâles variables conçue par Victor Kaplan en 1912 va permettre d’équiper des centrales hydroélectriques à faible hauteur de chute enfin performantes. Cette dernière invention sera à l’origine de la création des centrales hydroélectriques aménagées sur la Garonne entre Ausson et Carbonne. Celles de Pointis, Camon, Valentine, la Gentille, Saint-Sernin, Palaminy et Saint-Julien sont construites au début des années 1930. La dernière, aménagée en 1965 en amont de Carbonne, parachève

Ci-dessus à gauche. Le canal de Saint-Martory (photo prise en mai 1913) permet de dériver de la Garonne, au niveau de Saint-Martory, jusqu’à 10 m3/s pour alimenter un canal construit au XIXe siècle aux fins d’irrigation de 10 000 ha, et d’alimentation en eau potable pour près de 150 000 habitants le long de son parcours. À droite. Le 9 septembre 1917, la crue d’un ruisselet inonde la route Toulouse-Bayonne, à Boussens.

Ci-contre. Le barrage de Pointis-de-Rivière.

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Usine hydroélectrique de Mancioux. Photographies prises par l’ingénieur agronome chargé de la remise en état de la centrale, Jean Charrié. Cliché 1912-1913.

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l’exploitation hydroélectrique de ce secteur de la Garonne. En fait ce sont les barrages sur la Garonne et les saignées rectilignes des grands canaux d’alimentation des centrales qui ont radicalement bouleversé le paysage du fleuve. Les volumes de prise d’eau considérables font se succéder des sections de la Garonne au filet d’eau amaigri dans un lit trop vaste, malade perdu dans un costume trop grand, et les eaux troubles de vastes plans d’eau envasés derrière les murailles grises de hauts barrages. Le premier de ces barrages, réalisé en 1929, est celui d’Ausson qui alimente la prise d’eau de l’usine de Pointis. Trois grandes vannes de 20 mètres de large et 6,50 mètres de hauteur permettent son délestage dans le lit de la Garonne. Quelques kilomètres plus loin, le barrage de la Rodère alimente le canal des centrales de Camon et de Valentine. Entre Boussens et Martres, le barrage de Saint-Vidian, en aval de Cazères, celui de la Brioulette, enfin, en amont de Carbonne, celui de Mancies scandent la Garonne, étalant leurs vastes plans d’eaux d’amont. Des bases nautiques ont été aménagées. L’une à Cazères est dédiée aux sports nautiques à moteur et les deux autres sur les rives de la retenue de Mancies sont réservées à la voile. Tentative sans grand succès sur les rares sites de Garonne où l’on pouvait essaimer ces sports ;


d’abandon, ces bases vivotent. Sur la hernie fluviale de ces retenues aux eaux noires et envasées semble planer la menace glauque d’une thrombose, mettant un terme définitif à la fréquentation humaine de leurs berges. Entre Saint-Gaudens et Martres-Tolosane, l’activité industrielle, après la Seconde Guerre mondiale est venue renforcer la mutation du paysage de la Garonne. Deux petites usines de production, l’une de chlore, indispensable aux papeteries comme à l’armement, l’autre d’acétylène, s’étaient déjà implantées sur le site de Boussens avant même qu’en juillet 1939, le pétrole surgisse du sol à Saint-Marcet, après une quinzaine d’années de prospection. Si le gisement pétrolier s’avère modeste, celui de gaz est nettement plus prometteur. Mise en exploitation en 1942, la ressource sera nationalisée en 1944. La Régie autonome pétrolière (RAP), qui deviendra l’ERAP, puis ELFAquitaine, développe le site d’exploitation de Boussens avec sa spectaculaire usine de dégazolinage. Un réseau de pipeline desservira toutes les grandes villes du Sud-Ouest et près de 500 employés travailleront sur ce site jusqu’à sa fermeture en 1993. Dès le début des années 1950, le gisement de gaz, le site Boussens et la ressource hy-

Pont de Roquefort-sur-Garonne. On distingue à gauche de l’image les ruines de l’ancien château féodal. À gauche. L’usine Pyrénécell à Saint-Gaudens.

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La Garonne sur la commune de Labroquère, premier village de la carte Matis. À droite. Pêcheur aux environs de Saléchan.

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droélectrique incitent les planificateurs de l’aménagement du territoire à adopter le dessein d’un large grand arc industriel sur l’axe de la Garonne de Saint-Gaudens à Montauban. On confie même à Le Corbusier l’ébauche du plan d’urbanisation de Saint-Gaudens où en 1959 s’implante l’usine de la Cellulose d’Aquitaine, puis Pyrénécell. Sa lourde silhouette au pied de la ville, sur la rive de la Garonne, crache souvent un long panache de fumée s’étirant dans le couloir de la vallée. Elle produit aujourd’hui 320 000 tonnes de papier par an, ayant quintuplé sa capacité de production initiale. L’usine des ciments Lafarge, installée dès 1950 à Martres-Tolosane est le troisième grand maillon de cet arc industriel. La cimenterie qui bénéficie de gisements de calcaire et d’argile à proximité compte plus d’une centaine de salariés et produit 800 000 tonnes de ciment par an. À vrai dire, ces trois sites resteront les seules véritables réalisations de cet arc industriel dont l’avatar schématique en croissant volontaire et impérieux, souvent agrémenté de grasses étoiles ou astérisques focalisant ses polarités sur fonds de carte, réapparaît encore périodiquement dans les projets successifs d’aménagement du



Saint-Martory, la Garonne et le moulin à blé. Page ci-contre. Tarif de la vente du poisson – de rivière et de mer – gravé sur une pierre de la porte Cabirole, à Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne), 1661.

territoire. Les façades de Pyrénécell et de Lafarge, régulièrement modernisées, semblent encore respirer la prospérité industrielle. Mais depuis que la flamme ondoyante et fascinante des torchères du dégazolinage n’illuminent plus les nuits de Boussens, malgré la reconversion progressive du site, règne sur ses parages un air désolé d’abandon que renforce le lent et obstiné envasement de la retenue de Saint-Vidian, gagnée par les eaux mortes, envahies d’algues et parsemées de détritus figés dans l’immobilité de leur échouage. J.-L. M.

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La flotte des bois en eaux claires

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La carte ne porte aucune indication de rochers ou d’obstacles. La seule mention est celle d’un passage périleux pour les chevaux, celui du pas de l’Escalère, sur le grand chemin de la rive droite, juste en amont de Saint-Martory. Si Matis ne porte pas une grande attention à la navigabilité de la Garonne dans cette partie de son cours, c’est simplement parce nous sommes encore dans les eaux claires de montagne à faibles tirants d’eau, domaine quasi exclusif du flottage à bois perdu et des radeaux. Un chargement échoué, versé à l’eau, peut être récupéré sans grande difficulté. Du Moyen Âge jusqu’au développement de l’exploitation du charbon au milieu du XIXe siècle, le bois était la seule source d’énergie chaude, indispensable à la vie domestique, à l’industrie des métaux, des tuileries, des textiles… Les forêts pyrénéennes du Couserans du haut Comminges, de la Barousse, furent une ressource essentielle à l’économie des villes d’aval, Toulouse en premier lieu, mais au-delà aussi pour certains bois (bois de construction, de chantiers navals, merrains pour le commerce des vins). Les rivières offraient une voie naturelle à ce commerce du bois. Aspect dominant de la vie des cours d’eaux, cet intense flottage des bois n’est pas la seule marchandise transportée. Les radeaux transportent marbres, pierres de construction, pierres à chaux, massés (lingots) de fer, textiles vers les villes… L’exploitation des bois et la navigation sont soumises au cycle des saisons. Après les coupes, vient au début du printemps la période de vuidange (vidange) des forêts et le flottage à pièces perdues débute très en amont de la Garonne, sur le réseau chevelu des grandes vallées de montagne, la Pique, l’Ourse, qui se jettent dans la Garonne, la Neste et ses affluents, l’Arac et le Lez dans le Salat. Les bois coupés sur les versants des vallées sont tirés au plus court jusqu’aux eaux portantes. Les trajets des bois de chauffe, legno ou roule, bûchés par les legnataïres peuvent être courts, rejoignant torrents et ruisseaux. Charriés vaille que vaille vers l’aval par les barranquéjous, hommes de peine qui parcourent les lits des gros ruisseaux, dégageant des encombres rocailleux. Les grandes fustes (grumes, billes) des bois d’œuvre, abattus par les piquaïres, glissent droit sur les tiros (voies de vidange) vers le fond des vallées et les chemins forestiers. Arrimés sur des trinquebalos (charrette à un essieu) des trains de bœufs, de mulets, les amènent aux premiers ports des rivières flottables, à Fos sur la Garonne, en amont de Sarrancolin au pied des carrières de Beyrède sur la Neste, à Taurignan-Vieux sur le Salat. Là, une drome (ligne flottante de billes de bois enchaînées et tendue en diagonale en travers de la rivière) facilite l’atterrissage au port des bois à flottage perdu portés par le courant de la


rivière. Triés, empilés, les négociants vont confier les fustes aux carassous (radeliers) pour l’étape suivante du flottage. Si la tâche des barranquéjous reste saisonnière, plus attachée au domaine de la montagne et réservée aux plus pauvres des habitants des hautes vallées, le carassou ou carassaïre est un homme de l’eau, de la rivière, un professionnel de la navigation. Le raïs (train de radeau) est pratiquement le seul moyen de transport de matériaux et de marchandises sur ces rivières à très faible tirant d’eau (30 à 70 cm). Le carasson constitue l’élément de base du raïs. C’est un radeau de 5 mètres de long et 3 mètres de large environ, fait de dix à douze pièces de bois sommairement délardées et assemblées par deux traverses, un fort étrier porte le rem (longue rame de quatre à cinq mètres en bois de peuplier) de gouverne du carasson. Le train de trois carassons enchaînés forme un raïs à deux gouvernes, l’une montée sur le carasson d’amont, l’autre sur celui d’aval. Le carasson du milieu peut être chargé de marchandises, pierre à bâtir, pierre à chaux, massés, ballots de tissus. Ces raïs sont menés par un patron carassaïre et son équipage (deux à quatre hommes). Les carassaïres doivent avoir une très bonne connaissance du lit de la rivière pour diriger le long raïs au fil du courant en évitant les chocs ou échouages, démembrement des carassons, mouille des marchandises. Ces accidents imposent de pénibles remises à flots. Aussi, les carassaïres ne naviguent souvent que sur un itinéraire limité. Au confluent avec la Garonne, les carassaïres du Salat, passent le plus souvent le relais à ceux de la Garonne. Ceux de la Neste, de l’Ariège et de la haute vallée de la Garonne, arrivés en eaux profondes de la Garonne navigable cèdent aussi la gouverne de leurs raïs. À destination, ces raïs seront « décousus » et leur bois vendu, l’équipage prenant à pied le chemin de retour vers son port d’attache. Sur la Garonne, le terme du flottage et le transbordement des marchandises sur des bateaux peut être effectué dès son confluent avec le Salat, et surtout à Cazères. Mais raïs et barques se côtoient longuement, au-delà et en deçà des limites distinguant le cours flottable des rivières et leur cours navigable. Si la navigation des barques (chargées jusqu’à vingt tonnes) commence véritablement à Cazères vers l’aval, Lacave sur le Salat est réputé pour ses chantiers de construction de petites barques légères en bon chêne des Pyrénées, vendues jusque dans l’Agenais. Sur l’Ariège, le transport par bateau portant douze tonnes débute à Cintegabelle. Quinze cents à deux mille raïs n’en parviennent pas moins à Toulouse, au port Garaud, chaque année. Et environ la moitié d’entre eux poursuit sa route vers l’aval. J.-L. M.

Pêcheur au bord de la Pique, affluent de la Garonne, à Bagnères-de-Luchon, en 1890.

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L’euprocte des Pyrénées.

Tout commence dans un torrent L’eau cristalline rebondit en mille gouttes sur les roches couvertes de mousses et de lichens. D’immenses hêtres et sapins bordent les berges chaotiques comme autant de gardiens immémoriaux de ces eaux fraîches descendant des flancs de l’Aneto et issues des neiges pyrénéennes. Il n’est pas si évident de penser que le torrent nerveux que l’on observe en val d’Aran deviendra, en aval, l’imposant fleuve qui s’ouvrira sur la Gironde. Dans cet habitat montagnard, la Garonne accueille des espèces préférant l’altitude et la fraîcheur. Qui à Toulouse ou à Agen pense que dans la montagne, ce même cours d’eau est peut-être, au même instant, survolé par un gypaète barbu ou traversé par un ours brun ? Le lit du fleuve, de pierres et de galets, est, entre autres, le royaume du cincle plongeur, le « merle d’eau ». Il se laisse observer sur les berges ou posté sur une pierre, montrant le net contraste entre sa face supérieure marron et son ventre blanc. Il traque sous la surface les invertébrés aquatiques dont il se régale.

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Mais continuons notre chemin, il y a encore de belles découvertes à faire.


Pour qui n’est pas préparé à certaines rencontres, il peut être surprenant de croiser quelques habitants de la Garonne ! Dans les zones de montagnes et du piémont pyrénéen notamment, le fleuve et les nombreux petits cours d’eau qui viennent le grossir sont le milieu de vie d’espèces pour le moins surprenantes. Bien entendu, nous pourrions parler de quelques « stars » de montagne (dont plusieurs déchaînent les passions) à l’image de l’ours brun ou du vautour fauve ! Mais intéressons-nous plutôt à ceux qui demeurent moins connus et qui, pourtant, constituent tout autant une richesse patrimoniale indéniable. Il faut partir le matin, aux premières heures. Accompagnés par le chant de quelque rossignol dissimulé dans les buissons de ronce, empruntons les chemins qui arpentent les flancs de la montagne. Les hautes herbes se sont parées de la rosée matinale. En route, nous croiserons peut-être une belette, traversant d’un pas bondissant le chemin et s’arrêtant un instant, aussi surprise que nous. Elle repartira, disparaissant rapidement dans la végétation et laissant en mémoire l’image d’une rencontre comme rêvée. Soudain une nouvelle musique accompagne nos pas, d’abord en sourdine puis devenant plus prégnante. Un petit torrent, affluent du fleuve, descend bruyamment de plus hautes altitudes. L’eau rebondit sur les obstacles qui se dressent devant elle, engendrant à chaque rencontre du liquide et du minéral une nouvelle note. Dans des zones plus calmes, quelques grosses pierres projettent une ombre floue et changeante, ménageant un espace où la vue peine à distinguer, sur le fond caillouteux, l’éventuelle présence d’un petit animal. Attentivement, patiemment, il faut scruter sous la surface. Bien entendu il faut savoir ce que l’on cherche et un œil exercé parvient plus rapidement à la solution ! Il y a bien, au fond de l’eau, une discrète silhouette, mimétique, quasi immobile, à l’allure d’une salamandre sans les couleurs flamboyantes de cette dernière. Mais c’est d’un animal bien différent et surtout beaucoup moins commun qu’il s’agit ! L’euprocte des Pyrénées est en effet comme son nom l’indique, strictement un autochtone du massif, pour le dire en termes spécialisés, une espèce endémique qui ne s’observe donc nulle part ailleurs dans le monde ! À la belle saison, notre euprocte affectionne les eaux fraîches et oxygénées mais son activité diurne n’est pas des plus exceptionnelles, il préfère attendre le déclin de l’astre solaire pour partir en quête de

Le gypaète barbu.

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Le desman des Pyrénées.

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nourriture. Avant que le gel n’endorme de sa morsure presque toute vie en altitude, les euproctes adultes gagnent les berges et se dissimulent bien à l’abri dans le sol, gagnant des retraites souterraines où ils passeront l’hiver. Les larves, quant à elles, se dissimulent au fond des eaux, sous les pierres ou dans le substrat sablonneux tapissant le fond du lit. Cette quasi ascèse induit un cycle de vie lent, l’âge adulte n’étant atteint qu’après sept ou huit longues années. De par son mode de vie, l’euprocte des Pyrénées est un indicateur majeur de la qualité des habitats humides d’altitude et des quelques zones cavernicoles qu’il fréquente également, parfois nettement plus bas. Nous aurions tout aussi bien pu partir en quête d’un autre hôte d’exception du bassin de la Garonne pyrénéenne. Pour être précis, il ne s’agit pas d’un endémique pyrénéen strict mais plutôt d’un endémique des montagnes du sud de l’Europe puisqu’on le rencontre depuis les Pyrénées jusqu’aux montagnes du Portugal. Il s’agit d’un mammifère et, comme souvent pour ces espèces, l’observation directe


est difficile. Il est préférable de rechercher en priorité les indices de présence de ces animaux. Devenons pisteurs ! L’œil aux aguets, arpentons les berges et scrutons les cailloux partiellement émergents ainsi que les vieilles souches ou branchages obstruant le cours du fleuve. Sauf pour le mammologiste, ce spécialiste des mammifères, l’exercice est plutôt surprenant : il s’agit de chercher des crottes ! L’animal a en effet pour habitude de déposer ses fèces bien en évidence sur son territoire. Parfait pour le naturaliste qui demeurerait sinon quelque peu frustré face la discrétion de l'individu. Car il faut le reconnaître, il n’est pas aisé de voir, et encore moins longuement, un desman des Pyrénées ! D’ailleurs, à la lecture de ce nom, combien d’entre nous peuvent se targuer de visualiser précisément de quoi nous parlons ? Bien des comparaisons, souvent peu flatteuses ou erronées, ont été écrites. La taupe est une des espèces mentionnées pour imaginer à quoi ressemble un desman, mais un desman n’est pas une taupe, un desman des Pyrénées ressemble simplement à… un desman des Pyrénées ! Les gravures anciennes, dans bien des cas, n’offrent guère mieux. Peu flatteuses, elles dotent l’animal d’un embonpoint certain et d’une morphologie somme toute plus proche d’un « culbuto » que d’un quadrupède agile se faufilant dans les petits cours d’eau de montagne ! Il faut dire que l’extrême timidité du desman et son activité en grande partie nocturne ne simplifient pas la vie des quelques photographes qui voudraient lui tirer le portrait ! Quand enfin on découvre une photo (ou, pour les plus obstinés et chanceux, quand on a la chance de l’observer in situ), la surprise est au rendez-vous ! Doté d’une petite trompe, le desman présente un faciès singulier et assez unique chez nos petits mammifères. La musaraigne possède elle aussi un museau assez fin mais aucune espèce n’offre une telle proéminence nasale, ni une efficience aussi poussée de cet organe. desman des Pyrénées traque ses proies avec son museau, grâce à un odorat et un sens tactile très fins. Au menu, et là encore contrairement aux idées fausses parfois véhiculées, les poissons demeurent anecdotiques. Le desman leur préfère la saveur subtile (et les apports énergétiques) de quelques invertébrés aquatiques, eux-mêmes souvent marqueurs d’une bonne qualité des eaux. Bien des mystères demeurent cependant sur son écologie et nombre de découvertes sont encore à faire pour peu que l’on veille à préserver les habitats qui accueillent le desman, mais aussi ceux de l’euprocte et des autres espèces, faune et flore confondues, du bassin de la Garonne montagnarde. Jean Ramière

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Table des matières

Avant-propos ................................................................................................................................................................. 7 L’Homme de Marbre ....................................................................................................................................... 10 Traits et territoire .................................................................................................................................................. 15 H. Matis, Arpenteur du Roi .................................................................................................................... 18 Aux sources de la Garonne ....................................................................................................................... 24 De Montréjeau à Cazères ........................................................................................................................... 26 La flotte des bois en eaux claires .................................................................................................. 48 Tout commence dans un torrent .................................................................................................. 50 De Cazères à Saubens ..................................................................................................................................... 54 Les ponts anciens sur la Garonne ............................................................................................... 70 À flanc de falaise .............................................................................................................................................. 78 De Saubens à Mas Grenier ...................................................................................................................... 80 Villes sur Garonne ..................................................................................................................................... 100 Garonne verte .................................................................................................................................................. 104 Ariège-Garonne, rencontre brutale ....................................................................................... 108 De Mas Grenier à Lamagistère ....................................................................................................... 110 L’or de Garonne ............................................................................................................................................. 126 De Lamagistère à Aiguillon ................................................................................................................. 130 Les crues de la Garonne ...................................................................................................................... 148 Rapaces ! ................................................................................................................................................................. 152 D’Aiguillon à Marmande ........................................................................................................................ 154 La batellerie ........................................................................................................................................................ 168 Au ras de l’eau, un autre monde ................................................................................................. 174 De Marmande à Saint-Macaire ...................................................................................................... 176 Les zones humides .......................................................................................................................................... 190 De Saint-Macaire à Bordeaux ........................................................................................................... 192 Les ponts modernes ................................................................................................................................. 212 Garonne bleue ................................................................................................................................................. 216 Conclusion .......................................................................................................................................................... 220

Crédit photographique. P 6, coll. Famille G.; 8, 14, 15, 17, 18, 20, 21, 22-23, 26, 27, 30, 31, 54-55, 80-81, 110-111, 154-155, 176-177, 192-193, 198-199, Archives départementales des Yvelines ; 9, 134-135, Didier Taillefer- Smeag ; 10, 119, 179, 186, coll. Privée ; 24, Maud Martin Casteret ; 29, 36-37, 44, 45, 47, Alain Baschenis ; 32, Romain Alexis ; 33, Stephen Yates ; 34 (g.), René Kraether ; 34 (d.), Sébastien Guyvarch ; 35, Xavier Loubières ; 38, Martin Parker ; 39, Miguel Bravo ; 40, Matthieu Luna ; 41-42, 43 (d.), 128, 130-131, 149, 158, 159, 181 (b.), Jean Charrié ; 43 (g.), André Charles ; 46, Vincent Poudampa ; 49, 83, 205, LOC ; 50, 175, Aurélien K.; 51, Michel Idre ; 52, Pierre Cadiran ; 57, Pierre Goujet ; 58, 104, 145, 162, 163, 166, 190, 208 (b.), 218, D. R.; 59, Lilia Tkachenko ; 61, Bernard Gossin ; 62, 65, 66, 68-69, Roger Eychenne ; 63, Fabrice Bénichou ; 64, Patrick Moraguez ; 68, Bertrand Baillon ; 71, 72, 76-77, 92-93, 94, 101, 150, 165, Archives municipales de Toulouse ; 75, Cyril Crausaz ; 79, Guy Pracros ; 82, 84, 86, 98, 124-125, 136, 138-139, 146-147, 184-185, Voies navigables de France ; 88, Daniel Saulet ; 89, Bernard Aucouturier ; 90, 99, Fabrice Montembault ; 91, Evelyne Renouleau ; 95, 172, Archives départementales de la Haute-Garonne ; 96, Coll. Sicard ; 97, 143, Fabien Bouillet ; 102, 208, Gélinaud ; 105, Christophe Ramonet ; 106, Claude Desjardin ; 107, Jacques Alpes ; 109, Paul Sistac ; 113, 114, Souabe ; 115, 117 (b.), 118 (d.), 119, 121, 220, Jean-Luc Raby. 116, 118 (g.), Phil’Ours ; 117 (h.) St-Jory rando ; 118, Christine Triadou ; 123-124, John Alexander ; 129, 167, Musée du Vieux Toulouse ; 132, Archives municipales d’Agen ; 133, Randriamihaingo Lala Herizo ; 137, 221, Marianne Lamor ; 140, Frédérique Panassac ; 141, Office de tourisme du Confluent ; 142, Martin Dudle-Ammann ; 152, 153, 216, 217, David Hamon ; 160-161, Richard Gibbens ; 174, Rick Thornton ; 181 (h.), Sylvain Bondon ; 182, OTGV ; 183, Martin Dudle-Ammann ; 187, Mairie de Castets-en-Dorthe ; 188-189, Douglas Dean ; 191, François Lelièvre ; 201, Pierre Lavergne ; 202, Ville de Bègles – V. Assere-Dubreuil ; 203, Pascal Costiou ; 204, Tourisme en Gironde ; 206, Alain Donney ; 209, Jean-Louis Capdeville ; 210, Jordi Peralta ; 213, Stéphane Gros ; 214, Maxence Fabiani ; 215, Evelyne Renouleau ; 219, Thomas Hasenberger. Malgré nos efforts, il nous a été impossible de joindre tous les auteurs ou ayant droits des documents contenus dans ce livre, afin de solliciter les autorisations de reproduction nécessaires. Les droits usuels leurs sont d’ores et déjà réservés.

PHOTOGRAVURE VINCENT RISACHER vincentrisacher@mac.com ACHEVÉ D’IMPRIMER GN IMPRESSIONS SUR LES PRESSES DE PAPERGRAF SPA – CERTIFIÉ FSC – EN NOVEMBRE 2011 – DÉPÔT LÉGAL 4e TRIMESTRE 2011 IMPRIMÉ EN UNION EUROPÉENNE



La Garonne

CHARLES JEAN-LOUP JEAN DANEY MARFAING RAMIÈRE

Cet ouvrage offre un portrait singulier et inédit de la Garonne. Il restitue le caractère essentiel du fleuve, celui du fil de l’eau et de son parcours. La Garonne court, et c’est sa course ininterrompue, son rythme, sa palpitation vivante qui sont inscrits dans ces pages. À la manière impressionniste, pointilliste, les auteurs nous livrent une vision imprégnée d’un contact concret avec la Garonne, la mémoire de sensations personnelles, le récit d’une longue fréquentation, sans oublier les sources du savoir. Suivant le fil des splendides cartes aquarellées d’Hippolyte Matis – restituées ici dans leur intégralité pour la première fois –, cheminant avec l’arpenteur, le promeneur, le géographe et le naturaliste, c’est au plus près des humeurs du fleuve que nous descendons des sources jusqu’à l’Océan.

Charles daney est géographe ; Jean-loup Marfaing est architecte et historien ; jean ramière est naturaliste.

ISBN 978-2-86266-650-1

39 € 9 782862 666501


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