LE COMMINGES Regards sur un patrimoine photographies d’Alain Baschenis Préface de René Souriac
textes de Pauline Chaboussou, Yves Chaboussou, Marie-Laure Pellan, Patrice Teisseire-Dufour
LOUBATIÈRES
Nous tenons à remercier les institutions et l’entreprise qui nous ont aidés à publier ce livre
et la Communauté de Communes des Portes du Comminges
ISBN 978-2-86266-570-2 © Nouvelles Éditions Loubatières, 2008 10 bis, boulevard de l’Europe – BP 27 31122 Portet-sur-Garonne cedex contact@loubatieres.fr www.loubatieres.fr
LE COMMINGES Regards sur un patrimoine
photographies d’Alain Baschenis Préface de René Souriac textes de Pauline Chaboussou, Yves Chaboussou Marie-Laure Pellan, Patrice Teisseire-Dufour
Loubatières
LE COMMINGES, QUEL PAYS MAGNIFIQUE !
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vec en toile de fond, les Pyrénées centrales et leurs sommets aux formes originales ! Le Cagire, le pic du Gar, la Maladetta… Voilà bien pour tous les Commingeois des « paysages ordinaires » comme les appelle Laurent Lelli (thèse de doctorat, Université de Toulouse le Mirail). Au petit matin, ce sont ces « montagnes », selon l’expression ancienne, qui charmaient et charment encore le regard toujours fasciné par cette chaîne qui se dresse, majestueuse à l’horizon du Sud. Les hommes d’autrefois ont toujours contemplé ces montagnes considérées comme sacrées et partout vénérées. Elles leur indiquaient, par exemple, dans un domaine plus banal, le temps qu’il allait faire, selon leur plus ou moins grande proximité apparente en raison de la nébulosité du ciel. Les paysages commingeois sont une vraie richesse, ceux des coteaux, ceux des horizons dégradés du plateau de Lannemezan, ceux des vallées gasconnes dissymétriques ne les cèdent en rien à ceux de la montagne qui les domine toujours. Rien n’est plus merveilleux à l’automne et certains jours d’hiver qu’un lever de soleil sur le pays de Comminges, lorsque ses
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Ci-dessus : La chapelle de Bernet, dans le Luchonnais. Page de gauche : Paysage à Léoudary.
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premiers rayons éclairent l’Aneto puis le Cagire et enfin les crêtes d’où émergent les brumes qui submergent les vallées. Dans ce pays, les hommes ont dû contempler très tôt ces beautés puisqu’ils habitent cette région depuis les temps les plus anciens de la préhistoire : la Vénus de Lespugue en est le trophée le plus connu, mais les cercles pétroglyphiques du Val d’Aran, les mains mutilées des grottes de Gargas… illustrent une terre que l’homme a cherché très tôt à apprivoiser. Au point qu’on a donné à une époque de la préhistoire le nom d’Aurignacien en raison de l’horizon humain découvert vers 1860 dans l’abri sous roche d’Aurignac. Dès lors, il n’est guère étonnant de découvrir partout en Comminges des vestiges antiques: les conquérants romains ont mis leur griffe sur des régions déjà très fortement peuplées et développées. Le Lugdunum Convenae, ce
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Lyon du Comminges, – aujourd’hui site de Saint-Bertrand-de-Comminges – était une place commerciale essentielle dans les rapports entre les deux versants des Pyrénées bien avant la pénétration de la culture romaine. Celleci lui a donné le vernis spectaculaire des villas de Montmaurin, la plus connue de notre temps, mais sans doute pas la plus importante comparée à celles de Valentine, plus vaste encore, et de Chiragan à Martres-Tolosane qui a fourni au musée Saint-Raymond de Toulouse où ils sont conservés une collection remarquable de bustes d’empereurs romains.
Panorama depuis Benque.
Longtemps encore ce pays à la riche civilisation a fait parler de lui. Le grand évêque que fut saint Bertrand de Comminges contribua à pacifier la contrée au sortir des grandes invasions, quand l’Église renforçait partout son pouvoir, XIe -XIIe siècles, et contribuait, comme à l’abbaye de Bonnefont créée en 1136, à développer la mise en valeur du sol et donc l’éco-
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Paysage aux environs du village d’Alan.
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nomie du moment. Plus tard un successeur de cet évêque, Jean de Mauléon, a su puiser dans la culture européenne de la Renaissance en plein épanouissement à son époque, pour faire bâtir le chœur en bois à l’intérieur de la
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cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges : on y retrouve des thèmes chers au Michel-Ange de la chapelle Sixtine, les sibylles en particulier, ces prophétesses païennes remarquablement sculptées dans les stalles pour servir le projet cher à l’humanisme chrétien du temps, celui d’Érasme de Rotterdam, d’illustration du salut de l’humanité derrière le Christ rédempteur. Les comtes de leur côté firent entrer le pays dans la grande histoire. Étendant le comté jusqu’à Muret, le comte Bernard IV fut un des personnages les plus actifs de son temps, celui de la croisade des Albigeois. Vaincu à Muret, en 1213, par Simon de Montfort avec l’essentiel de la chevalerie méridionale, il fut cependant le conseiller très écouté des comtes de Toulouse. Mais la lignée comtale s’interrompit en 1453 et le Comminges entra dans le domaine royal français. Le Comminges a aujourd’hui disparu sur le plan administratif, adjoint à la partie nord de la HauteGaronne. Il n’en demeure pas moins un fleuron remarquable de la civilisation méridionale grâce aux trésors artistiques qu’il offre toujours au visiteur : puisse ce livre aider tous les amoureux de la culture à goûter les merveilles qu’il recèle !
Fresques de l’église de Saint-Aventin.
René Souriac
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ISBN 2-86266-570-2
29 €