NOUVELLES IMAGES LES DÉBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE DANS L’ALLIER
loubatières
CHÂTEAU DE MURAT Vers 1900. AD Allier, fonds Dessalles 40 J 63. Murat, surnommé « le riche » était le douaire des duchesses de Bourbon, qui le recevaient à leur veuvage ; Béatrix de Bourbon (épouse de Robert de France, l’un des fils de Saint-Louis) y mourut en 1310, Marie de Hainaut (veuve de Louis Ier) en 1354. Le château est mentionné à partir de 1061, époque à laquelle il appartient à Archambaud III le Fort. Il formait un poste avancé à l’ouest de la province. En forme de L, il était renforcé par un puissant donjon circulaire d’environ 14 m de diamètre, datant du XIIIe siècle. Les parties les plus anciennes remontent au XIe siècle et un logis plus confortable fut édifié dans cette forteresse militaire au XIVe siècle. Le château fut abandonné en 1527, date à laquelle le Bourbonnais fut rattaché à la couronne de France. Aujourd’hui, la végétation ne permet plus de voir le mur d’enceinte et l’éperon sur lequel a été construit le château. (M.-A. C.)
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ÉDOUARD HENRY Château de Hérisson. Négatif sur verre, 13 × 18 cm. Coll. part. Le château occupe une position stratégique, dominant la vallée de l’Œil. Il appartient au XIe siècle à Archambaud II de Bourbon. La légende veut que son chien se soit fait piquer par un hérisson en essayant de l’attraper ; Archambaud décida alors d’édifier une forteresse capable d’aussi bien se défendre que le hérisson, et l’animal donna son nom au site. Son histoire est mouvementée : en 1465 Louis XI le canonne lors de la Ligue du Bien public, en 1562 une communauté protestante s’y installe, en 1651 il est démantelé lors de la Fronde. Au XIXe siècle, le duc d’Aumale le vend à Monseigneur de Dreux-Brézé, deuxième évêque de Moulins. Il a appartenu au milieu du XXe siècle au Touring Club de France, et aujourd’hui il est propriété de la commune. En 1569, dans sa Générale description du Bourbonnais, Nicolas de Nicolay parle ainsi : « Le chastel d’Hérisson est place très forte et de fort belle marque, situé sur un haut rocher, près le fleuve l’Œil, dans une vallée environnée de montagnes et rochers… ». (M.-A. C.)
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ÉDOUARD HENRY Château de Bourbon-l’Archambault. Négatif sur verre, deux autochromes, 13 × 18 cm. Coll. part.
La forteresse a été érigée à l’époque carolingienne ; elle est protégée au nord par un escarpement naturel et au sud par un fossé qui rejoint la Burge. En 761, Pépin le Bref et son fils le futur Charlemagne prennent la place forte. Un nouveau château est reconstruit par un dénommé Guy qui prend le nom de Bourbon ; sa fille épouse Aimon ; ils donneront naissance à la famille de Bourbon. Bourbon, situé aux limites du Berry, joue un rôle de capitale et permettra l’extension du Bourbonnais vers l’ouest. À nouveau reconstruit par Archambaud VI au début du XIIe siècle, Bourbon ajoute à son nom celui d’Archambaud. Au XIVe siècle, une vaste basse-cour est aménagée, avec en son extrémité une puissante tour dite « Quiquengrogne », Louis II voulant ainsi montrer qu’elle serait construite malgré ce que l’on pourrait en dire. Un moulin fortifié est aussi construit afin de protéger l’étang en cas de siège. Deux Saintes Chapelles sont édifiées, l’une en 1315 par Louis Ier pour abriter un fragment de la Vraie Croix offert par Saint-Louis et l’autre en 1483 par Jean II. Le château incendié pendant la guerre de Cent Ans, le duc Louis II choisit alors Moulins comme capitale.La Révolution dévaste le château, puis ce sont les administrateurs du duc d’Aumale qui décident de la mise en vente 60
des vestiges. Il faut l’acharnement d’un historien local, Achille Allier, pour faire arrêter la vente, sur des arguments aux accents romantiques : « Non, les tours de Bourbon-l’Archambault ne doivent pas être livrées aux tailleurs de pierre ! Si l’héritier royal des millions du prince de Condé a tellement besoin de deux mille francs qu’il lui faille vendre la seule propriété qui lui rappelle son nom, moi, bourgeois de Bourbon l’Archambault, j’achèterai le château de nos ducs aux enchères, puis je graverai en lettres profondes sur ses vieilles murailles : ”Château des ducs de Bourbon, vendu à Achille Allier, bourgeois et artiste, par Mgr le duc d’Aumale, légataire universel du duc de Bourbon” ». Le moulin a conservé une tour de fortification du XVe siècle ; il a subi les évolutions technologiques et les bâtiments ont été reconstruits en style néo-gothique au XIXe siècle. (M.-A. C.)
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MOULINS, UNE RUE Juillet 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6366. La photographie a été prise dans la rue Régemortes, en direction des halles, à l’endroit où la rue enjambe la rue du Rivage. La première maison du côté gauche a été démolie de manière à aménager un escalier permettant de rejoindre la rue du Rivage. Dans leur ensemble, les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles ont gardé leur physionomie. Au bout de la rue, à l’emplacement du couvent des Filles de la Charité, se dressent depuis 1880 des halles de type Baltard, en briques et en fer, dont les transformations successives leur ont fait perdre leur structure d’origine. (M.-A. C.)
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INSTANTANÉS D’UN MONDE EN MOUVEMENT Dès le milieu du XIXe siècle, on assiste à une prise de conscience au sujet du progrès qui entraîne une déshumanisation, et pollue la nature vierge ; l’accélération du mode de vie engendre un sentiment d’insécurité, on parle de fin du monde. C’est dans ce contexte que naissent des associations, des sociétés, des archives et missions photographiques. Dans les années 1880, les appareils de plus en plus discrets réalisent des prises de vues de plus en plus rapides, permettant à la photographie de devenir un moyen d’investigation pour dénoncer les inégalités sociales, l’exploitation de l’homme et des enfants, les taudis, à la manière des écrits d’un Albert Londres. En 1889, le British journal of photography lance l’idée de constituer des archives photographiques mondiales. En 1897 est créée la National photographic record association chargée de recueillir des documents concernant les cérémonies et les fêtes traditionnelles de par le monde. En 1910, Albert Kahn constitue à Paris les « Archives
de la planète », afin de fixer les éléments traditionnels d’un monde en pleine mutation. L’œuvre d’Albert Kahn et les « Archives de la planète » Abraham (dit Albert) Kahn naît à Marmoutier (Bas-Rhin) le 3 mars 1860, d’un père marchand de bestiaux, juif alsacien. Sa mère, Babette Bloch, décède en 1870, année de l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’empire allemand. La famille Kahn, souhaitant rester française, s’installe à Saint-Mihiel dans la Meuse, puis à Paris dans le Marais. À 19 ans, Abraham décide de changer son prénom pour celui d’Albert. Après des études de droit, il devient fondé de pouvoir à la banque Goudchaux & Cie, avec laquelle il s’associe en 1892. Il fait fortune en spéculant sur les mines d’or et de diamant d’Afrique du sud. En 1898, il crée sa propre banque. Il oriente ses placements financiers vers le Japon et établit des contacts avec l’ambassadeur 63
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Ci-contre. VUE PANORAMIQUE SUR UNE PLAINE, PUY AU FOND Juillet 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A006381.
Ci-dessus. ROUTE DE GANNAT À SAULZET 6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A006247.
Le point de vue de la géographie humaine qui est celui des opérateurs des « Archives de la Planète » et de Jean Brunhes les amène à attacher une importance toute particulière aux paysages ruraux, dont l’étude ne fait alors que commencer et culminera en France une vingtaine d’années plus tard avec les travaux de Marc Bloch (Les caractères originaux de l’histoire rurale française, Oslo-Paris, 1931) et de Roger Dion (Essai sur la formation du paysage rural français, Tours, 1934). Considéré à la fois comme une résultante de la géographie physique, et comme le produit des techniques et de l’organisation sociale d’un territoire, le paysage agraire que fixent les photographes d’Albert Kahn n’a plus rien à voir avec le paysage tel que l’ont reproduit à la génération précédente, un Le Gray ou un Tillot à Barbizon. L’accent est mis sur la nature des cultures, leur répartition dans le paysage, le parcellaire, l’habitat rural, etc. Ici, les opérateurs se sont intéressés à la viticulture et au mode de conduite de la vigne sur échalas, et plus globalement au paysage ouvert de la Limagne, qui n’est pas à proprement parler un openfield en raison des arbres fruitiers complantés dans les champs, mais appartient au type de paysages que les géographes désigneront sous le nom de « champagnes ». On est notamment frappé par un des caractères de la Limagne bourbonnaise depuis le XIXe siècle, l’extrême morcellement des parcelles. Les évolutions qu’ont connues ces paysages au XXe siècle justifient pleinement l’attention que lui ont accordée les « Archives de la Planète » : régression de la viticulture et nouveaux modes de plantation de la vigne sur fil de fer, arrachage généralisé des noyers et des fruitiers de plein champ, remembrements, urbanisation incontrôlée, etc. L’autochrome, pourtant bien du XXe siècle, nous donne la première, mais aussi l’ultime vision en couleurs de la Limagne qu’ont connue l’abbé Delille ou Lamartine. (A. P.)
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INSTANTANÉS D’UN MONDE EN MOUVEMENT
MOULINS, ANCIEN CHÂTEAU DES DUCS DE BOURBON, TOUR MAL COIFFÉE Juillet 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6374 En 1327, le Bourbonnais est érigé en duché dont Moulins devient la capitale. Le château est le siège d’une cour brillante, en particulier sous Pierre II et Anne de France. Au rattachement du Bourbonnais à la couronne en 1527, Moulins passe dans le douaire des reinesmères, et le château accueille les grands du royaume, jusqu’à l’incendie de 1755 qui le détruit en grande partie. L’ancienne tour du donjon, appelée la « mal-coiffée » en raison de sa toiture moderne, a été l’une des seules parties épargnées. À côté, subsiste une baie jumelée au remplage gothique qui éclairait la chapelle castrale. Les maisons qui bordent la Descente du Château ont été construites à l’emplacement des jardins de l’ancien château des ducs.
(M.-A. C.)
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MOULINS, UNE RUE ET DES HABITANTS (VUE PLONGEANTE) 6 août 1911 © Musée AlbertKahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6370 Cette partie de la rue du Rivage a été démolie. On voit des maisons du XVIIe siècle, avec leurs toits pentus couverts de tuiles plates, dites « bourbonnaises » et percés de lucarnes. L’enseigne de la grande maison dans le virage est celle de F. Sauvadet, marchand de chiffons. Les femmes sont assises dans la rue. Des bassines traînent sur le trottoir et du linge pend aux fenêtres. La rue pavée est jonchée de crottin de cheval. Une carriole stationne près d’une pompe à eau. Cette photographie nous plonge dans un XIXe siècle qui traduit la misère urbaine. Il est probable qu’Auguste Léon ait réalisé cette vue plongeante depuis la rue Régemortes qu’il a photographiée à l’endroit où elle enjambe la rue du Rivage. (M.-A. C.)
à la découverte du monde ; réservée au début à des Français, cette bourse devient accessible en 1906 aux Japonais et aux Allemands. Albert Kahn est persuadé que les jeunes agrégés et universitaires peuvent être des artisans convaincus, actifs et enthousiastes d’une société nouvelle faite de compréhension entre les peuples et de paix internationale. En 1908, il part pour le Japon et la Chine, en passant par les États-Unis et fait prendre de nombreux clichés stéréoscopiques et images cinématographiques à son chauffeur-mécanicien, Alfred Dutertre, formé à la photographie.
du Japon à Paris et avec la famille impériale qu’il recevra dans ses propriétés, et chez laquelle il se rendra. Il s’établit à Boulogne-sur-Seine dans un hôtel particulier autour duquel il fait aménager des jardins thématiques. Le monde de la finance ne lui apporte pas pleinement satisfaction, aussi souhaite-t-il s’engager dans la quête de la paix universelle. En 1885, l’université obtient le droit de recevoir des fonds privés. Albert Kahn va ainsi débuter son action de mécène en 1898 avec une bourse de voyage « Autour du monde », attribuée à de jeunes agrégés pour leur permettre de partir pendant plus d’un an 66
MOULINS, PLACE D’ALLIER, FONTAINE 6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A6368. MOULINS, UNE RUE 6 août 1911 © Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine, opérateur Auguste Léon, inv. A63689. Côté est, la place et la rue d’Allier sont bien calmes, mis à part quelques hommes coiffés d’un canotier qui semblent observer la vasque de la fontaine. Fontaine qui avait été commandée en 1789 par M. de Saincy et installée sur les cours afin de permettre aux habitants de s’approvisionner en eau. Au centre se dresse une colonne baguée et cannelée en pierre de Coulandon dont les gueuloirs représentent des têtes fantastiques mi-humaines mi-animales. En 1838, jugeant qu’elle gênait la vue sur les cours, elle est démontée et transportée place d’Allier où l’architecte Durand supprime le piédestal orné de tortues et remplace le couronnement en fleur de lys par une boule en fonte. À droite, la façade de la maison de l’angle de la place est habillée d’enseignes variées. Les premières maisons de la rue d’Allier sur la gauche ont laissé place à une façade art Déco suivie de la façade art Nouveau des Nouvelles Galeries. Côté ouest la place, qui est un haut lieu du commerce depuis le XVe siècle, se resserre pour se terminer en rue, toujours bordée de boutiques. La place d’Allier, en complète restructuration devrait présenter sa nouvelle physionomie en septembre 2012. (M.-A. C.)
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LE PICTORIALISME
ÉMILE MÂLE Ruines gothiques. Négatif sur verre, 13 × 9 cm. Commentry, espace Émile-Mâle. C’est un Émile Mâle plus poète romantique qu’historien de l’art médiéval qui a pris cette photographie d’arcades brisées d’une nef ou d’une croisée de transept envahies par la végétation.
(M.-A. C.)
au moulin de la Galette réalisé en 1876 par Renoir… La couleur va progressivement s’imposer. En 1857, Maxwell finalise les travaux sur la synthèse additive en superposant trois images filtrées selon les trois couleurs primaires (rouge, vert, bleu), reprenant les théories du chimiste Chevreul (De la loi du contraste simultané des couleurs, 1839) qui ont également un grand impact sur les peintres post-impressionnistes, dits pointillistes (Seurat, Signac). (M.-A. C.)
Les premiers photographes sont souvent des peintres qui bifurquent vers une nouvelle technique : c’est le cas de Baldus, Charles Nègre, Henri Le Secq…, avant que le photographe devienne lui-même un artiste. La première exposition internationale d’art photographique sera organisée en 1891 par le Kamera Club de Vienne. En 1883, le chronophotographe mis au point par Étienne Jules Marey, permet d’enregistrer les différents stades du mouvement, le dynamisme de la vitesse. Une technique qui inspirera les peintres futuristes italiens comme Giacomo Balla qui réalise en 1912 Fillette courant sur un balcon ou encore Marcel Duchamp la même année avec Nu descendant un escalier. Les photographies de vues plongeantes sur des personnages évoluant au milieu de paysages sont proches de la peinture des Nabis comme Le ballon peint en 1899 par Félix Valloton ; un arbre du premier plan se détachant sur un fond flou traduit la vogue du japonisme ; des éclats de lumières jouant sur les vêtements évoquent Le bal
Un photographe « pictorialiste » : Robert Leinbacher (Barcelone 1883 Moulins 1967) Robert Leinbacher est né le 30 avril 1883 à Barcelone où son père est brasseur. La famille est d’origine suisse. Son père décède alors qu’il n’a que 3 ans, et il revient en France, à SaintDié, avec sa mère et sa sœur, à l’âge de 19 ans. Il travaille comme dessinateur dans les tissages de Roubaix, 102
LE PICTORIALISME FRANÇOIS LEGROS (1855-1935) Vaches s’abreuvant. Coll. part. La peinture du milieu du XIXe siècle porte un nouveau regard sur la nature, on évoque un « retour à la terre » ; l’artiste montre les travaux des champs dans toutes leurs difficultés, les animaux font aussi l’objet de l’attention, en particulier les bovins, comme les ont si bien représentés Jacques-Raymond Brascassat (1804-1867), Constant Troyon (1810-1865), Rosa Bonheur (18221899), Félix-Dominique de Vuillefroy (né en 1841) et bien d’autres… Ce cadrage des vaches descendant dans la mare pour s’abreuver est dans la veine des cadrages des peintres animaliers.
(M.-A. C.)
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Le capitaine, le commandant et Marcel Fournier, commandant en second de « La Seyne » en costume traditionnel de Mascate, Golfe persique, vers 1896.
aux papeteries des Chatelles à Raonl’Étape, chez un publiciste à Paris. Il épouse Jane Poirel le 22 juillet 1914 ; le jeune couple part en voyage de noces en Allemagne au moment où la guerre est déclarée et il doit y rester quelque temps. À Neuville-les-Raon, ses beaux-parents voient par deux fois leur hôtelrestaurant « Le Terminus » bombardé, et ils se réfugient à Moulins où ils ont de la famille. La famille se retrouve à Moulins en septembre 1915. Pour aider sa sœur qui soigne des soldats blessés, Robert accepte de venir les photographier et de développer les clichés. C’est ainsi qu’il se fait une réputation, construit un atelier au fond du jardin de la maison du 7 avenue Meunier. Il se spécialise dans les dégradés de couleur sépia, travaillant le fond à l’aérographe et ajoutant quelques hachures à la plume ;
il réalise aussi de nombreux agrandissements et retouches, des photos de réclame (pour les voitures et camions Crouzier de la rue de Bourgogne, pour l’usine Lefèvre de la route de Lyon qui fabrique des tours à métaux). Il décède le 30 août 1967 à Moulins. (M.-A. C.) Un peintre photographe : Marcel Fournier (Chantelle, 1869 – Margnylès-Compiègne, 1917) L’activité photographique de Marcel Fournier se situe en plein épanouissement du courant photographique du « pictorialisme », dans la dernière décennie du XIXe siècle. Marin au long cours, engagé à l’âge de 18 ans comme pilotin et devenu plus tard capitaine de vaisseau, Marcel Fournier pratique le dessin depuis l’enfance. Après avoir renoncé à l’École des beaux-arts et pris
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LE PICTORIALISME
ROBERT LEINBACHER Nature morte aux fruits et aux légumes. 9 octobre 1910, 10 × 15 cm. Coll. part. Nature morte au bouquet de fleurs. 18 × 13 cm. Coll. part. Ces deux natures mortes de Robert Leinbacher sont conçues comme des natures mortes picturales. Bouquet de fleurs au centre de la composition, se détachant sur un fond neutre, répartition harmonieuse des couleurs : les œillets blancs sont placés sous les pivoines rouges, avec un rappel en partie supérieure ; au centre, deux tulipes ; une tulipe fanée et quelques feuilles sont négligemment disposées sur le guéridon au pied du vase. Toujours un fond neutre, mais dans une atmosphère de jardin faussement négligée, avec une table en métal et une chaise à lattes de bois, pour la nature morte aux fruits et légumes. La composition pyramidale est savamment organisée sur une ligne oblique : les plantes aromatiques nous conduisent aux tomates dont le rouge est mis en valeur par le plat blanc ; le regard « monte » vers la coupe garnie de raisins blancs et noirs, puis « redescend » vers le chou-fleur, les poireaux, les aulx et les oignons. De longues et souples branches sont disposées sur la chaise à droite, évitant une coupure trop brusque de la composition. Deux compositions dans l’esprit des natures mortes flamandes du XVIIe siècle. (M.-A. C.)
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NOUVELLES IMAGES, LES DÉBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE DANS L’ALLIER
MARCEL FOURNIER Pique-nique, 9 × 13 cm. Moulins, FDPB. Si le thème peut faire penser au Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, le jeu du soleil qui en passant à travers les feuilles des arbres forme des pastilles sur les personnages n’est pas sans rappeler Le bal au moulin de la Galette d’Auguste Renoir. (M.-A. C.)
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LE PICTORIALISME
MARCEL FOURNIER Rivière. 9 × 13 cm. Moulins, FDPB.
MARCEL FOURNIER La Creuse à Crozant. Huile sur toile, 54 × 45 cm. Moulins, FDPB.
Avec Camille Corot, apparaît un genre nouveau : le paysage réel peint d’après nature et non plus une fantaisie d’atelier. Dans toutes les provinces se constituent des groupes de peintres qui croquent les plus beaux paysages, donnant ainsi naissance à des écoles comme celles de Barbizon, Pont-Aven, Murols et Crozant où Marcel Fournier aima peindre et photographier les rochers plongeant dans la Creuse. (M.-A. C.)
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NOUVELLES IMAGES LES DÉBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE DANS L’ALLIER Dans le cadre de ses expositions fédératrices, l’association des Musées Bourbonnais, a choisi de traiter du thème des premières photographies dans le département de l’Allier. Plusieurs musées du département possèdent des photographies datant de la seconde moitié du XIXe-début XXe siècle, auxquelles viennent s’ajouter des appareils de professionnels. Leur étude a été complétée par les collections de quelques particuliers et du Fonds de dotation Pierre-Bassot à Moulins. À ces collections locales, il est important d’ajouter celle d’Albert Kahn concernant le Bourbonnais. Albert Kahn (1860-1940), banquier et mécène, a constitué l’un des plus importants fonds de photographies couleur du début du XXe siècle, « Les Archives de la Planète », actuellement conservé au musée départemental AlbertKahn de Boulogne-Billancourt. Une trentaine de photographies inédites concernent le Bourbonnais, en particulier Saint-Pourçain-sur-Sioule, Moulins et Vichy. Exemplaires uniques, ces premières photographies se veulent des témoins ethnologiques pour les générations futures en illustrant les premiers principes de la géographie humaine, mais également en se mettant au service de la science, de l’archéologie, des évènements d’actualité. Sans oublier l’intérêt des premiers touristes pour cette nouvelle technique leur permettant de rapporter des souvenirs de leurs voyages, ni celui des artistes-photographes qui vont lancer le mouvement pictorialiste.
Textes écrits par : Marie-Anne Caradec, musée de Cusset (M.-A. C.) Jean-François Chassaing, Maison du Luthier/musée de Jenzat (J.-F. C.) Antoine Paillet, Conseil général de l’Allier (A. P.)
ISBN 978-2-86266-670-9 EN COUVERTURE : Édouard Henry, CHÂTEAU DE BOURBON L’ARCHAMBAULT, autochrome, 13 x 18 cm, © collection particuière.
25 €
9 782862 666709
www.loubatieres.fr
avec les contributions de : Maud Leyoudec, attachée de conservation du patrimoine, musée Anne-de-Beaujeu de Moulins (M. L.) ; Marie-Line Therre : musée des arts d’Afrique et d’Asie de Vichy (M.-L. T.) et la participation de : Sandra Chabert, archéologue ; Giovanni Chinaletto, musée de Souvigny ; et Jean-Claude de Durat