Le Secret de la domination

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Les événements dramatiques de l’année 2015, période encadrée par deux vagues d’attentats terroristes en France et, plus généralement pour l’Europe, marquée par cette crise « des migrants » encore en cours à l’heure où j’écris ces lignes, ont montré que ce qui était désormais en jeu, et venant apertement au visible après un temps d’incubation – en vérité : de permanent mensonge « spectaculaire » et de systématique « déni du réel » – d’une trentaine d’années, n’était rien de moins que l’islamisation de notre continent ; et processus qui, joint à celui plus sournois de la « mondialisation » : les deux mâchoires de l’étau amalécite se resserrant sur nous, avait au moins ce mérite de contraindre l’Europe à se (re)poser la question – qu’elle s’imaginait avoir depuis longtemps résolue – du divin et de son « spirituel » afférent ; tout se passant comme si, par cette immense migration de peuples en majorité de confession musulmane – et toujours et uniquement à destination de l’Europe –, c’était la dimension même du théologique – que notre continent croyait également avoir conjurée : évacuée à la manière d’une « vieille lune » philosophico-politico-sociale – qui revenait, en ce mode tout à la fois inquiétant et fracassant, à l’ordre du jour : ce dont atteste le simple et très constatable fait que, en le présent débat « démocratique » – et même si, « laïcité » oblige, il est théoriquement interdit d’y faire référence (pour ne pas, comme on dit, « stigmatiser » certaine communauté…) –, on n’a jamais autant parlé de « Dieu », de « religion » et autres « identité » ou « culture » associées à ces notions. L’irruption récente (une trentaine d’années tout au plus) et violente (le prosélytisme en forme « terroriste » qui l’accompagne) d’un islam européen, en ce sens, n’est rien d’autre que le retour, en une guise atypique et imprévue, de la dimension, non tant du « religieux », que du théologique en une « zone » géographico(anti-)spirituelle qui croyait, depuis au moins les « Lumières », s’en être émancipée : comme si tout à coup, en la bataille spirituelle dont l’Europe est le champ depuis son entrée dans les « temps modernes » – et bataille dont tous s’accordaient, comme au soir d’une autre, à penser qu’elle était sur le point d’être gagnée (n’y manquant plus, pour parachever le triomphe, que l’appoint des troupes fraîches de quelque Grouchy idéologico-néo-progressiste) –, surgissait inopinément le Blücher de ce qui se donne en apparence comme un « retour du religieux », mais qui en vérité, et bien plus 7


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profondément, n’est rien d’autre que la réintroduction dans le débat « politique » européen de la dimension oubliée et comme « médiévale » de ce théologique. Voici donc que, après plusieurs siècles d’« abstention » (au sens électoral), « Dieu », ou « Allah », se mêle à nouveau des affaires humaines – « refait, pour ainsi dire, de la politique » – ; et là-même où l’on était persuadé que, de toute façon, Sa « cause » était perdue, Son « parti » historialement éradiqué : en cette Europe démocratico-laïco-rationaliste qui, en la forme de la victoire totale de l’économico-politique sur le « spirituel », s’imaginait que là-dessus au moins il n’y aurait plus à revenir – tant les catégories du premier lui semblaient l’avoir définitivement emporté sur celles, « archaïques » et (donc) moyenâgeuses, du second – ; et voici que celles-ci, par le biais de cette immigration musulmane à destination de l’Europe – dont cette « crise des migrants » en cours n’est qu’une vague un peu plus haute et plus spectaculaire (en en attendant d’autres…) –, sont en train de revenir. Car ce qui caractérise dans le fond ces populations « migrantes », ce n’est même pas le fait qu’elles soient – et s’affichent fièrement-clairement – de « confession islamique » ; plutôt celui que, désirant s’établir pour longtemps en Europe – y faire, comme on dit, « souche » : qui peut croire que, une fois la guerre finie en Syrie ou la dictature renversée en Erythrée, elles retourneront dans ces pays ? –, elles apportent en leurs valises « confessionnalo-culturelles » une conception du rapport entre politique et théologique que l’Europe elle, de son côté, a depuis longtemps apostasiée ; et conception qui, parce qu’elle pose que ce « politique » ne saurait être que « soumis » (la traduction du mot même de « musulman ») au « théologique », ne peut bien sûr en aucune façon s’accorder à la conception européenne – qui pense, elle, sur ces questions, à peu près tout le contraire – de ce même « rapport ». L’erreur la plus profonde des idéologues du néo-progressisme dominant – ceux-là mêmes qui, en ce moment : à grand renfort de campagnes médiatiques et autres mensonges « spectaculaires » (cf. notamment, le récent « montage » autour de la photo-icône de ce petit enfant migrant noyé), s’efforcent de convaincre – sans grand succès semble-t-il : d’où leur recours à ce « terrorisme de l’image » – les populations européennes que cette (im)migration musulmane serait tout à la fois un « devoir » (humanitaire) et une « chance » (économique) est de s’imaginer que ces populations islamiques, en se fondant dans la plus vaste masse « européenne » de leurs pays d’accueil, finiront par « imprimer » cette conception même – celle

qui pose que, en Europe, les catégories du « politique » et du « théologique » sont séparées – ; et croyance qui constitue une parfaite illusion dans la mesure où demander cela à des musulmans, c’est tout simplement exiger d’eux qu’ils apostasient leur foi islamique – en quelque sorte : qu’ils se fassent « néo-chrétiens » (comme le sont sans le savoir les néo-progressistes) – : puisque l’islam, comme on vient de le voir, a, sur cette question du rapport entre le « politique » et le « théologique », une tout autre position ; et « position » qu’il ne saurait abandonner sans se renier lui-même : ce dont atteste notamment, dans le cas particulier de la France, le comportement de la communauté musulmane – celle issue cette fois-ci de l’immigration africano-maghrébine en direction de l’(ex-)puissance coloniale – ; et communauté qui, malgré tous les efforts des autorités en ce sens, s’avère absolument rétive à la notion de « laïcité républicaine » – sur laquelle elle ne cesse de rogner patiemment et obstinément – ; et cela, non tant du fait que cette communauté mettrait un mauvais vouloir à (ne pas) s’« intégrer », que de celui qu’elle a tout de suite compris que cette « laïcité » était, sous son apparence de neutralité affichée, encore une catégorie d’inspiration « chrétienne » (ou, donc, néo-chrétienne) : une « catho-laïcité » comme l’observait justement, il y a quelques années, un commentateur musulman. Les mêmes idéologues néo-progressistes, pour tenter de rassurer les populations européennes inquiètes devant une telle « submersion » de l’Europe par l’islam, s’efforcent de convaincre leurs compatriotes que ces « musulmans-là », réfugiés pour la plupart venus de Syrie ou d’Irak, seraient « différents » de ceux qu’ils ont l’habitude de côtoyer – ceux venus eux, pour des motifs économiques, du Maghreb ou de l’Afrique sub-saharienne (ce qui, je le note au passage, n’est guère aimable pour ces derniers) – : les présentant comme une sorte d’« élite », non seulement sociale – médecins, avocats, ingénieurs, etc. –, mais aussi, en quelque sorte, « politique »… au sens où l’on tiendrait enfin des « musulmans » qui, « bien que » musulmans, seraient sincèrement épris de toutes les « valeurs » que nous, Européens, avons coutume de regarder comme nos traits civilisationnels les plus précieux, la « liberté d’expression », la démocratie, la tolérance religieuse, les « droits de l’homme », etc., etc. Or une récente information – que les médias néoprogressistes se sont bien entendu abstenus de divulguer – a révélé que déjà, dans les camps allemands où sont regroupés les migrants, des musulmans avaient commencé de persécuter les réfugiés de confession chrétienne ; et information qui apporte quelque crédit à cette rumeur qui avait couru un temps (mais sans pouvoir être ni infirmée ni confirmée) que, sur les

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embarcations de ces mêmes migrants traversant la Méditerranée, d’autres musulmans, et probablement eux aussi épris de « tolérance religieuse » et de « droits de l’homme », avaient tout simplement passé par-dessus bord d’autres chrétiens… les condamnant par là à la même mort par noyade que celle du « petit Aylan »… mais sans que celle-ci, dans le cas de ces malheureux « chrétiens d’Orient » jetés ainsi à la mer par leurs « frères » migrants, ne fasse l’objet de quelque campagne médiatico-néoprogressiste de grande ampleur. Il ne s’agit pas ici, on l’aura compris, de se faire le relais d’informations qui ne sont peut-être après tout que des calomnies « islamophobes » : seulement de relativiser quelque peu l’argument de ces musulmans toujours-déjà acquis aux « valeurs » européennes – en quelque sorte : toujoursdéjà « européens » – ; et musulmans qui, sans doute par amour de ces mêmes « valeurs » : adhésion enthousiaste à la conception du monde qu’elles illustrent, auraient spontanément choisi, dans le moment de fuir, le chemin de la « tolérante », « droit-de-l’hommiste » et si « humanitaire » Europe ; et qui, connaissant les véritables enjeux se cachant derrière cette (im)migration de peuples entiers – « L’Europe ne peut pas accueillir toute la Syrie », s’exclamait il n’y a pas si longtemps un Mélenchon (pourtant peu soupçonnable d’une quelconque « islamophobie ») – peut croire cela ? C’est qu’en vérité ici, sous la double guise de cette submersion musulmane (en mode démographico-migratoire) et de cette mondialisation (à forme économico-politique), un « plan » particulièrement répugnant est à l’œuvre ; et plan visant, non tant à procéder à ce « grand remplacement de peuple » dont parle Renaud Camus, qu’à expulser la population européenne de sa propre essence ; et essence qui, malgré bien des aléas : dont, à partir de la (dite) « Renaissance », cette progressive émancipation du politique vis-à-vis du théologique – formule qui résume à elle seule cinq siècles d’histoire de notre continent –, est demeurée en son « fond » de signature judéo-chrétienne. Et je sais bien que formuler ici une telle hypothèse m’expose au risque de passer aux yeux de mon lecteur, fût-il le plus bienveillant et le plus toujours-déjà acquis à mes thèses (les plus extrêmes), pour une sorte de « paranoïaque » voire de « délirant » – un peu semblable en cela à ces gens qui, au Moyen-Âge, discernaient la « main du diable » en toutes circonstances – ; mais alors, si l’on pense cela, il faudrait trouver, pour expliquer cette étrange « alliance objective » entre islamisation de l’Europe et mondialisation – et « alliance » qui fait que, par exemple, l’islamophile-néo-progressiste Plenel et le « patron des patrons » Gattaz, bien

que venus des deux bords opposés du spectre politico-social, sont au moins d’accord sur ce fait qu’il faille ouvrir toujours plus largement nos frontières à cette immigration « musulmane, forcément musulmane » –, une autre théorie que la mienne : théologico-amalécite ; c’est-à-dire celle qui pose que le véritable, quoiqu’encore secret, objectif de la domination – dont le nom « économico-politique » est donc « mondialisation » et celui « théologique », sous ma plume, « Amaleq » – n’est rien d’autre que l’éradication en le continent où il s’était justement développé – lui conférant par là son essence pratico-« spirituelle » – de tout (judéo-)christianisme. Ce qu’il faut bien comprendre ici est que, pour traiter de telles « questions » – et si profondes –, il faut raisonner, non pas en termes de « complot » et de « complotisme » – car je doute qu’une seule personne au monde, et aussi sombre et « machiavélique » soit-elle, ait réellement conscience de ce qui est à l’œuvre en les événements immenses qui se déroulent sous nos yeux (et en ce sens, tous les « amis du désastre » dont je vais ici parler ne sont – en le mode du christique et fameux « Ils ne savent pas ce qu’ils font » – que des « idiots utiles ») –, mais en celui de logique : notion que mon lecteur, s’il veut vraiment me comprendre – s’il veut éviter le piège qui consisterait, devant l’« énormité » de certaines de mes thèses, à me ranger illico dans la catégorie des « complotistes » et autres (pour le coup !) « délirants » – doit toujours avoir à l’esprit. Le mot de « domination », loin d’évoquer l’action malfaisante de je ne sais quelles caste, classe ou oligarchie – voire « peuple » : on sait bien toujours lequel –, ne dit donc ici que le nom d’une certaine logique – dont je vais essayer, dans les pages qui suivent, de révéler les très « modernes » attendus –… comme celui, plus théologique, d’« Amaleq » est l’appellation d’une très cohérente (quoique très ignominieuse) « conception du monde » – « le monde comme produit de ma volonté et de mon travail » – ; et conception qui, si elle a mérité ce nom peu ou prou démoniaque, c’est parce que, en son projet même : celui donc d’un « produire le monde » (H. Juvin), elle était cela qui s’opposait en tout point à celle « divino-biblique » qui pose que ce même monde est le fruit d’une (divine) Création. On se dira peut-être que ce n’est là que « subtilités de théologiens » – questions, comme on dit, sur « le sexe des anges » –, et sans rapport avec les événements bien réels et bien pratiques que nous vivons en ce moment ; en quoi on aura tort, car ce qui nourrit justement ces événements, c’est cette guerre même – d’essence on le comprend dès lors spirituelle – entre ces deux conceptions – l’amalécite et la biblique – ; et « guerre » qui, en la forme du « combat spirituel » rimbaldien : dont le même poète disait qu’il

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était « aussi brutal que la bataille d’hommes », fait aujourd’hui le fond très pratique et très concret – quoiqu’encore le plus secret – de toutes les oppositions – politiques, économiques, sociales, « sociétales » ou confessionnelles – qui se déchaînent en notre époque furieusement « apocalyptique » et « armagueddonesque » : par quoi l’on voit que ce qu’on pourrait prendre à première vue pour des « subtilités de théologiens » est tout ce qu’il y a de plus réel et de plus actuel – dont cette étrange « alliance objective » entre islamisation de l’Europe et mondialisation apparaît alors comme un des effets très pratiques du plan amalécite en vue d’expulser toutes choses de leur essence : à commencer par celle, de signature « judéo-chrétienne », d’un continent entier ; quoiqu’ici pour des raisons encore plus « profondes » et décisives que celles qui, ailleurs, président à la « désessentiallisation » des autres choses de ce monde.

Car l’Europe, en tant que « zone géographico-spirituelle » très particulière : celle-là même où, d’une certaine façon, tout a commencé (dont la « guerre théologique » que je dis, et ravageant aujourd’hui la totalité de la planète), n’est pas un continent comme les autres : celui-là même, disait Husserl, d’une « crise » permanente et en-venue depuis sa fondation-par, justement, le (judéo-)christianisme ; et « crise » qui, de proche en proche, par le jeu notamment des divers empires coloniaux européens – constitués chacun par des « nations » qui jamais ne parvinrent à s’unir : autre trait caractéristique de cette même « crise » –, a fini par contaminer le reste du monde : ce qui peut aussi, en ce mode historico-subliminal, expliquer pourquoi notre continent demeure la destination favorite de tous ces « migrants » issus de ce « reste »-là – ce qu’on appelait jadis le « Tiers-monde » – ; et sans doute parce que, inconsciemment, ils pressentent que c’est là que continue de se jouer, sur ce théâtre de l’histoire qu’est, depuis au moins cinq siècles, le « Vieux continent », le « sort du monde » ; et quel individu, que ce soit par le vecteur d’un peuple, ou d’une confession voire d’une « idéologie », ne rêve de participer à un tel « faire-l’histoire » ? On s’étonnera peut-être que je continue de donner à cette « vieille Europe » – dont, d’une part, les diverses nations qui la constituent ne sont plus aujourd’hui que des « puissances de second ordre », et dont, d’autre part, l’« union » n’a débouché sur la constitution d’aucune effective grande puissance politique (comme le sont les États-Unis, ou la Chine, ou tous autres « pays émergents »

de quelque envergure)… sinon sur celle de ce statut bâtard de géant économique affecté de nanisme politique – une telle importance « historiale » – et erreur de jugement géo-stratégique qu’on attribuera peut-être aussi alors à mon indécrottable « européo-centrisme » (une critique qui revient souvent dans la bouche de certains de mes lecteurs : je vais montrer ici qu’elle est absurde) – ; mais en vérité, si l’on se place dans la perspective que je viens d’ébaucher : c’est-à-dire celle, non tant politique, ou économique (voire même « culturelle »), que bel et bien historialo-théologique, cette « importance », quoique devant être désormais mesurée à l’aune, non plus du géo-stratégique, mais du « spirituel », demeure extrême ; et cela pour la raison que ce qui s’est joué il y a au moins cinq siècles en Europe – à savoir : cette « apostasie très particulière » du christianisme qui a conduit à l’invention du techno-capitalisme (qui est bien plus qu’un « système économique » : plutôt une « guise – et elle aussi : “très particulière” – de l’être ») – continue de concerner l’ensemble du monde dont les diverses puissances, quoique désormais « non-européennes », demeurent tout entières dans l’orbe de cette « guise » même… à laquelle, dans ma Profondeur – et pour bien la distinguer de « ce dont l’Europe est le nom » –, j’ai donné l’appellation d’« Occident » – ou si l’on préfère : d’« occident(alisme) » – ; et « occidentalisme » qui, après avoir épousé à partir de son « pas de tir » européen, le mouvement centrifuge d’une extension irrésistible à l’ensemble de la planète (avec les dommages collatéraux que l’on sait), est en train, en un mouvement anti-symétrique de signature cette fois-ci centripète – dont le nom économique est donc « mondialisation » et celui confessionnalodémographique « migration islamique » –, de revenir à/sur son lieu de naissance (ou « de tir » : imaginons une fusée qui, ayant décollé de quelque base (théologico-)astronautique – cette Europe même – y reviendrait après avoir fait le tour du monde… pour, suite à quelque « erreur de calcul » de ses concepteurs, s’y écraser et la détruire rédhibitoirement). Autant dire que ce qui arrive en ce moment à l’Europe – dont cette « crise des migrants » n’est, en cette forme médiatico-humanitaire, qu’un avatar seulement un peu plus « spectaculaire » et inquiétant – n’est rien d’autre que la conséquence lointaine de ce dont, il y a des siècles : par l’invention de cette « guise de l’être » qu’est le techno-capitalisme – de cet « occidentalisme » dont j’ai pointé en ma Profondeur l’origine proprement christo-(anti-)théologique : la tentative par les « hommes d’Occident » de s’opposer au retrait d’un divin ayant commencé, avec le Dieu christique, de quitter le monde (la tentative, malgré la défense absolue de Son Noli me tangere, de le « retenir ») –, cette

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même Europe avait, dans les affres d’un autre « combat » – lui « philosophique » quand le nôtre ne peut plus être que « spirituel » – accouché ; et qui peut croire que, les choses étant ce qu’elles sont : la « fusée » du technocapitalisme étant sur le point, en la courbe de cette « mondialisation » économico-politique doublée de cette submersion démographico-confessionnelle, de revenir à son point de départ, elles vont en rester là (et que par exemple, suite à ce retour d’un refoulé d’essence théologico-historiale, nous allons rentrer, nous Européens, en les délices du séjour en une société multi-ethnique/multi-culturelle/multi-confessionnelle dont l’idéologie néo-progressiste dominante – inféodée en sa totalité à cette mondialisation même – nous vante chaque jour – quoiqu’avec, semble-t-il, de moins en moins de succès : tant son prêchi-prêcha apparaît à toujours plus d’individus comme un pur déni du réel – les mérites économiques et les vertus morales) ? Car la « mondialisation » – qui n’est donc que le bras économico-armé de cette « domination » dont je viens de révéler ici l’origine (anti-)théologico-amalécite – a déjà, en ce registre du culturo-confessionnel, choisi son « champion » ; et champion qui ne peut être que l’islam, la religion appelée à devenir, par le simple jeu de la démographie et de cette « immigration de masse », la spiritualité dominante de l’Europe ; mais non tant pour la raison qu’aiment à exciper certains théoriciens de l’« extrême droite » européenne-populiste (cf. notamment les thèses d’un R. Camus à ce sujet) que cet islam serait susceptible de procurer au techno-capitalisme mondialisé des travailleurs plus « soumis » (puisque c’est là, on l’a vu, le sens du mot de « musulman ») que ceux d’origine « souchienne-européenne » (qui, s’ils ne sont pas encore musulmans, ne sont plus guère non plus « chrétiens »), que pour celle-ci que le véritable but de cette même mondialisation – i. e. : de cette domination à vocation en réalité amalécite-anti-biblique – est d’éradiquer toute trace de ses origines, non tant économico-politiques, que christo-apostasiques : un peu à la manière d’un assassin qui reviendrait sur les lieux de son crime – en l’occurrence ici : ce continent européen « jadis aimé d’un Dieu » – pour effacer tout indice de son forfait ; et qui en effet, lorsque l’Europe sera devenu musulmane, aura loisir de rechercher en les décombres de son ancienne spiritualité (judéo-)chrétienne – « remplacée » donc par celle nouvelle-islamique – les circonstances historialothéologiques qui présidèrent à l’« envoi » de cette « guise de l’être très particulière » qu’est, en son essence encore impensée, le techno-capitalisme ? Ce pourquoi mon livre, et toute (im)modestie mise à part, est si important :

parce qu’il est tout à la fois le premier et, si l’Europe devient musulmane : comme tout, si nous ne faisons rien, le donne à penser, le dernier à révéler le secret le plus profond de la domination – la vérité de sa nature christoapostasico-amalécite – ; et vérité dont toutes les autres élucidations – tant progressistes « de gauche » (Hegel-Marx) que réactionnaires « de droite » (Nietzsche-Heidegger) – ne sont que les « vérités avant-dernières » ; et c’est pourquoi aussi, sans trop redouter qu’on puisse me reprocher la « mégalomanie » d’une telle affirmation, j’ai pu écrire dès la Profondeur que « le sort de l’Europe se jouait » en la réception ou non (par cette même Europe) de mon ouvrage : étant clair que si notre « vieux continent » ne fait pas sienne la vérité (cette fois-ci « ultime ») qui lui est ici, sous ma plume, révélée il disparaîtra immanquablement – redeviendra le « petit cap » de l’immense bloc asiatique dont parlait déjà, il y a près d’un siècle, Paul Valéry – ; scénario qui aujourd’hui, si les choses poursuivent leur cours en le double et complémentaire mode de cette « mondialisation » jointe à cette « submersion islamo-migratoire », ne relève plus du tout de l’improbable et de la « géo-stratégique-fiction » (en réalité : de la « géo-théologiquefiction »). Et certes, à l’énoncé d’une telle perspective : rien de moins que la disparition de l’Europe (en tant que cette « zone géographico-spirituelle » où, pendant des siècles, s’est jouée – pour le meilleur comme pour le pire – « l’histoire du monde »), nombre de non-Européens, si même ils ne se réjouissent pas de cette éradication du « Vieux continent » qui les avait jadis subjugués, pourront toujours faire observer aux Européens (ou à cela qui en restera dans quelques décennies) que c’est là après tout leur « affaire » et ne les concernant pas plus que cela – en quoi ils auront tort car, même si l’Europe disparaissait, ils n’en seraient pas quittes pour autant avec son rejeton impérial-dégénéré qui a nom « Occident » et/ou « occidentalisme ». Si bien que ces mêmes non-Européens se retrouveraient dans la situation historialement-absolument inédite d’un monde certes (enfin (?)) débarrassé de l’Europe (et de sa « crise permanente » : (enfin (?)) « apaisée » par son islamisation) ; mais monde qui, en même temps, n’aurait jamais été autant « occidental » et/ou « occidentalisé » ; puisqu’en réalité le terme même de « mond(ialisation) » ne dit que l’occidentalisation achevée-réalisée de ce « mond(e) » : la généralisation à une échelle cette fois-ci planétaire – et en un mode infiniment plus efficace que celui qu’avait illustré l’ancienne colonisation européenne – de certaines catégories de pensée « très particulières » – dont j’ai suffisamment décrit les traits éminemment nouveaux et inquiétants dans mes autres livres pour n’y plus revenir – ; et catégories qui, bien

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que nées en Europe : fruits amers du « combat philosophique » qui, pendant des siècles, s’y est déchaîné, n’ont, à partir d’un moment, plus eu besoin de cette Europe pour se déployer à l’échelle d’un monde et, sur ce monde, régner, non tant « impérialistement » que « philosophiquement », sans partage.

Par quoi l’on comprend que la disparition de l’Europe – i. e. : sa « provincialisation » en la forme de ces mondialisation-islamisation conjointes de son continent – constituerait une catastrophe… non seulement au premier chef pour les Européens (encore que beaucoup parmi ceux-ci – à la manière de ces « amis du désastre » dont parle le même Renaud Camus – semblent, plus ou moins consciemment : effet peut-être d’une sorte de lassitude historiale, la désirer, l’appeler), mais aussi, mais peut-être surtout pour les non-Européens qui dès lors, si le scénario d’une telle catastrophe à la fois géo-stratégique et « spirituelle » devait se réaliser, se retrouveraient jetés tout vifs en la gueule du Moloch de cette occidentalisation même : fille perverse, mortifère et (donc) « globalisante » d’une Europe qui, ayant disparu, ne serait plus en mesure de contrôler autant que faire se peut son rejeton « philosophique-impérial(iste) ». Un Empire (au sens – celui d’une spatialisation réalisée du temps – que j’ai donné à ce mot dans ma Profondeur : cf. notamment son troisième tome (justement) intitulé L’Empire et le Royaume) mondialisé s’étendrait sur toute la surface du globe – et aussi bien, en le mode de ses catégories « philosophiques » et autres pré-supposés (anti-)spirituels : sous toutes les têtes des habitants de ce même globe – ; et « Empire » auquel il ne serait plus possible de s’opposer parce que, l’Europe ayant disparu, aurait aussi disparu avec elle le secret, de nature théologique : christo-apostasique, de son origine : ce que j’appelle ici le secret de la domination… et que, écrivant ce livre, je m’empresse de révéler… avant que, avec la destruction par cet « Occident » même de l’Europe, il soit à tout jamais perdu. Car ce que signifierait cette « destruction » ne serait rien d’autre que la pure et simple disparition de l’histoire – en la guise précisément de cette « spatialisation du temps » voulue par l’Empire et toutes ses puissances coalisées : économiques, politiques, idéologiques, culturelles, etc. – ; et cela, non pas pour la raison encore « européo-centriste, trop européocentriste » que l’Europe serait, en ce monde sur le point d’être entièrement « globalisé » – i. e. : sur le point d’être entièrement occidentalisé – le seul

continent habilité à « faire-l’histoire » – ce qui a sans doute été vrai pendant les cinq siècles qui viennent de s’écouler ; mais qui, d’évidence : les clefs de la puissance étant passées en d’autres mains (et non-européennes), ne l’est plus aujourd’hui – ; plutôt pour celle-ci que l’Europe est la dernière « zone géographico-spirituelle » susceptible, en remontant dans son propre passé, d’établir l’exacte généalogie – philosophico-(anti-)spirituelle – de cet « Empire » sorti, tel un monstrueux enfant : le fruit de ses amours coupables avec le démon Amaleq, de son sein ; et « enfant » qui se propose à présent, pour faire disparaître toute trace de son origine démoniaque-ignominieuse : dont le « savoir » par certains (à commencer par les lecteurs de mon livre) pourrait leur donner prise sur lui et sa puissance en apparence sans « opposition », de tout simplement éradiquer sa « vieille » mère : à la manière décrite plus haut de cette « submersion » tout à la fois économico-mondialiste et confessionnalo-migratoire de l’Europe. Et certes, même si l’Europe devait un jour disparaître, on peut toujours supposer – espérer ! – que d’autres puissances – cette fois-ci extra-européennes – se reconstitueraient pour s’opposer à cet « Empire » qui tire en vérité sa force, non tant de sa pure puissance technico-économico-politique, que des catégories philosophico(anti-)spirituelles dont il est (quoique toujours secrètement) l’illustrateur ; mais dans la mesure où ces puissances, parce que désormais non-européennes, n’auraient pas accès au secret de la domination – celle qu’exerce déjà en cette guise « globalisée » l’Empire que je dis –, elles ne pourraient non plus s’opposer efficacement – en le mode que j’ai qualifié de « royaumaire » dans le tome éponyme de ma Profondeur – à ce même Empire : se retrouvant par là dans la situation de ces gens dont parle le Debord des Commentaires ; et individus qui, bien que sincèrement désireux de lutter contre le vocabulaire de leur ennemi – pour Debord : « spectaculaire » – continuent cependant d’utiliser sa syntaxe ; si bien que cet « ennemi » n’a en vérité pas grand-chose à redouter d’une telle « opposition »… dont les membres, dans cette perspective, ne peuvent constituer aux yeux de l’Empire que ses « idiots utiles » et autres « gardes », selon, « rouges », « verts » ou « bruns ». La vérité est donc ici que, si l’Europe disparaît, disparaît avec elle le seul moyen pratico-spirituel susceptible d’abattre le monstre « mondialisto-philosophique » surgi de son histoire – cet « Empire » dont la signature, même si ses clefs passent un jour en d’autres mains qu’« occidentales » : après l’Amérique, la Chine, ou l’Inde, voire tel « califat » musulman reconstitué, continuera d’être de bout en bout « occidentale »… c’est-à-dire toujours « philosophique », au sens d’une illustration de certaines catégories

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de pensée nées précisément dans le cours de cette histoire européenne (dans les tourbillons de sa « crise permanente ») – ; si bien aussi que les puissances extra-européennes qui s’efforcent vaille que vaille de résister à cette « occidentalisation du monde » qu’est en essence le processus de sa « globalisation », plutôt que de chercher à réduire cette Europe – c’est d’évidence le rêve (qui n’est plus depuis longtemps un fantasme) caressé par la communauté arabomusulmane lancée à l’assaut de la « forteresse Europe » (prenant l’eau par toutes ses inexistantes frontières) –, feraient mieux d’essayer de la conserver et de la protéger. Avec le processus de cette submersion islamo-migratoire de l’Europe, c’est donc l’Occident lui-même, mondialisto-amalécite, qui cherche à effacer toute trace de ses origines (anti-)théologiques : christo-apostasiques ; non que l’Europe – et notamment : cette très « néo-libérale » Union Européenne – ne soit déjà largement soumise à ses catégories philosophiques ; sauf que, contrairement aux autres zones géographico-spirituelles du monde, elle n’en a pas oublié complètement la provenance historiale : le très rude « combat pratico-philosophique » (et lui aussi « aussi brutal que la bataille d’hommes ») qui a présidé à leur apparition, et dont les cinq siècles d’histoire européenne qui viennent de s’écouler ont constitué, en la forme de cette « crise permanente » (qui n’était donc rien d’autre que ce que l’on a coutume d’appeler « l’histoire »), comme la lice elle aussi d’abord « philosophique ». L’« Occident » (au sens, non plus géographique, mais uniquement philosophique d’une occidentalisation de tout : ce pourquoi par exemple des « secteurs » comme la Chine ou le Japon sont aujourd’hui tout aussi – et peut-être même plus – « occidentaux » que l’Amérique ou l’Europe) est donc bien le fils lui-même « philosophique » de l’histoire européenne : de la « crise permanente » dont cette histoire, au cours de ces mêmes cinq siècles écoulés – et bourrés jusqu’à la gueule d’événements immenses concernant, non seulement l’Europe, mais aussi la totalité du monde : les « Grandes découvertes », la Réforme, la fondation de la science moderne, les Révolutions française et russe, la colonisation, deux conflits planétaires, etc., etc. –, a été le champ violent et comme le « brutal » (Rimbaud) élément ; mais fils qui à présent, ayant accédé par l’universalisation des catégories de pensée dont il est l’illustrateur et, pour ainsi dire, le « champion », à l’empire du monde – empire donc, on le comprend, avant que d’être économico-politico-géo-stratégique, lui aussi et encore « philosophique » – et d’autant plus puissant qu’elles semblent aujourd’hui « aller de soi » (alors qu’en réalité

elles ont mis des siècles – ont dû, en cette même lice, batailler ferme – pour s’imposer) – de ces mêmes « très particulières » catégories de pensée –, se propose tout simplement, par le moyen de cette submersion islamo-migratoire de sa « mère » européenne, d’éradiquer rien de moins que l’histoire elle-même ; et cela parce qu’il sait très bien – quoique se gardant soigneusement de le révéler – que le seul danger qui peut aujourd’hui menacer son « règne » – c’est-à-dire en vérité : menacer l’« aller-de-soi » des catégories qu’il illustre et défend – ne peut venir que de cette dimension même – toujours im-prévisible et « mystérieuse » – de l’histoire ; et, plus particulièrement, d’un de ses « retours » toujours inattendus et désastreux – comme le fut celui de Blücher en une autre bataille où l’on attendait le Grouchy de cette « spatialisation (enfin achevée) du temps » – dont elle a le secret. Si donc l’« Empire » veut la peau du « Vieux continent » – l’« Occident », celle de l’Europe –, c’est parce qu’il sait très bien que, si danger mortel il y a pour son règne sur ce monde par ses soins « globalisé » – en vérité : par ses soins entièrement soumis à ses propres catégories –, ce danger ne pourra venir, en la forme d’un de ces « retours » (toujours impromptus) de l’histoire, que de cette « vieille Europe » même… en tant que celle-ci, quoique sur le point de devenir le « petit cap » de l’immense continent euroasiatique dont parlait Valéry, détient au moins encore – sur son triste rejeton impérial-occidental – cette supériorité de connaître le secret – d’ordre, on l’a vu, théologique – de sa présente domination sur le monde (c’est un peu, pour user d’une image empruntée au registre familial, la situation de ces enfants qui, ayant acquis, devenus adultes, quelque réputation dans la société, commettent l’erreur de venir visiter leur « vieille mère » en compagnie d’invités auxquels celle-ci, durant l’espace de cette entrevue, ne cesse de faire sur son « illustre » rejeton des révélations – toujours un peu désobligeantes parce que toujours un peu ridicules – sur l’enfance de leur « grand homme »… qui certes préférerait que telle ou telle circonstance de celle-ci – complaisamment relatée (en une façon qu’elle s’imagine « attendrie »… alors qu’elle est en vérité, plus secrètement, contrenarcissique) par la « vieille dame » – ne s’ébruite pas trop…). Et en effet, quiconque a loisir d’accéder aux origines du présent Empire occidentalmondialisé – c’est-à-dire : au secret (théologique) de sa domination (philosophique) – ne peut que constituer un danger pour cet « Empire » même… qui certes lui aussi préférerait que les circonstances (philosophiques) de ces « origines » comme la teneur (théologique) de ce « secret » ne soient pas trop divulguées: ce pourquoi sans doute ce même « Empire » a récemment

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décidé, par cette submersion islamo-migratoire de l’Europe, de faire taire à jamais cette « vieille mère » décidément trop bavarde pour qu’on la laisse ainsi continuer de s’exprimer sur certains épisodes peu reluisants de l’enfance de son rejeton.

retour en ce monde désormais, non seulement géographiquement mais surtout mentalement, « globalisé ». Et c’est là bien sûr qu’entre en jeu la composante plus spécifiquement (anti-)théologique de la domination qu’est Amaleq – cette « conception » dont le credo pose que « le monde est le produit de ma volonté et de mon travail » – ; et conception qui, si son but lointain est d’expulser toutes choses de leur essence native (en vérité : « biblique ») : pour à la fin remplacer le monde créé par un monde produit, se doit cependant, en ce processus d’expulsion « ontologique » de tout, d’établir des priorités (elles aussi : « onto- »)stratégiques – dont on comprend alors aisément, et pour toutes les raisons que je viens de donner, que la destruction en ce même processus ontologique d’une « expulsion d’essence » de l’entité « Europe » se trouve au premier rang et, pour ainsi dire : par cette « crise (dite) des migrants » en cours, désormais à l’ordre du jour. Et certes, par cette décision prise par la domination d’« islamiser l’Europe » – et décision qui n’a pas attendu cette même « crise des migrants » pour se mettre en application : puisque, par le processus plus sournois de cette immigration musulmane de masse, elle est en réalité en venue depuis au moins trente ans (la présente « crise » n’étant dans le fond que le devenir visible de ce processus et, par suite, de cette décision) –, on pourrait dire que la domination prend un risque : celui, comme on l’a vu au début du développement précédent, de réintroduire la dimension d’un théologique – que cette même domination avait mis près de cinq siècles d’histoire européenne à extirper – dans les « affaires humaines » ; mais risque qui très probablement, aux yeux de l’« Empire », doit apparaître fort minime comparé au gain immense escompté : celui de l’éradication définitive de l’« idée » (qui est bien sûr beaucoup plus qu’une « idée ») de l’Incarnation de Dieu ; et « idée », « dogme », dont j’ai montré dès la Profondeur que sa « défense et illustration » constituait la véritable essence de l’Europe… en tant que le continent qui, depuis au moins quinze siècles, « porte » cette Incarnation (cf. notamment, dans le Traité du Même, le développement intitulé « Le peuple incarnophore » ; et qualificatif qui, à ce moment de l’écriture de mon livre, concernait plus spécifiquement le peuple « français » – en tant que celui (par le baptême de Clovis) de la « Fille aînée de l’Église » – ; mais dont je vois bien à présent qu’il peut être étendu à l’ensemble des peuples européens).

*** Mais où l’on comprend aussi qu’en le registre de ce même historialophilosophique, et pour « faire-taire la vieille » (Europe), il ne suffit pas, en le mode d’une censure d’ordre uniquement idéologique : ce qu’on a pu appeler le « politiquement correct » en train en ce moment, après trente années de bons offices au service de la domination, de tirer ses dernières cartouches : son « terrorisme intellectuel » n’ayant plus guère de prise sur un public dégoûté de tant de « manipulations » d’opinion et autres « montages » spectaculaires-médiatiques –, de la réduire au silence : il faut désormais, d’une manière cette fois-ci pratico-historiale, la faire purement et simplement disparaître ; et par le moyen cette fois-ci, après au moins trente années de « terreur » idéologico-néo-progressiste, de l’expulsion de sa propre essence ; et fonction qui a donc été confiée par la domination à l’islam… en tant que la confession qui, parce que, elle, ne détenant aucun secret sur la véritable origine de cette domination, ne peut apparaître aux yeux de celle-ci qu’infiniment moins dangereuse pour ses « intérêts » non tant d’ailleurs ici économiques – cela, c’est la « vérité avant-dernière » de la critique de type « progressiste » (à ne pas confondre, je le rappelle, avec l’idéologie de type « néo-progressiste » : cf., dans ma Profondeur, la très importante nuance que j’établis entre ces deux courants) – que bel et bien philosophiques. Où l’on retrouve la thèse avancée plus haut que l’islam – et malgré sa facture prétendument « archaïque » et « obscurantiste » – est en réalité, dans le but recherché de cette expulsion de l’Europe de sa propre essence, le meilleur « allié objectif » de la domination : ce pourquoi l’Empire, par le jeu de sa « mondialisation », fait si bon accueil aux vagues démographico-migratoires que ce même islam lance à l’assaut de cette Europe… qui doit disparaître… mais disparaître, non tant en une façon géo-stratégique, qu’en une autre, elle, géographico-spirituelle ; et cela de telle façon qu’avec cette « disparition » soit du même coup perdu tout accès au « secret de la domination » – tel que je l’expose ici : la nature christo-apostasique de l’Empire « occidental » –, et, conséquemment, retirée à l’histoire – qui fut pendant longtemps de signature « européenne » – toute possibilité de faire20

Où l’on comprend aussi pourquoi, dans la « guerre spirituelle » qui s’annonce – et au risque, on l’a vu, d’une certaine (re)théologisation de la 21


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société (qu’illustrera forcément un islam devenu « religieusement »-démographiquement dominant en Europe) –, la domination, et malgré qu’elle en ait, ne pouvait élire comme « champion » que cet islam même : parce que cette confession ne comporte en sa « boite à outils » théologique aucune référence à quelque chose comme une Incarnation de Dieu (ce que, dans un de mes précédents livres, je résumais en affirmant que l’islam n’est rien d’autre qu’un arianisme pour bédouins ; mais « arianisme » – cette « hérésie » du catholicisme qui posait que le Christ n’était qu’un « prophète » (et non (donc) : « Dieu ») – qui, chassé il y a environ quinze siècles d’Europe par l’épisode fondateur de ce, justement, « baptême de Clovis » – ce deal entre le haut-clergé catholique de l’époque et un roi barbare acceptant, contre le soutien de l’Église, d’apostasier cet arianisme, alors dominant en Europe : on oublie trop souvent que ce « baptême » du chef franc n’était nullement la « conversion » d’un païen au christianisme – plutôt celui d’un « arien » (« hérésie » qui niait le dogme de l’Incarnation) au « catholicisme » (« religion » qui, elle, faisait de ce même dogme le point névralgique de sa théologie) –, s’apprête aujourd’hui, en cette forme islamo-atypique, à réinvestir la terre européenne (et cette fois-ci, par l’expulsion de cette même « terre » de son essence incarnophorico-théologique, de façon durable et, si possible, définitive). Où l’on comprend aussi par là que la domination ne veut pas tant la peau du « religieux » en général – car sinon comment expliqueraiton qu’elle fasse si bon accueil à cet islam ne se proposant pourtant rien de moins, en le mode d’une sorte de « retour du refoulé » arien, que de (re)conquérir cette « incarnophorique » Europe ? – que celle, beaucoup plus particulière, de ce « dogme de l’Incarnation » : en vérité l’« unique objet de son ressentiment » ; et cela parce que, l’apostasie, qualifiée par moi de « très particulière », qu’est cette domination même – à forme, selon, « moderniste », « techno-capitaliste », « occident(aliste) », « néo-progressiste », « amalécite » (ce dernier qualificatif étant probablement, parce que de tonalité (anti-)théologique, son épithète le plus profond… quoique, bien évidemment encore, le plus secret), etc. –… est d’abord celle de cette Incarnation même, en tant que le seul dogme « religieux » qu’elle ne saurait accepter, et contre lequel, d’une certaine façon, elle s’est tout entière constituée en la forme de cette « haine de l’Incarnation » dont, évoquant notamment la « situation » du maître néo-païen (et bientôt nazi) Heidegger et de ses élèves « juifs », je parle dans mon Secret de la vie ; mais « haine » qui en vérité – et c’est là sans doute le point le plus subtil et le plus « profond » de ma démonstration – n’est que l’effet – comme c’est peut-être le cas de

toutes les haines – d’un dépit amoureux vis-à-vis du Dieu qui, après nous avoir visités : après (donc) S’être « incarné », nous a quittés, en quelque sorte : « abandonnés » – et qui plus est : en nous commandant de ne pas chercher à Le « retenir » (Noli me tangere) : c’est-à-dire en nous commandant d’accepter de vivre désormais en un monde qui, déserté de toute « présence divine », ne peut plus nous apparaître que (ontologiquement) « désenchant(é) » : ce que j’ai pu appeler dès le début de ma Profondeur le processus de « fuite des essences » (et processus qu’inaugure justement le départ du Christ : son « retrait » en mode tout à la fois temporel-poétique (cf. mon analyse en ce même ouvrage de « l’hymne chrétien » Patmos de Hölderlin : ce poète qui se reprochait justement son « excessif amour » – tant il est vrai que trop aimer c’est mal aimer – vis-à-vis de la figure christique) et spatialo-pictural (cf. toujours en cette même Europe et la Profondeur – et l’inaugurant proprement – mon (autre) analyse de l’invention de la perspective par les peintres du Quattrocento) – ; par quoi l’on comprend que cette « haine de l’Incarnation » que semble illustrer la présente domination – au point, on l’a vu, de privilégier une confession qui elle, au moins, ne comporte rien de tel en sa théologie – n’est effectivement rien d’autre que l’effet de cet « excessif amour » vis-à-vis du « Dieu christique »… de la part d’une Europe qui – à la manière (pour emprunter une image au registre sentimental) de ces amants ou amantes qui, lorsqu’ils sont amoureux, souffrent de ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome de présence » : l’impossibilité de se passer un seul instant de l’être aimé (et l’on peut penser que c’est de ce syndrome qu’a souffert Marie-Madeleine, l’« amoureuse du Christ » : ce pourquoi aussi c’est à elle et à elle seule qu’a été signifié le fameux Noli me tangere) – n’a tout simplement pas supporté le départ – en le mouvement de ce retrait ouvrant l’inquiétante/désolée dimension de toute « profondeur » – de Son Dieu ; et « Dieu » auquel pour finir, et afin de tempérer la douleur atroce de son « manque » : du « manque » de sa (divine) présence, elle a choisi de substituer, non pas un « autre Dieu », mais une autre présence – et présence qui, pour n’être pas « divine », présente au moins cet avantage de demeurer stable, permanente et sans retrait – : celle qu’illustre précisément, à sa manière a minima mais du moins « certaine » (au sens de la certitudo cartésienne), la guise techno-capitaliste de l’être – pour dire vite : celle de la « calculabilité de tout l’étant » – ; et guise dont l’« Empire » que je dis – celui qu’un Michéa appelle fort justement « l’empire du moindre mal » (alors qu’il s’avère pratiquement de tous le plus porteur de désastres) – n’est que le bras armé.

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TABLE DES MATIÈRES

première partie SITUATION DE L’EUROPE .............................................................................................. 5 deuxième partie LE SECRET DE LA DOMINATION

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troisième partie « SOLDAT ET JEUNE FILLE SOURIANT » (Roman)

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