Silvio Trentin, un Européen en résistance (1919-1943)

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PAUL ARRIGHI

SILVIO TRENTIN Un Européen en résistance 1919-1943 préface de

rémy pech

LOUBATIÈRES HISTOIRE


CET OUVRAGE A ÉTÉ PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CENTRE RÉGIONAL DES LETTRES DE LA RÉGION MIDI-PYRÉNÉES

© Nouvelles Éditions Loubatières, 2007 10 bis, boulevard de l’Europe, BP 27 31122 Portet-sur-Garonne Cedex contact@loubatieres.fr www.loubatieres.fr ISBN 978-2-86266-521-4


Paul Arrighi

SILVIO TRENTIN Un Européen en résistance (1919-1943)

LOUBATIÈRES


À Élisabeth, Fiammetta Lazzarini, Daniel Latapie, Rémy Pech, Jean-Pierre Pignot, Frank Rosengarten, à mes parents, à la famille Trentin, et à toutes celles et ceux qui eurent l’ardent courage de résister


Préface Issu d’une thèse soutenue il y a peu à l’Université de Toulouse-Le Mirail, l’ouvrage que voici vient à point nommé. Avec Jean-Pierre Vernant, intimement lié à la Résistance et à la Libération de Toulouse, et Lucie Aubrac, l’année 2007 aura vu disparaître deux résistants emblématiques, deux intellectuels qui avaient su se muer en combattants intrépides et parfois téméraires sans jamais perdre de vue le ressort profond de leur engagement : dresser contre la bestialité les forces de l’esprit. Silvio Trentin était de la même trempe. De celles et ceux qui jamais ne renoncent. De celles et ceux qui pensent et agissent, appliquant à l’action collective le meilleur d’eux-mêmes. Il quitta l’Italie dès 1926. Juriste et universitaire reconnu, il lui était devenu insupportable de travailler et de militer dans le climat de fascisation accentuée qui le désignait, lui et ses pareils comme des ennemis à abattre sans merci. Son exil ne fut en rien une fuite, un repli, mais bien plutôt un accomplissement. Après des efforts méritoires, mais peu concluants, pour se transformer en exploitant agricole dans une campagne gersoise alors en crise, et un emploi précaire assumé avec modestie et courage à Auch, il se fixa en tant que libraire à Toulouse. En peu de temps, sa boutique devint un vivant foyer pour tous ceux qui, dès les premières années trente, entendaient s’opposer à ce reniement de toute civilisation qu’incarnaient alors les dictatures européennes. Ainsi, son combat pour l’Espagne républicaine ne se limita pas à une solidarité de principe. Il se rendit à plusieurs reprises à Barcelone, et loin d’assister passivement aux déchirements internes des forces de résistance au franquisme, il sut se forger une conscience aiguë de l’urgence d’une large unité populaire, d’abord pour faire face au péril mortel qui menaçait alors toutes les démocraties européennes, ensuite pour promouvoir des valeurs nouvelles de progrès pour une humanité à la dérive. Enfin, et dès l’été 1940, il fut le support matériel et l’âme intellectuelle et morale des réseaux de résistance du Sud-Ouest, marqué au sceau d’un antifascisme politique préexistant au réflexe patriotique commun à tous les mouvements. Mieux, avec Libérer et Fédérer, il réussit à ébaucher un mouvement de résistance sans équivalent, à la fois résolument 5


engagé dans la transformation sociale et animé d’une forte volonté internationaliste et démocratique. Enfin, il connut une fin pathétique, alors qu’il était parti en Italie prendre sa part des ultimes combats contre le fascisme. Paul Arrighi, avec toute la rigueur de l’historien accompli retrace cet éclatant destin et analyse avec finesse la pensée d’un homme qui ne cessa de mûrir au feu d’une actualité tragique, pour évoluer du libéralisme démocratique vers des positions libertaires, exemptes de tout sectarisme. Cela suffirait à motiver l’intérêt pour cette haute figure, honorée à Toulouse mais dont la force et la diversité des engagements sont parfois méconnues. Au moment où les valeurs élémentaires de la citoyenneté européenne sont bousculées par la détérioration du tissu économique, la propagation de la précarité de l’emploi et du logement, la montée des fanatismes et de la xénophobie, la vie de Trentin est un précieux talisman pour tous ceux qui aspirent à relever les défis les plus brûlants du temps présent. Non, l’Europe ne peut se limiter à la gestion concurrentielle d’un espace pacifié. Oui, elle peut et doit reprendre sa marche en avant en apportant à ses citoyens l’espoir du mieux-être et l’ardente exigence de la solidarité. Enfin, elle se doit de répandre dans un monde tourmenté le message universel de la démocratie et de la paix, sans cesse appuyé par des actions généreuses qui sont le gage de sa crédibilité. Merci, Silvio Trentin, par vos écrits et par vos actes, de nous l’avoir montré. Merci, Paul Arrighi, de nous faire connaître cet homme qui reste, et qui devient, chaque jour davantage, notre contemporain. Rémy Pech Professeur des Universités, Chaire Jean Monnet.


avant-propos

Au confluent du hasard et de la nécessité La première question d’un d’historien, lorsqu’il s’engage dans le projet d’une recherche, c’est d’indiquer les éléments de son choix. Alors pourquoi ce choix d’un travail sur Silvio Trentin et les réfugiés politiques de l’immigration italienne en Gascogne et dans le Midi toulousain ? La réponse n’est pas évidente, puisque bien souvent elle se situe au confluent de la curiosité intellectuelle et du besoin profond, de ce que, s’inscrivant dans une tradition philosophique durable, le biologiste Jacques Monod a judicieusement nommé Le Hasard et la nécessité. La figure du hasard, ce fut mon ami, l’historien du mouvement de résistance Libérer et Fédérer, Jean-Pierre Pignot, qui me remit la copie d’une biographie de Silvio Trentin rédigée par le professeur américain, Frank Rosengarten. J’y découvris Silvio Trentin, jeune professeur de droit, en révolte devant la passivité de la société italienne des années vingt, où s’était, non sans le consentement de certains et la lassitude des affrontements politiques du plus grand nombre, installé un mouvement violent, nommé fascisme, alors paré du sceau de la modernité. Ma curiosité intellectuelle pour ce thème et ma recherche étaient amorcées. La qualité essentielle du juriste Trentin, qui me rendit ses écrits encore plus intéressants, fut son authentique souci de la justice qu’il n’hésita pas à faire passer avant le formalisme même qui est constitutif au droit. Il n’est certes pas courant de lire sous la plume d’un professionnel du droit, la profession de foi suivante : « L’idée du Droit, somme toute, se ramène toujours, lorsqu’on essaie de le saisir dans ses réalisations concrètes, à l’idée de justice. […] Nul mieux que la victime de l’injustice n’a le sens de la justice. C’est pourquoi aujourd’hui le Droit, que la force essaie de bannir de plus en plus des législations officielles et des décisions judiciaires, trouve son rempart inviolable et son foyer dans la conscience intime de tous les opprimés. »

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L’autre préoccupation récurrente de Trentin, comme en témoigne le fil conducteur qui guida l’un de ses premiers articles, dès 1911, dans la revue Rivista di diritto pubblico e della pubblica amministrazione in Italia, jusqu’à ses dernières œuvres, fut le thème de la démocratie locale et de la part de décentralisation souhaitable qu’il convenait d’inclure dans le dispositif des pouvoirs. Cette interrogation récurrente était pour Trentin la traduction politique de l’exigence philosophique de l’autonomie humaine. Il est à noter que Silvio Trentin renouait avec une tradition de fédéralisme particulièrement vivante en Italie et liée aux enjeux et au processus même du développement de l’État unitaire. Cette pensée favorable au fédéralisme, illustrée en Italie par l’économiste et linguiste milanais, Carlo Cattaneo, se trouve aussi, à maintes reprises, dans les écrits du penseur libéral français Alexis de Tocqueville notamment dans son ouvrage De la Démocratie en Amérique. Il est passionnant de constater que sur l’un des points essentiels de la science politique, relatif à la nature et aux degrés souhaitables de décentralisation, ces notions échappent aux clivages habituels de « droite » et de « gauche » et opposent plutôt des tempéraments et des visions de l’avenir des sociétés entre d’une part, les théoriciens et les politiques qui font confiance à l’approfondissement de la démocratie locale et d’autre part, ceux qui prônent des solutions à caractère plus centralisées et « étatiques ». Un autre fil conducteur dans la pensée et l’œuvre de Silvio Trentin est lié à son combat précurseur pour l’unité européenne. Ce mouvement, fut d’abord initié de la fin du XVIIIe et durant le XIXe siècle, par quelques penseurs prophètes, tel Victor Hugo, puis au lendemain de la première guerre mondiale, des intellectuels européens réputés tels Guglielmo Ferrero, Johann Huizinga, Thomas Mann, Selma Lagerlöf, José Ortega y Gasset, Paul Valéry et Stephan Zweig reprirent cette thématique. Or, après cette floraison intellectuelle de la fin des années 1920 et l’engagement d’une partie de la jeunesse dans les mouvements européens directement après la seconde guerre mondiale, pourquoi ce retard, au début des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980, à comprendre l’importance de l’enjeu de l’unification européenne ? Mon premier éveil au dessein européen se réalisa lors du premier semestre de 1984, à Strasbourg, durant une expérience professionnelle menée à la représentation française auprès du Conseil de l’Europe. C’est dans le Palais de l’Europe que j’entendis parler pour la première fois Altiero Spinelli. J’assistais, aussi, non sans émotion, au discours de François Mitterrand, prononcé devant le Parlement Européen, le 24 mai 1984, prélude à la création d’une conférence intergouvernementale (CIG) appelée à « mettre au point un traité d’Union européenne ». Or, François Mitterrand avait déjà participé avec Jacques Chaban-Delmas, mais aussi Carlo Sforza et Altiero Spinelli, au congrès de La Haye, le vendredi 7 mai 1948, parmi 775 délégués de 24 États européens. 8


au confluent du hasard et de l a nécessité

Ma curiosité s’ouvrit alors au « débat européen dans l’entre-deux-guerres » comme l’a nommé Yannick Muet. Les mémoires d’Altiero Spinelli intitulées, Come ho tentato di diventare saggio, me permirent de comparer son parcours politique si original et presque inverse, au regard de son engagement communiste initial, à celui de Silvio Trentin qui lui venait du libéralisme politique radical. La maturation de cette recherche et les questionnements, qu’elle induisait, se sont cristallisés lors de la préparation de mon DEA, intitulé, avec un « clin d’œil » voulu à Lucien Febvre, Silvio Trentin : un destin européen, en référence à l’un des fondateurs de l’École des Annales, qui n’hésita pas à braver les réticences qui pesaient sur le genre biographique, pourtant si riche, lorsque l’on réussit à se défier suffisamment des pièges de ce que Pierre Bourdieu a appelé L’Illusion biographique. Il me fallait désormais rechercher, dans la vie de Silvio Trentin, les étapes, les ruptures, les éventuelles contradictions, en fait, tous les moments forts d’une vie, d’une action et d’une œuvre qui entrent en résonance avec une époque de débats tumultueux et de guerres.



Introduction Silvio Trentin est né le 11 novembre 1885 à San Donà di Piave, petite cité de Vénétie. Ce professeur de droit administratif, irréductible adversaire de Mussolini, est mort le 12 mars 1944, à 59 ans, à quelques mois de la libération de l’Italie du Nord. Cette vie s’est trouvée placée au cœur des contradictions qui ont marqué, ce que l’historien anglais Eric J. Hobsbawm a nommé L’Âge des extrêmes. C’est durant cette période « pleine de fracas et de furie » que prend naissance l’engagement de Silvio Trentin qui va donner lieu à une vie politique tourmentée et à l’élaboration d’une œuvre de juriste, de penseur politique et de journaliste, qui comprend au moins dix-neuf ouvrages et d’innombrables articles et discours. Après avoir participé à la première guerre mondiale, Silvio Trentin s’est engagé en politique et a été élu député de la Démocratie sociale. Il s’est opposé à l’instauration du fascisme et décida, lors de la consolidation du régime de Mussolini, de partir en exil en France. Trentin a vécu en France durant dix-sept années, d’abord, lors de son arrivée en France, de 1926 à 1927, à Pavie dans le Gers, puis de 1927 à l’été 1934, à Auch au cœur de la capitale de la Gascogne, ensuite, jusqu’au mois d’avril 1943, à Toulouse. Il s’est vite fait un nom dans les milieux politiques et intellectuels où il déploya une activité politique avec ses compatriotes, les fuorusciti 1. Après, le 17 juillet 1936, il s’engagea avec force en faveur des républicains espagnols. Durant toute la période de sa vie à Toulouse, ses activités politiques n’éclipsèrent pas le rayonnement acquis dans son métier de libraire. À compter de 1942, Trentin fut à l’origine de la fondation du mouvement de résistance Libérer et Fédérer, implanté dans le Midi toulousain. Après l’invasion, en novembre 1942, par les Allemands de la Zone libre, Silvio Trentin a dû prendre la clandestinité. Il a d’abord été caché à Auriac-sur-Vendinelle par le maire et résistant Nino de Bonnefoy, puis, toujours dans le Lauragais, à Nailloux, sous la protection du maître d’école, Maurice Roulleau, avant d’être hébergé dans le quartier toulousain de

1. Pierre Milza a donné cette définition de ce terme : « Les fuorusciti – littéralement ceux qui sont “sortis au-dehors”, appellation utilisée au XIXe siècle pour désigner les opposants aux régimes autoritaires de la péninsule réfugiés à l’étranger, puis appliquée par les fascistes à leurs adversaires et finalement revendiquée par ces derniers. » MILZA (Pierre), Voyage en Ritalie, Plon, 1993, p. 218. 11


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Croix-Daurade par le docteur Mazelier, le courageux médecin de la Résistance toulousaine. Il resta cependant, autant que possible, en contact avec ses compatriotes, exilés politiques italiens et ses amis résistants de Libérer et Fédérer. La première question posée par ce destin, hors du commun, concerne la signification même de la révolte d’un jeune homme, issu de la bourgeoisie terrienne de la plaine du Pô, devenu un éminent professeur de droit, qui engagea une lutte sans merci contre l’instauration du fascisme. Puis, il préféra l’incertitude et les souffrances de l’exil à la quiétude que lui aurait apportée, non pas même un consentement au nouveau régime fasciste, mais une résignation discrète. Quelle nécessité intérieure et quel aiguillon ont poussé et aidé Silvio Trentin à assumer, à quarante et un ans, un destin de proscrit, un rôle d’un « Cassandre » dénonçant, dans la quasi-indifférence, les méfaits antidémocratiques et les dangers bellicistes du régime fasciste ? Comment, alors que le plus grand nombre recherchait la survie, ou tout au moins la tranquillité, en empruntant cette démarche que l’historien Philippe Burrin a nommé « l’accommodement », Silvio Trentin et la plupart des fuorusciti refusèrent-ils, allant jusqu’à changer le cours de leur vie, de cautionner l’ordre instauré par les nouveaux maîtres de l’Italie ? La deuxième question concernant Silvio Trentin renvoie à l’apparent retournement de sa pensée qui s’accomplit entre 1931 et 1933. Comment se fait-il que l’éloquent défenseur du libéralisme démocratique, s’exprimant avec conviction dans le livre intitulé Antidémocratie et, en avril 1931, à l’occasion de l’analyse de la politique étrangère du régime fasciste, dans l’ouvrage sur Le Fascisme à Genève, se transforme-t-il en pourfendeur du système capitaliste, sans toutefois jamais basculer dans le communisme ? L’importance de cette volte-face théorique est-elle due aux vicissitudes de son destin personnel et à sa découverte de la condition ouvrière ou à la perte de confiance dans les vertus économiques du système capitaliste, alors que la crise économique frappe la France ? Cette rupture est-elle liée au choc créé par l’accession d’Hitler au pouvoir, qui n’a pu qu’accroître ses doutes sur l’aptitude et la volonté de se défendre des démocraties libérales et des élites dirigeantes qui étaient censées en former l’armature ? La troisième interrogation porte sur la nature des relations qu’il a entretenues avec ses compatriotes exilés 2. Cette enquête, sur un groupe certes 2. Depuis le début des années 1920, un peuplement récent de propriétaires terriens, de métayers et d’agriculteurs provenant principalement d’Italie du Nord, venait de se constituer dans la vallée de la Garonne, surtout dans des départements du Gers, de la Haute-Garonne et du Lot-et-Garonne. 12


introduction

restreint de près de 60 militants fuorusciti venus d’Italie et insérés progressivement dans la vie politique, sociale et économique du Gers et du Midi toulousain, a été menée à l’aide de la méthode de la prosopographie. Ces cercles de relations ont constitué les réseaux d’influence qui permettent de mieux situer le rôle que Silvio Trentin a pu jouer durant la guerre d’Espagne puis lors de la constitution du mouvement de résistance toulousain Libérer et Fédérer. L’ambition de cette recherche vise à replacer l’individu au cœur de son temps, tout en lui restituant sa capacité propre d’infléchissement de l’histoire. Entre les vastes catégories conceptuelles que sont les nations, les États, les classes sociales, il existe un premier humus de l’individu formé par sa famille, son groupe d’amis, ses réseaux de relations, qui appuient ses projets et parfois ses défis. L’étude des fuorusciti fait bien apparaître la liaison qui s’est établie entre un intellectuel en prise avec son temps et la lutte obstinée d’un groupe courageux de femmes et d’hommes qui s’efforçaient, eux aussi, d’infléchir le cours des choses. L’impact de Silvio Trentin, dans l’histoire des années trente et quarante du XXe siècle, a été permis et amplifié par l’action de l’ensemble de ses compagnons fuorusciti venus, durant cette même période, en Gascogne et dans le Midi toulousain. La quatrième piste de recherches correspond à la notion développée par Trentin, lors des années les plus intenses du combat politique et militaire contre l’ordre nazi et son allié mussolinien, et porte sur les fondements et la nature de son fédéralisme que Norberto Bobbio a qualifié de « fédéralisme interne ». Le primat donné à cette idée et à cette stratégie, face aux perspectives encore bien incertaines de reconstruction de l’Europe, prolonget-il l’intuition de Proudhon ou doit-il s’interpréter comme une nouvelle stratégie visant à faire contrepoids à l’étatisme en sauvegardant la liberté individuelle ? N’y a-t-il pas lieu de considérer que la pensée fédéraliste de Trentin a amplifié sa révolte libérale de ses années de jeunesse, et s’est développée, dans un contexte nouveau, de 1940 à 1944, au « cœur des ténèbres » dans les heures où la civilisation menaçait de basculer ? Cette réflexion est prolongée par l’analyse de l’intuition devenue un projet développé par Silvio Trentin d’une construction européenne à mener en vue de la création des États-Unis d’Europe.



chapitre i

Pourquoi une biographie sur Silvio Trentin ? Le choix d’une biographie LES QUESTIONS POSÉES PAR LE RETOUR À LA BIOGRAPHIE

L’écriture de l’histoire en France est marquée, depuis le milieu des années soixante-dix, par le retour de la biographie, illustrée par le succès du livre de Paul Murray Kendall sur Louis XI. Plus tard, en 1996, le médiéviste Jacques Le Goff n’a pas hésité à illustrer ce genre en écrivant un Saint Louis qui renouvelle la méthode d’exposition et donne ses lettres de « noblesse universitaire » à la biographie qui avait souffert d’un apparent discrédit provenant de l’École des Annales. Jacques Le Goff reconnaît par ailleurs que le genre de « la biographie historique est une des plus difficiles façon de faire de l’histoire ». Cet exil relatif, hors de l’université, d’un genre où s’illustrèrent des écrivains réputés tels Lytton Strachey, André Maurois ou Stefan Zweig ne perdit jamais son public, et a même su garder l’intérêt des milieux cultivés puisque Lucien Febvre, l’un des fondateurs de cette École, n’hésita pas, à écrire, en 1927, une biographie intitulée Martin Luther, un destin, œuvre qu’il ne séparait pas, dans la préface qu’il donna à cet ouvrage, de sa volonté de découvrir, au travers de l’homme, « l’époque, la prodigieuse époque de Luther, si proche et si lointaine de la nôtre ». En 1998, Alain Corbin a réussi le pari intellectuel de donner vie à un obscur parmi les obscurs, en réalisant une étude historique sur une époque, au travers du prisme d’un sabotier qui vécut dans l’Orne, de 1798 à 1876, en écrivant Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot. La biographie, depuis le milieu des années 1970, tel le phénix de la mythologie, renaît de ses cendres et connaît une nouvelle jouvence. En témoignent, pour s’en tenir au seul thème de la Résistance, les biographies écrites par Jean Cordier ou Jean-Pierre Azéma sur Jean Moulin, par Guillaume Piketty sur Pierre Brossolette ou par Robert Belot sur Henri Frenay. Philippe Levillain a noté, dans sa contribution à l’ouvrage Pour une Histoire politique, que le développement de l’individualisme était l’un des éléments explicatifs du retour à la biographie: 15


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« La conjonction de la réflexion historiographique et du goût du public pour la biographie s’est opérée en vertu d’un facteur plus déterminant : le renouveau de l’individualisme. »

Ce retour à la biographie prospère et attire dans les archives, d’excellents historiens. Belle revanche pour un domaine de la connaissance humaine qui avait su retenir l’attention, entre autres, de Suétone, Joinville, Voltaire, Lucien Febvre et captiver l’intérêt des penseurs par l’approche globale qu’il rend possible. LA TENTATION D’UNE BIOGRAPHIE PLURIELLE

À moins de renoncer à nourrir la soif de connaissances qui la sous-tend, la biographie ne peut qu’être plurielle et ressemble, par cela, à la figure du « macroscope » dont a traité Joël de Rosnay : « Microscope, télescope: ces mots évoquent les grandes percées scientifiques vers l’infiniment petit et vers l’infiniment grand… »

Dans un mouvement analogue, l’historien est lui aussi amené à recourir au « microscope » conceptuel que lui fournit la psychanalyse pour dévoiler les ressorts secrets du comportement de la personne. Ainsi, la disparition de son père, alors qu’il n’avait que huit ans, a-t-elle pu susciter, chez Silvio Trentin, le besoin de se sacrifier pour un idéal ? Mais, l’élan initial n’explique pas tout dans la trajectoire et doit être croisé avec la multiplicité des déterminations, et au premier chef d’entre elles, la formation intellectuelle, qui est le terreau de la pensée et de l’action. Ainsi naît, avec une nouvelle vigueur, la recherche menée sur la « culture politique » dont témoigne l’ouvrage intitulé Pour une Histoire culturelle paru sous la direction de Jean Pierre Rioux et de Jean-François Sirinelli. De même, l’histoire peut recourir au modèle du « macroscope » pour incorporer dans ses champs d’étude, les glissements que les ruptures sociales entraînent parfois dans les sociétés ainsi que leur interpénétration avec le monde de la formation des idées. De 1930 à 1933, durant la période où se situe l’une des ruptures profondes dans la pensée de Trentin, ont pu se conjuguer les effets de la nouvelle « crise de conscience européenne » initiée par la guerre de 1914-1918, le désarroi des masses causé par l’ébranlement de la « grande guerre » et accru par les répercussions sociales catastrophiques de la crise économique de 1929. Ce n’est pas un hasard si l’humaniste, pétri de culture juridique, qu’est Silvio Trentin au début des années 1930, a été comme « saisi » par un besoin de se plonger dans l’économie politique et de lire avec ferveur les deux interprètes antagonistes que sont Pierre Joseph Proudhon et Karl Marx. La crise économique des années trente a, pour Pierre Andreu « brusquement accé16


pourquoi une biographie sur silvio trentin ?

léré la mutation de la crise intellectuelle, elle a montré qu’il n’était plus possible d’attendre ». Si l’individu a, bien entendu, toujours la possibilité d’infléchir le cours de sa vie, l’exercice concret de cette liberté reste cadré par l’imaginaire et les rapports des peuples et des nations dans lesquels l’action humaine se trouve emportée par le jeu des groupes sociaux. Sans cette terrible « forge » qu’a constituée la guerre de 1914-1918, dans ce début d’un si tempétueux XXe siècle, le brillant professeur Trentin, qui fit, en 1918, ce que l’on peut nommer « une belle guerre » et fut bouleversé par les souffrances et les destructions qu’elle causa, se serait-il lancé dans l’action politique ? Aurait-il été amené, sans le bouleversement provoqué dans la société italienne par la contre-révolution fasciste, à sortir de ses amphithéâtres et de l’écriture d’ouvrages savants sur la théorie juridique et le droit administratif? Cependant, bien que le premier conflit mondial ait favorisé la genèse de l’éclipse de l’État libéral, le surgissement des masses, canalisé par le fascisme a, en réaction, suscité le début de la révolte de Trentin et de nombre de ses camarades. Elle s’est exprimée au travers du prisme de sa culture nourrie par les épopées de Mazzini, de Cattaneo et l’idéalisme de Croce. Ainsi, « microscope et macroscope » historiques s’entremêlent-ils, dans la panoplie de l’historien biographe, qui doit en fin de compte entrecroiser les approches, en promenant le miroir de son sujet sur l’époque dans laquelle celui-ci a vécu, tout en ayant conscience que cette époque a imprégné, elle aussi, le regard et les actions de son sujet. POUR UNE PRISE EN CONSIDÉRATION DE LA VIRTUALITÉ DES UTOPIES

La biographie intellectuelle de Trentin, penseur du fédéralisme, nous oblige à dépasser la stricte observation des faits pour s’ouvrir aux virtualités de l’histoire des idéaux. En effet, les destins humains ne sont pas seulement façonnés par l’art du possible et la réalisation du probable, mais encore, par la tension entre le réel et la force propulsive des utopies. L’histoire de la première moitié du XXe siècle a certes été forgée par la première guerre mondiale, mais également par l’utopie communiste et les réactions en chaîne que celle-ci a enclenchées. François Furet n’a d’ailleurs pas hésité à intituler Le Passé d’une illusion son essai sur l’idée communiste au XXe siècle. L’historien, s’il ne veut pas laisser de côté la puissance des passions collectives et la force d’entraînement de ce qui n’apparaît, qu’après coup, comme des « illusions », doit savoir démêler, dans les actions des hommes, l’écheveau que tisse la logique des utopies. François Furet a d’ailleurs constaté, à ce sujet, que « L’histoire de l’URSS, comme les autres histoires, est grosse d’événements qui auraient pu avoir lieu. » 17


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Mais le propre des utopies est de ne pas apparaître comme telles à ceux qui les partagent. Or, la grande leçon de Lucien Febvre est que « si les hommes font l’Histoire, seul l’historien sait l’Histoire qu’ils font et qui, par conséquent, est la leur ». Au début des années quarante, Silvio Trentin a entrepris de tempérer, par le choix d’une démocratie fédéraliste, les risques d’un passage à la propriété collective des moyens de production, qu’il croit réalisable. Il partage une conviction que nous pouvons peut-être aujourd’hui qualifier d’illusion. Mais cette croyance s’inscrit dans l’idée que l’étiolement de la civilisation bourgeoise est inéluctable et cette idée est, à la fin des années trente, répandue bien au-delà des cercles marxistes, puisqu’elle est notamment partagée par le grand maître de l’économie viennoise Joseph Schumpeter ainsi que par nombre de ceux qui furent appelés « Les nonconformistes des années trente ». Si l’historien veut éviter les graves écueils que sont l’anachronisme et l’incompréhension, il doit aussi pénétrer le voile qui obscurcissait la vision de son sujet et acquérir la conscience de son propre prisme. Ainsi, Edgar Morin a bien perçu la difficulté de se situer dans un environnement donné et toutes les incertitudes qui en résultent : « L’incertitude s’aggrave avec la perte de Sirius, c’est-à-dire la perte irrémédiable de l’idée qu’il puisse exister un point de vue suprême […]. Dès lors l’absence d’un point de vue objectif fait surgir la présence du point de vue subjectif dans toute vision du monde. Et nous sommes contraints d’examiner le sujet, de nous retourner sur l’observateur caché et sur ce qui est caché derrière lui. »

L’historien doit également redonner vie à l’imaginaire et à la puissance des mythes. Le pari d’une « Histoire globale », centrée sur l’individu et ses affects, passe aussi par la reviviscence de l’imaginaire et l’incorporation dans le champ de l’histoire de toute la palette des utopies.


chapitre ii

L’instauration du fascisme dans la société italienne Les causes La période du 18 novembre 1918, date de l’armistice, au 2 février 1926, exil politique de Silvio Trentin en France, se caractérise par un ébranlement profond de la société italienne et même européenne. Ces bouleversements sont avant tout la conséquence des ruptures consécutives à la première guerre mondiale et à l’irruption de la violence dans le champ de l’imaginaire collectif. En Italie, une partie de l’opinion estima que les traités de paix avaient été mal négociés et ne prenaient pas suffisamment en compte les conséquences d’une guerre qui avait fait 750 000 morts, un million et demi de blessés et de mutilés et dévastée une partie de la Vénétie. Aux souffrances des paysans devenus soldats se sont ajouté les aspirations nées des promesses de distribution des terres faites par les dirigeants de l’Italie au lendemain de la bataille de Caporetto (24 octobre au 9 novembre 1917), qui s’était soldée par une lourde défaite des Italiens face aux armées austro-allemandes, moment crucial précédent le ressaisissement, où la patrie parut s’effondrer. Dans l’armée italienne, les jeunes officiers et sous-officiers, pour la plupart issus des classes moyennes, avaient relevé l’impéritie des gouvernants qui avaient décidé de l’entrée en guerre sans s’assurer de la préparation suffisante de l’armée. La guerre leur fit prendre conscience d’une solidarité de destin et de la nécessité de changements profonds. L’expérience paroxystique de la guerre, analysée par l’historien américain George L. Mossé comme « la brutalisation des sociétés européennes » a fait émerger dans la conscience des soldats démobilisés la nécessité de changements. Les soldats et plus généralement la jeunesses eurent soif d’être écoutés par un pouvoir jusqu’ici beaucoup trop étroit et refermé sur lui-même, malgré les tentatives d’ouverture des dirigeants les plus 19


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conscients tels Agostino Depretis (1813-1887), Giovanni Giolitti (18421928) et même Francesco Saverio Nitti (1868-1953). Dans une société italienne profondément bouleversée par la guerre, la confluence entre les aspirations au changement démocratique, les peurs bien réelles de déclassement social, l’imaginaire lié à la toute nouvelle expérience bolchevique menée en Russie, la vigueur des mouvements syndicalistes et coopératifs et les idées socialistes en pleine ascension, eut pour conséquence le « grand tumulte » des années 1919-1920. Cette période d’effervescence et de dynamique révolutionnaire, nommée Biennio Rosso – littéralement « les deux années rouges » qui correspondent aux années 1919-1920 –, amena les grandes villes d’Italie du nord au bord de la révolution. Mais celle-ci n’eut pas lieu et une forte dynamique en sens inverse s’enclencha, utilisée de manière démagogique par un mouvement nouveau, par ses hommes sinon par ses idées, le fascisme. Sa création date du 23 mars 1919, lors du congrès qui se tint à Milan, piazza San Sepolcro. Il s’organisa autour de l’ancien dirigeant socialiste, Benito Mussolini, doté d’une personnalité complexe et d’une intelligence essentiellement politique. Il avait rompu, en 1915, avec les dirigeants socialistes sur le thème de l’entrée en guerre de l’Italie puis il avait lancé un journal, Il Popolo d’Italia, favorable au courant interventionniste. Ce mouvement politique n’était formé à son début, que d’un groupuscule recrutant surtout auprès des sous-officiers des corps spéciaux ; les arditi – habitués aux coups de mains – et parmi quelques esprits exaltés par le futurisme ou le syndicalisme révolutionnaire. Dans le contexte d’une société en état d’explosion, le fascisme a agi comme une allumette et a réussi à mettre à bas l’ancienne société politique, la démocratie libérale et le mouvement socialiste et syndicaliste. « TOURNEBOULÉE » PAR LA GUERRE L’entrée en guerre de l’Italie avait été décidée par le roi Victor-Emmanuel III et un cercle étroit de dirigeants en utilisant habilement l’enthousiasme de la jeunesse étudiante et des minorités politiques bruyantes partisanes de l’intervention. Le mouvement de mai 1915, appelé « mai radieux » fut utilisé pour forcer la main du pays et le faire entrer en guerre. À la fin de la guerre, bien que faisant partie des vainqueurs, l’Italie n’a pas obtenu les territoires qui lui avaient été initialement promis par la France et la Grande-Bretagne lors de la conclusion du Pacte de Londres, le 26 avril 1915. Des centaines de milliers d’officiers et de soldats se trouvèrent confrontées à de nombreuses insatisfactions. Ces jeunes hommes rendus à une UNE SOCIÉTÉ

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l ’ instauration du fascisme dans l a société italienne

vie civile ou leur réinsertion s’avérait très difficile étaient révoltés par ce qu’ils percevaient comme une humiliation infligée par les Alliés à l’Italie. Quant aux paysans devenus soldats puis démobilisés, ils aspiraient avec force à ce que soient tenues les promesses de partage et de distribution des terres qui leur avaient été faites après Caporeto, au moment où l’État italien avait eu besoin d’un sursaut de vigueur. L’expérience vécue sur le front par les soldats et les officiers, la nostalgie de la fraternité, le souvenir douloureux des souffrances partagées conjuguées avec une réinsertion rendue difficile par le contexte économique constitua le cadre politique d’une situation politique explosive. Les évolutions psychologiques dans les consciences des combattants ne cessèrent pas le jour de la signature de l’armistice, mais, au contraire, comme l’a montré l’historien George L. Mossé « la terrible confrontation avec la mort avait modifié l’appréciation de l’existence humaine ». Les conséquences dans le champ de la vie politique et sociale furent doubles : – Le tabou sur l’usage des formes extrêmes de violence tomba puisque les hommes s’étaient habitués à les pratiquer contre l’ennemi « extérieur ». Étudiant le phénomène à partir de cas allemands mais en tirant des conséquences pour les sociétés européennes, George L. Mossé fit le constat suivant : « La guerre, en quelque sorte se poursuivait. Son lexique était toujours en vigueur, ainsi que la volonté d’anéantir totalement l’adversaire à cette différence près qu’il n’était plus étranger, mais intérieur. »

La violence provenant de la guerre se déchaîna à l’encontre des compatriotes italiens, syndicalistes ou socialistes, alors qu’ils faisaient partie de la même nation. Cette lame de fond surgie de la violence et de dureté de la guerre fut portée par les « générations du feu » qui ne comprenaient pas pourquoi l’État leur avait infligé de telles souffrances pour des résultats qu’ils ressentaient comme bien insuffisants par rapport aux illusions et promesses qui leur avaient été faites. – Cette violente rancœur et cette volonté d’apporter de profonds changements à la société politique italienne se sont nourries aussi du thème de la « victoire mutilée » qui émergea après les résultats diplomatiques qui n’accordèrent pas à l’Italie la totalité des provinces situées sur la côte dalmate. En 1919, le poète et écrivain Gabriele d’Annunzio tenta de renouveler la geste des « Mille » de Garibaldi en occupant la ville de Fiume 21


SILVIO TRENTIN préface de rémy

pech

Un Européen en résistance 1919-1943

Silvio Trentin était de ces êtres rares qui savent relier la pensée et l’action. La montée du fascisme en Italie, puis la guerre, vont servir de cadre à son engagement politique. Universitaire, juriste, homme politique, combattant, Européen, il fut tout cela à la fois. Son opposition à l’oppression le conduit à quitter l’Italie pour la Gascogne en 1926, puis Toulouse ou il ouvre une librairie. Celle-ci, 46 rue du Languedoc, devient vite un foyer ouvert aux idées progressistes. Son soutien aux républicains espagnols l’amène à se rendre à plusieurs occasions à Barcelone. La deuxième guerre mondiale survient et son engagement devient résistance. Il soutient, organise, théorise la Résistance ; son organisation – Libérer et Fédérer – sera un mouvement original de reconquête de la liberté dans le Sud de la France. Mais la lutte a lieu aussi en Italie et Silvio Trentin ne peut pas ne pas y participer. Il retourne dans son pays, il combat, il est fait prisonnier. Il meurt en détention en 1944. Dans cette dense biographie – écrite à partir de sa thèse soutenue en 2005 – , Paul Arrighi rend hommage à ce grand Européen dont l’action et la pensée continuent aujourd’hui encore à servir d’exemple. Corse et Pyrénéen, né en Kabylie en 1954 et ayant fait toutes ses études à Toulouse, Paul Arrighi a mené un double cursus universitaire, en histoire et en sciences politiques, jusqu’à l'obtention de la maîtrise d'histoire réalisée sur Les Origines et la création du PSU dans la Haute-Garonne (1952-1968). Ayant réussi ultérieurement le concours d'entrée à l'ENA, il poursuit de 1979 à 1992 une carrière d'inspecteur des affaires sanitaires et sociales puis d'administrateur avant de choisir les fonctions de magistrat. Détaché en qualité d'enseignant l'histoire de 1995 à 2000 à l'Université de Toulouse-le-Mirail, il a soutenu en 2005 sa thèse de doctorat d'histoire sur la biographie du juriste combattant et député devenu exilé politique et libraire à Toulouse, Silvio Trentin.

ISBN 978-2-86266-521-4

www.loubatieres.fr diffusion Dilisud www.dilisud.fr

Document de couverture : Droits réservés.

24,90 €


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