Toulouse, patrimoine et art de vivre

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Toulouse

patrimoine & art de vivre

loubatières



ÉCONOMIE

Et si c’était une marque ? « Toulouse forte et douce. » Cette base line lancée au début des années 1990 ne serait-elle pas la meilleure entrée dans quelque chose comme l’ADN de la ville? Dans cette marque « Toulouse », dont on peut dire – à la manière de Jean-Noël Kapferer – qu’elle est à la fois programme, sens de l’offre et contrat avec le public ? Rien n’interdit en tout cas – d’autres plus autorisés que nous en économie ayant déjà longuement disserté sur le cas Toulouse – d’en faire le pari tant la plupart des avantages territoriaux – héliotropisme excepté – semblent aujourd’hui volatils et que la question que pose finalement le « dynamisme » de la ville est plus que jamais celle de savoir « pourquoi à Toulouse plutôt qu’ailleurs? ». Un survol des réponses institutionnelles à cette question montre que la plupart déploient un schéma déterministe très latin dans lequel on part des facteurs supposés les plus structurels pour finir par l’économie – toujours plus expliquée qu’explicative… C’est là qu’est évidemment la « latinité ». À juste titre très

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Sur les murs de sa ville, le portrait de Claude Nougaro réalisé par Odile Mangion.




To u l o u s e , p a t r i m o i n e & a r t d e v i v r e

b sept grands studios le long de ce nouvel axe commercial qui accueille également les premiers grands magasins de la ville. Si la production essentielle de ces photographes reste celle des portraits, individuels ou de groupe, certains proposent également des images de leur ville. L’impossibilité de saisir le mouvement jusque dans les années 1880 les contraint à fixer sur leurs plaques des paysages urbains statiques et à privilégier encore le décor monumental de Toulouse. Mais les grands travaux urbains qui créent de nouvelles perspectives, la construction de nouveaux équipements (les ponts par exemple) ou même les événements marquants de la vie toulousaine ne manquent pas de les interpeller. Provost enregistre ainsi la mémoire de l’exposition des produits des beaux-arts et de l’industrie qui prend place aux Jacobins en 1865, puis en 1875 celle des terribles inondations qui touchent le quartier de Saint-Cyprien. Trantoul, Gendre et Ducasse diffusent également des images des ruines occasionnées par cette catastrophe. En 1887, la première grande exposition internationale qui se tient à Toulouse fait l’objet d’une couverture photographique donnant à voir aussi bien la construction des grands pavillons que certains des temps forts qui la marquèrent (ascension d’un ballon par exemple). Parallèlement, des amateurs éclairés concourent au développement et à la diffusion de la photographie dans la Ville rose. Dès 1875, Charles Fabre fonde la Société photographique de Toulouse et débute l’année suivante la publication de L’Aide-mémoire de photographie, qu’il poursuivra jusqu’en 1915. Avec son compère Eugène Trutat, conservateur du muséum d’Histoire naturelle, ils

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La ville en noir et en couleur

b s’attachent en particulier à améliorer la technique photographique tant dans le domaine de la prise de vue que dans ceux du tirage et de la diffusion, en particulier par le biais de conférences agrémentées de projections de diapositives sur verre. Trutat, comme l’horloger Ancely, réalisent également les premiers clichés de scènes de rue instantanées, d’une qualité souvent exceptionnelle, témoignages inestimables de la vie et de la société toulousaines des années 1880-1890. M. de Truchsess, de son côté, fonde en 1896 le Photo-club toulousain qui publie chaque mois un journal destiné à ses membres faisant état des dernières nouveautés en matière photographique. À la veille de la guerre de 1914, Toulouse compte donc parmi les grandes villes de la photographie française. En

outre, depuis le tournant du siècle, la maison Labouche s’est imposée comme le leader régional de l’édition de cartes postales, s’adjoignant à l’occasion le concours de photographes ayant pignon sur rue (Fachinetti, dit Fac, Jeansou, Allard, Baudillon et même Amédée Trantoul). Les images de Toulouse pouvaient dès lors circuler dans le monde entier. Le premier grand chapitre de l’histoire de la photographie toulousaine s’achevait aussi, avant que d’autres grands noms viennent en écrire, à partir des années 1930 de nouvelles et belles pages. François B

À gauche, inscription manuscrite par Eugène Trutat sur enveloppe : « Toulouse - l'Observatoire ». À droite « Toulouse : sur le pont retour de la distribution des prix, juillet 1901 ».



COULEUR

Rose, la Ville rose ? Comment Toulouse s’est-elle approprié une couleur au point d’en faire une identité ? L’image de la ville dite rose apparaîtelle encore aux yeux du visiteur et se confirme-t-elle au gré de ses promenades ? Ou ne serait-ce alors qu’une appellation ancienne qui n’aurait plus lieu d’être dans la ville du e siècle qu’est devenue Toulouse ?

Toulouse traditionnelle Vue du ciel, la ville de Toulouse offre ses toits de tuile aux regards, avec la multitude de ses tons de terre cuite plus ou moins patinée par le temps. De l’ocre rose au brun en passant par le rouge, la tuile détermine déjà la palette de tons chauds si caractéristique de la ville. Aujourd’hui encore, la tuile canal recouvre les toits de nos bâtisses, et les fabricants s’appliquent à proposer un produit à l’aspect déjà vieilli, afin de ne pas trop contraster avec les tui-

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