HMONP THESIS - 2021 - Louis Duprez - ARCHITECTE

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- Réflexions déterminantes par et pour un Architecte -

Comment certaines nécessités élémentaires apparaissent comme une réponse aux actuelles préoccupations modernes ? Comment l’architecte participe-t-il aux ambitions architecturales de demain ? * À l’image de mes aspirations professionnelles.

Mémoire d’Habilitation

Duprez Louis École Nationale supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille HMONP 2020 - 2021



Remerciements Avant tout développement sur cette expérience professionnelle, je voudrais formuler des remerciements à tous ceux qui m’ont accompagné de près ou de loin. En premier lieu, je tiens à remercier Mme Sophie Bello pour son suivi et ses conseils avisés tout au long de cette année. Elle m’a offert un accompagnement régulier à travers nos différents échanges. Sa patience, son esprit critique et synthétique ont été d’une grande aide. Sa pédagogie n’a cessé d’ouvrir mon regard sur le métier d’architecte. Je souhaiterais ensuite remercier tout particulièrement Isabelle Menu, Luc Saison et Marcin Wieczorek de m’avoir permis de réaliser la HMONP au sein de leur agence et de m’avoir transmis une partie de leurs expériences professionnelles. Ils ont su me transmettre leurs connaissances en relation avec mon travail théorique. J’aimerais aussi remercier mes collègues de travail qui m’accompagnent et sont avides d’échanges au quotidien. Enfin, un grand merci à l’ensemble des intervenants et participants des différentes sessions qui ont su nourrir mon questionnement et animer les débats sur une profession en perpétuelle évolution.

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À-propos / Mon parcours Je m’appelle Louis Duprez, j’ai 28 ans et je suis originaire de Lille. J’ai réalisé mes études d’architecture à Saint Luc Tournai où j’ai obtenu mon diplôme en 2017 dans l’atelier Master de Éric Van Overstraeten et Pierre Accarain.

Illustration 1: Atelier 1.618 représenté par Éric Van Overstraeten et Pierre Accarain, Saint Luc Tournai Master 2, Photographie personnelle, 2017.

Mon sujet de fin d’études portait sur « l’Architecture Bleue ». En d’autres termes, ce travail théorique mettait en relation l’architecture et sa capacité d’adaptation à la montée des eaux. Les principes de l’architecture résiliente furent mis en avant en réponse à une réalité que nous ne pouvons ignorer. Mobilité et modularité devinrent alors les mots d’ordre de cette nouvelle typologie constructive. Après mes études, j’ai eu l’opportunité de réaliser deux grands voyages itinérants à travers le monde. Ces deux incroyables expériences m’ont beaucoup apporté et m’ont offert une nouvelle perception de l’environnement dans lequel j’évolue. J’ai commencé ma vie professionnelle à Paris, dans une petite structure nommée « Atelier Parisien ». Cette expérience m’a offert une première approche du métier d’architecte, en agence et sur chantier. Je suis ensuite retourné à Lille en tant qu’autoentrepreneur. Depuis août 2019, je travaille principalement en collaboration avec l’agence Saison Menu Architectes et Urbanistes. Pour autant, je me laisse aussi l’opportunité de réaliser différents projets personnels à plus petite échelle. Cela me permet d’élargir mon expérience professionnelle et d’affiner mes futures perspectives d’orientation. Je réalise actuellement mon Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre (HMONP) au sein de l’agence Saison Menu Architectes et Urbanistes, située au 73 boulevard Montebello, à Lille.

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Avant-propos La formation HMONP nous permet d’avoir accès au statut d’architecte agréé et nous offre les clefs d’une signature de renommée. Elle questionne aussi notre position actuelle face à la compréhension de notre métier. Selon l’article 6 de l’arrêté du 10 avril 2007, « (...) l’architecte diplômé d’état doit faire la preuve qu’il a pris connaissance et intégré les règles et contraintes liées à l’exercice de mise en œuvre personnelle du projet, qu’il les maîtrise et qu’il a les capacités de les utiliser dans une démarche d’évaluation critique »1. À travers les différentes sessions réalisées, nous avons en effet pris conscience du rôle et des responsabilités de l’architecte. Il nous a été demandé de formuler un questionnement personnel en relation avec nos aspirations professionnelles. Au regard de ma pratique actuelle, la formation HMONP m’a amené à confronter mes idées et mes ambitions futures.

1. Article 6 de l’arrêté du 10 avril 2007 relatif à l’habilitation de l’architecte diplômé d’état à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en son nom propre. Illustration 2: Projet « Logements Adoma », Saison Menu Architectes et Urbanistes, Boulevard Masséna, Paris 13ème arrondissement, Photo de chantier prise par l’auteur, 2021.

L’ensemble de la formation m’a ouvert les yeux sur les enjeux de notre profession. Nous sommes des architectes en devenir et nous deviendrons prochainement des gestionnaires d’agence, des chefs d’entreprise, des gérants qui s’adapteront à un métier en constante évolution. La HMONP n’est pas une simple formation, c’est une réelle prise d’engagement nourrie par l’appétit intellectuel et les convictions personnelles d’un jeune architecte.

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Sommaire

Remerciements

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À-propos / Mon parcours

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Avant-propos

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Introduction

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I) Nécessités de conception

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a) Un regard de conciliation entre l’éphémère et le durable b) Déprogrammation c) Expérimentation et contradiction

II) Desseins essentiels

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a) Retour aux fondamentaux b) Outils de mise en œuvre c) Économie de conception

III) Projet d’agence

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a) Légitimité et rôle de la profession b) Le bénéfice du temps et du chantier c) Ma conduite professionnelle - Projection d’agence

Conclusion

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Bibliographie

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Webographie

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Iconographie

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1. ANDREU Paul, « Lettre à un jeune architecte », Fata Morgana, P.13.

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« La théorie pour moi est une réflexion permanente, à la fois individuelle et collective, sur ce qui a été produit, produit hier et produit au fil de l’histoire, une remise en ordre chaque fois reprise, qui prépare à l’action, à la recherche et à la décision, qui leur donne une base mais qui n’en fixe pas même la direction »1.


Introduction L’architecture peut simplement être définie comme « l’installation de la vie par une matière disposée avec bienveillance »1. Issue de l’imagination des architectes, elle répond à une « fonction primitive d’abri »2 et laisse son empreinte sur le monde. Cependant, ce dernier fait aujourd’hui face à de réelles préoccupations urbaines et environnementales. L’architecture apparaît alors comme l’une des réponses à ces inquiétudes et nous promet de véritables perspectives d’avenir.

1. MADEC Philippe, « Oser le spécifique, la bienveillance, les cultures », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence, 10 décembre 2013. 2. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.83.

Notre environnement bâti est totalement dépassé face à la démesure de la croissance urbaine. Nos ressources et nos espaces s’épuisent. Les architectes doivent donc réagir et adapter leur manière de concevoir l’architecture. Cette dernière ne peut se limiter à la résolution d’une nécessité éphémère. Elle doit œuvrer comme une réponse aux préoccupations modernes que nous connaissons aujourd’hui. Face à ces actuelles aspirations, l’architecte doit au plus vite établir son terrain d’action. Dans un premier temps, il pourrait concentrer ses interventions sur notre patrimoine bâti existant en réinvestissant le « déjà construit ». Si cette démarche est impossible, les nouveaux édifices conçus devront être capables de passer outre les fondements de l’obsolescence programmée, stratégie industrielle malheureusement trop ancrée dans notre société actuelle. Nos architectures doivent désormais être adaptables, réversibles et évolutives afin d’anticiper et de se projeter dans un cycle construit en mutation permanente. En répondant aux variations d’usages dans le temps et dans l’espace, elles feront aussi preuve de durabilité et de pérennité. À ces principes générateurs s’ajoutent de nouvelles perspectives de mise en œuvre. Des procédés de fabrication écologiques répondant à des choix réfléchis de formes, d’espaces et de matériaux. L’architecture doit redevenir compréhensible et transmissible par tous. Face à cette dernière résolution, de nombreux architectes s’engagent dans la voie de la simplicité et de l’économie de conception. Ils doivent se dépasser et réinventer leur profession. En répondant aux enjeux urbains et environnementaux actuels, ils pourront aussi réaffirmer leur rôle et leur intérêt légitime auprès du grand public. Ce rapport d’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre est pour moi l’occasion de poser différents questionnements. Comment certaines nécessités élémentaires apparaissent comme une réponse aux actuelles préoccupations modernes ?

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Comment l’architecte participe-t-il aux ambitions architecturales de demain ? Je ne pense pas avoir la réponse ultime à ces interrogations. En revanche, je suis persuadé que l’ensemble de ces réflexions personnelles et professionnelles, que je qualifie aujourd’hui de déterminantes, composeront un corpus d’idées organisées par et pour l’architecte de demain.

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I) Nécessités de conception a) Un regard de conciliation entre l’éphémère et le durable « La tendance constante dans la ville européenne du XXème siècle, a été de détruire et de reconstruire les édifices pour en transformer les usages (...). L’heure n’est-elle pas venue de réutiliser les édifices existants plutôt que de démolir pour reconstruire ? »1. On peut alors se demander combien de vies un bâtiment est censé avoir ? Une au moins, si ce n’est plus !

1. RAMBERT Francis, « Un bâtiment, combien de vies ? La transformation comme acte de création », Silvana Editoriale - Cité de l’architecture et du patrimoine, P.7.

Les transitions écologiques et énergétiques associées à la crise urbaine que nous vivons actuellement, nous invitent à réinventer notre manière de concevoir l’architecture et donnent un regain d’intérêt au recyclage de notre patrimoine bâti existant. La démolition-reconstruction cède le pas et laisse place à la rénovation-transformation. Des opérations complexes qui obligent architectes, bureaux d’études et constructeurs à faire preuve d’ambition et de créativité. La réhabilitation en architecture donne souvent lieu à des projets extraordinaires. Elle nous offre l’opportunité de repenser des lieux en quête de réappropriation. On questionne l’espace, on le (re)-questionne pour enfin, lui donner une nouvelle fonction et de nouveaux usages. L’immuabilité de l’usage est un leurre. Les usages évoluent et s’adaptent aux modes de vie. L’architecture doit donc s’adapter à ces usages changeants. Le foncier se fait de plus en plus rare et les impératifs environnementaux nous poussent à freiner l’étalement urbain. Il faut donc construire la ville sur la ville. La ville moderne est à la recherche de nouveaux ensembles urbains. Dès lors, tout est affaire de reconquête, de réutilisation et de recyclage. Certains bâtiments sont capables d’une incroyable réversibilité qui va de pair avec une aptitude à absorber des variations d’usages, dans l’espace et dans le temps. On parle ici d’une réelle adaptation, d’une pérennité notable et caractérisée par une faculté de résilience. Aussi, le concept de résilience en architecture répond clairement à une perspective de durabilité.

* Cas pratique L’agence Saison Menu & Associés dans laquelle je travaille, est à l’origine de différents projets de métamorphose au cœur de Lille. Prenons l’exemple des anciennes galeries Lafayette situées au 31 rue de Béthune. L’enjeu fut de concevoir un nouveau

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1. MENU Isabelle, « Le bâtiment en mode caméléon », La Chronique du BTP, Avril - Mai 2021, P.12.

programme dans une épaisseur de bâti conséquente. L’apport de lumière naturelle fut alors une réelle problématique. Il a fallu créer différents patios à travers les plateaux des anciennes galeries commerciales tout en conservant la structure existante du bâtiment. Un véritable défi spatial et technique. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de suivre ce chantier. Cependant, considérant ce dernier comme un cas d’étude, l’agence organisait différentes visites mensuelles avec l’ensemble des salariés et collaborateurs qui souhaitaient y participer. Dans une certaine mesure, j’ai donc pu prendre part à ce projet de réhabilitation. « Il y a quelque chose d’extraordinaire à redonner une seconde vie à un bâtiment sans le démolir (…) être face à un -déjà là-, pousse vers plus d’invention »1. Ces mots d’Isabelle Menu, co-gérante de l’agence, nous invitent à une logique de transformation de notre patrimoine construit en refusant d’effacer les mémoires qu’il recèle. Pourtant, il n’est parfois pas possible d’y prétendre. Il arrive que la réhabilitation ne soit pas envisageable face à une réalité programmatique et économique attendue par la maîtrise d’ouvrage. Au cours de l’année 2020, chez Saison Menu & Associés, j’ai longuement travaillé sur le Campus Universitaire de l’ISEN (Junia) à Lille, boulevard Vauban. Ce projet témoigne de cette triste réalité. Le bâtiment d’enseignement actuel date de 1998 et sera entièrement démoli pour reconstruire le nouveau Campus. Dès les premières phases de conception, il nous a paru évident que le programme dense et les attentes techniques de la maîtrise d’ouvrage ne permettraient pas de considérer le bâtiment actuel. L’amortissement ou l’obsolescence sont souvent la cause voire la justification du processus de destruction. Si un bâtiment n’est plus rentable ou s’il n’est plus en corrélation avec son époque et ne répond à plus aucun besoin, il sera alors remplacé par une nouvelle architecture au goût du jour.

* Positionnement

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Je suis persuadé que nous devons apprendre à éviter la démolition. Il faut ajouter, transformer et réutiliser. Le bâtiment n’a a priori pas de date de péremption. Le temps peut alors être considéré comme une ressource du cadre bâti. Toute architecture est selon moi le condensé de brides d’architectures du passé. On n’invente presque plus rien, on transforme, on adapte, on réinvente ce qui existe déjà.


Me vient alors l’envie de paraphraser Antoine Lavoisier, père de la chimie moderne: « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »1. Parallèlement, en architecture, tout peut se (re)-créer dans la substance urbaine contemporaine. Il faudrait envisager un laboratoire d’expérimentations typologiques et programmatiques qui fabriquent les nouvelles conditions de vie pour le bâti. À l’heure où l’obsolescence programmée est au cœur de notre société, je pense que considérer la reprogrammation pour le bâtiment est un réel enjeu pour demain. « La mutabilité - voire la réversibilité - apparaît comme un sujet majeur de modernité »2. Cela concerne tout type de construction et pas seulement les bâtiments issus du monde industriel comme les usines ou les entrepôts que l’on voit très souvent transformés en lofts ou en logements. La diversité de l’offre patrimoniale est sans limites.

1. LAVOISIER Antoine, Chimiste, philosophe et économiste français du XVIIIème siècle. 2. RAMBERT Francis, « Un bâtiment, combien de vies ? La transformation comme acte de création », Silvana Editoriale - Cité de l’architecture et du patrimoine, P.15.

Et si, parallèlement à l’incontournable transition écologique, on parlait de transition programmatique ? Je pense que cela permettrait d’envisager une réversibilité constante du monde construit fondée sur les principes de durabilité, de flexibilité et d’agilité.

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1. « Le bâtiment en mode caméléon », La Chronique du BTP, Avril - Mai 2021, P.11.

b) Déprogrammation « Modulable, flexible, adaptable, évolutif (…) Encouragée par la crise sanitaire et rendue nécessaire par la lutte contre le dérèglement climatique, la réversibilité du bâtiment agite les professionnels du secteur »1. Il est vrai qu’actuellement, les architectes se questionnent sur comment transformer efficacement des bâtiments prévus au départ avec une seule fonction. Ne faut-il pas penser le problème en amont et intégrer cette notion de réversibilité dès la phase conception ? Le monde de la construction neuve se presse et la promotion immobilière devient actuellement l’un des principaux acteurs de l’expansion de notre tissu urbain. Lors de la première session de HMONP représentée par Jean-Philip Lebecq, nous avons pu échanger avec Michel Bonord et Alexandre Danset, représentants de différentes sociétés immobilières. Leurs interventions ont semé les prémices de mon questionnement. Dans certains cas, ces entités immobilières aspirent à une conception architecturale de « coque ». La projection interne ne doit pas être figée dès le départ. Lorsque les futurs preneurs d’un projet d’architecture ne sont pas définis, ces acteurs immobiliers veulent se laisser la possibilité de le faire évoluer afin de le proposer à autant d’investisseurs que possible. * Cas pratique Je suis actuellement chef de projet sur deux bâtiments tertiaires dans le cadre du plan de valorisation foncière sur le site de l’ICAM, à Lille. La maîtrise d’ouvrage a souhaité que ces deux unités foncières soient conçues sur un principe global de réversibilité. Si nécessaire, ces deux projets de bureaux peuvent basculer en programme formation ou enseignement. Une volumétrie unique, avec les mêmes façades, les mêmes ouvertures, les mêmes accès mais pouvant répondre à une programmation changeante.

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Ce projet fut assez complexe puisque ces différents programmes suivent de manière logique des réglementations bien distinctes. Il a donc fallu définir un ensemble de cas les plus défavorables (effectifs, distances de sécurité, dégagements, nombre d’unités de passage, nombre de sanitaires, dimensions des espaces, gestion des flux…) pour obtenir un bâtiment au maximum de sa réversibilité dès la phase conception. Je n’ai alors pas conçu un projet unique mais plutôt une « coque » adaptable et susceptible d’accueillir différents projets d’architecture.


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1. MIALET Frédéric, « Bâtiments réversibles », AMC N°262, Septembre 2017, P.62. Illustration 3: Projet « ICAM Lille - Programmation mixte », Saison Menu Architectes et Urbanistes, Bâtiment tertiaire N°2, Perspective réaliste, Vue depuis le Mail central.

Je rebondis alors sur les propos de Jean Michel Gaudy, consultant en sécurité incendie, Casso et Associés. « Il faudrait un règlement de sécurité incendie unique, applicable à tous les types de bâtiments. (…) Pour anticiper la possible réversibilité des bâtiments, ces réglementations doivent être assouplies avec des mesures compensatoires selon les cas »1. Jean Michel Gaudy expose une réglementation allant à l’encontre de la réversibilité du monde bâti. Il prend l’exemple des règles de sécurité incendie notamment en ce qui concerne le respect du C+D en façade pour les projets de logements. Cette réglementation rend évidemment difficile leurs adaptations programmatiques sans intervenir sur le gros œuvre ou sur le dessin de la façade. * Positionnement Je reviens sur le concept d’architecture déprogrammée qui me met face à un ressenti divisé. D’une part, j’estime que ce modèle de conception va à l’encontre de l’un de mes principes fondateurs de l’architecture. Le lien intime et existentiel entre le plan et la façade se trouve dilué jusqu’à ne plus exister. La façade a été totalement désolidarisée du plan puisque celui-ci ne sera jamais réellement défini. Par ailleurs, je trouve que ce mode de conception est innovant et répond aux enjeux de demain. Le contexte urbain actuel vise à transformer la fonction des édifices existants tout en préservant leurs volumes bâtis. De la même manière, le projet d’architecture doit basculer vers une réversibilité facile qui ouvrirait l’édifice à de nouvelles promesses de pérennité : modularité, flexibilité, agilité et durabilité. Le monde de la construction est gourmand, énergivore et responsable en grande partie de l’augmentation des gaz à effet de serre qui bouleversent actuellement notre atmosphère. Ceci est accentué par une architecture actuelle trop éphémère. Je pense qu’introduire une notion de pérennité bien pensée doit désormais être dans les esprits de chaque architecte et conditionner le projet d’architecture de demain. Toutefois, ces nouveaux concepts urbains déprogrammés restent cependant difficiles à envisager pour certains. Ils vont en effet à l’encontre de l’architecture classique des décennies qui nous précèdent où chaque bâtiment remplissait une fonction bien précise et définie selon son emplacement dans le tissu urbain.

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c) Expérimentation et contradiction Application architecturale La crise sanitaire actuelle nous a confronté à une incroyable adaptabilité. En mars 2020, quelques heures à peine ont suffi au monde professionnel pour adopter le télétravail. Si aujourd’hui, concevoir chez soi est ancré dans les mœurs, qu’allons-nous faire de tous ces espaces de bureaux qui ne seront désormais plus utilisés ? Courant 2014, en île de France, plus de 3.3 millions de mètres carrés de bureaux étaient vacants1, alors que le manque de logements y est de plus en plus présent. Le possible changement d’affectation d’immeubles de bureaux en logements doit être perçu comme un moyen d’adaptation aux cycles aléatoires du marché de l’immobilier tertiaire. Encore faut-il les avoir pensés comme des bâtiments réversibles.

1. Chiffre : MIALET Frédéric, « Bâtiments réversibles », AMC N°262, Septembre 2017. Illustration 4: Projet « Logements et / ou bureaux », Diener & Diener, Clément Vergély, Lyon, 12.040m2 SDP, 181 logements, 2.339m2 de bureaux, commerces et crèche, Plans des différents programmes envisagés.

Il existe actuellement de nombreux cas qui témoignent de cette possible transformation. Prenons l’exemple du projet « Logements et / ou bureaux » situé à Lyon et issu de la collaboration entre Diener & Diener et Clément Vergély. Audessus d’un rez-de-chaussée commercial, ce projet superpose six étages de logements en accession à deux niveaux de bureaux, avec la possibilité évidente d’en changer la répartition à moindre coût. Ce projet exprime selon moi une réversibilité engagée. Cette capacité d’évolution s’appuie sur une structure réduite à des poteaux périphériques déportés, des noyaux de circulation étudiés pour les deux programmes et trois poteaux intermédiaires portants des planchers à longue portée. La hauteur sous plafond atteint 2.80m et s’adapte parfaitement aux deux programmations. Le bâtiment fait 14.20m de long. Il est tenu dans sa longueur par des balcons filants faisant obstacle au passage du feu d’un étage à un autre. La façade en second plan est non structurelle et permet un positionnement libre des ouvertures en fonction de la programmation choisie. A l’avant, des colonnes torsadées en béton ceinturent le bâtiment et lui confèrent une identité propre. La forte expression de cette structure compense les quelques concessions faites aux standards du programme tertiaire comme la trame de 1.35m. Les architectes, les bureaux d’études et les constructeurs font preuve d’ambition pour répondre aux enjeux de demain. Ce projet est un exemple des possibilités qui s’offrent à nous

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dans une recherche de pérennité en architecture. La flexibilité du monde bâti doit être une priorité. Le système structurel, l’enveloppe, l’organisation interne, la forme générale et l’épaisseur du bâtiment doivent être conçus pour répondre à une variation programmatique constante.

Illustration 5: Réhabilitation d’une maison 1930, Croix, Photo de chantier prise par l’auteur, 2020.

Contre-exemple significatif À Paris, de nombreux logements haussmanniens ont été depuis des décennies transformés en bureaux. Ces immeubles configurés pour le logement se sont facilement adaptés au programme tertiaire grâce à leur belle hauteur d’étage et aux grandes dimensions de leurs pièces de vie. À plus petite échelle, j’ai plusieurs fois été confronté à la maison type 1930, très présente en région lilloise. Elle a su s’adapter aux multitudes d’agencements imaginés par les différentes familles qui y ont vécu. Tout y est modifiable. Le système intérieur est libéré et s’adapte aux usages recherchés. Le temps laisse les matériaux se superposer au gré des occupants successifs. Ces couches d’architecture deviennent alors des strates de mémoire du passé. Ces architectures ont été définies selon un plan parcellaire strict. Elles témoignent d’une rigidité urbaine d’époque. Pourtant, elles ont su défier les rouages du temps et témoignent d’une réelle pérennité. Cet exemple connu me laisse perplexe et nous prouve que pérennité peut donc rimer avec rigidité lorsque je m’applique à l’associer avec réversibilité.

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II) Desseins essentiels a) Retour aux fondamentaux « La principale oppression aujourd’hui est de rendre le monde illisible et c’est en simplifiant le monde de la complexité factice dans laquelle il baigne que l’on a une chance de le comprendre et, par conséquent, de le transformer »1. Ces propos d’Alain Badiou illustrent bien ma perception de l’environnement dans lequel j’évolue. Notre contexte urbain est souvent défini par une accumulation d’architectures, de formes et de matérialités différentes.

1. BADIOU Alain, « Les chemins de la philosophie », France culture, 01.2013. 2. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.11. 3. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.22.

Chaque projet est en effet issu des ambitions conceptuelles d’un ou plusieurs architectes au désir acharné de bâtir une œuvre. Notre ensemble urbain s’en trouve alors morcelé d’architectures parfois difficiles à expliquer et à mettre en relation les unes par rapport aux autres. Un tissu hétérogène à travers lequel je manque parfois de repères. Essayons de simplifier le monde de l’architecture pour qu’il redevienne « visible et compréhensible par le plus grand nombre »2. Comment faire le parallèle entre une ruelle d’un village de Provence, une rue typique en région lilloise et une avenue en plein cœur de Paris ? Dans la première, les habitations seront faites de pierres naturelles laissées brutes, dans la seconde, les maisons seront maçonnées de briques traditionnelles et dans la dernière, les immeubles seront faits de pierres calcaires travaillées. Trois typologies d’architecture qui témoignent d’une échelle, d’une localité et d’une matérialité. La matière est ici capable d’évoquer un lieu particulier et les savoirs liés à la transformation de cette matière. Dans les trois cas, on se retrouve face à une homogénéité constructive qui me rassure et affirme une architecture logique, forte, durable et non un « assemblage de produits de plus en plus nombreux, de plus en plus artificiels »3.

* Cas pratique Il n’est pas difficile de voir que nos architectures sont conçues à travers une bibliothèque matérielle sans limite, à l’image d’un modèle sociétale où nous avons accès à tout et tout de suite. Le simple choix d’une matérialité peut alors devenir un véritable défi. 22


1. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.58.

Je suis actuellement chef de projet sur un ensemble de 150 logements sociaux situés à Paris, boulevard Masséna dans le 13ème arrondissement. Au moment de définir la brique de parement, je me suis rendu au showroom de Wienerberger, en Belgique. Mon choix s’est vite porté sur une brique brune aux dimensions classiques mais j’ai été stupéfié par les centaines de références disponibles, de compositions, de teintes et de dimensions différentes. Par ailleurs, sur un autre projet, j’ai dernièrement été confronté au choix entre ITI et ITE. L’isolation par l’extérieur peut avoir de réels avantages mais elle est aussi responsable d’architectures fragiles qui renoncent à toute idée de pérennité. Il me paraît illogique de venir adosser à un bâtiment fort, une peau isolante tendue et souvent revêtue d’un enduit ou d’une vêture légère. Cela engendre une réelle pauvreté constructive. La solution à l’ITE se trouve peut-être dans les briques de parement choisies juste au-dessus: un revêtement de façade autoportant qui a sa propre tectonique et exprime une véritable notion de gravité.

* Positionnement Nous vivons selon moi dans une orgie de possibilités matérielles. Il est temps de revenir aux fondamentaux et de réduire notre champ de vision à des matériaux ayant du sens pour demain. « Les architectes doivent cesser de bâtir des cités en carton-pâte, peuplées de faux murs, de faux planchers et de faux plafonds »1. Je pense qu’il faut investir dans une matérialité locale, durable et évocatrice. Une matérialité capable de tisser des affinités avec la ville. Je voudrais revenir à des figures simples et logiques. Les formes que nous produisons ne doivent pas être gratuites. Elles doivent être le résultat d’une technique et d’un rapport au contexte et à l’histoire. Pour illustrer ce propos, j’aimerais faire le parallèle avec les architectures plastiques de Frank Gehry qui alimentent mon incompréhension face à certaines formes architecturales injustifiées. Aussi, pour l’habitant, la plupart de ces projets ne sont que des objets solitaires revêtus d’une peau brillante qui attire le regard et à travers lesquels il est difficile de s’identifier.

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1. 2. 3. LUCAN Jacques, « Composition et noncomposition architecturale », Starchitecte, Conférence Pavillon de l’Arsenal, Paris 2013. 4. 5. DEBORRE Rodolphe, Directeur du développement durable chez Rabot Dutilleul, HMONP Session 5. Illustration 6: Projet « Logements Adoma », Saison Menu Architectes et Urbanistes, Perspective réaliste, Vue depuis le boulevard Masséna, Paris 13ème arrondissement.

b) Outils de mise en œuvre Procédés de construction Pour comprendre comment installer l’architecture face aux enjeux urbains et environnementaux actuels, il me faut analyser ses mutations au cours des dernières décennies. Jacques Lucan associe l’architecture du XXème siècle à une composition, « un assemblage de pièces, d’entités closes »1 faisant preuve de hiérarchie. Au XXIème siècle, on voit selon lui apparaître deux nouveaux paradigmes. Le premier fait référence à « l’irrégularité de certaines constructions aux dimensions parfois sculpturales »2 et dont j’ai déjà exprimé mon ressenti dans la partie précédente. Le second concerne le fait de « penser l’architecture comme un système de construction »3. Ce deuxième paradigme nous prouve que l’architecture peut être pensée à travers l’application d’un procédé constructif. Un processus de fabrication qui émane probablement de la généralisation de la préfabrication. Lors de la session 5 de HMONP représentée par Cédric Michel, nous avons pu échanger avec Rodolphe Deborre, directeur du développement durable chez Rabot Dutilleul. Selon lui, la réponse aux préoccupations urbaines et écologiques actuelles se trouve dans l’élaboration d’un système défini par « une infinité combinatoire d’éléments standards »4. Il faut éviter « l’innovation démultipliée »5 et trouver un principe fort et unique pouvant globalement répondre à une demande constructive intense. La réduction des émissions de CO2 se trouve selon lui dans une industrialisation saine et bien pensée de nos architectures. Les architectes ont un rôle à jouer et doivent réagir.

* Positionnement Face à ces propos, mon ressenti est à nouveau divisé. Fabriquer une architecture à travers un assemblage d’éléments standardisés ne répond pas forcément aux préoccupations actuelles. Mais que ces éléments conçus hors site, soient réfléchis et qu’ils engagent des économies sur les coûts de conception, construction et environnementaux, participe aux enjeux urbains et écologiques actuels. Aussi, je considère qu’une architecture préfabriquée sera généralement mieux mise en œuvre et offrira élégance de façade et pérennité constructive. 25


En revanche, que ces éléments modulaires soient adaptables à n’importe quel projet fait basculer l’architecture dans une dimension industrielle. Cette vision des choses met à l’écart la situation dans laquelle doit s’implanter le projet d’architecture. « Faire de l’architecture, c’est s’inscrire dans un contexte particulier en mettant en œuvre un lieu par le choix d’une structure et donc d’un principe constructif »1 associé à « un matériau, dicté par le contexte »2. Je pense que si nous ne partons pas de ce postulat, nous ne pourrons édifier des architectures que les hommes s’approprieront pour ensuite les occuper dignement.

Matériaux écologiques À travers ce rapport d’habilitation, je m’efforce de mettre en évidence les grandes idées relatives aux ambitions environnementales actuelles. Le choix d’une matérialité responsable pour nos architectures en fait partie. Toujours au cours de cette session 5 de HMONP, « La norme et ses entours - Voies de progrès », nous avons suivi l’intervention de Vincent Thellier, représentant de CD2E3, sur les enjeux liés à l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés. Ces derniers sont entièrement fabriqués à partir de matière biologique naturelle comme la terre, le lin, la paille, le chanvre ou encore le coton et la laine de bois.

1. 2. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.31. 3. Centre de déploiement de l’éco-transition dans les entreprises et les territoires. Illustration 7: Projet « Pôle touristique Viavino », Saint Christol (34), Philippe Madec Architecte, Projet basé sur l’économie de conception avec des formes, des espaces et des matériaux réfléchis.

Dans la majorité des cas, ces matériaux sont très peu utilisés. C’est lorsque l’on se confronte aux normes et aux réglementations les concernant que l’on comprend pourquoi ils ne sont pas encore rentrés dans nos modalités de conception. Ces codes de la construction ne les préconisent pas, par manque de recul sur les exigences techniques souhaitées. Pourtant, ces matériaux répondent la plupart du temps aux appétences thermiques et acoustiques attendues.

* Positionnement Le monde de la construction fait face à une transition écologique sans précédent. Les architectes sont selon moi les représentants d’un possible changement. Changement qui sera ensuite porté par une majorité culturelle. Je pense que nous devons jouer un rôle qui relève de l’intérêt général et qui se met au service des ambitions environnementales actuelles. Ces matériaux écologiques doivent donc au plus vite s’associer à notre conception architecturale.

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Notre profession est réglementée, il faut la mériter et la considérer comme un devoir. Il faut agir et faire évoluer le cadre dans lequel nous exerçons. « C’est en s’affranchissant des normes, des codes, que l’on peut véritablement exister (…). Ce que j’admire le plus chez un architecte, c’est sa liberté »1. Oscar Niemeyer.

1. NIEMEYER Oscar, Citation de l’architecte.

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1. LAPIERRE Éric (Élex), « Quel futur pour l’architecture ? Économie de moyens versus nouvelle économie », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence 2020.

c) Économie de conception Champs d’action « L’économie de conception peut être définie comme le fait d’utiliser le moins de moyens possible pour atteindre un but donné »1. En architecture, cette économie fait référence aux moyens de composition, de construction et de représentation qui mènent au projet d’architecture. Elle est souvent moteur de notre habilité à concevoir. Tout d’abord, les moyens de composition renvoient au plan, à la façade ou à la volumétrie du projet. Ci-dessus, j’ai déjà évoqué le désir de revenir à une architecture rationnelle, intelligible et donc compréhensible par tous. Certains projets émanent du supposé génie d’architectes qui ne prennent pas en compte le fait que l’architecture doit être sociale et significative pour le collectif. Ensuite, les moyens de construction font référence à l’ensemble des techniques de mise en œuvre de l’architecture. Comme une réponse aux ambitions urbaines et écologiques actuelles, nous devons simplifier le processus de construction tout en offrant au projet une forme d’intemporalité. J’ai aussi déjà évoqué ces propos en amont. Enfin, les moyens de représentation sont connus comme l’ensemble des outils d’expression du projet. L’image en est le parfait exemple. Certaines perspectives vouées à la communication peuvent demander une quantité de travail considérable. Une énergie colossale investie uniquement pour faire valoir ses compétences en tant qu’architecte. Nous sommes issus d’une formation bien spécifique et nous ne devrions pas avoir à constamment nous justifier sur la qualité des œuvres architecturales que nous produisons. Il arrive aussi que certaines de ces images, très travaillées, soient mensongères et cachent une réelle pauvreté constructive. Des représentations perverties par le désir d’offrir une architecture qui semble durable par son esthétique et son aspect verdoyant. Pour répondre à cette démarche d’économie de moyens de représentation, je suis persuadé qu’il faut (ré)-envisager certaines formes simples d’expression comme le collage ou le dessin.

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Mon champ d’intervention Notre conception architecturale est parfois trop engageante. Si le projet ne respecte plus les contraintes économiques imposées, la maîtrise d’ouvrage est alors en droit de demander à l’architecte de simplifier son œuvre. Parfois, ce dépassement est lié à l’ambition de donner au projet une dimension éco-responsable que nous devons réussir à faire valoir. Cette volonté d’agir peut éventuellement être partagée avec la maîtrise d’ouvrage mais la plupart du temps, cette dimension écoresponsable est laissée pour compte face à certaines économies d’investissement. L’architecture est ici perçue comme un produit financier en attente de rentabilité et malheureusement, construire écologique reste plus onéreux. C’est une triste réalité qui m’a plusieurs fois valu cette réflexion personnelle : « Ce n’est pas avec ce projet que je vais sauver le monde ».

1. BEAL Antoine, « Métier - Profession - Société », HMONP Session 6. Illustration 8: Projet « Pôle touristique Viavino », Saint Christol (34), Philippe Madec Architecte, Matériaux biosourcés et géosourcés, Dominance du bois et de la pierre, Recherche d’une simplicité architecturale.

Mais quel est le lien avec l’économie de conception ? Durant la session 6 de HMONP représentée par Antoine Beal, nous avons longuement pu échanger sur sa vision stratégique de l’économie de projet. En choisissant une volumétrie que je qualifierais de simple avec un linéaire de façade optimisé et des matériaux réfléchis ne faisant pas acte d’artifices, l’architecte participe à ce processus. Toutes les économies associées à ces différents choix pourront ensuite être réinjectées au projet dans une tout autre mesure. L’économie de conception est ici « un moteur architectural qui nous invite simplement à mieux construire »1.

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III) Projet d’agence

1. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale, P.89.

a) Légitimité et rôle de la profession Nous sommes issus d’une formation bien spécifique qui nous offre la capacité d’être des créateurs d’espaces, des générateurs d’usages. La profession d’architecte est donc légitime par son « savoir-faire ». Les architectes peuvent aussi être définis comme des « intellectuels engagés pour la transformation concrète de notre société »1. À nos compétences spécifiques vient alors s’ajouter une manière d’être, un sens social, un « savoir-être ». L’architecte est le maillon central d’une grande chaîne qui ne cesse de s’étendre. Le nombre d’acteurs qui gravitent autour d’un projet s’est démultiplié. Aux côtés de l’architecte, s’étendent aujourd’hui de nombreux spécialistes identifiables (ingénieurs, géomètres, paysagistes, économistes et autres) et dont les connaissances nous dépossèdent toujours un peu plus d’une partie de la maîtrise du projet. Leurs compétences sont à la fois en concurrence et en complémentarité avec celles de l’architecte. Ma formation à l’école Saint Luc de Tournai m’a offert quelques notions structurelles par sa qualification « d’ingénieur-architecte ». Je ne me prétends pas ingénieur structure mais je pense avoir aujourd’hui certaines clefs pour anticiper les besoins structurels dans l’élaboration d’une architecture. Cela en fait une force pour le projet. De la même manière, je pense qu’il est primordial qu’un ingénieur soit doté d’une connaissance et d’une sensibilité architecturale. L’architecte est l’intermédiaire entre les spécialistes énoncés en amont et la maîtrise d’ouvrage. Nous devons donc être au fait des spécificités et des compétences de chacun. Nous avons la connaissance large sans réellement être expert de rien. Cette étiquette du « tout sachant » n’est pas toujours facile à faire valoir et provoque une constante recherche de légitimité professionnelle.

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Cette recherche de légitimité s’est vue renforcée depuis que notre profession est parfois réduite à la simple signature et au dépôt d’un permis de construire. Les missions partielles auprès de la maîtrise d’ouvrage sont de plus en plus présentes et nous nous retrouvons alors amputés d’une ou plusieurs phases pourtant essentielles à l’élaboration du projet (PRO ou EXE par exemple). L’architecte perd alors la main sur les étapes de conception détaillées et approfondies menant à la bonne réalisation de son œuvre. L’architecte est un chef d’orchestre. Par ses compétences techniques et sa culture générale transversale aux processus de production architecturale, il est selon moi l’un des seuls à pouvoir apporter de formidables ouvertures au changement et à l’expérimentation. Lorsque cette dernière est fructueuse, elle suscite reconnaissance et notoriété, tant pour le concepteur qui en est à l’origine que pour la maîtrise d’ouvrage qui l’a soutenue. Je suis totalement convaincu de la nécessité et de la légitimité de notre profession. Pour en revenir aux grandes lignes de ce rapport d’habilitation, je pense que notre métier nous donne les capacités de répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. Notre société a besoin d’architecture et d’architectes aux compétences et au « savoir-faire/être » si particuliers.

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b) Le bénéfice du temps et du chantier Temporalité de projet Sur la période dédiée à la conception, le temps est pour l’architecte une quête perpétuelle. Il est nécessaire d’en disposer pour travailler correctement. L’élaboration d’un bâtiment est parfois souhaitée en quelques mois à peine. Pourtant, l’édifice sera probablement construit en plus d’une année et son usage, son activité, sera étalé sur un temps encore plus long. Je considère réellement le temps comme l’un des matériaux de l’architecture comme le sont l’acier, le bois ou le béton, comme le sont aussi la pensée et le travail. Au cours de mes différentes expériences professionnelles, nombreuses sont les fois où j’ai été confronté à des échéances difficilement tenables, parfois au détriment du projet. La situation peut aussi être inversée. La maîtrise d’ouvrage a parfois besoin de temps pour rassembler des fonds, démarrer la commercialisation, négocier des arrangements avec tel voisin ou telle entreprise. On demande alors à l’architecte de poser son crayon pour une période indéterminée.

1. GOETZ Benoît, « L’architecture à l’œuvre », Chroniques du chantier de l’arsenal, 2014. Illustration 9: Projet « Réhabilitation des galeries Lafayette », Lille, 31 rue de Béthune, Saison Menu Architectes et Urbanistes, Photo de chantier prise par l’auteur, 2019, Vue sur l’un des différents patios créés.

La profession d’architecte est cyclique, segmentée. Il apparaît alors essentiel d’être ferme sur ses exigences et ses besoins, notamment en ce qui concerne le temps nécessaire à l’élaboration du projet afin de mener à bien la mission de conception. L’architecture demeure la concrétisation d’un site et de ses contraintes particulières en lien avec l’expression d’un territoire par l’usage de ses ressources. Le tout associé à une économie et à une mise en œuvre. Si nous ne prenons pas le temps de bien concevoir le projet face à ces éléments, l’architecture qui en découle se verra alors privée d’une certaine qualité constructive.

Notions de construction Le chantier fait partie intégrante du métier d’architecte. Il lui demande une maîtrise complète de la fabrication du projet d’architecture. La connaissance et les compétences techniques issues de notre formation nous offrent cette habilité à fabriquer. Pourtant, « Des quatre - états - ou - moments - de l’architecture, à savoir le projet, le chantier, l’œuvre et sa ruine (ou sa disparition), c’est le second qui semble pâtir du plus ruineux prestige »1. 34


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Un projet d’architecture se construit par itération. Il ne peut être totalement défini dès le départ. Au fur et à mesure de sa construction, il fait face à des contraintes, des incohérences, des oublis, des inconnues et des malfaçons. Ces rebondissements impactent temporellement et spatialement le processus de fabrication du projet. Cette difficulté illustre parfaitement le besoin pour l’architecte d’être assez éveillé et en alerte pour réagir à l’imprévisible. Ces dernières années, notre cadre professionnel s’est transformé. Le nombre d’acteurs présents autour d’un projet d’architecture s’est amplifié et cela nous dépossède toujours un peu plus d’une partie de la maîtrise du projet. Nous sommes pourtant des maîtres d’œuvre, « (...) des travailleurs de l’esprit en prise directe sur l’action »1.

1. BERNARD Pierre, « Engagement - Le Chantier », Criticat N°2, Septembre 2008. Illustration 10: Projet « Logements Adoma », Saison Menu Architectes et Urbanistes, Boulevard Masséna, Paris 13ème arrondissement, Photo de chantier prise par l’auteur, 2021, vue aérienne sur la mise en place des voiles du RDC.

L’architecte est donc un concepteur et un maître d’œuvre. Pourtant, il est parfois considéré pour l’un et non pour l’autre. Cette dissociation est malheureusement cultivée au sein de notre milieu professionnel, entre nos divers interlocuteurs et collaborateurs. Lorsque l’architecte est privé des phases liées au chantier, un triste décalage s’opère entre le discours qu’il tient de sa profession et la réalité de sa pratique au détriment du projet. S’il est totalement démuni de la maîtrise de l’élaboration de son œuvre, on peut malheureusement parler de « déprise d’œuvre ». Cette désignation soulève un point essentiel dans l’évolution actuelle de notre métier qui s’adapte au monde changeant de la construction. L’agence Saison Menu dans laquelle j’évolue principalement est divisée en trois pôles distincts. Celui de l’Urbanisme, de l’Architecture et de la Maîtrise d’exécution (Mox). À l’échelle d’une grande agence, cette dissociation nous prouve que le métier d’architecte est aujourd’hui segmenté à différents degrés de compétences. Le projet passe d’une main à l’autre en fonction des expériences de chacun et selon la phase de conception ou de réalisation. Je pense qu’il faudrait prioriser une collaboration constante entre collègues novices et expérimentés, à travers l’ensemble des étapes d’avancement du projet. Je suis persuadé que le chantier doit rester au cœur de notre métier. Il est pour moi le lieu des transformations des matières par une mise en œuvre réfléchie. Au cours de mes différentes expériences professionnelles, j’ai eu l’occasion de conduire différents chantiers à petite échelle (appartements haussmanniens, maisons individuelles et types 1930, salle de cycling et autres). J’ai actuellement la chance d’être le chef de projet sur un ensemble de 150 logements, boulevard Masséna à

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Paris, dans le 13ème arrondissement. Je collabore étroitement avec Adnan Jbouha (Mox) sur le bon déroulement du processus de construction. Cette maîtrise du projet se base sur des réunions de chantier régulières et sur des comptes rendus rigoureux faisant état de réserves et de visas spécifiques. J’apprécie ce rôle qui m’est confié et me donne goût au chantier.

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1. Définition personnelle de l’architecture

2. MADEC Philippe, « Oser le spécifique, la bienveillance, les cultures », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence, 10 décembre 2013. 3. Dictionnaire Larousse, Définition d’une « agence ». 4. Proverbe africaines

d’origines

c) Ma conduite professionnelle - Projection d’agence J’ai toujours défini l’architecture comme: « La parfaite expression de notre imagination. En construisant l’espace, elle combine création artistique et processus de conception, par et pour l’homme »1. L’architecte et urbaniste Philippe Madec l’annonce comme « une attention amoureuse qui préside à l’acte de concevoir pour l’autre »2. Dans les deux cas, l’architecte est alors perçu comme un générateur d’espaces. Cependant, c’est aussi l’acteur principal au sein d’un groupe, d’une équipe, d’une agence qui en demande la gestion permanente. Une agence est définie comme un « établissement commercial traitant de problèmes spécifiques et servant en particulier d’intermédiaire entre la clientèle et des professionnels »3. Cette définition illustre bien la pratique de notre métier en tant qu’intercesseur entre maîtrise d’ouvrage et entreprises. L’aspect commercial est aussi indispensable à cette profession qui doit être rentable afin d’être viable. Un projet d’agence d’architecture doit questionner les conditions de la pratique que l’on souhaite. Il ne s’agit pas de faire dès aujourd’hui le choix d’un exercice limité et exclusif à un secteur (privé ou public), à un programme (logements, bureaux ou équipements) ou à une nature d’intervention (neuf ou réhabilitation). J’aimerais revenir à une échelle architecturale plus humaine, plus sensée, plus sincère qui offrirait à l’homme des lieux pour développer et partager la vie. Je souhaiterais définir le cadre d’une agence en phase avec ma vision de l’architecture. Un atelier qui soit force de proposition, capable de concevoir des projets qui répondent aux enjeux urbains et environnementaux actuels. J’ai envie de concevoir une architecture responsable et généreuse de sens par des choix réfléchis de formes, d’espaces et de matières. Des projets qui mêlent pérennité et simplicité architecturale et remettent constamment l’usager au centre de la question. Je pense que nous avons besoin d’une architecture durable, adaptable et réversible dans le temps et dans l’espace, en relâchant la stigmatisation de la fonction et en donnant la priorité aux usages changeants. Je suis persuadé que les architectes doivent constamment travailler ensemble, que leurs compétences s’affinent et se complètent au fur et à mesure de leurs rencontres. Je fais en effet partie de ces gens qui pensent que « tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin »4.

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J’espère le moins possible être rattrapé par une réalité de rentabilité économique qui mettrait à bas ces aspirations personnelles et professionnelles. Je ne souhaite pas ressembler à ces grandes agences qui associent quantité architecturale et « turnover » salarial pour rentrer dans leurs bilans. La flexibilité des horaires y est exigée et le respect des droits sociaux et du travail est souvent peu respecté. L’architecture ne doit pas se faire au sacrifice de la vie sociale des architectes. Pour pouvoir dessiner un musée, un théâtre ou une salle de sport, il faut nécessairement avoir eu le temps d’y aller. Je ne veux pas rentrer dans un système d’études « à risques » non rémunérées. Notre profession doit être reconnue par sa juste nécessité et par l’utilisation de nos compétences spécifiques. Elle est déjà protégée par la loi MOP du 12 juillet 1985 vis-à-vis de la maîtrise d’ouvrage des marchés publics. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’une maîtrise d’ouvrage privée ? Il faut alors se protéger dans un cadre contractuel nécessaire pour établir les missions et éléments attendus au projet.

1. « Portrait démographique et économique de la profession d’architecte », Archigraphie 2020, P.49. 2. Chiffre : BIAU Véronique, HMONP Lille 2021, Source Archigraphie 2020 (CNOA), P.38. Illustration 11: Atelier Le Corbusier, Rue de Sèvres, Paris, 1953.

La création d’une agence est une aventure aux multiples bienfaits et difficultés, dans laquelle j’ai envie de me lancer. En tant qu’auto-entrepreneur depuis 2017, n’ai-je pas déjà mis un pied dans ce rouage entrepreneurial ? Ce statut professionnel apparaît aujourd’hui comme « synonyme de nouveau modèle économique pour certains et de précarisation pour d’autres »1. Sa place au sein de notre profession est en effet sujet à de nombreux débats. Ce modèle professionnel me donne aujourd’hui accès à une véritable diversité professionnelle. Il m’a offert la possibilité d’exercer facilement dans différentes agences, sur des projets variés et à différentes phases de conception ou de réalisation. 26% des architectes de moins de 35 ans inscrits à l’Ordre en 2017, exercent sous le régime d’auto-entreprise2. Si ce statut est souvent critiqué, il m’a réellement permis d’acquérir une certaine forme d’indépendance au regard de la profession et m’aidera très certainement lors de la future création de mon agence. Viendra alors pour moi le temps de choisir le bon modèle et la bonne structure d’entreprise en fonction des circonstances qui s’offriront à moi.

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Conclusion « Notre travail d’architecte ne nous demande pas de nous transformer en prophètes ou en imprécateurs. Il nous demande, c’est plus difficile, de ne jamais accepter une réponse pour définitive et d’être vigilants à reformuler chaque jour nos questions »1. Paul Andreu décrit ici le métier d’architecte comme un perpétuel questionnement. En tant que représentants des usagers, les architectes doivent quotidiennement formuler des réponses aux évolutions de notre société. Ce mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre a été pour moi l’occasion d’interroger les attendus architecturaux face aux préoccupations urbaines et environnementales actuelles. Ce temps de réflexion m’a aussi permis de comprendre la place qu’occupe aujourd’hui l’architecte vis-à-vis des différents processus de conception et de production.

1. ANDREU Paul, « Lettre à un jeune architecte », Fata Morgana, P.41. 2. DEMIANS Anne, « Quel futur pour l’architecture ? Économie de moyens versus nouvelle économie », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence 2020. 3. BELLO Sophie, Architecte et directrice d’étude, HMONP 2021 ENSAPL.

D’une manière générale, ces enjeux contemporains nous invitent à la sobriété des consommations et à la modification des comportements individuels. En architecture, ils nous poussent à (ré)-investir notre patrimoine bâti existant. Lorsque cette démarche est impossible, les architectes doivent penser pérennité constructive en concevant des édifices qui résistent à l’épreuve du temps. Cette notion de durabilité peut aussi être caractérisée par une aptitude aux changements d’usages. La stigmatisation de la fonction laisse alors place à l’évolutivité et à la réversibilité construite. On ne peut plus concevoir un bâtiment sans penser à sa transformation. À ces concepts générateurs s’ajoute l’utilisation de l’économie de conception, qui devient alors une nécessité. Nous devons envisager des architectures fondées sur des choix spatiaux, constructifs et matériels réfléchis. Évitons les gestes d’excès et revenons à l’essentiel, aux fondamentaux. Il faut créer une intemporalité architecturale et éviter les constructions « trop bavardes au détriment de ce qui (pré)-existe »2. Certains bâtiments actuels ne nous parlent plus et c’est la principale raison du désintérêt du grand public vis-à-vis de l’architecture. Pourtant, l’émotion internationale ressentie autour de l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 nous a rappelé à quel point l’intérêt collectif pour notre discipline est toujours présent. Il faut revenir à des édifices compréhensibles et transmissibles par tous. L’architecte est un « poète de l’espace »1 qui doit à nouveau s’appuyer sur des fondamentaux afin de redonner du souffle à sa légitimité professionnelle.

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La formation d’HMONP m’a ouvert les yeux sur le métier d’architecte. Elle nous offre la possibilité de devenir des signataires aux responsabilités engagées dans l’intérêt public et face aux problématiques contemporaines. Elle nous donne les clefs pour devenir des concepteurs d’espaces, des constructeurs ambitieux, des chefs d’agence qui réinventeront leur profession dans un monde en constante évolution.

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Bibliographie

Ouvrages RAMBERT Francis, « Un bâtiment, combien de vies ? La transformation comme acte de création », Silvana Editoriale - Cité de l’architecture et du patrimoine. QUIROT Bernard, « Simplifions », Éditions Cosa Mentale. ANDREU Paul, « Lettre à un jeune architecte », Fata Morgana.

Articles « Le bâtiment en mode caméléon », La Chronique du BTP, Avril - Mai 2021. MIALET Frédéric, « Bâtiments réversibles », AMC N°262, Septembre 2017. BADIOU Alain, « Les chemins de la philosophie », France culture, 01.2013. GOETZ Benoît, « L’architecture à l’œuvre », Chroniques du chantier de l’arsenal, 2014. BERNARD Pierre, « Engagement - Le Chantier », Criticat N°2, Septembre 2008. « Portrait démographique et économique de la profession d’architecte », Archigraphie 2020. « Est-il possible d’expérimenter en France ? », D’Architecture 240, Novembre 15. « Avis d’experts - Société », Avril - Mai 2014. DURAND Jean-Marie, « à bas les normes », Les Inrockuptibles, 2.04.2014. SENETT Richard, « ensemble, pour une éthique de la coopération », Albin Michel, 2014.

Dossiers spécifiques « Ensemble, nous nous engageons ! », Pacte Lille bas carbone, Ville de Lille, MEL 2021. BIAU Véronique, « Transformations de la profession et des pratiques professionnelles », Les architectes français, HMONP Lille, 29 janvier 2021.

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Webographie LUCAN Jacques, « Composition et non-composition architecturale », Starchitecte, Conférence Pavillon de l’Arsenal, Paris 2013. https://www.youtube.com/watch?v=f_Q7bmZ4T5g&ab_channel=starchitecte « Quel futur pour l’architecture ? Économie de moyens versus nouvelle économie », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence 2020. https://www.youtube.com/watch?v=ZKybvRI6-bg&list=PL gF8nRV_7cWmOWkXo2sve3YlmmuVrvkdi&index=97&ab_ channel=Cit%C3%A9del%27architectureetdupatrimoine MADEC Philippe, « Oser le spécifique, la bienveillance, les cultures », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence, 10 décembre 2013. https://www.youtube.com/watch?v=Amy_5DBTNDk&ab_ channel=Cit%C3%A9del%27architectureetdupatrimoine « Les grands défis : écologie, climat, santé », Cité de l’architecture et du patrimoine, Conférence 2020. https://www.youtube.com/watch?v=aG1sxbslCzY&t=338s&ab_ channel=Cit%C3%A9del%27architectureetdupatrimoine

Iconographie Illustration 3: https://www.saisonmenu-architectes.com/bureaux-campus-icamlille Illustration 4: https://www.amc-archi.com/photos/diener-diener-et-clementvergely-livrent-des-logements-et-ou-des-bureaux-a-lyon,9118/plan-d-etage-debureaux-log.4 Illustration 6: https://www.saisonmenu-architectes.com/massena-2-adoma Illustration 7: https://pierreyvesbrunaud.net/portfolio/viavino-saint-christol-34atelier-philippe-madec/#4 Illustration 8: https://pierreyvesbrunaud.net/portfolio/viavino-saint-christol-34atelier-philippe-madec/#4 Illustration 11: https://designluminy.com/charlotte-perriand-latelier-de-la-ruede-sevres-extrait-de-une-vie-de-creation-editions-odile-jacob-paris-1998/ 45


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Mémoire d’Habilitation Duprez Louis École Nationale supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille HMONP 2020 - 2021


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