ARCHITECTURE BLEUE
DUPREZ LOUIS Université Catholique de Louvain-la-Neuve, Loci Tournai
Université Catholique de Louvain-la-Neuve Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme - Loci Tournai
Peut-on aujourd’hui envisager l’architecture sur l’eau comme une alternative à notre manière d’habiter et une solution urbanistique pour demain ?
Mémoire présenté par Louis Duprez Diplôme d’architecture
Expert Franck Miner Co promoteurs Pierre Accarain et Éric Van Overstraeten
Année académique 2016 - 2017
- REMERCIEMENTS -
En premier lieu, je tiens à remercier Franck Miner
pour son suivi et ses conseils avisés tout au long de ces deux dernières années. J’aimerai aussi remercier Quentin Wilbaux et Damien Vanneste pour leur pédagogie enrichissante lors de leur cours de séminaire recherche critique. Je tiens ensuite à remercier tout particulièrement Pierre Accarain et Éric Van Overstraeten pour le temps qu’ils ont consacré à mon suivi et pour leur investissement dans la conception de mon projet. Ils ont su me transmettre leurs connaissances en relation avec mon travail théorique. J’aimerai aussi remercier Rudolf Swarte pour les informations qu’il m’a transmises au début de mon travail. Il m’a permis de comprendre les prémices de mon sujet. Je remercie également mes amis qui m’ont soutenu durant l’élaboration de ce travail de fin d’étude. Je tiens enfin à faire part du soutien que j’ai eu de mes parents, qui m’ont permis d’entreprendre ce que je voulais faire et sans qui, je n’aurai pu avoir la chance de faire ces études d’architecture.
- SOMMAIRE -
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- AVANT - PROPOS -
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- INTRODUCTION -
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I. VERS LA COMPRÉHENSION D’UNE NOUVELLE TYPOLOGIE D’ARCHITECTURE
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A. À travers une étude lacustre et vernaculaire
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B. Une nouvelle conception urbaine : La ville de Venise
1. Organisation d’un système sur l’eau
2. Perspectives d’avenir pour Venise
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C. Une architecture à l’image des préoccupations actuelles
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D. Une architecture capable de s’adapter
1. La question de la mobilité
2. La question de la résilience
3. L’architecture amphibie
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II. UNE FORME D’ADAPTATION POUR DEMAIN
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A. Le territoire artificiel des Pays Bas.
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1. L’art de vivre sur l’eau
2. Plan de dépoldérisation
B. L’architecture flottante 1. « Crossing the gap »
2. Structures et fondations
3. Une législation à instaurer
C. Une mobilité qui favorise la pérennité de l’édifice
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D. Les enjeux de l’architecture sur l’eau
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1. Une architecture écologique
2. Les énergies
3. L’eau
E. Une architecture contestée
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III. RESTRUCTURATION DE L’ESPACE URBAIN
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A. Un système urbain à adapter
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1. Une ville qui évolue
2. Un territoire agricole en danger
B. Qualifications de notre système urbain
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C. La ville de demain
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1. Un ensemble flottant
2. Un ensemble évolutif, changeant et mobile
D. Les enjeux de l’expansion urbaine sur l’eau
1. Délocalisation de structures urbaines
2. Nourrir les hommes
3. Revitalisation des anciennes zones portuaires
E. Vers une architecture utopique ?
76
84
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IV. MA CONCEPTION ARCHITECTURALE
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A. Un territoire menacé
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B. Un programme défini par le territoire
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C. Une architecture qui s’adapte
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1. Par sa résilience et sa mobilité
2. Par sa volumétrie
D. Une architecture singulière
1. Espaces
2. Structure
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- CONCLUSION -
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- BIBLIOGRAPHIE -
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- WEBOGRAPHIE -
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« Qui sait si la terre ne sera pas trop petite un jour
pour ses habitants dont le nombre doit atteindre six milliards en 2072. (…) Et ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer, alors que les continents seront encombrés ? » Jules Verne ; « L’île à hélice »; 1885.
- AVANT - PROPOS -
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Nous vivons sur une planète bleue, couleur
primaire des vastes étendues d’eau qui la recouvrent. Nos premières émotions, nos premières sensations sont intimement liées à l’eau puisqu’elle donne naissance à la vie. Calme ou tourmentée, cette ressource indispensable recouvre près de 71 % de la surface de notre planète, ne laissant que 29 % de zones terrestres. Depuis toujours, l’homme s’est installé près de l’eau. Cet élément naturel est donc acteur de notre quotidien et nous cherchons sans cesse à le maîtriser. Parfois dans un rapport complice, parfois dans un rapport de domination et de contrôle, la création architecturale entretient avec l’eau des liens extrêmement puissants, ambigus, et complexes. L’eau semble pourtant réfractaire à certaines architectures censées la contrôler. L’histoire et l’actualité ne manquent pas d’exemples qui témoignent de sa puissance et de sa capacité à réduire à néant l’emprise de l’homme sur son territoire. L’eau a toujours été pour moi une fascination. Cet élément naturel, source de toute vie, m’interroge et ne me laisse pas insensible. J’ai toujours considéré l’eau comme ayant le pouvoir de magnifier une architecture et de la rendre plus belle qu’elle ne l’est déjà. Dès lors, le fait de pouvoir imaginer une architecture qui s’implante directement sur l’eau me passionne.
- INTRODUCTION -
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À l’heure où les préoccupations environnementales
du réchauffement climatique sont de plus en plus présentes, le choix de faire un mémoire qui porte sur la relation entre l’architecture et l’eau me semble pertinent. Aujourd’hui, les catastrophes écologiques se multiplient, la démographie mondiale ne cesse de s’accroitre et la montée des océans menace certaines terres émergées de notre planète. Cette montée des eaux va modifier de façon certaine le paysage et l’homme devra s’adapter en conséquence. La finalité de ce mémoire n’est pas de trouver la solution pour réduire tous ces problèmes liés au réchauffement climatique et à la pression urbaine mais plutôt de voir comment l’homme peut aujourd‘hui s’adapter. Il me paraît évident d’anticiper face à ces problèmes et d’allier le processus de conception architecturale et urbanistique face à cette évolution de l’environnement. Le rapport entre l’eau et l’architecture doit être réinventé. Au lieu de voir la montée des eaux comme un problème et de tenter sans cesse de repousser les flots, nous devons vivre avec l’eau et envisager ces changements environnementaux comme une véritable opportunité. La limite entre l’eau et la terre à été transformée et modelée pour son usage. Nous avons souvent tendance à oublier que notre survie dépend de l’eau et de son accessibilité. L’histoire nous apprend pourtant que certaines civilisations, certains peuples ont déjà fait le choix de venir vivre sur l’eau. Aujourd’hui, l’homme prend conscience de la finitude des espaces disponibles et son regard se tourne vers le vaste
territoire aquatique. Nous sommes, selon moi, à l’aube d’un changement radical de la relation qui peut exister entre l’architecture et l’eau. De nos jours, certains pays se rendant compte que les digues ne suffisent plus, ont décidé de rendre l’espace pris à la mer et les premières architectures flottantes nous invitent à vivre en harmonie avec cet élément naturel. Le fait d’être confronté à la pression de la croissance urbaine et à la montée des océans pousse l’homme à envisager une nouvelle typologie d’architecture capable de s’adapter à ces changements. L’idée d’architecture sur l’eau ne concerne pas uniquement un seul et unique édifice. Aujourd’hui, notre système urbain doit s’adapter à un monde qui change et l’architecture bleue nous offre de nouvelles opportunités pour demain. Nos villes actuelles sont trop statiques et n’arrivent plus à suivre ces changements. Nous devons dès à présent envisager une architecture nouvelle pour les rendre plus dynamiques. L’architecture sur l’eau est caractérisée par sa mobilité et sa capacité d’adaptation à l’environnement. En imaginant que ces principes soient étendus à l’échelle de la ville, notre système urbain se tournerait alors vers une dimension plus changeante et évolutive. La ville statique et figée que nous connaissons aujourd’hui pourrait laisser place à une ville mouvante et modulable à l’infini. De plus, ce concept d’architecture sur l’eau m’a imposé une réflexion sur la notion d’urbanisme. La ville est aujourd’hui définie comme une multitude de composants qui se mettent en relation les uns avec les autres de manière réfléchie.
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1. Définition de l’urbanisme : Encyclopédie Larousse.
« L’urbanisme peut être défini comme l’action réfléchie visant à disposer, à aménager, ou à restructurer physiquement et socialement l’espace, en vue d’en assurer l’unification la plus harmonieuse et la plus efficace1 ». Cette harmonisation entre les différentes structures urbaines est aujourd’hui en péril. Envisager une architecture sur l’eau, c’est anticiper les problèmes que rencontre actuellement notre système urbain et faire face à un monde qui doit s’adapter continuellement.
I. VERS LA COMPRÉHENSION D’UNE NOUVELLE TYPOLOGIE D’ARCHITECTURE
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1. Citation tirée du dictionnaire universel Furetière de 1690.
A. À Travers une étude lacustre et vernaculaire
Dans le processus d’élaboration de mon mémoire,
J’ai tout d’abord voulu comprendre depuis quand et pourquoi l’homme a été amené à conquérir les flots et à y installer son lieu de vie. Si la question de l’architecture sur l’eau est aujourd’hui une problématique étudiée par les architectes, la notion de vivre sur l’eau ne date pas d’hier. Il y a deux ans, j’ai eu l’opportunité de réaliser un voyage itinérant autour du monde. Ces 10 mois d’expérience m’ont permis d’avoir un regard nouveau sur l’environnement dans lequel j’évolue au quotidien. « Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde1 ». Savoir vivre dans le monde, c’est être capable de s’adapter. Ce long voyage m’a permis de découvrir d’autres façons de vivre et de penser. J’ai eu accès à une palette de connaissances et mon regard sur l’architecture a évolué. On ne construit évidemment pas de la même façon ici, en Belgique, et à l’autre bout du monde. L’architecture évolue en fonction de son environnement, de la population qui y habite et de ses besoins. Durant ce voyage, j’ai eu l’occasion de rencontrer deux civilisations qui ont été amenées à conquérir les eaux pour y implanter leurs lieux de vie. Ces deux exemples témoignent des possibilités que l’homme a, d’envisager un avenir sur l’eau. Les îles flottantes d’Uros furent pour moi le premier témoignage d’une volonté de venir vivre sur l’eau. Ces îles sont situées sur le magnifique lac Titicaca. À cheval entre le Pérou et la Bolivie, ce lac est le plus haut lac navigable du
monde. Il est aussi considéré comme le plus grand d’Amérique du sud. L’histoire raconte que les paysans Uros, fuyant l’invasion des incas au XVème siècle, ont décidé de venir s’y installer de manière permanente, en autonomie et en développant un mode de vie basé sur la pêche. Ici, pas de lourdes pierres chargées d’histoire, mais la superposition de roseaux appelés « Totora » et utilisés comme matériaux de construction. Amarrées par un système d’ancrage au fond du
Illustration : Photographie aérienne des îles Uros. Implantation sur l’eau. Source : Google earth pro. 1. Informations liées aux îles Uros : « Maisons sur l’eau » de Véronique Willemin ; Collection AnArchitecture. 2. Informations liées aux villages flottants de la baie d’Ha Long : « Maisons sur l’eau » de Véronique Willemin ; Collection AnArchitecture.
lac, ces îles sont composées de plus d’un mètre cinquante de roseaux, renouvelés par le dessus, au fur et à mesure du pourrissement des couches inférieures1. Les derniers véritables Uros ont disparu autour des années 1950. Même si ces îles flottantes se situent désormais sur le tracé des chemins touristiques du pays, elles témoignent d’une capacité ancestrale à s’adapter à un milieu inhospitalier.
Durant mon voyage, j’ai aussi eu l’opportunité de traverser les villages flottants de la baie d’Ha Long située au Vietnam. Cette baie est un paysage marin spectaculaire de près de 1600 îles recouvertes d’une dense végétation. Seules certaines d’entre elles sont peuplées de villages de pécheurs, le plus souvent, flottants. Il existe aujourd’hui quatre grands villages flottants dans la baie. Ces habitations sont pour la plupart amarrées aux rochers et flottent sur des blocs de polystyrène expansé. Les habitants y vivent de la pêche et se rendent au minimum sur la terre ferme. Aujourd’hui, les autorités vietnamiennes y ont fait construire une école dans le but d’enrayer l’analphabétisation de ces populations qui ont choisi de vivre sur l’eau en autonomie2.
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300 m
Dans une perspective d’étude de l’habitat sur l’eau, ces différentes constructions sont le parfait témoignage d’une nouvelle typologie d’architecture. Ces deux cas d’étude
Illustration : Photographie aérienne des villages flottants de la baie d’Ha Long. Implantation sur l’eau. Source : Google earth pro.
nous montrent que l’idée de vivre sur l’eau n’est pas inconnue pour l’homme. Notre environnement évolue et nous devons nous adapter. Ces populations ont vu ces espaces disponibles sur l’eau comme une opportunité de subvenir à leurs besoins. Grâce à des techniques de construction simples, ces différents peuples ont choisi de vivre en harmonie avec et sur l’eau, dans le but de répondre aux problèmes auxquels ils étaient confrontés. L’homme a ici construit avec les techniques locales et les matériaux qui lui étaient disponibles. À travers une rapide analyse cartographique de ces deux différentes typologies d’habitat, j’ai remarqué que le fait de venir construire sur l’eau libère d’une architecture statique et traditionnelle. Ces différents villages évoluent dans le temps et dans l’espace. Ils sont mobiles et les habitations qui le constituent se déplacent en fonction des besoins de la population. Envisager un avenir sur l’eau nous offre de nouvelles possibilités. L’espace est en effet suffisamment grand pour permettre aux différents habitats de se dissocier les uns des autres et d’évoluer dans cet espace.
« L’eau n’est pas nécessaire à la vie, elle est la vie. » Antoine de Saint-Exupéry.
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300 m
B. Une nouvelle conception urbaine : La ville de Venise
1. Organisation d’un système sur l’eau
Au début de ma réflexion sur la thématique de
1. Aquileia : Ancienne ville de l’empire Romain située en Italie du nord au IIème siècle.
l’architecture sur l’eau, il m’a paru pertinent d’en dégager les grandes caractéristiques. Je me suis demandé comment pourrait fonctionner et se structurer un ensemble construit sur l’eau et quelle serait sa relation avec son contexte direct. Chacun s’accordera à dire que la thématique mettant en relation l’eau et l’architecture, renvoie naturellement à la ville de Venise. Ce lieu exceptionnel m’a en effet permis de comprendre comment se structure et s’organise un système sur l’eau. Venise est née au Vème siècle à la suite de conflits à Aquileia1 en Italie du nord. Les habitants décidèrent alors de se réfugier sur les îlots de la lagune où vivaient paisiblement depuis longtemps quelques petites communautés de pécheurs, isolées du reste du monde. Cette cité a donc pris forme sur un sol spongieux, gorgé d’eau, fragile et constamment menacé par les crues et les rivières. Cette lagune n’était en aucun cas adaptée au tracé régulier d’une cité normale, ce qui a demandé aux petites communautés venues s’y installer, de concevoir une nouvelle manière de s’implanter. Pour asseoir les fondations de cette nouvelle ville, le terrain marécageux fut aménagé et renforcé. Les premières constructions étaient faites en bois avec les arbres côtiers
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1. Informations liées à la ville de Venise : « Maisons sur l’eau » de Véronique Willemin. Collection AnArchitecture.
ou ceux de l’arrière-pays le plus proche. Au début, les fondations étaient placées directement sur les substrats trouvés en creusant. La méthode fut ensuite améliorée en disposant horizontalement sur le fond, des assises entrecroisées pour une meilleure répartition des charges. Mais c’est à partir du XVème siècle que la ville commença à s’étendre sur une véritable forêt de pilotis en bois offrant une surface d’appuie efficace. En observant la dimension structurelle des édifices de la ville, j’ai compris comment celle-ci s’est formée au cours du temps. Au grès de l’évolution des techniques de construction, de nouvelles manières de concevoir la ville se sont mises en place. Venise est formée par un ensemble d’îlots et se compose de 6 quartiers reliés les uns aux autres par plus de 400 ponts. Elle est constituée de 150 canaux et on y dénombre plus de 120 églises. D’un point de vue urbanistique, cette ville est unique1. À travers cette analyse, je me suis alors questionné sur l’organisation de nos villes actuelles. La ville traditionnelle que nous connaissons aujourd’hui est générée par les différentes structures urbaines qui la composent. Je fais ici référence aux voieries, au parcellaire mais aussi aux grandes infrastructures comme les gares ou les aéroports. Je me suis interrogé sur l’organisation du tissu urbain lorsque le système se trouve sur l’eau. J’ai alors pris conscience que le parcellaire, les espaces ou les accès d’un système sur l’eau ne peuvent en aucun cas être identiques à ceux d’un système construit sur la terre ferme.
À titre d’exemple, le tissu urbain de nos villes est construit à l’échelle de la voierie, qui elle, est à l’échelle de la voiture et du piéton. Un système sur l’eau ne sera pas comparable et devra se mettre à l’échelle du bateau. Aussi, la voiture
Illustration : Œuvre de Lorenzo Quinn baptisée « Support » dans le cadre de la Biennale de Venise 2017. Sensibilisation au réchauffement climatique et à la montée des eaux. Source : www.ulyces.co.
nous apparaît comme rapide et offre une certaine routine par son utilisation sur des axes réglés. À l’inverse, le bateau nous offre des trajets uniques et des points de vue différents qui développent alors notre capacité d’observation. Notre perception du milieu dans lequel nous évoluons se trouve alors changée.
2. Perspectives d’avenir pour Venise
Aujourd’hui, la ville de Venise rencontre deux
problèmes majeurs : le niveau de la mer augmente de manière conséquente et la ville coule petit à petit. Au cours du siècle qui nous précède, Venise a perdu environ 24 cm par rapport au niveau de l’eau. La ville est donc menacée et si les choses ne changent pas, elle sera vouée à disparaître. Les fondations de Venise prennent aujourd’hui appui dans l’eau salée et saumâtre de la lagune et elles doivent être entretenues en permanence. Envisager un avenir pour Venise, c’est anticiper les problèmes liés à la montée des eaux et à l’affaissement de la ville. Imaginons que les fondations de Venise soient peu à peu remplacées par des fondations flottantes et mobiles. Cette opération aurait un coût conséquent mais elle offrirait à la ville une réelle perspective d’avenir. Venise se tournerait alors vers une architecture flottante à l’image de l’architecture de demain.
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C. Une architecture à l’image des préoccupations actuelles
Au cours de l’histoire, de nombreux peuples ont
décidé de venir s’implanter de manière durable sur l’eau, dans le but de subvenir à leurs besoins et de répondre aux problèmes auxquels ils étaient confrontés. Aujourd’hui, l’humanité doit faire face au réchauffement climatique et aux nécessités environnementales. Cette prise de conscience sur l’évolution de notre environnement est majeure. Pour autant, l’idée n’est pas de trouver la solution pour réduire l’impact du réchauffement climatique mais plutôt d’anticiper ces changements et de trouver une manière de s’adapter.
Pour comprendre l’état actuel de notre climat, le film « Home » de Yann Arthus Bertrand relate le bouleversement de notre écosystème. Il permet de prendre conscience sur l’impact de l’évolution de notre climat. Notre atmosphère se réchauffe, l’équilibre climatique de la terre est bouleversé et l’exploitation démesurée des ressources fait fondre les glaces des deux différents pôles. À ce jour, l’eau recouvre 71 % de la surface de la planète, mais cette fonte accélérée modifie les courants marins et fait monter le niveau des océans. L’eau monte à un rythme considérable et toutes les terres basses de notre planète sont menacées. À titre d’exemple, le gouvernement des Maldives a lancé en 2010 un programme de constructions sur l’eau dans le but d’accueillir les populations menacées et de sauver l’activité touristique du pays.
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1. Waterstudio : Agence d’architecture basée aux Pays Bas et répondant aux problèmes liés à l’urbanisation et au réchauffement climatique.
Face à ce constat alarmant, Je me suis demandé si
2. Cityapps : Défini par Waterstudio comme une mise en application de la ville flottante.
flottante pouvait apporter des solutions utiles pour s’adapter
l’architecture sur l’eau pouvait jouer un rôle face à ces préoccupations environnementales. Et si l’architecture aux conséquences du réchauffement climatique ?
3. Informations liées à la conférence TED x Warwick de Koen Olthuis : « Floating city apps ».
Pour explorer cette idée, je me suis intéressé au territoire du Bangladesh, aujourd’hui directement menacé par la montée des océans. Ce pays représente un quart de la surface de la France et pourtant, sa population est de 160 millions d’habitants. L’espace se fait de plus en plus rare et d’ici 2050 on envisage une perte de plus de 17 % de la surface du pays. Les habitants vivants dans les villes et les villages qui seront submergés doivent s’adapter au bouleversement de leur territoire. Les architectes de l’agence néerlandaise Waterstudio1, tentent aujourd’hui de répondre à ce problème. Dans la ville de Dacca, ils ont mis au point le concept de « City apps2 » basé sur le principe d’une architecture flottante et mobile. Ce concept est un système constitué de petites structures flottantes qui viennent se greffer au tissu urbain de la ville. Le but étant d’offrir des unités de services mobiles en répondant à une demande locale et changeante3. Ce concept s’adapte aux problèmes liés à la montée des eaux et grâce à sa mobilité, offre des possibilités pertinentes pour le futur. La mobilité est en effet l’une des caractéristiques majeures de l’architecture sur l’eau. L’architecture se voit alors libérée de son caractère statique.
D. Une architecture capable de s’adapter
1. La question de la mobilité
L’architecture bleue nous offre aujourd’hui
de nouvelles possibilités pour l’avenir. Concevoir des habitations ou même des quartiers entiers sur l’eau, c’est voir l’architecture d’une autre manière. Imaginer un système flottant, c’est pour moi une autre façon d’aborder l’urbanisme actuel. Une telle conception va en effet bouleverser nos schémas habituels et nous oblige à reconsidérer la vision statique de nos villes. Se questionner sur la notion de mobilité en architecture est extrêmement intéressant. Imaginer que les différents bâtiments d’un système sur l’eau puissent se déplacer d’un endroit à un autre, c’est offrir à l’architecture traditionnelle, pérenne et statique que nous connaissons actuellement, une vision plus dynamique et changeante. Aujourd’hui, les architectes vont inventer de nouvelles solutions adaptées aux exigences d’un nouveau mode de vie. L’architecture de demain sera libérée de son caractère statique et inamovible. Elle sera plus flexible, plus légère et bien évidemment, mobile.
2. La question de la résilience
Qu’est-ce qu’une architecture résiliente ? La
résilience en architecture ouvre de nouvelles perspectives quant à la faculté d’adaptation d’un ensemble face aux
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1. Notion de résilience urbaine : www. developpementdurable.revues.org.
perturbations de son environnement. La résilience peut être définie comme « la capacité d’un système à faire face à une perturbation et à retrouver ses différentes fonctions de base à la suite de cet évènement1 ». Par définition, on peut clairement dire que le concept de résilience en architecture répond à une perspective de durabilité.
3. L’architecture amphibie
Dans une continuité de mon analyse, Je me suis
demandé si l’architecture sur l’eau répondait à cette faculté d’adaptation, cette résilience. J’ai initialement identifié l’architecture bleue comme une architecture flottante qui investirait les espaces disponibles sur les eaux. Mais j’ai ensuite compris que cette typologie d’architecture faisait aussi référence à une architecture amphibie. Un système amphibie peut être défini comme un ensemble capable de s’adapter à un déséquilibre du lieu dans lequel il s’implante. À titre d’exemple, un édifice amphibie construit sur la terre ferme pourra s’adapter à une montée des eaux occasionnelle tout en restant ancré au sol ou maintenu par des attaches verticales. De plus en plus d’habitations flottantes sont de véritables logements amphibies. Prenons l’exemple du projet d’habitats réalisé par l’entreprise de construction Dura Vermeer et situé à Maasbommel au Pays Bas. Chaque maison est constituée d’une fondation étanche en béton surmontée d’un cadre en bois. Lorsque l’eau monte, l’ensemble s’adapte et se met à flotter. Plusieurs piliers en béton reliés au sol,
servent de points d’amarrage et les habitations glissent de haut en bas le long de ces différents points d’ancrage. La flexibilité du système de tuyauterie permet à l’ensemble de rester vivable en toute circonstance. Par sa capacité d’adaptation, l’architecture amphibie est l’exemple même du concept de résilience. Cette typologie de construction repose sur l’idée d’une structure alternative qui permet à l’habitation d’évoluer dans son milieu. La
Illustrations : Coupes graphiques du projet d’habitats réalisé par Dura Vermeer et situé à Maasbommel au Pays Bas. Principe d’architecture amphibie. Notion de résilience face aux inondations. Dessins réalisés par l’auteur. 1. Wetproofing : Traduction littérale en français : « Imperméable à l’eau ». Notion d’architecture amphibie. 2. Citation tirée du magazine référence des architectes « Focus » ; Novembre 2016 N°10 ; « Villes amphibies ».
construction amphibie repose sur une structure hybride. Le poids de l’ensemble est à la fois pris en charge par la terre et l’eau. Ce genre d’édifice peut aussi avoir recours à un système mécanique pour élever la structure temporairement. Dans une dimension lacustre et vernaculaire de l’architecture amphibie, les résidents occupent le premier niveau de l’habitat pendant la saison sèche et montent à l’étage supérieur pendant les périodes d’inondations. On appelle cela le « wetproofing1 ». Cette architecture amphibie est la réponse aux espaces soumis à de potentielles inondations. « Cette stratégie d’adaptation fonctionne en phase avec les cycles naturels d’une région sujette aux inondations, plutôt que de tenter de les obstruer2 ».
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Période sèche
Période d’inondations
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« Toutes les propositions, toutes les alternatives qui
tendent à apporter des solutions, des réponses innovantes et prospectives, sont à prendre en considération, surtout si elles contribuent à déclencher la prise de conscience que notre avenir est intimement lié à l’eau. » Véronique Willemin ; « Maisons sur l’eau » ; Collection AnArchitecture 2008.
II. UNE FORME D’ADAPTATION POUR DEMAIN
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1. Informations liées aux inondations de Wilnis le 26 août 2003 : « Float » de Koen Olthuis et David Keuning.
A. Le territoire artificiel des Pays Bas
1. L’art de vivre sur l’eau
Dans le but d’approfondir les propos énoncés
précédemment, j’ai décidé de choisir un site concerné par le problème de la montée des eaux. Le but est d’étudier la capacité d’adaptation d’un territoire face à ces changements environnementaux. Le choix d’étudier le territoire des Pays Bas m’a alors paru pertinent. Ce pays est considéré comme le pays pionnier dans la conquête du territoire aquatique. Sa situation géographique est très particulière puisqu’un quart du pays se situe sous le niveau de la mer et plus de 30 % de sa surface est recouverte d’eau. Au cours des siècles, l’homme a façonné les Pays Bas grâce aux moulins et à l’énergie du vent. Le territoire du pays est un chef d’œuvre du génie civil qui se protège de l’eau. Aujourd’hui, les habitants ont pourtant oublié qu’ils vivaient sur un territoire artificiel. Une relation de confiance s’est installée entre les habitants et le gouvernement. Même si le territoire est sécurisé, les habitants sous soumis au risque d’inondations. Prenez l’exemple du 26 août 2003 à Wilnis dans la province d’Utrecht. Au milieu de la nuit, une digue s’est soudainement effondrée et des dizaines de maisons ont été prises d’assaut par les flots. 2000 personnes furent alors évacuées dans un mouvement de panique1. Historiquement, la terrible inondation survenue au mois de janvier 1953 laissa de terribles séquelles pour les habitants. Plus de 2500 personnes périrent lorsqu’à la suite d’une
tempête, la mer du nord brisa les digues et inonda les Pays Bas. Les dégâts matériels furent considérables et près de 160 000 hectares de terre furent inondés. Suite à cet évènement, le pays a mis en place une politique pour se
Illustration : Inondations de 1953 aux Pays Bas. Source : www.torenmuseum.nl. 1. Time Magazine : Magazine d’informations hebdomadaires américain.
protéger de ce genre de catastrophe naturelle, en créant des digues renforcées ou des bancs de sable artificiels. Mais aujourd’hui, Les habitants des Pays Bas se sont rendus compte qu’il valait mieux construire avec l’eau plutôt que de continuer à vouloir se protéger de cet élément naturel qui aura toujours le dernier mot. Les hollandais ont relevé le défi et ont su s’adapter. Ils ont réussi à transformer les inconvenients de leur territoire pour en faire un avantage et aujourd’hui, construire sur l’eau est un véritable art de vivre. Ainsi, les architectes d’aujourd’hui explorent des idées ambitieuses pour investir l’espace disponible sur l’eau. Koen Olthuis est l’un d’entre eux. Cet architecte, cofondateur de l’agence Waterstudio située à Ryswick, a été élu en 2007 parmi les personnes les plus influentes de l’année par le Time magazine1. Selon lui, « le vert, c’est bien, le bleu, c’est mieux ». Il est en effet spécialiste de la question de l’habitat sur l’eau. Actuellement, le manque de place et la nécessité de trouver des solutions au réchauffement climatique amènent les architectes à envisager un avenir sur l’eau. Selon Koen Olthuis, les terres artificielles gagnées sur les eaux ne sont pas la solution. Il va plus loin en imaginant de véritables quartiers flottants dans les villes néerlandaises et ailleurs à travers le monde. À titre d’exemple, je me suis beaucoup intéressé à son projet d’habitats flottants situé
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à Ijburg. Ce quartier expérimental du sud-est de la ville d’Amsterdam m’a apporté un réel questionnement sur la dimension des espaces et des accès nécessaires au bon fonctionnement d’un système sur l’eau. Ce projet est pour
Illustration : Cartographie du relief des Pays Bas. Territoire bas et artificiel. Source : www.cartograf.fr. 1. Définition de polder : Encyclopédie Universalis.
moi à l’image des possibilités que nous offre l’architecture flottante.
2. Plan de dépoldérisation
Le polder est à ce jour considéré comme
l’expression de génie des néerlandais dans leur lutte constante contre l’eau. Pour information, un polder désigne «une superficie de terrain qui, naturellement recouverte d’eau, est entourée de digues, formant ainsi une dépression fermée et artificielle ayant son propre régime hydraulique1». En d’autres termes, le polder est un territoire conquis sur la mer et situé en dessous du niveau de celle-ci. Le pays est aujourd’hui constitué d’environ 3500 polders. Ils doivent être constamment entretenus, drainés et gardés au sec. Au cours de l’histoire, les polders ont aussi eu un rôle protecteur contre les invasions ennemies. À titre d’exemple, c’est en 1815 que fut construit un ensemble de polders, autour de la ville d ‘Amsterdam, potentiellement inondables en cas de menaces extérieures. Cette ligne de défense façonnée sur le territoire fut inondée pendant les deux grandes guerres mondiales pour se protéger de l’ennemi. L’exemple du Flevoland nous donne une idée de l’ampleur de l’aménagement du territoire aux Pays Bas. Construit en 1968, ce polder de presque 500 km2 fut réalisé dans le but
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Altitude en mètre -12 -5 0 +5 +12 +30 +100 +300
d’offrir de nouvelles terres pour les habitants du pays mais aussi pour favoriser l’implantation de nouvelles activités économiques et industrielles. Comme si c’était normal, le pays a décidé du jour au lendemain d’augmenter sa surface de plus de 5 %, de manière pacifique et en utilisant la technologie du génie civil. Aux Pays Bas, les réflexions vont au-delà de la protection des terres face à la montée des eaux. L’idée est de concevoir une vie sur l’eau plutôt que d’essayer de la combattre sans arrêt. Aujourd’hui, le pays innove même dans une politique de suppression des digues en imaginant avec l’eau une nouvelle relation. À l’intérieur du territoire, certaines digues fluviales sont en effet éloignées des lits des rivières dans le but d’augmenter l’espace inondable disponible en cas de montée des eaux ou de crues sévères. Les néerlandais se questionnent sur l’utilisation des polders qui nécessite un coût et un entretien conséquent. Sachant que le risque d’inondations soudaines est toujours présent, les hollandais s’interrogent sur le fait de vivre constamment contre l’eau en essayant sans cesse de la maîtriser. Une politique de dépoldérisation se met actuellement en place dans le but de rendre l’espace pris à la mer. Ce plan actuel est en fait une solution pour améliorer la gestion de l’eau sur le territoire. On essaie alors de vivre en harmonie avec l’eau en la canalisant, sans s’en protéger. La dépoldérisation n’abandonne pas l’idée même de l’identité du territoire néerlandais mais assure plutôt un processus dynamique de traitement des eaux. Le pays imagine un
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territoire où le design urbain, les activités agricoles et les infrastructures sont intégrées dans les zones de traitement de l’eau. On pourrait en effet imaginer que ces différents réservoirs d’eau offrent de nouveaux espaces sur lesquels implanter une architecture bleue. C’est désormais aux architectes et aux ingénieurs de trouver de nouveaux concepts qui rendront hommage à l’expérience artificielle connue sur le territoire des Pays Bas.
B. L’architecture flottante 1. « Crossing the gap1 »
1. « Crossing the gap » : Citation de Koen Olthuis. Volonté pour l’architecte d’oublier l’écart entre l’architecture bleue et l’architecture érigée sur la terre ferme.
Dans le passé, le fait d’habiter dans une maison
sur l’eau était réservé aux esprits ouverts et originaux. L’architecture bleue a dû s’adapter et se rapprocher au maximum de l’architecture terrestre. Comment imaginer que les maisons sur l’eau deviennent égales, voire meilleures que nos maisons traditionnelles ? Le confort, les espaces, le prix, la stabilité du bâtiment doivent se rapprocher au maximum voir surpasser les exigences des constructions érigées sur terre. Sachant que la seule véritable différence sera toujours liée aux fondations, la qualité de vie de ces deux différentes habitations doit être similaire.
Au cours de ces dix dernières années, il y a eu un véritable changement et on a vu apparaître de magnifiques constructions sur l’eau. C’est en allant chercher une clientèle plus aisée que l’architecture bleue a pu se développer. Actuellement, construire sur l’eau reste en effet relativement coûteux car ce genre de construction se fait encore à petite échelle. Les habitations sur l’eau sont principalement construites en usine et ensuite acheminées à leur lieu d’attache. Si on imagine que cette production devienne plus intensive, on peut affirmer que le coût de l’architecture bleue tende à diminuer et rejoigne celui de l’habitat traditionnel. 44 - 45
1. Définition de la poussée d’Archimède tirée du site de Futura Sciences.
2. Structures et fondations
Toutes les structures flottantes que nous
connaissons aujourd’hui sont basées sur le principe de la poussée d’Archimède. Cette poussée est définie comme « la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans un fluide soumis à un champ de gravité1 ». La plus grande innovation dans le domaine des structures flottantes fut l’invention du béton armé par Joseph Monier en 1867. L’ association du béton et d’armatures en acier ayant le même coefficient de dilatation offre au béton la capacité de résister aux principes de la poussée d’Archimède. Aujourd’hui, le béton, l’acier et le polystyrène restent les matériaux les plus utilisés pour réaliser les fondations de constructions flottantes. Mais ces matériaux sont loin d’être parfaits et nécessitent un coût et un entretien conséquent. Actuellement, de nouveaux matériaux voient le jour. Aussi, le principe de fondations sandwich permet désormais à l’architecture flottante de se développer sur des surfaces beaucoup plus grandes. La majorité des grands projets sur l’eau sont en effet construits sur de vastes plateformes flottantes. Ces plateformes, de dimensions variables, sont constituées d’un assemblage de béton et d’éléments moins denses comme des blocs de polystyrène. Ces plateformes sont ensuite assemblées les unes aux autres grâce à une structure métallique. Une fois que le système est stable, on coule par dessus une dalle en béton qui rigidifie l’ensemble et forme une seule et même
surface qui flotte au-dessus du niveau de l’eau. Aux Pays Bas, La société néerlandaise Dutch Docklands1 travaille sur le développement d’un nouveau matériau en béton aéré. Ce matériau sera en effet plus léger que l’eau2 (440g/litre)
1. Dutch Docklands : Leader mondial dans le développement de structures flottantes. 2. À titre informatif, la masse volumique de l’eau est égale à 1kg/litre.
et permettra à l’architecture flottante de se développer de manière considérable. Pour le moment, ce béton aéré manque tout simplement de résistance pour assurer les fondations de constructions flottantes mais la recherche avance à grands pas et bientôt, nous pourrons pousser au maximum les limites de la construction sur l’eau.
3. Une législation à instaurer
Les lois qui régissent l’architecture bleue ne sont
pas encore au point. Actuellement, le règlement relatif à l’architecture flottante est dépassé et date d’une époque où les circonstances politiques, économiques et technologiques n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Les écarts entre la législation et la pratique sont importants voir abusifs. Les lois qui régissent à ce jour la construction concernent tout édifice situé sur la terre ferme à un emplacement précis. Le caractère mobile et évolutif de l’architecture bleue doit être défini. L’architecture flottante est aujourd’hui en plein essor dans de nombreux pays et si les lois qui régissent cette nouvelle typologie d’architecture ne sont pas mises en place, son développement risque d’être atténué ou mal géré. Prenons l’exemple de la maison sur l’eau construite à Aalsmeer par l’agence Waterstudio. Cette habitation fut construite en utilisant le permis d’amarrage d’un hangar à
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bateaux. La maison ne pouvait donc en aucun cas dépasser 25 x 6 mètres d’envergure. Les architectes ont alors décidé de construire tout un étage sous le niveau de l’eau dans le but de répondre à la quantité d’espaces voulue. Même si l’agence a trouvé la solution pour arriver à ses fins, le projet a dû s’adapter à une dimension et à une spatialité inappropriée. La maison témoigne cependant d’une architecture moderne, parfaitement finie qui nous prouve que cette nouvelle typologie d’architecture a un bel avenir devant elle.
C. Une mobilité qui favorise la pérennité de l’édifice
Il
paraît
aujourd’hui
évident
d’envisager
Illustration : Ensemble flottant. Mobilité et pérennité de l’élément architectural. Source : « Float » de Koen Olthuis et David Keuning.
l’architecture sur l’eau comme une réponse aux préoccupations urbaines et environnementales actuelles. De nos jours, notre espace urbain rencontre des problèmes de durabilité. Les différentes infrastructures n’arrivent plus à suivre la croissance démographique exponentielle et le développement urbain de nos grandes métropoles.
Actuellement, la plupart des constructions sont démolies bien avant la fin de leur durée de vie dans le but de revitaliser le tissu urbain de la ville. La durée de vie économique d’un bâtiment est en effet beaucoup plus courte que sa durée de vie technique. Aussi, si la valeur du terrain sur lequel il se trouve augmente, la finalité du bâtiment qui y est présent pourra être remise en cause. Les bâtiments flottants sont faciles à déplacer puisqu’ils sont définis par le principe même de la mobilité. Imaginer que l’architecture devienne mobile et changeante, c’est anticiper sur l’obsolescence stylistique et fonctionnelle de certaines constructions au cœur de nos villes. La mobilité rend alors le design urbain plus respectueux de l’environnement et surtout plus flexible. L’architecture bleue est aujourd’hui considérée comme une architecture écologique. Cependant, les fondations actuelles d’un bâtiment flottant sont constituées de matériaux comme le béton, l’acier et le polystyrène. La production de ces matériaux est peu respectueuse de l’environnement car elle
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nécessite une grande quantité d’énergie grise. L’architecture flottante peut alors être critiquée dans son caractère écologique et durable. Mais selon moi, le caractère écologique de l’architecture bleue se retrouve d’abord dans sa pérennité. Ce qui compte, c’est de prouver que les matériaux utilisés ont une longue durée de vie. Grâce à la durabilité des matériaux utilisés, une dalle de fondation flottante reste en très bon état après une durée d’utilisation supérieure à 100 ans. C’est 4 fois plus long que la durée de vie moyenne d’un immeuble industriel ou de bureaux situés au cœur de nos villes actuelles.
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1. Citation de l’architecte Ken Yeang sur l’architecture écologique. Source : www. lemonde.fr ; Art « Comment les architectes voient la vie sur l’eau ».
D. Les enjeux de l’architecture sur l’eau
1. Une architecture écologique
L’architecture écologique est une architecture
qui s’appuie sur les énergies durables. À titre d’exemple, les énergies éoliennes, solaires, marines ainsi que la géothermie sont considérées comme des énergies durables. Selon l’architecte malaisien Ken Yeang, une construction écologique doit être conçue comme un organisme vivant, pour entrer en symbiose avec son environnement. « Sobre en énergie, recyclable, bioclimatique, l’habitat participe au cycle naturel en réintégrant la biosphère et en dépolluant l’atmosphère1 ». À mon sens, l’architecture bleue n’est que la continuité de l’architecture écologique, que l’on peut aussi qualifier d’architecture verte. Allier les énergies durables et le principe d’intégration de végétaux dans une construction, donne naissance à une architecture écologique. Imaginer que ce genre de construction puisse investir les étendues d’eau disponibles, c’est offrir à nos villes de nouveaux espaces verts. L’architecture bleue devient alors un acteur participatif dans le principe de dépollution des grandes métropoles.
2. Les énergies
Nous vivons actuellement au cœur d’une société
de consommation. Aujourd’hui, tout est accessible. L’homme consomme avec démesure, tout ce qui est à sa portée. La consommation en énergie est en hausse à travers
le monde. Pourtant, nous savons que les énergies fossiles que nous utilisons pour satisfaire nos besoins, disparaitront. Le monde actuel doit changer au plus vite et se tourner vers de nouvelles manières de produire de l’énergie.
Illustration : Mise en situation des cellules flottantes conçues par Waterstudio dans le but de récupérer l’énergie solaire. Étude complémentaire du concept de « City apps ». Source : www.inhabitat.com.
L’architecture doit devenir le support de notre future production énergétique. En ce qui concerne l’architecture sur l’eau, la forme la plus évidente pour produire de l’énergie est l’éolien. Sur les vastes étendues d’eau que nous avons à disposition, le vent peut en effet atteindre des vitesses très élevées. Le changement est en marche et on peut déjà apercevoir au large des Pays Bas, un paysage ponctué par des dizaines d’éoliennes qui captent la force du vent. Ce champ d’éoliennes est aujourd’hui capable d’alimenter plus de 125 000 habitations en énergie durable. Une autre source d’énergie relative à l’architecture bleue fait référence à l’énergie des vagues. L’eau se déplace avec force et offre une source d’énergie très intéressante. Il existe différents systèmes pour canaliser l’énergie liée au mouvement de l’eau. Le plus efficace reste celui qui, par la force des vagues, comprime l’air piégé à l’intérieur d’une chambre isolée. Cette compression engendre la rotation d’une turbine qui produit alors de l’énergie. Le système est totalement autonome et l’énergie produite est entièrement renouvelable. L’architecture sur l’eau pourrait offrir beaucoup plus que de l’énergie produite par le vent ou par le mouvement des vagues. Toute personne ayant déjà passé une journée en
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bateau connaît la puissance du soleil se reflétant sur les étendues d’eau aux alentours. Capter l’énergie solaire reste
1. Procédé technologique qui vise à enlever le sel de l’eau de mer afin de la rendre potable.
donc la méthode la plus efficace pour obtenir une énergie durable et écologique. Ce procédé énergétique nous offre de nouvelles possibilités et peut s’étendre sur de grandes surfaces. Prenons l’exemple du projet réalisé par l’agence Waterstudio qui consiste à mettre en place des centaines de petites cellules flottantes d’environ 2m2, capables de capter l’énergie du soleil. À la différence d’un système sur terre, l’ensemble est basé sur les principes de la mobilité et peut s’étendre sur de très grandes surfaces. Aussi, l’eau fournit aux différentes cellules, un nettoyage au quotidien puisque celles-ci sont directement placées dessus.
3. L’eau
Seul 2 % de la surface de notre planète est
recouverte d’eau douce. Cette eau devient de plus en plus difficile à gérer et dans certaines régions du globe, l’eau peut désormais être considérée comme de l’or bleue. Aujourd’hui, 40 % de la population mondiale n’a pas un accès direct à l’eau potable. Les solutions à cette pénurie doivent être trouvées ! Que pouvons-nous dire du principe de désalinisation de l’eau1 ? Aujourd’hui, ce procédé technologique reste coûteux et n’est pas accessible à tous. Mais dans les années qui arrivent, le manque d’eau va s’accélérer et l’homme sera amené de manière certaine, à développer la désalinisation de l’eau. Ce procédé devra alors être à portée de tous et sera adapté à une architecture qui évolue sur l’eau, dans le temps et dans l’espace.
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1. Citation de Louis Brigand, Professeur à l’université de Brest. Source : www. lemonde.fr ; Art « Comment les architectes voient la vie sur l’eau ».
E. Une architecture contestée
Face aux projets ambitieux qui investissent le
territoire mouvant de l’eau, je me suis demandé si cette nouvelle manière de concevoir l’architecture pouvait être contestée. Je considère l’architecture bleue comme durable, écologique et respectueuse de l’environnement. Cependant, J’ai voulu savoir si le fait d’investir les flots pouvait nuire à l’écosystème naturel et avoir un impact néfaste sur l’environnement. L’architecture sur l’eau est peut être une source de pollution pour les océans, les mers, les rivières et les lacs qui ont été conquis. Le géographe Louis Brigand, voit ce nouveau mouvement architectural comme un fantasme. Selon lui, imaginer pouvoir sauver l’humanité sur des îles artificielles ou flottantes, c’est fuir notre réalité. Il faudrait plutôt apporter une réponse éclairée et durable aux problèmes que nous rencontrons sur terre avant de vouloir s’étendre sur les eaux. Selon lui, ce type d’architecture, ne règle pas le problème dans l’immédiat et ne fait que le déplacer, sans pour autant en traiter les causes. « Ces architectes ne prennent-ils pas le risque de dégrader les océans en les urbanisant1 ? ». Les architectes bleus se défendent alors en assurant que l’architecture flottante n’altère en rien les fonds marins. Cette conquête du territoire marin est une alternative à l’épuisement des terres arables qui sont actuellement dévorées peu à peu par l’urbanisation. La biologie terrestre est aujourd’hui surexploitée et nous devons protéger les espaces qui peuvent encore l’être.
Il y a une grande différence à faire valoir entre une architecture flottante et l’expansion du territoire sur l’eau. Prenons l’exemple des gigantesques îles artificielles de la ville de Dubaï. Il n’est pas difficile d’imaginer que ces différentes îles ont eu des conséquences terribles sur la vie sous-marine, l’écosystème naturel et sur l’environnement ou
Illustrations : Photographies aériennes du projet de Palm Jumeirah. Expansion chronologique (1987 - 2001 - 2015) de territoire sur l’eau et de la croissance urbaine. Source : Google earth pro. 1. Palm Jumeirah est un archipel artificiel des Émirats arabes unis situé au large de la ville de Dubaï dans le golfe Persique.
elles se sont implantées. Pour réaliser le gigantesque projet de Palm Jumeirah1, la ville a en effet décidé de draguer le sable des fonds marins pour en faire de nouveaux territoires sur l’eau. Avec ce genre de procédé, la biodiversité marine est menacée. Lorsque l’on compare tout ça avec une architecture flottante, il n’est pas difficile de voir la différence. L’architecture bleue est durable, respecte les fonds marins et n’a aucun impact néfaste sur l’écosystème existant.
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« La préoccupation “verte” qui saisit aujourd’hui
architectes et urbanistes ne suffira pas à résoudre les graves problèmes environnementaux des villes. Comment allons-nous affronter les problèmes de sur-population ? De pollution ? Résister à la montée des eaux ? » Koen Olthuis. LeMonde.fr ; Article : « Comment les architectes voient la vie sur l’eau?».
III. RESTRUCTURATION DE L’ ESPACE URBAIN
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A. Un système urbain à adapter
1. Une ville qui évolue
Est-il possible de se projeter un siècle plus loin ?
Lorsque je vois à quoi ressemblait le monde il y a 100 ans, je me rends compte qu’il est impossible de voir aussi loin en avant. À l’époque, Il n’y avait pas de technologies. Les infrastructures qui définissent notre système urbain actuel n’étaient pas les mêmes. Les villes européennes étaient constituées d’un cœur datant du moyen âge avec quelques expansions très modestes en dehors des murs de la ville. Les terres à perte de vue entre ces différentes villes, étaient uniquement agricoles. Personne n’aurait pu prédire une telle expansion du système urbain. Tout ce qui est désormais réalité était pourtant inimaginable il y a un siècle. Si à ce jour, certains pensent qu’imaginer un avenir sur l’eau est impensable, dans un siècle, on pensera peut être que c’était une évidence. Le développement de notre société va de plus en plus vite. Il y a une dizaine d’années, les constructions flottantes faisaient référence à de simples habitations. Aujourd’hui, de grands projets sur l’eau apparaissent continuellement. L’urbanisation croissante, le manque d’espace et la montée des océans poussent les architectes et les ingénieurs à envisager une possibilité d’expansion urbaine sur l’eau. La plupart des grandes villes sont construites près de l’eau. Par manque d’espace, l’expansion urbaine se fait aujourd’hui en s’éloignant de l’eau. La ville est saturée et cherche de
nouveaux espaces disponibles à l’intérieur des terres. À mon sens, c’est illogique puisqu’on s’éloigne de l’eau et du centre
Illustration : Photographie de la ville de New York, dans le bas Manhattan en 1910. Source : www.monovisions.com.
ville. Imaginons que les villes comme Singapour, Monaco, Hong Kong, New York ou Séoul puissent se développer sur les étendues d’eau à portée de main. Investir ces espaces disponibles est une solution à la pénurie d’espaces dans les grandes agglomérations du monde et aux problèmes liés à la montée des océans. Prenons l’exemple de la ville de New York et plus particulièrement, l’île de Manhattan. Cette ville s’est formée à la suite d’une succession d’opérations d’expansion de la limite entre l’eau et la terre. New York a du s’étendre pour répondre à la demande croissante d’espaces en centre ville. Cet empiètement artificiel a causé un impact considérable sur le fleuve de l’Hudson. À ce jour, cette expansion urbaine n’est plus possible. La ville ne peut plus s’étendre si ce n’est à l’intérieur des terres. La solution est peut-être d’envisager des constructions flottantes sur les étendues d’eau à disposition. Un système flottant n’aura en effet qu’un faible impact sur le fleuve de l’Hudson. Aujourd’hui, l’île de Manhattan rencontre de gros problèmes liés à la montée des eaux. La ville doit s’adapter en conséquence. Investir les espaces sur l’eau c’est anticiper face à ces changements environnementaux. Dernièrement, une étude a été réalisée par l’agence Waterstudio dans le but de voir comment pourrait s’adapter l’île de Manhattan face à une fonte totale des glaciers du globe. Comment imaginer que la ville puisse s’adapter à une augmentation
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du niveau de l’eau de près de 75 mètres ? Cette étude envisage Manhattan comme un gigantesque polder qui se protègera constamment de l’eau. L’expansion urbaine sera alors envisagée sur les étendues d’eau qui borderont la ville. Aussi, le coût de préservation de la ville ne devra en aucun cas dépasser sa valeur économique et géopolitique.
2. Un territoire agricole en danger
Le monde actuel est en constante urbanisation.
Illustration : New York, dans le bas Manhattan. Extension du territoire sur l’eau et protection végétalisée face à la montée des eaux. Infrastructures douces. Étude réalisée par l’architecte Stephen Cassell et son équipe. Source : www.fastcodesign. com. 1. La croissance démographique est définie comme l’augmentation de l’effectif de la population au cours du temps. 2. ONU : Organisation des Nations unies. Cette organisation internationale regroupe la plupart des pays du monde entier.
La migration urbaine continue sans relâche. D’ici 2050 on estime qu’environ 70 % de la population mondiale vivra dans les villes. Cette urbanisation exponentielle est la conséquence d’une constante croissance démographique1. Selon l’ONU2, la population mondiale augmentera de 2.5 milliards d’habitants jusqu’en 2050 et notre système urbain devra donc s’adapter à cette croissance.
Les habitants de la ville forment un gigantesque organisme. Le maintien de son niveau de vie dépend en grande partie des infrastructures urbaines. La qualité et l’accessibilité des services tels que la santé, les soins, les transports publics, l’éducation, la culture, l’énergie et la communication sont nécessaires pour la prospérité de cet organisme de masse. Dans une ville en pleine croissance, les grandes infrastructures sont toujours sous pression. Plus les métropoles sont en expansion, plus le maintien de ces différentes infrastructures est difficile à mettre en place.
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Actuellement, nos villes sont en danger car elles ne cessent de grandir. 90 % des métropoles du monde sont en relation
1. Définition de l’aquaculture tirée du dictionnaire Larousse.
avec l’eau et nous devons donc envisager un avenir sur le territoire aquatique. Une future colonisation de l’eau offrirait des solutions à cette croissance urbaine démesurée. À ce jour, la biologie terrestre est exploitée sans relâche. Nous devons dès à présent protéger de l’urbanisation les terres qui restent encore inexploitées. Aujourd’hui, la croissance urbaine étale la ville sur le territoire agricole et les terres arables commencent à s’épuiser. Dans la société actuelle, l’homme cherche à avoir accès à n’importe quel produit alimentaire quelle que soit la saison. Les produits agricoles voyagent donc à travers le monde avant d’atterrir dans notre assiette. Les choses doivent changer. L’idée envisagée est d’avoir accès à l’agriculture à l’intérieur de l’espace urbain. Comment imaginer ce genre de changement alors que les villes sont déjà encombrées et que l’agriculture demande de l’espace ? Face au choix de sacrifier les terres agricoles ou les terres naturelles qu’il nous reste, le fait d’investir l’espace disponible sur l’eau est peut être la solution. L’eau pourrait aujourd’hui offrir à l’homme de nouvelles opportunités pour se nourrir. Envisager une architecture bleue, c’est offrir au monde l’occasion de développer les principes de l’aquaculture et de l’agriculture sur l’eau. À titre informatif, « l’aquaculture1 désigne de manière générale toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique, que ce soit en eau douce, en eau saumâtre ou en
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1. Rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).
milieu marin ». L’aquaculture peut être considérée comme une alternative à la surpêche dans les mers et océans du globe. En 2008, elle a fourni 46 % des poissons à l’échelle mondiale1. Même si il s’agissait à 87 % de poissons d’eau douce, l’aquaculture marine est en croissance constante. Aujourd’hui, la pêche industrielle est une réelle menace et épuise les ressources marines de nos mers et océans. L’aquaculture apparaît comme une solution viable pour nourrir les hommes. Les architectes bleus affirment aujourd’hui que l’avenir de l’aquaculture marine passera par l’édification de constructions spécialisées sur l’eau, de fermes flottantes et de bassins nourriciers à proximité ou dans les grandes villes côtières.
B. Qualifications de notre système urbain
Au cours de ces dernières années, l’homme a
essayé de réduire la pression démographique présente dans les grandes villes du monde. Les zones urbaines se densifient de plus en plus et la conception de nos villes a du évoluer. L’architecture verticale a été la première réponse face à cette pression urbaine en constante augmentation. La ville verticale s’est mise en place rapidement à la suite d’inventions techniques et technologiques. Aujourd’hui, les gratte-ciels dépassent les limites de ce qu’on croyait impossible il y a encore quelques années. Une autre réponse face à cette pression démographique fut envisagée à travers le développement de structures urbaines souterraines. Les espaces souterrains offrent une nouvelle dimension pour la ville. Aujourd‘hui, toutes les grandes agglomérations sont constituées d’un réseau de transport sous terrain pour maximiser le déplacement entre les différentes parties de la ville. Ce qui devient intéressant c’est lorsque la ville même se développe sous la terre, comme à Montréal, et offre de nouveaux espaces en centre ville. Grâce au développement de l’architecture verticale et des infrastructures souterraines, la densité urbaine n’a cessé de croître au cours des deux derniers siècles. Aujourd’hui l’homme cherche de nouvelles pistes pour répondre à cette croissance qui ne cesse de grandir. La solution est peut-être de se tourner vers les vastes étendues d’eau disponibles. Pour le moment, ce n’est sûrement pas une évidence pour
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tout le monde mais demain, habiter sur l’eau fera partie des concepts qui régissent notre système urbain. Tout comme l’architecture verticale ou souterraine, habiter sur l’eau nous apparaitra comme une évidence. À ce jour, nous avons déjà repoussé les limites de la construction sur l’eau. Prenons l’exemple de la route flottante la plus longue du monde située sur le lac de Washington et mesurant plus de 2km. Cette route inaugurée en 1963, a été pendant longtemps la plus grande structure flottante jamais réalisée. On pourrait aussi prendre l’exemple de l’aéroport international de Kansai situé près de la ville d’Osaka au Japon. Cette gigantesque structure flottante utilise l’espace disponible sur les berges de la ville pour s’implanter dans un contexte urbain. De telles infrastructures nous prouvent que les opportunités de la construction sur l’eau à grande échelle sont prometteuses. Nous pouvons encore pousser les limites de l’architecture flottante. L’architecture bleue offre de nouvelles perspectives aux architectes et aux ingénieurs qui y voient une opportunité pour demain. La frontière entre l’eau et la terre est l’une des dernières limites que l’homme pourrait dépasser.
C. La ville de demain
1. Un ensemble flottant
Sur la terre, l’eau existe sous différentes formes
physiques. L’eau liquide présente dans notre environnement, peut provenir des canaux d’une ville, des rivières, des lacs, de la mer, ou encore des vastes océans présents autour de nous. Elle peut être stagnante, courante, fraiche, saumâtre, salée et son état a de l’influence sur les différents matériaux et sur le type de fondation à utiliser. Dans la plupart des villes du monde, l’eau est un élément spatial très important. Elle est la raison pour laquelle l’homme s’est installé et assure sa prospérité. Elle peut aussi être considérée comme un support pour le commerce et le transport à travers un monde qui évolue. Avec le développement de l’architecture sur l’eau, de nouvelles idées, de nouveaux projets, de nouveaux modes de vie apparaissent et suscitent l’intérêt d’autrui. Cependant, il faut rester réaliste car à ce jour, le prototype de la ville flottante et autonome n’existe pas encore. Les projets actuels sur l’eau sont conçus à petite échelle dans le but de répondre à un problème urbain spécifique. La ville sur l’eau peut être divisée en différentes catégories. Il y a les villes riveraines, les villes fluviales, les villes portuaires, les villes en archipel et les villes avec des canaux. Dans les différents cas, l’eau est génératrice d’activités. Elle offre prospérité et développement pour l’avenir. Mais quelle
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est la différence entre une ville sur l’eau et une ville flottante ? La ville sur l’eau est construite près de l’eau mais s’étend sur la terre ferme. À l’inverse, une ville flottante est un système urbain entièrement construit sur l’eau, en plusieurs étapes et répondant à une demande localisée. La ville flottante est plus ou moins la reconsidération des différentes typologies de villes sur l’eau déjà mentionnées précédemment.
2. Un ensemble évolutif, changeant et mobile
Actuellement, les différentes structures urbaines
qui définissent la ville ont une durée de vie plus longue que le programme et les exigences pour lesquelles elles sont construites. Notre système urbain doit sans cesse s’adapter et se réinventer. À première vue, imaginer la ville sur l’eau c’est reconsidérer son caractère actuel. La ville d’aujourd’hui est en effet trop statique et ne s’adapte pas à un monde qui change considérablement. Si nous ne voulons pas être dépassés par ces changements, nous devons prendre les devants et anticiper un nouveau mode de vie. Concevoir une ville mobile et changeante, c’est envisager une nouvelle manière de vivre dans une ville qui répond à ses besoins de manière localisée. Les différentes structures urbaines de la ville pourront en effet être déplacées selon les besoins. La ville traditionnelle laissera place à un ensemble dynamique et évolutif. Le temps de la démolition ou de la réhabilitation sera remplacé par le temps de la mobilité et de l’adaptation. La durabilité de nos villes futures sera alors caractérisée par la flexibilité des structures qui la composent.
Pour illustrer cette vision de la ville de demain, je me suis intéressé aux théories de l’architecte Koen Olthuis. Selon lui, « Une ville plus mouvante, plus dynamique se dessine. Certains habitats et services se déplaceront. L’urbanisme et la vie citadine vont en être transformés1 ». Il affirme que l’urbanisme est aujourd’hui en plein bouleversement et que de nouvelles perspectives pour l’avenir doivent
Illustrations : Représentation en volumes de la vision de Koen Olthuis sur la ville de demain. Ville mouvante et dynamique représentée par les différents volumes colorés. Source : Vidéo Futuremag Arte ; « Les villes flottantes sont-elles l’avenir de la civilisation ? ». 1. Citation de Koen Olthuis sur la ville de demain tirée du livre « Float » de Koen Olthuis et David Keuning.
être envisagées. La ville sur l’eau pourrait changer de configuration grâce au caractère mobile de certaines structures qui la composent. Cette nouvelle ville serait alors dynamique et flexible selon les besoins. L’eau est pour moi la réponse à un système urbain qui doit rapidement s’adapter et se réinventer. L’âme de nos villes réside dans leur cœur historique mais ce sont les zones d’activités économiques et industrielles, les zones résidentielles, touristiques et de loisirs qui génèrent le dynamisme de ces villes. Concevoir la ville sur l’eau c’est imaginer que l’on puisse déplacer un musée, un équipement sportif ou un quartier avec plusieurs centaines de maisons pour répondre à une demande localisée dans le tissu urbain. Sur un territoire qui le permettrait, on pourrait aller beaucoup plus loin en imaginant que ces différents ensembles flottants se déplacent d’une ville à une autre. Pour certain, cette idée relève sûrement de l’utopie architecturale mais pour d’autres, c’est juste une projection de la ville de demain. Dans son projet de villes flottantes, l’artiste et créateur américain Charles Simonds nous propose une nouvelle manière de répartir l’espace urbain en se tournant vers la
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mer. Conçu comme une critique de notre société actuelle basée sur la propriété individuelle, ce projet est défini par sa capacité à pouvoir se déplacer, se diviser ou se multiplier. Cette œuvre visionnaire fait directement référence à une
Illustration : « Floating City », 1978. Collage d’éléments photographiques sur photographie contrecollée. Œuvre réalisée par l’artiste Charles Simonds. Source : www.frac-centre.fr.
nouvelle manière de concevoir notre système urbain.
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D. Les enjeux de l’expansion urbaine sur l’eau
1. Délocalisation de structures urbaines
Dans notre système urbain actuel, certains espaces,
Illustrations : Étude expérimentale réalisée par Waterstudio. Délocalisation d’un parc urbain sur l’eau. Source : « Float » de Koen Olthuis et David Keuning.
certaines fonctions urbaines nécessitent beaucoup de place. En sachant que nos villes sont aujourd’hui saturées, n’est-il pas envisageable que ces fonctions soient délocalisées sur l’eau ? Je pense ici aux espaces verts, aux terrains de sports ou aux espaces agricoles situés en milieu urbain. Ce type de fonction à faible valeur économique est souvent situé dans les zones où la pression liée à l’urbanisation menace la ville. Imaginer que certaines fonctions urbaines s’étendent sur l’eau c’est donner une nouvelle dimension à la ville d’aujourd’hui. Dans les grandes métropoles, le transport motorisé est la force motrice de la mobilité et de la logistique urbaine. En raison de sa facilité, de sa vitesse et de son coût relativement faible, la voiture domine en effet les infrastructures urbaines liées à la mobilité. Dans les grandes villes comme Londres ou New York, une grande partie des infrastructures de transport se trouvent aujourd’hui sous terre. Aussi, le transport à Venise est en majorité sur l’eau. Les voitures sont localisées sur une petite partie de la ville et les habitants circulent majoritairement en bateau. Chaque voyage est unique ce qui rend le déplacement à Venise très agréable. Offrir des infrastructures et des espaces urbains sur l’eau permettrait à la ville de demain de faire face aux problèmes liés à la croissance urbaine actuelle.
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2. Nourrir les hommes
Actuellement, en raison de la forte expansion
urbaine, les zones agricoles sont soumises à la pression
Illustration : Photographie de la serre flottante de Naaldwijk aux Pays Bas. Projet réalisé par l’entreprise de construction Dura Vermeer en 2005. Source : www. duravermeer.nl.
spatiale. La demande n’a jamais été aussi importante et l’étalement de la ville ne fait qu’éloigner les terres agricoles du consommateur. Pour trouver des solutions, certains architectes travaillent déjà sur la question. Aujourd’hui, l’architecture flottante réinvente notre manière de cultiver. Imaginons que l’on puisse construire de grandes surfaces mobiles et exploitables pour l’agriculture. Ces surfaces agricoles pourraient alors se déplacer, être orientées ou être stockées en attendant la récolte. Elles seraient ensuite acheminées à l’emplacement de la récolte et replantées. Ainsi, ce n’est plus l’agriculteur qui va jusqu’à ses cultures mais plutôt les cultures qui viennent jusqu’à lui. Basé sur les principes de la mobilité, ce nouveau concept offre de nouvelles surfaces agricoles sur les étendues d’eau disponibles en milieu urbain. Ce système agricole est totalement différent de celui que nous utilisons aujourd’hui et nous offre une vision plus moderne de l’agriculture. Il y a peu, la vision générale de l’architecture bleue faisait référence à de simples habitations flottantes. Mais aujourd’hui, cette nouvelle forme de conception urbaine nous offre de réelles opportunités pour l’agriculture en milieu urbain. Aux Pays Bas, il existe aujourd’hui différents projets qui témoignent de ces opportunités. La serre flottante de Naaldwijk a été réalisée par l’entreprise de construction Dura Vermeer en 2005 dans le but de montrer
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que l’agriculture en ville est envisageable pour demain. Ce projet flottant prouve qu’il est désormais possible d’utiliser les étendues d’eau à notre portée pour ramener l’agriculture au plus près du consommateur. L’idée est de venir développer
Illustration : Plan masse de l’implantation du projet réalisé à Gdansk, en Pologne. Revitalisation d’une ancienne zone portuaire. Échelle de base : 1.2000. Dessin réalisé par l’auteur.
les circuits courts en ville en rapprochant les producteurs agricoles. Dans une ville où l’espace commence à se faire rare, on développe ici les principes d’une agriculture flottante et mobile en milieu urbain.
3. Revitalisation des anciennes zones portuaires
Au
cours
de
ces
dernières
décennies,
l’activité économique et les échanges internationaux ont considérablement augmenté. Dans la plupart des grandes villes portuaires, les immenses paquebots et porteconteneurs qui traversent aujourd’hui nos océans n’ont plus accès aux anciens ports. Les grandes villes ont dû s’adapter en construisant de nouveaux ports d’attache pour ces monstres des océans. À titre d’exemple, Rotterdam a été pendant longtemps le plus grand port du monde. Cette ville néerlandaise a aujourd’hui perdu sa position de leader au cœur d’une activité économique et portuaire en constante évolution. La ville n’a pas réussi à s‘adapter assez rapidement. Je me suis alors demandé ce qu’il en était de ces anciennes zones portuaires aujourd’hui délaissées. Au cours de cette dernière année d’étude en master d’architecture, j’ai eu l’occasion de travailler sur un projet à Gdansk, en Pologne visant à revitaliser une zone portuaire oubliée par le temps.
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J’ai alors travaillé sur l’idée que ces espaces ne demandent qu’à avoir une nouvelle fonction. Aujourd’hui, j’aimerai aller plus loin en affirmant que ces anciennes zones portuaires doivent être revitalisées dans le but d’aider l’expansion urbaine à s’étendre sur l’eau.
Illustrations : Siège social Arctia réalisé à Helsinki en Finlande par K2S Architects. Photographie et documents graphiques. Source : www.archdaily.com. 1. Arctia : Société de transport et de chantier maritime basé à Helsinki en Finlande.
Ces anciennes zones portuaires doivent aujourd’hui se reconvertir. Prenons l’exemple de l’île de Kop Van Zuid à Rotterdam. Cette ancienne île portuaire est aujourd’hui l’un des quartiers résidentiels les plus chers de la ville. Au cours de ma troisième année en licence d’architecture, j’ai eu l’occasion de réaliser un projet de logements sur les berges de cette île. J’ai pris conscience que la revitalisation des anciennes zones portuaires est dans les esprits. Cependant, je pense qu’aujourd’hui, il faudrait étendre cette reconversion aux espaces non exploités disponibles sur l’eau. La ville de Rotterdam pourrait devenir une ville hybride où la terre et l’eau fournissent de nouveaux espaces pour répondre à la demande constante de l’expansion urbaine. Aussi, la construction durable est l’une des priorités dans le réaménagement des espaces portuaires et les bâtiments flottants cadrent avec cette stratégie d’adaptation. Prenons l’exemple du siège social Arctia1 réalisé à Helsinki en Finlande par K2S Architects. Basé sur les principes de la mobilité, ce projet a été réalisé dans le but d’utiliser les espaces disponibles sur l’eau tout en s’implantant au plus près du chantier maritime de la société.
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E. Vers une architecture utopique ?
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à
Illustration : Représentation du projet « Lilypad » réalisé par Vincent Callebaut. Ville flottante, écologique et autonome. Source : www.projets-architecte-urbanisme.fr.
l’architecture bleue, j’ai été impressionné par la variété des projets futuristes imaginés par les architectes. Pendant que certains tentent de nous offrir une vie au-dessus des nuages, d’autres, nourris par une toute autre ambition, préfèrent miser sur les étendues d’eau disponibles. Les océans, les mers et les lacs peuvent aujourd’hui être considérés comme un véritable territoire mouvant où l’architecture pourrait prendre forme. Tout en ayant la conviction que cette architecture sur l’eau est peut-être la solution pour demain, je me suis questionné sur la pertinence et la faisabilité de certains projets réalisés. Certaines réalisations sur l’eau me sont en effet apparues comme hors de portée, non réalisables et ne répondant pas directement à un véritable besoin. L’architecture bleue peut-elle faire référence au genre utopique ? La pensée utopique entretient des liens plus ou moins étroits avec l’architecture. Au cours de l’histoire, l’homme a souvent été à la recherche d’une organisation parfaite de la société et de l’espace dans lequel elle se développe. Les projets utopiques se questionnent sur l’écologie, l’autonomie, sur les espaces que nous habitons et sur l’évolution de leurs fonctions à travers le temps. Notre imagination est capable de donner naissance à des projets de plus en plus fous où la création se mêle à l’expérimentation. L’architecture sur l’eau fait référence au genre utopique lorsqu’elle se met au service du bon fonctionnement de la société.
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Prenons l’exemple du projet Lilypad réalisé par l’architecte belge Vincent Callebaut. Ce projet est selon lui « une nouvelle façon d’urbaniser en mer tout en respectant l’écosystème marin et en rompant avec la ville occidentale, très énergivore et consommatrice d’espaces ». Pouvant accueillir plus de 1
1. Citation de Vincent Callebaut tirée de l’article du Monde.fr ; « Comment les architectes voient la vie sur l’eau ? » ; Projet « Lilypad ». 2. Citations de Jacques Rougerie Tirées du site de la fondation génération espace mer.
50 000 personnes, Lilypad est une ville autosuffisante qui se déplace sur le littoral selon les besoins du territoire émergé. L’utopie architecturale se retrouve dans la conception de villes entièrement flottantes, écologiques et autonomes. Elle fait référence à une réponse sociale et politique idéale. Le port flottant de Dubaï imaginé par Waterstudio, est un autre projet d’architecture flottante qui se rapproche du genre utopique. Conçu pour l’amarrage des trois plus grands paquebots du monde, ce terminal de croisière flottant aux dimensions spectaculaires se compose d’une gigantesque structure en aluminium à la fois, mobile, unique et légère.
Si aujourd’hui le monde bouge si vite c’est parce que l’homme se projette continuellement dans le futur. Je suis persuadé qu’un jour, certains de ces ambitieux projets seront réalisés, mais que les besoins et les moyens d’aujourd’hui ne répondent pas encore à ce genre de mégastructure. Pour illustrer ce propos, j’aimerai vous parler de la théorie de Jacques Rougerie. Cet architecte, océanographe, et membre à l’institut de France et à l’académie des beaux-arts soutient que « c’est de l’océan que naîtra le destin des civilisations à venir2 ». Il affirme aussi que « tout ce qu’un homme est capable d’imaginer aujourd’hui, d’autres hommes seront capables de le réaliser demain2 ». La seule limite de
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1. Étude de la théorie de Jacques Rougerie à travers sa conférence TED x Cannes ; « Humanity and life underwater ».
l’imagination est le facteur temps1. C’est donc à travers ces projets surréalistes que se trouve la réponse aux ambitions architecturales et urbanistiques pour demain. Nous devons cependant rester humble avec le processus de conception architecturale et imaginer une architecture bleue dans la limite du réalisable et répondant à une véritable nécessité.
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« Il est primordial, à cause de la crise
environnementale et du prochain exode climatique, de passer dès aujourd’hui, d’une stratégie de réaction dans l’urgence à une stratégie d’adaptation et d’anticipation durable. Nous devons penser aujourd’hui à des solutions ultra-marines. » Vincent Callebaut. LeMonde.fr ; Article : « Comment les architectes voient la vie sur l’eau ? ».
IV. MA CONCEPTION ARCHITECTURALE
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Un lieu d’adaptation et du changement pour demain
Centre de sensibilisation et de recherche, associé aux préoccupations environnementales actuelles
Maintenant que nous avons vu que l’architecture
bleue est l’une des réponses aux préoccupations urbaines et
Illustration : Schéma générateur du projet. Dessin réalisé par l’auteur.
environnementales actuelles, il est temps pour moi de mettre en application cette nouvelle typologie d’architecture. Nous savons que l’environnement dans lequel nous évoluons est en train de changer et l’homme va devoir s’adapter au plus vite. Il me paraît évident d’anticiper face aux préoccupations actuelles et d’allier le processus de conception architecturale à cette nécessité d’adaptation. Mon projet est en effet la mise en pratique des connaissances que j’ai acquises durant ces deux dernières années. Lorsque j’ai choisi de réaliser mon mémoire sur la relation qui peut exister entre l’eau et l’architecture, j’étais loin de me douter de toutes les connaissances et opportunités architecturales que ce sujet allait m’offrir. Nous sommes selon moi à l’aube d’un changement majeur en architecture et cette étude m’a ouvert les portes d’une des solutions qui s’offrent à nous. L’eau est acteur de notre quotidien et nous avons tendance à l’oublier. L’architecture bleue nous invite aujourd’hui à vivre avec l’eau, au lieu de chercher constamment à la repousser.
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A. Un territoire menacé
Dans le but de pouvoir mettre en application les
propos énoncés précédemment, j’ai décidé de choisir un
Illustration : Plan territorial de la ville d’Amsterdam et de ses environs. Étude de l’hydrographie aux abords du lac artificiel Markermeer. Échelle de base : 1.25 000. Dessin réalisé par l’auteur.
site concerné par les problèmes liés à la montée des océans et à la pression urbaine. Le but étant ici d’étudier la capacité d’un territoire à s’adapter à une crise environnementale. J’ai donc choisi de m’implanter aux Pays Bas. La situation géographique de la hollande est en effet très particulière puisque 30 % du territoire est recouvert d’eau et plus d’un quart du pays se trouve sous le niveau de la mer. J’ai alors choisi de venir m’implanter aux abords d’Amsterdam, ville symbole de l’architecture bleue. Cette ville rencontre aujourd’hui de réels problèmes liés à la croissance démographique et ses environs sont constamment menacés par la force de l’eau. Avec le réchauffement climatique, la situation territoriale d’Amsterdam devient de plus en plus compliquée. Plus précisément, je me suis implanté à l’est de la ville entre les îles artificielles d’Ijburg et le Diemerpark. Cet espace urbain est l’un des plus grands parcs situé près d’Amsterdam. Il offre de la place pour accueillir des équipements sportifs extérieurs. Le site s’oriente vers le gigantesque lac artificiel du Markermeer, symbole d’un territoire constamment façonné par l’homme. Au cours de mon travail théorique, j’ai analysé le territoire de la Hollande comme étant un paysage artificiel, digué et
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constamment protégé des eaux. J’ai donc essayé de trouver un site qui laisserait sa chance à l’eau. Mon implantation est en effet située le long d’une zone inondable, non diguée et non protégée. C’est donc pour moi un site symbolique en ce
Illustration : Plan territorial du site et des îles artificielles d’Ijburg. Étude de l’hydrographie et des zones potentiellement inondables. Échelle de base : 1.10 000. Dessin réalisé par l’auteur.
qui concerne l’architecture bleue et une implantation parfaite pour réaliser mon projet.
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Zones potentiellement inondables
B. Un programme défini par le territoire
Pour répondre à un lieu d’adaptation et du
changement pour demain, j’ai décidé de réaliser un centre de sensibilisation et de recherche, associé aux préoccupations environnementales actuelles. Le but étant de réaliser un
Illustration : Plan masse de l’implantation du projet. Mise en évidence d’une zone potentiellement inondable. Expansion urbaine envisagée sur l’eau. Échelle de base : 1.2000. Dessin réalisé par l’auteur. 1. Bjarke Ingels Group (Big) est un cabinet d’architecture basé à Copenhague au Danemark.
projet sur l’eau à l’image des possibilités à envisager pour demain. Au cours de mon analyse, j’ai remarqué que les îles artificielles d’Ijburg sont ponctuées par différents projets d’architecture bleue déjà réalisés ou en cours de conception. J’ai évoqué précédemment le quartier de maisons flottantes réalisé par Waterstudio, mais le projet qui m’intéresse ici est le Sluishuis Building en cours de conception par Big1. Cette gigantesque construction flottante située au nord des îles d’Ijburg propose de nouveaux logements écologiques, un port de plaisance et plus de 4000m2 d’espaces publiques. Ce projet mobile, à l’image de l’architecture bleue, renforce ma conviction dans mon choix d’implantation. L’idée génératrice de mon projet est en effet de prouver que les espaces disponibles sur l’eau, entre le littoral naturel et ces îles artificielles, peuvent être investis. Ces deux différentes références nous prouvent que le mouvement est déjà en marche. J’ai aussi constaté que de nombreuses passerelles piétonnes font la liaison de manière ponctuelle, entre le littoral naturel et les îles artificielles d’Ijburg. J’ai donc voulu renforcer cette idée en créant un projet habité qui offrirait
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Zones potentiellement inondables
une nouvelle traversée. Venir investir ces espaces sur l’eau permet de dynamiser la zone en anticipant le phénomène de montée des eaux. On pourrait très bien imaginer qu’avec
Illustrations : Photographies des différentes maquettes du projet réalisées par l’auteur. Relation avec le contexte. Rapport direct avec l’eau. Échelle de base : 1.200 ; 1.500.
le temps, ces espaces deviennent un lieu d’implantation majeur pour toute sorte de constructions flottantes. Nous avons vu que l’idée de ramener l’agriculture en milieu urbain, en favorisant la proximité entre producteurs et consommateurs, est actuellement dans les esprits. Comme énoncé précédemment, ces étendues d’eau sont peut-être la réponse pour accueillir une agriculture ou une aquaculture proche de la ville.
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C. Une architecture qui s’adapte
1. Par sa résilience et sa mobilité
Nous avons vu que la résilience peut être
Illustration : Plan d’implantation du projet. Traversée habitée entre deux rives opposées. Échelle de base : 1.500. Dessin réalisé par l’auteur.
définie comme la capacité d’un système à faire face à une perturbation dans son milieu. Cette notion de résilience en architecture répond au concept de durabilité. Le projet est un ensemble flottant, il peut donc s’adapter sans aucun problème à une montée des eaux soudaine. Il assure la fonction de passerelle habitée en faisant la connexion entre deux rives opposées. L’une de ces rives est caractérisée par un contexte urbain et artificiel alors que l’autre relève plutôt d’un contexte paysager et naturel. La rive orientée face à la ville, est aménagée par un parvis séquencé et résilient. Cet espace descend peu à peu vers l’eau et le projet, grâce à un jeu topographique. L’architecture bleue est principalement définie par le principe de la mobilité. L’ensemble du projet est donc constitué de deux volumes qui flottent et peuvent être déplacés. Le projet a été pensé en fonction de l’environnement qui l’entoure tout en gardant une certaine idée de modularité. Il serait en effet envisageable de voir le système s’étendre sur l’eau à de multiples reprises ou de le voir se déplacer vers une autre implantation. Cette idée de mobilité nous offre de nouvelles opportunités pour la ville de demain. Notre système urbain actuel doit s’adapter à un monde qui change. La mobilité en architecture
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offre une idée de pérennité pour l’édifice architectural. Nous avons en effet vu qu’aujourd’hui, la durée de vie fonctionnelle
Illustration : Représentation graphique des plans fonctionnels du projet. Échelle de base : 1.200. Dessin réalisé par l’auteur.
d’un bâtiment en milieu urbain, est favorisée par rapport à sa durée de vie matérielle. Si un bâtiment n’est plus fonctionnel, il est détruit et remplacé par une construction plus moderne. Avec cette construction flottante, si l’édifice n’est plus utile, il peut être déplacé et réutilisé. Cette vision de l’architecture mobile propose une ville plus dynamique et évolutive. Le caractère changeant de notre système urbain offre alors à la ville de demain de nouvelles perspectives. Ce lieu d’adaptation et du changement, nous montre bien les possibilités à envisager une vie future sur l’eau.
2. Par sa volumétrie
Mon projet est défini par deux volumétries
assez similaires qui se juxtaposent l’une à l’autre. Une déambulation continue permet de parcourir l’ensemble du projet. Etant donné que le système flotte, l’un de ces deux bâtiments peut glisser contre l’autre et offrir une nouvelle spatialité en 3 temps. Ces deux volumes en décalage se mettent alors en relation et lorsque le système se déplace, les espaces s’enrichissent et se connectent les uns avec les autres. Ce principe nous offre une richesse spatiale et modulable à travers tout le projet. Lorsque le système est ouvert, la traversée entre les deux rives est possible et la majorité des espaces se mettent directement en relation avec l’eau. Si le volume qui se déplace s’arrête à mi-parcours, les espaces centraux se
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mettent en relation avec les zones de déambulation. Ce qui devient intéressant, c’est quand le système est complétement fermé. Les espaces extérieurs se mettent en relation les uns
Illustration : Représentation graphique de la mobilité du projet en trois temps. Relation spatiale entre les espaces. Échelle de base: 1.500. Dessin réalisé par l’auteur.
avec les autres et un cœur dynamique et partagé se forme au centre du projet. Cet espace central offre à l’ensemble du projet un lieu de rencontre qui favorise l’échange de la connaissance au sein du programme.
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D. Une architecture singulière
1. Espaces
Au cours de mon travail théorique, j’ai pris
Illustration : Coupe transversale du projet. Mise en situation des jeux de lumière. Échelle de base : 1.50. Dessin réalisé par l’auteur.
conscience de l’existence d’une frontière entre l’architecture bleue et l’architecture traditionnelle. Certains architectes comme Koen Olthuis, recherchent constamment à atténuer cet écart. Le confort, la qualité des espaces ou la stabilité du bâtiment doivent se rapprocher au maximum, voire dépasser les prestations des constructions érigées sur terre. Ainsi, la seule véritable différence restera toujours liée aux fondations. Pour illustrer cette idée, je me suis intéressé au projet d’habitats flottants situé à Oeverzegge, dans la province de Lelystad aux Pays Bas. Cette typologie d’habitat émane d’une nouvelle manière de penser l’architecture en offrant des espaces variés et situés sous le niveau de l’eau. À travers un principe simple qui est celui du plein et du vide, j’ai essayé d’offrir au sein de mon projet des espaces variables et séquencés en travaillant sur l’idée d’une épaisseur habitée. Un jeu topographique dans l’épaisseur de la flottaison se met alors en place à travers tout le projet et nous offre l’agréable sensation de déambuler sur un socle habité.
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2. Structure
Le béton armé et le polystyrène expansé sont les
Illustration : Schémas de recherche réalisés lors du processus de conception architecturale. Dessins réalisés par l’auteur.
matériaux majoritairement utilisés pour les fondations du projet. Cette alliance matérielle lui permet de flotter et lui offre la possibilité d’évoluer sur l’eau à travers le temps et l’espace. Le caractère écologique du projet se retrouve alors dans sa durabilité à exister. Structurellement, ce centre de sensibilisation et de recherche fonctionne sur trois niveaux. Le rez de chaussée peut être considéré comme une épaisseur habitée en dessous du niveau de l’eau. Cette cuve flottante et étanche en béton armé permet à l’ensemble de flotter. Sur ce socle repose des éléments techniques, des blocs de distribution ainsi que d’autres petites volumétries structurelles. Sur ces différents volumes structurels vient s’appuyer une longue volumétrie singulière caractérisée par une structure en poutres métalliques. Ce procédé de construction permet d’offrir au volume supérieur, la sensation de flottaison. Cette sensation est accentuée par la volumétrie du projet qui forme un vide entre le socle et le volume supérieur. Ce vide est alors habité par différentes fonctions particulières. La volumétrie du projet est simple et horizontale. Son rapport au contexte paysager et à l’environnement est direct puisque l’ensemble du projet flotte sur l’eau. Une sensation de légèreté est provoquée par la dualité et le décalage entre le socle habité et le volume supérieur du projet. Cette dualité
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est renforcée par un jeu de matérialité. J’ai en effet choisi de travailler sur un contraste entre un béton banché et foncé
Illustration : Perspective intérieure. Mise en situation de l’espace. Dessin réalisé par l’auteur.
pour le socle du projet et un béton de façade blanc et lisse pour le volume supérieur. Dans la même idée, j’ai fait le choix d’ouvrir le projet de deux manières différentes. Un contraste s’installe alors entre un socle fermé en façade et ouvert de façon zénithale et un volume supérieur ouvert sur toute la longueur de cette même façade. Comme énoncé précédemment, la finalité de ce mémoire n’est pas de trouver la solution idéale pour réduire tous les problèmes liés au réchauffement climatique et à la pression urbaine, mais plutôt de voir comment l’homme doit aujourd’hui s’adapter. Mon projet est à l’image de cette capacité d’adaptation que nous devons désormais tous avoir. À travers ce projet, j’ai essayé de mettre en application les différentes connaissances que j’ai acquises durant ces deux dernières années. Aujourd’hui, je pense réellement être arrivé à mettre en pratique cette nouvelle typologie d’architecture. J’ai réussi à y retranscrire au maximum les qualifications de l’architecture bleue, en restant humble avec le processus de conception architecturale.
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- CONCLUSION -
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Aujourd’hui, nous étudions l’architecture à travers
le monde pour laisser place à notre imagination en espérant qu’un jour nous pourrons mettre notre signature, sur un projet architectural unique et magnifique. Les jeunes architectes sont constamment influencés par les idoles de la génération précédente. L’architecture que nous étudions aujourd’hui doit nous aspirer à faire de plus grandes choses. Elle ne doit pas s’arrêter à l’édification d’un projet magnifique et singulier mais doit transcender le temps et l’espace pour nous offrir de réelles perspectives d’avenir. Le monde est actuellement défini par une série de phénomènes uniques dont chacun nécessite une approche bien particulière. Les gens ne sont pas forcément habitués à penser en dehors de leurs idées préconçues et c’est lorsque l’on surmonte ces différentes idées ancrées dans notre société, qu’ont lieu d’importants changements.
Aujourd’hui, notre manière de vivre doit s’adapter à un monde qui change continuellement. Notre système urbain actuel est dépassé par une crise environnementale et urbanistique. Nous devons y faire face sans plus attendre. L’homme commence doucement à comprendre que les ressources et les espaces qui l’entourent s’épuisent. L’environnement dans lequel il évolue est bouleversé. Il faut dès à présent concevoir une architecture qui répond à ces changements conséquents. L’architecture bleue nous offre de nouvelles opportunités. Concevoir un avenir sur l’eau est en effet l’une des réponses possibles pour demain. La mobilité et
la résilience sont les mots d’ordre d’une future architecture. À l’échelle de notre système urbain, ces qualifications
1. Citation tirée d’Idriss Aberkane lors de sa conférence sur « L’économie de la connaissance ».
apporteront modularité et évolutivité au cœur de nos villes. Dernièrement, je me suis beaucoup intéressé aux théories d’Idriss Aberkane. Cet enseignant et théoricien français fait de nombreuses conférences sur l’économie de la connaissance. Je peux comprendre qu’il n’est pas évident de faire directement le lien avec l’architecture bleue, mais j’ai été interpellé par l’une de ses analyses. Selon lui, « Toute révolution dans l’histoire de l’humanité, qu’elle soit scientifique, culturelle, politique, morale, philosophique ou technologique, passe systématiquement par trois étapes. La première, c’est de considérer cette révolution comme ridicule. La seconde, c’est de la voir comme quelque chose de dangereux. Et enfin, la troisième étape c’est d’y voir comme une évidence1 ». Lorsque Bill Gates, le fondateur de Microsoft, a proclamé dans les années 1970, qu’il voulait obtenir un ordinateur personnel sur chaque bureau du monde, cette idée parut à l’époque comme invraisemblable. Aujourd’hui un monde sans ordinateur personnel est tout simplement impossible à imaginer. Je considère aujourd’hui l’architecture bleue comme une révolution dans le domaine de la construction. Durant le siècle qui nous précède, l’architecture sur l’eau nous apparaissait
comme
ridicule
puisqu’elle
s’éloignait
de l’architecture traditionnelle, pérenne et statique que nous avons édifié depuis toujours. Ces dernières années, l’architecture bleue apparaît pour certain comme
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dangereuse et donne suite à de nombreuses contestations. Aujourd’hui, dans certains territoires concernés par la montée des océans, construire sur l’eau apparaît comme une évidence. L’architecture bleue répond directement à la crise environnementale et urbanistique actuelle. On peut donc définitivement parler de révolution bleue. L’architecture sur l’eau nous offre de manière certaine, des possibilités pour l’avenir et à l’heure où l’adaptation est dans les esprits de chacun, cette nouvelle typologie d’architecture doit nous apparaître comme une évidence.
- BIBLIOGRAPHIE -
118 - 119
« Maisons sur l’eau » : Collection AnArchitecture de Véronique Willemin. « Systèmes vivants et paysages » : Liat Margolis ; Alexander Robinson cl. BIRKHAUSER. Magazine AA : « L’architecture d’aujourd’hui » ; AA 406 mai 2015. Magazine Focus : Le magazine référence des architectes N°10 septembre 2016 : « Ville Amphibies ». Architectures et eaux : Dossier pédagogique ; Frac centre : « Les turbulences ». « Float » : Koen Olthuis et David Keuning.
- WEBOGRAPHIE -
CONFÉRENCES TED x Cannes de Jacques Rougerie ; « Humanity and life underwater ». / Conférence de Jacques Rougerie ; ENSA Paris-Val de Seine ; « Mer et espace, les grands enjeux architecturaux de demain ». Conférence d’Idriss Aberkane ; « L’économie de la connaissance ». TED x Warwick de Koen Olthuis ; « Floating city apps ».
FILMS « HOME» écrit et réalisé par Yann Arthus-Bertrand ; Produit par Luc Besson en 2009. FUTUREMAG ARTE ; « Les villes flottantes sont-elles l’avenir de la civilisation ? ». « DEMAIN » réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent en 2016.
120 - 121
SITES UTILISÉS http://www.trendir.com/floating-house-architecture/
Architecture flottante. http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2301
Villes flottantes ; Villes émergentes. http://www.italie-decouverte.com/venise-une-ville-sur-pilotis/
Venise, une ville sur l’eau. http://autonomie.larantides.com/batiment_flottant_amphibie.htm
Constructions flottantes et logements amphibies. http://www.holland.com/fr/tourisme/article/architecture-flottante.htm
Architecture flottante ; Les Pays Bas. https://jeunesalternatives.wordpress.com/2012/08/14/vivre-avec-leauarchitectes-urbanistes-et-scientifiques-sallient-pour-penser-demain/
Vivre avec l’eau ; Une solution pour demain. http://www.lemonde.fr/culture/visuel/2015/05/10/vingt-millelieux-sur-les-mers-comment-les-architectes-voient-la-vie-sur-leau_4625327_3246.html
Article Le Monde ; « Comment les architectes voient la vie sur l’eau ? ».
- ANNEXES -
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- MAQUETTES -
Illustrations : Photographies des différentes maquettes du projet réalisées par l’auteur. Échelle de base : 1.500 ; 1.200.
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- PANNEAUX DE PRÉSENTATION -
Illustrations : Documents graphiques du projet. Dessins réalisés par l’auteur. Réduction de 3 panneaux de présentation A0.
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À l’heure où les préoccupaaons environnementales du réchauffement climaaque sont de plus en plus présentes, ce lieu d’adaptaaon et du changement pour demain nous montre les possibilités que nous avons d’envisager une architecture sur l’eau. Situé au cœur du territoire en danger de la région d’Amsterdam, ce projet flooant est caractérisé par sa mobilité et par sa résilience. Il nous offre une nouvelle typologie d’architecture envisagée sur l’eau. Le projet assure la fonccon de passerelle habitée en faisant la connexion entre deux rives opposées. L’une de ces rives est caractérisée par un contexte urbain et arrficiel alors que l’autre relève plutôt d’un contexte paysager et naturel. Deux volumétries en décalage ri se meeent alors en relaaon et lorsque le système se déplace, les espaces s’enrichissent et se connectent les uns aux autres. La flooaison du projet est accentuée par sa volumétrie. La dualité et le décalage entre le socle habité du projet et le volume supérieur épuré nous offre en effet l’agréable sensaaon de légèreté.
PLAN MASSE 1/2000
B
C
COUPE CC 1/200
ELEVATION SUD 1/200
UN LIEU D’ADAPTATION ET DU CHANGEMENT POUR DEMAIN CENTRE DE SENSIBILISATION ASSOCIE AUX PREOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES
-
DUPREZ LOUIS MASTER 2
-
ATELIER 1.618
A
A
C
B
PLAN REZ 1/200
PLAN R+1 1/200
ELEVATION EST 1/200
COUPE AA 1/200
PLAN R+2 1/2
PERSPECTIVE EXTERIEURE
TABLEAU DES SURFACES
200
PERSPECTIVE INTERIEURE
PLAN REZ 1/50
ARCHITECTURE MOBILE - 3 TEMPS
ELEVATION 1/50
COUPE BB 1/50
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ARCHITECTURE BLEUE
Mémoire présenté par Louis Duprez Université Catholique de Louvain-la-Neuve, Loci Tournai
Année académique 2016 - 2017