Loupe #1 - Septembre / Octobre 2014

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Sept. 2014 #1

TATOUAGE: LE CODE MARGINAL BEN L’ONCLE SOUL: Talent intemporel

LAURENT BERNIER - MAire de SAINT-François FRANCOIS PIQUET - JIMMY LENORMAND - TAïNOS



DIRECTrice DE PUBLICATION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr REDACTEUR EN CHEF David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr JOURNALISTES David Dancre, Cécile Borghino, 3D, Mr. Chung, Ceebee. PHOTOGRAPHES Service communication de la Mairie de Saint-François, François Piquet. MAQUETTISTES Charles Eloidin, David Dancre. WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr impression PRIM REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 régie@loupe-magazine.fr

Magazine gratuit - Numéro #01 Septembre - Octobre 2014 © LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878


EDITO 05 Nouvelle “R” Evolution BRUITS DE COULOIRS 07 La rentrée Panoramique 08 Saint François avec Laurent Bernier focus 14 Ben L’Oncle Soul 19 Tatouage: Le code marginal

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à la loupe 32 Culture : François Piquet 38 Sport : Jimmy Le Normand 40 Société : Taïnos Chroniques 46 Cinéma 48 Série 50 Jeux Vidéos P.19

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Edito par David Dancre

NOUVELLE “R” EVOLUTION Nouveau venu sur la grille de départ de l’échiquier médiatique, LOUPE décrypte la société sans tabou à travers la culture et le sport pour donner des nouvelles de l’ère du temps ou notre air est vital. L’information est condamnée à l’obsolescence au même titre que les technologies, alors qu’elle est une des plus grande sources d’échange et de communication. Nous nous découvrons chaque jour dans notre quotidien, nos rencontres, nos voyages. L’évolution est permanente. LOUPE la partage.

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BRUITS DE COULOIRS

LA RENTREE par Ceebee

Le dernier rapport de l’OCDE remet une nouvelle fois en cause le sytème scolaire français. Un malaise qui nous conduit aussi à porter un regard plus critique sur notre société. Seulement au 25ème rang derrière de nombreux pays européens et asiatiques, la France connaît une baisse inquiétante du taux de scolarisation des jeunes de 15 à 19 ans (84% en 2012 contre 89% en 1995). La grande partie de ces non-scolarisés sont sans emploi ou inactifs. Aggravation de l’échec scolaire, manque de mesures propres à offrir un enseignement adapté à chacun... Ces chiffres sont aussi révélateurs des mutations qui affectent notre société. Au cours des dernières décennies, le consumérisme (autrement dit l’acquisition de biens non indispensables à la vie), n’a cessé de prendre de l’ampleur. Il exerce indéniablement sur les jeunes une séduction. L’offre de produits numériques (Smartphones, tablettes, consoles de jeux...) multiplie les occasions de se divertir et perturbe de

“Si tu n’as pas de portable à la mode, tu n’as pas d’amis...“ plus en plus les temps d’apprentissage, en classe comme à la maison. Mais ces objets participent aussi à la construction identitaire des jeunes, devenant des supports fondateurs de liens communautaires. Tout récemment, une jeune fille de douze ans m’affirmait que “si tu n’as pas un portable à la mode, tu n’as pas d’amis”! Ces propos nous interrogent forcément sur la valeur et l’utilisation des produits que nous offrons à nos enfants.


SOCIETE En parallèle, la crise, la désindustrialisation, le chômage, la peur de l’échec et du déclassement contribuent à accroître la pression scolaire sur les jeunes. Si l’allongement des études est un fait indéniable, le statut de l‘élève, des enseignants et des parents se sont radicalement transformés. On va de plus en plus à l’école, non pas pour apprendre mais surtout pour s’assurer une chance d’être bien placé sur le marché de l’emploi. Les professionnels de l’éducation, à qui l’on demande aujourd’hui de réaliser une “plusvalue”, terme emprunté au monde de l’entreprise et à l’économie libérale, sont soumis à de nouvelles exigences; le monde change, l’école doit s’adapter à ces mutations. De leur côté, les parents doivent assurer un suivi scolaire plus important, sous peine d’être culpabilisés. On voit se développer les offres de soutien scolaire et de cours à domicile, signes des disfonctionnements de l’école et de la cellule familiale, mais surtout moteurs de nouvelles inégalités. Quant aux

élèves, ils sont amenés à se projeter très tôt dans un avenir professionnel incertain, d’autant plus si leurs résultats sont jugés insuffisants, alors que leur connaissance de ce monde ne se fait le plus souvent qu’à travers le regard de la télévision et parfois encore, celui de l’entourage familial. Cela semble un paradoxe que notre société cultive. Quelles stratégies pouvons-nous mettre en oeuvre afin de multiplier les expériences positives et donner à ces jeunes une meilleure estime de soi? C’est le travail de toute une société et un de ses défis majeurs que d’éduquer, de définir des principes que l’on juge fondamentaux, pour aider l’enfant à devenir un acteur social responsable: respect des règles de vie en communauté, refus de la violence, acceptation de toutes les différences et rejet des discriminations... Car les adultes qu’il côtoie sont autant d’exemples dans lesquels il pourra puiser ses valeurs.


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LAURENT BERNIER par Cécile Borghino

Réélu maire de Saint François, commune qui attire aussi bien les touristes que les résidents, Laurent Bernier dresse un bilan de sa politique et défend ses projets. Un entretien d’où se dégagent les enjeux d’un développement plus durable du territoire. Quelles sont les améliorations que votre équipe a apporté à la commune? Il y a des éléments que nous avons repris et considérablement amélioré, en particulier le golf, quand nous l’avons récupéré nous étions dans la phase une de la requalification. Il y

avait eu beaucoup de travaux réalisés mais qui présentaient des malfaçons. Ce chantier a été mené avec beacoup de volontarisme politique et des moyens financiers considérables, mais aujourd’hui, nous commençons à en toucher les bénéfices. Le golf n’est pas un outil 8


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productif de revenus mais Il ne coûte plus à la collectivité autant qu’il coûtait par le passé. C’est un débouché touristique et sportif mais surtout un moyen de gestion cohérente qui ne coûte pas plus cher qu’il ne rapporte. Même chose pour la marina qui présentait des problèmes d’évacuation des eaux usées et d’éclairage. L’avenue de l’Europe également aurait pu présenter plus de beauté architecture et environnementale, ce n’ est pas une réussite et nous avons dû là aussi reprendre quelques éléments en particulier l’évacuation des eaux pluviales et l’éclairage. Pour le reste, nous avons créé la Rotonde des arts, le marché central, “poumon économique” de la commune, la requalification de la base

nautique, le marché au poissons créé de toute pièce. Nous avons accompagné ces travaux d’une requalification du bourg et des éléments constitutifs de notre patrimoine. On a mis à bas une friche industrielle, le Méridien, vestige hôtelier qui hélas n’était plus d’actualité. C’était un beau patrimoine mais que je ne pouvais pas garder. Il a fallu qu’on désamiante et démolisse, on l’a fait pour d’autres bâtiments aussi, avec l’aide du Conseil Général, pour redonner envie de venir. Bref c’est un peu plus de 50 millions d’euros que nous avons investi en 5 ans. Nous avons essayé de remettre cette ville à l’endroit et il nous en a coûté, bien souvent nous avons dû faire sans des soutiens qui nous semblaient essentiels... 9


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“On ne peut pas concevoir un développement raisonné sans avoir accès à l’eau...“

Comment envisagez-vous l’avenir de Saint François? La vocation de cette commune est-elle seulement touristique? C’est une commune qui attire énormément de personnes, en particulier les résidences principales ou secondaires. En peu de temps, nous avons gagné beaucoup d’habitants. C’est une commune dynamique, même si elle est excentrée, qui se structure aussi, avec de plus en plus de médecins spécialisés, des pharmacies....On a l’attrait nautique (une des seules stations classées avec Bouillante), on se situe dans le haut de gamme qualitatif (marina, aérodrome, la Pointe des Châteaux espace naturel protègé). Mais Saint François est aussi une commune où la ruralité est très marquée, chargée d’histoire et de patrimoine, tournée vers la culture de la canne mais

aussi l’agrotransformation (nous sommes la première commune dormiciliant les acteurs de cette filière). Nous avons un fort potentiel et pas seulement une vocation commerciale. On souffre par contre du manque d’eau ce qui est un vrai handicap. On ne peut pas concevoir un développement raisonné sans avoir accès à l’eau ou à l’électricité. Je suis très attentif aux efforts qui devront être consentis par les institutions chargées des problématiques d’induction en eau potable. Des gros travaux 10


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sont nécessaires à la taille de la Guadeloupe, sans doute des centaines de millions d’euros pour moderniser les usines de production et en rapprocher certaines du territoire de distribution, de façon à augmenter les capacités de production puisque l’eau brute existe, mais n’arrive pas suffisamment là où on en a besoin. Je suis sensible aux expériences qui ont été menées dans la Caraïbe comme les questions relatives aux aquifères (roches qui contiennent de l’eau) , à tout le panel qui pourrait être mis à notre disposition avec l’aide des collectivités et de l’Etat pour avoir de l’eau et de l’électricité à un prix raisonnable toute l’année. Dans le domaine des nouvelles technologies, je cherche des moyens qui permettraient à tout le territoire d’être équipé (les écoles en particulier).

On a une déjà une ferme éolienne, des fermes photo voltaïques... On ne pourra pas continuer à l’envie mais mon idée est que, dans le cadre de la réhabilitation de la décharge, d’y faire demeurer une ferme solaire de stockage, pour avoir la capacité de générer sur 6 ou 7 hectares un revenu, puisqu’on ne peut rien faire sur cet espace condamné pendant trente ans. Je cherche aussi un moyen cohérent, propre et vertueux de transport pour le bourg (tranport interne) et un transport touristique dans le cadre du Projet National du Grand Site protégé de la Pointe des Châteaux. Nous avons aussi des idées pour utiliser l’énergie marémotrice, un projet entre Saint François et la Désirade, mais tout cela n’est pas à l échelle d’une petite commune comme la notre. 11


panoramique Saint-François accueille néammoins une population issue de milieux socioéconomiques très divers: pensez-vous que les services qu’elle propose soient réellement accessibles à tous? Saint-François est une ville cosmopolite faite de diverses origines, confessions, de divers lieux. On essaie de faire converger vers des lieux tout type de public. Moi-même je suis issu de diverses origines, je me dois d’être à l’aise avec tout le monde, ouvert, fier de mes origines et de mon identité Saint franciscaine. On n’est pas là pour satisfaire les attentes d’une certaine catégorie plutôt qu’une autre, il existe aussi des passerelles, la solidarité, l’éducation, au sein des clubs et des associations. Il y a des tickets modérateurs , des tickets sports... Pratiquer le golf vous coûtera sans doute moins cher que de pratiquer le vélo si vous devez acheter un vélo. Si vous voulez faire du surf ou de la planche à voiile, vous trouverez toujours quelqu’un qui vous tendra la main. Je suis très favorable pour que nous ayons une grande place dédiée aux familles, la place Félix Eboué pourrait être améliorée et reconfigurée pour venir passer un moment tranquille... Encore une fois on a des caractéristiques particulières.: un petit bourg mais avec des secteurs géographiques ruraux plutôt éclatés. L’idée est que chacun aime vivre dans son quartier, mais que de temps à autre on se retrouve sur une place centrale.

connaître les spectacles, la diffusion des films, les concerts... Saint François Mass est un groupe carnavalesque qui agrége en son sein de plus en plus de jeunes (et de moins jeunes), qui font du bruit, du son. Je le soutiens et l’encourage. Mais la dynamique de rue est toujours compliquée à

“J’aime bien anticiper sur les attentes des gens. C’est le travail d’un élu que de regarder l’avenir...“

Ne manque-t-il pas des lieux culturels dans la commune? Où peuvent se retrouver les jeunes pour recréer une dynamique? On a une bibliothèque, une salle multimédia qui hélas a été touchée par un incendie et a été inondée, mais qui sera sans doute opérationnelle à la rentre de septembre. Il nous faut peut-être mieux communiquer pour faire connaître l’existence de ces lieux, on utilise beaucoup les réseaux sociaux pour faire 12


SAINT-FRANCOIS faut se battre car il y a une population qui doit vivre et c’est pour cela que j ai voulu requalifier ma commune. Je n’ai pas cherché simplement le débouché touristique car pour moi, le bourg, la propreté et l’environnement sont aussi des moyens pour retrouver l’estime de soi et de son territoire, constater qu’il y a des efforts et des progrès qui ont été faits. J’aime bien anticiper sur les attentes des gens, c’est le travail d’un élu que de regarder l’avenir surtout en terme d’aménagement du territoire, d’imaginer comment vont vivre les gens dans 20 ans, comment ils vont se déplacer, s’approvisionner... Je peux me tromper mais tout tourne autour de la volonté de limiter les déplacements, en tout cas en voiture, d’améliorer les transports interurbains, multimodaux.Il faut rapprocher les équipements et les services de notre territoire et y réfléchir dès maintenant.

saisir pour les institutions, les jeunes sont libres, ils aiment les endroits informels, quand vous voulez les faire entrer quelque part il faut que ce soit bien fait. Je m’inspire de la commune de Baie Mahault qui est pour moi un bon exemple: ils ont créé un studio d’enregistrement, j’aimerai beaucoup créer une radio pour y former des jeunes aux métiers de la régie, de la production, de la photographie... Offrir des lieux et des moyens pour s’exprimer, on l’a fait notamment à travers les locaux artisanaux qu’on a redistribué sur le petit marché et à travers la Rotonde des arts, nous avons offerts un lieu de vente, sinon de production, aux artisans. C’est difficile, à Saint François et en Guadeloupe, et pas que pour les jeunes. Tout le monde cherche à rentrer dans les services de la commune mais celle-ci ne peut pas embaucher à tire-larigot, les comptes sont difficiles, on a de moins en moins de dotations et de plus en plus de charges. Il

www.destination-stfrancois.com

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MUSIQUE

Ben L’OnclE soul TALENT INTEMPOREL propos recueillis par David Dancre

Devenu un artiste incontournable de la scène française depuis la sortie de son premier album éponyme en 2010, il nous dévoile “A Coup De Rêves” son nouvel Opus disponible dans les bacs depuis le 25 aout. Retour vers le futur. Il y a maintenant dix ans que tu as débuté ta carrière de chanteur au sein du groupe de gospel Fitiavana. Quel regard portes-tu sur cette décennie passée? Elle a été très dense cette décennie. Pour moi ca à été très enrichissant, beaucoup de voyages, de découvertes, d’apprentissages, de musique évidemment.…

live, il n’y à pas de cabine, pas de casque. Tout le monde est dans la même pièce, des micros, amplis, préampli à lampes, compresseurs vintage sont installés là et on enregistre sur bandes live comme dans les années 60. Qu’en est-il pour l’écriture ? Tu continues avec Freddy et Beat Assaillant? En effet Freddy et Adam était dans les parages alors on a bossé ensemble sur quelques morceaux. J’ai collaboré avec d’autres artistes que j’ai rencontrés comme Akua Naru, Merlot, Marc Kraftchik…

Pour ton premier album tu avais travaillé avec Gabin Lesieur et Guillaume Poncelet à la réalisation, est-ce que c’est la même équipe derrière toi pour ce nouvel album ? Pour cet album c’est une équipe de musiciens/ producteurs Américains qui ont le plus bossé mais j’ai composé des titres avec Gabin et Guillaume aussi. Le groupe s’appelle Monophonics, ils sont basés à San Francisco en Californie. Ils ont un studio d’enregistrement à l’ancienne, ils travaillent en analogique et en

Pourquoi ce titre «A Coup De Rêves»? La musique te permet-elle de les réaliser et d’en repousser les limites ? Oui. La musique est une expérience qui repousse les limites de mes rêves ça c’est sûr. Je ne pensais pas un jour voyager autant, 15


FOCUS rencontrer autant de personnes et recevoir autant de bonnes énergies, de soutien. Cet album est plus blues, plus profond peut être que le précédent, les rêves sont notre moteur, les rêves c’est aussi avoir de l’espoir, c’est l’amour de soi, la détermination, les rêves font partie de nous. J’aime à penser que les êtres humains sont constitués de rêves en majeure partie.

le clip, on l’a tourné dans un club à New York avec des danseurs incroyables. Cette image « Années 60 » qui te colle à la peau fait surtout référence à une période qui a donné des artistes et des œuvres intemporelles. Comment vis-tu cette comparaison alors que tu es avant tout un artiste contemporain? La musique que j’aime date des années 60/70 mais elle est encore présente dans les cœurs des gens. C’était aussi tout une manière de vivre, de s’exprimer et de produire les choses.

“Le live est important, la musique est faite pour être partagée.”

Le live a une place très importante dans ta démarche artistique et l’ambiance de ton premier album avait été parfaitement transposée. Comment procèdes-tu dans la mise en scène? Le live est très important, la musique est faite pour être partagée. Pour la mise en scène parfois nous faisons appel à des metteurs en scènes, des chefs décorateurs, des stylistes… Il y a beaucoup de métiers dans le domaine du spectacle.

Qui as-tu invité sur l’album? Il y a un duo avec Keziah Jones, on a repris un titre de Al Green qui s’appelle “Simply Beautiful”. On s’est rencontrés en tournée, puis fait une émission de télé où je l’ai invité a chanter cette chanson et on à décidé ensuite de l’enregistrer. C’était un super moment de partage. Toutes mes créations sont le fruit de collaborations, je travaille en permanence avec de nouveaux musiciens, arrangeurs, ingénieurs. J’ai fais cette année une collaboration avec Gregory Porter, avec Blue Note pour un hommage à Nina Simone ou encore avec Sinclair pour un projet autour de standards de jazz. Je ne force pas les rencontres, j’aime faire de la musique avec des gens que j’apprécie humainement, c’est important pour moi.

Quand prévois-tu de revenir aux Antilles pour un concert ? Courant 2015 c’est certain.

Quel sera le premier extrait de l’album ? Qui réalise le clip ? Le premier extrait c’est “Hallelujah” (J’ai tant besoin de toi). C’est Mark Maggiori qui à réalisé

A COUP DE REVES BEN L’ONCLE SOUL Mercury / Universal 2014

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FOCUS

tatouage le code marginal par Mr. Chung

Signes d’appartenance, symboles personnels, portraits ou bien abstraits, les tatouages accompagnent l’être humain depuis des centaines d’années à travers différentes cultures et continuent d’évoluer grace à l’imagination de ses acteurs. Présentation.

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’adage “diviser pour mieux regner” n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. La société a ses codes et rejete tout ce qui n’est pas dans sa norme. Seriez-vous prêt à consulter un médecin tatoué? Et pourtant cela ne lui retire aucune de ses compétences, c’est un comportement discriminatoire au plus haut point. Colporter des stéréotypes alors que l’uniformité, comme son nom l’indique, efface toute trace de personnalité revient à une forme supplémentaire d’exclusion. Quel en est le but? Nous faire croire que nous ne sommes pas uniques, irremplacables? Chaque personne développe des qualités qui lui sont propres et apprend à se valoriser avec. Une situation en pleine évolution de par l’apprentissage des outils de communication qui bien utilisés permettent à tous de découvrir ce qu’il ne connait pas.

a démocratisation du tatouage est indéniable aux yeux du grand public, tout le monde a désormais quelqu’un dans son entourage qui s’est fait tatoué. Un phénomène aussi porteur de talents reconnus à l’international tel que Cartoon (à qui l’on doit notamment la typographie sur les flacons de parfum “Only The Brave” de Diesel et une grande partie des tatouages des rappeurs U.S.) ainsi que d’opportunistes victimes d’une mode qui n’en est pas une. Tatouer est un art. Si ce n’est pas en tant qu’artiste, c’est en tant qu’artisan et dans les deux cas ils demeurent des professionnels passionnés qui offrent un service à une communauté en demande avec un savoir-faire qui se transmet de techniques en créations. Nous sommes allés à la rencontre de différents tatoueurs et tatoués pour comprendre leur approche de cet art sans tabou.

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TATOUAGE : Le CODE MARGINAL Comment as-tu découvert le tatouage? Partout dans la rue, sur Internet. J’ai de plus en plus d’amis qui font des tatouages. J’avais 14 ans quand ça a commencé à me passionner.

MORAN “J’ai commencé à me faire tatouer à 17 ans, mais c’était dans la rue, à l’aiguille.”

Qui t’a tatoué et qu’est-ce que cela représente pour toi? J’ai commencé à me faire tatouer à 17 ans, mais c’était dans la rue, à l’aiguille. Ce n’est que par la suite que j’ai commencé à aller dans des salons. Ca fait maintenant 2 ans que je connais Badjo (interview P.28) et c’est un peu lui qui m’a vraiment initié dans l’art du tatouage. Tu n’as que 24 ans et pourtant tu es déjà bien recouvert? C’est ma passion. J’aime les dessins, les images. Il y a également une conotation regligieuse sur certains. Le bien et le mal sont présents et ça me représente bien. Comment as-tu découvert le tatouage? A travers des artistes, la télé et aussi par rapport au graffiti. Ca commencait à se démocratiser autour de moi. Tous mes potes avaient déjà des tatouages lorsque j’ai fait le mien.

DESIR “Un tatouage doit marquer un moment de la vie. Et pour l’instant il n’y a rien qui justifie que je recommence.”

Qui t’a tatoué et qu’est-ce que cela représente pour toi? C’est Sylvie Tatoo. C’est une amie de la famille et j’apprécie ce qu’elle fait. J’avais 18 ans, je galerais un peu dans la vie et le blason est pour moi la représentation du soldat. Ca me rappelle qu’il faut toujours que je me batte pour vivre. Tu n’en as fait qu’un seul, pourquoi? Un tatouage doit marquer un moment de la vie. J’ai maintenant 28 ans et pour l’instant il n’y a rien qui justifie que je recommence. Sylvie Tatoo - Chemin Rural - La Coulée 97118 Saint-François - Tel : 05.90.850.237 19


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SETH TOUTAN Arrivé il y a un an au salon Cat’s Eyes à Sainte Anne, Toutan s’est déjà fait un nom en Guadeloupe avec un panel impressionnant de réalisations toutes plus originales les unes que les autres. Quel a été ton premier contact avec le tatouage? Je pense que c’est toujours la même histoire, il y a un ami qui avait un pote qui avait un pote qui tatouait. Je l’ai appellé et il m’a fait un tatou. Ca m’a plu et je me suis acheté mon matos. Mais c’était il y a 25 ans et à l’époque il fallait montrer patte blanche pour l’acquérir. Ensuite j’ai enchainé, je me suis fait mon premier tatou sur moi et ensuite je suis allé voir les gitans, les mecs tatoués et voilà.

dessinais avec mon stylo pourri sur les gens et j’attaquais directement. J’ai été mon premier cobaye et j’ai trouvé ca tellement génial, que par la suite j’ai passé mon temps à dessiner pour améliorer mes techniques. Je regardais les magazines pour voir comment il fallait souder les aiguilles… Oui parce que nous devions les souder nous-mêmes. Tu n’achetais pas ton dermographe tout fait. Et donc tu t’es installé immédiatement? Non, j’ai attendu trois ans afin d’ouvrir mon premier «Shop» dans les Alpes de Provence dans un petit patelin de 4000 habitants et ça a super bien fonctionné. Ensuite pour des raisons personnelles j’ai du arrêter et j’ai repris un an après.

Tu avais déjà un talent pour le dessin ou tu t’es découvert avec le tatouage ? Je fais des B.D. (Bandes Dessinées) depuis l’âge de douze ans mais je n’aime pas le mot talent. Pour moi si tu t’entraines dans une discipline, tu peux y exceler. Il y a des gens qui naissent avec la possibilité de faire mieux que les autres mais encore une fois tout est une question de gout. Il ne faut surtout pas écouter les gens qui vont dire que c’est magnifique des le début alors qu’ils n’ont aucune objectivité sur le sujet. Moi je faisais mes dessins et une fois que j’étais satisfait, je les jetais. Je ne garde presque rien de ce que je réalise.

Le diplôme de l’hygiène n’était pas encore une obligation? Non mais j’ai toujours travaillé avec des gants dans une recherche de propreté. Je prenais des conseils auprès de médecins afin de travailler le plus proprement possible car j’ai une réelle phobie des maladies. Est-ce que tu dessines tout ce que tu tatoues ? Soit je le dessine, soit je le travaille sur Photoshop. Il y a des clients qui préfereraisent que je dessine tout, mais j’ai une vie après le tatouage. J’ai consacré assez de temps et bousillé assez de choses ne plus avoir à prouver que je sais dessiner donc lorsque je

C’est paradoxal puisque le tatouage est par essence quelque chose qui reste (au moins le temps d’une vie) ? C’est différent. Ca m’a plus tout simplement. Avant il n’y avait pas toutes les techniques de maintenant. Personne ne m’a jamais rien montré, je n’y connaissais rien du tout. Je 20


TATOUAGE : Le CODE MARGINAL

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focus fais du réalisme (comme le Gorille par exemple) et bien je travaille tout sur Photoshop. Ca me fait gagner entre 10 et 15 heures. Ce qui est loin d’être négligeable et de plus me permet d’avoir plus de détails. Parce que quand tu prends une photo que tu en fais un dessin et qu’ensuite tu le reproduis encore pour le tatouage, il y a forcément de la perte de détails.

le sont et ceux-là j’essaie de les amener vers autre chose. Tu travailles beaucoup avec les couleurs également J‘adore les couleurs, et encore une fois j’aime aussi le noir et blanc, mais ce sont deux approches différentes. Avec les couleurs le tatouage prend une autre dimension. Si la personne est trop mate, j’évite de lui faire des couleurs parce que ça ne “pète” pas autant. On ne tatoue pas pareil une peau noire et une peau blanche. Si les motifs sont les mêmes, il y a des techniques différentes pour les mettre en valeur selon la peau. Je ne ferai pas un petit tatouage sur une peau noire qui ne se verra pas. C’est complètement débile. Pour moi ce serait voler le client.

“Ici nous pouvons faire un tatouage à 60€ ou 4000€. Ce n’est pas le prix qui est important. C’est le tatouage” Et ce gain de temps et de qualité permet aussi d’avoir des tarifs plus raisonnables pour un travail plus précis… Ici nous pouvons aussi bien faire un tatouage à 60€ qu’à 4000€,. Ce n’est pas le prix qui est important,. C’est le tatouage. Mais parfois pour un tatouage à 60€ ou 100€ tu peux passer 4 heures. Ce n’est même pas le SMIC au final et même si tu te fais plaisir dans ce que tu fais tu ne peux tout simplement pas te le permettre.

Il y a une pédagogie psychologique en plus. Oui tout à fait. Il faut bien prévenir les gens de l’image qu’ils vont donner d’eux, car dans tous les cas elle sera forcément différente. A chaque fois que je prends l’avion pour aller dans un autre pays je passe deux heures aux douanes, car pour eux avec mes tatouages, ma coupe de cheveux, mes piercings, je rapporte de la drogue où je ne sais quoi. C’est systématique… A part au Japon ou je suis passé tranquillement sans apriori.

Chaque tatoueur a sa touche, quelle est la tienne ? J’aime tout, donc je fais tout. Lettrages, portraits, paysages, même si il est clair que le réalisme est mon domaine de prédilection. Un tatouage c’est un tatouage. Certes ça s’est démocratisé et tant mieux, mais les gens viennent pour avoir quelque chose. Et que l’on fasse un signe de l’infini 15 fois dans la journée ou pas, c’est notre travail. Ce serait comme la baguette du boulanger… Notre travail consiste aussi à montrer aux gens qu’il y a autre chose. Il y en qui ne sont pas réceptifs et d’autres qui 22


TATOUAGE : Le CODE MARGINAL

Que penses-tu de ceux qui tatouent à la dent de requin ou à l’aiguille? Moi je n’aime pas. Pour une question de vieillissement, d’hygiène. Je vis avec mon époque et dans cette optique je me mets à la recherche des meilleures aiguilles, des meilleures encres, couleurs… Donc je n’aime pas ce coté « artisanal traditionnel ». Ceux qui veulent se faire tatouer à la dent de requin doivent se rendre compte que ce sera la même dent pour tout le monde, et si en plus ils sont véganes (contre le fait de tuer des animaux, ndlr) alors là c’est le paroxysme de la contradiction. En ce moment en métropole il y a une folie de se faire tatouer à l’ancienne avec du point par point. Mais c’est très moche. Tu as 20 ans, tu bousilles ton corps avec des tatouages pourris sous pretexte que tu es contre la société ou je ne sais quelle merde. C’est pour cela que je n’ai pas beaucoup de potes tatoueur,s je reste très en retrait du milieu. Nous vivons dans un monde moderne et il faut le suivre.

Il y a donc toujours des clichés malgré la démocratisation du tatouage ? Il est clair que même un officier de police aux Etats Unis qui serait plus tatoué que moi serait susceptible de m’arrêter par rapport à ces mêmes clichés. Alors que je ne consomme aucune drogue par exemple. Quels genres de travail pourrais-tu refuser ? Le travail en lui-même aucun je pense, c’est plus le rapport avec le client. Si il y en a un qui refuse de payer ce qu’il faut pour un travail alors qu’il a des Nike que je ne me paierai jamais de ma vie. Tu t’offres un bijou à vie donc tu mets les moyens. Ici nous sommes un salon de passionnés, donc si tu viens nous voir pour marchander autant rester chez toi. Chacun d’entre nous va donner le meilleur de lui-même à travers son travail…

CAT’S EYES

Section Galbas - 97180 Sainte-Anne Du mardi au samedi de 10 à 18H. Tel : 05.90.83.62.24 / E-mail : catseyestatoo@msn.com 23


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JOHN Valeur sûre du tatouage local mais toujours en quête de perfection, il évolue depuis 12 ans dans son salon sur la Marina du Gosier. De quelle manière as-tu découvert le tatouage ? Je devais avoir 13 ans, j’étais déjà fou de Harley Davidson, et dans les magazines qu’ils publiaient, il y avait à la fin des pages consacrées aux tatous. C’est plus tard que j’ai franchi le pas. Je me suis fait piquer par un tatoueur, avec qui j’ai eu des affinités et à la vue des dessins que je faisais il m’a demandé si je voulais apprendre à tatouer. C’est parti de là. Donc je suis allé chercher de la couenne en charcuterie, et je me suis fait la main dessus pour commencer ma formation tranquillement. On peut dire que c’est venu à moi vraiment par hasard, je n’avais rien demandé, on m’a apporté ça et après petit à petit en autodidacte je me suis formé. Il n’y avait pas la communication qu’il y a aujourd’hui. A cette époque il fallait passer par un maitre tatoueur, alors qu’aujourd’hui tu peux commander sur Internet un kit complet sans souci.

Est-ce que tu dessines tout ce que tu tatoues ? 95% du temps. Après, il y en a qui arrivent avec des idées bien définies, un modèle propre et prêt à être tatoué dans ce cas oui. Car même avec les lettrages, on met toujours un petit coup de crayon à nous dedans en général. Est-ce que tu travailles tes tatouages sur ordinateur ? Oui. Ca accélère considérablement le travail. Il y en a qui ne savent pas poser un crayon et qui se servent uniquement de Photoshop. Ils le sortent sur papier, sur calque, le posent et c’est génial. Magnifique. C’est une nouvelle génération. Chaque tatoueur a sa touche, quelle est la tienne ? Avant, j’étais beaucoup dans le noir/gris réalisme et maintenant je me penche sur le réalisme couleur. Le réalisme c’est plus mon truc, je suis à l’aise en portrait, bio-mécanique. J’apprécie le Mahori aussi, mais maintenant il y a Antoine, qui vient de Polynésie, dans le salon et c’est beaucoup plus sa spécialité. Bien sur je suis capable de tout faire, mais ce sont les domaines où je prends le plus de plaisir.

“Il y a des pièces qui sont réellement de l’art et j’apprécie cette évolution...” Donc tu dessines? Oui. Depuis enfant, sur mes cahiers de cours il y avait toujours mon prof dessiné en première page. J’étais doué en sport, en dessin et en technologie mais on m‘a orienté en mécanique. J’ai donc un BAC Pro Mécanique, qui ne me sert professionnellement à rien.

Te considères-tu comme artiste ou artisan ? Artisan. Je ne me vois pas du tout comme un artiste et peu de tatoueurs se définissent comme artistes. Quand on parle d’artiste, on pense à Van Gogh ou Michel Angelo avec des 24


TATOUAGE : Le CODE MARGINAL

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focus œuvres comme la chapelle Sixtine. Un niveau réservé à une élite qui en mon sens exprime la réelle définition d’artiste. Beaucoup de gens me disent que je suis un artiste, mais je ne le pense pas. Tiphene (collaboratrice): Il ne le dira jamais car il sera toujours en quête de la perfection. Alors que moi j’aurais tout de suite répondu artiste. D’ailleurs la SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs, ndlr) se bat actuellement pour leur donner un code A.P.E. (Activité Principale Exercée, ndlr). Est-ce que c’est ton premier salon? Non. J’en avais déjà ouvert sur Bordeaux. J’ai fait Biscarosse, Périgueux, Bordeaux, et deux à Montalivet. C’est mon sixième salon ici. Comment s’est passée l’ouverture ici? Au début, les commerçants ont eu très peur. Le cliché classique qui dit Tatouage, dit

“Il existe le traditionnel japonais, tahitien, indien, et qui ont tous des techniques différentes” sexe, drogue, alcool, donc le bordel. Et en fait ils se sont rendus compte que nous ne correspondions pas à leur cliché, comme un bon nombre de mes collègues, et maintenant tout va très bien. Quel genre de travail pourrais-tu refuser ? Les croix gammées, les prénoms des petits copains ou petites copines. Parce que le recouvrement c’est une spécialité aussi. Mais ils commencent à développer une encre spéciale tatouage qui pourra être retiré au laser. Alors que déjà aujourd’hui le laser laisse très peu de traces.


TATOUAGE : Le CODE MARGINAL Il ne faut pas aller dans n’importe quel laser pour se faire détatouer. Il y a des laser qui brûlent le pigment alors que le laser Q-switched il l’éclate tout simplement. Ca signifie qu’il passe au travers du derme et de l’épiderme, qu’il va fractionner le pigment de couleur qui va ensuite être absorbé par le corps. Donc quand tu sors tu as une trace de brulure mais une fois cicatrisé, il n’y a plus rien. Que penses-tu du travail dit « traditionnel? Je suis allé en Polynésie parce que je voulais gouter aux prémices du tatouage mais ça n’a finalement pas pu se faire car le tatoueur en question a du rentrer en urgence en métropole. Donc finalement rien mais c’est quelque chose qui m’attire. Connaître les sensations du début du tatouage. Il est présent dans différentes cultures. Il existe le traditionnel japonais, tahitien, indien, et qui ont tous des techniques différentes… Que penses-tu de la démocratisation du tatouage et de cette facilité à acquérir le statut de tatoueur ? Il y aura de plus en plus de «scratcheurs», ceux qui vont à droite à gauche sans suivre la législation. Ce chiffre avait diminué grâce à l’ouverture de salons qui devenaient professionnels, mais on y revient vu le nombre croissant de règles imposées. Quelle est ta vison du tatouage? Ca évolue tous les jours. Avant c’était du tatouage «primaire», les marins, les taulards, les militaires, mais maintenant c’est beaucoup sur le coté artistique. C’est un phénomène démultiplié par l’évolution du matériel, des encres. Il y a des pièces qui sont réellement de l’art. J’apprécie cette évolution artistique.

BODYGRAPHIC

14/15 Résidence Boutique Des Moulins - Marina du Gosier - 97 110 Pointe-A-Pitre Du lundi au vendredi de 14 à 20H. Tel : 06.90.808.888 - 06.90.438.705 / E-mail : bodygraphic971@hotmail.fr 27


focus

BaDJO Autodidacte. Badjo s’émancipe et transmet sa passion au coeur de Pointe-A-Pitre dans le salon qui porte le nom de son collectif. True Ink. Comment as-tu découvert le tatouage? Par hasard, juste pour le fun, quelqu’un m’a demandé de le tatouer, et c’est parti comme ça . La vie a fait le reste.

Que penses-tu de cette démocratisation du tatouage? Le tatouage est devenu un art donc le regard n’est plus le même, une belle pièce valorise le travail de l’artiste et embelli le corps qui le portera à vie.

Comment t’est venu l’envie de tatouer, avais-tu des aptitudes à dessiner? Je dessinais depuis jtrès jeune mais je ne n’avais jamais prit ça au serieux. Et surtout que savoir dessiner ne veux pas dire savoir tatouer! Ce sont deux choses très différentes !

Pourquoi avoir choisit “True Ink” comme nom de salon? Parce que j’ai aimé l’idée, “Vraie Encre “, je suis quelqu’un de vrai et de plus, tatoueur, j’encre les personnes à vie, d’ou l’idée de “True Ink”. Par la suite ce simple nom de salon s’est transformé en un nom de collectif d’artistes. “True Ink” c’est une équipe, un collectif d’artistes regroupant pour le moment le tatouage et l’aérographie, nous sommes trois artistes actuelement, Smole (tatoueur), Dready B (aérographie) et moi-même (tatoueur, pierceur).

Quelle est le domaine ou tu te sens le plus à l’aise? Réalisme, lettrage, portrait ? Je me sens très à l’aise dans le réalisme et les portraits.

“Une belle pièce valorise le travail de l’artiste et embellit le corps qui le portera à vie” Depuis combien de temps exerces-tu à Pointe-A-Pitre? Quelle est ta clientèle principale ? Ca fait à peu près deux ans que j’exerce dans mon shop et je n’ai pas de clientèle précise mais beaucoup connaissent mon penchant pour le réalisme et les portraits. Est-ce que tu as déjà formé quelqu’un? Non, je n’ai formé personne, mais il m’est arrivé de partager mes propres techniques avec d’autre tatoueurs. 28


TATOUAGE : Le CODE MARGINAL

TRUE INK

14, Rue Peynier - 97 110 Pointe-A-Pitre Du mardi au vendredi de 10H à 17H et le samedi de 10H à 14H. Tel : 06.90.486.680 / E-mail : trueink.fwi@gmail.com 29


focus

JERRY PINTIO Baigné dans l’univers du skate et du métal, il prend une claque à la découverte du travail de Cartoon il y a 15 ans, se découvre une vraie passion pour enfin passer le cap et suivre son ambition. Comment es-tu devenu tatoueur ? Je suis graphiste à la base, et j’en ai eu assez de l’ordinateur. Je voulais revenir sur quelque chose de plus manuel. Après de nombreux voyages au Mexique ça a été une évidence. Je me suis mis à dessiner, dessiner, dessiner... Par la suite on m’a vendu une machine, et je me suis fait un petit lettrage sur la cheville. Ensuite un ami s’est proposé de me donner deux petits morceaux de cuisse pour me faire la main et j’ai claqué deux lettrages direct. Et c’était parti. J’ai fait plein de potes et je les remercie à tout jamais, mais pas assez pour pretendre à etre tatoueur. Je faisais une petite pièce tous les 15 jours maximum. Si je voulais continuer il me fallait trouver un salon de tatouage. On m’a proposé une place à Rosny (93), j’y suis resté un 1 an et demi, pour atterir ou je suis maintenant sur Paris.

Chaque tatoueur a sa touche, quelle est la tienne ? Il y a clairement une grosse influence chicanos dans ce que je fais mais j’essaye de le tourner à ma sauce pour essayer de trouver mon style, je travaille sur la forme de mes lettres afin de trouver mon style d’ecriture reconnaissable ça commence à être le cas, je ne copie pas bêtement les choses, je m’en inspire, je vais souvent au Mexique et j’aime beaucoup leur culture. Bon c’est à la mode mais la plupart des gens qui se font tatouer du chicanos ne savent même pas ce que ça veut dire, mais une chose est sûre c ‘est que justement ce style de tatouage peut etre réadapté sur tout le monde en fonction de son histoire. Est-ce que tu tatoues sur toutes les parties du corps ou tu as une limite ? J’ai tatoué toutes les parties du corps, de la tête au pied en passant par un sexe, mais jamais de sexe d’homme! Ca, c’est mort. En revanche le visage je le fais sur des riches, des fous ou alors des mecs dans le tatouage. Je ne le ferai jamais sur un jeune ou une personne normale.

“J’ai tatoué toutes les parties du corps, de la tête aux pieds en passant par un sexe...”

Quels genre de travail pourrais-tu refuser ? Je refuse beaucoup de chose,. Quand tu passes X heures sur un dessin il vaut mieux que ça te plaise sinon ça devient trop alimentaire.. Je ne fais pas de tribal, de Polynésien (je ne connais pas les symboliques), de tatouage trop graphique, de traditionnel americain. Par contre je connais des personnes qui font tout ça très bien et je les recommande.

Est-ce que tu dessines tout ce que tu tatoues ? 80% du temps,. Chaque tatouage est unique même si je me sers de temps en temps d’images du net, pour me servir de proportion, d’expression de visage, de rose etc... Tout est entièrement redessiné. 30


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JERRY :

www.jerryone.com jerry-one@hotmail.fr facebook.com/jerryonetattoo 31


A la loupe!


ART

FRANCOIS

PIQUET propos recueillis par David Dancre

Peintre, sculpteur, graphiste, réalisateur. Autant de casquettes avec lesquelles François Piquet jongle pour manipuler toutes sortes de matières et ainsi laisser s’exprimer sa créativité dans toute son originalité. Rencontre. Comment es tu arrivé en Guadeloupe ? Par amour et par hasard. Je suis venu rechercher ma chérie, qui était venue faire une saison ici, un peu par hasard, avec un contact hypothétique, pour ne pas passer un hiver de plus à Paris. Au bout de quelques jours, j’ai finalement décidé de rester. Trois mois après, elle était enceinte. C’etait en 2000. Quel a été ton premier rapport avec l’art ? Mon père faisait de la peinture, en amateur passionné. Il a toujours un tiroir plein de médailles et de prix. Quand nous étions enfants, en vacances avec lui, on le suppliait de ne pas aller peindre pour jouer avec nous. Une fois, il a tenu une semaine. Après, on drivait à la recherche d’un paysage, il sortait son chevalet, et nous disait d’aller jouer, au

Quel est ton parcours professionnel ? Il est très varié! J’ai fait des études d’ingenieur en Design Industriel, mais en parallèle j’ai aussi fait pas mal de musique et dessiné de la BD. Ce qui m’a amené à travailler dans le multimédia, puis en intermittent du spectacle quand j’ai saturé du pixel. Arrivé en Guadeloupe, j’ai été webmaster, puis j’ai travaillé en postproduction et animation vidéo, jusqu’à la réalisation, principalement pour la publicité. Je fais aussi de la retouche photo, et plus généralement de la retouche d’image et création graphique, mise au service dernièrement de muséographies. Je me sers de tout ça pour produire de l’art, depuis sept ans maintenant. Pas forcément pour toutes les pièces, bien que je travaille aussi en vidéo, mais au moins pour la com’. 33


a la loupe! chapé lizin», aujourd’hui à Beauport. C’est la première fois que j’ai ressenti le miracle de l’art, comment l’art peut créer la rencontre. C’etait dingue.

milieu de nulle part. On a aussi posé pendant des heures, on s’est fait marcher dessus dans les vernissages par des vieilles dames en chasse de petits-fours. Mon premier rapport à l’art était assez subi. Mais avec l’émerveillement installé de voir 3 taches de peintures se transformer en vache, avec un peu de recul.

Ce travail avec le métal des tonneaux de Rhum a su lier la culture guadeloupéenne à une réalisation artistique contestataire. Comment t’es venue cette démarche ? Cette première sculpture en lames de fer tressées est le fruit de rencontres successives, avec mon voisin de Maudette, Moïse Tite, puis avec les membres de la maison de l’Architecture de la Guadeloupe, pour leur projet à Darboussier. Il est parfois difficile de faire comprendre que ma pratique est d’ici, même si moi je ne le suis pas (un peu comme mes enfants, d’ailleurs). Pour le côté contestataire, c’est vrai que l’obéissance ou le politiquement correct ne sont pas mon fort! J’ai tendance à faire ce qui ne se fait pas, pour voir. L’art prime.

Quelle a été ta première approche artistique, ta première création ? En fait j’en ai quasiment toujours fait : du théâtre au collège, de la musique au lycée, puis du dessin BD, du graffitti au pochoir, toujours avec la musique, l’écriture… Puis la vidéo, on a fait des films… J’aime travailler en groupe, en collectif ; quand le groupe fonctionne, cela permet vraiment d’aller plus loin. Ca me manque en ce moment, je veux réorienter ma production vers des pistes collectives. Sinon, ma première sculpture, c’est le «Bèf

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ART

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2 Photo d’ouverture : - Une grande famille série des Mounpapyé Papier, résine, peinture, 2011 1 - Alien nation - Alienasyon série des Mounpapyé papier, polyester, tôle, bois, vis, clous, 2010 2 - L’homme complexe Cocotier taillé, clous, 2012 3 - Doubout série des Mounpapyé Papier, polyester, fer à béton, 2010

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a la loupe! Tu t’es fait connaître auprès du grand public avec la série “Fè et Po”, mais tu avais déjà touché la population locale avec tes personnages en collage dans les rues. Est-ce une volonté de jouer sur différents tableaux ou tu te laisses simplement déborder par tes pulsions de créativité ? En fait, les collages (les Archipels du moi) sont arrivés bien après les premières sculptures, mais tout ça est sur la même ligne: placer l’art au milieu des gens, un art humaniste, utopique et politique qui joue son rôle social, qui «change le monde». Après, je ne peux faire que là où je suis, je m’adapte aux moyens à ma portée, et j’utilise le medium qui me semble opportun, qui correspond à la constellation en cours. Je me laisse déborder, je glisse, je dérape, avec le plus grand des bonheurs.

d’imprévu, et d’indicible. La manière est la matière première de l’art. L’idée directrice permet de ne pas perdre ses petits en route. On se débrouille. Dans quel domaine te sens-tu le plus à l’aise ? Je dois avoir des facilités à créer des volumes. J’aime beaucoup dessiner, l’écriture aussi, et j’aimerais apprendre la peinture. Tu exposes, mais vis-tu vraiment de ton art ? Je jongle. J’en vis par moments, ou plutôt par périodes, de plus en plus longues. C’est très précaire, mais je continue à faire de l’art, et pas seulement à en vendre. Quels sont tes projets ? Je monte actuellement des ateliers créatifs pour adultes et enfants, pour retravailler en groupe et gagner en indépendance. Continuer à poser de l’art dans l’espace public, en volume aussi (je cherche des troncs intéressants à sculpter en bord de route). Aménager l’atelier pour pouvoir produire du gros, du lourd. Exposer à l’étranger. Vivre heureux.

Tu transformes différents types de matières, tu dessines, sculptes… Estce que c’est la matière qui t’inspire ou l’idée de la mise en scène ? L’expérimentation fait partie de ma démarche, une pratique artistique de la créolisation. J’aime l’imprévu, faire ce que je ne sais pas faire, et je n’aime pas refaire les mêmes choses. La matière est porteuse

Site officiel : www.francoispiquet.com

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A la loupe!


SPORT

JIMMY

LE NORMAND propos recueillis par David Dancre

Sportif depuis son plus jeune âge à travers le football, la boxe française ou le VTT, c’est dans le surf qu’il s’investi réellement jusqu’à l’age de 18 ans lors de sa rencontre avec le Yoseikan Budo. Explication d’une détermination. Comment as- tu découvert le Yosekan Budo? Et qu’est-ce qui t’a plu dans cette discipline ? J‘ai découvert le YOSEIKAN BUDO grâce à un ami qui en faisait. Il en vantait les mérites et avait toujours des anecdotes palpitantes. Mais je m’y suis vraiment lancé après m’être fait tapé dessus par plusieurs mecs qui m’avaient volé mon scoot!!! Donc ça a d’abord été une motivation externe. Mais c’est très vite passé. Par la suite, ce qui m’a plu, c’est la recherche de techniques, l’utilisation de toutes les parties du corps, le dépassement de soi dans l’adversité directe avec l’opposant. Mais surtout l’aspect spirituel et philosophique des arts martiaux. Le respect de soi et d’autrui que les arts martiaux véhiculent. C’est une discipline qui m’a également énormément apporté pour mes

études, notamment la facilité d’apprendre plusieurs choses à la fois, de synthétiser et de trouver une base commune à toute chose. Tu as obtenu des titres (dont celui de champion d’Europe), mais tu as également su t’investir dans un cursus scolaire pour être aujourd’hui préparateur physique. D’une part, mes études et ma passion allaient de pair, L’une enrichissait l’autre et inversement. D’autre part, j’étais tellement passionné par le sport et les sciences que je ne voyais pas ce que je pouvais faire d’autre que des Etudes en STAPS (Sciences et techniques des Activités Physiques et Sportives). J’étais constamment à la recherche de performance mais je voulais savoir comment et pourquoi. Je voulais 39


a la loupe! entreprendre de grandes études et non m’insérer dans le monde du travail afin de pouvoir continuer à m’entrainer et à apprendre. Mais surtout je préparais mon avenir, je savais que ma carrière allait bien s’arrêter un jour, et venant d’une famille en difficulté, si je voulais pouvoir vivre ma passion il fallait bien que je devienne un professionnel du sport.

Nous les entraînons tous les jours sur les différents spots de Guadeloupe en alternant travail technique et travail physique adapté durant toute l’année. Durant l’été les jeunes partent en Europe participer à des compétitions internationales (Pro Junior, GromSearch, etc.) et nous les rejoignons lors des championnats de France de Surf à la Toussaint.

Tu es retourné aux championnats de France cette année. Comment est-ce que ça s’est passé ? Je me suis fais éclater !!! hahahhaa! Après 4 ans sans entraînement, on s’est tous remotivés ici avec les acteurs du Yoseikan Budo guadeloupéen, mais manque d’entraînement et de niaque, je suis tombé sur un dur qui savait que j’étais l’ancien champion de France et il m’a cassé la tête. Mais je ne suis pas rancunier, il me faut parfois des échecs pour mieux savourer mes victoires et me mettre des objectifs. Je compte y retourner l’an prochain avec une plus grosse équipe guadeloupéenne comme nous le faisions auparavant, mais cette fois-ci pour gagner. Je me laisse une année entière d’entraînement.

“Nous sommes dans une perpetuelle recherche d’harmonisation des facteurs de performances” Tu es préparateur physique, quelle place a la psychologie dans ton travail ? La psychologie a une part identique voire plus importante dans la préparation des jeunes. Nous sommes des éducateurs sportifs et notre métier porte bien son nom. Nous sommes dans une perpétuelle recherche d’harmonisation des facteurs de performances: la technique, le physique et le psychologique. Mon métier et mon expérience m’ont appris que la technique et le physique ne sont rien sans le mental. D’autant plus qu’ils sont jeunes, qu’ils subissent des pressions venant de toute part (parents, entraîneurs, athlètes, sponsors, médias etc).

Tu travailles notamment avec Léo-Paul Etienne (le champion du monde de surf cadet) et Kim Veteau (vice championne du monde de surf junior). En quoi estce que cela consiste? Tu les suis sur les compétitions? Oui je travaille avec Léo et Kim depuis 2 ans maintenant, j’ai repris la préparation physique du Pôle Espoir Guadeloupéen de Surf l’an dernier, ça se passe très bien. Nous les entraînons avec Fabien Sibille qui est l’entraîneur technique avec qui nous faisons une bonne équipe. Et les résultats parlent d’eux-mêmes.

Avec l’explosion des «workout» prendre soin de son corps dans la performance est devenu courant. Quels sont les atouts supplémentaires de tes compétences face à un tel phénomène ? Je pense que je suis un précurseur de ce genre de concept dans le sens où je n’ai jamais été attiré par le fitness et le sport que l’on peut généralement trouver en salle de sport «classique». j’ai toujours pratiqué le sport pour 40


SPORT la performance physique et mentale et non exclusivement pour le culte du corps. De plus passer des heures enfermé dans une salle ne fait pas partie de ma philosophie. J’ai la chance d’avoir touché à beaucoup de sport en compétition (arts martiaux, Surf, haltérophilie, marathon, VTT) et d’avoir une imagination débordante en matière d’exercices pour pouvoir utiliser différentes méthodes et de savoir les combiner pour en créer d’autres.

le MMA, ça incite les pratiquants à travailler toutes les facettes du combat et ça fait monter le niveau. Quels sont tes objectifs aujourd’hui ? Mon idéal serai de suivre des sportifs de haut niveau durant toute l’année autour du monde mais les sponsors ne le permettent plus aujourd’hui. Sinon je cherche toujours à me perfectionner dans mon métier, j’aime ce que je fais et je veux être le meilleur comme tout compétiteur qui se respecte. Je suis à la recherche d’une structure pour développer le sport autrement ici en Guadeloupe. Je souhaite vivre de mon métier et continuer à m’entrainer et faire de la compétition de temps en temps.

Quel regard portes-tu sur le M.M.A. ? J’aime ça! Forcément j’aime les sports extrêmes, j’aime les arts martiaux. J’admire les mecs qui s’affrontent, ils ont un mental hors du commun, ils doivent endurer des années d’entraînement intensif, ce sont les guerriers des temps modernes. Les gens sont souvent choqués par cette discipline mais tout simplement parce qu’ils n’y connaissent rien. Chacun son domaine ! Les gens seraient surpris des valeurs que ce sport peut apporter à notre société moderne. C’est ce qui a pu arriver de mieux pour le monde des arts martiaux, toutes les disciplines se tiraient la bourre pour savoir quelle était la meilleure, et le MMA a remis les pendules à l’heure et montre à tout le monde qu’une discipline n’est pas maître mais que c’est la façon dont on l’utilise qui compte. Maintenant beaucoup de disciplines martiales tendent vers

Excelinsport@live.fr Tel : 06.90.497.770 Fiche technique : 29 ans Coach sportif préparateur physique Ingénieur en entrainement sportif Diplôme universitaire de préparation physique Professeur d’Arts Martiaux diplômé d’Etat 2ème Dan de Yoseikan Budo Champion d’Europe de Yoseikan Budo 4è mondial en 2007

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A la loupe!


SOCIETE

TAÏNOS propos recueillis par David Dancre

Fidèle à ses principes depuis 20 ans, la marque a su prendre les devants sur la scène locale et contribuer à l’émancipation positive de la glisse avec messages et pédagogie. Nature & Société.

Comment vous est née l’idée de créer votre marque? C’est une idée qui date de mes années lycée quand je rêvais avec mes copains de la glisse, de toutes les marques créées par des surfeurs Hawaiiens ou Australiens qui vivaient comme nous à l’autre bout du monde les mêmes expériences aquatiques et qui créaient pour cela les outils et les fringues qui leur plaisaient. En Guadeloupe, au milieu des années 90, il n’y avait aucune marque locale qui puisse véhiculer nos messages et notre style de vie. Avec mes dessins sous le bras, je suis allé voir une entreprise de sérigraphie à Jarry, Ares, grâce à qui j’ai tout appris. Créations, conceptions, réalisations des prints, il ne me restait plus qu’à essayer de les vendre! J’ai tout fait seul de 1994 à 2002 jusqu’à l’arrivée de Gonzo qui a pris en main toute la partie commerciale pour mon plus grand soulagement…

Olivié, peux-tu nous faire un petit rappel de vos parcours respectifs avec Gonzo? J’ai eu un parcours scolaire normal en Guadeloupe jusqu’au Bac pour ensuite aller faire des études de sport et management en France tout en suivant le tour pro Français de Windsurf et travaillant comme journaliste pour un magazine de Planche à voile. J’ai pratiqué toute sorte de sports mais avec toujours une passion plus dévorante pour ceux de la glisse (wind, surf, skate, voile….) et ce depuis mon enfance. Gonzo a grandi en Côte d’ivoire avec le surf comme passion, puis, après de hautes études de commerce à Paris et un poste de directeur commercial d’une grosse entreprise en Afrique, il est revenu en Guadeloupe pour se rapprocher de sa famille, mais surtout pour s’associer avec moi et permettre à TAÏNOS de se développer tout en gardant son « esprit » et ses valeurs véhiculés depuis le début au travers ses slogans qui fondent notre style de vie à tous les deux ! 43


a la loupe! Pourquoi avoir choisit le nom Taïnos ? Les TAÏNOS sont la première vague d’Indiens qui sont remontés d’Amérique du sud aux Antilles en pirogue et ce jusqu’au Nord des Grandes Antilles. Pacifiques, vivant en accord et dans la nature, de fabuleux «navigateurs» à l’aise sur terre comme sur l’Océan. Ils représentent le peuple idyllique disparu mais dont les valeurs proches de la Nature résonnent encore pour nous plusieurs siècles après leur extinction.

Vous printez vos T-Shirts «à la main», mais qu’en est il de vos matières premières ? On ne travaille, au niveau des tee-shirts, qu’avec des entreprises françaises qui appliquent des normes ISO éthiquement responsables. Pour ce qui est des autres produits, on travaille avec une amie qui est installée à Bali et qui gère une petite structure familiale. On aimerait tout faire fabriquer sur place mais ce n’est malheureusement pas possible car il n’y a pas de filière textile ici. Mais on garde l’espoir qu’un jour on puisse au moins tout faire fabriquer dans la Caraïbe, ce serait le top !

Quelle est la philosophie de la marque ? Être un «îlot positif» au beau milieu d’un monde chaotique et violent avec des slogans à message depuis le début. «Taïnos, la marque qui protège la couche de joie», «Legalize Happiness», «Born in Zion», «Pacifik é non toxik», «Karibbean happy wear», «Love at the control», «Respect mother ocean» «Amour,vagues é sirotage»... Envoyer de l’amour à travers nos fringues sans pour autant être moralisateur et se prendre au sérieux !

Vous avez développé une marque, des compétitions, vous êtes proches des champions que vous sponsorisez. Qu’est ce qui vous différencie des autres grandes structures dans la démarche ? On est présent depuis le début dans le milieu de la glisse guadeloupéenne en organisant nos propres concepts de compétitions en windsurf et surf. C’est Gonzo avec toujours une idée d’avance qui s’en charge. On a même fait la première compétition de surf de l’histoire de la Dominique avec plus de 60 surfeurs Guadeloupéens et Martiniquais. Chaque année a lieu la TAÏNOS FREE POUPOUL en surf qui a déjà 8 ans et regroupe tous les gamins de Guadeloupe ainsi que les filles, en Windsurf la TAÏNOS FURY regroupait près de 70 riders sur un weekend au Phare de VieuxFort, sans compter la TAÏNOS SOUKOUSS’ qui se déroule à Trois-Rivières avec les meilleurs waveriders. Ajoutez à cela des exhibitions de street art lors des gros contests… Nos «compets» se veulent avant tout festives et bon enfant, pas seulement axées sur les résultats sportifs comme c’est le cas pour la majeure partie des compétitions.

“Nos “compets” se veulent avant tout festives et bon enfant, pas seulement axés sur les résultats sportifs...” Quels sont les types de difficultés auxquelles vous devez faire face ? Essayer de survivre dans un monde en crise économique et qui plus est dans une petite île n’est pas une mince affaire, mais on reste positif quoiqu’il en soit car on vit au paradis et on en est conscient, on reste petit et solide contre vents et marées sociales … 44


SOCIETE On sponsorise les meilleurs riders de l’île comme Camille Juban qui est Champion des Amériques de Wind, Antoine Martin multiple champion de GPE… Ils ont tous en commun un super état d’esprit sur l’eau comme sur terre. Ce n’est pas le résultat qui prime chez Taïnos c’est avant tout «l’attitude positive» qui se dégage de nos contests comme de notre team qui est importante à nos yeux, à des années lumières donc de la norme sociétale actuelle qui veut toujours plus de «résultats» au détriment de l’environnement. Seriez-vous prêt à vous développer dans d’autres sports que ceux de la glisse ? Les sports de glisse véhiculaient à la base un style de vie différent qui a forgé notre identité, on est tous les deux à fond dedans donc on reste dans la glisse, histoire d’être cohérent envers nous-mêmes, mais on aime aussi le Street Art ainsi que le trail en montagne qui sont des domaines que l’on aimerait aussi «explorer». Tout est malheureusement une question de moyens financiers et en tant que micro-structure on avance pas à pas, doucement mais sûrement en fonction de nos moyens! Quels sont les projets pour Taïnos? Continuer de balancer du Love à la planète grâce à nos fringues mais aussi à travers notre site web mis à jour quotidiennement, développer la vente en ligne sur celui-ci avec notre eshop qui permet une diffusion mondiale de nos produits, être présent sur les réseaux sociaux (4200 fans sur Facebook!) et continuer d’être de l’Happywear from Karibbean authentique et sincère. One Love, One Unity, One Loving Destiny! www.tainosgpe.com http://eshop.tainosgpe.com

LES COMPTOIRS DE SAINT-FRANCOIS OUVERT Du LUNDI AU SAMEDI DE 9H/12H30 - 15H/19H DIMANCHE 9H/12H

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cinema

SIN CITY 2: J’ai Tué pour elle Réalisateur : Frank Miller / Robert Rodriguez Avec : Josh Brolin, Jessica Alba, Eva Green, Jamie Chung, Bruce Willis Date de sortie : 17 Septembre 2014

L’association Frank Miller et Robert Rodriguez, qui a su marquer son style avec le premier volet de Sin City, se reforme pour un second volet avec un casting toujours aussi fourni et des nouveaux arrivants tel que Josh Brolin (Old Boy, Gangster Squad) ou Eva Green (300 : Naissance d’un Empire, Penny Dreadful). La justice est impuissante à Sin City, les plus délaissés réclament leur dû, et les milices traquent les criminels tous plus impitoyables les uns que les autres. Marv baigne toujours dans la violence extrême, Johnny, un jeune joueur, débarque en ville et se permet d’affronter le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord. Détruite par le suicide de John Hartigan qui essayait de la protéger, Nancy Callahan n’aspire plus qu’à assouvir sa soif de vengeance. Tous vont se retrouver au célèbre Kadie’s Club Pecos de Sin City. Note : •••••• 46


www.loupe-magazine.fr

GET ON UP Réalisateur : Tate Taylor Avec : Chadwick Boseman, Nelsan Ellis, Viola Davis Date de sortie : 24 Septembre 2014

Premier Biopic de «Monsieur dynamite», «Le parrain de la soul», «Le travailleur le plus acharné du show business» a.k.a James Brown. Né en Caroline du Sud au milieu de la grande dépression de 1933, il survit à une jeunesse marquée d’abandon, d’abus sexuel et de prison. Il a su matérialiser sa rage de vivre en un rythme qui le propulsa comme l’un des interprètes les plus influents de la scène soul ou funk, et continue d’inspirer la plupart des artistes reconnus aujourd’hui. Note : ••••••

THE EQUALIZER Réalisateur :Antoine Fuqua Avec : Denzel Washington, Chloé Grace Moretz Date de sortie : 1er Octobre 2014

Pour mémoire, la collaboration entre Antoine Fuqua et Denzel Washington a déjà contribué à nous fournir un classique avec Training Day. McCall (Denzel Washington) a totalement fait abstraction de son passé et vie tranquillement. jusqu’au jour ou il rencontre Teri (Chloé Grace Moretz) une jeune femme controlée par des gangsters russes. Il va s’impliquer et laisser ressurgir sa perception de la justice. Note : ••••••

NINJA TURTLES / LABYRINTHE / PARANORMAL ACTIVITY 5 / THE GIVER 47


Séries

THE STRAIN Crée par : Guillermo Del Toro & Chuck Hoga, (2014) Avec : Corey Stoll, David Bradley, Mia Maestro Genre : Drame / Fantastique

Réalisé par Guillermo Del Toro (Réalisateur du Labyrinthe de Pan, Pacific Rim), The Strain est l’adaptation de la trilogie qu’il a co-écrite avec Chuck Hogan (Auteur de Prince Of Thieves). La première saison est composé de treize épisodes. Un Boeing 777 en provenance de Berlin atterrit toutes lumières éteintes et portes scellées à l’aéroport new yorkais JFK. Aucun signe de vie ne s’en dégage. L’épidémiologiste Dr. Ephraim Goodweather (Corey Stoll : Push, Nombre 23) membre du CDC est envoyé à bord pour enquêter. Il découvre 206 corps probablement tués par un virus et seulement quatre survivants. Sous la pression médiatique, la quarantaine n’est pas imposée et la situation se dégrade lorsque les corps disparaissent de la morgue. Il fait alors équipe avec un prêteur sur gage, ancien professeur et survivant de l’holocauste, Abraham Setrakian (David Bradley: Harry Potter, Captain America : First Avenger) qui a déjà fait face à cette même menace des années auparavant. Ils représentent alors un des derniers espoirs pour la survie de la race humaine. Note : •••••• 48


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EXTANT Crée par : Mickey Ficher (2014) Avec : Halle Berry, Goran Visnjic, Pierce Gagnon Genre : Drame / Science-Fiction

Steven Spielberg renoue avec les trois passions qui le définissent le mieux, le Futur (Minority Report), les extra-terrestres (Rencontre du 3ème Type) et l’intelligence artificielle (A.I.) et les a réuni au sein de cette nouvelle série. Après 13 mois passés dans l’espace sur une station orbitale pour effectuer des recherches, Molly Woods (Halle Berry) retrouve son mari John, un scientifique et Ethan le premier prototype “Humanics”, un robot-humain qu’il a mis au point et qu’ils ont adopté lorsqu’ils ont appris que Molly était stérile. Mais elle n’est pas revenu seule. Note : ••••••

GANG RELATED

POWER

Crée par : Chris Morgan (2014) Avec : Ramo Rodriguez, Jay Hernandez, RZA, Cliff Curtis, Sung Kang Genre : Drame / Action

Crée par : Courtney Kemp Agboh (2014) Avec : Omari Hardwick, Lela Loren, Naturi Naughton Genre : Drame

Produit par 50 Cent, la première saison composée de 8 épisodes a déjà connu un franc succès Outre Atlantique et est reconduite pour une deuxième saison. James “Ghost” St. Patrick est propriétaire d’un nightclub new-yorkais très populaire, mais détient également un des réseaux de drogue les plus prolifiques. Sa volonté de se retirer de son coté criminel menacerait son mariage, sa famille et ses affaires. Note : ••••••

Une première saison de treize épisodes qui relatent l’histoire de Ryan Lopez (Ramon Rodriguez : Need For Speed, Battle Los Angeles) élevé et protégé par Javier Acosta (Cliff Curtis : Training Day, Colombiana) déjà père de deux fils et chef de Gang des Los Angelicos. Il infiltre la police de Los Angeles jusqu’à rejoindre les forces spéciales antigang. C’est alors qu’il est confronté à ses choix pour trouver sa place au sein de ses deux familles...Note : ••••••

TYRANT / THE LEFTOVERS / THE LOTTERY / INTRUDERS/ THE LAST SHIP 49


Jeux vidéos

FIFA 2015 Editeur : Electronics Arts Genre : Simulation Date de sortie : 28 septembre 2014

Si vous n’avez pas la PS4, la XBox One ou un PC, cette nouvelle édition ne vous concerne pas. Une grande partie des modifications effectuées demandent une capacité uniquement disponible sur ces consoles. L’ambiance des stades est plus chaleureuse, les expressions de visage plus abouties, les émotions des joueurs suivant le déroulement du match sont pris en compte et tout cela un mois avant son rival PES 2015. Note : ••••••

DISNEY INFINITY 2.0

CRIMES & PUNISHMENTS

Editeur: Disney Interactive Studio Genre : Action Date de sortie : 18 septembre 2014

Editeur: Focus Home Interactive Genre : Aventure / Reflexion Date de sortie : 30 septembre 2014

Depuis que Disney a acquis les droits Marvel, il les exploite sous toutes les coutures. Dans cette édition vous retrouverez l’équipe de The Avengers, et même Racket Racoon ou Groot tout deux issus des Gardiens de la Galaxie. Le mode Toybox (qui vous permet de recréer un univers avec les objets trouvés dans le jeu) et trois nouvelles aventures avec dans le mode du même nom la possibilité de jouer avec un personnage dans un monde ouvert. Note : ••••••

Une license discrète mais très efficace où le personnage créé par Arthur Conan Doyle est une nouvelle fois revisité. Il y parait plus moderne à l’image de ce volet qui se détache des quelques épisodes précédents pas toujours au point. La particularité du jeu est la possibilité de prendre part à 6 enquêtes différentes et n’ayant aucun lien. Selon le concepteur chacune demanderait un minimum de 4h de jeu pour les résoudre. Note : ••••••

SHERLOCK HOLMES

DISPONIBLE : PES 2015 / NBA LIVE 15 / NBA2K15 / F1 2014 50


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