LOUPE - ART COLLECTOR #1

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2018/2019

#U.K.A.

TOR C E L L O C ART


Always New Always Ipanema AVEC LES GALERIES LAFAYETTE


DIRECTeUR DE PUBLICATION David Dancre david.dancre@loupe-magazine.fr ReDACTEUR EN CHEF David Dancre - Gonzo JOURNALISTES David Dancre, Ceebee, Gonzo SECRETAIRE DE ReDACTION Cécile Borghino cecile.borghino@loupe-magazine.fr

SURF SHOP SAINT-FRANÇOIS

LLE NOUEVCETION COLL

PHOTOGRAPHIES David Dancre, Gonzo, Matt Paoa Kila (Stan) MAQUETTISTES David Dancre WEBMASTER Juba Lamari SITE INTERNET www.loupe-magazine.fr www.ukawear.fr IMPRIMERIE Dupli Couleurs REGIE PUBLICITAIRE LOUPE REGIE 05.90.555.415 ART COLLECTOR #1 2018 / 2019 ©LOUPE est édité par David Dancre 97 118 Saint-François N° SIREN : 805 060 878 Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

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LES COMPTOIRS DE SAINT-FRANÇOIS En face de la gare maritime

97 118 SAINT-FRANçOIS


MEMORIAL ActE

Centre d’expression et de mémoire de la traite et de l’esclavage, le MACTe est un lieu unique dans la Caraïbe et dans le monde.

Exposition permanente Cet édifice symboliquement bâti sur le site de l’ancienne sucrerie Darboussier est occupé en grande partie par une exposition qui retrace l’histoire des traites et de l’esclavage depuis l’Antiquité. La traite atlantique est particulièrement bien expliquée, de même que le sort de plus de 12 millions d’humains qui furent déportés aux Amériques durant les trois siècles qui suivirent les Grandes Découvertes européennes. On découvre ainsi la vie des esclaves sur les habitations, leurs combats pour la liberté, leurs difficultés à accéder au statut de citoyen malgré les abolitions. Des œuvres contemporaines viennent se mêler aux documents d’archives et apportent une résonnance aux sources historiques. Au-delà d’un simple musée dédié à l’esclavage, le MACTe 4


PANORAMIQUE

Facebook : Mémorial ACTe

ART COLLECTOR

est une passerelle vers la Caraïbe et l’Amérique, ouvrant la réflexion sur l’identité des peuples afro-américains, les cultures et les synchrétismes nés de cette tragique histoire. S’adressant au grand public, l’exposition propose une démarche pédagogique en jouant sur le son, la lumière et l’image. Le parcours que nous suivons, de premier abord sombre et froid, devient rapidement l’univers coloré et chaleureux que nous connaissons aux Antilles: chants, fêtes, rythmes des tambours nous rappellent que la société née de l’esclavage est une société résiliente. En dehors de l’exposition permanente, le MACTe propose aussi un espace dédié à la généalogie, une salle d’exposition temporaire et une salle de projection où ont lieu des conférences, des débats sur des sujets intéressant l’histoire et la culture locales. Jesse Jackson, l’un de ses premiers visteurs, en a dit: “C’est le musée le plus phénoménal de ce type dans le monde entier... C’est le signal que nous avons besoin de plus de musées pour raconter notre histoire”.


PANORAMIQUE

KREOL WEST INDIES Vincent Nicaudie a fait du K.W.I. un point d’intérêt culturel sur la route de la Pointe des Châteaux, à Saint-François.

GALERIE BOUTIQUE

ART COLLECTOR

Le K.W.I. (prononcez coui, récipient formé par une demi-calebasse, d’origine amérindienne) a ouvert son deuxième espace en 2015, après le succès de celui de GrandBourg à Marie-Galante. Son propriétaire est un passionné d’archéologie et un grand amateur d’art qui a regroupé dans cette galerie une collection singulière d’objets de différentes époques. Il a surtout conçu ce lieu pour promouvoir les artistes locaux dont il propose des oeuvres uniques à la vente. Un espace boutique permet de participer au commerce équitable avec des produits de haut de gamme issus de l’artisanat togolais. On y trouve aussi des produits fabriqués en matériaux recyclés et vendus au bénéfice de différentes associations humanitaires. Facebook: Kreol West Indies


KOLLECTION 19

NIGHT IN THE MUSEUM Pour faire vivre la culture et l’art, le K.W.I. propose plusieurs fois par an des soirées au cours desquelles les artistes se livrent à des performances. Ces évenements “live” permettent aussi des rencontres artistiques et mettent en avant la littérature, les arts plastiques ou visuels, la musique jazz ou caribéenne...


PANORAMIQUE

MUSÉE DES BEAUX ARTS Jérôme et Catherine Filleau ont créé ce musée sur la Marina de SaintFrançois, à deux pas de la Galerie d’art qu’ils tiennent depuis dix ans. Un espace pour découvrir le patrimoine artistique du XVI° siècle à nos jours.

Exposition permanente

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Ouvert en 2017, le Musée des Beaux-Arts de Saint-François est le premier du genre dans les Antilles Françaises. Conçu sur le modèle des musées créés à partir de la Révolution dans les grandes villes de France, géré par une association, il présente au public un panorama de la peinture du XVIème siècle à nos jours en privilégiant les artistes guadeloupéens du passé et du présent. A travers 140 œuvres et un parcours chronologique commençant à la Renaissance, le MBA vous propose une initiation à l’histoire de l’art et la découverte des grands peintres guadeloupéens des siècles passés: Lethière, Gibert, Lordon, Berard, Budan, ainsi que des artistes contemporains de Guadeloupe. @mba971


MUSÉE DES BEAUX ARTS DE SAINT-FRANÇOIS Quai Sud de la Marina de Saint-François Ouvert de 11h. à 19h. du mercredi au dimanche Adultes: 5€ / Enfants: 3€ Tel: 05.90.28.43.18 www.mbasf.fr


desir cannibale Texte de David Dancre

“C’est un ensemble à la fois historique et contemporain qui, d’une certaine façon, se présente au monde dans un dialogue de prédateurs”. C’est ainsi que Jean-Marc Hunt présentait l’exposition Désir Cannibale organisée à la Fondation Clément en Martinique, du 27 juillet au 19 septembre. En tant que commisssaire, il a sélectionné neuf artistes guadeloupéens (Ronald Cyrille aka B.Bird, Samuel Gelas, Atadja Lewa, Minia Biabianny, Kelly Sinnapah, Jeremy Paul, Tim Frager, Cedrick Isham, Steek) qui oeuvrent sur la scène internationale, avec un regard où le local jouxte le global. 10


EXPOSITION ART COLLECTOR

DÉSIR CANNIBALE www.fondation-clément.fr 11


EXPOSITION

PROJET [57] Texte de Ceebee

57 personnes sont mortes en 2016 sur les routes de Guadeloupe. C’est pour que ce chiffre résonne comme une alarme que le Projet 57 a vu le jour. Initié par Charles-Henri Coppet, avocat spécialiste en Droit du dommage corporel, et l’association Waren Errin, ce projet est porté par un très bel ouvrage qui associe des témoignages et des oeuvres d’art, dans lesquels douleur et douceur se croisent. Les bénéfices des ventes seront utilisés pour faire avancer la prévention routière.

ART COLLECTOR

PROJET 57 www.coppet-avocats.fr / 0800.842.846 12


JARRY: 05.90.25.07.53 POINTE-À-PITRE: 05.90.90.94.83 PETIT-BOURG: 05.90.25.00.70 BYRON BURGER BAR JARRY

PROCHAINEMENT À SAINT-FRANÇOIS 06.90.75.30.80 BYRON BURGER BAR


U.K.A. SHOOTING par Rackam Le Rouge

KOLLECTION 19 Lieu: Kreol West Indies Modèles: Anaïs, Muna, Alyssa, Lou. Oeuvres exterieures: François Piquet, Yeswoo.

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ZOOM ART COLLECTOR

@united_karibean_artists


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ZOOM

STEEK

BODYPAINTING par Ceebee

Le 15 juillet 2018, Benoit Bottala alias Steek remportait pour la deuxième fois le titre mondial lors du World Bodypainting Festival, en Autriche, avec ses deux créations sur les thèmes imposés: “Glamour of the Past” et “I have a dream and in this dream...”

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XÄNISTEEK JUMELLES par David Dancre

Samedi 17 novembre, la Guadeloupe et la Martinique étaient réunies par la présence de Steek et Xän pour une prestation Graff exceptionnelle au coeur du village de la Route du Rhum 2018. Organisée par U.K.A. et Maison 60J avec l’appui d’Ipanema et de la marque de bombe Kobra, la performance artistique s’est déroulée pendant plus de cinq heures, entrecoupées de concerts improvisés et d’une incroyable danse aérienne offerte par Itziar de la compagnie Lasaye. ART COLLECTOR

@steekoner

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@xan


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ZOOM

4KG

Graffiti - Sculptures en bombes recyclées Les célèbres graffeurs basse-terriens (Smeza, Miky) ont inauguré de main de maître le projet Vil’Awt sur la plage de Simaho à VieuxHabitants. @smezanyone

@pssit

ART COLLECTOR

PERFORMANCE


ZOOM

THE GREEN GIRL Texte de Gonzo

ART COLLECTOR

Ce portrait est une oeuvre singulière réalisée par le célèbre graffeur martiniquais Nuxuno Xän et l’artiste environnemental Mister Ride, à l’occasion de la soirée Corpus Christi lors de la Pool Art Fair 2018. Tout s’est décidé en moins d’une semaine et l’idée d’une performance Land Art s’est imposée à ces deux “green” artistes lorsqu’ils ont confronté leur travaux respectifs. Après un premier essai le matin qui verra la naissance de The Green Girl, nos streets artistes commencent leur prestation à 20h. Xän ouvre le bal et esquisse un portrait de jeune fille à la bombe en moins d’une heure. Mister Ride le rejoint ensuite pour la chevelure en mousse végétale. Peinture, lychen, mousse et feuille s’entremêlent pour créer une oeuvre chargée d’émotion et de vie. @xanoy

@misterride


EDITION NUMÉRIQUE

Interviews complètes de MARKO 93 - TOM KAN Vivien lavau - Koria + BONUS: XAVIER DOLLIN

+24 Pages

MISTER RIDE: Nous nous sommes rencontrés la veille Xan et moi, le courant est passé tout de suite, une même énergie, une conceptualisation similaire. En quelques mots les bases de la collaboration étaient établies pour une complicité sur toile. C’est une belle rencontre humaine et artistique. XÄN: Souvent lorsque je peins en “jouant” avec la nature, je suis obligé de m’adapter aux plantes, feuilles ou racines déjà existantes. Dans notre collaboration, j’ai pu expérimenter le processus inverse, le végétal est venu “s’adapter” à ma peinture grâce au travail de Mister Ride.

ACCESSIBLE SUR www.loupe-magazine.fr

LOUPE LOUPE LOUPE MAGAZINE


JEAN-MARC HUNT propos recueillis par Ceebee

Intégrité et engagement jalonnent le parcours de cet artiste plasticien. Dans son atelier de Baie-Mahault, il met en images un récit sarcastique de l’histoire et du monde. Tu travailles beaucoup de matières, quel est ton support privilégié? J’aime me définir comme un peintre plasticien. Il y a une dimension historique et noble avec la peinture, mais plasticien, c’est la rencontre entre le design, la peinture, la sculpture et la performance. Le rôle du plasticien est un peu comme celui d’un chercheur scientifique, il va chercher de nouveaux supports, de nouvelles matières... L’art contemporain aujourd’hui n’a plus le même sens, c’est un

moyen de spéculer. Il finance des guerres, des massacres, des dictatures. Il est passé audessus de la crise et cela a une connotation malsaine. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de fulgurance, on prend un artiste, on le fait grimper, on fait de l’argent sur lui et puis il y a tout de suite quelqu’un d’autre derrière. Avec la mondialisation le marché s’est ouvert, les collectionneurs, les foires, les galeries germent de partout. Cela a une incidence dans la production artistique elle-même. On 24


l’ouverture. L’événement intervient au même moment que la FIAC qui est le plus grand rassemblement d’art contemporain à Paris. Nous attendons encore beaucoup de visiteurs.

Si tu devais associer ta peinture à une musique, ce serait laquelle? Je travaille uniquement avec la musique. Je peins sur du Booba. C’est quelqu’un qui vit dans le futur.

Ta prochaine exposition aura lieu à New York? Effectivement, je participerai à un “group show” dédié à la sculpture contemporaine à la Hunter East Harlem Gallery début novembre.

GRAND ANGLE

demande à l’artiste quelque chose de précis et de faire toujours la même chose. C’est cela que j’appelle l’art contemporain.

“Le rôle d’un plasticien est un peu comme celui d’un chercheur scientifique...” Tu as récemment été commissaire de l’exposition Désir Cannibale à la Fondation Clément, qui présentait les oeuvres de neuf artistes guadeloupéens. Projettes-tu de l’amener en Guadeloupe (ou ailleurs)? Oui bien sûr, j’aimerais la présenter au Mémorial ACTe. Plusieurs institutions d’art, comme le musée Wilfredo Lam à Cuba nous ont contacté pour une réédition de Désir Cannibale en 2020. Tu es actuellement à Paris pour l’exposition Eclats d’îles à Beaubourg, parrainée par Maryse Condé à qui l’on vient de décerner le prix Nobel alternatif de la littérature. Comment est-elle accueillie par le public parisien? L’exposition rencontre un très grand succès. Plusieurs oeuvres ont été vendues dès

JEAN-MARC HUNT www.jeanmarchunt.fr 25

ART COLLECTOR

CANDY Acrylique sur papier marouflé sur toile 200 x 148 cm, 2017. Candy est une peinture qui renvoie à ce dessin-animé des années 1980. Un paysage édulcoré, saupoudré de couleurs vives, entoure une jeune fille aux grands yeux noirs à la bouche béante. Elle se tient debout aux côtés d’un boeuf couché dans une prairie. C’est une oeuvre qui interroge l’exotisme dans la gravité du chaos.


KONGO propos recueillis par Gonzo

Contraint de quitter le Viêtnam à l’âge de six ans pour la banlieue parisienne puis le Congo (d’où lui vient son surnom), Kongo est aussi attaché à la Caraïbe et à la Guadeloupe d’où est originaire la mère de ses sept enfants. Il est aujourd’hui un artiste international qui explore l’univers du luxe et entre dans le milieu restreint des grands collectionneurs. Tu dis ne pas être “le peintre d’une seule surface”. C’est une façon de définir ton parcours très atypique? Je n’ai jamais voulu restreindre mon art au mur ni même à la toile et c’est d’abord la Maison Hermès qui m’a offert l’’opportunité d’élargir mon univers. Apres plus de 20 ans sur la scène graffiti parisienne et mondiale, j’ai rencontré en 2008 le directeur d’Hermès en Asie qui m’a proposé de faire leur vitrine à Hong-Kong puis l’opportunité

de réaliser un Carré pour la marque en 2011. Le Carré Graff est devenu un carré mythique de la maison de luxe. La même année, j’ai fait ma première exposition solo à Paris, à la galerie Wallworks. Après l’univers de la soie j’ai visité l’univers de l’horlogerie avec Richard Mille pour lequel j’ai créé trente montres dans leur usine suisse, passant pour l’occasion de l’art monumental au minimalisme. C’est la première fois dans l’histoire de l’horlogerie qu’un artiste 26


même approche des métiers du feu, j’ai revisité six pianos de cuisine en collaboration avec La Cornue, référence mondiale des pianos de cuisine, et j’ai été récompensé au mois d’octobre par le prix Archdigest Great design Award. J’ai aussi présenté avenue des Champs Elysées au salon 8ème avenue, un hommage à l’aéronautique avec un avion de 1935 revisité par mon univers graphique. Au mois de décembre, je présenterai mon projet de cigares, en hommage à la Caraïbe. J’ai peint cinquante humidors “El Kongo” de cent Cigares. Chaque oeuvre est consommable et à mon goût!

GRAND ANGLE

peint un mouvement de cette sorte. Cette année, la montre est passée du monde des horlogers au monde des arts et a été présentée au Art Frieze Masters à Londres (cette montre s’est vendue 845.000 euros en 2016, NDLR). Je suis ensuite passé aux métiers de l’art du feu en prenant comme référence les peintures rupestres des grottes de Lascaux. C’est l’origine du graffiti, ce moment où l’Homo Sapiens maîtrise le feu. J’ai pu à cette occasion et grâce à la maison Daum, la référence du cristal de couleur, sublimer mon outil de prédilection, la bombe de peinture. Dans cette

ART COLLECTOR

KONGO @kongo_art 27


RONALD CYRILLE propos recueillis par David Dancre

Lauréat du prix Start en 2012, Ronald Cyrille a enrichi le patrimoine culturel local avec des oeuvres engagées et symboliques. Une dynamique qu’il entretient aussi bien dans la rue qu’en atelier. Tu peins sur toile mais aussi des fresques murales. Le Street Art influence-t-il ton travail en général? Oui, le Street Art a été très formateur. Aborder l’art de la rue ne fut pas une mince affaire car l’intention soulevait de nombreuses questions: que faire? Comment le faire? Où le faire? Devrais-je rester anonyme ou pas? Comment me démarquer en mettant en avant ma singularité? Comment interpeller? Comment m’approprier les codes du Street Art? Comment les détourner

pour les mettre au service de ma création? Devrais-je prendre le risque de me faire arrêter par les autorités? Qu’est ce que j’avais à y gagner, sachant que je n’allais en aucun cas être rémunéré alors qu’il me fallait investir en matériel? Ce sont souvent des moments de rencontres et de partage avec un public qui ne se déplace pas forcément pour aller voir des expos, mais qui est loin d’être indifférent. Pour moi, ce sont de vraies performances, je me dépasse en peignant plusieurs dizaines de mètres carrés 28


EQUAL Acrylique sur toile - 150 x 104,5 cm - 2018. C’est une œuvre qui prône l’égalité des sexes. Je suis issu d’une famille monoparentale et j’ai souvent été encadré par des femmes dans ma vie (ma grand-mère, ma mère, mes sœurs, ma fille). C’est un sujet qui me tient à cœur bien qu’il soit d’actualité, l’émancipation, le respect de la femme et sa place dans notre société contemporaine qui la considère souvent comme le second de l’homme. Cependant, dans bien des sociétés, j’ai pu constater que c’est la femme qui non seulement éduque les enfants mais aussi travaille très durement audelà des clichés. Elle est donc selon mon point de vue celle qui apporte l’équilibre dans le foyer.

face à face composent la paire afin de de palier à l’équilibre précaire. On retrouve entre les deux des inscriptions qui questionnent le rapport entre l’homme et la femme (female-male-love-rupture) mais aussi le couple au-delà de la sexualité. En regardant on peut annoter que chacun porte un collier qui se complète en formant le ying et le yang. Bien que la femme semble moins robuste et plus fragile, je fais le choix de lui rehausser son support pour qu’elle soit à la hauteur de l’homme, son equal ! La prise est là pour symboliser le fait que nous vivons dans un monde branché, mais déconnecté de nous-mêmes et de la réalité.

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Tu viens de présenter ta nouvelle exposition, ADN, en Martinique. En effet je présente en ce moment mon exposition solo ADN à la galerie René Arsenec à l’Atrium. C’est un lieu que j’affectionne particulièrement car j’y ai visité beaucoup d’expositions quand j’étais étudiant au Campus Caribéen. J’ai eu l’occasion de participer à de nombreuses expositions collectives dans cette galerie, mais y revenir avec un projet solo m’animait depuis quelques temps. C’est lors de l’expo 30 ans,30 artistes organisée en 2014 par l’école d’Arts ouverte par Aimé Césaire que j’ai été invité par l’Atrium pour ce projet. Mais sollicité par la Fondation Clément et d’autres projets, j’avais préféré mettre en sourdine ADN. En 2017, j’ai eu l’honneur d’avoir cette nouvelle invitation qui allait finalement être la bonne. Je suis très heureux des retombées et de l’intérêt porté à ce projet. Le public est attentif et les retours très positifs. L’exposition rassemble plus d’une quarantaine de mes récentes œuvres et elles ne laissent pas indifférent.

Equal nous présente deux corps se faisant face. Les couleurs sont vives et appliquées de manière générale en aplat. Je fais le choix de l’épuration et de ce fait de l’abstraction d’une partie du corps que je déstructure à ma manière. Je ne garde que les pieds qui établissent le contact avec la terre et les mains qui tendent vers la partie céleste. On pourrait penser à des prothèses. Les deux corps

GRAND ANGLE

dans l’urgence et l’adrénaline. Ce sont des moments d’improvisation et de spontanéité.

RONALD CYRILLE @B.Bird 29


FRANÇOIS PIQUET propos recueillis par Gonzo

De Grande-Terre à Saint-Martin en passant par la Martinique, les œuvres de Francois Piquet ne laissent personne indifférent. Personnages fantomatiques sur de vieilles cases créoles ou sculptures monumentales, ces silhouettes aux formes spectrales sont le fruit de son travail sur l’identité et la réparation et en font l’un des artistes les plus singuliers de notre archipel. Présentation. Je suis François Piquet, je vis en Guadeloupe depuis 17 ans et ma pratique artistique a commencé ici en 2007, c’est ma dixième année en tant que plasticien.

Quelles sont tes techniques de travail ? Je travaille sur differents médias, je fais beaucoup de sculpture mais j’ai aussi des interventions en Street Art, en vidéo, j’ai aussi fait des catalogues. J’adapte le média au


“...ce que je produis est viscéralement guadeloupéen ou caribéen.”

travaille généralement pas sur du bois aussi faible, cela m’intéressait de savoir ce que je pouvais en tirer, quitte à travailler pour rien. J’ai donc fouillé le tronc à la main, ce qui lui a donné cette forme très particulière. J’ai ensuite essayé de réparer la dynamique de ce tronc, son élan vital, en y adjoignant des lames de fer de Darboussier qui ont induit un déséquilibre, que j’ai ensuite essayé de réparer une deuxième fois avec du corail. C’est une métaphore de notre monde, un déséquilibre créé par l’industrie puis une réparation plus naturelle, plus sage...

GRAND ANGLE

projet, à ce que j’ai à raconter et au public que je veux toucher. Je me sers de mes différentes expériences professionnelles puisque j’ai travaillé dans de nombreux secteurs et j’ai donc des savoirs-faire différents.

Tes sources d’inspiration? La Guadeloupe, car ma pratique est née ici grâce à ma rencontre avec cette île. J’ai été très bousculé dans mes habitudes, mes points de vue, ma vision du monde en arrivant. J’ai réagi à mon environnement, commencé à créer des sculptures puis j’ai poursuivi en essayant, en tant qu’autodidacte, de faire des expériences, de toujours être en recherche de nouvelles créations. Qu’est ce qu’être un artiste caribéen aujourd’hui? C’est produire sur la Caraïbe ou autour de la Caraïbe, être en recherche sur l’identité. Mes filles sont Guadeloupéenne, elles sont nées et ont grandi ici et malgré leur couleur (elles sont blanches), elles sont viscéralement Guadeloupéennes. De la même façon, ce que je produis est viscéralement guadeloupéen ou caribéen. Etre un artiste caribéen ou produire de l‘art caribéen sont deux choses différentes et dissociables.

FRANÇOIS PIQUET www.francoispiquet.fr

ART COLLECTOR

Commente-nous l’œuvre choisie pour illustrer cet article. L’oeuvre s’appelle Ce qui peut être sauvé. J’ai récupéré un morceau de tronc de “pied cythère” chez un voisin. Ce morceau de bois était très abimé et malgré le fait que l’on ne



À LA LOUPE!

STEEK propos recueillis par CeeBee

Steek s’exprime aussi bien sur les murs, que sur la toile ou les corps. Un talent qui l’a conduit à remporter deux titres mondiaux en bodypainting, tout en continuant à peindre sur l’île de nombreuses oeuvres visuelles. cours “institutionnels”, j’ai appris dans la rue grâce à tout ce beau monde mais aussi de mes erreurs. Donc oui, je me définis comme un artiste autodidacte. RAUDHA Graff sur mur - 3 x 4,5 m Je suis parti d’une photo très connue d’un mannequin disparu prématurement après avoir fait polémique dans son pays, le Bangladesh. Elle représente pour moi le métissage et le combat des femmes contre l’obscurantisme. Son portrait, ses yeux et son destin tragique m’ont touché et j’ai souhaité lui rendre hommage par ma peinture.

33 @steekoner

ART COLLECTOR

Tu te définis comme un autodidacte, c’est en regardant les murs et les graffeurs en action que tu as appris toi-même? La rue est la plus belle et grande galerie au monde, c’est effectivement en voyant les graffitis sur les murs que j’ai eu envie d’essayer. Puis, le temps faisant bien les choses j’ai appris des graffeurs “old school” guadeloupéens (Warner, Dougy, Basik, Clek, D-Tone, Xela, Locks, Tek…) et internationaux (Noé Two, Mist, Done, Ceet, Keag, Marko 93, Pest) avec lesquels j’ai eu la chance de peindre mais aussi et surtout, des membres de mon crew qui m’ont transmis les codes et la technique. Je n’ai pas pris de


À LA LOUPE!

MARK BROWN propos recueillis par Gonzo

De passage à Antigua, j’étais très enthousiaste à l’idée de rencontrer cet artiste dont la série sur l’esclavage a été exposée dans toute l’Afrique de l’Ouest l’an dernier. Inspirées de sa propre vie, les peintures de Mark Brown lèvent le voile sur ce que nous sommes réellement.

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MASCULINITY Huile sur toile - 215 x 110 cm Ma peinture parle toujours d’identité. Le voile sur le visage de l’homme représente le masque derrière lequel nous nous cachons. On présente une image mais on garde nos secrets derrière le voile, celui que l’on projette dans la société n’est pas celui que l’on est. Cela parle de ma propre vie, de ne pas être seulement un homme, mais aussi un homme caribéen, un homme noir caribéen… Dans un monde qui ne m’accueille pas toujours en regard à ma couleur de peau, à ma sexualité, autant de choses que certaines personnes ne comprennent pas. À un certain moment, il

faut enlever le voile et assumer qui l’on est! Je suis inspiré par la vie, par mon destin, celui des autres. Je suis facilement affecté par la vie des autres et mon travail est très influencé par ceux qui m’entoure. Je récupère les émotions, la tristesse surtout, et les retranscris dans ma vie personnelle puis dans mon art. Je veux surtout parler des choses dont on a du mal à parler. Ce qui ne se dit pas à un diner entre amis. Qui veut parler de ce qui dérange? L’idée, c’est d’interpeller grâce à l’image. Qu’est ce que tu ressens par rapport à ce tableau? Je veux essayer de trouver une façon de rendre la vie meilleure, de trouver un chemin dans ce que nous appelons la vie.

@artistmarkbrown


À LA LOUPE!

CELINE CHAT propos recueillis par Gonzo

Céline Chat, guadeloupéenne de cœur et d’adoption, est surtout une artiste voyageuse et l’une des plus illustres de la mouvance Surf Art. Son style joyeux, ludique et coloré illumine depuis vingt ans les différents lieux où s’est posée cette aventurière. Volkswagen, la planche de surf, le skate, le collier de fleur hawaïen etc. Du Street Art, j’ai pris les codes techniques et les outils: la bombe de peinture, des marqueurs Posca, du crayon, des collages pour certaines peintures et du graffiti. Ces peintures à fort pouvoir esthétique et décoratif sont autant d’histoires que je raconte, qui se racontent et dans lesquelles chacun peut se retrouver. C’est une proposition, l’instantané d’une génération, qui comme celles qui l’ont précédée, est en cours de mutation. Elle remet en cause mais profite aussi de la vie avec un sentiment d’urgence, dans l’incertitude de ce qui va arriver après... Avec décalage et autodérision, je tente d’apporter mon regard, où s’invite en douceur et toujours avec humour, un engagement humaniste et environnemental.

@celinechat

ART COLLECTOR

POP KAWAII Bombes de peinture, peinture acrylique & marqueur posca sur papier - 65 x 50 cm Cette série met en parallèle la “beach culture”, à travers ses symboles et les messages qu’elle véhicule- la liberté, la joie, l’amusement, la fraicheur et l’éternelle jeunesse- `qui sont d’ailleurs clairement utilisés dans les publicités, et le Street art, dont l’univers n’est pas si lointain, et qui connait actuellement un essor et une reconnaissance dans le monde de l’art. Lui aussi est repris par les publicitaires et, comme la “beach culture”, incarne une image rebelle et un esprit contestataire dans notre société moderne. De la “beach culture”, j’ai repris les thèmes, les icônes, les messages et les symboles comme la paire de tongs, le combi


À LA LOUPE!

ANN MARIE propos recueillis par Gonzo

Le charmant petit village de Batsheeba à la Barbade est plus connu pour la qualité de ses vagues que pour les qualités artistiques de ses habitants. C’est pourtant face au spot de “Soup Bowl” que vit et peint la talentueuse Ann Marie. ART COLLECTOR

TRADITION Huile sur toile - 140 x 100 cm C’est un travail sur la tradition. Le crochet ou la broderie tendent à disparaitre et cela m’attriste. La nouvelle génération passe beaucoup de temps sur les nouvelles technologies et perd la valeur de l’effort, du travail bien fait. La valeur de ces connaissances transmises de femme à

femme est inestimable et c’est ce partage de la connaissance que j’ai voulu transmettre à travers ce portrait de ma mère et de ma nièce. Originaire de la commune de Saint-Joseph à Batsheeba (la Barbade), je suis aussi très influencée par la nature. Elle est mon maitre. J’utilise la peinture à huile, c’est mon moyen d’expression favori.


À LA LOUPE!

BRUNO COIFFARD propos recueillis par Gonzo

EMBROUILLE À PILOPLAND Impression Fine Art - 120 x 70 cm C’est un mix de plusieurs réalisations, cela fait longtemps que ça me trottait dans la tête. J’ai fait trois tableaux avec ce même procédé, difficile à réaliser mais que j’adore. Embrouille à Pipoland a

pour sujet les travers peu avouables des humains, l’addiction, la guerre, la violence conjugale, mais aussi la tendresse et l’amour entre la Belle et la Bête. Le diable est personnalisé par Pôle Emploi, car nous nous débrouillons très bien sans lui… C’est une petite pointe de cynisme.

Facebook: ArtDeBrunoCoiffard

ART COLLECTOR

Artiste iconoclaste, Bruno mêle habilement le dessin, l’infographie et plus précisément la courbe de bézier pour proposer des tableaux qui foisonnent de couleurs et de détails, dans lesquels le spectateur chemine et se perd. Il est actuellement installé aux Saintes, les pieds dans l’eau et la main tantôt sur sa feuille de dessin, tantôt sur son ordinateur.


ART COLLECTOR

“Je me sens regardé, et non pas uniquement à cause de mon appareil qui ne me quitte pas, mais les gens sentent que je ne suis pas du coin. Mon style vestimentaire doit jouer, ma façon de me tenir aussi. Que je le veuille ou non je porte en moi les traces de l’occidentalisation. Mon corps ne peut mentir à ce territoire et ce territoire marque, démarque, fait le tri entre l’ici et l’ailleurs. Mais dans l’ensemble et de façon systématique, le fait d’avoir l’appareil en main me place rapidement dans le champ de vision des gens, même quand j’essaye d’être discret. Certains regards sont assez hostiles, d’autres plus accueillants et je m’adapte en fonction. A deux reprises, alors que nous sommes à l’arrêt, je m’approche d’un groupe d’enfants qui naturellement me demandent de les prendre en photo. Enfin, ils ne le disent pas comme ça, ils disent plutôt “filme moi!”.

C’est tellement agréable quand ça se passe comme ça.A un autre moment, on entre dans une sorte de grande impasse où s’amassent des couturiers en tout genre, il y a des gens dans des sortes de stands de tous les côtés. C’est rempli de vêtements et de machines à coudre, il y a du bruit et des odeurs bien typiques que je n’ai jamais senti ailleurs. Une dame m’interpelle et me dit qu’elle peut “rattraper mes vêtements”. J’entends aussi de drôles de sifflements comme si on appelait un chien et je comprends que c’est ainsi qu’on interpelle les clients dans les rues. J’ai les doigts qui me démangent mais je me sens surveillé. Dans cet espace confiné, je me dis que je dois faire attention à ce que je fais alors je mitraille sans en donner l’air. Certains diront que ce n’est pas bien, mais à l’heure actuelle ça fait partie de ma façon de travailler. Je ne peux me renier.”

@alemsayart

Extrait de “Cameroon, I come around” (Carnet de voyage rédigé en août 2018, suite à ma résidence à Bandjoun Station)

À LA LOUPE!

CÉDRICK-ISHAM


À LA LOUPE!

JEROME JEAN CHARLES propos recueillis par Gonzo

L’Art est depuis longtemps un moyen d’éveiller, voire de réveiller les consciences. C’est dans cette lignée d’artistes engagés que s’inscrit le street artiste Jérôme Jean Charles, avec des oeuvres dénonçant la société de consommation comme ses vaches poussant des caddies ou ses bonbonnes d’eau vides aux abords de Capesterre-Belle-Eau. créations que nous pouvons croiser sur nos routes. La rue est un médium de grande portée. C’est pour cela que j’ai aussi aussi réalisé des installations sur le thème de l’eau. Karukéra, “l’île aux belles eaux” et pourtant qui n’y a pas expérimenté un réveil matinal sans eau au robinet? De simples coupures à des plannings de tours d’eau récurrents, ce problème d’accès à l’eau m’a particulièrement interpellé. L’artiviste que je suis ne pouvais rester sans s’exprimer. Que chacun agisse selon ses capacités!

Facebook: j-ch artist

ART COLELCTOR

NI PUTE? NI SOUMISE? Installation La technique utilisée est mixte car elle fait appel aussi bien à la sculpture qu’à l’assemblage de matériaux de récupération. Cette œuvre invite à un questionnement sur la condition féminine dans notre société et au sein même du couple. Comment les femmes se perçoivent-elles? Est-ce que la féminité ne doit se définir qu’à travers le prisme de l’homme? Je m‘intéresse à nos problèmatiques et les traduis par les


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STAN propos recueillis par David Dancre

Les oeuvres de Stan sont comme des icônes qui interrogent notre rapport au sacré. Présent dans l’Anthologie de la Peinture en Guadeloupe et dans la collection du Musée Schoelcher, il se passionne actuellement pour les planches d’anatomie, qu’il utilise et revisite avec un regard de sociologue. ART COLLECTOR

BLACK ATHENA Technique mixte - 105 x 170 cm. Je développe depuis 2015 une nouvelle esthétique faite de ré-appropriations de planches médicales anatomiques dont les sujets d’études, blancs et écorchés, sont recouverts avec de la peau noire. Ce travail de carnation réalisé au pinceau invoque, par un geste décisif, une réflexion indispensable

sur notre propre humanité au regard de l’être guadeloupéen. Je pense que tous mes tableaux disent la même chose d’une façon plus ou moins séduisante. L’appartenance du fait de la naissance ou de l’histoire est soumise à la rencontre des formes, des couleurs et des histoires. Ma peinture revendique pour l’Homme le droit d’être libre indépendamment de l’identité et de la nationalité.

@stanatelier


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TIM FRAGER propos recueillis par Gonzo

Son adolescence guadeloupéenne a fait de Tim un artiste dont toute l’œuvre le rattache à ses racines ensoleillées. Ouverte sur le monde, joyeuse ou consternée, engagée ou légère, sa peinture brasse toutes les thématiques et permet à chacun d’explorer son imaginaire. d’espoir évoquée ici par le mot “Hope“. On voit un hélicoptère de la Croix Rouge qui vient se poser audessus du nom Haïti, en référence aux nombreuses tragédies survenues sur l’île ces dernières années. D’autres éléments font référence aux Caraïbes avec la végétation, les couleurs. L’inscription MOW en rouge en haut du tableau est le nom que j’ai donné à mon atelier pour Movement Of the Wind, le souffle des Alizés sûrement.

@timfrager

ART COLLECTOR

HAÏTI Support en acier - Technique mixte (collages, acrylique, pastels à l’huile) - 179 x 125 cm J’ai peint cette oeuvre sur un support en acier. C’était à l’origine un panneau d’information pour le cirque et il y a encore de grandes feuilles colées dessus. Je voulais un support brut pour évoquer la matière. On y voit un personnage qui tient un arc et qui tire une flèche dans une cible, une cible


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MICHEL COCOMANIA propos recueillis par Gonzo

La technique de tressage de Michel est si précise que son artisanat s’apparente à de la sculpture. Les feuilles de cocotier ou de latanier se transforment sous ses mains expertes pour s’incarner en éléphant, iguane ou monstre globuleux. Installé sur les hauteurs de Bouillante, au coeur de l’association Culture Sauvage, il décrypte pour nous son célèbre Mabou.

ART COLLECTOR

Cette œuvre nommée Mabou est l’une de mes premières créations fantaisistes qui me suit depuis 15 ans. Elle représente un mabouya “rastafarisé” ! Pour moi elle reflète une part de la personnalité de la Guadeloupe. Une centaine d’heures de travail ont été nécessaires à sa réalisation. Une dizaine de techniques différentes de tressage ont été utilisées pour lui donner vie, ainsi qu’une méthode de modelage personnel pour l’amener à un maximum de réalisme. C’est une pièce qui a été faite en plusieurs étapes

de séchage pour pouvoir lui apporter plus de mouvement. Elle a vécu des expos et périodes en extérieur lors de manifestations culturelles sur l’île et a subi quelques aléas dus au soleil et à la pluie. Cependant, une œuvre en feuilles de cocotier peut être rénovée à l’infini avec de nouvelles feuilles fraiches. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait récemment avec mon Mabou à l’occasion d’un appel aux dons lors d’une action caritative. Depuis octobre 2017, elle est visible à la galerie Kreol West Indies de Saint-François.

@cultures_sauvages


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OUOLO propos recueillis par Gonzo

Artiste renommé sur tout le continent africain, Abdou Ouloguem à été exposé dans le monde entier et a notamment réalisé pendant plus de douze ans tous les décors de théâtre du célèbre Peter Brook. les futurs esclaves. La technique est le bogolan que j’utilise à ma façon pour faire ressortir mes thématiques. J’utilise des techniques ancestrales. Après ma formation aux Beaux-Arts et des débuts de peintre classiques, j’ai eu envie de retourner vers nos techniques traditionnelles africaines. On a des couleurs, des pigments naturels... Je puise dans ces savoirs, j’ai envie de redonner vie aux gaufrages (technique de couture traditionnelle), d’utiliser le bogolan (coton teinté via des pigments naturels), mais différemment de la tradition pour en faire de vraies œuvres d’art. J’aime toutes les couleurs de la terre, je suis dans la terre.

Facebook: AbdouOuologuem

ART COLLECTOR

LE TUNNEL Peinture traditionnelle Bogolan sur contonnade - 4 x 2 m C’est un bout de l’histoire africaine et un moment qui lie à jamais mon continent et la Caraïbe. On voit le vieux assis à l’ombre du baobab représentant la sagesse ancestrale. Tandis que les masques, les richesses et le savoir-faire fuient vers l’Occident par avion pour s’entasser dans des musées. Les empreintes symbolisent la marche des Africains vers “l’Eldorado” européen. Le tunnel et les hommes enchainés à côté du canon et du casque colonial rappellent l’horreur du dernier voyage pour


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PIAF propos recueillis par Gonzo

ART COLLECTOR

Piaf vit et travaille au Moule. Coloriste autant que graphiste, il surfe sur une palette de couleurs vives et chaudes qu’il anime de cernés et de trames afin de faire chanter la lumière. Son style épuré est souvent plus évocateur que réaliste. Piaf peint la poétique du quotidien et ses oeuvres sont pleines de vie et d’amour. Dans ses sculptures d’extérieur, ses personnages semblent se mouvoir sans contrainte, en totale liberté. ROCK’N ROLL Sculpture - 120 x 80 x 50 cm Cette sculpture peinte et vernie a été réalisée en Alupanel, sur un socle Culbuto en béton. Elle représente un couple de danseurs aux

silhouettes unifiées qui se fondent dans une monochromie afin d’exprimer l’harmonie de la danse en couple. Le code couleur et le mouvement sont rock’n roll et ça tourne, ça tourne . . .

@piafexpo


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SO AGUESSY RABOTEUR propos recueillis par Gonzo

GRACE ON WAX Peinture numérique - Impression sur aluminium - 120 x 80 cm Cette œuvre mêle différentes techniques: le numérique mais aussi le travail du trait de la

ligne qui dans l’ensemble est très graphique. J’ai fait ressortir ce qui me paraissait le plus important: les yeux, mais aussi le travail du wax derrière avec des couleurs très vives. Je voulais un portrait qui “pète”, qui soit très visible!

@so_aguessyraboteur

ART COLLECTOR

Difficile de manquer les portraits de So tant ils vous aspirent par leurs couleurs éclatantes et leur vitalité. Entre palette graphique, pinceaux et feutres Posca, elle réinvente un style aux influences afro-punk et redonne un coup de jeune au wax traditionnel. Le portrait est l’un de ses sujets favoris et à travers lui, elle cherche à interpréter des expressions, des attitudes, un style ou un sentiment fort. Elle s’inspire de ses origines africaines, européennes et caribéennes.


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DAENA propos recueillis par Gonzo

Daena est une jeune artiste guadeloupéenne qui travaille sur la féminité et l’abondance. Rayonnante et enthousiaste, elle a la chance de faire partie d’une illustre famille d’artistes et de partager un immense atelier à la périphérie de Paris où nous l’avons rencontrée le temps d’une interview. ART COLLECTOR

QUAND ON AIME CELA DOIT ÊTRE INCONDITIONNEL Encre sur papier d’arches - 36 x 51cm Cette oeuvre met en exergue la tendresse, la joie et l’abondance d’un amour réellement inconditionnel. Un amour qui ne dépend pas de fantasme ou d’idée préconçue mais qui est basé

sur l’acceptation de la personne que l’on a face à soi, telle qu’elle est et non pas telle qu’elle devrait être. C’est un appel au lâcher prise et à la reconnaissance de ce qu’est véritablement l’amour, soit une puissance divine qui sommeille en nous. Qui ne dépend pas d’élément extérieur et qui se construit depuis l’intérieur.

46 @daenaladeesse


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VALÉRIE NOISETTE propos recueillis par Gonzo

ERZOULI DANTOR Mix Média - 50 x 50 cm Ce tableau représente Erzouli Dantor, remisé. C’est l’esprit que les Haïtiens ont

invoqué pour accéder à l’indépendance. C’est un Loa très important qui représente l’amour. Si vous avez besoin de faire revenir quelqu’un, c’est elle qu’il faut invoquer.

@valerienoisetteart

ART COLLECTOR

Valérie Noisette est une artiste Haïtienne-Américaine qui a passé la majeure partie de sa vie entre Chicago et Miami. Elle présidait la délégation des artistes haïtiens venus pour la Pool Art Fair 2017 et l’un de ses tableaux a même servi d’affiche pour le prestigieux événement. Elle s’inspire de son pays et des symboliques “Vévé” tirées du vaudou Haitien et a bien voulu se prêter à notre petit commentaire d’oeuvre.


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GARY BUTTE propos recueillis par Gonzo

ART COLLECTOR

Gary Butte est un artiste de Sainte-Lucie, connu sur l’île pour son implication dans les arts visuels, le théâtre et la poésie. Après des études de théâtre et plusieurs pièces à son actif, il est devenu le dirigeant de l’école de théâtre “Vision caribéenne”. Il a également tourné dans la Caraïbe pour des oneman show sans jamais oublier sa passion pour la peinture. LET JOIN US FOR HUMANITY Canvas - 100 x 80 cm Cette oeuvre comme toute mes peintures représente un masque de carnaval, en fait deux masques collés qui n’en font qu’un pour illustrer l’unicité des Hommes. Les deux personnages

du milieu représentent les Blancs et les Noirs tandis que les deux extrêmités peintes en rouge symbolisent le sang identique qui coule dans nos veines. Ils se tiennent la main et les auréoles audessus sont la sagesse qui les unit, tandis que la lumière de la lune et du soleil nous illuminent.

@gkcreations758


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ALFREDUS propos recueillis par Gonzo

Graffeur, peintre ou infographiste, le talent d’Alfredus se décline sur tous les supports et son style est aussi varié que ses influences sont nombreuses. De l’univers sous-marin au portrait en passant par la musique, notre artiste guadeloupéen laisse voguer son inspiration et ne cesse de nous surprendre. dans une démarche artistique Afro-punk, un terme qui à lui seul sonne paradoxal, contreintuitif, mais qui est en vérité l’histoire d’une réconciliation et d’une quête d’identité. Les Afro-punks revendiquent leur héritage à travers leur style vestimentaire décalé, leurs références artistiques et musicales, tout en s’appliquant à conserver et revendiquer leurs origines culturelles et leur appartenance aux racines africaines.

@alfredus_art

ART COLLECTOR

BLACK ROSES Toile canvas - Bombes aérosol, acrylique et collage - 100 x 120 cm Le choix de cette représentation en flux de couleurs est là pour peindre la créolité et sa diversité. Elle fait partie d’une série d’oeuvres intitulée La Matrice du Métissage. Elle symbolise la femme antillaise contemporaine, qui cherche à acquérir sa liberté tout en consolidant son identité. Ce traité graphique décalé s’intègre


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XÄN propos recueillis par Gonzo

ART COLLECTOR

Si le portrait de Spike Lee avec une chevelure en cerisier-pays est l’une des photos les plus partagées du Web, peu de gens connaissent son auteur et quasiment tous ignorent que cet oeuvre est martiniquaise. Issu d’une double culture métropolitaine et caribéenne, le graffeur Nuxuno Xan habille les murs de son île avec le collectif NPL- Mada Paint, ainsi que les bwadjak (voitures décorées du Carnaval), en s’inspirant des codes de la Pop culture et de la bande-dessinée. STAR Graffiti sur mur et cerisier-pays-3 x 2m Fort De France “Quand tu sais qui tu es tu cultive tes racines”. En entretenant sa chevelure et en étant fier de ses cheveux crépus, Spike Lee réaffirme son identité et fait l’éloge du

naturel. Cette image forte est accentuée par le mélange Graffiti et Cerisier-pays à l’arrière-plan. J’ai été le premier surpris par l’incroyable parcours de cette image, reprise par le cinéaste lui-même et devenant en quelques années l’un des symboles du “Land Art”.

@xanoy


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PACMAN propos recueillis par David Dancre

Né en Dominique, Pacman a grandi entre la Guadeloupe et Marie-Galante avant de découvrir le Graffiti dans les années 90. Il fait désormais partie du paysage local avec ses réalisations sur les bâtiments de Pointe-à-Pitre. femmes et à tout ce qu’elles représentent dans le monde. C’était un beau challenge. J’avais un peu perdu ce temps pour m’exprimer et je l’ai enfin retrouvé. C’est pour cela que j’ai repris le chemin des galeries Je reste quand même un artiste et un artiste a besoin de sa liberté pour exprimer son art.

51 @alpacman

ART COLLECTOR

FEMME DU SOLEIL Fresque murale - 18 x 6 m Cette oeuvre est ma préférée. Quand je l’ai réalisée, il faisait nuit. Je n’avais rien pour voir ce que je peignais. J’ai agi avec ma motivation. Je ne l’ai vraiment découverte que le lendemain matin. C’est un hommage aux


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RAS AYKEM propos recueillis par Gonzo

Ras Aykem est une célébrité à la Barbade et dans la Caraïbe. Dans son atelier de Bridgetown, il aborde la peinture en tant qu’Africain de la diaspora et cherche sa voie dans ses racines et la mémoire de ses ancêtres. Son inspiration est empreinte de magie, peuplée de rituels. Il cherche la connection magnétique avec les anciens et se laisse guider. ART COLLECTOR

RUDE BWOY Huile sur toile - 120 x 80 cm C’est difficile de décrire un travail personnel et j’ai l’impression d’avoir passé ma vie à peindre une seule oeuvre. Ce tableau s’appelle Rude Bwoy, mauvais garçon en argot jamaïcain (Ras est diplomé de l’école d’Art Edna Manley en Jamaïque, NDLR). C’est une réponse à la situation que nous

vivons actuellement à la Barbade. Il y a beaucoup de pauvreté, une crise économique profonde, beaucoup de difficultés sociales et de violence. Cette oeuvre est une évocation de ce qui se passe, il y a des gangs qui sévissent et des crimes qui sont commis à la Barbade, alors que notre tradition est faite de paix et de dialogue. La Barbade n’est plus un paradis.

@united_karibean_artists


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RAS ISHI propos recueillis par Gonzo

Ras Ishi Butcher est un artiste international barbadien. Exposé dans toutes les grandes capitales du monde et dans de nombreuses collections privées, il est l’un des peintres les plus titrés de son pays. Nous l’avons interviewé à Saint-John, dans son atelier habité par plus de vingt-cinq ans de création. peintures sur roche. J’essaye d’utiliser l’histoire de l’art, de tous les endroits. Le conflit entre le blanc et le noir de mon existence. Ma difficulté à expliquer ce qu’est être un Caribéen vient de cette dichotomie qui touche habituellement les habitants de nos îles, allant d’un côté à l’autre car étant des êtres hybrides. C’est cette influence, ce métissage que j’ai voulu illustrer ici.

@united_karibean_artists

ART COLLECTOR

RESURRECTION Huile sur toile - 160 x 100 cm Cette peinture parle de résurrection. L’homme sort de la cendre, se lève. C’est mon expérience, ressusciter pour devenir une autre personne, plus consciente. Essayer d’éviter la peur de vivre. La femme est une déesse de la mythologie grecque. L’autre image vient de la mythologie africaine, des


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HÉLÈNE VALENZUELA propos recueillis par Ceebee

Hélène Valenzuela utilise son objectif pour conserver la Mémoire des anciens. A travers ses portraits en noir et blanc, elle expose l’histoire des anonymes. ART COLLECTOR

L’ÉCAILLEUR DE LA DARSE Fichier numérique - Tirage 90 x 60 cm C’est une photographie prise sur le port de la Darse à Pointe-à-Pitre pour le projet Regards Guadeloupéens d’Aînés. Mon objectif était de photographier les personnes dans leur cadre de vie. Chaque jour de marché, cet écailleur, chichement payé, nettoie le poisson fraîchement débarqué par les pêcheurs. Pour capter cette

scène de rue, plusieurs échanges m’ont permis d’établir la relation de confiance indispensable à mon travail. Mes premiers clichés ont été pris en maison de retraite, j’avais 20 ans. Les anonymes, les “monsieurs tout le monde” m’intéressent. C’est eux qui racontent la vraie vie, celle de tous les jours avec ses joies et ses peines. Rendre visible les gens invisibles, cela me plaît. J’aime à dire que le photographe a un rôle de “passeur de message”.

Facebook: Helene Valenzuela


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La marque United Karibean Artists propose à des artistes caribéens de réadapter une de LEURS oeuvres sur un vêtement. Peintures, grafFs ou sculptures réinvestissent l’espace urbain dans un projet collaboratif.

www.ukawear.com ukawear.com UNITED_KARIBEAN_ARTISTS

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OR T C E L L O ART C

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LOUPE et U.K.A. ont conçu cet “Art Collector” pour vous immerger dans l’univers artistique foisonnant et singulier de la Caraïbe, à travers des lieux, des acteurs et des événements qui peuvent l’incarner. Plasticiens, peintres, photographes, graffeurs ou street artistes y relatent leur parcours ou décryptent une oeuvre choisie pour éclairer leur création, dans laquelle les questions de genre, de couleur et d’hybridation apparaissent presque toujours en filigrane. David Dancre

Gonzo


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