Hors-série : Gala "Néo-Versailles", 10 juin 2016

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so mm ai re Portrait versaillais.3 Pourquoi Versailles c’est mieux maintenant.4 La soirée.5 Soleil Noir.6 Bal néo-versaillais.9 François Vatel, le goût du sensationnel.10 À la volette néo-versaillais.12 Bisque de Gaumar.13

Louvr’Boîte

Le journal des élèves de l’École du Louvre. Hors-série spécial gala « Néo-Versailles», 10 juin 2016. Distribué gratuitement avec l’aide de l’Association de l’École du Louvre.

École du Louvre, Bureau des Élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 Paris cedex 01. Courriel : journaledl@gmail.com. Facebook : fb.com/louvrboite. Twitter : @louvrboite. Directrice de publication : Sophie Leromain. Rédacteurs en chef : Herminie Astay, Aurélien Locatelli. Correction : Camille Giraud.

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Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Le Bureau des élèves de l’École du Louvre, Yvine Briolay, Camille Giraud, Bastien Hermouet, Aurélien Locatelli, Lorenzo Oliva, Célien Palcy, Marine Roux, Margaux Ruaud. Pour les couvertures : • Scrapbook of colored advertising cards, published by L. Prang & CO. Vol 8, 9, 10. http://digitalcollections.nypl.org ISSN 1969-9611. Dépôt légal : juin 2016. Imprimé sur les presses de l’École du Louvre (France). Sauf mention contraire, © Louvr’Boîte et ses auteurs.


Ce soir, pour vous, en exclusivité, nous avons réussi à interviewer le Gala. Il a répondu pour nous à quelques questions et voici ses premières révélations. Si vous étiez un film : Marie-Antoinette de Sofia Coppola

une marque de chaussures : Converse™

une chanson : Let the sunshine in

une couleur : rose fesse de nourisson

un objet : une guillotine *rires*

une saison : pas la saison 1 de Versailles en tout cas !

un fruit de mer : une langouste

un musée parisien : le Musée de la Chasse et de la Nature

un homme politique français : Georges Clémenceau, le Tigre

un film de vampires (désolés pour la question) : Twilight Chapitre 3, sans hésitation

un signe de ponctuation : l’esperluette

un parfum de glace : rhum-raisin

une station de métro : Porte Dorée

une citation : « - Tout ceci est ridicule ! - Tout ceci, Madame, c’est Versailles. » Marie-Antoinette, Sofia Coppola

Le Bureau des élèves de l’École du Louvre

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18h30-19h30 20h30 20h00-21h00

Conférence de N. Milovanovic Bisque de Gaumar (p. 13)

22h00-23h00

Premier set de musique à la cafétéria : harpe/hautbois Deuxième set

21h00-21h25

Chorale (p. 12)

21h25-21h40

Orchestre

21h40-22h00

Défilé de l’Histoire

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Bastien Hermouet Vous n’avez pas pu louper ces derniers temps, enfin il y a déjà au moins six mois (on est un peu old-fashioned au journal), la dernière « création originale » de la chaîne qui connaît le plus de remous dans le paysage audiovisuel français actuel, « Versailles ». Série historique à gros budget se voulant une translation des Borgia au temps du Grand Siècle français avec quelques résurgences de films de cape et d’épée et autres thématiques de pouvoir un peu plus actuelles, type House of Cards. Le rendu visuel est plutôt séduisant, très contemporain, un peu noir, très thriller, bref on adore, et le tout se laisse regarder. Mais — attention point École du Louvre — notre œil averti et notre parfaite connaissance du XVIIe siècle ne se laissent pas berner. On doit reconnaître quelques incohérences que l’on peut pardonner tant la fiction historique semble être en général difficilement compatible avec l’exactitude du point de vue des réalisateurs. Peut-être se sententils trop bridés par le poids de l’Histoire au point de la malmener

avec tant d’outrecuidance. Toujours est-il que le tout se veut néanmoins vraisemblable, au moins pour le décor, l’intrigue étant parfois digne de l’imagination d’un enfant de huit ans, qui aurait lu Dumas certes, mais tout de même. Le grand point positif, parce que oui il y en a même si on vous le cache depuis le début, c’est la psychologie. Il faut reconnaître aux scénaristes le mérite d’avoir évité l’image du roi autocrate égoïste. Louis XIV se révèle une personnalité complexe, parfois à la limite d’un être psychorigide. On voit que derrière le roi se cache un homme, un peu torturé. Le despotisme a donc une âme, lasse d’humiliations, celle d’un roi qui veut avant tout exister par lui-même. Une figure surprend par son importance quand on connaît son historiographie, c’est Monsieur, frère du roi, duc d’Orléans, de Chartres, de Valois etc. Son homosexualité n’est pas une énième fois le trait comique du récit. La relation fraternelle qui le lie au roi n’est pas dissimulée et le personnage est doté d’une autonomie assez surprenante, sa psychologie n’est pas simplement esquissée mais le fait agir tel un miroir de son frère, qui en devient presque sa Némésis, un alter ego de l’ombre.

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Fraternité et Jalousie se mêlent, l’un est libre, l’autre est roi, et le soleil a son reflet. Les problématiques contemporaines surgissent ça et là, évitant un creux qu’ont parfois certaines fictions historiques. Il est assez étonnant de croiser une femme médecin à la cour du Roi-Soleil, surtout présentée telle une allégorie du combat contre l’ignorance. Sa lutte pour des méthodes modernes et efficaces contre une tradition sclérosée entre subtilement en écho avec les luttes féministes toujours d’actualité. En fait le réel aspect positif, soyons honnêtes, c’est le physique du roi. Ça marche aussi pour certains

des autres personnages, surtout la reine Marie-Thérèse, belle, et même sexy, ce qui fait que pour le coup, l’exactitude historique a vraiment disparu. Et il y en a pour tous les goûts, le quadra sexy ténébreux, le jeune homme ambitieux mais torturé, la méditerranéenne réservée, la petite Anglaise débridée, ou même le vieux ministre un peu bouffi si ça vous chante. C’est peut-être le moment d’avertir notre chaste public que les scènes plus ou moins explicites parsèment le récit de la même manière que les miroirs dans la Galerie des Glaces. Autant vous dire que les fans de Game of Thrones risquent d’adorer.

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Célien Palcy d’une visite au Louvre. Sa transhumance estivale l’amène à visiter les lieux en deux heures chrono dont une uniquement pour photographier le lit de Marie Antoinette (et d’expliquer ses proportions par le fait que « oui oui, les gens étaient tout petits à l’époque »). Son endroit favori ? La « Grande Galerie ».

Mesdames, Messieurs, cousez fausses manches, lassez corsets, poudrez perruques, ceignez rapières : Notre bon BDE vous transporte pour une nuit à Versailles. Mais assez parlé de vous, personnes de qualité. Grattée pour l’occasion, voici-là une typologie quelque peu médisante des individus qui foulent aujourd’hui les beaux tapis de Nos Majestés à Versailles. Avec le souci de ménager les sensibilités que je risquerais d’un peu écorcher, je me cacherai derrière cette citation de Madame de Genlis : « Il y a des gens dans le monde qui n’ont de succès que par leurs défauts. » Ci-fait, Plongeons un instant dans le bal quotidien du Versailles de l’an de grâce 2016 :

- Le Président de la République. Costume sombre et Légion d’honneur à la boutonnière, cravate de travers ou talonnettes (au choix). Il est toujours petit, toujours brun. Les plus téméraires peuvent éventuellement un jour l’apercevoir remonter un long couloir entre deux haies de gardes républicains. Sa salle préférée ? Celle du Congrès : quitte à ce qu’il y ait un Parlement faible en France, autant le réunir dans des lieux luxueux !

- Le nostalgique. Col blanc, pull bleu marine, il connaît mieux les lieux que les historiens eux-mêmes. Ses mocassins à glands glissent amoureusement sur les lames de parquet (comme chez lui) tandis qu’il fait sa visite hebdomadaire. Son endroit favori ? La laiterie de Marie-Antoinette, lieu central de l’histoire de France.

- L’historien de l’art. Il vient constater les dégâts. Ors craquelés, fissures, usure au gras de doigt de touriste, il note tout. Après une larme versée sur les restaurations quelquefois hasardeuses de ses collègues, il se consolera devant le succès indéniable du patrimoine français. Son lieu préféré ? Un cabinet encore non restauré dans un recoin fermé du palais. Là au moins subsistent quelques restes authentiques...

- L’artiste allumé. Tenue indéfinissable, mais forcément unique. Il n’a pas touché une seule œuvre d’art depuis dix ans. « Faire son œuvre soi-même ? C'est has been chéri ! » Les lieux sont un terrain de jeu unique : il faut frapper un grand coup : couleurs et matières improbables, une dose de provoc’, quelques pincées de concepts bizarres et le tour est joué ! Son endroit préféré à Versailles ? Les 50 mètres-cubes occupés par son œuvre. Au milieu des jardins. Posey.

- Le Stéphane Bern. C’est un peu le mélange du nostalgique et de l’historien de l’art. Si ce n’est qu’il n’a pas la pédanterie du premier ni le diplôme du second. La moindre relique de Marie-Antoinette le fait frétiller, il connaît les inventaires du château par cœur et nulle histoire d’alcôve ne lui échappe. Son lieu préféré ? Cette salle toujours fermée au public qu’il ouvre d’un air gourmand à chacune de ses émissions bien sûr !

- Le touriste. Casquette, appareil photo et short, le touriste est un être grégaire se déplaçant en grands troupeaux. Il arrive par charretées entières du RER, au lendemain Illustration : Lorenzo Oliva

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Devant la fulgurante floraison des émissions culinaires à grand succès et malgré l’overdose qui en découle, les papilles françaises sont depuis quelques années rudement mises à l’épreuve aux heures du goûter, puis aux alentours de 20h50. Combien de fois mon ventre a-t-il crié famine, alors qu’il venait d’être rassasié, attiré par le fumet d’une bonne marmite, alléché par la couleur bien

Marine Roux rouge d’un gros rôti ou encore séduit par la courbe délicate d’une tarte citron meringuée, magistralement mis en scène à la télévision ? Mais cette effervescence que connaît la cuisine n’est pas nouvelle et a notamment vécu ses plus belles heures de gloire sous Louis XIV. Car, avant Maïté, il y a eu Vatel.

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D’origine suisse, François Vatel (1631-1671), de son vrai nom Fritz Karl Watel, fit son apprentissage de pâtissier-traiteur chez Johan Heverard avant de devenir l’écuyer de cuisine de Nicolas Fouquet au château de Vaux-leVicomte puis maître d’hôtel du Prince Louis II de Bourbon-Condé au château de Chantilly. Organisateur brillant, il était ainsi chargé des achats des victuailles, de la


un article déjà paru mais bien comme il faut

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Restauration II

préparation des festivités, de la présentation des mets mais aussi du divertissement des hôtes. Il n’était donc pas cuisinier, comme l’a établi la légende. En effet, si le nom de Vatel est passé à la postérité, c’est d’avantage lié à son suicide insensé qu’à ses recettes de cuisine, qui demeurent inexistantes. En 1671, le Prince de Condé recevait en grande pompe le Roi durant trois jours, afin de se faire pardonner quelques petites infidélités… Constatons que l’invitation à un bon gueuleton pour obtenir un pardon n’est pas une stratégie récente ! À cette occasion, Vatel, nommé « contrôleur de bouche », fut missionné d’offrir à sa majesté un spectacle grandiose de festins aux mille saveurs, à en faire pâlir Obélix. Il ne ferma par l’œil durant les douze jours précédant l’arrivée de la cour afin d’orchestrer l’événement jusqu’à la moindre petite cuillère. Mais le dernier jour, pour le banquet du vendredi, la livraison de poissons marins prit du retard et le maître

d’hôtel, ne pouvant « survivre à cet affrontci » se transperça trois fois le cœur de son épée. En résumé, le poisson lui posa un lapin et ce fut hara-kiri, d’après les dires de Madame de Sévigné, dont les lettres à sa fille nous permirent de connaître les détails des réjouissances et du drame. Comble de l’histoire, les livreurs normands arrivèrent à 8h du matin, les carrioles remplies de poissons en tout genre, que dégustèrent allégrement les convives sans se préoccuper du malheureux Vatel : « l’on mangea comme si un grand deuil n’était pas inopinément tombé sur la cuisine ». Beaucoup ont essayé de trouver des raisons à ce suicide invraisemblable, moi la première, mettant ça sur le dos de l’ignoble « trucidage » des innocents perroquets de Vatel, dont les cœurs servirent à soigner la goutte du Prince de Condé (pour ceux qui sont largués, c’est une référence à une scène du film Vatel de Roland Joffé… Sinon pour les

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autres, je suis sûre que vous avez été autant scandalisés que moi et BB). Mais c’est certainement la fatigue accumulée et la pression de devoir nourrir les bouches insolentes de 3000 invités, qui eurent raison du Maitre des plaisirs, devenu Esclave des plaisirs. Face à ça, les défis de Norbert et Jean n’ont pas fière allure, n’est-ce pas ? Mais avant que ce soit le cauchemar en cuisine, Vatel offrit à la cour de somptueuses fêtes, ponctuées de feux d’artifice au coût faramineux, de danses, de pièces de théâtre et ce, dans un décor de guirlandes multicolores et de bouquets de fleurs. Ainsi, en plus d’un dîner presque parfait, l’ambiance était bien au rendez-vous durant le séjour de Louis XIV. C’est pour tout cela, que moi je lui aurais attribué la note de 8/10 car Vatel était donc à deux doigts de devenir le Top chef 1671…


À la volette néo-versaillais Concert de la chorale • 21h amphi Cézanne Louis XIV Le grand roi Louis a pris le melon Un jour il s’est pris pour un Apollon Le melon, la grosse tête Apollon, il se la pète Le grand roi Lou-is Le grand roi Louis construit un château Le château d’Marly, avec ses Chevaux Des poneys, et des ponettes Des poneys, et des ponettes Les Chevaux d’Marly Le régent Philippe d’Orléans Le régent Philippe fit appel à Law Mais une fausse manip’ mit l’Système K.O. La banqueroute, c’est pas la fête Tout fout le camp, c’est pas très chouette Le Système de Law Louis XV Le bon roi Louis aime tant la Poisson Qu’il lui a construit le P’tit Trianon, Pour aller compter fleurette Au hasard d’l’escarpolette, ce bon roi Louis !

Louis XVI Le p’tit roi Louis aime les serrures Antoinette-Marie préfère les pâtures… Où gambadent, ses p’tites biquettes Où picorent, ses p’tites poulettes Ses oiseaux petits La guillotine qui fâche et qui tache ! L’ami Robespierre veut faire le ménage Tous ces privilèges ça le met en rage Jacobin, c’est pas la fête Guillotin, et hop la tête L’ami Robespierre Contre la vermine, plus besoin d’potence Viv’ la guillotine, c’est bien plus tendance Et la tête, à la volette Et la tête, à la machette Viv’ la guillotine ! ••• D’autres rois Louis, (il) n’y eut plus à Versailles, Mais Louise et Louison, là à la chorale, Vous convient à faire la fête et chanter, à la volette Toute la soirée !

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Menu festin regroupant deux ans de B.F.M. Food • 20h30 Le wrap, un petit plaisir en rouleaux Restauration II, décembre 2014 Le quisotto Réécritures, mars 2016 BBB : bo bun bitch (dit bo bun royal) les objets du voyage, octobre 2015 Le quatre quart et demie LB31, novembre 2015 La pâte à tartiner maison ou comment grossir en bonne santé La propagande, février 2015 Le gâteau de Gaumar une recette surprise La cervelle de canut, criminellement exquise Criminalité(s), septembre 2015 Le taboulé libanais 2015, année du futur, janvier 2015 À s’en trouer le sandwich (le bagel) Restauration III, décembre 2015 Le hot-dog Mi-chat, mi-chien, janvier 2016

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Du contenu partout tout le temps sur louvrboite.fr 15


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