LB n°61 : /FUTUR

Page 1


SOMMAIRE edito - p.3 futur et nature - p.4/6 le crepuscule des dieux - p.7/10 quel robot es-tu? - p.11/13 l’ambition future la plus folle - p.14/15 les armes inclusives de la lausanne - p. 16/19 medjed: itineraire du plus mignon des dieux egyptiens - p. 20/21 les anglais vont-ils envahir la langue francaise? - p.22/24 le chauve est l’avenir de l’homme - p. 25/26 credits photographiques - p. 27


Edito

Après avoir exploré le Passé et le Présent, on se tourne vers le Futur. Plein de mystères et d’espoirs, tout est encore possible ! Alors, serons-nous dominés par les chats ou deviendrons-nous tous chauves ? Seul l’avenir nous le dira ! En ses qualités de devin, le Louvr’Boîte va tenter de trouver des pistes pour ce futur imprévisible. On avait quand même publié un numéro Virtuel début mars 2020, ça ne s’invente pas. Aidés de nos acolytes de Mauvais Genre(s), nous allons essayer de préciser ces temps à venir, un peu comme des présentateurs météo du temps (non, pas de celui qu’il fait dehors du coup, c’est le principe de la comparaison banane). Pour mieux comprendre le futur, on a voulu regarder vers le passé car certaines choses se répètent, avec un petit coup d’œil sur l’histoire du méconnu Medjed et un retour du combat séculaire contre la perfide Albion. Mais le passé évolue ! Et même l’héraldique connaît des changements, tout comme la langue française. Vous n’êtes pas prêts pour ce numéro du turfu et nous non plus. Mais pour vous détendre un peu, vous ferez bien un petit tour dans le Paris du futur ? Tyfenn Le Roux et Raphaël Vaubourdolle

Louvr’Boîte Douzième année N° 61, 0,50€ Directeur de publication : Raphaël Vaubourdolle Rédactrice en chef : Tyfenn Le Roux Responsable communication : Jeanne Spriet Maquette : Inès Amrani, Raphaël Vaubourdolle, Gabriel Barnagaud, Sarah-Lisa Schuller, Mélissande Dubos, Lilou Feuilloley Couverture : Mathilde Clouët Ont contribué à ce numéro : Camille Adjalian, Inès Amrani, Anne Aumont, Gabriel Barnagaud, Clémentine Bolle, Cassandre Bretaudeau, Eloïse Briand, Elsa Clairay, Mathilde Clouët, Chloé-Alizée Clément, Mélissande Dubos, Eve Elmassian, Lilou Feuilloley, Flora Fief, Laureen Gressé-Denois, Gwladys Jolivet, Olga Kolobov, Aure Lapierre-Re-

nard, Tyfenn Le Roux, Jana Osman, Raphaël Papion, Sofia Pauliac, Gabriel Schmidt, Sarah-Lisa Schuller, Jeanne Spriet, Matteo Vassout, Raphaël Vaubourdolle, Marie-Sarah Vuillemin, Angéline Wiard École du Louvre, Bureau des élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 PARIS CEDEX 01. louvrboite.fr Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : @louvrboite

ISSN 1969-9611. Imprimé sur les presses de l’École du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs.

3


Futur & Nature Fut un temps, j’ai évoqué mes souvenirs d’une jeunesse passée à arpenter les rues de Paris. A présent il me faut parler de son avenir ou plutôt de notre avenir. Même si ma mémoire eût pu n’être qu’un désordre de souvenances mêlé à un monde de ruines dans lequel la mémoire essaye, tant bien que mal, de prendre racines, je réussis à trouver mon chemin à travers un dédale de rues aussi froides que bruyantes. A présent, je me demande ce qu’il peut bien se passer dans cette ville moderne. Je décide d’aller dans un parc de la Rive Gauche, situé non loin de notre chère Tour Eiffel. Là, est le parc André Citroën, autrefois amas de terrains vagues destinés à l’oubli, inauguré en 1986, ayant acquis une grande notoriété auprès des Parisiens. Il est vrai qu’au fur et à mesure de ma découverte, l’endroit me semble agréable et propice à la méditation, peut-être viendrais-je m’y ressourcer à l’occasion… Mais soudain, horreur, j’aperçois non loin du parc verdoyant, une cohorte d’immeubles futuristes. Des gratte-ciels au sommet inconsidéré. Se peut-il qu’ils dépassent un jour la tour Eiffel ? J’ose espérer que non. L’idée même que l’urbanisme « d’utilité » prenne le pas sur l’urbanisme « artistique », sur l’art architectural, me terrifie au plus au point. La Tour Eiffel, véritable prouesse technique, se trouverait alors menacée par un énième bâtiment industriel dont la vacuité artistique pourrait se résumer à une verticalité à la fois monumentale et vulgaire.

4


Si l’on suit cette idée, le futur parisien pourrait alors se résumer en une cacophonie de béton armé et de verre. Mais il ne faut pas s’avérer défaitiste car nombreux sont les points de verdure dans la capitale, d’autant plus qu’avec l’aménagement des voies sur berges, la nature reprend une place de choix dans le centre de la ville lumière. Pourrait-on alors espérer un avenir plus sain pour notre santé ? Gageons qu’avec le temps, la verdure reprendra ses droits les plus primordiaux afin de faire régner dans Paris une légère odeur de bois forestier, mélangée au chant du plus parfait oiseau venant se percher sur les plus hautes branches des plus hauts arbres des plus beaux parcs de la plus belle ville du Monde.

Ainsi je continue mon petit périple, loin du futurisme des immeubles, afin de gagner cette fois-ci le futurisme du 1er arrondissement. Pour la première fois, j’emprunte les voies sur berges… Est-ce donc ça le monde d’après ? Des piétons, des vélos, des trottinettes électriques et autres transports personnels. A mon grand étonnement, le calme et l’harmonie règnent en maître. C’est bien simple, je n’ai plus l’impression de me croire à Paris… je n’entends plus le vacarme incessant des longs cortèges de voitures s’étalant de Vincennes à Dauphines, comme si nous étions revenus à une époque antérieure et pourtant, il n’y a pas plus futuriste que ces petits engins avec lesquels les gens se déplacent. C’est assez déroutant ces petits appareils, peut-être suis-je vieux ou dépassé -ou bien les deux- mais le futur tel qu’il se déploie sous mes yeux m’effraie quelque peu. Les gens ont l’air pressé, ils ne prennent plus le temps de flâner, plus le temps de vivre. On est dans l’ataxie, le stress… Même si tous ces gens vivent dans l’avenir, il serait erroné de ne pas penser, ne serait-ce qu’un léger instant au présent. En parlant d’avenir, me voici arrivé à mon but, le jardin du Carrousel, haut lieu de souvenirs et de villégiature. J’ai appris que celui-ci allait subir des travaux afin de lui donner une seconde jeunesse. J’ose espérer qu’ils garderont le banc ou j’ai gravé le nom de ma première amoureuse (cher lecteur, chère lectrice, je vous laisse le soin de chercher une gravure sur les accoudoirs d’un banc). Ce lieu conjuguera donc à la perfection trace du passé avec une perspective d’un avenir plus jeune, où l’organisation méthodique de l’espace végétal se mêlera à la liberté naturelle que reprend la nature dès lors qu’elle est confrontée à la folie humaine.

5


Me voici à présent en train de me diriger dans l’Est de la capitale, c’est alors que sur mon chemin je retrouve un monument qui m’était familier. Pourtant quelque chose n’allait plus, la forêt de bois craquant jadis sous le poids des lourdes plaques de plomb n’était plus. Le monde d’antan avait laissé sa place à la bêtise humaine. A présent, tâchons de savoir comment réparer l’irréparable ; il y a, inévitablement, des problèmes de personne mais finalement que sont l’individualisme et l’égo, si ce n’est que des obstacles à la créativité artistique qui domine depuis des siècles notre monde fait de limbes et d’imagination ? Le futur, seul, et les générations à venir tâcherons de réussir là où nous aurons échoué. J’arrive enfin dans ce nouveau quartier dont on vante partout les mérites, celui de la nouvelle France. Véritable mélange dystopique entre un avenir incertain et une soif de grandeur associable, cet immense quartier m’effraie. Ces rues vides totalement déshumanisées, dans lesquelles la nature se morfond sur elle-même car elle ne peut se développer qu’au travers de miséreux parcs installés pour satisfaire la bonne conscience d’une poignée de personnes préférant davantage le paraître et la complaisance que la nature et à notre futur. Il appartient désormais, à nous, citoyens, d’agir par nous-même et pour nous-même, pour nous assurer un avenir radieux, un avenir naturel, un avenir sain dans une ville saine. Si chacun d’entre nous, dans notre futur proche voire même imminent, fait un effort en ce sens pour penser aux générations futures, l’avenir sera plus clairvoyant mais surtout plus verdoyant. Raphaël P.

6


Le Crépuscule des Dieux… Musique à écouter en lisant : Tannhaüser, WWV 70 : Ouverture de Richard Wagner

« Les frères batailleront Et se mettront à mort, Les parents souilleront Leur propre couche ; Malheur dans le monde, Adultère universel, Temps des haches, temps des épées, Les boucliers seront brisés, Temps des tempêtes, temps des loups, Avant que le monde ne soit détruit ; La lance d’aucun homme N’épargnera l’autre. » Völuspá (« Dit de la voyante »), Edda poétique

Si vous avez l’impression de connaître cette strophe du Völuspá, il y a de fortes chances que vous pensiez au dernier film de la trilogie de Peter Jackson Le Seigneur des Anneaux, film intitulé Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi. Si vous ne voyez pas de quel film je fais mention ici, sachez que vous avez tout un pan culturel de l’humanité à rattraper. Si vous ne voyez pas à quelles scènes je fais référence, c’est déjà moins grave. Les amateurs l’auront donc compris, je parle bien évidemment du discours du roi Théoden du Rohan avant l’épique charge des Rohirrim lors de la bataille des Champs du Pelennor, mais surtout celui d’Aragorn devant la Porte Noire. De par la beauté et la grandeur de ces scènes, je vous invite à les visionner à nouveau (vous les trouverez facilement sur Youtube).

7


Tout comme ces discours, cette strophe fait référence à la guerre finale, à la fin des temps, à l’embrasement universel qui anéantira le monde… Hommes et dieux attendent ainsi le Ragnarök, ou « Destin des Puissances ». Cette grandiose catastrophe, contée avec une concision puissante dans le Völuspá, est également connue sous le nom de « crépuscule des dieux ». Cette dénomination, popularisée par le drame musical de Richard Wagner, repose à vrai dire sur un malentendu, et même sur un contre-sens. En effet, le terme islandais employé par les plus anciens poètes était celui de Ragna- rok, qui signifie seulement « le destin fatal, la fin des dieux ». Mais dès le XIIe ou le XIIIe siècle, les écrivains norrois substituèrent à cette expression celle de ragna rokkr, qui ne s’en différenciait guère et qui avait, sans doute, à leurs yeux l’avantage de contenir une métaphore assez saisissante : rokkr voulant en effet dire « obscurité, ténèbres, crépuscule ». Dès ce moment, la formule « crépuscule des dieux » devint habituelle. C’est le meurtre de Balder qui marque le commencement de cette grande épreuve. Devant son cadavre, les dieux ont fait serment de le venger et ils n’ignorent pas que c’est Loki qui a armé et guidé le bras du meurtrier. Aussi se sont-ils aussitôt saisis de lui pour le jeter aux fers. Mais ce traitement ignominieux n’a fait qu’aviver la rage du dieu malfaisant et celui-ci prépare déjà sa vengeance. Cependant, le pire est à venir et il viendra d’abord du monde des hommes. En effet, Midgard sera un jour déchiré, ravagé par des guerres pendant trois hivers. Des pères tueront leurs fils ; des frères baigneront dans leur sang respectif. Des mères abandonneront leurs maris et séduiront leurs propres fils, des frères coucheront avec leurs sœurs. Puis Fimbulvetr (« Grand Hiver »), l’hiver des hivers, saisira Midgard pour l’étrangler. Des nuages chargés de neige convergeront du nord et du sud, de l’est et de l’ouest. Il y aura des gels rigoureux, des vents cinglants et l’éclat du Soleil sera impuissant. Trois hivers de cette sorte s’enchaîneront ainsi sans qu’il y ait d’été entre eux. C’est alors que les enfants de la vieille géante de la forêt de Fer accompliront leur sanglant destin : Skoll, le loup, saisira le Soleil entre ses mâchoires et l’engloutira, éclaboussant ainsi Asgard de son sang. Son frère Hati fera de même avec la Lune et la mangera. Enfin, les étoiles disparaîtront.

8


La Terre se mettra alors à frissonner. Des arbres immenses tangueront avant de s’écrouler, des montagnes trembleront, oscilleront et s’écraseront, tandis que tous les liens, toutes les chaînes seront rompus. Loki et son fils Fenrir s’échapperont ainsi. Son autre fils, le serpent géant Jörmungand ondulera et gagnera le rivage, faisant ainsi se déchaîner les mers. C’est sur ces dernières que le géant Hrym viendra de l’ouest, dans un navire peuplé de ses congénères. Un autre navire, Naglfar, naviguera depuis le nord. Fait d’ongles humains, il transportera les habitants des enfers mais aussi Loki, qui en tient la barre.

Enfin au sud jailliront les fils de Muspellheim, entourés de flammes. Ils seront commandés par Surt dont l’épée brille plus que le Soleil. Brisant le pont Bifröst, ils se dirigeront vers l’immense plaine de Vigrid, rejoignant ainsi Fenrir et Jörmungand, Loki avec les morts de Hel, et Hrym avec tous les géants du givre.Pendant ce temps, les dieux ne resteront pas inactifs. Heimdall quittera sa demeure et portera la grande trompe Gjallar à ses lèvres. Il en tirera un son si éclatant qu’on l’entendra partout dans les neuf mondes. Tous les dieux s’éveilleront alors et s’assembleront aussitôt en grand conseil. Alors, les Ases et les guerriers du Valhalla prendront leurs armes et s’assembleront en une troupe immense qui s’ébranlera en direction de Vigrid guidés par Odin. Le Très Haut marchera alors droit sur Fenrir et l’affrontera. Ils seront ainsi les premiers à combattre, s’opposant dans un terrifiant combat. Mais finalement, le loup saisira le Père de toutes choses entre ses dents et l’engloutira. Cependant, son fils Vidar s’avancera à grands pas et viendra déchirer la mâchoire du loup, vengeant ainsi son père. Thor combattra lui Jörmungand à la bouche béante. Il le tuera mais mourra du venin du serpent après avoir fait neuf pas. De son côté, Freyr affrontera Surt et succombera de par l’absence de sa meilleure épée. Le chien Garm, gardien du Helheim également libéré de ses chaînes, combattra Tyr : ils mourront tous les deux au cours du combat. Enfin, Heimdall affrontera Loki en combat singulier et chacun provoquera la mort de l’autre.

9


Alors, Surt enverra du feu dans toutes les directions. Les neufs mondes deviendront des fournaises, des foyers de flammes dévorantes, de fumée tournoyante et de cendres. Quand brûleront les mondes mourront les dieux, les guerriers d’élite, les hommes, les femmes et les enfants de Midgard, les elfes et les nains, les géants, les monstres et les créatures du monde souterrain, les oiseaux et tous les animaux… Toute forme de vie ne sera plus que cendres. Il y aura une ombre à la place du Soleil, plus d’étoiles dans le ciel et la Terre s’effondrera dans la mer. Tout sera fini. Et alors tout recommencera. Des débris de l’ancien monde en naîtra un nouveau. Lentement, la terre émergera des flots. Des montagnes s’élèveront de nouveau, où l’eau se précipitera en cataractes chantantes. Au-dessus du torrent, l’aigle recommencera à planer, pour fondre soudain sur les poissons qui peupleront les flots. Comme jadis, les champs se couvriront de plantes vertes. Des épis croitront là où nulle main n’aura ensemencé. Un soleil nouveau, fils du précédent, brillera sereinement dans le ciel. Fils des anciens dieux, de nouveaux maîtres comme Vidar, Vali, Magni, Modi ou encore Hœnir régneront sur le monde, et Balder, le plus beau et le plus sage des dieux, renaîtra. Enfin, la race des hommes reparaîtra également. En effet, deux êtres humains, Lif et Lifthrasir, se seront cachés au plus profond des branches de l’arbre-monde Yggdrasill et le feu de Surt ne les aura pas touchés. Ils sortiront après la renaissance du monde et leur descendance repeuplera la terre. Il y aura de la vie, une vie nouvelle, de la vie partout sur Terre. C’était la fin, et voici le commencement.

Gabriel Schmit, dit Papa Ours

10


Quel robot es-tu ? Réponds à toutes les questions, tout en comptant combien tu obtiens de réponses par symbole. Rendez-vous à la fin du test pour connaître le robot que tu es !

Quel adjectif te définit le mieux ? Casanier Intelligent Rigolo Sage

Ton plat préféré ? Un bol de céréales multicolores La nourriture lyophilisée Tout ce qui se trouve dans une boîte de conserve Le kabsa

The big bang theory Snowpiercer The mandalorian Le jeu de la dame

Flawless de Beyoncé et Chimamanda Ngozi Adichie Je serai (ta meilleure amie) de Lorie See you again de Wiz Khalifa et Charlie Puth Willow de Taylor Swift

Ta série préférée ?

Une musique dans laquelle tu t’identifies ?

Ton âme soeur ultime ? Kev Adams Gandhi Matt Damon Lena Situations

11


Question bonus : Ta réaction face au confinement ? Tu attends le suivant avec impatience car il te reste tant à ranger ! Une autre manière de créer des projets : tu avais réussi à créer une scène chaque soir sur ton balcon pour divertir tes voisins. Tu ne l’as pas supporté ! Tu aimes trop débattre et affronter des têtes dures pour rester seule chez toi ! Malgré quelques moments difficiles, tu as tenu le cap et pour cela, bravo !

Découvre quel robot tu es ! Le symbole pour lequel tu as obtenu le plus de bonnes réponses correspond à ton robot âme-sœur !

12


: Wall-e, le robot confiné seul sur une planète avant même le covid: Solitaire, le confinement dans ton 15 m², tu ne l’as pas vu passer. Tes hobbies : ranger, trier même quand tout est propre. La seconde main et le tri sélectif n’a aucun secret pour toi et tu es également à l’initiative du compost collectif de ton immeuble. Tu as déjà conçu les plans pour construire une usine de recyclage pour les masques réutilisables de tout Paris dans les caves de ton immeuble, en cas de reconfinement. Attention tout de même aux nuisances sonores pour les voisins ! Sophia, robot femme forte qui tient la tête au reste du monde, #girlboss : Tu défends tes idéaux et valeurs coûte que coûte ! Tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, même si le monde entier semble contre toi. Tu aimes défendre qui tu es et les causes qui te tiennent à cœur, tout comme Sophia, premier robot qui a obtenu une nationalité (qui plus est en tant que femme, en Arabie Saoudite). C3PO, faire rire les autres : ta mission chaque jour : Tout comme cet homme doré, tu es (si je l’ose dire) le « bout en train » de ta classe. Cela ne t’empêche pas d’être le premier à vouloir aider et à être présent pour les autres. Tu es l’ami fidèle qu’on rêve tous d’avoir ! Opportunity, le Bon, le Docile et la Sagesse : Très « terre à terre », quand tu te lances dans un projet, tu vas jusqu’au bout. Tu te donnes toujours à 300% dans tout ce que tu fais. Tu sais que tu es unique et tu veux le prouver encore et encore ! N’hésite pas à t’économiser et à prendre soin de toi pour être performant sur la durée. Flora FIEF

13


L’ambition future Tyfenn : Les voitures volantes. Désolée mais

ça va rapidement être problématique pour les personnes qui ont le vertige, à moins qu’on invente un truc pour ne plus avoir le vertige. A réfléchir…

Raphaël V.

: Fonder la Commune impériale du Bas-Poitou, dont je serai l’Enperour-coumunét Raphaël Ier. Vendàie libre !

Cassandre

: Pousser l’Hermaphrodite hors de son incroyable matelas le temps d’une sieste ! Sorry dear…

Jeanne : Simplement pouvoir retrouver le

contact humain, quel qu’il soit, sans se poser de questions ? Ça parait fou, mais ce serait déjà un beau futur, pour 2021.

14


la plus folle ? Raphaël P.

: Déclarer tout mon amour à celle que j’aime, un peu de tendresse ne fait jamais de mal…

Laureen

: Reprogrammer l’année de ma naissance pour me glisser dans les draps de tous les grands que j’ai follement aimés par des tableaux, des poèmes et des romans… Mal du siècle, que voulez-vous…

Flora

: Trouver un stage à effectuer durant cet été (si jamais des recruteurs passent par là,

Eve : Découvrir une cité perdue bien sûr, Indiana Jones et Nathan Drake style

Marie : Créer une machine pour respirer des

parfums, comme celle dans Harold et Maude ! Ces derniers temps, mon nez masqué se sent beaucoup trop inutile…

15


Hérald’ Hic!

G

G

Les armes inclusives de la ville de Lausanne : quels seront les tenants (et les aboutissants) de l’héraldique du futur ?

Il peut sembler hasardeux de se lancer ainsi sur le terrain glissant de l’inclusivité. Je préfère en général m’éloigner de ce genre de question du fait de la violence que prend parfois le débat, autant du fait de ses défenseurs que de ses détracteurs (vroum vroum … ceci est une tentative pour détendre l’atmosphère …). Pourtant, le débat entourant les armes de la ville de Lausanne en Suisse me semble plus qu’intéressant pour se pencher sur un signe para-héraldique que nous n’avons pas encore abordé dans cette rubrique : les tenants ; et sur un exemple d’évolution d’armoiries encore en cours.

e

Revenons donc aux armes de Lausanne : « De gueules au chef d’argent ». Elles semblent assez anciennes, on les note même sur une pierre armoriée de l’hôtel de ville datée de 1454. Elles reprennent peut-être les couleurs de l’ancien évêché de Lausanne dissous en 1537 : « Parti de gueules et d’argent à deux ciboires de l’un en l’autre », mais dans ce cas il est difficile de savoir quelle armoirie a influencé l’autre ; ou de la maison de Savoie : « De gueules à la croix d’argent », dominant la ville de 1365 à 1564. Des armoiries anciennes donc et inchangées dans leur forme depuis le Moyen- Åge.

16

Sol pavé du palais de Rumine à Lausanne, armes de Lausanne et du Saint Empire Romain Germanique

Or justement, ces armes sont au cœur du débat depuis les manifestations féministes du 14 juin 2019. Alors que des milliers de femmes et d’hommes entraient en grève pour une plus grande égalité entre les sexes, dont à Lausanne, la ville modifie son logotype pour l’événement sur les réseaux sociaux en changeant un des deux lions tenant l’écu aux armes de Lausanne en lionne. Cependant, après les

GG


G

G

manifestations, le logotype revient à la normale, ce que déplore la conseillère municipale de gauche Céline Misiego dans une question à la Municipalité le 19 mai 2020. La conseillère demande à la ville de Lausanne de rendre ces « armoiries inclu- Logotype inclusif de la ville de Lausanne sives » permanentes, mais la municipalité signifie des manifestations du son refus et préfère utiliser ce logotype de façon 14 juin 2019 plus sporadique, en lien avec l’actualité et les futures manifestations féministes. Pour motiver cette réponse, la ville argue le fait que le nouveau logotype date seulement de 2018 et que la municipalité est encore en train de l’étendre à l’ensemble de ses infrastructures. Changer une nouvelle fois de logotype demanderait encore un effort financier certain, que la mairie de Lausanne ne souhaite pas effectuer, pour préférer des actions plus concrètes en faveur de l’égalité hommes-femmes.

e

Mais il serait faux en vérité de parler ici de changement d’armoiries. En effet, ces dernières restent « De gueules au chef d’argent », la seule modification porterait sur les tenants, des signes donc dits « para-héraldiques », car non contenus à l’intérieur de l’écu. D’autres de ces symboles sont par exemple le cimier, le mot emblématique (dit aussi « devise »), les manteaux de pair de France, et caetera … Pour ce qui est des supports ou tenants, il s’agit de figures tenant (comme leur nom l’indique) l’écu d’arme. Ils sont souvent animaliers, le lion étant en grande place encore une fois, ou humains (anges, demoiselles, sauvages…). Peu d’études scientifiques se sont déjà penchées sur la question, mais il semble que leur usage ait été favorisé par la diffusion de sceaux armoriés (la sigillographie est un des premiers médias de l’héraldique), en tant que motif de remplissage autour de l’écu. Leur nature purement ornementale est cependant à moduler car ils peuvent être porteurs de sens, mais sans cependant de continuité emblématique au fil du temps. On note donc de nombreuses évolutions selon le porteur des armes, le support, l’emplacement des armes…

GG

17


G

G

Mais en est-il de même pour les armoiries de la ville de Lausanne ? Ont-elles aussi connu plusieurs tenants ? Un article sur la question dans le Conteur vaudois du 16 août 1913 relève de nombreux exemples de ces armes dans la cité, supportées par des lions, mais aussi des griffons ou encore une aigle impériale (donc une aigle bicéphale, en tant que ville du Saint-Empire romain germanique). Notons déjà l’existence de débats à propos des tenants à accoler aux armes de la ville, comme le montre quelques jours plus tard, le 30 août 1913, une réponse au précédent article dans le même journal. Elle revient sur différents points, dont celui des supports en arguant que les seuls véritables supports des armoiries de Lausanne sont les lions, et non l’aigle bicéphale : « C’est par suite d’une erreur ou d’un abus qu’on s’est mis, tout récemment, à poser l’Ecusson de Lausanne sur une aigle à deux têtes. Aucun document ne justifie ce changement fantaisiste, et il est fâcheux que l’on modifie ainsi, sans aucun motif, les antiques insignes de notre ville. Cette nouveauté est à rejeter absolument. »

e

18

Cette dernière phrase est le parfait exemple du caractère réactionnaire de nombreux amateurs d’héraldique (j’ai pu moi-même avoir des réactions assez virulentes face à des armoiries modernes, confere l’Hérald’Hic! du journal n°54 Chaos Logotype de la ville de Lausanne depuis 2018 sur les armes de la ville d’Alger). Pour autant il faut rester lucide sur l’évolution de certaines armoiries tant qu’elles restent dans les règles de l’héraldique. Premièrement, il s’agit seulement ici des supports de la ville et non des armes ellesmêmes. Ceci est donc parfaitement différent étant donné le caractère changeant de ces signes para-héraldiques, parfois simplement ornementaux d’ailleurs. Pourquoi donc ne pas modifier le logotype de la Municipalité de Lausanne pour envoyer un symbole fort ? Des armes inclusives pour une ville se voulant promotrice de l’égalité hommesfemmes. Bien sûr, aux grands âges de l’héraldique, cela aurait paru peu légitime, mais l’héraldique peut évoluer, elle peut se mettre au

GG


G

G

diapason des mœurs de l’époque. Et d’ailleurs elle l’a en quelque sorte toujours fait, notamment pour ce qui est des signes para-héraldiques. C’est pourquoi il me semble que ce changement n’est pas si illégitime que cela, en termes symboliques. Car c’est de cela qu’il s’agit, bien que ma première réaction ait été de trouver étrange que certaines féministes demandent une parité jusque dans les animaux utilisés pour représenter la ville.

e

Cependant, et bien que ce changement me semble à applaudir en ce qu’il prouve aussi le caractère vivant de l’héraldique, les arguments de la Municipalité de Lausanne se comprennent parfaitement. Ne serait-il pas plus judicieux de se concentrer sur d’autres problèmes peut-être plus important concernant l’égalité hommesfemmes ? Car c’est bien joli les symboles, mais ça ne fait pas les actions. Raphaël Vaubourdolle

GG

19


i

Medjed : itinéraire du plus mignon des dieux égyptiens

i

Personne ne reprochera à l’étudiant en histoire de l’art que vous êtes de ne pas connaître Medjed. Cette étrange créature dont le nom ne vous est pas encore familier n’apparaît en effet que deux fois dans toute l’iconographie égyptienne antique, au sein du Papyrus Greenfield, daté du Nouvel Empire et conservé au British Museum. Une divinité plus que mineure donc. Mais, promis, je ne vous dérange pas pour rien. Décrit dans le texte comme un gardien invisible doté d’un regard lumineux et perçant (au sens propre, un vrai petit X-Men), notre dieu est figuré de face, sous les traits d’un discret fantôme aux grands yeux placides. An de grâce 392. Théodose interdit tout culte païen au sein de l’Empire romain. Quel futur pour le polythéisme ? Que faire lorsque l’on est un brave petit dieu égyptien, spécialisé dans la défense de la Demeure d’Osiris, qui apparaît au détour d’une page du Livre des Morts ? Quelle reconversion envisager lorsque l’on sait voler, cracher du feu et abattre n’importe qui du bout de ses yeux revolver ? Notre cher Medjed, s’il a mis un peu plus de 1600 ans à refondre son C.V., a retrouvé depuis quelque temps un avenir un peu plus clair, grâce à une nouvelle notoriété…

20


En 2012, des extraits du Papyrus Greenfield quittent le British Museum afin de participer à une exposition sur le Livre des Morts, à Tokyo. Et, lors de ce petit stage à l’étranger, Medjed a enfin une touche. Les Japonais remarquent l’étrange être au regard de braise, extrêmement instagrammable – et c’est le comble – en dépit de son absence de visage. Des photographies circulent, des fan arts peu à peu également. Nouvelle idole kawaï, le dieu est copié, repris dans des mangas et animés, et embauché comme héros de jeux pour mobiles. Les objets de merchandising le figurant sont assez innombrables. Teeshirts, figurines, broches, stickers, badges ou coques de téléphone ont fleuri en quelques années. Pour ceux à la recherche d’un gardien pour leur sommeil (pas éternel bien sûr), j’ai même trouvé la trace de peluches, mais les bons vivants parmi vous se reporteront sans doute sur les moules à gâteaux. J’ai personnellement un petit faible pour le mug, parfait pour se revigorer entre deux cours d’HGA. Aujourd’hui, la popularité d’un des dieux les plus confidentiels de l’art égyptien est toujours extrêmement vive au Japon. Le hashtag #medjed réunit plus de mille publications sur Instagram, dont des manucures, des gâteaux et des cosplays assez hilarants (plein d’idées pour s’occuper une fois dix-huit heures passées). A presque 3000 ans, et après une discrète carrière dans le panthéon égyptien, voici la reconversion réussie d’un bonhomme qui ferait presque pâlir d’envie les influenceurs d’aujourd’hui.

p

Marie Vuillemin

Sources : Rodrigo B. Salvador, “Medjed : from Ancient Egypt to Japanese Pop Culture”, Journal of Geek Studies, 2017. Disponible sur jgeekstudies.org Eric Stimson, “The Obscure Egyptian God Medjed and His Bizarre Afterlife on the Japanese Internet”, 2015. Disponible sur www.animenewsnetwork. com

21


Les Anglais vont-ils envahir la langue française ? Une question qui peut sembler hors de propos après les annonces officielles de la sortie de l’Angleterre de l’Europe. Cependant on ne peut s’empêcher de noter l’affluence grandissante d’« anglicismes » dans notre chère langue française, ce qui ne manque pas d’affoler nos puristes qui crient déjà à la mort de notre langue ! On peut cependant aborder cette « invasion » par un autre angle d’approche. En effet, une citation de Nicolas Machiavel, largement passée à la postérité, nous rappelle que « pour prévoir l’avenir, il faut connaître le passé ». Aussi devons-nous remonter un peu en arrière pour mieux comprendre d’où viennent ces mots anglais et découvrir qu’ils ne nous sont pas si étrangers que cela finalement… Tout débute en 1066 lors de la victoire de Hastings par Guillaume le Conquérant en Angleterre, revendiquant ce qu’il juge lui appartenir. Il prend le pouvoir, chasse la noblesse anglaise et la remplace par des Français. Le « vieil anglais » est alors sans aucune influence française. Il est d’origine germanique, arrivé par les conquêtes des Angles et Saxons à l’époque de la chute de l’Empire romain. Mais l’arrivée de l’aristocratie française bouleverse tout ! Les nobles parlent français, comme les rois. L’administration, la juridiction et tous les écrits sont rédigés en français, et ce jusqu’à la fin du XIVe siècle lors de l’abdication de Richard II en 1399 pendant la Guerre de Cent ans. C’est alors le premier texte royal rédigé en anglais depuis 1066 ! Bien sûr la langue française est celle de l’élite et les populations moins aisées continuent à parler le « vieil anglais », cependant dès qu’il faut nommer un nouveau concept arrivé avec les conquêtes normandes de Guillaume le Conquérant, on se tourne automatiquement vers le français. La langue anglaise assimile alors 10 000 mots à cette époque, dans les domaines militaire, juridique et également dans celui des insultes. Eh oui « bastard » ou « stupid » ont été incorporés à l’époque de la Guerre de Cent ans ! On a retrouvé des correspondances entre les dirigeants ennemis s’insultant en français et c’est ainsi que ces mots sont passés dans la langue anglaise.

22


Cette première assimilation va donc profondément modifier le « vieil anglais » qui, quand il redevient la langue prédominante vers 1400, n’est plus véritablement la même langue. C’est lors de la Renaissance que les Anglais incorporent une nouvelle vague d’environ 12 000 mots français. Elle devient la langue des élites à travers toute l’Europe surpassant le latin grâce à l’impulsion des poètes de la Pléiade par exemple qui, à cette époque, travaillent à lui donner ses lettres de noblesse. En parallèle, les Anglais assimilent aussi énormément de mot latins de façon directe souvent en n’apportant que peu de modifications sauf pour simplifier la prononciation. Ce sont particulièrement les artistes et les scientifiques qui initient cette incorporation linguistique. L’anglais s’enrichit alors de mots français des domaines scientifiques et artistiques principalement mais aussi de celui du sport. Remercions Shakespeare, auteur bilingue, ayant importé un grand nombre de mots français tels « obscene », « agile », « pedant », etc. Après la Renaissance et jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale, environ 3 000 mots français passent encore la Manche. Ce sont beaucoup de ces expressions toutes faites dont on garde l’accentuation française, une mode très appréciée du 18e siècle jusqu’à la fin du 19e siècle, tels que « faux-pas », « déjà-vu », « amuse-bouche » parce que ça fait « chic ». On trouve aussi beaucoup de mots à caractère plus érotique ou romantiques comme « ménage à trois », « agent provocateur » ou « fiancée ». Le vocabulaire de la danse classique est également presque incorporé tout fait avec « the pas de deux », « the chassé » et avec parfois quelques modifications comme pour « choregraphy » ou « rythm ». Enfin c’est lorsque la France devient un incontournable de la mode que les derniers mots français passent la manche comme « bustier » ou « bikini ». Sur le plan linguistique, l’apport français se distingue en plusieurs catégories : - Les mots tout-fait, importés sans véritable changement linguistique en gardant même l’accent français qui sont surtout importés à partir du 18e siècle. - Les mots simplement prononcés à l’anglaise : « fruit », « silence », « dialogue », « science », etc. - Les mots légèrement modifiés car leur prononciation était trop peu « anglaise » et que certains sons français n’existent pas en anglais. Ils

23


restent cependant facilement reconnaissables comme pour « blue ». - Les mots plus modifiés moins reconnaissable au premier regard comme « foreign » qui vient du vieux français « forain ». Cette dernière catégorie nous amène également à jeter un œil aux « anglicismes » que nous prenons pour des mots purement anglais. Que nenni cependant ! Beaucoup comme « tennis », « people » et « bacon » sont en réalité des mots qui ont fait un « aller-retour ». Ces derniers puisent en effet leurs racines dans le vieux français et ont été profondément modifiés pour ensuite revenir et nous faire croire à leurs pures souches anglaises ! « People » vient de « peuple », « bacon » du mot « bacon » (prononcez à la française) qui voulait dire « viande » ou « bœuf ». « Tennis » lui, vient du verbe conjugué à la deuxième personne du pluriel « tenetz », l’ancêtre de notre « tenez » que l’on criait au jeu de paume. Rassurons donc nos chers puristes français : l’anglais comprend 25 000 mots français environ, sans compter tous les mots dérivés comme « creamy» de « cream » venant du mot crème. S’ils étaient comptés, le ratio de mots français en anglais atteindrait 200 000 mots… contre 500 mots anglais en français dont, rappelons-nous, la moitié n’a fait que revenir modifiée. Aucune crainte d’invasion à l’horizon donc, les Anglais sont simplement de meilleurs lecteurs de vieux français que nous ! Cassandre BRETAUDEAU Bibliographie : https://www.lexpress.fr/culture/livre/ honni-soit-qui-mal-y-pense_804257.html Interview d’Henriette Walter, linguiste. htt p s:// w w w.l ef iga r o.f r/ la ng u e-f ra n c a i s e/a c t u- d e s- m ot s/a nt h o ny-lacoudre-le-francais-a-litteralement-envahi-la-langue-anglaise-20190915 Interview d’Anthony Lacoudre Notes de travail du TPE de 1ère

24


Le chauve est l’avenir de l’homme Ou comment apprivoiser sa calvitie future en compagnie de Synésios de Cyrène Qui dit futur dit extraordinaires voyages dans le fond des âges. Cher lecteur avide, je te sens frissonner de l’autre côté du papier, serrant le Louvr’Boîte sur ton cœur, attention… Mais quel futur au juste ? Notre ami Synésios de Cyrène se propose d’en aborder un aspect tout à fait original qui, s’il ne concerne manifestement pas encore nos jeunes petites têtes blondes d’étudiants, commence quoique peu à peu à étendre son spectre sur le crâne de ces messieurs, les années inexorablement creusant leur ornière… La parfaite nudité du crâne, le cuir chevelu étique et désertique, j’ai nommé la CALVITIE.

O

Il fut un temps - lointain, du haut de mes quelques années de 1A - où mon frère aîné m’assénait avec fougue, vigueur et arrogance que j’avais des « cheveux chauves ». J’ai grandi avec cette idée que ma part d’unicité dans ce vaste petit monde tenait au fait que je possédais ces cheveux très longs et ce front très grand tout à la fois, en deux mots plutôt qu’en un, en sublime oxymore très vivant, ces « cheveux chauves ». Aussi, lorsque ce petit Éloge de la calvitie m’est tombé entre les mains, j’y ai vu un ouvrage pour moi (même si j’ai redouté le regard de jugement du bibliothécaire lors de l’emprunt, c’est vrai). Un petit ouvrage du IIIe siècle ap. J.-C., te rendstu compte cher lecteur ? Cette problématique traversait donc à ce point les âges, et angoissait depuis la nuit des temps les plus reculés. Après avoir parcouru la chose, je dois avouer que je passe encore quelques heures à sagement et passionnément méditer dans mes instants de solitude latriniens sur la raison pour laquelle ce petit bidule littéraire aussi inclassable que mes chaussettes Klimt a été édité dans la collection des « Grands textes de l’Antiquité ». Je suis néanmoins tout à fait admirative de ce petit bonhomme de Synésios qui, capable du seul trait de sa plume de transformer son complexe capillaire — ou plutôt, acapillaire — en oeuvre in

25

O


O

O

sensée et profonde, s’inscrirait aujourd’hui tout à fait dans la mouvance body positive. Lire ce petit éloge de la calvitie, qui compare les chauves aux astres et aux sages, qui définit l’absence de poils comme le degré suprême de l’intelligence, c’est s’interroger sur la grande sagesse que manifesteraient donc nos chers postérieurs rebondis et imberbes. Lire Synésios, perdu dans une envolée lyrique, dresser un parallèle entre les phases de la lune et les phases de dégarnissent progressif du chauve (si si, il y a vraiment ça), c’est se demander s’il n’y était pas un petit peu, dans la lune, ce brave auteur. N’aurait-il pas perdu la boule, notre chauve préféré, notre chauve qui sourit, grattant son manuscrit à la lumière des bougies ?

Guère point, lecteur, n’aie crainte. Synésios est tout à fait conscient qu’il écrit sous tes yeux ébahis un contenu plus ou moins insensé. Notre cher bonhomme s’adonne en fait à l’exercice de l’éloge paradoxal, parfait pour exercer sa rhétorique et montrer l’étendue de son savoir-faire langagier. La chose est assez fréquente à l’époque, preuve en est que ce petit texte de Synésios répond à un éloge de la chevelure, rédigé par son maître Dion Chrysostome (bouche d’or, et non pas car il affectionnait le chewing-gum). Seule compte donc la forme, guère vraiment le contenu. Finalement, n’est-ce pas ce que je suis en train de rédiger sous tes grands yeux ébahis ? Un article de calvitie, un article un peu capillotracté, mais que tu as lu dans son intégralité. Tant de dévouement me touche et m’honore. Cher lecteur, du haut de ce tout petit traité pas très savant et assez déjanté, dix-sept siècles te contemplent, les yeux dans les yeux. Allez, vu sa maigre petite épaisseur, ne fait pas l’impasse sur la lecture de ce chef-d’œuvre de poche, qui te donnerait presque envie d’être jeune plus tard. - Marie Vuillemin

26

Synésios de Cyrène, Éloge de la calvitie, Editions Arlea, 2003.

U


CREDITS couverture : © eve tahir p.2 : © TheDigitalArtist sur Pixabay.com p.3 : sur pxhere.com p.4 : © Alex Azabache sur pexels.com p.7/10 : © Gabriel Barnagaud p.11 : © Lilou Feuilloley p. 12 : © Lilou Feuilloley p. 14/15 : © Melissande DUBOS p. 16 : Sol du palais de Rumine, © Michel Krafft p. 17 : Logotype inclusif de la ville de Lausanne des manifestations du 14 juin 2019 sur https://popvaud p. 18 : Logptype de la ville de Lausanne depuis 2018, Wikimedia Commons p. 20 : © Melissande DUBOS p. 21/24 : © Kurious sur pixabay.com

27



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.