LB n°42 : Végétal/

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édito

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Hayao Myazaki

Articles La Fleur Nouvelle

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ou la Nature Racontée

10 Flower power,

statices, aralias, philodendrons et caoutchouc

Arbres et pixels la place du jeu dans le jeu vidéo

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Le portrait de fleur chez Claude Monet

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L’interview

Association Marché de l’Art Ecole du Louvre

19 Rubriques

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FFP

Vegan : à la vie, à la mode

Petit

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Sexo

Test

Quelle fleur êtes-vous ?

traité de fortification naturelle

Review insta Pendant l’été...

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Comment végétaliser vos sextos

L’instant PAM !

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Le choix de la rédac

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Mots-fléchés


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Après avoir en avoir vu des vertes et des pas mûres le Louvr’Boîte revient pour une nouvelle année ! Si vous croyez qu’on avait peur, c’est faux, on a juste donné des vacances à notre coeur, un peu de repos. On est de retour, plus motivés que jamais : le journal fait peau neuve, avec une nouvelle équipe, et se transforme pas à pas en une start-up (#pasdesfainéants). Mieux que la cure de vitamines pour redémarrer l’année, le Louvr’Boîte sert de véritable soutien moral ce mois-ci. Car si la brume s’installe petit à petit sur la ville, que les rhumes se propagent, que l’époque des mojitos est finie, avec ce numéro tout en vert, on vous propose de sortir un peu de la grisaille parisienne automnale. Pensez printemps les amis ! Les végétaux sont mis à l’honneur dans ce numéro, et même si vous n’avez pas la main verte, il paraîtrait que ce soit la bonne saison ! (enfin de Mars à Octobre du moins). Elise Poirey

Neuvième année. N°42. 0,5 €. Directrice de publication : Sophie Leromain. Rédactrices en chef : Élise Poirey et Yvine Briolay. Relecture : Camille Giraud et Salomé Moulain. Maquette : Lisa Fidon. Couvertures : Yvine Briolay.

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Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Anaïs Achard, Inès Amra, Yvine Briolay, Clémentine Canu, Lisa Fidon, Elise Gibaux, Camille Giraud, Bastien Hermouet, Sophie Leromain, Lucille Lidy, Yohan Mainguy, Salomé Moulain, Ivane Payen, Elise Poirey, Lise Thierion, Morgane Vitcoq.

École du Louvre, Bureau des Élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 Paris cedex 01 louvrboite.fr Tél. : +33 (0) 1 42 96 13. Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : instagram.com/louvrboite ISSN 1969-9611. Dépôt légal : octobre 2017 Imprimé sur les presses de l’École du Louvre (France). Sauf mention contraire, © Louvr’Boîte et ses auteurs.


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La Fleur Nouvelle Neavi  Elise 

Si je vous dis un mélange entre mère Nature et Tim Burton, vous me répondez… Art Nouveau, bien joué ! Ce courant artistique qui est apparu et a disparu plus vite que Pokémon Go (ou presque, étant donné qu’il a globalement duré une dizaine d’années) se caractérise entre autres par le recours fréquent des artistes à la ligne courbe et aux motifs végétaux, en particulier en France et en Belgique, mais aussi dans d’autres pays d’Europe.

On sait tous à quoi ressemble une fleur, c’est une tige, parfois des feuilles et au-dessus un cœur et des pétales. En gros. Mais c’est aussi un élément naturel, auquel la nature a donné un souffle vital qui lui permet de naître d’une graine, de s’épanouir en ouvrant ses pétales, et enfin de mourir en se fanant lorsque l’élan vital en question s’est essoufflé. Je parle d’une fleur parce que je pense aux bouches de métro dessinées par Guimard dont l’ouverture est surmontée de deux fleurs hybrides dont le cœur orange est pourvu d’une lampe censée éclairer les passants, mais je pourrais tout aussi bien parler d’une plante grasse ou d’une anémone de mer. Ce qui compte pour les artistes, c’est de s’inspirer de cet élan vital insufflé aux plantes, ainsi que des lignes courbes qui les caractérisent (qu’il s’agisse des pétales, de la tige ou des feuilles).

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Alors oui, les fleurs et autres plantes et lignes que l’on trouve dans l’Art Nouveau sont franchement fantaisistes si on les compare à leurs modèles. On cherche encore le modèle des meubles de la chambre à coucher Nénuphars de Majorelle d’ailleurs (si vous l’apercevez, merci de prévenir la rédaction au plus vite). Mais il suffit de jeter un œil aux Formes artistiques de la nature (« Kunstformen der Natur » pour les germanistes) d’Ernst Haeckel pour se rendre compte que ce qui est recherché par une partie des artistes, c’est la nature dans ce qu’elle a de plus étrange et atypique à nous offrir. Pendant un long voyage en Corvette, Haeckel observe et dessine une multitude d’organismes et de plantes dont il publie les dessins dans l’ouvrage cité ci-dessus. On peut alors observer des dessins tous plus fantaisistes les uns que les autres, avec l’impression de voir des créatures sorties tout droit d’un

univers fantastique ou du frigo d’un étudiant abandonné (le frigo, pas l’étudiant, quoique…) depuis plusieurs années. Haeckel lui-même disait qu’il y avait plus de fantaisie dans la nature que dans l’imagination des hommes. Bien que ces travaux aient été de nature purement scientifique, des artistes comme René Binet s’en sont inspirés, notamment pour créer la porte de l’Exposition universelle de 1900 qui a eu lieu à Paris.


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Ce sont les formes les plus fantaisistes qui inspirent les artistes pour créer des vases, des ensembles de meubles ou encore des structures urbaines. Le végétal et ce qu’il recèle de plus merveilleux (dans tous les sens du terme, celui qui se réfère aux contes de fées ainsi que celui qui exalte une certaine beauté, ici celle du souffle vital) ont marqué les artistes, les Européens qui, le temps d’un battement de paupières, ont vu émerger des structures asymétriques et des objets tout en courbes dans la création artistique. Cet éclair fugace qu’a été l’Art Nouveau a, malgré tout, laissé une marque dans le paysage, ne serait-ce qu’avec les bouches de métro - le simple mot de bouche évoquant une créature prête à nous

avaler dans les entrailles de la terred’Hector Guimard, les maisons d’Antoni Gaudi à Barcelone, ou encore la colonie d’artistes de Darmstadt. En bref, malgré le fait que la recherche de l’inspiration dans les formes de la nature ne soit pas nouvelle, le snap artistique qu’a été l’Art Nouveau a indéniablement permis de renouveler cette inspiration ainsi que la création de formes originales à partir d’une source d’inspiration maintes fois utilisée. On aime ou on n’aime pas, en tout cas on s’en souvient, et force est de constater que peu de courants artistiques, qu’ils aient duré longtemps ou non, ont eu autant de force dans l’esprit des hommes.

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Hayao Miyazaki

ou la nature racontée Salomé Moulain  Déborah 

Imaginez-vous un plan de terre vierge, récemment retournée. Pensez à cet arbre immense devant vous. Tournez autour de ce plan de terre puis voyez ces petites graines sortir du sol, grandir, pousser, se transformer en forêt. Et voilà, vous avez Totoro et son parapluie, la nuit, devant la forêt. Cette scène, de Mon voisin Totoro des studios Ghibli, on l’a tous en tête. Elle a marqué une génération entière dans son appréhension de la nature et plus particulièrement de la forêt.

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Le végétal, dans les œuvres d’Hayao Miyazaki, il y en a foison, que ce soit sous terre dans Nausicaä de la Vallée du Vent, à la surface dans Princesse Mononoké ou dans les airs du Château dans le ciel. Il permet d’incarner dans ces films une immensité indomptable. Il reprend possession de son territoire légitime dans Nausicaä, par la forêt toxique appelée Fukai. Véritable révolte face à l’humain destructeur et envahisseur. La végétation représente ainsi cette force naturelle qui vient rééquilibrer les balances. Elle détruit dans Nausicaä mais incarne également le renouveau car elle purifie en même temps. La nature chez les Studios Ghibli a souvent un caractère double, à la fois fragile et puissant. Dans Princesse Mononoké, la forêt a une ampleur gigantesque, elle parle aux êtres qui l’habitent. Ashitaka, héros de l’histoire tente de la protéger comme il peut, mais c’est la forêt


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Le végétal est incarné par ces êtres mystiques, parfois bienveillants et d’autrefois destructeurs. On assiste à des démonstrations d’une force destructrice mais en même temps créatrice, ainsi de la végétation fleuri sous les pas du dieu-cerf mais dépérit lorsqu’il s’en éloigne. Il a un droit de vie et de mort sur cette forêt, pouvoir extrêmement puissant. On alterne alors entre une nature pure, comme l’étang du dieu-cerf ou la grotte souterraine de la Fukai et une nature monstrueuse, mortelle chez Nausicaä, vengeresse chez Princesse Mononoké.

qui fini par s’attaquer aux humains, dans un mécanisme de défense, à travers le dieu-cerf, esprit de la forêt meurtrie. Dans Mon Voisin Totoro, c’est elle qui protège grâce au fantastique Totoro, peluche géante qu’on a tous rêvé d’avoir dans notre jardin un jour, un esprit de la forêt beaucoup moins effrayant (quoique, quand il sourit il peut être flippant).

La présence de la forêt se trouve dans une majorité des films de Miyazaki, et souvent en tant que personnage à part entière. La description des paysages, des montagnes et des forêts a une place privilégiée dans ses films. Les plantes, les plans d’eau et les arbres sont très souvent montrés en gros plans, pour souligner leurs petits détails. On voit les différentes plantes toxiques de la Fukai dans Nausicaä, l’arbre de Totoro, et puis la végétation du Château dans le Ciel et la ville engloutie au fond de ses eaux. Le

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végétal apparaît à l’écran avant les personnages principaux, les forêts sont systématiquement présentées par de lents plans silencieux, souvent longeant verticalement les arbres, mais aussi par un panorama horizontal qui balaye le paysage. Miyazaki lui-même a confirmé que c’était bien cette description fournie de la nature qui caractérisait les films des studios Ghibli. Il veut y montrer la puissance et la beauté de la nature que nul ne pourra dompter. Ses films sont généralement axés sur la question de la cohabitation entre la nature et les hommes, sujet aujourd’hui très actuel mais qui était déjà très présent dans Nausicaä sorti au Japon en 1984.

La culture japonaise encore aujourd’hui, est remplie de croyance concernant la nature. L’archipel nippon est en effet constitué en grande partie de montagnes et de forêts qui sont supposées regorger d’esprits de toutes sortes. Ce sont de ces croyances qu’ont été inspirés nombre des films de Miyazaki et qui sont très axées sur une harmonie entre les Hommes et la nature. Au final on a une morale assez constante, comme quoi la nature, malgré toutes les offenses qu’elle a pu subir, nous surpassera tous, comme le montre la végétation du Château dans le Ciel qui a repris le dessus sur les constructions humaines. Sheeta, l’héroïne du Château dans le Ciel, résume bien la pensée miyazakienne : « Plonge tes racines dans la terre, laisse nous vivre avec le vent, passe l’hiver comme les graines et chante au printemps comme les oiseaux ». NB : Nausicaä de la Vallée du Vent est sorti avant la création des studios Ghibli mais fait tout de même partie du catalogue des studios.

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Arbres et pixels

la place du végétal dans le jeu vidéo

Morgane Vitcoq  Anaïs  Elise 

Nul besoin d’être un gamer chevronné pour parler de jeu vidéo. Nul besoin non plus d’avoir la main verte pour parler de plantes. Cela tombe bien, je n’ai pas dépassé les 10 minutes de jeu sur Skyrim et je suis incapable de garder un cactus en vie. Et pourtant ! Le végétal, bien qu’on ne s’en aperçoive pas toujours, occupe une place primordiale dans le monde vidéoludique.

Petit passage en revue de ses différents aspects: *Quand le jeu te demande de jardiner* Eh oui, easy as pie, des jeux sur le thème du jardinage, il y en a, et pas qu’un peu. On peut par exemple parler des jeux « casual » (dits « cazu » par celui qui méprise Candy Crush Saga), comme Farmville. Ce jeu, qui se joue sur Facebook, et dont le principe est de faire fructifier sa ferme avec l’aide de ses amis, m’a valu, comme à nous tous, de bien trop nombreuses notifications lors de mon année de 3ème. Heureusement, je me fendrai d’un petit #époquerévolue. Mais on peut également citer Animal Crossing (Wild World, Welcome to the City, New Leaf, on sait que tu les as tous). Dans ce jeu, bien que jardiner ne soit pas le but premier, on passe tous notre temps à aller vendre des pommes à Tom Nook. Au passage, petit tips pour gagner le concours annuel du plus beau jardin à la déloyale : voler toutes les fleurs de ses voisins et les replanter autour de sa propre maison. Testé et approuvé, arrosoir indispensable. Du même acabit, les Sims permet

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de créer un jardin. Ici, la seule limite à la création est l’imagination du joueur et le compte en banque du Sims (si tu connais pas #motherlode¹). Rien n’interdit alors la création d’un deuxième Versailles sur ton ordinateur. Si vous avez cru que je ne parlerais pas des simulateurs allemands, c’est raté. Farming Simulator (#jeufavoridetouslestemps #j’aimêmedesautocollants) permet de gérer sa ferme de manière très réaliste. Vous devrez vous occuper rigoureusement des travaux des champs, et notamment de la conduite de la moissonneuse batteuse. Et pour des jeux réalistes jusqu’au bout, sachez qu’un jeu sur Nintendo DS s’appelle « Jardin en Folie, et si vous aviez la main verte ? » et vous donne des leçons de jardinage à appliquer IRL². Je pense personnellement que suivre notre tuto (à retrouver dans ce numéro) sera plus efficace, mais au moins, ça a le mérite d’être ludique.

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*Quand les plantes prennent le contrôle* Jeu découvert lors de la rédaction de cet article pour ma part, Eternal Sonata se déroule dans l’imaginaire de Chopin, qui détestait les légumes. D’où le fait que les ennemis se matérialisent sous la forme d’artichauts, choux, carottes et autres poireaux. Quand la bouffe se rebiffe… Dans la lignée des végétaux animés, on peut évidemment citer Plantes Vs Zombies. Chassez les zombies de votre jardin avec vos armées de tournesol et de tulipes ! Ambiance chatoyante, assez décalée, c’est un jeu très agréable pour un moment de détente. En plus, les fleurs lancent des rayons lasers. Le voici, le voilà, le tant attendu et si classique SUPER MARIO BROSS. Comment parler de la végétation dans le jeu vidéo sans le citer ? Les goomba, les champignons, les plantes carnivores, les fleurs de pouvoir … La végétation est partie intégrante du jeu ! Elle change d’ailleurs avec le décor, d’un monde à l’autre. Dans Super


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Mario Bross DS, le monde 2 est par exemple celui du désert, dans lequel on peut trouver des sortes de cactusboules. Dans le monde 3, le monde aquatique, de nombreuses algues peuplent les niveaux. D’où l’importance des végétaux pour créer une ambiance et un décor cohérent. *Les végétaux dans le décor* En effet, le décor d’un jeu vidéo va passer par son environnement, et donc par sa flore ! Le choix des essences et des types de plantes est primordial pour créer une ambiance, et donc dans le déroulement du jeu. Dans le désormais célèbre The Legend of Zelda: Breath of The Wild (#excellence #beauté), le végétal participe de l’atmosphère du jeu: plus feutrée dans la forêt Korogu, étouffante dans le désert Gerudo, etc.

Parfois, l’environnement semble prendre le pas sur le jeu, au sens littéral comme au sens figuré. C’est le cas dans Child of Light, RPG disponible sur PlayStation, dont l’atmosphère douce et contemplative est véhiculée par le fait que le décor (et essentiellement le décor végétal) passe parfois au premier plan, masquant un bref instant le personnage. Cette végétation indique d’ailleurs particulièrement bien si l’endroit qu’on s’apprête à explorer est dangereux ou accueillant. Petite mention spéciale pour ce jeu, qui, loin d’être très difficile, permet justement l’exploration du milieu et l’appréciation de l’histoire, dont les dialogues sont écrits en alexandrins. Eh ouais. Comme quoi, il n’y a qu’un pas entre un bon design végétal et un peu de poésie.

{ } ¹ un des nombreux cheatcode qui permet de gagner des simflouz

² In Real Life : dans la vraie vie

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Flower power, statices, aralias, philodendrons et

caoutchouc la Loire. Se côtoient alors dans ce domaine, œuvres temporaires et œuvres permanentes comme par exemple un œuf d’Andy Goldsworthy.

Salomé Moulain 

Cet été au domaine de Chaumont sur Loire se déroulait comme tous les étés (enfin un peu plus longtemps, d’avril à novembre) le Festival International des Jardins. Ce festival réunit un grand nombre d’artistes pour réaliser une trentaine de jardins sur le thème qui cette année s’intitulait « Flower Power, le pouvoir des fleurs ».

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On peut imaginer l’ampleur de l’exposition de ces jardins éparpillés dans le domaine du château qui surplombe le lit de

C’est tout un travail de scénographie qui est mis en œuvre, réunissant paysagiste, architecte et artiste. On doit ainsi savoir choisir les fleurs, leur couleur, leur parfum mais cela requiert aussi un certain sens de la composition et de la mise en scène qui apporte des ensembles particulièrement réussis. En marge de ce festival, sont exposées des installations sur le même thème réalisées par des artistes contemporains. Une installation de Rebecca Louise Law notamment, dans les écuries du château s’inspire d’une ancienne tradition française. Cette artiste britannique, spécialisée dans les matériaux naturels, s’interroge sur le caractère éphémère de la fleur. Elle souligne le paradoxe de fleurs permanentes en réalisant


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Installation de Rebecca Louise Law

des guirlandes de fleurs séchées, en grande partie des statices de couleurs différentes avec des roses. Ces guirlandes, suspendues à la charpente des écuries créent un univers très féerique. Dans une autre optique, l’artiste Sam Szafran expose ses aquarelles dans le château. Cet artiste, un peu monomaniaque sur les bords, a pour particularité de représenter quasi exclusivement des escaliers et des plantes. Ces deux sujets, quoique paraissant complètement opposés, se trouvent pourtant en correspondance dans ses œuvres. Il ne les représente pas ensemble mais alterne entre séries de feuillages et séries d’intérieurs avec escaliers. On retrouve notamment souvent l’univers de son atelier, qu’il habite depuis plus de 40 ans installé dans une ancienne fonderie à Malakoff. Cet atelier – oh, grand étonnement ! comporte des escaliers et des plantes. Un escalier en colimaçon qui ne

mène nulle part, une échelle en bois, des philodendrons, une verrière, on retrouve exactement ce qu’il représente dans ses œuvres. Un immense établi sur lequel sont rangés des pastels par couleur annonce l’ampleur de son travail. Sam Szafran utilise de nombreux médiums, il a abandonné assez tôt la peinture dès qu’il a découvert le pastel, mais travaille également l’aquarelle et le fusain. Ses œuvres les plus connues illustrent des feuillages immenses sur de grande feuilles de papier, qui sont représentés dans une verticalité accrue. On pense à des serres, généralement une verrière est présente, mais parfois il n’y a pas de contexte, juste des feuillages à foison.

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On sent chez Sam Szafran une certaine vibration dans ses plantes, il aime imaginer des philodendrons, mais aussi des aralias ou encore le ficus elastica, ou comme on dit plus souvent, le caoutchouc (l’arbre évidemment). Au premier abord, ses plantes paraissent réalisées de façon complètement aléatoires sur la feuille, mais un ordre se retrouve, les feuilles sont organisées, méticuleusement représentées. Cet ordre dans le désordre fait écho au désordre dans l’ordre qu’on remarque dans ses escaliers. Ceux ci, dans une réflexion inverse, paraissent droits, ordonnés, alors que la perspective n’est pas respectée, que le plat n’est pas si plat. Des ombres parfois sont illustrées dans ses compositions pour déséquilibrer le tout. Sam Szafran représente le végétal dans une prouesse de simplicité et de préciosité en même temps.

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Dans son exposition à Chaumont-sur-Loire, sous titrée « Arborescences », Sam Szafran redéfini le végétal. Il s’approprie cette nature pour la transformer en cascade végétale. Souvent,

dans ces cathédrales de verdure, Szafran introduit un personnage, généralement vêtu de rouge ou orange, sa femme Lilette, assise, témoin pour montrer l’échelle démesurée de ses compositions. Une autre manière ici, de préserver ce jardin végétal de manière pérenne.

Sam Szafran


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Le portrait Bastien Hermouet 

Lise 

On dit nature morte mais sans vouloir divulgâcher, à part les fleurs on ne compte chez Monet que quelques petits faisans morts, qui ne sont ni très vegan ni même vraiment végétaux d’ailleurs. Pour ce qui est du reste, un étudiant très brillant de notre école a parlé de portraits de fleurs. Et c’est bien là tout l’enjeu de la peinture de fleurs chez Monet, leur donner un statut équivalent à l’humanité, réhabiliter ce qui fut trop longtemps un simple ornement. Les

récents travaux d’Emanuele Coccia en sont le pendant philosophique. La plante, et donc la fleur, trop longtemps reléguée à la frontière du champ cognitif, est ramenée au centre, valorisée pour elle-même.` Chez Monet elle cesse d’être un décor pour la figure humaine, cette dernière ayant d’ailleurs été éjectée de sa peinture dès la fin du XIXe siècle. La plante, majestueuse, sculpturale, prend la première place dans un art qui affiche de plus en plus une ambition différente de la peinture académique. Le Portrait de Suzanne aux soleils en est en quelque sorte le manifeste. À une époque où la peinture de Monet flirte avec le symbolisme, le

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de fleur chez Claude Monet

peintre imagine une toile poétique où la belle-fille s’efface dans l’arrièreplan obscurci tandis que la branche de tournesol, presque animée, sortant de son vase, brille de mille feux pour attirer notre regard.

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Si on reconnaît facilement à l’animal une activité, la possession de

sentiments, de sensations, la plante est généralement vue comme inanimée, « végétative ». Elle est le plus bel ornement de la nature mais n’est justement réduite qu’à cela. Monet par la peinture et Coccia par le texte, à un siècle de distance, renversent cet état des choses. La plante est digne de pensée, digne d’être représentée


Végétal pour elle-même. Si Monet représente dans la première partie de sa carrière des bouquets dans ce qu’ils ont de plus commun, il supprime peu à peu tout fond pour laisser à la fleur l’occasion de se déployer dans toute sa verve, tant spatialement que chromatiquement. Les bouquets se monumentalisent, les vases, choisis avec soin, n’ont d’autre but que de révéler la beauté des fleurs qu’ils accueillent. Puis ces fleurs quittent le monde humain pour retourner à la terre. La manière dont Monet envisage la fleur ne trouve aucun équivalent dans la peinture occidentale malgré une riche histoire de peinture florale. Une des grandes influences du peintre est Hokusai ; qui a livré une série étonnante pour l’œil européen où il pose son regard sur une branche d’une plante fleurie. Par un cadrage resserré, il est à l’opposé de la finitude du bouquet occidental, il suggère au contraire tout l’aspect continu de la nature, aspect renforcé par le dialogue que ces plantes exercent généralement avec un couple d’oiseau. Monet a copié ces cadrages audacieux. Sans s’arrêter à l’aspect formel, merveilleux en lui-même, Monet reprend aussi à son compte la manière d’envisager la plante, comme un organisme vivant et noble, peutêtre même de loin supérieur à l’homme. Parmi les centaines de tableaux représentant le jardin de Giverny, nombreux sont ceux qui s’arrêtent sur un iris, une agapanthe, un nymphéa. Avec la même intensité que Manet dans ses portraits, Monet représente la fleur à mi-chemin entre la stricte individualité et l’allégorie d’une nature qui reste plus puissante que tous les hommes en cette époque d’industrialisation croissante. Les fleurs de Monet sont aussi ses enfants, dans son jardin il se fait démiurge, créateur d’un monde fini, d’un microcosme où sont réunies les plus belles formes végétales. Si Giverny est un nouvel éden, ni Adam ni Eve ne le parcourent, seules les fleurs en sont les véritables occupantes et maîtresses.

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’interview

Association Marché de l’Art Ecole du Louvre Ambre Tissot et Noé Fagnoni

Elise 


Tout d’abord présentez-vous (Nom, Prénom, âge, année à l’EDL, cursus, spécialité, situation conjugale, groupe sanguin, etc.) : Ambre : Je m’appelle Ambre Tissot, j’ai 22 ans et je suis en Master 2 Marché de l’Art à l’Ecole du Louvre, donc autant dire bientôt à la retraite. J’effectue en parallèle le cursus associé avec la faculté de droit Jean Monnet. Durant feu ma licence, j’ai suivi les cours de spécialité XIXe siècle (Philippe Thiebault à jamais dans mon cœur). Noé : Hello Yvine ! Alors, je suis en 2ème année d’HGA à l’École et en 3ème année de spécialité Histoire du Cinéma (avec toi d’ailleurs !) En parallèle de l’École, je suis aussi en deuxième année de Droit à Paris II Panthéon-Assas.

En quoi consiste MAEL et quelles seront vos activités / actions ?

aux élèves une bonne base de connaissances pratiques, et leur permettre de vraiment voir les rouages du marché de l’art. Concrètement, nous organiserons des afterworks, des visites et des rencontres de lieux clés du marché de l’art (foires, galeries, maisons de vente, résidences d’artistes), ainsi qu’un cycle de conférences qui naîtra en novembre. Noé : Marché de l’Art - École du Louvre est le tout premier club de l’Ecole qui réunit aujourd’hui ceux qui feront le marché de l’art de demain ! Notre objectif est de permettre à tous ceux qui partagent un intérêt pour le marché de l’art d’aller à la rencontre des acteurs par des visites, des conférences et des afterworks. En adhérant (5€ de cotisation à la borne du BDE), les membres du Club MA-EL intègrent un réseau grandissant d’étudiants et de professionnels du marché. Nous nous chargeons de trouver des lieux inspirants, toujours en lien avec les grandes institutions du marché de l’art et les étudiants n’ont plus qu’à profiter des rencontres qu’ils feront !

Ambre : MAEL est un club de l’École du Louvre ayant pour objectif d’être un médiateur entre les élèves intéressés par le marché de l’art et leur futur sphère professionnelle. Nous avons pour Quand et comment vous est-venue ambition de leur donner un aperçu l’idée de l’association MAEL ? des pratiques et des enjeux liés à la Ambre : C’était au gala du BDE, diffusion et à la commercialisation l’année dernière. C’est là que j’ai des œuvres d’art. On veut offrir

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rencontré Noé, qui m’a fait part de son envie de constituer un réseau entre les élèves de l’École qui ne voulaient pas forcément être conservateurs ou médiateurs. Je portais un costume de Cléopâtre très bling-bling, donc j’ai été étonnée que Noé me prenne au sérieux quand je lui ai dit que j’étais intéressée par son projet. Quelques verres plus tard, on trinquait à la santé du club Marché de l’Art. Et puis, le lendemain, l’idée nous paraissait toujours aussi bonne. On y a réfléchi tout l’été, et à la rentrée, on s’est lancé ! Noé : Excellente question ! (Rires) En première année, j’avais voulu créer un fond d’investissement en art contemporain qui soit uniquement financé par les étudiants de l’École. Énorme échec. Personne ne voulait investir dans l’art « à notre âge ». Mais lors du Gala de fin d’année, j’ai fait la rencontre imprévue d’Ambre. Au bout de 10 minutes, nous avions notre plan d’attaque pour lancer la première association consacrée au Marché de l’Art !

A travers cette association, vous mettez un pied dans le monde du travail du marché de l’art. Je suppose que c’est dans ce domaine que vous voulez travailler, d’où vous est venu ce goût pour le marché de l’art ? Passion depuis l’enfance, découverte à l’EDL ou pression des parents ? Ambre : Inspiration divine ! Franchement je ne sais pas d’où m’est venue cette idée farfelue. Je n’avais jamais fréquenté de galerie ou de maison de vente avant d’entrer à l’Ecole du Louvre. En tout cas, depuis le collège, je sais que j’ai envie de travailler dans le monde des ventes aux enchères. D’ailleurs j’ai fait mon tout premier stage au sein de l’étude Pierre Cornette de Saint Cyr. Noé : Haha mes parents ne sont pas du tout dans le marché de l’art ! Mais je dois bien admettre que je m’y intéresse depuis… la seconde. Depuis mon TPE sur le marché de l’art, cette passion n’a pas cessé de se renforcer.

Avez-vous fait des stages intéressants ou des expériences qui vous ont donné l’envie de monter cette asso / de faire ce métier ?

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Ambre : J’ai fait plusieurs stages durant mes études, mais le plus instructif a sans doute été celui que j’ai fait auprès de la galerie


Yves Gastou l’année dernière. Ça m’a vraiment donné envie de m’intéresser au marché dans sa globalité, et pas seulement à la période dans laquelle j’étais spécialisée.

véritable corpus d’objets, au-delà des œuvres « phares » que vous voyez en cours. Mais plus encore, souvenez-vous que le marché de l’art ne se cantonne pas aux galeries et aux commissaires-priseurs. Il y a plein de lieux alternatifs qui développent une offre différente et intéressante. N’hésitez pas à être curieux et à pousser des portes !

Noé : De mon côté, j’ai fait mon stage en entreprise au collège à la Réunion des Musées NationauxGrand Palais. C’était l’étincelle. J’ai aussi eu la chance de pouvoir Un petit teasing de votre prochaine explorer d’autres environnements action ? comme celui des maisons de vente Noé : Ça commence par FI, et ça aux enchères (Sotheby’s). se termine par AC...

Que conseillez-vous aux 1A qui veulent vous suivre sur la Voie du Marché de l’Art ?

Ambre : Niveau évènement, nous organisons bientôt une visite de la FIAC à un tarif abordable (10€ au lieu de 20€ pour les moins de 26 ans). Nous préparons également une conférence qui aura pour thème la circulation des biens culturels en cas de conflits… une problématique très actuelle !

Noé : À tous les 1A, qu’ils découvrent le marché de l’art avec MAEL ! Évidemment ! Certains des membres du Club ont adhéré sans avoir de projet précis de Un dernier mot Jean-Pierre ? Ambre : Yvine est la meilleure carrière. MAEL est surtout là pour intervieweuse de l’Univers ! faire découvrir cet univers d’une manière beaucoup plus pratique Je vous jure je ne l’ai pas soudoyée que les cours d’HGA. pour qu’elle dise ça ! Noé ? Ambre : Je vous dirais surtout de fréquenter régulièrement Drouot ! Regarder les catalogues, suivez les estimations, et renseignezvous sur les acheteurs. Cela vous permettra de vous constituer un

Noé : Nous prévoyons une superbe collaboration pour un cycle de conférences/visites avec le « CLAC! » et ses membres étudiants en grandes écoles de commerce. Restez dans les parages ! Yvine Briolay 

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es rubriques

Lise 


L’instant

PAM ! Yohan Mainguy 

Petit traité de fortification naturelle Je sais ce que vous vous dites : les domaines du végétal et de la fortification n’ont rien à voir, c’est même parfaitement incompatible. Impossible d’intégrer du naturel, au sens large du terme, dans l’art de la fortification. Ce domaine d’ingénierie, qui implique la construction de complexes imprenables adaptés aux seuls besoins humains, ne permet en effet que d’obtenir des formes totalement artificielles, laissant peu de place à l’épanouissement d’une quelconque flore. Maintenant que l’introduction touche à sa fin, vous vous en doutez : c’est une idée reçue. Cette manière de voir les choses résulte d’analyses un peu trop rapides, mais aussi et surtout d’une méconnaissance de la fortification, notamment à l’époque moderne. Mais comme dirait OSS : qui pourrait vous jeter la pierre ?

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que chaque site fortifié est choisi en fonction de ses prédispositions naturelles. Un ouvrage construit sur une hauteur est plus facile à défendre qu’un ouvrage en plaine : sa position dominante le rend plus difficile d’accès tout en facilitant l’observation des alentours. Concernant l’approvisionnement en eau, la nature du terrain destiné à recevoir des fortifications est aussi très importante. La présence de cours d’eau (ou à défaut, de nappes phréatiques accessibles par le creusement d’un puits) est primordiale.

Au-delà du simple positionnement de la place forte en fonction des ressources disponibles et de la vue, le principe de la fortification est de toujours tenter de tirer parti du terrain et de ses défenses naturelles (Actimel, toussa toussa). Selon Vauban notamment, la fortification repose plus sur une adaptation au terrain que sur l’application de principes prédéfinis. On gagne ainsi du temps (moins de travaux de terrassement) et de l’argent (on s’embête moins à construire dans tous les sens). À Besançon par exemple, Vauban utilise les falaises comme un véritable outil de défense de la citadelle. Mais cellesci, qui offrent prise à l’escalade, se voient couronnées d’un haut mur qui interdit tout accès à la zone fortifiée. Le tracé en étoile si caractéristique de la fortification du XVIIème siècle laisse également place à un long mur d’aspect médiéval; pas besoin de défense plus sophistiquée en effet, puisque les remparts sont quasiment impossibles à atteindre et donc peu susceptibles de subir un assaut. Bref, utiliser le relief naturel permet de fortifier simplement, rapidement et sans trop dépenser. Le même principe est appliqué à certaines places fortes de montagne (comme la ville neuve de Montdauphin) mais aussi à des forteresses implantées sur de petites îles, comme le château d’If au large de Marseille pour ne citer que lui. Dans ce cas de figure, les murs qui surplombent la roche font face à la mer.

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Une utilisation bien plus surprenante de la nature dans la fortification réside dans l’usage de plantes et arbres pour renforcer les défenses militaires. Si étonnant que cela puisse paraître, les ingénieurs des fortifications des XVIIème et XVIIIème siècles utilisaient, en plus des principes d’architecture et de balistique, leur connaissance des végétaux pour rendre plus cohérente l’énorme masse de terre qui composait les murs, bastions et autres éléments de défense d’une ville. Il faut en effet savoir que les fortifications de l’époque étaient surtout composées de terre damée; les imposants remparts de pierre n’étaient, dès cette époque, plus qu’un habillage (tout de même conséquent) des masses de terre issues du creusement des fossés de défense. Ce procédé de construction permettait bien sûr de réduire les coûts de construction, mais aussi et surtout de mieux absorber les coups portés par l’artillerie grâce aux propriétés de ladite terre. Cette technique surprenante a permis aux ingénieurs des Pays-Bas, à la même époque, d’élever des dispositifs de défense uniquement composés de terre damée, parfois renforcés de briques, mais qui pouvaient tout de même résister aux tirs d’artillerie. Les pays du nord, mal pourvus en carrières de pierre ont en effet longtemps favorisé l’usage de la brique... Et de tout ce que l’on pouvait trouver d’autre.

En temps de guerre enfin, en France et dans toute l’Europe, les arbres présents sur les fortifications sont coupés afin de dégager la vue mais surtout pour renforcer les défenses existantes par des « blindages » de bois. Dans son Traité de la Défense des Places, le Maréchal Vauban explique en effet que chaque front de fortification peut fournir 150 « corps d’arbres », chacun apte à fournir deux pièces de bois de blindage. A moins, précis-t-il, « que ces arbres soient d’une plantation nouvelle, ou qu’ils aient été négligés dans leur culture ». L’armée du roi était donc formée à la guerre, mais aussi à la gestion forestière et aux travaux d’équarrissage. Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient.

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Vue latérale d’un bastion des fortifications de SaintMartin-de-Ré Sous les arbres qui poussent aujourd’hui de manière sauvage, on devine les imposantes masses de terre qui composent le mur

Histoire de finir en beauté, une dernière technique «naturelle» de défense et non des moindres : l’inondation de territoires. Majoritairement utilisée dans les pays du nord et dans le nord de la France, cette technique radicale était mise en œuvre grâce à un réseau sophistiqué de canaux et de digues, creusés et construites par l’homme. En cas de progression irrésistible de l’ennemi, les autorités pouvaient alors décider d’ouvrir les digues et inonder parfois des centaines d’hectares. Cela avait pour conséquence de ralentir la progression des armées adverses, voire même de les arrêter, notamment l’artillerie hippomobile (indispensable pour mener un siège). Les régions humides étant particulièrement propices au développement de la maladie, celle-ci pouvait s’installer dans les campements de soldats assaillants. La fatigue, le manque d’hygiène et de ravitaillement viennent compléter le tableau et c’est le combo perdant. Paradoxalement, cette très chouette technique d’inondation ne l’est pas vraiment pour l’assailli : l’inondation de son propre territoire, véritable catastrophe économique et humaine n’est bien sûr envisagée que comme un ultime recours.


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Vegan : à la vie, à la mode

Les régimes végétarien et végétalien prennent de plus en plus de place dans notre société. Pourtant, si le premier est seulement alimentaire, le second impacte toute la façon de vivre de son adepte. Ainsi, les végans ne consomment aucun produit issu des animaux : alimentation, cosmétique, et vêtements. Mais comment trouver des alternatives aux matières animales dans la mode ? Certaines matières animales sont utilisées depuis le Magdalénien, comme la fourrure. Malgré un scandale important dans les années 60, elle redevient aujourd’hui à la mode, que ce soit par de petites touches (accessoires), ou par des manteaux oversize entièrement en fourrure, alors même que des alternatives se développent. D’autres matières, telles que le cuir, restent dans l’imaginaire collectif un gage de qualité : le simili cuir est souvent dénigré. De plus le cuir reste une matière abordable, et beaucoup de gens choisissent donc d’investir dedans. La pionnière dans le domaine de la mode vegan est sans conteste Stella McCartney. Dès la création de sa marque en 2001, tout y est vegan : elle n’utilise ni cuir ni fourrure. Elle réalise un travail de recherche sur les matières, pour trouver des moyens de remplacer ces différentes matières afin qu’elles aient les mêmes propriétés. D’après elle, le faux cuir qu’elle propose est un produit d’autant plus luxueux qu’il est rare et a fait l’objet de recherches – alors que le cuir est commun. De même, les colles utilisées, notamment pour la fabrication de chaussures, habituellement animales, sont respectueuses de son éthique. Son alternative principale au cuir, ce sont les peaux alter nappa : du polyester et du polyuréthane, avec un revêtement d’huile végétale (issu de filières durables). Cela lui évite d’utiliser un autre dérivé du pétrole dans sa production. Sur son site, la créatrice revendique cette éthique, tous ses articles portent ainsi la mention : « Cet article est réalisé à partir de matériaux autres que le cuir, non testé sur les animaux, obtenu selon

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des techniques de fabrication faisant appel à des compétences très pointues. Nous utilisons un polyuréthane sans solvant à base d’eau. ». Chez Stella McCartney, la philosophie vegan est associée au respect de l’environnement, comme elle l’explique dans ses articles, hébergés dans la partie « développement durable » du site. Elle utilise par exemple du cachemire régénéré « issu de déchets textiles post-industriels provenant d’Italie » comme alternative au vrai cachemire, qui présente un impact environnemental très élevé. Actuellement, de nombreuses marques proposent des alternatives vegans, c’est le cas notamment de Dr. Martens. La marque connue pour ses célèbres bottes en cuir propose depuis peu des alternatives vegans, pour des tarifs plus ou moins supérieurs aux modèles classiques. Ce cas fait un peu figure d’exception, car il est vrai que la plupart des produits textiles vegans restent souvent bien plus chers que les modèles classiques. Comme le remarque Bruno Pieters, de la marque Honest By, dans un article du journal Le Monde : « Le vegan est un marché de niche. Le cuir reste l’une des matières les plus répandues parce que bon marché et facile à produire. Il est pourtant impératif aujourd’hui de réduire cette production. Mais cette évolution ne pourra avoir lieu que si le profit n’est plus l’objectif premier des marques de textile. » Si la plupart des marques vegans utilisent des fibres synthétiques comme alternative à celles animales, ce n’est pas la seule solution. Présentée à l’Exposition Universelle de Milan en 2015 sur le pavillon France / Lille Europe, « Textifood » faisait écho au thème de l’exposition « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Son but était de présenter des fibres, principalement issues du monde végétal, dont une partie est comestible et l’autre sert pour la création. Pour ce faire, la commissaire a collaboré avec des créateurs sensibilisés à ces problématiques, et ce travail a abouti à

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la création de vêtements en citron, ananas, ortie, café, riz, soja, algues, champignons, vins, bières, etc. Les créateurs ont effectivement réussi à utiliser les principales propriétés de chaque produit pour créer des vêtements innovants et respectueux de l’environnement. Par exemple Arielle Levy, cofondatrice de l’Herbe Rouge, explique qu’elle a fait une robe « à partir de déchets de marc de café et de torréfaction. On a pu en faire un fil qui a des propriétés environnementales et de bien-être comme anti-UV ou anti-transpiration ». Toutes ces innovations restent la plupart du temps méconnues du grand public. Que ce soit par leurs prix assez élevés, ou alors par manque d’intérêt, la mode vegan étant associée à une certaine classe de la population. Néanmoins il est nécessaire aujourd’hui qu’elle se développe, et qu’elle soit plus popularisée, car il devient urgent de penser autrement notre manière de s’habiller ! Et si malgré tout cela vous voulez continuer de porter de la fourrure, il existe des marques qui se revendiquent comme cruetly-free. C’est le cas de La Petite Mort, des vêtements dont la fourrure est issue d’animaux morts sur la route. Fondée par l’américaine Pamela Paquin, le mantra de la marque est : « Le bon goût n’est jamais aux dépens d’un autre. »

Elise Poirey 


Pendant l’été.... #Teamboulot VS #Teamvacances @louvrboite

La photo ayant reçu le plus de j’aime

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Le coup de coeur de la rédac’

Mention spéciale

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Sexo

Rubrique : Comment végétaliser vos sextos

G-inger Point De nombreux articles ont fleuri sur les internets pour nous expliquer comment détourner les emojis afin de pimenter les sextos (ou « textos sexuels » pour les moins connectés d’entre vous). L’aubergine, la banane ou l’abricot sont déjà très connus et utilisés de (presque) tous. Mais le mainstream évoluant tout le temps, vous allez vite vous retrouver dépassé. Le meilleur moyen d’être à la pointe des tendances est de les lancer. Voici donc quelques emojis végétaux un peu underground qui feront les sextos de demain (si vous les utilisez bien entendu).

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Jouons un peu… Saurez vous décoder ces sextos ?

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Le Parc Güell de Barcelone. Sous le soleil d’août, cette immense mosaïque colorée, c’est vraiment une belle définition de l’été.

Voyons les choses en grand : le parc naturel du Mercantour dans les Alpes. Y résident loups, chevaux de Kowalski et bisons, avis aux courageux : réserve naturelle incroyable, le bivouac sauvage est autorisé pour une nuit entre 18 heures et 10 heures du matin en été.

Morgane

Le parc Güell à Barcelone, également. Pas d’originalité vous me direz, mais c’est le seul endroit où on peut se balader entre les palmiers, passer voir une maison de Gaudi tout en étant isolé de toute possibilité de shopping. Le bonheur.

Yvine

Yohan

Sequoia Park en Californie. Le parc le plus envoûtant que j’ai vu, dans lequel on se sent perdu et minuscule face à la nature qui a créé de véritables géants forts, massifs et puissants.

Votre parc préféré,

Ivane

Le Parc de la Grande Jeanne à Annecy, y’a des bambis. Elise

Le jardin de la villa d’Este à Tivoli. Un fragment de Renaissance perdu sur le flanc d’une presque montagne et comme figé dans un temps suspendu où la mousse a quelque peu recouvert les jets d’eau centenaires et où les cyprès s’élancent contre le ciel. Bastien Inès 

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Le jardin des Plantes de Lille. Parce qu’il y a des plantes exotiques et médicinales et des fleurs de toutes les couleurs ! Accessoirement, c’est aussi là que se retrouvent les préparationnaires dans (l’ivresse) la joie et la bonne humeur. Idéal pour les piqueniques des familles. Lise

Elise 

Le jardin Saint-Gilles-GrandVeneur dans le Marais avec ses tonnelles aux roses enlacées. Propice à l’inspiration et à l’amour. Taslima

intramuros comme à l’international

Le parc National du Forillon au Québec. Alliance parfaite de la montagne et de la mer sur une presqu’île entre sauvage et civilisé. C’est peut-être ma rencontre avec un orignal et son petit ainsi que d’une famille de castors qui m’a définitivement fait tomber pour cet endroit. Lisa

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?

Le parc de Gouraya à Bejaia en Algérie. On peut grimper la montagne par un petit sentier en compagnie des singes qui y habitent et se retrouver au dessus des nuages ! Inès

Le parc de Belleville, où on peut manger un phò tout en admirant la vue de Paris. Salomé

Le

choix de la

Redac’ !


L

es mots fléchés

Ce mois-ci, le Louvr’Boîte vous propose un motfléché à base de fleurs, ambiance pot-pourri qui vous chatouille les narines. Yvine Briolay 

Lucile 


Jeux

Horizontal : A. Symbole des hommes en kilt B. Son reflet est dangereux pour ceux qui ne savent pas nager C. Appréciée de Faust et de la Castafiore D. Glisser dans la piscine E. Prénom d’une tante antipathique F. Fée marraine de Peau d’Âne G. Symbole du pays de la drogue et des vélos

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H. Dans un trou de verdure, un jeune soldat y repose ses pieds

Vertical : 1. Pointe le Nord dans les anciennes cartes, fleur d’Yves Saint-Laurent 2. Dites-lui que je suis comme elle, que j’aime toujours les chansons, qui parlent d’amour et d’hirondelles … 3. Célèbrent les morts sans criser 4. Pupille parmi les fleurs 5. Quand elle fleurit dans les prés, c’est la fin de l’été 6. On dirait le Sud, son parfum dure longtemps 7. Roses are red …


L

e test fleuri

Quelle fleur êtes vous ?


Jeux Elise Poirey Lucile 

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Jeux

Réponses des mots fléchés p.34 Horizontal : A. Chardon B. Narcisse C. Marguerite D. Glycine E. Pétunia F. Lilas G. Tulipe H. Glaïeul Vertical : 1. Magnolia 2. Chrysanthème 3. Iris 4. Colchique 5. Lavande 6. Violette

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Crédits photographiques : P. 24-25 The Vinkhuijzen Collection of Military Uniforms, Netherlands, 1825 (1910) http://digitalcollections.nypl.org/items/510d47d9-53f4-a3d9-e040-e00a18064a99

P. 26-27 Garry Knight, Passing Fashion https:// ic.kr/p/dLjJEu

P. 31 Ah ! Finissé donc cher Pere, estampe, 1788 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8410612m?rk=21459;2

Elise 



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