LB n°45 : /Obscur

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Sommaire p. 7

Articles : L’humour Noir - Neiva - p. 4 Un petit tour aux Enfer - Jeanne Spriet - p. 6 Noir - Viena - p. 8 passion Lumière - Yvine Briolay - p. 10 Hello Darkness my old friend - Elise Poirey - p. 12 Le Gothique culture et contre-culture - Sarah Ecalard - p. 14 Le côté obdcur où le mal devient légion - Salomé Moulain - p. 16 Noir Lumière - Alexa - p. 18 Jeu du Loup-Garou - Anaïs Achard - p. 20 Règles du Loup-Garou - Elise Poirey - p. 22

Rubriques Taslimiam - Taslima ? - p. 25 Histoi’Art Exposition « Gouverner avec la peur » - Laureen Gressé-Denois - p. 26 Ekphrasis le prisonnier de Chillon - Laureen Gressé-Denois p.28 Review Insta’ - Morgane Vitcoq- p. 30 Le choix de la Rédac’ p. 32 Test Quel Mangemort êtes-vous ? - Elise Poirey - p. 34 Jeu contrastes - Yvine Briolay - p. 37 Crédits Photographiques p. 39


Edito - Obscur, mais qu’est-ce que cela peut bien évoquer ? Les amphithéâtres de l’école ? L’intégrité d’Emmanuel Valls ? La Spécialité Patrimoine Technique et Industriel ? Covfefe ? Il est vrai que toutes ces choses semblent aussi peu pénétrables que les voies du Seigneur. Pourtant c’est avec bravoure et audace que nous avons tenté d’éclaircir ce thème (garanti sans white-washing). La tâche fut rude mais à coeur vaillant rien d’impossible ! C’est donc remplis de foie gras végan et de motivation que nous prenons le pouvoir sur 2018. Même si cette année semble mal démarrer, que parfois tu réalise que la vie n’est pas là, que le soir tu te couches sans savoir où tu vas, comptes sur le Louvr’Boîte pour te mettre du baume au coeur. Pour ce dernier numéro de l’année scolaire (enfin on sait pas encore), toute l’équipe te souhaite un excellent Noël, en retard, et une « bonne glissade dans l’année 2018 » ! Elise Poirey et Yvine Briolay MEA CULPA : Dans le dernier numéro (Louvr’Boîte n° 44 /Animal), le photographe Guillaume Mazille nous a gentiment permis d’utiliser son travail pour illustrer notre journal. Malheureusement, suite à des erreurs de maquette, de relecture et d’impression, les crédits photographiques à la fin du numéro se sont retrouvés illisibles. Nous tenons à nous excuser auprès de M. Mazille de ne pas avoir été assez attentifs quant au fait de mettre son nom en avant. Toute oeuvre mérite reconnaissance et le Louvr’Boîte s’engage à redoubler d’efforts pour mieux mettre en avant les artistes qui participent à le rendre plus beau.

Louvr’Boîte Neuvième année N°45 0.50 cts

Directrice de publication : Sophie Leromain. Rédactrices en chef : Elise Poirey et Yvine Briolay. Relecture : Camille Giraud et Salomé Moulain. Maquette : Clémentine Canu. Couvertures : © Lise Thiérion, modèle Yvine Briolay. Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Anaïs Achard, Inès Amrani, Yvine Briolay, Clémentine Canu, Sarah Ecarlard, Lisa Fidon, Taslima Gaillardon, Elise Gibaux, Camille Giraud, Laureen Gressé-Denois, Bastien Hermouet, Yann Koebel, Sophie Leromain, Adélaïde Mangon, Salomé Moulain, Ivane Payen, Alexa, Elise Poirey, Jeanne Spriet, Lise Thiérion, Morgane Vitcoq.

Ecole du Louvre, Bureau des Elèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 Paris cedex 01 louvrboite.fr Tél. : +33 (0) 1 42 96 58 13 Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : instagram.com/louvrboite ISSN 1969-9611. Dépôt légal : décembre 2017 Imprimé sur les presses de l’Ecole du Louvre (France). Sauf mention contraire, © Louvr’Boîte et ses auteurs


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L’humour noir, Neiva

ou pourquoi se moquer de votre grand-mère qui meurt en tombant dans les escaliers

L’humour noir, tu sais, c’est ce qui révèle notre côté sombre. On peut tous rigoler du prénom de l’enfant de monsieur et madame [insérer un nom de famille sujet aux blagues ici] ou aux bonnes vieilles boutades de notre grand-père qui sort les mêmes à tous les repas de Noël, mais un plus petit nombre d’entre nous (ou alors tout autant, mais moins l’assument) peuvent rire de l’imitation d’un apprenti terroriste qui se fait sauter parce qu’il appuie sur un détonateur sans faire attention. Bien joué petit. L’humour noir (plus sérieusement), c’est quand on tourne des sujets graves, sérieux, un peu morbides parfois (le terrorisme, la guerre ou la religion par exemple) en dérision pour en faire quelque chose de drôle. C’est pas forcément facile, mais certains humoristes en ont fait leur spécialité et s’en sortent assez bien. Que le succès soit au rendez-vous ou que l’humour noir suscite des réactions aussi frileuses qu’EDF qui annonce que le chauffage et l’électricité sont coupés dans l’immeuble en plein mois de janvier, l’humour noir révèle une évolution des mentalités. Je vous propose donc un petit tour d’horizon (crépusculaire et presque noir, ça va de soi) de cet humour aussi noir que le khôl égyptien ou le produit utilisé par Griezmann pour son costume de joueur de basket de la NBA.

constater une grande différence d’appréciation entre deux groupes : d’un côté, ma petite sœur et moi qui étions en train de pleurer de rire en lisant des messages de Churchill demandant à De Gaulle de passer au service cryptage pour envoyer des messages plus discrets que « la reine aime les plages normandes en juin », de l’autre, mon père qui avait les larmes aux yeux en nous expliquant que des gens étaient morts et que c’était un sujet grave… Pas du tout mal à l’aise, ma sœur et moi-même avons continué à lire les SMS. Mon père, plein de compréhension, nous a finalement dit qu’il trouvait bien que nous soyons capables d’en rire. Nous touchons là l’une des forces de l’humour noir : faire de ces sujets traumatisants et graves s’il en est,

J’ai pu constater, au cours d’une expérience personnelle, que le succès de l’humour noir était victime d’un fossé générationnel. En lisant quelques boutades du prince de l’humour noir (aussi connu sous le nom de Jérémy Ferrari) écrites dans son ouvrage Happy hour à Mossoul à voix haute avec ma petite sœur devant mes parents (pour précision, les blagues en question étaient des SMS imaginaires échangés entres les principaux personnages de la Seconde Guerre mondiale), j’ai pu

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des thèmes sujets à dérision et au rire. Et ce fossé m’amène à me poser une autre question : est-ce que c’est uniquement un écart générationnel qui explique le succès grandissant de l’humour noir, ou est-ce qu’un autre facteur comme la prise de conscience d’une heure grave et de l’existence de troubles et conflits trop nombreux pour être comptés, n’est pas en partie responsable de cette montée en puissance ? Notre génération grandit en prenant conscience que le monde s’effiloche au même rythme que la vieille couverture d’un migrant qui a déjà parcouru plusieurs centaines de kilomètres. Les attentats se rapprochent de nous au point de se produire à Paris, à Berlin, à Barcelone, etc. Les mouvements et initiatives féministes nous font prendre conscience de l’existence de – trop – nombreux déséquilibres liés au genre dans notre société, de l’injonction faite aux femmes de tenter de se rapprocher de canons de beauté anorexiques et en mauvaise santé, j’en passe et des meilleures. Un réchauffement climatique et une dégradation du climat qui vont crescendo au fil du temps, à tel point que la planète semble littéralement crier sa souffrance à travers chacun des désastres naturels qui survient, et à travers la souffrance des espèces animales (nous avons à peu près tous en tête l’image de cet ours polaire maigre à faire peur qui se traîne plus qu’il ne marche pour trouver de quoi se nourrir). Le monde part à la dérive, mais si on y pense trop, on en vient à vouloir se tirer une balle. Donc plutôt que de se supprimer parce qu’on ne pense pas sérieusement que notre existence pourra changer quelque chose, on préfère rire et se détourner de tout ça. Prendre de la distance avec les événements, suffisamment pour pouvoir en rire et peut-être considérer le problème sous un nouvel angle qui permettra de soulever de nouvelles questions, et pourquoi pas de débloquer la situation. Car c’est bien de la satire, cette critique amusante et distanciatrice, que l’humour noir se fait l’héritier. Tourner quelque chose en dérision pour s’en moquer, et pourquoi pas lever une polémique et faire prendre conscience du problème d’une façon détournée. Si l’on prend l’exemple de la critique sociale, on la trouve déjà dans les œuvres de La Bruyère, moraliste

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du XVIIe siècle qui, à travers des portraits en action hautement satiriques, nous donne à voir différents types de courtisans et ce qu’ils ont de risible. On n’est pas dans l’humour noir, mais la dimension trash, cash et crue est déjà présente dans ces portraits. Associée à l’humour, il ne manque à ces portraits en action que la dimension grave et sérieuse qui caractérise l’humour noir. Ajoutons à cela l’effet mimétique (ou effet de mode, un individu suit les goûts qu’il observe si ceux-ci sont partagés par une majorité) et nous obtenons la recette du succès grandissant de l’humour noir. Jérémy Ferrari et sa tournée qui n’en finit pas, mais aussi Laura Laune et ses chansons, en sont de bons exemples. Finalement, cet humour nous permet la même chose que le reste : nous détendre et rire pour essayer d’oublier la dimension grave et sérieuse du monde qui nous entoure, mais de façon un peu plus borderline cette fois, donc qui ne séduit pas la totalité de la population. Ceci étant donné, on en revient toujours à l’éternelle question : « Peut-on rire de tout ? » que soulève l’humour noir. Je finirai cet article avec un mot de Desproges qui a donné la meilleure réponse à cette question : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ».


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Un petit tour aux Enfers Jeanne Spriet

Les ténèbres et leur perception

“Et l’enfer, couvrant tout de ses vapeurs funèbres, Sur les yeux les plus saints a jeté ses d’actions, combien d’exploits célèbres / Sont ténèbres.” (Racine, Esther, Prologue) demeurés sans gloire au milieu des ténèbres » ; ou encore chez Rousseau : « Mon penchant En ces longs mois d’hiver qui nous plongent dans naturel est d’avoir peur des ténèbres » ; et l’obscurité la plus totale, le quidam est souvent Diderot : « Je ne sens rien là de ces ténèbres touché par une baisse de régime passagère, visibles avec lesquelles la lumière se mêle, et petite déprime visiblement due à un certain qu’elle rend presque lumineuses ». manque de lumière. Cette insuffisance fait alors naître chez la plupart d’entre nous une certaine Mais d’où vient cette idée ? morosité, voire même des peurs lorsqu’on doit se plonger dans cette sombre atmosphère. L’origine des ténèbres est en réalité religieuse, À qui la faute ? Pour sûr, cette vieille idée des concept qui s’est par la suite inscrit dans ténèbres ancrée dans l’imaginaire collectif n’y l’imaginaire occidental judéo-chrétien. Dans un est pas pour rien. Et pour cause, les ténèbres, contexte religieux, les ténèbres sont un concept lieu inventé par l’Homme depuis les époques ou une croyance qui désigne le néant, la mort, les plus anciennes est une image qui a perduré l’état de l’âme privée de Dieu. Les cinq premiers jusqu’à nos jours. versets de la Genèse racontent le premier jour de la création et la naissance de la lumière, Mais, c’est quoi, en fait ? et avec elle celle des ténèbres. On trouve en effet aussi bien dans le prologue de l’Ancien Petit disclaimer : L’intention n’est évidemment Testament que dans celui de l’Évangile selon pas d’apporter un éclairage exhaustif et exact Jean deux allégories similaires qui exploitent sur ce sombre sujet, ni de faire l’apologie d’une un symbole fort : celui de l’opposition entre la croyance ou d’une autre, mais simplement de lumière et les ténèbres. s’intéresser aux différentes perceptions que « La lumière brille dans les ténèbres mais les chacun pourrait avoir à ce propos et de les ténèbres ne l’ont point reçue. » (Evangile de partager avec vous. Jean) Le terme de « ténèbres » nous fait premièrement Pour ce qui est de la croyance chrétienne donc, penser à une absence de lumière, à l’obscurité quand la Bible parle des « ténèbres », elle totale. Cette image a ensuite été naturellement utilise une image, décrivant surtout l’état des associée à celle de la mort, les ténèbres de la hommes et des femmes sans Dieu, et montrant mort étant alors l’obscurité qui s’empare du la condition de ceux qui vivent continuellement mourant. De manière générale, les ténèbres sans lumière, qui habitent dans les ténèbres. évoquent essentiellement la nuit, dépourvue Cette image évoque aussi tous les êtres et de toute lumière. Il est alors plus difficile de se toutes les choses qui s’opposent à Dieu, comme déplacer avec aisance et d’accomplir les gestes les idées trompeuses, contre la lumière et donc de la vie quotidienne, car nous ne parvenons pas la vérité. Ceux qui vivent dans les ténèbres, à voir avec précision ce qui nous entoure. Aussi, préférant se cacher de la lumière de Dieu, la nuit peut sembler menaçante. Toutes ces demeurent spirituellement dans l’ignorance raisons pourraient bien expliquer la perception et vivent dans l’erreur et le mensonge. Le fait que la plupart d’entre nous ont de l’obscurité, que cela soit particulièrement dangereux de de la nuit, et par conséquent des ténèbres. s’engager sur ces voies est souvent souligné et Dans la littérature, le thème des ténèbres a été tous ceux qui choisiraient d’écarter Dieu de leur abordé à de nombreuses reprises, comme par vie passeraient l’éternité privés de sa présence exemple dans le Cid de Corneille : « Ô combien et de sa lumière. Et ces ténèbres-là, selon les

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Pour conclure, les Ténèbres sont, depuis toujours, une très grande source d’inspiration et d’imagination pour l’Homme. C’est un thème récurrent dans de nombreuses œuvres artistiques. En effet, l’attirance de l’Homme pour le côté noir des choses a toujours existé. L’humain, en tant qu’individu mais surtout en groupe, éprouverait un attrait instinctif pour le morbide, l’obscur. Voyez : rien que les bandes d’alerte de BFM dès qu’il se passe quelque chose qui pourrait être de l’ordre de la catastrophe (ce qui comprend le fait que Brad Pitt ait attrapé un rhume) en sont témoins… Ces pulsions qui poussent l’homme à préférer les Ténèbres à la Lumière peuvent s’expliquer par le fait qu’en imaginant ou créant des mondes noirs, pessimistes, sinistres et effrayants puis en comparant cela avec sa vie quotidienne, il voit celle-ci comme bien meilleure. C’est donc une forme de catharsis ou d’exorcisme qui permet de rendre supportable la monotonie de la vie quotidienne, et permet d’évacuer la haine et la violence, comme une échappatoire. Qui n’a jamais pensé à une situation horrible vécue par quelqu’un d’autre pour se rassurer sur sa propre situation, pour finir par se dire qu’« il y a quand même bien pire ailleurs » ? Pour finir cet article sur une note plus légère, et le lier au déjà culte numéro Clair, citons ce grand monsieur Aznavour :


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Noir

Viena

Qu’il s’agisse du tote-bag de l’école du Louvre, du fond devant lequel se tiennent les œuvres d’art visibles sur des cartes postales éditées par la RMN ou encore de la pièce maîtresse de votre dressing, la couleur noire est présente partout autour de nous. Il suffit de penser à l’expression « [insérer un nom de couleur ou de motif ici] is the new black » pour comprendre que le noir occupe un rôle central, presque de régulateur et d’échelle de valeur pour de nouveaux motifs qui viennent s’insérer dans notre répertoire quotidien. Et on n’a que trop de références en tête dès que l’on pense à cette couleur : il peut s’agir d’images et de personnages (les sorcières et leur chat noir), de lieux (au cinéma, dans une grotte) ou de nos angoisses (la peur du noir, ou encore l’angoisse qui nous prend à la vue d’un bronze, quand on sait que l’on va devoir parler de la technique de la fonte à la cire perdue et qu’on se souvient avoir dormi ou regardé Mon voisin Totoro pendant ce cours). Ce sont tous ces aspects (sauf l’angoisse à la vue du bronze) qu’analyse Michel Pastoureau dans son ouvrage sobrement intitulé Noir. Dans cet ouvrage ainsi que dans ceux qu’a écrits Michel Pastoureau sur les autres couleurs « de base » de notre palette chromatique (Bleu, Vert, Rouge), l’objectif est de proposer une histoire des couleurs dans les sociétés occidentales, de l’Antiquité au XVIIIe siècle. Mission colossalement imposante s’il en est, ne serait-ce qu’à cause de la multiplicité des disciplines à interroger et explorer pour écrire cette histoire. Le vocabulaire, la mythologie, l’histoire de l’art et en particulier la mode et les pratiques vestimentaires, mais aussi l’histoire des symboles et la sociologie, sont autant d’éléments que nous croisons au quotidien sans forcément nous rendre compte de ce qu’ils traduisent de la mentalité d’une population à une époque donnée. Chaque domaine nous révèle des nuances, une perception particulière et une dimension de la couleur noire.

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Prenons l’exemple du corbeau tel qu’il apparaît dans la mythologie, exemple que détaille Michel Pastoureau dans son ouvrage. Dans l’Antiquité, les Germains l’associaient au dieu borgne Odin qui possédait deux de ces oiseaux. Ils lui permettaient ainsi, par leur survol du monde et le récit de ce qu’ils avaient vu et entendu, de connaître chaque élément et événement du monde. Comme Odin est également le dieu de la guerre, les combattants arboraient parfois des bannières sur lesquelles figuraient des corbeaux censés leur prodiguer force et courage pendant la bataille. L’animal au plumage plus noir que l’ébène est alors lié à des significations positives, celles de la force et de l’omniscience. Toutefois, si l’on se réfère à la Bible, il est l’oiseau qui n’informe pas Noé de la descente des eaux et vole vers d’autres cieux (oui comme la Team Rocket). Il est donc cette fois-ci un animal traître, qui favorise un comportement égoïste au détriment d’un coup de main à ce brave Noé qui vogue depuis quarante jours sans avoir pensé à pencher la tête en-dehors du bateau. Bref. À la lecture du texte de la Genèse, on comprend que le corbeau est un animal honni par les chrétiens, et on comprend également pourquoi les évangélisateurs ont cherché à le bannir du bestiaire des peuples païens. Il est un animal impur qu’il est tout aussi impur de vénérer. Toutefois, le noir n’est pas la seule couleur abordée dans cet ouvrage. En effet, Michel Pastoureau souligne qu’une couleur ne peut pas être comprise si elle est mise à part de toutes les autres couleurs et du sens qui sous-tend leur organisation. Le noir est donc la couleur « centrale », le point focal de ce livre, mais il ne se comprend que par comparaison avec les autres couleurs. Si l’on observe par exemple la palette chromatique utilisée pour les peintures pariétales, elle était essentiellement composée de blanc, de noir et de rouge et ce sont ces trois couleurs que l’on retrouve au centre du système chromatique occidental : si l’on pense

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au conte du Petit Chaperon rouge, c’est une enfant vêtue de rouge qui apporte quelque chose de blanc (le pot de beurre) à sa grand-mère, mais rencontre un animal noir, le loup, sur son chemin. Plus proche de nos études que le conte, pensons à la céramique grecque : qu’elle soit à figure rouge ou à figure noire, on rencontre parfois des rehauts de blanc sur les œuvres et c’est la même triade chromatique que l’on retrouve. Le noir se comprend donc par rapport aux utilisations que l’homme en fait au quotidien, ainsi que par les significations qui lui sont attribuées. Tous ces éléments permettent à Michel Pastoureau de poser les jalons d’une étude approfondie des couleurs, et donc d’amorcer une définition de la couleur. Car si l’on tente de définir ce qu’est une couleur, bien souvent on se heurte à un problème de description. Comment décrire ce que l’on perçoit mais que l’on ne peut saisir ? Réponse : on ne peut le décrire, mais on peut tenter de le comprendre et de l’appréhender à travers son existence, que l’on perçoit. Et c’est cette tentative qui nous permet en partie de mieux appréhender le monde tel qu’il existe et tel que nous le créons en rêvant à ce qu’il peut être. Et chacun le sait, rêver en couleurs, c’est le secret du bonheur.


passion Lumière

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Yvine Briolay

Pour traiter du rapport entre clair-obscur et plan séquence, votre dévoué Louvr’boîte ne choisira qu’un seul film : Birdman, ou la surprenante vertu de l’ignorance (Birdman, or the Unexpected Virtue of Ignorance), d’Alejandro G. Iñarritu, sorti en 2014, quatre fois oscarisé en 2015. Le film raconte l’histoire de l’acteur Riggan Thomson (Michael Keaton) qui, lassé de ne pas être pris au sérieux à cause de son ancien rôle de superhéros Birdman, décide de monter une pièce de théâtre à Broadway pour être enfin reconnu en tant qu’acteur. D’emblée, tout public ayant visionné le film peut confirmer : il remplit la condition plan séquence. Mais qu’est-ce qu’un plan-séquence, me demanderont les moins spé-ciné d’entre vous ? Un planséquence est un plan long, au moins quelques minutes, sans cut[1], souvent avec de virtuoses mouvements de caméra. Le plan-séquence, c’est une scène filmée comme si le réalisateur prenait la caméra et suivait l’histoire sans l’éteindre pendant un temps. Birdman donc, a la particularité de voir la majeure partie de son film tournée en « faux » plan-séquence, c’est-à-dire qu’on a l’impression – grâce à des astuces de montage - que la caméra n’est éteinte à aucun moment pendant tout le film, si l’on exclut l’introduction et la conclusion. Comme une dissertation avec une seule énorme phrase faisant office de développement, mais en plus digeste. Birdman ne remplit donc pas uniquement notre case plan-séquence mais aussi notre case clairobscur (il fallait bien une raison pour mettre cet article dans le numéro –Obscur) : en effet, la diégèse[2] du film se déroulant dans un théâtre, les plans sont souvent éclairés à la manière d’une scène de théâtre grâce à de grands spots lumineux, laissant dans l’obscurité de grands pans de décor. Même dans les scènes de jour avec fenêtres apparentes, on remarque pour l’éclairage un traitement particulier, chaud et texturé : les ombres sont étendues comme une lumière de

fin d’après-midi d’hiver, avec les particules de poussière qui

flottent dans les formes géométriques découpées par la forme de la fenêtre. Le jeu avec les lampes est même intra-diégétique[3] puisque l’élément perturbateur du film est un spot qui tombe sur un des comédiens ! Ce rapport à la lumière ne sort pas de nulle part : il puise notamment son inspiration dans les films de Hitchcock. Dans Psychose (Psycho, 1960), son film

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le plus célèbre, le jeu avec le clair-obscur appuie le côté mystérieux (et franchement flippant). De plus, Hitchcock n’est pas seulement un adepte du clair-obscur en photographie[4] au cinéma, c’est aussi le réalisateur du premier plus long « faux » plan-séquence du cinéma, avec son film La Corde (The Rope, 1948), basé sur une pièce de théâtre. Hitchcock lui-même est connu pour s’inspirer d’un peintre américain célébrissime, Edward Hopper, qui adore représenter de nuit des fenêtres illuminées vues de l’extérieur, élément qui est repris dans Psychose. Hopper aime aussi représenter les taches de lumière sur un mur, découpées par les rebords de fenêtre, comme on peut en voir par moment dans Birdman. Hopper représente aussi un certain aspect de l’Amérique : la solitude des américains des années 40 – 50. Il fut beaucoup comparé, dans le choix de ses sujets, à l’écrivain Raymond Carver, américain aussi, dépeignant à la machine à écrire l’Amérique solitaire et désemparée des années 40 – 50. Comment en sommes-nous arrivés de Birdman à Raymond Carver ? Le lien est on ne peut plus simple : les ambiances lumineuses décrites dans les livres se retrouvent dans Birdman, telles qu’elles sont énoncées ci-dessus. Enfin, le recueil de nouvelles le plus connu de Carver est What we talk about when we talk about love (Parlezmoi d’amour, nouvelles rassemblées en 1981), qui contient une nouvelle éponyme, et justement, dans la diégétique de Birdman, Riggan Thomson décide d’adapter une nouvelle en pièce de théâtre et choisit (je vous le donne en mille) What we talk about when we talk about love de Raymond

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Carver. À travers son traitement lumineux, la photographie du film n’est donc pas due au hasard ou aux lubies du réalisateur, mais elle est bien justifiée par les œuvres auxquelles le film fait référence. Plus que de se contenter de faire référence à des œuvres du passé, Iñarritu choisit de donner à son long-métrage une identité propre en liant complètement les travaux de références et son long-métrage. La surprenante vertu de l’ignorance n’aura donc pas volé ses Oscars de meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et surtout meilleur photographie !

[1] Cut : sans coupure / changement de plan [2] Diégèse du film : histoire et univers du film [3] Intra-diégétique : à l’intérieur de l’histoire et de l’univers du film, contraire d’extra-diégétique : hors de l’histoire et de l’univers du film (ex : la musique d’un film n’est pas entendue par les personnages, elle est extra-diégétique) [4] La photographie au cinéma désigne le traitement de l’image : la composition du plan, la gestion des lumières, les mouvements de caméra.


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Hello darkness my old friend Elise Poirey

Avoir peur du noir c’est classique pour un enfant de 3 ans mais pour un adulte, c’est tout de suite plus encombrant. Si beaucoup de bambins ont peur du noir, la plupart du temps cette peur disparaît avec l’adolescence, on grandit et on laisse nos angoisses derrière nous. Mais si ces peurs ne nous lâchent pas, on se retrouve dans des situations cocasses, comme demander une veilleuse pour ses 20 ans... Aussi loin que je me souvienne, je n’ai pas toujours eu peur du noir. On ne peut pas dire que je faisais la fière quand mes parents me laissaient seule dans ma chambre, mais ce n’était pas une peur viscérale. L’élément déclencheur a été La Belle au Bois Dormant, et en particulier le personnage de Maléfique. On va pas se mentir : avec sa peau verte et ses cornes violettes, elle a dû en traumatiser des enfants ! Maléfique a hanté mes cauchemars de mes quatre ans à mes treize ans, mais surtout, elle a hanté mes insomnies. Je vivais toujours dans l’angoisse qu’elle soit sous mon lit, prête à m’attaquer. Petit à petit cette peur s’est étendue à d’autres créatures et d’autres endroits. J’ai commencé à avoir peur de tous les endroits où quelqu’un, ou quelque chose, pouvait se cacher : j’ai commencé à avoir peur de l’obscurité. Le vrai problème, c’est que cette peur n’a pas disparu mais qu’elle s’est étoffée au fil du temps. Par exemple, à chaque fois que je vois un film avec un personnage un tout petit peu dérangé, à coup sûr je ne vais pas fermer l’oeil de la nuit. Le peu de films d’horreur que j’ai vu (c’est-à-dire trois, j’ai vite compris que ça n’était pas pour moi) m’a fait faire des insomnies pendant des

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fait pas disparaître la peur pour autant. J’ai beau savoir que j’ai peur du noir car j’ai en fait peur que quelqu’un se cache dans l’obscurité pour me tuer, toujours est-il que ma peur est là, et qu’elle est bien réelle. Néanmoins, en connaître la raison peut nous aider à la combattre : depuis que j’arrive à me dire qu’il n’est pas possible qu’un humain se cache sous mon lit sans mourir d’asphyxie, j’arrive à me baisser pour ramasser un objet par terre, et Si aujourd’hui encore j’ai peur du noir, c’est parce comme l’a dit l’autre : que j’ai peur de ce que je ne vois pas, de ce que je ne peux pas prévoir ou maîtriser car ce qui est « c’est un petit détail pour dans l’ombre est inconnu, invisible et imprévisible. l’humanité, mais un grand En réalité, j’ai en permanence peur que quelqu’un se cache dans l’ombre de mon appartement pour pas pour moi ». me tuer. Je déteste aller me coucher parce que le noir vient quand la nuit tombe, et que la peur va monter. mois. Le pire, c’est que ça marche avec ce que je n’ai pas vu, comme Esther : je n’ai jamais vu le film, mais j’imagine souvent qu’elle est cachée dans ma chambre derrière mon armoire. En fait mon angoisse s’est déplacée : elle est passée des méchants de films pour enfants aux personnages de films d’horreur, ce qui fait de moi un très bon public.

J’ai peur de la peur elle-même, comme Harry. Parce que quand la peur arrive, elle vous prend aux tripes, vous paralyse, et il devient impossible de respirer. Mais j’ai quand même trouvé des techniques - plus ou moins bonnes - pour vaincre cette peur. Il y a les techniques les plus bateau comme la veilleuse, ou dormir les volets ouverts - pas très pratique en période hivernale. Le mieux, c’est de comprendre sa peur, de savoir d’où elle vient. Derrière chaque personne qui a peur du noir se trouve une angoisse bien plus profonde : on n’a pas peur du noir sans raison. Par contre, comprendre cette raison ne

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Le Gothique, culture et contre-culture Sarah Ecalard

Si je vous dis « gothique », à quoi pensez-vous ? Des teints cadavériques, du noir à tous les étages, des gens qui tirent la gueule en permanence… Pas très gai tout ça, n’est-ce pas ?... Aujourd’hui, nous avons tous en tête cette image badante du gothique, nous connaissons sûrement tous quelqu’un de notre entourage ayant ce style. Pourtant, avant d’être ce style noir et mélancolique, le gothique est passé par une ribambelle de définitions, très différentes de celle d’aujourd’hui, mais dont il s’est toutefois nourri. Tout d’abord, le terme « gothique » servait à définir le peuple germanique des Goths ayant envahi l’empire romain (le sac de Rome de 412 fut d’ailleurs l’oeuvre des Goths). Ainsi, pour nos chers Romains, chantres de la civilisation et du bon goût, le terme « gothique » est très péjoratif, comme il le fut des siècles plus tard sous la plume de Giorgio Vasari, dénonçant le très laid art gothique. Le sens péjoratif du terme constitue donc le terreau du sens qu’il prend aujourd’hui. En effet, l’art gothique au XIVe-XVe siècle fut rejeté par une société prônant l’uniformité et la sage civilisation bien propre sur elle. Six siècles plus tard, rien n’a changé : le gothique des années 1980 s’est bien créé dans le but d’admonester un bon tacle dans la gueule d’une société vénérant la bienséance et le politiquement correct (et on constate encore aujourd’hui que rien n’a changé, c’est trop beau). Ainsi, pour ce qui est de représenter une contreculture, le gothique d’aujourd’hui semble rendre hommage aux définitions l’ayant précédé.

dit plus haut, le gothique donne peut-être plus envie de se défenestrer que de se payer une bonne tranche de lol. Et pourtant, l’évocation de la religion persiste : combien de filles ai-je vu en convention avec des croix autour du cou ou même des jupes à motifs « vitraux de cathédrale » (c’était joli !) ? Les gothiques vous le diront : les éléments religieux comme les croix ou les anges des cimetières sont au centre de leur esthétique. Cependant, il faudrait plutôt voir ça comme un détournement des symboles religieux, les dogmes n’étant pas satisfaisants pour leur spiritualité,

Cependant, au Moyen ge, le gothique n’avait pas pour vocation d’encourager ses spectateurs à se trancher les veines : c’était même un art devant donner envie de faire la fiesta ! Les vitraux colorés, les dimensions titanesques des édifices, l’abondance de lumière : tout cela était un art de joie et de preuve d’amour envers Dieu. Si on prend donc en compte cette définition, le gothique du Moyen- ge a bien changé : comme

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plus dissidente de la bienséance catholique. Tiens parlons-en de la spiritualité (best transition ever). Pour nos nouveaux copains, il fallait une philosophie axée sur le bizarre, le mystère, l’angoisse d’être dans une société nous interdisant d’être nous-mêmes et nous condamnant à une uniformité déprimante. Et quel courant de pensée se targue (du verbe se targuer) de reprendre ces idées ? Le romantisme, bien sûr ! La reprise de mythes oubliés, bien éloignés de l’art classique, assouvissent ainsi leur soif d’irrationnel et de nostalgie. Prenons L’Abbaye dans une Forêt de Chênes, peinte en 1809-1810 par Caspar David Friedrich : avouez-le, vous n’êtes pas bien. Vous avez suffisamment de bon sens pour ne pas venir dans un endroit pareil à la nuit tombée. Et pourtant, quand j’ai montré cette toile à ma copine gothique, elle a pleuré quand je lui ai dit par la suite que cet endroit n’existait pas (ou du moins que je ne savais pas où c’était). Ils sont sensibles ces gothiques.

largement atténuée par un élément, introduit par le Dracula de Stocker (et magnifiquement porté à l’écran par Coppola en 1992) : l’amour éternel et souvent impossible. Car finalement, malgré l’attirance du mouvement gothique pour le macabre, qu’est-ce qui nous permet, à nous mortels, de nous soustraire quelques instants à cette destinée peu reluisante ? La réponse s’impose d’elle-même : l’amour, qui bien sûr est plus fort que la mort. Cette notion d’amour vrai, éternel, absolu, est splendidement interprété par notre cher et bienaimé Tim Burton, héritier de ce style gothique si sombre et si profond. Que ce soit dans L’Etrange Noël de Mr Jack, Edward aux mains d’argent ou Les Noces Funèbres, la mort est omniprésente. Dans L’Etrange Noël de Mr Jack, la ville d’Halloween est peuplée de morts-vivants ; dans Edward aux mains d’argent, Edward tue Jim par amour pour Kim ; enfin dans Les Noces Funèbres, Emily, amoureuse de Victor, se plaint de ne pas faire le poids devant Victoria, tout simplement parce que cette dernière est vivante alors qu’Emily est morte. Les films entretiennent savamment et avec doigté ce contexte sombre et mélancolique mais à la toute fin, les spectateurs non convaincus par cette atmosphère gothique pardonnent tout à Burton, face à la magie de l’amour entre des personnages attachants.

Les références culturelles sont extrêmement nombreuses dans le mouvement gothique. Dans la bibliothèque du parfait gothique, les ouvrages fantastiques (notamment du XIXe siècle) en tiennent une bonne couche : Théophile Gauthier (Le Roman de la Momie) ; Edgar Allan Poe (Histoires extraordinaires) ; Guy de Maupassant (Le Horla) ; Mary Shelley (Frankenstein) ; Bram Stocker, mon petit chouchou (Dracula). Tous associent l’architecture gothique à ces créatures de cauchemars que sont les spectres et les vampires. Finalement, ce sont les gothiques qui ont raison, Rappelons-le, les gothiques ont tendance à se non ? Aimons-nous les uns les autres, bordel de définir comme des enfants de la nuit. merde ! Et cette esthétique est scellée par le cinéma, notamment le cinéma expressionniste allemand. Pour vous faire une idée, regardez Nosferatu le Vampire, de Friedrich Murnau (1922). Tout est sombre, tout nous donne envie de se sauver en hurlant, ce n’est pas un univers pour les flipettes. Mais cette atmosphère lourde et angoissante est

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Chacun de nous a déjà été hanté une nuit – ou plusieurs – par des monstres, bêtes ou super vilains. La question du Bon et du Mauvais est quasiment omniprésente dans la pop-culture. Que ce soit les films, séries ou jeux vidéos, on sait globalement où se situer. Cette opposition constitue le fondement de notre culture. Dès la Bible, le Mal est incarné par le serpent tentateur puis par le Diable. Cette conception assez manichéenne, peu présente auparavant, sert à définir les bonnes et les mauvaises actions. Dans la mythologie grecque, le Mal n’existe pas vraiment puisque les dieux qui règnent sur le monde ne sont pas eux-mêmes exemplaires. Ils ont chacun une partie de leur personnalité qui est mauvaise, difficile à distinguer du reste (colère, destruction, jalousie, égoïsme, etc.) qui semble inhérente. Or dans la Bible, le Mal est une entité en soi qui peut nous corrompre tout entier. Cet affrontement du Bien et du Mal où la balance entre les deux mondes est très fragile, se retrouve dans un nombre incalculable d’histoires. C’est dans les histoires Marvel et DC Comics que l’on distingue parfaitement le Bon du Mauvais, Superman en étant l’archétype. C’est le Bon Samaritain prêt à protéger la veuve et l’orphelin au péril de sa vie, des monstres et prédateurs,

méchants et diaboliques voulant détruire le monde. Le méchant, souvent lié au gentil, que ce soit par un lien de parenté, d’amitié ou simplement par son passé, lui permet de développer ses capacités et de surmonter de multiples obstacles. Le Général Zod est un kryptonien comme Superman, Dark Vador est le père de Luke Skywalker, Moriarty a la même intelligence phénoménale que Sherlock Holmes… Ce type d’aventures amène généralement le vilain à être terrassé à la fin, signifiant la victoire du Bien. C’est également le principe de bon nombre de jeux vidéos qui permettent au joueur de prendre la place du héros pour affronter le Mal. Dans Incassable, le lien entre le Bien et le Mal est poussé à son paroxysme. David Dunn (Bruce Willis), physiquement incassable doit faire face à Elijah Price (Samuel L. Jackson), atteint de la maladie des os de verre. Ce dernier, fan de comics (attention, mise en abyme!), dans la volonté de retrouver son exact opposé, décide de provoquer des accidents afin de le pousser à se manifester. Le méchant crée donc son propre gentil afin de parvenir à une confrontation. Mais ce scénario type n’est pas toujours appliqué. Penchons-nous sur Batman. Certes il est beau, jeune et riche, mais il n’est pas toujours gentil. Héros torturé, traumatisé dans son enfance, il n’hésite pas à tuer et briser quelques os dans ses aventures. Il en vient même à affronter Superman pour, selon ses dires, la bonne cause. Il utilise donc son côté sombre et violent pour affronter les supervilains et ainsi assouvir son désir de vengeance face à l’assassinat brutal de ses parents. Or, la vengeance est souvent perçue comme mauvaise. Dans Star Wars, Anakin bascule du côté obscur de la Force par son désir de vengeance (la mort de sa

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Le Côté Obscur, où le Mal devient Légion Salomé Moulain

mère, encore un parent) et sa colère qui corrompt son âme. Cette idée de tentation revient en tête avec la tentation du Mal par rapport au Bien. Cette philosophie du Bien et du Mal incarnée par la Force dans Star Wars illustre un fonctionnement très particulier assez métaphorique. En effet le monde repose sur l’équilibre de la Force divisé entre les Jedi (The Bright Side) et les Sith (The Dark Side) et chacun peut être tenté de rejoindre l’autre. Lors de son apprentissage de la voie du Jedi qui lui permettra par la suite d’affronter Dark Vador (donc le côté obscur), Luke Skywalker doit faire face à son ennemi qui est sa propre obscurité. Le Mal est alors son Moi intérieur et s’incarne sous sa propre apparence. Il faut d’abord s’affronter soi-même avant de pouvoir affronter ses ennemis. Cette idée d’une Force qui est en chacun de nous et peut devenir ou sombre ou brillante selon ce qu’on en fait est assez unique. Elle affirme que chacun devient ce qu’il veut selon son propre choix et non ce qu’il est destiné à devenir (comme la prophétie qui avait promis à Anakin Skywalker un avenir dans le bon côté de la Force). Certains deviennent des anges déchus comme Satan qui a basculé du côté obscur. Dark Vador le premier, mais aussi les Nazguls du Seigneur des Anneaux qui sont des rois qui ont succombé aux pouvoirs des anneaux. On pourrait même citer le Joker qui a succombé cette foisci à la folie après un grave accident (mais lui, c’était déjà pas un ange au départ). La question du choix est primordiale dans l’incarnation du Mal. On choisit d’être méchant, sous influence ou non, c’est un choix qui définit le reste de l’histoire. Cette idée est reprise dans les jeux vidéos. Généralement, il est évident que nous incarnons les gentils, pas de questions là-dessus. Comme par exemple dans la campagne des Call of Duty Modern Warfare où l’on fait face (nous gentils américains) aux méchants soviétiques. Cependant certains jeux, ces derniers temps, proposent des alternatives. Ainsi le jeux Infamous met en scène un jeune homme doté de super-pouvoirs qui selon les actions que le joueur décide de réaliser devient un héros ou un infâme. Dans la même veine, la

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société Telltale propose des jeux où les actions et les choix du joueur influencent la tournure que va prendre l’histoire. Les plus célèbres étant axés dans l’univers de The Walking Dead et Game of Thrones, ces jeux se présentent sous forme d’épisode. Le joueur est amené à prendre des décisions, comme frapper, tuer ou non quelqu’un mais aussi à qui faire confiance ou pas. Ce jeu place le joueur dans un dilemme constant dans ses choix dont certaines conséquences peuvent être désastreuses, ou fructueuses. Certains jeux peuvent jouer sur cette question ambiguë de Bien et de Mal comme Dark Souls, où l’on ne sait pas vraiment qui est bon et mauvais. Le personnage évolue dans un monde apocalyptique peuplé de monstres dont certaines rumeurs disent que c’est le héros lui-même qui l’aurait détruit. Enfin, ce qui est mauvais est souvent considéré comme moche et affreux. Ainsi le Mal est fréquemment associé à la laideur, il doit faire peur. On a tous été terrifiés par les orques du Seigneur des Anneaux, ou par la figure baveuse et acide d’Alien, le huitième passager. Dans les films d’horreur, ce sont les monstres qui incarnent le Mal, vicieux et assoiffés de chair et de sang. La figure maléfique peut également faire peur par son aura puissante. Sans être moche, Dark Vador et sa respiration artificielle nous a donné des frissons plus d’une fois, ses pulsions d’étrangleur n’ont pas aidé non plus. L’important est d’être impressionné pour avoir peur. Parfois la beauté sied bien au diable, on se souvient de Maléfique sous les traits d’Angelina Jolie, ou toujours vivante, Cersei incarnée par Lena Headey, belle et cruellement dangereuse. Les représentations du Mal sont innombrables et ses incarnations multiples mais il sera toujours opposé à la lumière du Bien.

Comme on dit souvent « from light comes darkness and from darkness light » (de la lumière vient l’obscurité et de l’obscurité vient la lumière), l’un ne va pas sans l’autre.


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« Le noir est antérieur à la lumière. Avant la lumière, le monde et les choses étaient dans la plus totale obscurité. Avec la lumière sont nées les couleurs. Le noir leur est antérieur. » Paroles éclairantes de la part d’un artiste dont l’œuvre tourne presque exclusivement autour du noir, comme couleur, comme valeur, comme matière ou plutôt matière première. Petit focus sur Pierre Soulages, le « peintre du noir et de la lumière », un artiste pas si obscur. Actif depuis le milieu du XXe siècle, Pierre Soulages est aujourd’hui considéré comme une figure majeure de l’abstraction. Depuis plus d’une soixantaine d’années, il décline tous les usages possibles du noir, développant un vaste nuancier qu’on est loin d’imaginer au premier abord. La couleur, selon lui, « n’existe jamais dans l’absolu ». Ainsi, rétrospectivement, il définit les trois « voies du noir » apparaissant dans son travail (sans pour autant former trois périodes distinctes, se superposant ou s’alternant) : Le noir sur fond, contraste entre les tracés noirs et la réserve claire du support ; le noir associé à des couleurs, où le noir exalte des bribes de couleurs qui lui sont associées ; la texture du noir, l’intérêt est alors concentré autour de la matière de la peinture et des jeux d’ombres et de lumières apparaissant à sa surface. Ces différentes techniques illustrent l’adage de l’artiste : « Peindre et non dépeindre ». Soulages travaille sur la peinture en elle-même, et non pas sur une figuration préétablie. Ce qui forme l’œuvre, selon lui, c’est tout d’abord l’interaction entre l’artiste et la peinture elle même, puis celle du tableau avec le spectateur, qui est libre de lui donner le sens qu’il veut. Pour cette raison, les titres donnés à ses œuvres ne donnent aucune indication, simplement composés du nom de la technique utilisée (« peinture » pour les plus connues), du format de l’œuvre et de sa date. Ses œuvres de jeunesses, réalisées entre 1934 et 1938 sont donc appelées « œuvres de l’avant », car figuratives et colorées. C’est entre 1940 et 1980 que l’on peut observer l’utilisation d’abord partielle, puis complète du noir. Vers la fin des années 40 commence la réalisation des Brous de Noix ; cette cinquantaine d’œuvres, peu représentées dans les collections publiques sont pourtant importantes car elles manifestent déjà la conception personnelle que

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l’artiste se fait de l’abstraction. L’utilisation du brou de noix, un matériau propre à l’artisan, marque un décalage avec la tradition picturale que l’on retrouve sous d’autres formes dans son œuvre, avec par exemple les Goudron sur Verre. C’est pourtant pour ses qualités picturales que ce matériau est choisi : il permet d’obtenir des variations de couleur (allant du brun au noir), de texture, et de transparence avec lesquelles Soulages aime jouer. Ainsi, la qualité des contours de la forme peinte change, nette, grumeleuse ou encore floue, « d’où naît en relation avec le fond, une lumière picturale, créée par le contraste ou par la réflexion de la lumière sur le tableau » ; ce n’est pas le noir qui l’intéresse, mais le surgissement de la lumière, l’interaction entre le papier clair réservé et le foncé du brou. Ce groupe d’œuvres s’intègre à celui, plus large, des peintures sur papier (gouache, encre et acrylique) qui se développe jusque dans les années 70. La transposition de ces recherches sur toile s’effectue à partir des années 50. Le noir prend une large place sur la surface et est éclairé par des fragments de blanc, le contraste jouant toujours un rôle déterminant. Le format des tableaux s’agrandit progressivement, jusqu'à devenir panoramique, rompant avec la frontalité des œuvres précédentes et induisant une nouvelle lecture des œuvres au rythme des zones sombres et claires. Le spectateur est amené à se déplacer le long de la toile afin d’éprouver ce que Soulages appelle « le battement de formes dans l’espace et dans le temps ». Apparaît également une deuxième formule utilisée pour éclairer le noir : l’association à des couleurs. Appliquées sur la toile puis recouverte d’une couche sombre qui est ensuite raclée, les couleurs vibrent sous le noir. En 1979 a lieu un tournant dans la peinture de Pierre Soulages. Face à un tableau qu’il ne parvient pas à finir, il s’interroge, et donne alors naissance à l’Outrenoir. La toile est désormais totalement recouverte de peinture noire uniforme, dont la matière est travaillée afin de créer un relief, une texture, qui, avec la réflexion de la lumière, entraîne l’apparition de variations colorées. Les marques sont imprimées dans la peinture à l’aide de différents outils plus ou moins conventionnels : brosse traçant des stries, spatule aplatissant la matière, bâton et

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morceau de carton entamant la surface, planche de bois pressée contre la toile… tandis que d’autres surfaces restent planes... Le paradoxe des peintures de Soulages, c’est donc qu‘elles ne sont pas noires, mais plutôt constituées d’une infinité de nuances de gris ; Elles sont plus une expérience de la lumière qu’une expérience du noir. « Trouver monochromes les toiles que j’ai commencé à peindre en 1979, c’est voir le noir que l’on a dans la tête, au lieu de celui que l’on a devant les yeux, affirme-til. Tout l’intérêt de cette peinture repose sur la lumière : une lumière réfléchie par les stries et textures du noir ; une lumière organisée, transformée, transmutée par la réflexion sur cette couleur qui est traditionnellement l’absence de couleur ». La lumière reçue par la peinture varie encore selon le point de vue du spectateur qui se déplace face à ces grandes œuvres, l’accompagnant presque. Soulages s’intéresse donc au potentiel spatial de ses oeuvres et à leurs conditions de présentation. En 2009, à l’occasion de la grande rétrospective qui lui est consacrée au Centre Pompidou, il choisit un mode d’accrochage particulier pour un certain nombre de ses Outrenoirs, notamment les grands polyptyques composés de plusieurs panneaux, qui sont suspendus entre le sol et le plafond. Le spectateur se promène autour des peintures disposées, s’y confronte, est englobé dans l’espace de la toile. Par ailleurs, au-delà du volume de l’objetpeinture, Pierre Soulages s’est essayé à une forme de sculpture dans le cadre de la création d’œuvres imprimées, peu connues. Les matrices des lithographies, eaux-fortes et sérigraphies, plaques de cuivre « gravées » à l’acide, constituent pour l’artiste autant d’oeuvres que les impressions ellesmêmes, suite de diverses expérimentations où le hasard prend une place importante. Trois plaques de cuivre matrices de 1975-1977 ont été érigées en stèle, comme de véritables sculptures ; tout comme pour les peintures, « la lumière y est en jeu, mais ici mobile et changeante sur les parties polies, éclats conjugués ou opposés au sombre toujours fixe des parties gravées ».

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Pour finir, les 104 vitraux réalisés pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques entre 1986 et 1994 témoignent du travail de l’artiste avec la lumière. Ce projet lui tenait à coeur, car c’est à cet endroit que sa vocation artistique serait née. Il choisit pour sa réalisation un matériau particulier, créé pour l’occasion et qui demandera de nombreuses expérimentations : un verre sans couleur dont le degré de translucidité peut être modulé. La lumière passant au travers fluctue en fonction des différentes opacités ainsi que des moments de la journée et, vue de l’extérieur, elle est complètement réfléchie. Grâce à ce verre spécial, Soulages peut peindre directement avec la lumière. L’agencement de chaque vitrail en différents ensembles de bandes courbes et les camaïeux de couleurs changeants ne sont pas sans rappeler son oeuvre peinte.

En conclusion, une dernière (et lumineuse) citation : « « Outrenoir » pour dire : au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui, cessant de l’être, devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un champ mental autre que celui du noir ».


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Anaïs Achard

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Les règles du Loup-Garou But du jeu Elise Poirey • Pour les Villageois : éliminer les Loups-garous. • Pour les Loups-garous : éliminer les Villageois. • Pour les amoureux : si les deux amoureux sont encore en vie à la fin de la partie, ce sont eux qui gagnent, quelque soit leur rôle. Les cartes : Les VILLAGEOIS Chaque nuit, l’un d’entre eux est égorgé par le ou les Loups-Garous. Ce joueur est éliminé du jeu, et ne peut plus participer aux débats. Les Villageois survivants doivent chaque jour lyncher (pas physiquement svp, le Louvr’Boîte décline toute responsabilité) un des joueur, dans l’espoir qu’il soit Loup-Garou. • Simple Villageois • Il n’a aucune compétence particulière, il faut juste que le joueur soit très intuitif. • Voyante • Chaque nuit, le maître du jeu lui montre la carte d’un joueur de son choix, elle doit aider les Villageois sans être démasquée par les Loups-Garous. • Chasseur • Le chasseur n’agit que au moment de sa mort. Il utilise son fusil pour emporter le joueur de son choix avec lui dans sa tombe, qu’il soit tué par les Loups-Garous ou les Villageois. • Cupidon • La première nuit, il désigne 2 joueurs qui seront follement Amoureux l’un de l’autre. Le maître du jeu leur fait ouvrir les yeux après avoir rendormi Cupidon pour qu’ils se reconnaissent et que le coup de foudre agisse, sans que les autres le sache. Si l’un d’eux meurt, l’autre meurt de chagrin immédiatement. Un LoupGarou et un villageois peuvent être Amoureux l'un de l'autre. Ils jouent alors contre tous les autres, LoupsGarous et Villageois. Si les amoureux survivent, alors ce sont eux qui gagnent. Le cupidon peut se désigner lui-même comme un des 2 Amoureux. • Sorcière • Elle a en sa possession 2 potions extrêmement puissantes : une potion de guérison, pour ressusciter le joueur tué par les Loups-Garous, et une potion

Les LOUPS-GAROUS Chaque nuit, ils égorgent un Villageois. Le jour ils se font passer pour des Villageois afin de ne pas être démasqués.

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d’empoisonnement, utilisée la nuit pour éliminer un joueur. La Sorcière doit utiliser chaque potion 1 seule fois dans la partie. Elle peut se servir des ses 2 potions la même nuit ou d’aucune. Le matin suivant l’usage de ce pouvoir, il pourra donc y avoir soit 0 mort si elle ressuscite quelqu’un, 1 mort si elle ne fait rien ou 2 morts si elle tue un autre joueur. La sorcière peut utiliser les potions à son profit, et donc se guérir elle-même. • Voleur • Il faut ajouter 2 cartes de plus au jeu. Le Voleur a le droit durant la première nuit d’échanger sa carte contre une des 2 cartes supplémentaires qu’il reste après distribution du jeu. Il choisit le personnage qu’il souhaite jouer, mais peut aussi choisir de ne pas prendre de carte. Si ces 2 cartes sont 2 Loups-Garous, le Voleur doit en prendre une. • Petite fille • Elle a le droit, la nuit, d’espionner la partie (en entrouvrant les yeux, etc). Si elle se fait surprendre par un des Loups-Garous, elle meurt immédiatement (en silence), à la place de la victime désignée. Elle n’a pas le droit de se faire passer pour un Loup-Garou. • Le Maire • Cette carte est confiée à un des joueurs, en plus de sa carte personnage. Le Maire est élu au premier jour (après la première nuit, pas avant) par vote, à la majorité relative. On ne peut refuser l’honneur d’être Maire. Dorénavant, les votes de ce joueur comptent pour 2 voix. Si ce joueur se fait éliminer, dans son dernier souffle il désigne son successeur. Vous pouvez mixer les cartes comme bon vous semble, sachant que la version de base minimum est composée de 2 Loups-Garous, 1 Voyante, et le nombre suffisant de Simples Villageois. Le ratio doit être de un LoupGarou pour trois non-Loups-Garous.


- Obscur • TOURS DE JEU • 1 - Désigner ou tirer au sort un maître du jeu. 2 - Le maître du jeu distribue à chaque joueur 1 carte personnage face cachée. 3 - C'EST LA NUIT, le maître demande à tous les joueurs de fermer les yeux, le village s'endort. - Selon le choix des personnages en jeu 4 - (Premier tour seulement) Le maître appelle le Voleur. Il se réveille et regarde discrètement les 2 cartes cachées du milieu, puis change éventuellement de personnage. Le Voleur se rendort. 5 - (Premier tour seulement) Le maître appelle le Cupidon. Il se réveille et désigne 2 joueurs (dont éventuellement lui-même). Cupidon se rendort. 6 - (Premier tour seulement) Le maître fait le tour de la table et touche discrètement la tête des 2 Amoureux. Ils se réveillent, tombent fous amoureux, et se rendorment. 7 - (Tous les tours) Le maître du jeu appelle la Voyante. Elle se réveille, et désigne un joueur à sonder. Le maître montre à la Voyante la carte du joueur. La Voyante se rendort. 8 - (Tous les tours) Le maître appelle les Loups-Garous. Eux (et eux seulement) lèvent la tête, ouvrent les yeux se concertent silencieusement et désignent une victime. Si un des Loups-Garous est désigné comme victime par un ou les autres, tant pis pour lui, il meurt !!! Durant ce tour, la Petite fille peut espionner les Loups-Garous (en clignant des yeux, regardant entre ses doigts etc), elle n’y est pas obligée, si elle se fait prendre elle meurt, à la place de la victime éventuellement choisie. Les Loups Garous se rendorment. 9 - (Tous les tours) Le maître du jeu appelle la Sorcière. Le maître du jeu dit : “la Sorcière se réveille, je lui montre la victime des Loups-Garous. Va-t-elle user de sa potion de guérison, ne rien faire ou tuer une autre personne ?”. Le meneur montre à la Sorcière la victime des Loups-Garous. La Sorcière n’est pas obligée d’user de son pouvoir. Si elle utilise une potion, elle doit désigner au meneur sa cible avec le pouce tendu vers le haut pour la guérison, à l’horizontale pour ne rien faire ou vers le bas pour l’empoisonnement. Le maître du jeu mentionne si des personnes sont mortes ou non sans préciser quel rôle la sorcière a joué.

durant la nuit. Ce joueur révèle sa carte, et est éliminé du jeu. Quel que soit son personnage, il ne pourra plus communiquer avec les autres joueurs sous quelque forme que ce soit. • Si ce joueur est le Chasseur, il a le droit de répliquer et tue immédiatement un autre joueur de son choix. • Si ce joueur est un des deux Amoureux, l’autre Amoureux se suicide immédiatement. 11 - Les joueurs, à force de débats, doivent désigner l’un d’entre eux, qui sera éliminé d’après le vote. • Les Villageois tentent de démasquer un loup-garou et de faire voter pour son élimination. • Les Loups-Garous doivent à force de bluff et mensonges, se faire passer pour des Villageois. • La Voyante ainsi que la Petite fille doivent aider les Villageois, mais sans mettre trop tôt leur vie en danger en exposant leur identité. • Les Amoureux doivent se protéger l’un l’autre. En cas d’égalité, s’il est présent, le vote du Capitaine désigne la victime. Sinon, les joueurs votent à nouveau (y compris les joueurs en cause) pour départager les ex-aequo. 12 - Le joueur désigné par la majorité des voix est éliminé, il révèle sa carte et ne pourra plus communiquer avec les autres joueurs sous quelque forme que ce soit. En cas d’égalité, les joueurs revotent pour départager les ex-æquo. 13 - Tous les joueurs se concertent pour élire un Maire parmi les joueurs qui souhaitent se présenter. Tel Macron, il a le droit de faire des promesses électorales qu’ils ne tiendra pas. Le vote du Maire comptera double lors du choix de la personne à lyncher chaque jour jusqu’à sa mort. Quand il meurt, il doit rendre sa carte mais peut garder l’argent, et désigne son successeur (et exécuteur testamentaire). 14- C’EST LA NUIT, tous les joueurs vivants se rendorment. (Les autres regardent mais se taisent…) Le jeu reprend au tour N° 7. CONDITIONS DE VICTOIRE Les Villageois gagnent, dès le dernier Loup-Garou est éliminé. Les Loups-Garous gagnent, dès que le dernier villageois est éliminé. Les Amoureux gagnent s’ils sont tous les deux vivants au moment de la victoire, qu’ils soient seuls ou avec les autres Villageois ou Loups-Garous.

10 - C’EST LE JOUR, le village se réveille, tout le monde lève la tête et ouvre les yeux. Le maître du jeu désigne le joueur qui a été victime des Loups-Garous

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TasliMiam

Le gâteau post-fêtes, un avenir radieux en perspective

Bon, c’est la rentrée et on ne va pas se mentir : t’as fait de la merde pendant les vacances. On ne reviendra pas sur ta tentative désespérée de séduire un autre être humain grâce à une chorégraphie improvisée sur Keen’V, ni sur ce moment où tu t’es vomi dessus, renonçant ainsi définitivement à toute forme de dignité.

Taslima Gaillardon

Bien sûr tu as tellement bouffé pour compenser qu’il devient difficile de te mouvoir autrement qu’en roulant ; sache que faire bombance c’est bien, mais pouvoir  voir son pubis et ses orteils c’est parfois pas mal aussi  ! Je ne veux pas t’accabler et je sais que tu as pris de bonnes résolutions. Nous allons donc cuisiner afin que ton corps reparte sur de bonnes bases, et qui sait, peut-être qu’ensemble nous allons réaliser la recette du bonheur. Comme à chaque fois, je te propose une musique d’ambiance : pour rendre hommage à mon passif émo/dépressif on se met Spring Nicht de Tokio Hotel ! J’ai choisi pour toi une recette healthy parce que je suis une femme like you, m’emmener au bout du monde, une femme like you, heeeeeeey, heeeeeeeeeeeeeeey (t’as la référence ?) !

« Nous allons faire un gâteau au chocolat sans sucre, sans gluten, sans beurre, ultra vegan, sans farine, sans eau, sans sel ! » Pour cette recette, il te faut : Du chocolat plus noir que la meilleure pote de Nadine Morano -

1) 2) 3)

Un four

Mets la tablette au four Laisse cramer Ne mange pas.

Et voilà, pas de gras en plus dans ton gros boulard, t’as même dépensé quelques calories. La vie est belle. La bise (fais gaffe de pas foutre le feu à ton appart quand même). A + dans le bus.

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Histoi’Art

Laureen Gressé-Denois

Exposition : « Gouverner la peur »

4 décembre 2017. Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Centre Panthéon. Premier étage. Galerie Soufflot. 19h30. L’animation des voix glisse sur le parquet, emplit le lieu éclairé de lampes anciennes, dont le halo vêt aussi les panneaux et visages présents. Mais il en est trente-neuf qui sont plus rayonnants de joie et de fierté que tout autre. Trente-neuf visages, ceux des étudiants en troisième année de licence d’Histoire. Ils l’ont fait. Leur exposition est enfin dévoilée, l’aboutissement de plusieurs longs mois de travail, de recherche, de questionnement, d’analyse, de dialogue, de choix, d’organisation… La mission qu’ils s’étaient donnée ? Faire toute la lumière sur une légende obscure, le mythe noir que représente la Terreur dans le paysage visuel français, contemporain des événements ou encore celui d’aujourd’hui. Le musée Carnavalet (dont les collections se concentrent sur l’Histoire de la ville de Paris) étant actuellement fermé pour rénovation, il a été décidé de présenter tout de même certaines de ses œuvres dans le cadre d’expositions hors les murs. Les troisièmes années de licence d’Histoire devant étudier la période révolutionnaire durant leur cursus, certains d’entre eux se sont portés volontaires pour participer au projet en plus de leur emploi du temps normal. Aidés par les professionnels du musée Carnavalet et de leurs professeurs Guillaume Mazeau

et Jeanne-Laure Le Quang, tous ont pu proposer une lecture atypique de cette période qui a déchaîné les opinions de l’époque… jusqu’à de nos jours ! La problématique du gouvernement qui s’appuie sur la peur est ainsi déroulée autour de trois axes. Ceux-ci permettent de comprendre l’émergence d’anciennes et de nouvelles appréhensions face à la crise révolutionnaire, mais aussi d’étudier la nécessité de la toute fraîche République de rallier les Français à sa cause par un salut public et de se questionner sur la naissance et l’avenir de cette légende noire de la Terreur. Gravures à l’eau forte, gouaches sur cartons, dessins à la mine et à la pierre noire passent devant nos yeux comme autant de témoignages sur la pédagogie de l’émotion mise en place par le gouvernement et ses opposants. Mettre en scène les « camps » des différentes possibilités de pouvoirs politiques est alors primordial. Danton disait ainsi lui-même : « Soyons terribles pour dispenser le peuple de l’être ». Or, à la lumière de cette propagande visuelle, décryptée par les sources primaires historiques, certains faits du mythe obscur semblent alors soudain se nuancer pour offrir de nouveaux aperçus sur les événements. Les illustrations de procès médiatisés mettent par exemple en scène les citoyens condamnés, considérés traîtres à la République, alors que beaucoup de jugements sont justement rendus publics, affichés dans la rue, et prouvent que même si énormément de personnes passent par les tribunaux, beaucoup d’entre elles

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sont aussi disculpées et relâchées ! Mais alors, si certains faits sont moins extrêmes qu’on ne les envisageait, comment se fait-il que la Terreur soitelle encore si durement jugée avec Robespierre en premier et principal « monstre », chef d’orchestre d’un « bain de sang national » ? Pour le savoir, il va falloir vous rendre à l’exposition et continuer l’enquête, guidés par les jeunes étudiants et leur travail ! Pour Ludivine Fortier, l’une d’entre eux, là est justement toute l’importance d’amener les visiteurs à cette exposition, afin de leur faire comprendre tout le processus de réflexion derrière la légende noire. L’expérience a été pour elle unique dans son parcours et dans celui de ses camarades puisque qu’organiser une exposition a été une motivation afin de « côtoyer plus étroitement le personnel d’un musée », aspect pratique en complément des apports théoriques que leur apporte la faculté. À la question « les faits révolutionnaires ont-ils nourri la peur dans l’imaginaire ou sont-ce plutôt les images qui ont contribué à forger l’ampleur de la Révolution  ? », elle répond sans hésitation que, selon elle, les images ont eu une importance majeure pour comprendre le quotidien des nouveaux citoyens et qu’elles sont d’autant plus précieuses car elles autorisent l’historien à s’immerger dans le visuel de l’époque, soit dans le nid-même de la psychologie révolutionnaire. Elle explique alors qu’en tant qu’étudiants, le projet était d’autant plus intéressant pour eux car il leur était enfin permis de se glisser dans la peau de véritables historiens en exercice. Cela a été fort gratifiant pour eux, à qui on a laissé l’avis sur le choix des visuels, l’autonomie dans la décision des axes de l’exposition. Ludivine est d’autant plus ravie, nous confie-t-elle, d’avoir pu faire un premier pas sur le « terrain » en ayant un réel contact avec les professionnels du musée Carnavalet grâce au dialogue facilité par leurs 27 professeurs. Lucie Marras, une autre étudiante du

commissariat scientifique de l’exposition, confirme. Monter ce projet était à la fois un vrai challenge personnel et collectif. Chaque groupe de deux-trois étudiants conçoit un panneau. Le vrai atout du projet a été pour elle de pouvoir faire de l’Histoire autrement, en la liant au domaine de l’Histoire de l’Art et en la développant de manière pédagogue et précise dans un discours accessible à tous. Même si Lucie regrette que l’exposition ne soit pour le moment que dans l’université, cela permet déjà « à d’autres étudiants d’autres disciplines passant par la galerie Soufflot de pouvoir découvrir cette période qu’ils ne connaissent pas forcément bien.  » Autre qualité de l’exposition, sa gratuité ! Même un visiteur extérieur peut venir la découvrir, s’instruire et s’interroger soi-même sur la dimension de la Terreur ! En arpentant la galerie, l’objectif se révèle très réussi : des groupes s’attardent ensemble durant le vernissage devant plusieurs panneaux pour lire, débattre ensemble de ce qui y est écrit. L’exposition touche donc les esprits et a accompli sa mission de nuancer la légende noire de la Terreur dans l’esprit actuel des Français ! Les professeurs et conservateurs peuvent être fiers de leurs commissaires scientifiques d’un jour car, comme le dit le maître de conférences en Histoire moderne Guillaume Mazeau dans son discours d’inauguration, « l’exposition a permis aux étudiants de sortir de leur rôle d’acquéreur de savoirs pour le transmettre autrement à leur tour en parlant à un public qui n’est pas toujours familier avec l’Histoire. » Chapeau bas pour ces étudiants qui ont su mener à bien un projet professionnalisant, collectif et humain... Tous s’en trouvent grandis, de même que les visiteurs curieux ! Dès lors, n’attendez plus ! Osez, surmontez la peur des stéréotypes ! Courrez voir cette exposition ! Et si vous ne pouvez pas vous y rendre, les étudiants ont aussi créé un site internet sur leur travail : https:// g o u v e r n e r p e u r. fr/ ! En tous les cas, révolution des idées obscures et des opinions sur la Terreur garantie !


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Ek phra sis Le prisonnier de Laureen Gressé-Denois Chillon Au pays de Vaud, après avoir passé le parc régional Gruyère Pays d’En-Haut, s’érige comme une perle dans un écrin, un rocher fortifié, caressé par des flots bleu lavande et veillé par les Dents du Midi, apparaissant au loin. Il y a, tout au long de cette route qui y mène que l’astre du jour couronne d’un lumineux diadème, à moins que ce ne soit d’un mystérieux manteau de brume par la neige tombante, un sentiment de profonde contemplation. Cette méditation saisissante est celle d’une sombre sérénité, d’une pure quiétude sublimée par le paysage. Le château de Chillon a cet enchantement qui lui est propre : celui de chuchoter à l’oreille de ceux qui longent ses flancs de merveilleuses légendes, que le lac Léman fait remonter à la surface de ses pierres. La vision paraît si surnaturelle, l’apparition de ce fort entre montagnes, ciel et flots, que beaucoup, fascinés, en passent les lourdes et raffinées portes médiévales. Pourtant, certains ont prié et supplié des années durant pour quitter cette prodigieuse forteresse… Le cœur brisé d’avoir dû fuir l’Angleterre suite à un scandale dans son couple, Lord Byron, poète impétueux, romantique, politique et libre, entame en 1816 un nouveau voyage vers la Belgique qui aboutit en Suisse, à Montreux. Il cherche alors à s’y installer et loue la Villa Diodati. Là, il rencontre le poète britannique Percy Shelley et sa bien-aimée Mary Shelley (l’auteure de Frankenstein !) avec qui il noue une amitié très forte. Avec eux, il visite longuement la région mais sa préférence va pour le château de Chillon, sur les bords du lac Léman qu’il explore régulièrement. Byron est alors saisi par la cathédrale de pierre que représentent les souterrains, avec leurs sublimes voûtes d’ogive. La beauté du lieu, bercé par les flots qui s’épanchent sur les pierres audehors et que l’on peut entendre, est pourtant contrebalancée par ce pilier, celui aux chaînes qui semblent encore cliqueter

dans l’ombre. En 1530, François Bonivard, prieur clunisien de Saint-Victor, en tant que fervent patriote genevois, cherche à aider les habitants de cette ville à résister face à l’annexion que souhaitait la maison de Savoie avec à sa tête Charles III. Capturé par le capitaine seigneur de Chillon, il y est enfermé et enchaîné six ans durant à ce même pilier. Aidés par les Bernois, les Genevois parviendront enfin à le libérer en 1536. L’histoire fascine le poète britannique au point qu’il fait de Bonivard le héros d’une de ses plus belles œuvres romantiques, dont un extrait vous est proposé aujourd’hui. Byron est si saisi par le poids du lieu et le troublant antagonisme qui font des souterrains à la fois un écrin de pureté mais aussi une humide prison, qu’il grave son nom sur le pilier du prisonnier. Delacroix, peintre du même mouvement, est tant inspiré par les vers de Byron qu’il réalise en 1834 une huile sur toile conservée au Musée du Louvre et qui représente la même sombre anecdote. Bonivard, au premier plan, est figuré en homme abandonné et enchaîné. Isolé, il se heurte au mur invisible qui le sépare de son frère mourant au fond de la toile, emprisonné avec lui. Sa main tendue, dans la continuité de la torsion et de la tension du corps, montre le désespoir figé du captif. Ce dernier, dans un ultime sursaut, cherche la force de s’élancer vers son parent agonisant. Le regard hagard, les cheveux et la barbe hirsutes, les vêtements en mauvais état, accentuent la folie de la scène, l’absurdité amère qui s’en dégage après toute cette longue captivité. En effet, Bonivard sait qu’il est lié à son pilier et pourtant, il tente avec violence de s’en défaire, comme tout homme face à son destin. Delacroix, de même que Byron, le dépeint ainsi en martyr de la liberté face à qui tout est interdit, même le droit légitime de recueillir le dernier soupir de son frère. Les tons en fort clair-obscur de la toile invitent alors le spectateur lui aussi à s’habituer à la luminosité des souterrains pour comprendre la scène. Tout participe à le faire se sentir lui-même sur place, également prisonnier et muet témoin de son incapacité à secourir. C’est également ce que j’ai pu ressentir en allant à Chillon il y a deux ans. Depuis toute petite, ce château me faisait rêver, m’attirait… Attentive aux émotions que me procure le patrimoine, j’ai pu à mon tour me glisser dans la peau de Bonivard et vivre cet étrange paradoxe de la beauté des

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Pleut le cliquetis à la sixième Houle, sous les obscurs pins De la geôle voûtée. Poète ! Pour qui es-tu ainsi éploré ? L’élégie de tes perles les siècles Érode et contre ton blême Front s’appuie un lourd pilastre Creusé par les vains soupirs De vagues accablées, enchaînées Au silencieux sort des lumières du Lac.

souterrains, des sensations du son des flots, de la vue du lac à travers les barreaux mais aussi de l’humidité de l’air, du froid de la pierre, de l’obscurité du lieu… Un poème est né, libéré des chaînes de l’esprit créateur par ce torrent d’émotions contradictoires, cette mystérieuse synesthésie qui fait de ce château un endroit unique à visiter mais plus encore, à profondément ressentir… Dans le profond et noir donjon Du vieux château gothique de Chillon, Sous les arceaux et les ogives, Il est sept antiques piliers Appuis de ces sombres foyers ; Il est sept colonnes massives, Avec leurs grisâtres couleurs, Emprisonnant quelques lueurs D’un rayon qui perdit sa voie, Bien loin du jour triste et sans joie. Par surprise il s’était glissé Par la crevasse et par la fente D’un mur épais ainsi laissé ; Rampant avec sa marche lente Sur le sol tout ruisselant d’eau, Comme la lampe météore, Que les marais ont fait éclore. Chaque colonne a son anneau, Et chaque anneau porte une chaîne, Et de chaque chaîne le fer, Rongé de rouille, en est couvert, Corrosive et rousse gangrène ; Car tous mes membres au dedans De mes fers indiquent les dents, Avec les marques des blessures Que m’imprimèrent leurs morsures, Stigmates livides, profonds,

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Longs, ineffaçables sillons, Que je ne laisserai derrière Qu’avec la vie et la lumière. Celle-ci pèse sur mes yeux De tout son poids lourd, odieux, Oubliée et presque inconnue, N’ayant jamais frappé ma vue Dans ces cachots où dès longtemps Je cessais de compter les ans, Dans leur douloureuse série Depuis qu’un frère agonisant Tomba sur sa paille pourrie, Le dernier près de moi gisant. Lord Byron, Le Prisonnier de Chillon, II, 1816

Poète ! Tes doigts s’agrippent Et au bords de sanglots, S’y mêlaient la noirceur Ajourée, la dentelle bleue Ourlant des vents la pierre sacrée. Les pas se croisent, s’encerclent, se suivent. Douleur de l’arme éteinte Et la plume au refuge des larmes... Vois-tu, ô poète, vois-tu Cette triste apeurée silhouette Quand l’eau la gouvernait De l’arche au froid parterre Pressant tes mots Comme il pressait ses maux ? Va et viens, poète. Le Léman Tes vers murmure. Va et viens, Poète. La calme pénombre Aux roches embrassées repose. L’orage gronde au loin, soufflant Les feuilles sifflant aux fentes Vibrantes... Approche poète. Effleure le cœur du captif. Nous ne sommes libres qu’à la brise Des murs, se glissant Sous les indicibles passages Mais toujours se libérant pour voguer Loin, loin poète, au limpide iris Des jours ramenés, enluminant D’or, ton nom gravé au parchemin De prisonnières colonnes abandonnées. Laureen Gressé-Denois, Libres Chaînes, mai 2016


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Morgane Vitcoq

Le concours du mois de novembre à déchaîné les passions! Merci à tous pour votre participation! On continue en 2018! L’équipe du Louvr’boîte tient à remercier chacun de nos lecteurs, de nos followers, de nos abonnés. Merci pour cette année 2017 pleine de rebondissements, de jeux de mots, de hashtags douteux, de mots croisés et d’articles en tout genres. Pour cette année 2018, nous vous souhaitons le meilleur, le succès face aux examens, et beaucoup de bonheur. 30


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Quant à nous, nous nous souhaitons de continuer à rire et faire rire, de continuer à apprendre et à vous en apprendre. Très bonne année 2018 à tous!

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Le choix de la Rédac ‘ « J’ai une peur panique des limaces, larves et autres asticots ou vers de terre. Ils peuvent paraître inoffensifs mais leur simple vue me donne l’impression qu’ils vont envahir ma bouche, me sortir par les yeux et rentrer dans mes trous de nez…Je reviens je vais vomir. » Yvine

« Ça n’est pas volontaire mais elle est liée au thème du numéro… Dans une pièce où la lumière est éteinte, j’ai peur qu’un cambrioleur se cache et me tue au moment où je rentre. » Ivane

QUELLE EST VOT

« Les araignées et Slenderman. Les deux ont plein de pattes et ça m’angoisse. » Morgane

« Les pigeons… » Alexa

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« Les cheveux, le noir ou les gens, j’ai pas encore choisi lequel était le plus irrationnel… » Elise.

TRE PEUR LA PLUS OBSCURE ?

« Avoir envie de vomir. Par contre, voir les gens vomir déclenche chez moi un rire incontrôlable. (Sachez qu’il existe sur Youtube des compilations de gens qui vomissent, c’est marrant.) » Taslima.

« Tout ce qui est lié de près ou de loin au monde marin… Oui, je ne peux pas mettre un pied dans la mer ou même contempler un plateau de fruits de mer sans que ça parte en crise de panique. » Jeanne

« Que la momie du département égyptien se réveille et me coure après entre les sarcophages… J’ai beau m’être réconciliée avec l’Égypte, il y a des angoisses qui ne changent pas… » 33 Laureen


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Test : Quel Mangemort êtes-vous ? 34


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Quel Mangemort êtes-vous ? 1. Le matin pour vous préparer vous utilisez : Un pétard et du khôl noir Du beurre et de l’huile Vous ne savez pas trop, souvent ce que l’on vous donne De la neige Vous n’avez besoin de rien, votre père vous le dit souvent

Elise Poirey

2. Pour vous déplacer, vous : Transplanez Prenez le Magicobus Naviguez sur un bateau Utilisez un Nimbus 2001, « pas mal, non ? » Transplanez, mais de manière plus flippante 3. Pourquoi avez-vous choisi de devenir Mangemort ? Vous ne vous souvenez pas avoir vraiment eu le choix Parce que vous étiez dans une école de méchants Pour faire comme papa Pour faire comme toute la famille Parce que vous avez toujours rêvé d’être espion, comme James Bond 4. Comment est-ce que vous décririez votre relation à Voldy ? Depuis que vous avez balancé vos anciens copains, il vous fait assez peur Comme vous êtes assez lâche, il vous fait assez peur À la limite entre l’amour unilatéral et le fangirling On peut dire que vous ne le portez pas dans votre coeur Comme vous n’osez pas prononcer son nom, il vous fait assez peur 5. Quel est votre sortilège préféré ? Crache-limace Vous affectionnez beaucoup les sorts impardonnables, en particulier Endoloris Sectumsempra Vous n’en avez pas vraiment, mais une chose est sûre : vous détestez l’Impérium Avada Kedavra 6. Quel est votre lieu préféré à Poudlard ? La salle commune des Serpentards Les cachots Vous n’en avez pas vraiment Le lac La salle sur demande

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7. Quel est votre accomplissement personnel ? Être devenu professeur de Défense contre les Forces du Mal, 15 ans après Faire des trous, des petits trous, toujours des petits trous Avoir fui, plusieurs fois, plus ou moins bien Avoir réussi à ne plus suivre votre père, enfin presque Avoir tué, torturé, brûlé, peut-être même mangé pas mal de gens


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Vous avez un maximum de , vous êtes Bellatrix Lestrange Vous êtes probablement la pire de tous les Mangemorts, mal coiffée et à moitié folle. C’est pas parce que vous étiez mariée à Tim Burton que l’on peut vous pardonner la mort de Sirius… En plus, tout le monde sait qu’au fond, vous êtes secrètement amoureuse de Tu-Sais-Qui, alors qu’il n’a même pas de nez… Vous avez un maximum de , vous êtes Severus Rogue Les rageux diront traître, mais les vrais savent qu’au fond, vous êtes sûrement le meilleur personnage de toute la saga. Comme l’a dit JKR, « Rogue est gris. Tu ne peux pas faire de lui un saint : il était rancunier et intimidant. Tu ne peux pas faire de lui un méchant : il est mort pour sauver le monde des sorciers. » Vous avez un maximum de Miskina

, vous êtes Stan Rocade

Vous avez un maximum de , vous êtes Igor Karkaroff Globalement, vous n’êtes qu’un lâche. On ne peut même pas vraiment vous détester tellement vous ne servez à rien. Vous ne pensez qu’à sauver votre peau, même si c’est en balançant vos amis. Mais un jour, tout ça va se retourner contre vous, et ça va mal se finir… Vous avez un maximum de , vous êtes Drago Malefoy Au début, on adore vous détester car vous avez tout du petit égoïste prétentieux, légèrement tête à claque. Mais quand on apprend à vous connaître un peu plus, on comprend qu’au fond, vous êtes juste perdu, et finalement, vous en devenez presque attachant.

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Vous pensez être doué en Histoire de l’Art ? Testez vos connaissances avec ces oeuvres contrastées dont on n’a gardé que les côtés les plus sombres ! Yvine Briolay

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Réponses : 1. Akhénaton du Louvre. 2. Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich. 3. Nighthawks, Edward Hopper. 4. La Madeleine à la Veilleuse, Georges de la Tour. 5. La mort de Marat, Jacques-Louis David. 6. Le Penseur de Rodin. 7. Le Voyage dans la Lune, Méliès. 8. Le Baiser de l’Hôtel de Ville, Robert Doisneau. 9. Tête de Méduse, le Caravage.

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Photographiques

Crédits 39

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P. 4 : By Andy Wright from Sheffield, UK (Flickr) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons P. 5 : By user:pschemp (Own work) [GFDL (http://www.gnu.org/ copyleft/fdl.html), CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/ by-sa/3.0/) or CC BY-SA 2.5-2.0-1.0 (https://creativecommons.org/ licenses/by-sa/2.5-2.0-1.0)], via Wikimedia Commons P. 10 © Envy P. 14 : © Alexa P. 16 : © Salomé Moulain P. 19 : © Alexa P. 20-21-22 : © Anaïs Achard P. 25 : © Taslima Gaillardon P. 26-27 : © Laureen Gressé-Denois, © exposition gouverner avec la peur, autorisation de Guillaume Mazeau et de la page facebook de l’exposition, Auteur inconnu [Public domain], via Wikimedia Commons P. 28-29 : © Laureen gressé-Denois, Par Inez Stafford (Travail personnel) [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/bysa/3.0)], via Wikimedia Commons, Par Ioan Sameli from Switzerland (Chateau de Chillon) [CC BY-SA 2.0 (https://creativecommons.org/ licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons, © public domain https://www.wikiart.org/en/eugene-delacroix/the-prisoner-ofchillon-1834, Par Rama (Travail personnel) [CeCILL (http://www.cecill. info/licences/Licence_CeCILL_V2-en.html) ou CC BY-SA 2.0 fr (https:// creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/deed.en)], via Wikimedia Commons P. 30-31 : © Instagram Louvr’boîte P. 34 : © Camille Giraud P. 37-38 : © Envy Couvertures : © Lise Thiérion


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