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Nécrologie

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Fascinant présent

Fascinant présent

Que ce soit dans le milieu sportif, musical, politique, littéraire, cinématographique et même humoristique, 2020 n’a pas été une année très joyeuse. Chacun d’entre nous a été touché par la disparition d’une célébrité qu’il aimait bien. La perte d’un être qui nous est cher, c’est avant tout la perte d’une partie de nous-même. Nous étions habitués à cette présence qui nous enjouait, qui nous rassurait sans doute aussi un peu. Parfois même, on pouvait considérer cette personne comme quelqu’un de notre entourage, de notre famille presque. Tâchons alors de leur rendre un bel hommage.

Tout d’abord je voudrais rendre hommage à deux hommes qui ont fait la renommée d’un petit Gaulois à moustache fort célèbre, je veux bien évidemment parler d’Albert Uderzo et Roger Carel ! Avec Goscinny, ils ont rendu iconique un petit village résistant encore et toujours à l’envahisseur. Mais plus qu’Astérix, Roger Carel, c’était avant tout un splendide acteur et comédien et surtout un doubleur de génie : Astérix, Mickey, Kermitt la grenouille, C-3PO, Maestro et même Idéfix !!! Tout le monde a été marqué par son timbre de voix inimitable, il a sans nul doute marqué un bon nombre de générations. Si l’on reste dans les acteurs, il faut également souligner la triste disparition de deux acteurs de légende : Kirk Douglas et Sean Connery, qui chacun, à leur manière, ont su révolutionner le monde cinématographique. Ils resteront à jamais des légendes du cinéma, adieu 007 et adieu Spartacus ... La preuve que le meilleur des agents secrets anglais peut être écossais….

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Si l’on parle de légendes, je ne peux qu’avoir une pensée émue envers Ennio Morricone, le Maistro, qui lui aussi nous a quitté, un soir de juin. Sa musique, c’est sa vie, son œuvre, le talent d’un prodige mis au service du cinéma, un art mis au service d’un autre art, mais cependant, il faut faire attention ; comme il le dit lui-même, « la musique est une expérience, pas une science». Effectivement, sa musique est une expérience, un voyage vers un autre monde, un désert aride où règne bien souvent la loi du plus fort. Les mercenaires et « les salopards » sont seuls maîtres sur ce territoire orchestré par Morricone.

Cette année a aussi porté un coup dur à tous nos amis sportifs, l’annonce de la mort de Maradona a eu l’effet d’un choc dans le milieu du football. Il n’y a pas une coupe que ne possédait pas cet homme, sur le terrain, c’était un véritable ovni ; au risque d’offusquer quelques personnes, je trouve qu’il a su élever au rang d’art ce sport avec sa manière d’être actif sur le gazon, de jouer et de monopoliser l’espace. Il savait fasciner son public et son public savait le lui rendre. Un véritable professionnel mais aussi un homme au grand cœur qui n’a jamais souhaité vivre ailleurs que parmi les siens, en Argentine.

Cette fois-ci je voudrais rendre hommage à un compagnon de la libération : Daniel Cordier. L’année dernière, et pour reprendre une célèbre expression, l’Histoire fut veuve. Avec la mort du résistant, c’est un pan entier de notre histoire qui disparaît et quelle histoire… Parmi les premiers engagés de la France Libre, « Caracalla » devient très vite un personnage avec de grandes responsabilités, secrétaire personnel de Jean Moulin, c’est lui qui tient les comptes des mouvements, bientôt unifiés, de la zone Sud. Malheureusement le 21 juin 1943 fut un jour de deuil pour lui. Après le drame de Caluire, Daniel Cordier répètera maintes fois « à partir de ce moment-là, j’étais devenu orphelin »… Faire face à cet homme, c’est faire face à l’histoire héroïque et tragique de notre pays, de sa décadence à sa grandeur, de son occupation à sa libération… Plus qu’une suite d’événements, la vie de Daniel Cordier est un mythe pour la Résistance où la légende se mêle à l’organisation. Peut-être que ce cher Daniel sera panthéonisé au côté de son ami de toujours, espérons… 8

L’année fut aussi difficile dans le monde l’art, Christo n’est plus, l’emballeur le plus célèbre du monde a rendu son dernier souffle en mai dernier. Son œuvre, parfois sujette à polémique, reste gravée dans nos mémoires comme celle d’un avant-gardiste aux ambitions folles et monumentales. Emballer le Reichstag, le pont Neuf, et même une île !!!! Qui, à part lui, pouvait avoir une idée aussi saugrenue ? Évidemment, il ne faut pas oublier Jeanne-Claude, qui fut l’initiatrice de beaucoup de projets si ce n’est la plupart. Les deux compères reposent désormais ensemble. Malgré la mort de ce dernier, l’empaquetage de l’Arc de triomphe est un ultime hommage au couple d’artistes. Leurs œuvres, aussi éphémères soientelles, dégagent un je-ne-sais-quoi de poésie, une invitation au rêve, à l’apaisement…

Aussi, une disparition qui m’a énormément touchée, celle de Christophe, l’homme des “mots bleus” , d’ ”Aline” et des “Marionnettes”. Il fait partie des chanteurs qui m’ont bercés étant jeune, il avait cette façon si particulière de chanter l’amour, comme un mélange de mélancolie, de plaisirs inachevés, de rencontres qui n’ont jamais eu lieu. Sa mort est survenue en plein confinement, je me remémore les quelques instants où sa voix résonnait dans les jardins et sur les balcons. C’est ce genre d’hommage qui montre la réelle popularité d’un artiste. Si l’on parle d’artiste populaire, j’ai une pensée tendre pour le compagnon de Michou ; l’homme de la rue des Martyrs n’est plus… Il nous aura fait vibrer au rythme de ses cabarets transformistes. La perte de Michou, c’est la disparition d’une certaine époque, un Paris d’avantguerre (et d’après-guerre aussi) où se mêlent insouciance et joie de vivre à la parisienne.

Pour conclure, je voudrais avoir une ultime pensée pour deux grands journalistes de renom, Jean Daniel et Pierre Bénichou. Ce sont ces deux hommes qui m’ont donné envie d’écrire, ils ont fait les heures de gloire du Nouvel’Obs. J’ai une tendresse toute particulière pour Pierre Bénichou, avec qui j’ai eu quelquefois l’occasion de discuter. Au moment où j’écris ces quelques lignes, une larme lourde de tendresse et de reconnaissance perle sur ma joue. Il était d’une sympathie et d’un humour comme on n’en fait plus. Un véritable Parisien comme on les aime, un peu râleur, souvent de mauvaise foi mais toujours tendre et charmant… C’était l’archétype d’une certaine époque, il avait une immense culture et pouvait réciter du Aragon, du Molière et des chansons d’un autre temps. Il m’a fait aimer Maurice Chevalier, ma culture c’est à lui que je la dois, il m’a tout appris de la vie, de ses difficultés, de son absurdité… Au revoir Pierrot, tu seras à jamais dans mon cœur... Bien sûr je ne peux citer toutes les disparitions de cette année tragique, mais je n’oublie pas Juliette Gréco, Anne Sylvestre, notre ancien président de la République M. Valéry Giscard d’Estaing -dont la mort me surprit tant je le pensais immortel- et tant d’autres encore qui n’auront pas vu l’horizon de 2021…

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