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service de votre quotidien Hérald’HIC ! - p. 22

Une science de l'Inde ancienne au service de votre quotidien !

Si l’on vous dit Yoga, vous pensez sûrement à la détente, la respiration et vous voyez des personnes faire de drôles figures d’équilibre non ? Mais si l’on vous dit Ayurvéda à quoi pensez-vous ? À rien peut-être me direz-vous, et pourtant cette science de la vie venue d’Orient prend de plus en plus d’importance en Occident de nos jours. Développée en Inde ancienne dès l’époque védique, cette science vise à trouver pour chacun le « savoir-vivre » qui permet d’apporter bien-être et stabilité. Ce mot, Ayurvéda, se traduit par « Science de la vie » ; « Ayur *» signifiant vie, force vitale et « Veda » science. L’Ayurvéda est certes une médecine mais c’est aussi une technique de développement personnel adaptée à chacun. Elle s’appuie sur trois axes d’action : préventif, curatif pour guérir de toutes pathologies ou maux rencontrés et enfin correctif pour aider à la gestion de ses émotions et problèmes. L’enseignement ayurvédique s’appuie également sur des principes qui sont ses piliers. Au nombre de six, on y trouve : - Le sacré en toute chose, par les cinq éléments (éther, air, feu, eau et terre) résultant les uns des autres et présents partout. - L’équilibre, par les trois humeurs (doshas), des fluides toujours en mouvement en chaque être. Selon l’Ayurvéda, un certain dosage de ces humeurs est inscrit dans nos gènes dès notre naissance, pourtant ce dernier n’est pas parfait et l’Ayurvéda cherche à modifier subtilement ces humeurs pour atteindre l’équilibre originel. - L’interdépendance, à travers les tissus corporels ou dathus (plasma, sang, muscles, gras, os, moelle osseuse et sécrétions sexuelles) qui forment une chaîne indissociable à prendre en compte lorsque l’on soigne un mal.

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- La transformation de tout ce que nous ingérons (connaissances, idées, aliments) grâce aux treize feux (agnis) présents en nous dont le plus important est le feu digestif.

- L’expulsion des toxines du corps par les trois excrétions (malas). - La purification par la trentaine de canaux dans notre corps (srotas), internes ou externes, qui permettent la circulation des fluides et des énergies.

Ces six grands principes sont donc les considérations basiques de l’Ayurvéda mais ils ne font pas tout. L’Ayurvéda est une science. Elle est donc ordonnée et régie par des règles et des méthodes d’actions bien précises. L’Ayurvéda est basé sur la discipline spirituelle, corporelle et mentale car tout est lié et tout doit être travaillé. Il y a donc neuf disciplines différentes que l’on répartit selon trois axes d’actions. Ces derniers seront toujours abordés dans le même ordre (spirituel, physique et mental) car celui-ci suit la logique de création selon l’Ayurvéda. Ainsi serait d’abord apparue la force spirituelle, la première manifestation de l’être puis la constitution de l’enveloppe corporelle et enfin l’éveil de l’intellect et du mental.

L’axe spirituel porte sur l’énergie vitale qui régit notre métabolisme et nos émotions. Il s’agit donc de la préserver au mieux. Cela s’organise en trois disciplines quotidiennes : le vihara et le dincharya, deux disciplines complémentaires de conduite de vie et d’aménagement de l’environnement, à travers nos lieux et nos horaires d’activité, de sommeil, d’alimentation, etc. ; le pranayama, regroupant des méthodes respiratoires pour la gestion des émotions ; et enfin ishwara pranidhana qui est la mise en relation avec la force spirituelle qui nous traverse, réalisée par l’introspection et l’extrospection.

L’axe corporel est très important car le corps est bien organisé mais fragile. Il suffit d’un rien pour que cet équilibre s’effondre. Il s’agit donc de l’écouter et d’en prendre soin. Ahara est l’une des trois disciplines de cet axe. Elle regroupe toutes les règles de « savoir-manger », les conseils pour équilibrer son feu digestif et privilégier au mieux les meilleurs aliments en fonction de notre constitution. L’asana est la discipline de l’activité physique axée principalement sur le Yoga. Enfin vizrama vise le relâchement physique et la relaxation du corps.

Pour finir, l’axe intellectuel se compose de la discipline dhyana consacrée à la méditation, la discipline manovyapara yama liée à l’équilibre mental et basée sur un travail d’apaisement et de pensées positives, et enfin la discipline de bodha ou « l’éveil curieux » faite pour développer notre regard sur le monde par notre curiosité, nos connaissances et la transmission de celles-ci.

Un autre aspect important de la science ayurvédique est l’adaptation de ces trois axes et neuf disciplines selon les métabolismes et caractères de chacun. L’Ayurvéda a ainsi cerné trois types de profils et les maladies qui peuvent leurs être récurrentes. Chacun d’eux se voit attribuer un programme disciplinaire dont le squelette est sensiblement le même, pourtant à l’intérieur, les actions à effectuer sont différentes.

Vata est le profil lié à l’air. Il a un métabolisme rapide, est dynamique et toujours en mouvement. C’est une force de la nature. Cependant, ce dynamisme n’est pas toujours contrôlé. Ainsi ce profil se fatigue vite car il évite le repos et ne fait pas toujours attention à lui. Il peut également être d’une nature anxieuse et avoir un grand débit de parole. Ses objectifs ayurvédiques sont donc la régularité, la patience et la contemplation.

Pitta est le profil lié au feu. Il est puissant, passionné, très ancré dans ses sentiments et émotions et peut parfois tomber dans la violence. Ce profil a souvent peur de l’échec et n’aime pas avoir tort. Son métabolisme est puissant. Ses objectifs sont l’apaisement, la modération et la douceur.

Enfin Vapha est le profil lié à l’eau et la terre. Il a un métabolisme lent. Ce profil est plus stable que les deux précédents. Il dort beaucoup, aime ne rien faire et contempler. Il sera plus souvent suiveur que meneur. Sa stabilité peut rassurer mais ce profil a besoin de se dynamiser et de se motiver pour trouver son équilibre et une bonne santé.

*Tous les mots en italique sont en sanskrit.

Cassandre BRETAUDEAU

Bibliographie : Mon coach ayurvéda, Samuel Ganes aux éditions Eyrolles ainsi que des témoignages de personnes ayant réalisé une cure ayurvédique en Inde.

Hérald’ Hic!

Des armoiries de marques de bières comme exemples d’héraldique contemporaine ou comment s’en jeter une sans culpabilité aucune

Présent. Un thème bien peu propice à la palabre héraldique, parangon des siècles passés oublié par notre société républicaine comme un symbole d’aristocrates voire de royalistes. Pourtant l’héraldique reste en usage dans quelques domaines de notre vie quotidienne, tels que l’héraldique communale ou les logotypes de certaines marques. Nous avions pu discuter de la première dans un article sur le chanvre dans l’héraldique communale pour le numéro 56 - Virtuel de ce journal, lors du premier confinement en mars 2020. Le choix s’offrant à nous fut donc finalement tranché après la vue d’une publicité pour la bière Tripel Karmeliet et au vu de l’alcoolisme notoire de l’auteur, cet article-ci portera sur les logotypes héraldiques de marques de bière. Il y a en effet beaucoup à dire sur ce sujet, car les marques de bières pullulent, premièrement, et car l’écu armorié semble être un très bon moyen de donner une « authenticité » au produit. Il permet d’insister sur la tradition que représente la bière, ce que l’on remarque aussi très bien avec la mise en avant d’une date ancienne de création sur les étiquettes : « 1128 » pour la Grimbergen, « 1664 » pour la 1664, et caetera … La même recherche semble prévaloir aussi pour le vin, à laquelle s’ajoute sans doute une idée de « noblesse » du produit. Ainsi de nombreuses marques de bières arborent un logotype héraldique, notamment des bières alle-J mandes apparemment (Spaten, Löwenbrau, Kulmbacher, …), mais nous nous concentrerons ici sur des bières plus courantes en France. Les deux premières seront belges cependant, avec une origine logotypique quelque peu similaire. Commençons donc par la bière qui nous donna l’idée de cet article : la Tripel Karmeliet, une bière triple créée par la brasserie Bosteels en 1996. Ce sont les armes la représentant qui nous ont intrigués, du fait de leur composition peu commune et du pro G

blème de blasonnement qu’elles nous posaient : «

De sable chapé-ployé d’argent, la pointe se terminant en fleur de lis, à trois étoiles à six rais de l’un en l’autre ». Ces armes étrangement dessinées sont néanmoins parfaitement héraldiques et s’inspirent en fait des armes de l’ordre des Carmes déchaux.

Mais quel est donc le lien entre un ordre religieux et une marque de bière ? Il est de notoriété publique que cette boisson est très liée aux abbayes et aux Enseigne décorative de Tripel Karmeliet congrégations monacales. Ceci date du règne de

Charlemagne qui promulgue une charte régissant la production de la bière et la confiant aux moines, puis ordonne dans un capitulaire la présence d’une brasserie dans chaque abbaye et chaque métairie royale. Les moines de tous ordres amélioreront ensuite les recettes de bière et y introduisent le houblon. Pour revenir à notre marque, la bière Tripel Karmeliet s’inspire en fait d’une recette de bière répertoriée en 1679 dans le cloître des Carmes de J Termonde, en Flandre-Orientale, utilisant trois céréales : le blé, l’orge et l’avoine. De ce fait, il semble normal que son logotype reprenne les armes de cette congrégation : « De sable chapé-ployé d’argent, la pointe se terminant en croix pattée, à trois étoiles à six rais de l’un en l’autre », en modifiant seulement la croix pattée pour une fleur de lis, un meuble iconique en héraldique. Armoiries de l’ordre des Carmes déchaux Passons dorénavant à notre deuxième marque de bière : Affligem, une bière d’abbaye produite à partir de 1970 par la brasserie du même nom (anciennement De Smedt). On note encore la reprise d’une tradition, mais bien plus ancienne car l’abbaye bénédictine d’Affligem (dans le Brabant flamand) est fondée en 1062. Les moines ont concédé à la marque Logotype de la marque Affligem une licence d’utilisation du nom et de l’image de l’abbaye. Une image qui s’étend à ces armoiries en 2004 lorsque la bière Affligem commence à arborer

: « De gueules à deux clés d’argent posées en sautoir, une épée d’argent posée en pal brochant en coeur ». Ces armes proviennent en fait du vocable de l’abbaye : Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Affligem, elles reprennent donc l’épée de saint Paul et les clés de saint Pierre. On les retrouve en plusieurs lieux de l’abbaye.

Nous finissons cet article avec une marque de bière française bien connue : la Kronenbourg, brasserie fondée en 1664 par Jérôme Hatt à Strasbourg. Le logotype héraldique « écartelé de gueules et d’argent » daterait du changement de nom de l’entreprise pour celui que nous lui connaissons en

J1947. Il s’agit ici d’une reprise des armoiries de Strasbourg Armoiries de la ville et de l’Alsace, le rouge (gueules) et le blanc (argent). Pour ce de Strasbourg qui est du nom, il vient du quartier de Cronenbourg à Strasbourg dans lequel est transférée la brasserie au XIXe siècle, avec l’écriture allemande en usage de 1871 à 1919 (d’où le « K »). Il explique de plus le changement de logotype en 2015 pour un « écartelé de gueules et d’argent, un château d’or dans le quartier senestre du chef », car Cronenburg signifie en allemand « le château de la couronne ». Le logotype de Kronenbourg a été modifié en 2019, en gardant sa forme globale mais en s’éloignant tout de même assez de l’héraldique traditionnelle. Notez cependant que le logotype à l’écartelé est encore visible dans sa forme anté-2015 sur les étiquettes de 1664, en médaillon, en tant que marque appartenant à l’entreprise Kronenbourg. Elle a en effet été créée Logotype de la brasserie Kronenen 1952 pour le couronnement de la bourg entre 2015 et 2019 reine Élisabeth II, et est nommée selon l’année de fondation de la brasserie Hatt.

Il n’y a donc pas de mauvaise façon d’étudier les armoiries, qui survivent toujours grâce aux logotypes. Nous vous laissons maintenant à vos délectations héraldiques. Santé !

Top 8 des instruments de musique les plus fascinants récemment (re)découverts

Vous veillerez, lecteur indulgent, à pardonner votre indigne servante, dont les nuits s’étirèrent en douleur à tenter de trouver une image libre de droit de chacune de ces merveilles musicales puis à se résoudre à les illustrer elle-même, et qui parie donc sur votre curiosité pour aller fureter avec dévotion sur Artips et France Musique, où vous trouverez les quelques étrangetés non figurées dont vous allez ouïr ci-après l’existence.

La Viola organista

Notre cher Léonard de Vinci, dans un petit coin perdu de ses carnets fourmillants, eut un jour l’idée de griffonner un nouvel instrument de musique. En 2013, quelques 500 ans plus tard, vint à un facteur d’instruments polonais l’idée d’en faire un prototype ! Le résultat est un mélange de vielle à roue, orgue et piano. Avec sa pédale actionnant des roues feutrées, on lui trouverait presque une mignonne petite parenté avec la Singer de nos grand-mères.

The Vienna Vegetable Orchestra

Associer les recommandations de santé publique et la plus pure tradition du beatbox, voilà le défi relevé depuis 1998 par cet orchestre viennois compositeur de quatre albums, dont les instruments sont entièrement composés de légumes en tous genres. Une carotte évidée à la perceuse, le frottement de deux poireaux, la lourde chute d’une cucurbitacée… Tout est bon dans la végétation !

Des doigts glissant sur des bols de cristal mouillés, rien de plus innocent… Et pourtant, dès 1835 en Allemagne, des arrêtés interdisent toute pratique du subtil harmonica de verre, pourtant inventé par Benjamin Franklin, et dont même Marie-Antoinette aurait joué ! L’instrument est accusé de rendre fou, à cause du plomb contenu dans la peinture noire appliquée sur certains de ses bols. Après cette ère de désamour, notre harmonica est heureusement revenu sur le devant de la scène dans les années 1980, et des exemplaires en sont aujourd’hui fabriqués (sans plomb quand même).

La harpe pendulaire

Grande inclassable devant l’Éternel, Björk ne trouve guère d’instrument assez pertinent pour décrire dans son morceau Solstice (Biophilia, 2005) le mouvement des planètes. Notre musicienne s’associe avec un diplômé du MIT pour en créer un tout nouveau, inspiré du pendule de Foucault. Mais si, vous savez, cette minuscule chose pendue au plafond du musée des Arts et Métiers, qui prouve la rotation de la Terre… Le résultat, exposé en 2015 au MoMA, ressemble davantage à un gigantesque portique pour jardin qu’à une harpe, mais le son est un brin plus élégant que les cris de vos petits cousins suspendus la tête en bas.

Le célesta

Le mouvement des planètes doit manifestement en perturber quelques-uns : au début du XXe siècle, Gustav Holst décide d’inclure des extraits du célesta, instrument oublié du XIXe s., dans son œuvre pour orchestre Les Planètes. De nos jours, c’est sans surprise Björk qui a un peu relancé l’usage de l’instrument, dans son album Vespertine notamment.

Fan de Jean-Michel Jarre et autres joyeusetés rétro-futuristes, voici le grand-père de tout instrument de musique électronique ! Créé en 1920, le thérémine n’a néanmoins gagné réellement en popularité que dans les années 1980. Cette baguette de fer produit des sons sans même qu’on la touche (très Covid-19 dans l’âme). Google a même publié en 2016, pour la naissance de la musicienne Clara Rockmore, un Doodle permettant de s’y initier.

L’orgue marin de Zadarlaire

Avez-vous déjà songé à vous dorer la pilule au franc soleil d’été… allongé sur un instrument à vent ? La cité croate de Zadar et l’artiste Nikola Bašić ont en tout cas concrétisé cette idée un brin fofolle : le résultat est une série de longs gradins, percés de petits trous bordant le front de mer, qui se mettent subitement à chanter lorsque l’écume vient s’y engouffrer et en chatouiller les extrémités.

La trompette marine

Moqué dans Le Bourgeois Gentilhomme, objet d’un des plus courts poèmes de la littérature française dans Alcools, le son assurément très grave de la trompette marine pâtit d’un étiquetage « PEGI 18 auditif », responsable de sa traversée du désert dès la fin de la vogue baroque. L’instrument conserve néanmoins aujourd’hui quelques adeptes, à l’instar du musicien Jacques Rebotier, qui le fait intervenir dans une de ses 66 Brèves (1989-1996).

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