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Cabinet de curiosité, entre laboratoire et musée

Avec l’avènement du cabinet de curiosité, l’objet est à concevoir comme point de départ pour étudier le monde, marqué par une volonté de savoir, de découvrir, de disséquer le réel dans une perspective humaniste. Il est évoqué par Antoine Schnapper comme “l’instrument pour comprendre l’agencementdumondeetdelanature” (A.Schnapper, 1998, 10). On note donc la dimension didactique de ces cabinets, nés d’un désir scientifique et liés aux progrès du savoir. Cependant, le cabinet de curiosité est surtout un lieu de fascination - prenant parfois le pas sur l’objectivité et la rationalité des sciences. Et, de fait, puisqu’on prétend y exposer des créatures mythiques en tous genres (cornes de licorne, queues de sirène…), renforçant ainsi les croyances populaires, suscitant l’intérêt des visiteurs.

Le château d’Ambras de l’archiduc Frédéric II de Habsbourg en Autriche (XVIe siècle) illustre bien la diversité propre aux cabinets de l’époque, rassemblant une collection hétéroclite. Certains objets sont particulièrement appréciés, comme le corail, objet hybride entre végétal et minéral ou encore la pierre paesine (ou “pierre paysagère” sur laquelle les marbrures dessinent des paysages, et que les artistes utilisent comme décor pour leurs œuvres). Vertus curatives, magiques, sources de fascination, l’objet revêt ainsi une dimension auratique, brouillant la frontière entre arts et sciences.

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Par ailleurs, ces objets sont exposés dans des vitrines, mis en bocal, accrochés, suspendus, faisant ainsi du cabinet de curiosité l’ancêtre du musée. On peut citer quelques points communs : exposition d’objets dans un lieu qui leur est voué ,constitution d’une collection, enjeu de connaissance et vecteur de savoir, dimension historique, esthétique, sociale…

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