Je est un autre | Dialogues | M. Pistoletto | Parlement Culturel Méditerranéen

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DIALOGUES


_ 04 > 05 Avants-propos

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Dialogue Interculturel : utopies et situations

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L’artivisme, pour que le futur ait un avenir Daniel Riot

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Ou comment changer le monde Love Difference

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Parlement culturel méditerranéen : inter venants

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Fondement pour un dialogue infini Germain Roesz

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Catalogue

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Foreword Dimitri Konstantinidis Michelangelo Pistoletto

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Intercultural Dialogues : utopias and situations

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Artivism: So that the Future will have Good Prospects… Daniel Riot

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Of how to change the world Love Difference

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Mediterranean Cultural Parliament : participants

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Foundation of an Infinite Dialogue Germain Roesz


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8JAIJG: 9: 9>6AD<J:H Qu’elle soit centrale ou périphérique, institutionnelle ou urbaine, la création artistique ne prend de réel sens que lorsqu’elle s’inscrit dans un contexte bien précis. Dans le schéma européen actuel, où le respect et la reconnaissance de pluralité culturelle se recoupent dans tous les discours, nombreuses sont encore les zones de tensions et de conflits sanglants. C’est alors que l’action artistique, plus encore que l’intention politique, bouleverse et remet en question ces aprioris identitaires et affrontements inter minoritaires de toutes sortes. C’est lorsque l’artiste arrive à jouer ou plutôt déjouer ce qui semble comme une équation immuable entre le « je » et l’ « autre » qu’il peut alors se créer de solides liens entre des individus admis dans leur singularité et leur différence.Le cycle d’exposition « Dialogues » a été conçu dans cet esprit, dans un désir d’interrogation sur l’éventuel rôle de l’artiste et de la création, mais également de questionnement sur le principe d’échange, de dialogue interculturels, inter ethnique, inter religieux, intergénérationnel…Interdisciplinaire.

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Que se soit dans sa vie ou à travers son œuvre, Michelangelo Pistoletto est en dialogue permanant avec le monde qui l’entoure, mettant en avant la perspective utopique de sa transformation. Qui ne pourrait mieux que lui donner une réelle substance et concrétisation à notre « Dialogue » ? Ainsi nous avons mis en scène, avec Love Difference, une dialectique culturelle allant de l’artiste et son œuvre à l’encontre de la société et de ces individus. L’exposition « Je est un autre » présenté à l’espace apollonia, suivit du colloque « Dialogue interculturel : utopies et situations » au Palais du Rhin de Strasbourg, à réunis de nombreux acteurs culturels internationaux. C’est autour d’une œuvre majeure de Michelangelo Pistoletto, la table-miroir à la forme de la Méditerranée qu’a ainsi vu le jour le « parlement culturel méditerranéen ». Première étape d’un long processus, ce parlement a été pensé comme un lieu ouvert et créatif où l’artivisme serait un moteur principal. Un lieu où le dialogue interculturel pourrait poser les bases d’une culture de dialogues.

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A6 C6>HH6C8: 9J E6GA:B:CI 8JAIJG:A Bw9>I:GG6Cw:C Dans le monde où nous vivons aujourd’hui les valeurs humaines fondamentales se perdent, sombrent parfois dans les fondamentalismes. En réaction, nous cherchons à revenir au plus près de l’homme et de ces capacités naturelles à créer. Nous avons l’ambition d’appliquer un processus de rechercher à l’espace mythique, géographique et imaginaire qu’est la Méditerranée. C’est vrai que notre mer, la Méditerranée est très conflictuelle, particulièrement dans le monde d’aujourd’hui. Mais il faut avoir des idées, avoir des visions, des perspectives. Parce qu’elle est aussi un lieu d’où peuvent naître les solutions fondées sur le dialogue et la construction de nouvelles voies collectives. « Par notre ARTIVISME, l ‘Art comme source d’un nouvel humanisme, nous proposons de réhabiliter ses valeurs intrinsèques: la Méditerranée, lieu de la diversité culturelle, incarne un présupposé incontournable à la fondation d’un Parlement des citoyens. Cette nouvelle entité citoyenne s’inspire des valeurs humaines et méditerranéennes pour transformer les pratiques actuelles. Car il est devenu urgent de développer un langage commun qui s’appuie sur des choix responsables, qu’ils soient éthiques, culturels, sociaux, économiques et politiques. Tel est le sens de la proposition expérimentale du Parlement Culturel de la Méditerranée. Un processus qui entend mettre en relation de partenariat les personnalités, les organisations culturelles, les institutions ainsi que tous les autres acteurs qui, de diverses façons, s’efforcent d’investir la réalité par l’art et la créativité - outils fondamentaux d’une transformation sociale responsable ». Le Parlement Culturel de la Méditerranée est un noyau, c’est un lieu important pour montrer au monde la nécessité de réagir autrement. Le concept c’est que nous avons des expériences avec un Parlement Européen. Parlons d’une construction nouvelle qui est l’Europe. L’Europe est faite de beaucoup de différentes cultures. Elles n’ont pas été considérées du moment que l’on a organisé l’économie, on a basé tout sur l’argent. Mais on n’a pas travaillé sur la base culturelle, sur laquelle produire la politique et l’économie donc on ne peut pas faire la même erreur quand on imagine un Parlement de la Méditerranée, on doit vraiment faire une couche culturelle sur laquelle construire une «Union Méditerranéenne». Donc le Parlement fondera son action sur les principes d’inclusion et d’écoute, puisant son inspiration et construisant ses activités sur la base des expériences menées dans le domaine des arts et de la culture. Avec le Parlement culturel de la Méditerranée, il est possible de se réapproprier un espace commun. Il faut considérer une possibilité de donner une contribution à travers l’art à une nouvelle culture méditerranéenne qui vient de toutes les cultures du bassin. Le Parlement culturel de la Méditerranée pourra y exprimer publiquement les thèmes de son engagement politique pour une présence de l’art au cœur de tous les champs de gouvernance de la société.

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C’est avec grand plaisir que je m’adresse à vous en répondant présente à cet événement. Il s’agit d’abord d’honorer l’artiste, je dirai même l’Ami, qu’est Michelangelo Pistoletto, son inlassable quête en faveur de la coopération artistique et de reconnaître l’œuvre autour de laquelle nous sommes assis : cette table, symbole fort de notre héritage culturel commun, et les chaises représentant les différentes cultures cohabitant autour de la Méditerranée, sont une invitation chaleureuse à dialoguer. Le Conseil de l’Europe est, depuis 60 ans, cette « Maison commune » dédiée aux droits de l’homme et la Convention culturelle européenne de 1954 permet une gestion démocratique de la diversité culturelle dans les 49 Etats qui y adhèrent. Cette œuvre symbolise parfaitement ces principes. Je me sens tout particulièrement interpelée par le thème de la rencontre. Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté en mai dernier le « Livre Blanc sur le Dialogue Interculturel » et en tant que Coordinatrice de ce travail, je ne puis que me réjouir de ce pas important franchi pour les institutions européennes et les gouvernements nationaux, la société civile et l’ensemble des citoyens européens. Le dialogue interculturel n’est plus tout à fait une utopie mais un grand effort de diffusion des idées et de mise en œuvre concrète des principes énoncés doit encore être accompli pour en faire une réalité en Europe, voire au-delà. La gestion démocratique d’une diversité culturelle grandissante en Europe – ancrée dans l’histoire de notre continent et amplifiée par la mondialisation – est devenue une priorité. Comment répondre à la diversité ? Quelle est notre vision de la société de demain ? S’agit-il d’une société où les individus vivront dans des communautés séparées, caractérisée au mieux par la coexistence de majorités et de minorités aux droits et responsabilités différenciés, vaguement reliées entre elles par l’ignorance mutuelle et les stéréotypes ? Ou, au contraire, nous représentons-nous une société dynamique, ouverte, exempte de toute discrimination et profitable à tous, privilégiant l’intégration de tous dans le plein respect de leurs droits fondamentaux ? Le Conseil de l’Europe croit que le respect et la promotion de la diversité culturelle sur la base des valeurs qui sont le fondement de l’Organisation sont des conditions essentielles du développement de sociétés fondées sur la solidarité. Le Livre Blanc servira de guide aux décideurs et praticiens pour promouvoir le dialogue interculturel : il facilitera le dialogue dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse, de la culture et des arts. Et ce dialogue, nous voulons le poursuivre avec l’autre rive de la Méditerranée, grâce à la coopération établie avec l’Unesco, la Fondation européenne pour la culture ou encore la Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures. Nous sommes heureux de pouvoir nous appuyer sur l’expérience menée par Apollonia qui œuvre pour les échanges artistiques en Europe centrale et orientale et désormais au Caucase et au Moyen Orient.

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L’Istituto Italiano di Cultura de Strasbourg a accepté sans aucune hésitation de réaliser en coopération avec l’Association Apollonia – Echanges artistiques européens (Strasbourg) et Love Difference, Mouvement Artistique pour la Politique InterMediterranénne “Je Est Un Autre”, parce que cette exposition reflette l’esprit de la Saison Culturelle 2008 de l’Istituto : le Dialogue basé sur la Culture, l’un des meilleurs moyens sans aucun doute de promouvoir une amitié forte et permanente entre les nations. La Musique, la Poésie, la Peinture, en un mot l’ART est un microcosme dans lequel les êtres humains peuvent partager leurs expériences et engager un dialogue dans un monde submergé par la violence, la cruauté, les conflits. L’Istituto Italiano di Cultura de Strasbourg a été présent en juin dernier lorsque de grandes personnalités ont travaillé pour poser les bases d’un Parlement Culturel Méditerranéen dont le principe essentiel est l’Art, vecteur d’un développement éthique de la société contemporaine. Cet Evénement a confirmé l’existence d’une Identité Méditerranéenne née des différentes langues, cultures, religions qui constituent l’unité, la richesse de l’histoire de la Mer Méditerranée. Un concept clé a dominé cet Evénement, un concept selon lequel tout le monde est à même de diffuser ses idées au delà de son pays natal, en franchissant non seulement les limites entre les nations, voire les races, les religions mais aussi les limites individuelles. Ce concept rend possible le Dialogue Interculturel ; ce concept se nomme Amour. Grâce à l’Amour, des peuples géographiquement très éloignés de nations et de religions différentes, des personnes qui ne se connaissaient pas auparavant, peuvent communiquer immédiatement et partager leur existence sous le signe de l’amitié et de la compréhension.


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_ Le « choc des civilisations » semble caractériser aujourd’hui l’inéluctable relation d’affrontement qui se développe dans un monde pourtant devenu planétaire. L’association « Love Difference » et Michelangelo Pistoletto affirment pour leur part une conception toute différente de la relation intercivilisationnelle. Au constat d’un monde en pleine confusion et déchiré par les conflits ils proposent à partir de la Méditerranée et bien au delà des rives de la mare nostrum romaine, d’envisager avec la création du parlement culturel méditerranéen un espace fondé sur le respect des cultures. Ce projet fait de l’art et de « l’artivisme » le « moteur d’une transformation éthique des relations individuelles et sociales fondé sur le respect de l’égale dignité des personnes » . _ La fondation du parlement culturel méditerranéen à Strasbourg , au siège de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (représentation en région du ministère français de la culture) est aussi une reconnaissance du travail engagé par cette administration depuis de nombreuses années dans les échanges internationaux et qui l’a conduite à accompagner diverses structures actives dans ce domaine. Apollonia, plate forme d’échanges culturels européens a ainsi été régulièrement soutenue dans ses projets euroméditerranéens. _ La députée européenne, Catherine Trautmann, ancienne ministre française de la culture rappelait récemment ce propos du philosophe Lorenzo Bonoli: « la culture est l’expérience de l’altérité ».La conscience de l’autre constitue en effet le premier pas vers une culture partagée loin des replis identitaires et des communautarismes. C’est la diversité complémentaire des cultures qui se sont mutuellement enrichies autour de la méditerranée tout au long de son histoire millénaire qui a produit la richesse des cultures d’aujourd’hui. C’est ainsi que les trois continents qui bordent cette mer intérieure ont exprimé leurs génie créatif propres , au travers des différentes civilisations qui jusqu’à aujourd’hui s’y sont succédées. _ L’idée d’un parlement culturel s’inscrit finalement dans la continuité d’une très ancienne interrelation qui veut aujourd’hui engager l’art et la créativité humaine au service d’un avenir où la rencontre de l’autre, le besoin de l’échange doivent transgresser les limites identitaires . Le dialogue interculturel conduit au respect mutuel et à l’enrichissement réciproque et l’art qui révèle la réalité monde en constitue le vecteur essentiel. _ Il convient donc de souhaiter que ce projet d’espoir et de lucidité porté par l’association « Love Difference » développe la véritable dynamique d’un désir d’avenir partagé, fondé sur la mutualisation des cultures dans le respect de leurs spécificités. La belle formule d’artur Rimbaud : « Je est un autre » invite à une empathie universelle que le parlement culturel méditerranéen a commencé à mette en œuvre, chacun peut se sentir aujourd’hui concerné par cet appel.

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Pendant tout le temps où nous étions réunis, au Palais du Rhin, autour de l’œuvre de Michelangelo Pistoletto intitulée « Love Difference table », table miroir situant chacun de nous en un lieu précis du pourtour méditerranéen, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que la philosophe Hannah Arendt avait écrit à propos de l’espace public. Sa réflexion interrogeait jusqu’aux fondations de nos existences communes, elle portait sur le sens que nous donnons à l’expression « vivre ensemble dans le monde ». J’avais en tête une phrase de son livre La condition de l’homme moderne : « Vivre ensemble dans le monde : c’est dire essentiellement qu’un monde d’objets se tient entre ceux qui l’ont en commun, comme une table est située entre ceux qui s’assoient autour d’elle ; le monde, comme tout entre-deux, relie et sépare en même temps les hommes(1) . » Je ne pouvais m’empêcher d’associer la table de Pistoletto et celle de Hannah Arendt, monde d’objets autour duquel les humains se disposent. La présence de la table, là, au milieu semblait dans les deux cas permettre de partager ce qui donne du sens à l’existence. Et tandis que nous parlions de dialogue interculturel et de pratiques artistiques comprises comme conditions d’échanges entre les peuples, je me souvins que Hannah Arendt, dans un autre texte, commentait une phrase des Feuillets d’Hypnos de René Char. Le poète y évoque l’expérience quotidienne du maquis, et il écrit : « A tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide mais le couvert reste mis. » Et la philosophe, parlant des Résistants : « dépouillés de tous les masques (…) ils avaient été visités pour la première fois dans leurs vies par une apparition de la liberté (…), parce qu’ils (…) avaient pris l’initiative en main et par conséquent, sans le savoir ni même le remarquer, avaient commencé à créer cet espace public entre eux où la liberté pouvait apparaître(2). » La table – l’espace public – est lieu d’apparition : attente d’un invité nouveau, promesse d’une advenue que motivent la détermination, le courage, le refus de la soumission. Mais dans la phrase de La condition de l’homme moderne, il y avait autre chose encore : le monde – la table – « relie et sépare en même temps les hommes », était-il écrit. Et Hannah Arendt ajoutait : « Le domaine public, monde commun, nous rassemble mais aussi nous empêche, pour ainsi dire, de tomber les uns sur les autres. Ce qui rend la société de masse si difficile à supporter, ce n’est pas (…) le nombre des gens ; c’est que le monde qui est entre eux n’a plus le pouvoir de les rassembler, de les relier, ni de les séparer. Etrange situation qui évoque une séance de spiritisme au cours de laquelle les adeptes, victimes d’un tour de magie, verraient leur table soudain disparaître, les personnes assises les unes en face des autres n’étant plus séparées, mais n’étant plus reliées non plus, par quoi que ce soit de tangible. La même philosophe écrivait dans Le système totalitaire : « En écrasant les hommes les uns contre les autres, la terreur totale détruit l’espace entre eux(3). Même idée : il nous faut une table, il nous faut un monde entre nous, pour que les différences, les altérités, les singularités ne soient pas anéanties. Nous nous asseyons autour de cet « entre », vide et pourtant peuplé d’objets, qui préserve l’altérité infinie, irréductible, de chaque humain. C’est autour de cela que nous nous rassemblons, c’est cela qui nous relie : il y a du « nous » parce qu’il y a, entre nous, cet espace qui n’appartient à personne, inaliénable, spacieux – espace public que nos paroles traversaient et n’abîmaient pas, ce jour là, tandis que nous étions réunis, au Palais du Rhin, autour de la table de Michelangelo Pistoletto.


T 8DCHJA6I <wCwG6A 9J GDN6JB: 9J B6GD8 $ HIG6H7DJG< L’audible pour s’architecturaliser entre ciel et terre œuvre à suivre les « vents du globe » à la recherche de sirènes qui se sont sédentarisées dans la nudité squelettique et affamée des marins de l’outrance et de la désillusion. Dans une mer sans visage, se sabordent en pleine tempête des langues éblouies et ancillaires, que même ULYSSE, ce navigateur du désir, émascule sans vergogne, nostalgique du corps-pays où seul un animal reconnut l’amant en habit d’errance, tissé par les langues qui tatouèrent le féminin insondable, triangle noir de son naufrage,. et de sa quête. S’adressant au vent qui détressait la chevelure des Sirènes, n’ayant comme retour que le frémissement de lèvres spumeuses articulant l’enchantement aphone qu’absorbe le même vent intéressé par d’autres balancements, d’autres caresses, d’autres brûlures. Informe, liquéfiée, enveloppant, il n’est le messager ni du « je » ni de « l’autre ». Il participe quand le féminin le parfume. Il se glisse impérial dans l’entre – deux. Il séduit , enivre, harcèle. Quand méditerranéen il impose aux deux rives à « Mare – nostrum » le lait qu’il dégorge de l’onde. Maternelle , il berce. Laboureur de la brume, il est polyglotte. Son écriture liquéfie l’altérité. Houleux son alphabet réinvente les virages rageurs . Les pacifie. Il sédentarise les nuées bleues. Héroïque, il installe Narcisse dans sa folie. Objet de son propre désir, il s’endeuille , s’orpheline. S’alarme de la brise qui s’autonomise. Recueille l’image de sa délivrance. Alors l’impétueux, se prête à la bravoure des hommes du lointain, les rapproche. Car avant Schopenhauer il savait « que les hommes étaient comme des hérissons par une nuit glacial de l’hiver. Trop près, ils se piquent. Trop loin, ils crèvent de froid ». Alors sous la voûte céleste à l’aube de l’humain renouvelée, des hommes sacralisent la ruine , d’autres, pionniers des horizons renouvelés, scénarise le face à face du voyage objet de son propre voyage. Ils chromatisent l’étreinte salvatrice, l’arrachent abyssale, pour veiller sur l’élan que le mot n’exprime pas et que leur palette dénude. Michelangelo Pistoletto est ce druide intopique. En témoigne la table dressée pour les gens de l’ailleurs qui avait le couvert et à la DRAC à Strasbourg le gîte .

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« L’objet profond de l’artiste est de donner plus qu’il ne possède. » écrivait Paul Valéry dans ses « Cahiers »… Michelangelo Pistoletto l’illustre bien. Par son œuvre et par sa personnalité. Par sa réflexion sur le rôle que l’Art peut et doit avoir en ce monde où « l’art pour l’art » est devenue une expression vide de sens. Par sa volonté de laisser en héritage ce qu’il porte le plus en lui : le sens de l’humain, le « principe d’humanité », cette transcendance qui, avec ou sans Dieu, nous permet de ne pas sombrer dans l’Absurde. Et d’affronter la mort.

Transcendance. C’est le mot qui s’imposait le plus, à mes yeux et dans mes oreilles, à l’issue du colloque organisé, en juin 2008, au Palais du Rhin, à Strasbourg par « Love Différence » et « Apollonia » sur un thème d’une actualité incandescente :« Dialogue interculturel : utopies et situations ». « Utopie » parce que les bêtises véhiculées au nom d’un « choc des civilisations » plus fantasmé que réel créent des « situations » de blocages, d’antagonismes, de replis faussement identitaires dans les cités comme à l’échelle planétaire. « Utopie » parce que la notion même de Culture est remise en cause par des évolutions financièro-économiques et des dérives technico-scientifiques fondées sur des idéologies de « déshumanisation », de « marchandisation » et de « chosisation » de la Personne humaine. A peine sorti des guerres de religions, des explosions nationalistes, des totalitarismes rouge et brun, des colonisations, des esclavagismes et des systèmes « d’exploitation de l’homme par l’homme », le monde (l’Europe en particulier) sombre dans une « dictature sans dictateur « d’un économisme et d’un scientisme déshumanisants. Qui nous plonge dans une déstructuration spatio-temporelle propice à une perte des repères (et de re-mères) qui, une fois de plus, réveille ce « monstre » brechtien faiseur d’inhumanité chez « les humains, trop humains » nietzschéens. Derrière les masques et les faux nez de valeurs vidées de leur sens, le culte des majuscules et des singuliers fait trahir les Lumières : On chante La Liberté en sacrifiant les libertés. On loue l’Egalité en accroissant les inégalités. On exhorte à la Fraternité en cultivant les individualismes les plus égoïstes. Et on célèbre l’Homme et oubliant les hommes et les femmes. Ou l’Humanité en gommant les humains… Dictature de l’immanence. De l’a-culture. De l’Art sans art. Puisque l’Art, par nature, est de l’ordre de la transcendance. De cette force qui permet de se dépasser soi-même, de se retrouver Soi en allant au-delà du soi-mêmisme. D’être pleinement un JE grâce au TU et au NOUS. Et de sortir de Soi pour devenir une créature créative qui participe à cette création permanente qui s’appelle la Vie. Pistoletto le dit fort bien : « “ Nous ” comme société. C’est la traduction de ce rapport individu/humanité qui, avec la Cittadellarte, prend une dimension


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effective. Le but est de faire que l’Art puisse vraiment toucher l’humanité en dépassant une ligne de démarcation trop tranchée. Il n’est pas acceptable que l’Art discoure sur la société, la regarde, la critique, mais ne fasse rien dans la forme et la substance. A nouveau, il s’agit d’une porte qui permet d’entrer dans la société, en y apportant concrètement une activité de transformation responsable ». L’Art comme force de « transformation responsable », donc comme instrument politique qui dépasse LE et La Politique. Le mot « Artvisme » lancé par l’ancien sénateur italien Francesco Martone a résonné comme un mot d’ordre au cours de ce colloque. L’Artivisme, comme levier sociétal, comme outil d’une métamorphose sociale, comme source d’un ré-enchantement du monde, comme force de vie, comme marque de l’humanité vécue. L’Artivisme ? Un activisme de l’Art, localement et globalement. La clef de voûte de ce « dialogue inter-culturel » pour lequel le Conseil de l’Europe a publié une Charte (heureux hasard du calendrier) pendant ce colloque. Une Charte qui doit tant à Gabriella Battaini-Dragoni et qu’il importe de faire signer, ratifier et appliquer par les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe. L’Artivisme ? Un militantisme pour l’Art confirmé en « lien des liens ». Qui n’est pas concerné par l’art ? Pas seulement les artistes, les spécialistes, les collectionneurs, les amateurs,les professionnels, mais tout le monde, donc chacune et chacun, du berceau au tombeau. Et dans tous les « pays », dans tous les « coins » de ce Village- Terre en quête de bonheur partagé (utopie !) et aux prises avec des rivalités suicidaires (« situations » !) « L’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme », écrivait Malraux. Par l’Art, le « choc des civilisations » chargé d’inhumanité irrespectueuse devient « troc des civilisations » riche de ce Respect (de soi et des autres) qui fonde les droits de l’homme et cette « égale dignité » sans laquelle les valeurs proclamées n’ont pas de sens. « L’Art a fait sa révolution esthétique :il doit faire sa révolution éthique », martèle Pistoletto. Toute l’œuvre de Michelangelo nous invite à cette Révolution. Notamment à sa Table-miroir qui dessine la Méditerranée telle qu’on ne la voit jamais. En creux. Avec la mer, rivage des terres. Avec cette surface où l’on se mire. Où tout se reflète. Le ciel, les visages qui s’y penchent, les objets qu’on y place ou y déplace. Magie et réalités du miroir. « Le miroir n’existe pas sans son spectateur. S’ il n’y avait plus d’être humain dans le monde, le miroir travaillerait pour rien. C’est la conscience humaine qui a inventé le miroir. » aime à dire Pistoletto. Avec l’obsession de le traverser, bien sûr. Le miroir, Michelangelo en parle, en termes religieux : « une incarnation et une épiphanie » ! « L’image revient à l’homme. L’image du miroir se réincarne dans le spectateur à chaque instant. Et pour l’épiphanie, c’est justement la phénoménologie qui est mise en place par le Tableau-miroir

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qui fait éclater une vision qu’on ne pourrait pas décrire sans cette expérience. L’épiphanie c’est l’illumination. Pour avoir une épiphanie, il faut qu’un phénomène naisse, se produise, que quelque chose se révèle à travers ce phénomène ». Par ses « Tableaux-Miroirs » éclatés, fragmentés, divisés, Pistoletto réussit à faire une œuvre pluridimensionnelle qui remet le spectateur-acteur dans un univers non borné, non morcelé, non « saucisonné ». L’œil qui regarde en étant regardé s’inscrit ainsi dans un temps où le présent s’écrit à la fois au passé et au futur : « D’où l’on vient et où l’on va », lâche Pistoletto. Il s’inscrit aussi dans un espace où l’on se voit et voit les choses de face, de dos, de profil, d’en haut, d’en bas…. Dans toutes les dimensions quand les miroirs se mirent dans d’autres miroirs. « La vérité est que l’art doit être l’écriture de la vie. » écrivait Paul Eluard. Une écriture qui rend visible l’invisible, parlant l’indicible pour mieux nourrir la pensée. La vraie, celle de la réflexion non des réflexes. « Une nouvelle perspective qui appelle une nouvelle Renaissance », lance Pistoletto. C’est bien cette quête d’une « nouvelle Renaissance » qui marque le début de ce siècle plus riche de peurs que d’espérance. D’autant plus que le « retour du religieux » annoncé est davantage un retour de la religiosité intolérante, d’un culte de Mani, d’un esprit de croisade qu’un sursaut spirituel. D’où l’idée développée d’un « Parlement culturel méditerranéen » lancée à l’issue de ce colloque par une Déclaration de Strasbourg qui tire les leçons du travail de terrain fait depuis des années par des associations qui créent et entretiennent du « lien social » grâce à l’art. Grâce à leur activisme par l’art. Par un « Artivisme » pratiqué jusqu’alors comme la prose chez Monsieur Jourdain. >>> Pourquoi un « Parlement » ? C’est dans son sens premier qu’il faut prendre ici ce terme : un lieu où l’on parle, où l’on parlemente, où l’on mène des pourparlers. Il ne s’agit pas de légiférer mais de permettre ce « limage de cervelles », selon l’expression de Montaigne, qui fait que le mot « culture » traduit ce qui transcende la nature. La définition la plus simple mais sans doute la plus pertinente de l’Art. Mais dans ce Parlement là, la Parole sera surtout le miroir à multi-faces d’actions concrètes à plusieurs dimensions. Menées par des personnes, des associations, des organisations, des institutions , des réseaux qui lient en permanence, concrètement, dans les villes et les campagnes, actions et réflexions. Et sont liés grâce à Internet et à des rencontres qui se dérouleront au gré des circonstances et des initiatives, sans « siège », sans « capitale », sans « bureaucratie » Ce Parlement sera le catalyseur et l’illustrateur de cet Artivisme, défini et appliqué comme un nouvel humanisme en action(s). Pour que l’Art devienne « le moteur d’une transformation éthique des relations individuelles et sociales », le ciment d’un « vivre ensemble », localement et mondialement, fondé sur le Respect, ce droit et ce devoir.


>>> Pourquoi « méditerranéen » ? Ce n’est pas la zone géographique qui est ainsi désignée. Cette Mer entre terres est matrice de plusieurs civilisations qui irriguent les pensées et les actions bien au-delà de ce « bassin » qui unit trois continents. Cette Mer entre terres reste aujourd’hui plus que jamais une mère porteuse d’un « avenir civilisationnel » fondé sur « l’égale dignité » des personnes constitutives d’une Humanité riche de ses diversités et de ses différences. Pour une Europe en quête d’une Unité encore à faire. Et pour ce monde plus marqué par un désordre nihiliste que par un ordonnance créateur de vraies richesses partagées. Un colloque ne vaut que par ses prolongements concrets. Celui si riche de Strasbourg n’échappe pas à la règle. Il sera pleinement réussi si L’Artivisme ne reste un concept, mais devient un programme d’action. « Créateurs de tous les pays, unissez-vous ! ». Ne sommes-nous pas toutes et tous des créateurs, même si nous n’avons tous la chance d’être des artistes. « Unissons- nous » donc, pour travailler à ce que Pistoletto appelle le « Troisième Paradis ». A réaliser sur cette terre où comme disait Bernanos, « les seules mains de Dieu ce sont les nôtres » « Il suffit de voir où en est le monde…. Il faut tout reconsidérer, tout réorganiser autrement. L’avant-garde, aujourd’hui, doit se retourner, sinon on s’écrasera. Il nous faut une science de la conservation. Et trouver un passage vers une nouvelle civilisation, ce que j’appelle le Troisième Paradis. » dit le fondateur de « Cittadellarte ». « C’est la capacité de l’art à toucher à tout qui le rend spirituellement libre. Si l’art est capable de se mettre en relation avec la philosophie et la politique, il aura un effet beaucoup plus important que la religion. C’est à la créativité de prendre l’initiative et de savoir qu’elle touche le point vital de l’existence humaine. L’art, c’est le Centre. » C’est un beau chantier qui s’est ouvert lors de cette rencontre entre « Apolonia » et « Love Différence » autour de Michelangelo Pistolleto dans cette « capitale démocratique de l’Europe citoyenne » qu’est Strasbourg. Saisissons cette chance : c’est un devoir plus qu’une ambition. Pour que « l’utopie », cette réalité en en germe, métamorphose nos « situations ». Et que le « dialogue inter-culturel » soit un vrai dialogue entre cultures et non une expression à la mode (qui par définition est condamnée à se …démoder). C’est concrètement que l’Artivisme peut devenir le levier d’un monde où, selon la formule de Leonardo Sciascia « le futur ait un avenir ».

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Papa, est-ce qu’on peut changer le monde ? Nous vivons dans un environnement qui change en permanence. Bon, d’accord… Mais est-ce que nos actions peuvent avoir un impact sur ce qui se passe autour de nous ? Je pense que oui... On a déjà parlé du battement d’ailes de papillon qui peut provoquer un ouragan à l’autre bout de la planète, tu te souviens ? Mais je ne te suis pas. Ce n’est pas ça que je te demande. On ne parle pas du fait que toutes les petites actions peuvent avoir de gros effets, mais seulement de comment rendre le monde dans lequel on vit meilleur. Une minute : d’abord, réponds à ma question. Maintenant, tu ne parles plus de « changer », mais de « rendre meilleur », qui décide de ce qui est « meilleur » ? Ben... c’est nous... toi et moi, la société. Les gens qui veulent que ça change, je pense. Tu m’embrouilles là… Mais ce que toi et moi, on pense être le meilleur pour nous, aujourd’hui, est-ce que c’est valable demain ? Non, je ne crois pas. Demain, on aura d’autres problèmes et d’autres solutions. C’est pour ça que je veux savoir ce qu’on peut faire aujourd’hui. Mais quoi ? Il faut qu’on se mette d’accord. Mais qui ça ? Ceux qui veulent que ça change. Tout à l’heure, tu as dit que c’était nous qui faisions bouger les choses. Donc, il est nécessaire que nous nous mettions d’accord, non seulement sur notre intention mais aussi sur la manière de faire bouger les choses. C’est seulement à ce moment là que nous pourrons agir, chacun selon ses capacités. C’est trop compliqué, je ne comprends pas. Papa, est-ce que toi, tu fais quelque chose pour changer le monde ? Eh bien, voilà. Tous les jours, je travaille pour encourager le dialogue, à travers la création. Comment ça ? Mes collègues et moi-même, nous mettons en place des espaces où les gens peuvent créer ensemble, apprendre à se connaître les uns les autres et apprendre à se connaître euxmêmes, un peu mieux. Quel rapport avec ce qu’on est en train de dire ? Je n’y comprends rien : tu parles de mieux se connaître soi-même avec d’autres personnes. Comment est-ce que ça peut changer le monde ? Chacun d’entre nous évolue par rapport à un contexte. Je serais quelqu’un d’autre si je n’avais pas rencontré ta maman. Toi aussi, tu aurais grandi différemment si tu n’avais pas rencontré tes amis. Mieux se connaître soi-même permet aussi de mieux comprendre les autres et les relations que nous avons avec eux. Alors, si tu veux rendre le monde meilleur, c’est par là que tu dois commencer. Peut-être que tu as raison. Donc ça veut dire que si mes copains se connaissaient mieux, on s’entendrait mieux, c’est ça ? Ca se pourrait bien. Et la créativité, dans tout ça ? Tout à l’heure, tu as dit que tu travaillais avec la créativité… Oui, nous étudions les processus créatifs pour le bien de tous. Qu’est-ce que ça veut dire ? La créativité est la capacité d’inventer, il s’agit d’une ressource essentielle pour les projets. Tous ceux qui utilisent leur créativité peuvent innover en travaillant avec les autres. Est-ce que ce n’est pas la réponse à ta question, au bout du compte ? Euh… Grâce à notre travail, nous avons rencontré beaucoup de personnes qui, à travers le monde, se servent de l’art et de la créativité, en premier lieu pour faire surgir des occasions de se rencontrer, discuter, communiquer et faire des choses ensemble. Tout ça pour trouver de nouvelles réponses à des besoins communs.


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Et qu’est-ce que vous faites ? Nous permettons à ces personnes de se rencontrer pour qu’elles puissent apprendre à se connaître, partager et comparer leurs expériences. Nous racontons aussi ce qu’elles font à tous ceux qui ne les connaissent pas. Nous montrons aux gens comment utiliser leur créativité pour mettre en place des lieux de rencontres renouvelés à travers des séminaires, des ateliers et même de nouvelles activités comme des ateliers gastronomiques sur le dialogue interculturel. Qu’est-ce que la gastronomie vient faire là-dedans ? Tu ne trouves pas que la gastronomie est un peu comme la musique ? Elle est formée à partir de métissages culturels. Chaque plat est le résultat de relations entre différentes cultures… …et puis, en plus, tout le monde aime manger. La bonne bouffe met tout le monde d’accord. Et le dialogue commence toujours autour d’un repas. Exactement. Seulement, à t’entendre, c’est comme s’il y avait une sorte de méthode à suivre pour travailler avec les gens, grâce à la créativité. Mais comment est-ce que ça peut marcher ? Ce sont des personnes, toutes différentes avec des habitudes et des coutumes différentes. Tu ne crois quand même pas qu’il y a une méthode unique pour s’adresser à chacune d’entre elles ? Encore moins une seule façon de faire s’engager les gens dans des actions communes ! Très juste. Mais ce que tu soulignes n’est pas un obstacle, c’est une richesse. Se rendre compte que nous avons affaire à tant d’individus unis par des relations complexes est la première étape pour être véritablement capable d’écouter et d’évaluer les ressources et les compétences d’une communauté. Donc, plus qu’une méthode, tu fais allusion à une manière de voir et de développer des projets avec les autres, à chaque fois dans des situations spécifiques, toujours en réponse à des besoins particuliers… ... et à des désirs particuliers. Des désirs ? Oui, des rêves, des désirs. C’est pour ça que ce qu’il y a écrit après ressemble plus à des notes au brouillon qu’à l’ordre du jour d’un Parlement ? Oui, sans doute. Celui qui est vraiment à l’écoute est l’explorateur des mondes possibles. Créer le changement, ça demande d’explorer de nouveaux mondes, d’ouvrir le dialogue avec les autres, de donner de la place à l’expression individuelle au sein de l’espace collectif. Mais papa, pourquoi tu ne m’as pas dit ça, dès le départ ? Ça, j’aurais compris tout de suite. Oui, je crois aussi. Allez, c’est déjà l’heure d’aller au lit. Papa, pourquoi est-ce que les adultes font vraiment la guerre à Gaza, au lieu de juste faire semblant comme les enfants? Non... au lit. Ca suffit pour aujourd’hui. On parlera de Gaza une autre fois.

La conversation que vous avez sous les yeux présente les principes qui sous-tendent les activités de Love Difference, ainsi que l’esprit dans lequel nous nous préparons à participer au lancement du Parlement Culturel InterMéditerranéen. N’hésitez pas à consulter les écrits de Gregory Batenon et à visiter notre site www.lovedifference.org

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_ Achilleas Kentonis _ Aliaa Elgready EGYPTE. artiste visuelle, elle a CoFondé “gudran” av e C l’a r t i s t e s a M e h e l h a l aWa n y. e l l e C o n Ç o i t l’a r t C o M M e p r é l u d e à l a t r a n s F o r M at i o n s o C i a l e e t t r ava i l l e p r i n C i pa l e M e n t à l’ é M a n C i pat i o n d e s F e M M e s d e s C o M M u n au t é s M a r g i n a l i s é e s .

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GUDRAN, ASSOCIATION POUR L’ART ET LE DéVELOPPEMENT RASSEMBLE DES ARTISTES VISUELS, DES éCRIVAINS, DES PHOTOGRAPHES, DES RéALISATEURS, DES DRAMATURGES ET DES MUSICIENS. NOUS SOMMES POUSSéS PAR CE QUE NOUS POUVONS APPELER LE « SENS DE LA RESPONSABILITé SOCIALE DE L’ARTISTE » à ABANDONNER LES LIEUx TRADITIONNELS D’ExPOSITION ET DE SPECTACLE, POUR PRATIQUER NOTRE ART DANS LA RUE, AVEC TOUS SES ALéAS ET NOUS METTRE D’AVANTAGE AU CONTACT DE TOUTES LES COUCHES DE LA SOCIéTé. NOUS CHERCHONS à FAVORISER UNE TRANSFORMATION SOCIALE POSITIVE, GRâCE à UNE PRATIQUE ARTISTIQUE QUI DéVELOPPE LES STRATéGIES DES ARTS CONTEMPORAINS, POUR FAIRE SORTIR CES DERNIERS DE LEUR APATHIE ET IMPLIQUER D’AVANTAGE DE MEMBRES DE LA SOCIéTé DANS LE PROCESSUS ARTISTIQUE.

Il me semble que ce Parlement devrait jouer un rôle essentiel, en premier lieu dans la région Méditerranéenne, par le biais de son réseau d’organismes et de particuliers. Son action consisterait ainsi à : _Donner plus de visibilité à une vision commune au Nord et au Sud de la Méditerranée, grâce à des recherches poussées, et à la proposition d’idées nouvelles, bien éloignées des solutions toutes faites si répandues au sein des communautés vivant d’un côté comme de l’autre de cette mer antique. _Etablir un contact direct entre les différentes entités culturelles et les institutions politiques de part et d’autre de la Méditerranée, afin de travailler ensemble et de parvenir à une compréhension mutuelle. _Réaliser des projets artistiques communs aux membres du réseau du Parlement, en vue d’une véritable transformation sociale et de la création d’un espace de tolérance et de compréhension mutuelle entre les deux rives de la Méditerranéennes.

ChYPRE. i l v i t e t t r ava i l l e à n i C o s i e . CherCheur sCientiFique et artiste visuel. i l a C o F o n d é av e C M a r i a pa pa C h a r a l a M B o u s l a F o n dat i o n a r to s .

LA FONDATION CULTURELLE ET DE RECHERCHE ARTOS (ARTS CONTEMPORAINS ET SCIENCE) EST UN CENTRE SCIENTIFIQUE ET D’ARTS CONTEMPORAINS QUI SE CONSACRE à LA RECHERCHE ET à LA CRéATION : DEUx TERMES MAGIQUES, OÙ SOUFFLENT LE VENT DE L’AVENTURE ET DE LA DéCOUVERTE, PROMESSES DE VOYAGES AU PAYS DE L’APPRENTISSAGE, DU CHAOS ET DE L’IMAGINATION. ELLE FONCTIONNE COMME UN ESPACE MULTIDIMENSIONNEL PRODUISANT ET ACCUEILLANT DE NOMBREUx éVéNEMENTS DE THéâTRE, MUSIQUE, DANSE, CINéMA, ARTS VISUELS, LETTRES ET SCIENCES.

Le lancement du Parlement Culturel InterMéditerranéen est une excellente initiative, de plus, je crois que nous avons tous eu l’occasion, à Strasbourg, et ce, grâce à apollonia, de mettre en commun nos points de vue avec des partenaires représentant un vaste champ d’activités culturelles. La Fondation Pistoletto ainsi que Love Difference ont pour habitude d’apporter des idées à la fois neuves et pragmatiques. Cette fois-ci, celles-ci répondent à une immense demande. Il ne fait aucun doute qu’il est nécessaire d’étendre notre réseau. Pour cela, nous devons d’abord obtenir un soutien plus marqué des politiques, tout en élargissant notre éventail d’activités à d’autres disciplines. Jusqu’à présent, deux atouts ont fait défaut à notre réseau. Premièrement, une base politique, que je suggère d’établir à Strasbourg, à proximité du Parlement Européen et deuxièmement, les sources de financement nécessaires au lancement. Les bailleurs de fonds locaux exigent plus d’éléments tangibles et une planification plus précise pour appuyer ou participer à un quelconque projet. Par conséquent, un financement européen est indispensable en vue de mettre en marche tout le processus. N’oublions pas que, grâce à l’expérience de la plupart des partenaires présents à cette rencontre, nous pouvons facilement donner naissance à des idées. En un sens, il s’agit là d’une décision politique, c’est pourquoi nous avons besoin de soutiens politiques et financiers supplémentaires. Nous espérons que ce Parlement Culturel verra très bientôt le jour.


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ÉGYPTE

Beral Madra© TURQUIE. B e r a l M a d r a : e l l e v i t e t t r ava i l l e à i s ta n B u l . C r i t i q u e d ’a r t e t C o n s e r vat r i C e , e l l e d i r i g e l e B M C o n t e M p o r a ry a r t C e n t e r ( C e n t r e d ’a r t C o n t e M p o r a i n B M ) . e l l e e s t à l’ h e u r e a C t u e l l e direCtriCe artistique de la seCtion arts v i s u e l s p o u r i s ta n B u l 2 010 e t C o M M i s s a i r e d u pav i l lo n a s i e C e n t r a l e d e l a 5 3 è M e B i e n n a l e de venise.

_ Christos Savvidis GRèCE. F o n dat e u r e t d i r e C t e u r d ’a r t B oX , pa r t e n a i r e F o n dat e u r d u F o r u M e C h a n g e s C u lt u r e l s européens et direCteur artistique d ’ « aCtion

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F i e l d Ko d r a ».

Lydia Chatziiakovou GRèCE. e l l e a Fa i t d e s é t u d e s e n h i s to i r e d e l’a r t e t g e s t i o n d e s e n t r e p r i s e s C u lt u r e l l e s . e l l e e s t a C t u e l l e M e n t C o l l a B o r at r i C e p e r M a n e n t e d e a r t B oX . g r .

CELA FAIT 10 ANS QU’ARTBOx, éTABLI à THESSALONIQUE, CONÇOIT, MET EN PLACE ET FAIT LA PROMOTION DE PROJETS QUI RENFORCENT LES RéSEAUx DE COOPéRATION ENTRE ARTISTES, CONSERVATEURS ET INSTITUTIONS DES PAYS DE LA MéDITERRANéE ORIENTALE, TELS QUE L’EGYPTE, ISRAëL, LA PALESTINE, CHYPRE, LA TURQUIE OU ENCORE L’ALBANIE. SANS JAMAIS ExCLURE LES « OCCIDENTAUx », CES PARTENARIATS ONT POUR BUT D’OUVRIR DES ESPACES EFFICACES DE COMMUNICATION, EN PARTICULIER à TRAVERS LE FORUM ECHANGES CULTURELS EUROPéENS ET LE PROGRAMME « ARTISTES à RéSIDENCE ». NOTRE OBJECTIF PREMIER EST DE FOURNIR LES CONDITIONS NéCESSAIRES à UNE COExISTENCE ET à UNE COMMUNICATION CRéATIVE ENTRE LES ARTISTES ET CONSERVATEURS éMERGENTS ET CEUx DéJà éTABLIS.

Nous sommes ravis de prendre part au Parlement Culturel InterMéditerranéen, car il apparaît clairement que nous tendons vers les mêmes buts. Notre expérience nous a démontré que faire fonctionner un réseau n’est pas tâche facile. Il faut l’engagement, l’enthousiasme et les énergies positives de chacun, il faut aussi laisser de côté toutes nos idées préconçues sur l’Autre. Néanmoins, la présence de Michelangelo Pistoletto et de tous les autres partenaires offre l’assurance d’un réseau fait pour durer.

LE BM SUMA CONTEMPORARY ART CENTRE (CENTRE D’ART CONTEMPORAIN BM SUMA) EST LE NOUVEL ESPACE DU BM CONTEMPORARY ART CENTRE (CENTRE D’ART CONTEMPORAIN BM). A L’HEURE ACTUELLE, LE BM-SUMA CAC SE DONNE POUR TâCHES PRINCIPALES : D’ACCUEILLIR DES ARTISTES LOCAUx ET INTERNATIONAUx, D’ExPOSER LES œUVRES PROéMINENTES D’ARTISTES LOCAUx ET INTERNATIONAUx, D’éTABLIR UNE COMMUNICATION FONDéE SUR LA PERCEPTION RéCIPROQUE ENTRE LES DIFFéRENTS PUBLICS ET LES ARTISTES ET D’OUVRIR UN NOUVEAU FORUM DESTINé AUx INITIATIVES ET AUx INSTITUTIONS ARTISTIQUES LOCALES ET INTERNATIONALES.

Permettez-moi de dégager trois fonctions du Parlement Culturel InterMéditerranéen (PCIM) : 1. La forme et le contenu de l’art et de la création artistique ont évolué depuis le début des années 1990. Cette transformation s’avère paradoxale : d’une part, l’idéologie de l’Etat-nation disparaît et, d’autre part, d’anciennes idéologies politiques radicales refont surface, telle que la renationalisation et le fondamentalisme néolibéral. Dans ce contexte tendu, l’art, les artistes et la création artistique jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation de la population. Le PCIM doit prendre cette situation à bras-lecorps, en soulignant et en manifestant la fonction idéologique de l’art et de la création artistique. 2. Les dissidents, les artistes contemporains des démocraties émergentes ou en développement se servent de la création artistique pour exister dans le paysage sociopolitique de leur pays. Malheureusement, ce paysage est assombri à la fois par les politiques et les bureaucrates et par les industriels qui, bien que détenteurs des ressources financières, se soucient en général peu de la production d’art contemporain. Autre ombre au tableau : les media. La publicité et les media manipulent de manière très efficace l’opinion publique. Tout évènement culturel est ainsi forcé de s’afficher dans les media, faute de quoi, il reste invisible. Le PCIM doit interpeller sans relâche les politiques, les bureaucrates, les industriels et les media. 3. Sur le marché sous-développé de l’art local dans la région, les artistes risquent de devoir faire des efforts supplémentaires pour gagner leur vie. Dans la plupart des pays méditerranéens, les économies connaissent des difficultés. Les infrastructures culturelles sont soit inadaptées, soit inexistantes. De surcroît, la vision officielle de la culture s’éloigne des visions individuelles. Le PCIM doit faire pression sur les gouvernements locaux et centraux pour qu’ils mettent en place des subventions et soutiennent les infrastructures culturelles

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_ François Nowakowski FRAnCE. arChiteCte-urBaniste à strasBourg. i l e s t C o - F o n dat e u r av e C da M i e n B o C K e n M e y e r d u C o l l e C t i F d ’a C t i o n a r t i s t i q u e « C o r p s e t r a n g e r ».

CORPS ETRANGER EST UN COLLECTIF D’ARTISTES. IL N’EST DONC PAS UN LIEU D’ExPOSITION, NI UNE « INSTITUTION », QUI POURRAIT DONC SE PRéVALOIR D’UNE QUELCONQUE AUTORITé. NOUS AGISSONS EN TANT QU’ARTISTES, ACTEURS D’UNE SOCIéTé EN MOUVEMENT, D’UNE SOCIéTé OÙ L’ART ET LES ARTISTES DOIVENT ENTRER PARTOUT OÙ ILS PEUVENT POUR IMPOSER UNE ALTéRITé FACE à L’HOMOGéNISATION DES MODES DE VIE, DES IN-PENSéS ET DES NON-DITS.

_ Eva Van Tulden BELGIQUE. e l l e é t u d i e l a p h i lo s o p h i e e t t r ava i l l e C o M M e t r a d u C t r i C e i n d é p e n da n t e à a n v e r s . e l l e pa r t i C i p e à l a p r o M ot i o n d e p r o j e t s a r t i s t i q u e s à vo C at i o n s o C i a l e . e l l e a

Notre participation au Parlement Culturel Méditerranéen ne peut dès lors avoir lieu qu’à travers nos « actes » d’artistes. Nous concentrons donc notre énergie dans l’action artistique en gardant toujours en tête ces questions : pour-quoi agir ? pourqui agir ? Comment agir dans un monde (heureusement) incertain ? Nos travaux constituent une réponse et une prise de position qui, nous l’espérons, dépasse certainement les mots que nous pouvons utiliser ici.

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Le Parlement Culturel Méditerranéen peut être un incubateur pour l’action, non pas une institution, au sens fort du terme, mais un espace de partage et soutien à l’action, quelque-chose comme une coopérative, si nous nous permettons une analogie avec le monde de l’économie. Corps Etranger souhaite participer au Parlement Culturel Méditerranéen car cette initiative peut aussi constituer un soutien essentiel pour tous ceux qui ne peuvent être entendus ou tous ceux qui ne peuvent même pas parler, autour de la méditerranée et ailleurs.

l a n C é K u n s t d o e l av e C d e s a M i s e t a r t i s t e s pa r ta g e a n t C e M ê M e é tat d ’ e s p r i t.

KUNSTDOEL SOUHAITE QUE LE PARLEMENT CULTUREL INTERMéDITERRANéEN (PCIM) CONSTITUE UN FORUM INTERNATIONAL FAVORISANT ACTIVEMENT L’éCHANGE D’ExPéRIENCES ET D’INFORMATION UTILES à SA MISSION SOCIO-ARTISTIQUE. IL DEVRAIT éGALEMENT APPROFONDIR LA RéFLExION SUR LE OU LES RôLES QUE PEUVENT JOUER LES DIFFéRENTES DISCIPLINES DE L’ART DANS UNE TRANSFORMATION RESPONSABLE DE LA SOCIéTé. ENFIN, IL DEVRAIT PARTICIPER, LE CAS éCHéANT, à UNE SENSIBILISATION INTERNATIONALE CONCERNANT LES SITUATIONS ET LES DIFFICULTéS LOCALES POUVANT à TOUT MOMENT SE REPRODUIRE AILLEURS… POUR CONCLURE, KUNSTDOEL SOUHAITE QUE LE PCIM PUISSE êTRE UN TERRAIN PROPICE AUx IDéES ET AUx ENTREPRISES ORIGINALES ET QU’IL SOIT UN LIEU OÙ LES CRéATEURS, VENUS DES QUATRE COINS DE LA MéDITERRANéE, POURRONT SE RENCONTRER ET TRAVAILLER ENSEMBLE SOUS LE SIGNE DU PARTAGE.

KunstDoel est une initiative récente, faisant suite à une campagne d’artistes visant à reconvertir Doel, un village de polder, en foyer des arts, afin de le préserver. En effet, les plans d’expansion prévus par l’autorité portuaire d’Anvers menacent Doel de destruction en 2009. Les projets de KunstDoel à Doel ont récolté le soutien spontané de nombreux artistes, écrivains, acteurs, musiciens et opérateurs culturels socialement engagés.

FRANCE

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A long terme, KunstDoel entend étendre encore son réseau afin de créer une large base d’artistes et de créateurs prêts à se mobiliser bénévolement, dès lors que le bien-être ou les droits spirituels, écologiques, culturels ou sociopolitiques d’une communauté locale, d’une minorité ou d’un groupe sociologique sont remis en cause ou bafoués par les autorités politiques, les industriels ou par tout autre groupe de pression influent.


_ Jean Hurstel F R A n C E , LYO n . anCien direCteur de « la laiterie » à s t r a s B o u r g , i l e s t d é s o r M a i s é C r i va i n e t président de Banlieues d ’europe.

BANLIEUES D’EUROPE, DEPUIS PRèS DE VINGT ANS, TENTE DE FAIRE RéSONNER LA VOIx DES SANS VOIx, SANS POUVOIR POLITIQUE, SANS POUVOIR FINANCIER, SANS LE CAPITAL DES RESSOURCES ET DES RéSEAUx QUI COMPOSENT LA TRAME SECRèTE DE NOS SOCIéTéS DITES AVANCéES, « DéMOCRATIQUES, LIBRES ET FRATERNELLES ».

_ Judith Neisse BELGIQUE. e l l e t r ava i l l e da n s l e C a d r e d e

Ouvrir le champ, ouvrir le regard, le porter vers le sud, vers le midi de nos espérances au-delà de toutes les machineries politiques et diplomatiques pour faire advenir cette ample solidarité nécessaire. Nécessaire à notre propre vision et action sur le monde, nécessaire à cette coproduction artistique permanente entre le Nord et le Sud, points cardinaux de tout dialogue que l’on nomme en 2008 interculturel. Une immense richesse d’interventions et de démarches, qui le plus souvent reste cachée, enfermée encore dans les limites étroites d’un dialogue ambigu et biaisé. Dialogue biaisé par la prééminence imposante du Nord, inscrite dans la dénomination officielle du dialogue euro-méditerranéen. Alors que ce dialogue-là, est tout simplement méditerranéen. Biaisé aussi parce que la plupart des rencontres se situent en Europe et que les acteurs culturels et artistiques ne sont pas encore libres de leurs paroles au Sud dans des régimes autoritaires quand ils ne sont pas tout simplement tyranniques. Malgré tout, le dialogue s’établit, se développe, s’enrichit car dans un monde global, les barrières sont faites pour être franchies, les frontières et les murs sont faits pour être dépassés. L’étoile du Sud luit à nouveau et éclaire, mince filet de lumière, les ténèbres politiques complexes du Nord.

prograMMes des institutions européennes. elle a présidé le Fonds r o B e r to C i M e t ta . F o n dat r i C e d e l’a s s o C i at i o n e M i r a , e l l e s e C o n C e n t r e s u r l e s t h è M e s d u pat r i M o i n e C u lt u r e l , de la produCtion artistique, du d i a lo g u e i n t e r C u lt u r e l e t d e l a j e u n e s s e , e n pa r t i C u l i e r da n s l a z o n e Méditerranéenne non-européenne.

EMIRA - EURO-MEDITERRANEAN AND INTERNATIONAL RESEARCH ASSOCIATION (ASSOCIATION DE RECHERCHE INTERNATIONALE ET EURO-MéDITERRANéENNE) EST UNE ASSOCIATION BELGE SANS BUT LUCRATIF. PROMOTION DE LA CULTURE EURO-MéDITERRANéENNE, DE LA COMPRéHENSION MUTUELLE ET RENFORCEMENT DES LIENS ENTRE ARTISTES, DéCIDEURS POLITIQUES ET BAILLEURS DE FONDS ; CRéATION D’UN CENTRE EUROPéEN D’INFORMATION, D’éCHANGE, DE RENCONTRE, DE FORMATION, DE CONSEIL ET DE REPRéSENTATION AU SERVICE DES ARTISTES ET DES CRéATEURS CULTURELS ; SOUTIEN à LA RECHERCHE SUR LES CONDITIONS DE VIE, DE TRAVAIL ET DE CRéATION DES ARTISTES ET CRéATEURS : TELLES SONT LES MISSIONS PRINCIPALES D’EMIRA.

EMIRA s’associe à l’initiative de la Fondation Pistoletto, en tant que cofondatrice du Parlement Culturel InterMéditerranéen. Celui-ci se donne pour tâche de favoriser la coopération culturelle au sein de la Méditerranée, suivant ainsi les traces de l’association fondée par Judith Neisse, qui se consacre à l’étude du domaine culturel, par le biais de sondages et de rapports. Ces recherches ont pour but de fournir aux décideurs et aux bailleurs de fonds des données fiables concernant le développement du domaine culturel, afin de renforcer la coopération culturelle entre l’Europe et la Méditerranée. Les différences de points de vue de part et d’autre de la Méditerranée expliquent l’ignorance et les décalages de situation. Il est crucial d’inventer des façons de travailler, là où la culture n’est pas valorisée, là où la culture appartient au passé et non à l’avenir. Il s’avère indispensable de sensibiliser le public et de susciter des espaces locaux et collectifs de dialogue et d’écoute.

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_ Katerina Koskina GRèCE. h i s to r i e n n e d ’a r t, e l l e e s t d i r e C t r i C e a r t i s t i q u e d e l a F o n dat i o n j. F. C o s to p o u lo s , a i n s i q u e p r é s i d e n t e d u C o n s e i l d ’a d M i n i s t r at i o n d u M u s é e n at i o n a l d ’a r t C o n t e M p o r a i n ( t h e s s a lo n i q u e ) .

LA FONDATION J. F. COSTOPOULOS, ASSOCIATION CARITATIVE à BUT NON LUCRATIF, A éTé FONDéE EN 1979. A TRAVERS SES ACTIVITéS, ELLE OFFRE UN SOUTIEN PERMANENT à DES PROJETS DANS LE DOMAINE DE L’éDUCATION, DE LA RECHERCHE ET DES ARTS. ELLE RéAFFIRME éGALEMENT SA VOCATION PREMIèRE QUI EST DE PROMOUVOIR LA CULTURE GRECQUE, TANT AU NIVEAU NATIONAL QU’INTERNATIONAL.

En tant qu’historienne d’art, évoluant dans le monde de l’art contemporain, je suis de près les derniers développements dans ce domaine, en Europe et ailleurs. Je m’inquiète bien entendu de la position de la Grèce. Bien que située à l’extrémité de l’Europe et au cœur des Balkans, présente sur le pourtour de la Méditerranée et, de par son histoire, aux sources de la civilisation européenne, elle ne semble pas jouer sur la scène artistique internationale actuelle un rôle à la mesure de son passé et cela en dépit d’une production culturelle en plein essor, d’un point de vue tant quantitatif que qualitatif. Il va de soi que les facteurs qui expliquent cette situation sont complexes.

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Néanmoins, la Grèce n’est pas le seul pays, héritier d’un riche patrimoine culturel, à connaître des difficultés dans la valorisation de sa culture contemporaine : l’Italie, l’Egypte et d’autres pays méditerranéens se retrouvent confrontés aux mêmes obstacles. Cela fait déjà quelque temps que j’envisage la Méditerranée comme dénominateur culturel commun possible pour ces pays. Le lancement du Parlement Culturel InterMéditerranéen me ravit, même si je suis consciente qu’il arrive bien souvent que les idées sur le papier restent lettre morte. L’initiative de Love Difference, la conférence sur le « Dialogue interculturel » à Strasbourg ainsi que la participation de visionnaires, pleins d’expérience et d’enthousiasme ont démontré que le Bassin Méditerranéen constitue un cadre inégalé pour la création d’un discours interculturel chez des acteurs pluriculturels et multiethniques. Cependant, pour que la Méditerranée devienne un authentique laboratoire des cultures et puisse avoir un impact ouvertement social et politique, elle doit se doter d’une base « stratégique » et obtenir un appui politique. Je suis persuadée que des mécanismes institutionnels de gestion et de soutiens appropriés peuvent améliorer les conditions de production, de promotion et de diffusion artistique. Mais au delà de leur identité propre et de la manière dont ils l’expriment, les acteurs culturels sont unis par des liens anciens et des références communes, à commencer par la Mer Méditerranée elle-même. En mettant l’art et la culture au centre de nos échanges, nous proposons peut-être une éthique nouvelle. Voilà pourquoi la création du Parlement Culturel Méditerranéen, dont nous avons, je l’espère, posé les fondations à Strasbourg, est une urgence. Je crois sincèrement que l’activisme culturel, l’artivisme (pour reprendre le nom que nous lui avons donné) est la seule réponse humanitaire dans un monde devenu inhumain. Reste à savoir si nous pouvons y parvenir.

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_ Maha El Madii

PORTUGAL

MAROC. e l l e e s t l a d i r e C t r i C e d e l’a s s o C i at i o n C u lt u r e l l e da r B e l l a r j, i n s ta l l é e e n p l e i n

ALGÉR

Cœur de la Medina à MarraKeCh. elle e s t é g a l e M e n t r e s p o n s a B l e d e l’at e l i e r d e s F e M M e s d e da r B e l l a r j e t M e M B r e h o n o r a i r e d e l’a s s o C i at i o n p o u r l a

MAROC

Musique araBe traditionnelle laMiC.

DAR BELLARJ, FONDATION POUR LA CULTURE AU MAROC, A POUR OBJECTIF ESSENTIEL D’ExPRIMER ET DE PROMOUVOIR LA CULTURE VIVANTE ET DE TRANSMETTRE UN MESSAGE CULTUREL AUx VISITEURS MAROCAINS ET éTRANGERS AVEC DES ExPOSITIONS THéMATIQUES, ACCOMPAGNéES D’UN PROGRAMME CULTUREL COMPOSé DE CONCERTS, CONTEURS, FêTES FOLKLORIQUES, LITTéRATURE, THéâTRE, ETC.… DES ATELIERS DE PEINTURE, MODELAGE, THéâTRE OU ENCORE DE MUSIQUE SONT éGALEMENT ORGANISéS POUR ENFANTS ET ADULTES.

Je pense que la mise en place de ce Parlement est fondamentale, surtout à l’heure actuelle, où des évènements terribles se produisent à travers le monde. Sachez que je crois en la mobilité, mais plus encore, à la spiritualité : il y a urgence à renforcer le dialogue et à libérer la spiritualité de chacun. La mobilité peut, quant à elle, être un remède contre la crise économique et politique dans le monde. Il nous faut y réfléchir sérieusement. Il est bien sur possible de trafiquer un visa pour le donner à un artiste, mais on ne peut pas « trafiquer » le regard du public pour le forcer à admirer l’Art. Aujourd’hui, l’Europe a créé une sorte « d’Etat Schengen », mais sans le regard de l’Autre, le « sud de la Méditerranée », cet espace perd de son utilité et de sa liberté. Bien sûr, il s’agit d’un débat très sensible, mais j’ai foi dans le dialogue entre les cultures et dans la promotion de la communication entre les peuples. Pour moi, il n’y a rien de plus louable. L’Art peut être une façon de nouer ce dialogue. Finalement l’Art n’est-il pas gratuit, ne s’exprime-t-il pas au-delà des frontières ? N’est-il pas sans parti, ni de gauche ni de droite ? Oui, l’Art s’ouvre et il ouvre grand les bras. Mais l’art se tourne également vers la politique, à ce titre, n’est-il pas nécessaire d’interroger les acteurs de ce milieu ? Au fond, voient-ils les choses de la même manière ? Imaginez un instant ce monde idéal où l’homme politique deviendrait artiste et l’artiste comprendrait la politique… Je sais qu’il s’agit d’un projet très ambitieux et je suis fière de pouvoir y participer. Je nous souhaite donc à tous bon courage et bonne chance pour la suite !

MARRAKECH

_ Marie-Hélène JOIRET BELGIQUE. h i s to r i e n n e d e l’a r t e t d i r e C t r i C e d u C e n t r e Wa l lo n d ’a r t C o n t e M p o r a i n - l a C h âta i g n e r a i e . MeMBre de plusieurs CoMMissions Belges C h a r g é e s d ’ i n t é g r at i o n d ’ œ u v r e s d ’a r t.

LE CENTRE wALLON D’ART CONTEMPORAIN - LA CHâTAIGNERAIE EST UN LIEU DE PROMOTION, DE RENCONTRE ET DE SENSIBILISATION à L’ART CONTEMPORAIN DANS TOUTES SES DéCLINAISONS.

La Mare Nostrum représente autant une réalité qu’un mythe. Celui des origines de notre civilisation, celui du carrefour entre Europe, Asie, Afrique, celui des échanges qui ont forgés la culture européenne. Bref, le berceau de notre monde culturel. A l’heure où le chef de l’Etat français réactualise une idée déjà ancienne en posant les jalons d’un projet d’Union méditerranéenne, projet de coopération essentiellement économique, on mesure à quel point un parlement culturel méditerranéen est loin d’être une futilité. Un espace de convergence, de dialogue dédié à la culture permettra très certainement d’aborder différemment les problèmes politiques que connaît le bassin méditerranéen (on pense à Chypre, au problème israélo-palestinien…). On y voit également une manière de revoir les relations Europe – Afrique. La Méditerranée envisagée comme un lien plutôt qu’une barrière, une ouverture vers l’Afrique plutôt qu’une frontière naturelle qui « protège » l’Europe de la misère africaine. Reste à faire fonctionner ce parlement sur des bases probablement différentes de celles qui régissent nos institutions classiques, en donnant la parole aux artistes, au monde de la culture en général et à l’Homme en particulier. Pour les belges que nous sommes ; les latins les plus septentrionaux, c’est véritablement un mythe. La création d’un parlement culturel méditerranéen en référence à ce mythe permet d’envisager toutes les utopies mais aussi tous les espoirs.

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_ Francesco Martone I TA L I E . i l v i t e t t r ava i l l e à r o M e . a n C i e n s é n at e u r i ta l i e n , i l Fa i t pa r t i e d u M o u v e M e n t a lt e r M o n d i a l i s t e e t é C o lo g i s t e - pa C i F i s t e . M i l i ta n t d e g r e e n p e a C e , i l C o l l a B o r e

_ Marilena Joannides ChYPRE. CherCheuse et produCtriCe de d o C u M e n ta i r e s , e l l e a F o n d é g a s t e r a e a . e l l e s o u h a i t e p r é s e r v e r l a C u lt u r e e t l e pat r i M o i n e C u l i n a i r e s C h y p r i ot e s , e n i n t é g r a n t l a t r a d i t i o n da n s l e M o d e d e v i e aCtuel.

NOTRE ORGANISATION, GASTERAEA, SOUTIENT L’IDéE QUE LA GASTRONOMIE EST UNE FORME D’ART ET QU’ELLE APPARTIENT à NOTRE CULTURE CULINAIRE. LA DéGUSTATION DE PLATS ISSUS D’AUTRES TRADITIONS PEUT êTRE CONSIDéRéE COMME L’UN DES MEILLEURS MOYENS POUR APPRéHENDER LA DIVERSITé CULTURELLE : GOûTER à UNE CUISINE éTRANGèRE EST LA MANIèRE LA PLUS SIMPLE D’APPRéHENDER UNE CULTURE, SON PEUPLE ET SA VISION DU MONDE.

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TA L I E ROME

L’Artivisme, autrement dit, la mobilisation par l’art, fondement spirituel du Parlement Culturel InterMéditerranéen, pourrait s’avérer être une véritable dynamique de fond. L’art étant une langue commune, un lien qui se passe de mots, le miroir des âmes, de l’Histoire et de la religion, a servi, au fil des siècles, à refléter l’Histoire et à exprimer des émotions communes à toute l’humanité. Le Parlement Culturel InterMéditerranéen est un forum qui peut rassembler des personnes de cultures, de religions et d’horizons divers, afin de mettre au jour nos similitudes, d’accueillir nos différences et d’en tirer des leçons. L’art peut jouer le rôle d’un catalyseur qui facilite ce processus de communication, car il s’agit d’un extraordinaire outil permettant de révéler le meilleur de chaque culture, de promouvoir l’amitié et la bonne volonté entre les êtres humains. GASTERAEA serait honorée et tout à fait disposée à organiser et à accueillir une rencontre du PCIM à Chypre, île riche GRÈCE d’histoire et de culture.

a C t u e l l e M e n t av e C l e t r i B u n a l p e r M a n e n t d e s p e u p l e s a i n s i q u e lov e d i F F e r e n C e .

Lorsque l’on m’a proposé de participer au débat sur le Parlement Culturel InterMéditerranéen, je me suis d’abord demandé si un défenseur de l’environnement et de la justice sociale, ancien sénateur italien, était bien la personne qui convenait. Mais, connaissant les objectifs de Love difference, qui m’a invité, ainsi que son travail et sa philosophie (« l’art comme vecteur de changement social »), je suis à la fois honoré et ravi de relever le défi. De fait, en Méditerranée, plus que partout ailleurs, définir un espace culturel commun, ou plutôt un espace commun à plusieurs cultures, prend une valeur profondément politique. Nombre d’observateurs considèrent, il me semble, à juste titre, que la « méso-région »Euro-Méditerranéenne peut former un espace alternatif de dialogue, de paix, une société multiethnique et pluriculturelle. A cet égard, le Parlement Culturel InterMéditerranéen peut s’imposer comme plateforme où les différents acteurs de la scène artistique, politique, culturelle et sociale se rencontrent et agissent ensemble. La production culturelle, le soutien aux nouveaux media, à la production artistique visuelle participative et citoyenne, la multiplication des réseaux et la décentralisation des laboratoires pourraient constituer le fer de lance d’un dialogue novateur au sein des jeunes générations. En réalité, la Méditerranée ne mérite le titre de « Mare Nostrum » que si les relations entre les différents acteurs sociaux, politiques et culturels sont justes et authentiques. Cet enrichissement mutuel sera possible grâce à la confrontation des diverses expériences et rhétoriques, des discours critiques et de ceux qui tentent d’insuffler à nouveau le sens de la communauté chez les générations actuelles et I S TA N B Ufutures. L

TURQUIE

NICOSIE

CHYPRE

ÉGYPTE LIBYE


_ Sylvie Amar FRAnCE. v i t e t t r ava i l l e à M a r s e i l l e . J o u r n a l i s t e e t h i s to r i e n n e d e l’a r t, e l l e e s t é g a l e M e n t d i p lo M é e e n s C i e n C e s é C o n o M i q u e s . e l l e e s t a C t u e l l e M e n t C o - d i r e C t r i C e au “ B u r e au d e s C o M p é t e n C e s e t d é s i r s ” av e C ya n n i C K gonzalez, artiste.

LE BUREAU DES COMPéTENCES ET DéSIRS (BCD) œUVRE à CRéER DES LIENS ENTRE LA SOCIéTé ET L’ENSEMBLE DES DOMAINES DE LA CRéATION CONTEMPORAINE NOTAMMENT à TRAVERS DES ExPOSITIONS, DES éDITIONS, SA MISSION DE MéDIATEUR-PRODUCTEUR DE L’ACTION NOUVEAUx COMMANDITAIRES DE LA FONDATION DE FRANCE, UNE ACTIVITé DE FORMATION PROFESSIONNELLE.

À travers ses projets, le BCD a toujours eu pour vocation de connecter entre eux différents niveaux géographiques ainsi que de créer des résonances entre les multiples façons d’aborder la production d’œuvres avec les artistes commandes artistiques, expositions, objets multiples ou éditions.

_ Souad El-Maysour FRAnCE. artiste et élue à la ville ainsi à la C o M M u n au t é u r B a i n e d e s t r a s B o u r g .

JE SUIS ARTISTE à STRASBOURG (FRANCE) ET éLUE à LA VILLE ET à LA COMMUNAUTé URBAINE DE STRASBOURG, EN CHARGE DE LA CULTURE ET DE LA LECTURE PUBLIQUE.MES TRAVAUx M’ONT CONDUIT à RECHERCHER ET à METTRE EN éVIDENCE DES POINTS DE CONVERGENCE, DES ESPACES DE DIALOGUE ENTRE DES TRADITIONS CULTURELLES EN APPARENCE éLOIGNéES. AINSI CERTAINES RéALISATIONS PEUVENT CONSTITUER DES VECTEURS DE SENSIBILISATION DU PUBLIC, QUI PERMETTENT DE PORTER UN REGARD DIFFéRENT SUR DES IMAGES QUI NOUS ONT éTé TRANSMISES PAR L’HISTOIRE, NOTAMMENT COLONIALE. MON TRAVAIL ACTUEL S’EST PORTé SUR LA QUESTION DE LA FEMME DANS L’IMAGINAIRE COLONIAL. IL INVITE à REDéCOUVRIR CES VIEILLES IMAGES ET SE DEMANDER SI L’ON RESSENT AUJOURD’HUI AUTREMENT QU’HIER CE QUI EST EN CAUSE DANS TOUTE CETTE ICONOGRAPHIE. DE TELS TRAVAUx PEUVENT AINSI CONTRIBUER AU TRAVAIL DE MéMOIRE NéCESSAIRE à UNE RENCONTRE VéRITABLE ET RESPECTUEUSE ENTRE LES PEUPLES.

Face à une Europe qui se cloître, s’enferme, érige des murs supposés infranchissables, le déplacement des individus est de plus en plus difficile. Comment l’artiste qui n’est pas reconnu internationalement va-t-il pouvoir se déplacer alors que les frontières se ferment Mais au-delà des frontières physiques n’y a-t-il pas d’autres frontières comme celle de la mémoire à revisiter ? Voilà le genre de questionnements à la fois théoriques et pratiques que la création du parlement culturel méditerranéen permettra, je l’espère, d’aborder.

L’organisation de la structure BCD et sa méthodologie sont horizontales et participatives : la mise en œuvre des projets s’appuie en permanence sur une polyvalence des fonctions, un partage des idées et un débat critique. C’est ainsi également que la diversité des projets réalisés a toujours bénéficié d’une philosophie commune : écouter les besoins et développer la responsabilité des publics destinataires des œuvres, inciter les personnes à reconquérir une légitimité à être acteurs, aux côtés des artistes, pour agir au sein de la société. Le Parlement Culturel Méditerranéen offre au Bureau des compétences et désirs une possibilité de donner un sens ouvertement politique à ses engagements actuels dans le monde de l’art. Dans cette perspective, la position décentrée de Marseille est un atout : la ville a toujours été l’une des portes de la Méditerranée, et plutôt que de continuer à se positionner en réceptacle ou en lieu d’analyse et d’observation, elle se doit d’inventer une posture où la présence de l’art et des artistes permettra d’actualiser sa capacité à gérer les questions migratoires et sociales. L’espace méditerranéen peut trouver sa cohérence politique en mettant en réseau son passif, comme ses potentialités. Dans cette complexité historique et sociale, l’art révèle la nature des situations, il leur apporte aussi la capacité d’évoluer à travers des œuvres et des personnes. Le Parlement Culturel Méditerranéen est un outil, un support, un parti.

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Une grande œuvre a ses racines, ses fulgurances, ses fruits, une œuvres anticipe les œuvres, perçoit les chemins de traverse et invente le territoire. Une œuvre se déploie loin, très loin dans le réseau infini des horizons, dans le tréfonds de soi, et cherche des réponses, des signes, et le sens qui se dévoile. Michelangelo Pistoletto travaille sur les tensions du monde et de l’être, sur le positif et le négatif non pas pour trouver une voie consensuelle, un piètre partage mais une ouverture où chacun peut approcher le seuil de la raison. L’approche n’est pas manichéenne mais ouverture, envisagement de la rencontre. J’utilise à dessein ce terme d’envisagement, comme d’un visage qui se construirait dans chaque objet artistique. À dessein comme d’un projet et d’une réponse qui se regardent l’un et l’autre, puis qui s’intègrent à un autre dessein et à un autre visage. Le nôtre sûrement. Pour mieux comprendre ce que je pointe il faut se confronter aux œuvres de Pistoletto. Nous connaissons les miroirs où nous nous voyons vu par les leurres photographiques ou sérigraphiques, et parfois où nous reconnaissons l’image de l’artiste (d’un autoportrait qui interroge pourtant chacun d’entre nous, d’un portrait qui nous envisage). Oui, nous sommes dans la cage du reflet non pas pour nous reconnaître mais pour comprendre que le monde ainsi peut être nommé par nous. Nous avons le pouvoir de retourner le monde contre nous ou pour nous ou avec nous. Ce que nous pourrions appeler un retroussement est contenu ontologiquement dans ce que proposent les œuvres de Pistoletto. À Biella où se trouve son atelier d’énormes espaces condensent la durée de l’œuvre, montrent les différentes formes que prend cette œuvre. Force est de constater que cela n’indique pas qu’une cohérence d’un objet seul mais bien celle d’une infinité de relations qui vont de l’expérience humaine même de l’artiste, de sa capacité projective et transformatrice, à la manière dont nous sommes aspirés pour éprouver. Et ce que nous ressentons n’est pas de même apparence mais quelque chose de singulier et qui nous appartient en propre. Il faut parler d’un accrochage (une exposition) où plusieurs œuvres-miroirs se font face et profil, s’attirent les unes et les autres comme une aimantation que nous animons de nos déplacements. Une œuvre de Pistoletto ne se comprend pas d’un lieu unique. Il faut s’approcher, se déplacer, oser les angles du regard et laisser sourdre ces barreaux de lumière que sont tous les miroirs. Ensuite, il faut comprendre que la pensée même de Pistoletto contient ce fonctionnement (cet itinéraire) et que c’est précisément cela qui fait les réseaux fertiles dans l’œuvre.

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_ Incise : je quitte la ville de Biella où vit l’artiste. Dans le train de Biella vers Sinthia le reflet de la vitre. Pistolleto me poursuit. Le monde est derrière la vitre mais je le perçois comme un reflet : montagnes blanches découpées dans la glace du ciel. La jeune italienne aux longs cheveux bruns, juste de profil devant la vitre et qui me fait face, est comme la réalité de l’ombre dans les tableaux-miroirs de Pistoletto. Toute vitre est son propre reflet. Tout objet sur lequel je porte le regard finit dans l’acuité du miroir. Toute vitre n’est pas que transparence, elle est plutôt trouée vers l’autre, infra mince qui déboite le monde. Nous pourrions ainsi refaire une histoire de l’art où se brise le verre pour retrouver dans les reflets que nous percevons ce qui nous sépare du réel. Je fais cette entrée en matière pour signifier que nous sommes reliés. Dans un entretien(1) nous posons d’abord les éléments sur la table. Nous les estimons. Nous les relevons, nous les discutons. Nous les partageons. Ensuite se croisent les racines et les desseins. Ensuite nous nous tenons sur le seuil qui déplace des montagnes. Il n’y a pas d’idée reçue. Nous sommes reliés et le monde que nous avons saisi, que nous avons considéré, se poursuit ensuite dans l’imaginaire et dans l’expérience au monde. Pistolletto conçoit des œuvres à partir de ce qu’il incorpore du monde. Il le perçoit dans un infini dialogue avec l’autre. Cela le nourrit et nourrit l’œuvre. Il redit ce monde et surtout il le redonne dans un mouvement esthétique et éthique. Il est alors assez emblématique que le corps de l’artiste fonde, dans ce que nous pourrions appeler une anthropologie phénoménologique, ce qui nous apparaît comme une évidence. Une résistance du corps et de l’esprit qui pense le monde et en permet la saisie, et plus encore de l’incorporer en nous(2) . Cet échange est celui de l’art qui ne mime pas le réel mais qui propose un réel à vivre. Nous-mêmes, dans la glace comme des fantômes, leurs ombres et quelques touffes de cheveux. Halot de lumière où nous sommes à l’envers qui nous regarde et nous oblige à la question qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? _ Incise. Je vois la terre gorgée d’eau. Je vois le ciel que l’eau accueille dans la terre du reflet. Je regarde le ciel avec le reflet de l’eau. Il n’y a qu’ainsi que je peux voir le ciel. Une œuvre se doit d’être opérante et efficace dans ce que nous rencontrons hors de l’œuvre. On peut s’étonner des termes ‘opérante’ et ‘efficace’. Il ne faut pas se méprendre, rien ne part de la rentabilité absurde du capitalisme, tout au contraire. Ce qui est ‘opérant’ ici c’est la possibilité de penser à partir de l’œuvre, de vivre une expérience avec l’œuvre ou de réinventer un chemin non pas que celle-ci précise mais dont elle donne la méthode d’investigation et d’épreuve. Ce qui est ‘efficace’ ici c’est l’intelligence(3) qui nous touche dans l’histoire du travail de Pistoletto et dans l’histoire tout simplement humaine (c’est-à-dire complexe). ‘L’Etrusco’ (de 1976), sculpture des temps antiques(4), déjà forme de mémoire (donc miroir de l’histoire) fait face au miroir, touche le miroir de sa main et de son doigt.


C’est un abîme qui s’ouvre mais qui ouvre d’abord l’histoire : nous approchons, nous sommes sur un chemin, une voie antique sûrement, puis nous rebroussons chemin. À aucun moment le miroir ne nous quitte. Nous sommes dans la lumière toujours de l’histoire. C’est cela aussi que dit l’œuvre. Et l’œuvre de Pistoletto est portée par l’humanisme de l’homme Pistoletto. C’est cela qui fait que nous pouvons ainsi passer du miroir à la parole, du miroir reflété à la parole portée. Il ne dit rien qui ne soit mesuré, repensé, qui ne soit opposé au monde et vérifié dans le monde fabriqué. Pistoletto sait que chacun porte un monde, et cela produit un partage. Son rôle, lentement et opiniâtrement, est de celui qui facilite l’échange. Un objet nous projette, une table nous rassemble, des chaises identifient et nomment toutes sortes de cultures ; l’ensemble, des objets aux actes, constitue une histoire commune. _ Un monde comme espace que nous regardons hors de nous et en nous. Le miroir fabrique un lieu en nous, sans fenêtre, qui renvoie à la conscience, au comment la conscience s’interroge (quelque chose de la monade leibnizienne). Mais aussi les dispositifs mis en œuvre par Pistoletto ne nous permettent pas d’être seulement dans la boite noire. Il faut éclairer que les éléments (formes et indices) donnés par l’artiste mettent en mouvement et le corps et l’intelligence. « Plus l’angle du miroir se ferme plus l’infini s’ouvre ». Dans le mètre cube d’infini (de 1966) nous ne voyons plus l’infinie division (que nous ne saurions d’ailleurs pas voir), mais nous la savons, nous la soupçonnons comme une méthode à utiliser pour être dans le monde. C’est cette oscillation dans l’œuvre de Pistoletto, entre l’autonomie et la division infinie (et la génération infinie, paradoxe fertile) que se joue une dimension sociale du travail artistique. _ Portrait de l’artiste dans ses œuvres. Pour saisir Pistoletto il faut observer les œuvres et la malice de l’auteur, il faut mesurer les objets (5) et vérifier l’ampleur des gestes de l’artiste. Une table est une porte, est l’ombre du corps et le corps joue comme mémoire, comme objet de retour sur soi. Pistoletto éprouve le monde par le corps et l’intelligence (cette acuité aux autres). Il fait ensuite subir une épreuve aux objets qui nous renvoie notre propre expérience.‘Vietnam’ (1962-65). À l’instant où nous croisons le miroir qui montre un homme et une femme portant la bannière(6) nous sommes aussi dans la manifestation. Et nous y étions. Notre présence dans l’histoire passée se fait au temps présent, dans une remémoration et sûrement dans une réinterrogation de nos engagements et de notre état de lucidité. Jadis et aujourd’hui.Dans ‘l’Acrobate’ de 1982 il oblige la sculpture à un déboitement, à une chute sur son propre socle, puis il montre que là encore nous touchons un équilibre qui croise la gravitation de la matière et la force de l’esprit. Déboitement du regardeur, déhanchement de la sculpture : toujours, nous participons de manière active. ‘La Vénus aux chiffons’ (1967) aussi dit le passé et conteste l’éparpillement, le gaspillage des temps présents. Les chiffons dans l’enfance de Pistoletto sont recyclés, ne sont pas jetés. Il en fait de même de l’héritage grec et latin.

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L’enfance et l’antiquité se rejoignent dans le temps présent et le spectateur actif que nous sommes ne sait plus qui des chiffons ou de la Vénus tient la rencontre, la collision. D’autres images viennent aussi des tas amoncelés dans l’horreur de la guerre. Cette condensation travaille notre corps, irrite notre mémoire et qualifie encore une fois notre conscience. Les exemples des œuvres sont donnés afin que l’on comprenne bien que dans l’hétérogénéité des matériaux, que dans l’évocation plurielle des attitudes, l’artiste ouvre un monde de l’être ensemble assumé et d’une lutte que chacun peut revendiquer. _ Déploiements. Tout cela, en germe dans le travail de l’artiste dès le départ, n’a pas dévié. Son projet de Cittadellarte, d’un lieu mais au-delà du lieu, d’une table que chacun peut dresser pour engager le dialogue, montre bien l’évolution constante, l’essai permanent, la tentation d’une œuvre qui ne peut s’accomplir qu’avec l’enrichissement de chacun(7). Une table en miroir qui prend la forme de la Méditerranée (8) permet à chacun de s’approcher, de prendre n’importe quel endroit comme une place provisoire, de parler et d’éprouver des émotions contraires, des sensibilités différentes. Pour l’artiste c’est fabriquer un fondement, un ‘lit’. Ce bassin méditerranéen, au terme si matriciel, existe déjà. L’artiste nous remet simplement le possible et ses réalités sous nos yeux. Cette table convie à parler avec ceux qui veulent parler. Un jour viendra où ceux qui refusent le dialogue verront bien que certains l’ont engagé depuis longtemps. Ce jour là, soit ils se joignent à la table, soit ils combattent pour une cause perdue. Pistoletto sait que nous sommes nombreux, de plus en plus nombreux, et cela malgré les difficultés, à mettre en commun des expériences, à faire germer des initiatives, à produire et partager des œuvres(9). L’objet est ce mouvement qui part du corps et rejoint l’Autre, tous les Autres et qui revient au corps(10). Cela se produit dans le monde de l’art(11), mais aussi dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les aspirations d’un monde plus juste. Le combat paraît être d’une goutte d’eau dans la mer justement, mais il se repère comme un éclat de miroir, comme le fragment d’un infini qu’il faut commencer à chercher. C’est le fragment qui indique autant l’histoire passée que celle qui se constitue. Il possède en lui-même la potentialité et le principe d’autonomie. La perception du fragment peut s’énoncer en termes métaphoriques. Ici le fragment est autant la méthode de Pistoletto, la construction biographique(12) de l’artiste, le potentiel créatif du regardeur ; il est encore la construction sociale où chacun ajoute au fragment d’autres fragments. C’est une chaîne comme les rives des lacs, des mers, des îles et des terres, c’est une ligne que la bêtise interrompt continument, mais c’est une force artistique et éthique qui restaure les maillons manquant. Portrait d’un art qui cherche dans l’échange une transformation économique, écologique, politique, éthique et sociale. Portrait d’un infatigable travailleur qui creuse dans l’étendue du monde pour faire surgir quelques échos de lumière.

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8JAIJG: D; 9>6AD<J:H Whether it is central or peripheral, institutional or urban, artistic creation only acquires real significance when it is situated in an extremely precise context. In the current European pattern, where a recognition of and respect for cultural plurality is coming to the fore across a wide range of discourses, there are still numerous zones of heightened tensions and bloody conflicts. In such a situation artistic action, even more than political intention, overturns and puts to question these identitary assumptions and inter-minority confrontations of all sorts. It is when the artist comes to play on, or rather to thwart, what seems to be an immutable equation between the “I” and the “Other” that he is able to create solid connections between individuals considered in terms of their uniqueness and difference.

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The cycle of exhibitions Dialogues has been conceived in this spirit, out of a desire not only to investigate the potential role of the artist and of creative production, but also to question the principle of exchange, of ongoing dialogue among cultures, ethnic groups, religious bodies, generations … disciplines. Whether in his personal life or through his artistic work, Michelangelo Pistoletto is engaged in a permanent dialogue with the world which surrounds him, giving precedence to the utopian perspective of its transformation. Who better than he could bring genuine substance and concreteness to our Dialogue? Thus together with Love Difference we have staged a cultural dialectic proceeding from the artist and his work to an encounter with society and its individuals. The exhibition Je est un autre (“I is an Other”) presented in the spaces of apollonia, followed by the colloquium Intercultural Dialogue: Utopias and Situations at the Palais du Rhin in Strasbourg, brought together numerous cultural actors from the international arena. It was gathered around a major work of Michelangelo Pistoletto, the table-mirror in the shape of the Mediterranean, that the “Mediterranean Cultural Parliament” came into being. The first stage of a long process, this parliament has been conceived as an open and creative place where artivism will be a fundamental impetus. It is intended as a site where intercultural dialogue can establish the basis for a culture of dialogues.

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I=: 7>GI= D; I=: B:9>I:GG6C:6C 8JAIJG6A E6GA>6B:CI In the world in which we live today basic human values are being lost, sometimes sinking into fundamentalisms. In response, we are attempting to get back to humankind and its natural capacities to create. We aspire to delve deeply into the mythic, geographic and imaginary space that is the Mediterranean. True, our sea, the Mediterranean, is ridden with conflict, particularly in today’s world; but one must focus on ideas, and on visions and perspectives, because it is also a place where solutions based on dialogue can arise, and new common channels can be constructed. “By way of our ARTIVISM, Art as the source of a new humanism, we propose to rehabilitate the intrinsic values of the Mediterranean, a place of cultural diversity that embodies a forceful premise for the establishment of a citizens’ parliament. This new citizen-centered entity will draw upon human and Mediterranean values to transform current practices, for it has become urgent to develop a common language that rests upon responsible choices, be they ethical, cultural, social, economic or political. This is the sense of the experimental proposition of a Mediterranean Cultural Parliament—a process that intends to strike a partnership among individuals, cultural organizations, institutions and all the other actors who, in different ways, strive to vest reality with art and creativity, fundamental tools of responsible social change.”1 The Mediterranean Cultural Parliament will be an important showcase in which the need to respond differently will be laid before the eyes of all. The concept is that we have learned from our experience with a European Parliament. We speak of a new edifice: Europe. It is the sum of numerous different cultures, which were not seen as important until after their economies had been bundled together. Everything was based on money. Nothing was done to give European politics and economics a cultural basis. The same mistake cannot be made when imagining a Mediterranean Parliament. A cultural foundation must be laid beneath the “Mediterranean Union”.Accordingly, the Mediterranean Parliament will base its action on principles of inclusion and listening; it will draw its inspiration and build its activities on the basis of the experiences brought to fruition in culture and the arts. The Mediterranean Cultural Parliament will make it possible to reappropriate a common space. The time is ripe to contribute through art to a new Mediterranean civilization that will draw upon all the cultures of the basin. The Mediterranean Cultural Parliament will express the themes of its political involvement publicly thanks to a presence of art at the heart of all areas of the governance of society.

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It is with great pleasure that I am able to share a few words with you in response to this event. We are concerned first of all with honoring the artist, I would even say the Friend, who is Michelangelo Pistoletto, recognizing his indefatigable pursuit of artistic cooperation, and paying tribute to the work of art around which we are seated— this table vividly symbolizing our common cultural heritage, and the chairs representing the different cultures in coexistence around the Mediterranean, are a fervid invitation to engage in dialogue. For more than sixty years, the Council of Europe has been this “common house” dedicated to human rights, and the European Cultural Convention of 1954 allows a democratic management of the cultural diversity in the forty-nine countries which are its signatories. This work of art perfectly symbolizes these principles. I can relate particularly to the theme of encounter. Last May, the Ministerial Commission of the Council of Europe adopted the White Paper on Intercultural Dialogue, and as the coordinator of this endeavor, I rejoice in this important step taken by the European institutions and national governments, by civil society and the entirety of European citizens. Intercultural dialogue is no longer a simple utopia, but a great effort to communicate the inspiring ideas and to realize concretely the formulated principles must still be undertaken in order to transform it into a reality throughout Europe, and even beyond. The democratic management of a cultural diversity growing throughout Europe—anchored in the history of our continent and deepened by globalization— has become a priority. How are we to respond to diversity? What is our vision of the society of tomorrow? Is it a matter of a society where individuals will live in separate communities characterized at best by the coexistence of majorities and minorities with differentiated rights and responsibilities, vaguely connected among themselves by mutual ignorance and stereotypes? Or on the contrary, are we to imagine a dynamic society which is open, free of all discrimination and profitable to everyone, favoring the integration of all individuals with full respect for their basic rights? The Council of Europe believes that respect and support for cultural diversity on the basis of the values upon which the Organization is founded are the essential conditions for the development of societies based upon solidarity. The White Paper will serve decision-makers and those responsible for implementation as a guide for promoting intercultural dialogue. It will facilitate dialogue in the areas of education, youth, culture, and the arts. We intend to pursue this dialogue with the other shore of the Mediterranean, thanks to the cooperative efforts established with UNESCO, the European Foundation for Culture, and the Anna Lindh Foundation for dialogue among cultures. We are happy to be able to derive support from the solid experience of apollonia, which has established artistic exchanges in Central and Eastern Europe, just as it will achieve henceforth in the Caucasus and the Middle East.

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9>G:8IDG D; I=: >I6A>6C 8JAIJG6A >CHI>IJI: D; HIG6H7DJG< The Italian Cultural Institute in Strasbourg agreed immediately with the Apollonia Association and Love Difference, Artistic Movement for Inter-Mediterranean Policy to share in the organisation of the “Je Est Un Autre” Exhibition because it reflected the spirit of the Institute’s Season for 2008, which was a dialogue based on culture, surely one of the best ways of promoting strong and permanent friendship between nations. Music, poetry, painting, in a word, Art, is a microcosm in which all men can share their experiences and which promotes dialogue in a world weighed down by violence, cruelty and conflicts. The Italian Cultural Institute of Strasbourg was present last June when major personalities worked to establish the basis for a Mediterranean Cultural Parliament whose vital principle is that Art is the vector of an ethical development of contemporary society. This event confirmed the existence of a Mediterranean identity arising from the different languages, cultures and religions which unite it and express the wealth of its history. A key concept dominated this event – a concept which enabled people to extend their work and their ideas beyond their national frontiers, transcending the barriers not only between nations, but between races, religions and individuals. That concept makes intercultural dialogue possible; that concept is LOVE. Because of it people from distant places, different nations, different religions and strangers to each other, can communicate immediately and live together in friendship and understanding.


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=:69 8JG6IDG 8DJC8>AADG ;DG >CI:GC6I>DC6A G:A6I>DCH Today the “clash of civilizations” seems to characterize the inevitable confrontational relationship which is developing in a world which nonetheless has become globalized. For their part, the association Love Difference and Michelangelo Pistoletto affirm an entirely different conception of the relationship between civilizations. In acknowledgement of a world full of confusion and torn by conflict, they propose—starting with the Mediterranean and extending well beyond the shores of the Roman mare nostrum—to envision, through the creation of the Mediterranean cultural parliament, a space based upon respect for various cultures. The project makes art and “artivism” the “motor for an ethical transformation in the individual and social relationships founded upon a respect for the equal dignity of persons.” The establishment of the Mediterranean Cultural Parliament in Strasbourg, at the seat of the Regional Direction of Cultural Affairs (the regional representation of the French Ministry of Culture), is also a recognition of the work which has been undertaken by this administration over many years in the field of international exchanges, and which has led it to accompany diverse structures that are active in this area. Thus apollonia, a platform of European cultural exchanges, has been regularly supported in its Euro-Mediterranean projects. The European deputy Catherine Trautmann, a former French Minister of Culture, recently recalled this statement by the philosopher Lorenzo Bonoli: “Culture is the experience of otherness.” An awareness of the other indeed constitutes the first step towards a shared culture which is far removed from identitary withdrawals and an emphasis on minority and ethnic issues within society. This is the complementary diversity of cultures which, over thousands of years, have mutually enriched themselves around the Mediterranean throughout the course of a history that has produced the cultural richness of today. It is in this manner that the three continents bordering this interior ocean have expressed their own creative genius, throughout the different civilizations which have succeeded each other right down to the present. The idea of a cultural parliament ultimately lies in the continuity of a very old interrelationship which today seeks to engage art and human creativity in the service of a future where an encounter with the other and the need for exchange should supersede identitary limitations. Intercultural dialogue leads to mutual respect and to reciprocal enrichment; art which reveals the reality of the world serves as its essential vector. It is thus appropriate to wish that this project of hope and lucidity conducted by the association Love Difference will develop the true dynamism of a shared desire for the future, founded upon the mutualization of cultures with a respect for their specificities. The evocative expression of Arthur Rimbaud, “’I’ is an Other,” calls for a universal empathy which the Mediterranean Cultural Parliament has begun to put into practice, and clearly each individual may feel addressed by this summons.

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During the entire time that we were gathered at the Palais du Rhin around the work by Michelangelo Pistoletto entitled Love Difference Table, a mirror-table situating each one of us at a precise location around the Mediterranean, I couldn’t avoid thinking of what the philosopher Hannah Arendt had written about public space. Her reflections investigated the very foundations of our communal existence; she was concerned with the meaning which we give to the expression “to live together in the world.” I had in mind a sentence from her book La condition de l’homme moderne (“The Human Condition”): “To live together in the world: What this essentially means is that a world of objects is extended between those who possess it in common, just as a table is situated between those who are seated around it; the world, like every intervening space, simultaneously connects and separates people.” (1) I was led to associate the table of Pistoletto with that of Hannah Arendt, a world of objects around which human beings are arranged. The presence of the table there in the middle seemed in both cases to make it possible to share that which gives meaning to existence. And as we were talking about intercultural dialogue and artistic practices viewed as conditions of exchanges between peoples, I remembered that in another text Hannah Arendt provided a commentary upon a sentence from the Feuillets d’Hypnos of René Char. There the poet summons up the daily experience of the Maquis (translator’s note: this was the name of the French resistance movement in World War II), and he writes: “At all meals taken together, we invite liberty to sit down. The seat remains empty but the place remains set.” And speaking of the resistance fighters, the philosopher observes: “With all masks stripped away, […] they had been visited for the first time in their lives by an appearance of liberty […], because they […] had taken the initiative into their own hands and consequently, without knowing or even noticing it, they had begun to create this public space between them where liberty could appear.”(2) The table—a public space—is a site of appearance; the expectation of a new guest, the promise of an event motivated by determination, courage, refusal to submit. But in the phrase La condition de l’homme moderne there was something else as well: The world—the table—“simultaneously connects and separates people,” it was written. And Hannah Arendt added: “The public domain, the world shared in common, gathers us together but also prohibits us, so to speak, from falling upon each other. What makes mass society so difficult to endure is not […] the number of people; it is the fact that the world which is between them no longer has the power to gather them together, to connect them, nor to separate them. This is a strange situation which resembles a spiritualistic séance during which the followers, victims of a magic trick, would find their table suddenly to have disappeared, so that the persons sitting opposite each other were no longer separated, but were no longer connected either, by anything tangible at all.” (3) The same philosopher wrote in Le système totalitaire (“The Totalitarian System”): “In crushing people one against the other, total terror destroys the space between them.” This is the same idea—we require a world between us so that the differences, the instances of otherness, the singularities are not annihilated. We sit around this “between,” empty and yet peopled with objects, which maintains the infinite and irreducible otherness of each human being. It is around this that we gather, it is this which connects us: There is a “we” because there exists between us this space belonging to no one, inalienable, extensive—a public space which our words traversed and did not destroy, that day when we were gathered at the Palais du Rhin around the table of Michelangelo Pistoletto.


T 8DCHJA6I <wCwG6A 9J GDN6JB: 9J B6GD8 $ HIG6H7DJG< The audible aspect for creating a structure between heaven and earth strives to follow the “winds of the globe” in search of the sirens who have settled in the skeletal and famished nudity of the seafarers of extravagance and disillusionment. In a faceless sea, a savage storm scuttles dazzled and subservient tongues, so that even ULYSSES, that navigator of desire, casts off his masculinity without shame, full of nostalgia for the body-country where only an animal recognized the lover in wanderer’s clothing woven by tongues which tattooed the unfathomable feminine, black triangle of his shipwreck and of his quest. Speaking to the wind which unplaited the hair of the Sirens, having as a return only the trembling of foamy lips pronouncing the hoarse enchantment which is absorbed by the same wind interested in other swayings, other caresses, other burns. Shapeless, liquefied, enveloping, he is the messenger neither of the “I” nor of the “Other.” He participates when the feminine perfumes him. He slides imperially into the intermediacy. He seduces, inebriates, harasses. When Mediterranean, he imposes upon the two shores of the “Mare Nostrum” the milk which he disgorges from the wave. Maternal, he cradles. A laborer in the mist, he is polyglot. His writing liquefies otherness. Stormy, his alphabet reinvents the enraged curves. Calms them. He settles the thick blue clouds. Heroic, he installs Narcissus in his folly. The object of his own desire, he plunges into mourning, becomes an orphan. Becomes alarmed at the breeze that grows independent. Gathers the image of his deliverance. Then he lends himself impetuously to the bravery of faraway men, brings them together. For long before Schopenhauer, he knew “that men were like hedgehogs through a freezing winter night. Too close, they jab each other. Too far apart, they die from the cold.” So beneath the celestial vault at the dawn of the human renewal, some men regard ruin as sacred; others, pioneers of renewed horizons, script the encounter of the voyage, purpose of one’s own journey. They chromatize the salvational embrace, snatch it up from the abyssal, in order to watch over the enthusiasm which the word does not express and which their palette strips bare. Michelangelo Pistoletto is this intopical Druid. This is proven by the table set up for the people from other places which had the place setting and at the DRAC in Strasbourg the lodging.

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6GI>K>HB / HD I=6I I=: ;JIJG L>AA =6K: <DD9 EGDHE:8IH½ $ 7N 96C>:A G>DI “The profound purpose of the artist is to give more than he possesses,” wrote Paul Valéry in his Cahiers. Michelangelo Pistoletto well illustrates this point. Through his oeuvre and through his personality. Through his reflections upon the role which art can and should have in this world where “art for art’s sake” has become an expression emptied of all meaning. Through his willingness to bequeath that which he carries most fully within himself —the sense of being human, the “principle of humanity,” that transcendence which, with or without God, allows us to avoid sinking into absurdity. And to confront death.

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“Transcendence.” This is the word which asserted itself most insistently, before my eyes and in my ears, at the conclusion of the colloquium organized in June 2008 at the Palais du Rhin in Strasbourg by Love Différence and apollonia, and devoted to a theme of intense contemporaneity: “Intercultural Dialogue: Utopias and Situations.” “Utopia” because the stupidities conveyed on behalf of a “clash of civilizations” which is more fantasized than real create “situations” of blockages, antagonisms, and false clingings to cultural identity in cities as well as on a global scale. “Utopia” because the very notion of culture becomes subject to questioning due to financial-economic developments and technical-scientific aberrations based upon ideologies promoting the “dehumanization,” the “merchandization,” and the “objectification” of the human person. Having only recently emerged from wars of religion, nationalist explosions, red and brown totalitarianisms, colonizations, enslavements and systems “of the exploitation of man by man,” the world (and Europe in particular) is foundering into the “dictatorship without a dictator” of a dehumanizing economic and scientific system. It is plunging us into a spatialtemporal destructuring with a loss of reference points which, one time more, is awakening this Brechtian “monster” giving rise to inhumanity among “the human, all to human” Nietzscheans. Behind the masks and false noses of values emptied of their meaning, the cult of capitals and singulars leads to a betrayal of the Lights. People sing Liberty while sacrificing liberties, they praise Equality while increasing inequalities. People summon up Brotherhood while cultivating the most highly egotistical individualisms. And they celebrate Man while forgetting men and women. Or Humanity while erasing human beings… Dictatorship of immanence. Of non-culture. Of Art without art. Because Art, by nature, is on the order of transcendence. Of that energy which makes it possible to surpass oneself, to rediscover oneself. To be oneself by passing beyond selfism. By being fully an “I” thanks to the “You” and the “We.” And by emerging from oneself in order to become a creative creature participating in this permanent creation which is called Life. Pistoletto has stated the matter clearly: “‘We’ as society.


This is the translation of that relationship between the individual and humanity which, with the Cittadellarte, acquires an effective dimension. The goal is to assure that Art is capable of truly touching humanity by passing beyond an overly distinct demarcation line. It is not acceptable that Art pronounces discourses about society, views and criticizes it, but does nothing in terms of form and substance. Once again, it is a matter of a door which allows entry into society by concretely bringing to it an activity of responsible transformation.” Art is a force of “responsible transformation”—in other words it functions as a political instrument which passes beyond Politics. The word “Artvism” coined by the former Italian senator Francesco Martone echoed like a byword during the course of this colloquium. Artivism as a societal lever, as the tool of a social metamorphosis, as the source of a reenchantment of the world, as a force of life, as the mark of lived humanity. Artivism? An activism of Art on the local and global levels. The keystone of this “intercultural dialogue” for which the Council of Europe published a Charter (in an auspicious coincidence of the calendar) during the colloquium. A Charter which owes much to Gabriella Battaini-Dragoni and which deeply deserves to be signed, ratified and applied by the forty-seven member states of the Council of Europe. Artvism? A militancy for Art confirmed as a “link of links.” Who is not concerned with art? Not only artists, specialists, collectors, art lovers, professionals, but everyone, both male and female, from cradle to grave. And in all the “countries,” in all the “corners” of this Global Village in search of shared happiness (utopia!) and engaged in a struggle against suicidal rivalries (“situations”). “Art is the shortest path from man to man,” wrote Malraux. Through Art, the “clash of civilizations” burdened with disrespectful inhumanity becomes a “barter of civilizations” rich with the Respect (of oneself and others) which is the basis for human rights, and for that “equal dignity” without which proclaimed values have no meaning. “Art has accomplished its esthetic revolution; now it should accomplish its ethical revolution,” hammers out Pistoletto. Every work by Michelangelo Pistoletto summons us to this Revolution. In particular, his Table-Mirror which draws the Mediterranean as one has never seen it before. Hollowed-out/Concave(?). With the sea, the shore of lands. With the surface upon which one sees oneself. Where everything is reflected. The sky, the faces bent over it, the objects placed on or removed from it. The magic and realities of the mirror. “The mirror does not exist without its viewer. If there were no more human beings in the world, the mirror would work to no avail. It is human consciousness which invented the mirror,” Pistoletto likes to say. With the obsession of passing through it, to be sure.

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Michelangelo Pistoletto speaks of the mirror in religious terms: “an incarnation and an epiphany”! “The image returns to the person. The image of the mirror is reincarnated in the viewer at every instant. And as for the epiphany, it is precisely the phenomenology set in place by the table-mirror which allows the bursting forth of a vision which could not be described without this experience. The epiphany is illumination. In order to have an epiphany, it is necessary for a phenomenon to be born, to emerge, for something to be revealed through this phenomenon.” With his broken, fragmented, divided “table-mirrors,” Pistoletto succeeds in creating a multidimensional work conducting the viewer-actor into a universe which is not limited, not cut into pieces, not “sausaged.” The eye which regards while being regarded is thus inscribed into a time where the present is written both in the past and the future: “Where you come from and where you are going,” remarks Pistoletto. It is also inscribed into a space where one sees oneself and regards things in the face, from the back, from the side, from above, from below… In all the dimensions when mirrors are reflected in other mirrors. “The truth is that art should be the writing of life,” wrote Paul Eluard. A writing which makes visible the invisible, speaking the ineffable in order better to nourish thought. True writing, that of reflection and not of the reflexes. “A new perspective which beckons to a new Renaissance,” observes Pistoletto. It is precisely this quest for a “new Renaissance” which marks the beginning of this century more full of fears than of hope. All the more in that the proclaimed “return of religion” is a return more of intolerant religiosity, of a cult of Mani, of a crusading spirit than of a spiritual leap. This gives rise to the idea of a “Mediterranean Cultural Parliament” promulgated at the end of the colloquium by a Declaration of Strasbourg which summarizes the lessons learned from the fieldwork having been done for years now by associations which create and maintain the “social connection” by means of art. By means of their activism through art. Through an “Artivism” practiced up to now just like the prose of Monsieur Jourdain. Why a “Parliament”? It is in its original sense that this word must be understood: a place where one speaks, where one parleys. It is not a matter of legislating, but of permitting the “filing down of brains,” to use the expression of Montaigne, that leads to the word “culture” translating that which transcends nature. This is the most simple definition of Art, but certainly not the most relevant one. But in this particular “Parliament,” the parleying will above all be the multi-surfaced mirror of concrete actions with several dimensions. They will be conducted by individual persons, associations, organizations, institutions, networks bringing actions and reflections into permanent and concrete connection in cities and rural areas. These links arise due to the Internet and due to encounters which take place according to circumstances and initiatives, without “seat,” without “capital,” without “bureaucracy.” This Parliament will serve as the catalyst and illustration of Artivism, defined and applied as a new humanism in action(s). The objective is


for Art to become “the motor of an ethical transformation of individual and social relationships,” the cement of a “living together,” both locally and worldwide, founded upon Respect as a right and a duty. Why “Mediterranean”? It is not the geographical zone which is thus designated. “This sea between lands” is the matrix of several civilizations which nourish thoughts and actions far beyond the “basin” which unites three continents. This “sea between lands” remains, today more than ever, the surrogate mother of a “civilizational future” based upon the “equal dignity” of the constituent persons of a Humanity replete with diversities and differences. For a Europe in search of a Unity still to be accomplished. And for this world more marked by a nihilistic disorder than by an ordinance creating authentic and shared riches. A colloquium is only as valuable as its concrete realizations. The one in Strasbourg, so richly endowed, does not escape from this rule. It will have fully succeeded if Artivism does not remain a concept but becomes a program for action. “Creators of the world, unite!” We are all creators, even if we do not all have the chance to be artists. “Unite,” then, in order to work towards what Pistoletto calls the “Third Paradise,” which is to be realized on this earth where, as Bernanos said, “The only hands of God are our own.” “It is enough to see what the world has come to … Everything must be reconsidered, must be reorganized differently. Today the avant-garde must turn around, otherwise there will be a crash. We have need of a science of conservation. And a passage must be found towards a new civilization, that which I call the Third Paradise,” says the founder of Cittadellarte. “This is the capacity of art to touch everything which makes it spiritually free. If art is capable of establishing a relationship with philosophy and politics, it will have a much more important effect than that of religion. It is up to creativity to take the initiative and to know that it touches the vital point of human existence. Art is the Center.” An impressive building site has opened up on the occasion of the encounter between apollonia and Love Différence, centered around Michelangelo Pistolleto in the “democratic capital of the citizens’ Europe” which is Strasbourg. Let us seize this opportunity; it is a duty more than an ambition. So that “the utopia,” this reality in embryonic form, will transform our “situations.” And so that the “intercultural dialogue” becomes an act of true communication between cultures and not a fashionable expression (which is by definition condemned to become outdated). This is exactly what Artivism can become—the lever of a world where, as Leonardo Sciascia has put it, “the future will have good prospects.”

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Daddy, can we change the world? We live in an environment that’s constantly changing. Yes, ok.... But can we have an effect on what’s happening around us through our own actions? I suppose so... remember when we talked about how the beat of a butterfly’s wing can hurricane in another part of the world? cause a But I don’t understand, I was asking you something else. We’re not talking about how every little action can have a huge effect, but simply how can we make the world we live in better. Wait a second, tell me something first. Now you’re saying ‘better, not ‘change’, but who decides what’s better? Well... we do... me and you, society. People that want to change, I suppose. Don’t confuse me... But what me and you think is better for us, today, is that final? I don’t think so, tomorrow we’ll have new problems and new solutions. That’s why I want to understand what we can do today. But how? We have to agree. But who? The people who want to change. Before, you said that we are the agents of change. So it’s necessary that we agree not only about our intention to change, but also on how to accomplish it. Only then can we act, each according to their ability and capacity. That’s too abstract, I don’t understand. You, daddy, are you doing something to change the world? Listen. Every day I work to encourage dialogue between people by involving them in creative things. What do you mean? My colleagues and I create moments in which people work together creatively, getting to know each other and getting to know themselves a little better. What’s that got to do with what we’re talking about? I don’t understand: you talk about knowing ourselves better along with other single people. How can that change the world? Each of us grows in relation to a context. I would be different if I hadn’t met mommy. And you would have grown up different if you hadn’t met your friends. Understanding yourself better also means knowing others better, and the relations they have with us. And if you want to make the world better, it’s from there that you have to start out. Maybe you’re right. So that means, if my friends knew themselves better, things would get better between us, right? Could be. And creativity? Before you said you worked with creativity... Yes, we research and study creative processes for the common good. What do you mean? Creativity is the capacity to invent and a fundamental resource for projects. Anyone who uses their creativity can design new things working with others. Isn’t that the answer to what you asked me in the first place? Hmm. Through our work we’ve found lots of people in the world who use art and creativity primarily to create occasions to meet and talk, communicate and do things together to find new solutions to shared needs.


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And what do you do? We make it possible for these people to meet so they can get to know each other and share and compare their experiences. We also tell everyone who doesn’t know them what they do. We show how to use creativity to create innovative environments for relationships through seminars, workshops and even new things like gastronomic workshops about dialogue between different cultures. What’s gastronomy got to do with it? Gastronomy is like music, don’t you think? It’s made up of cultural mixtures. Every dish is a product of relationships between cultures. .... and then everyone loves eating. Everyone agrees about good food. And dialogue always starts around food. Precisely. But they way you put it seems like there’s some kind of method, a practice for working with people through creativity. But how can it work? They’re individuals, each one different to the other, with completely different habits and customs. You can’t think that there’s a method for relating with each of them. Even less a single way of involving people in shared actions. Good point. But what you’re saying isn’t a limit, it’s a resource.Understanding that we’re dealing with so many individuals linked by a complex relational bond is the first step toward fielding a great capacity to listen, to appreciate the skills and resources of a community So, more than a method, you’re talking about a way of thinking and developing projects with others, always within specific situations, generated each time by different needs. ...and by different desires. Desires? Yes, dreams, desires. Is that why the things written in the following pages look more like scribbled notes than the agenda of a Parliament? I reckon so. A good listener is an explorer of possible worlds. Creating change means exploring new worlds, opening dialogue with others, giving space to individual expression in the collective. But, daddy, why didn’t you say that in the first place? That I would have understood straight away. Yes, I believe you would have. Anyway, now it’s time for bed. Daddy, why are the grown-ups making war in Gaza, instead of just pretending like children do? No... bedtime. That’s enough. We can talk some other time about Gaza

The conversation you’ve just read is a presentation of the fundamental concept of the activities of Love Difference, and the spirit with which prepare to collaborate in the realization of the Mediterranean Cultural Parliament. We invite you to read the writings of Gregory Batenon and take a look at our website lovedifference.org

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GUDRAN ASSOCIATION FOR ART AND DEVELOPMENT IS A GATHERING OF VISUAL ARTISTS, wRITERS, PHOTOGRAPHERS, MOVIE MAKERS, DRAMATISTS AND MUSICIANS. wE ARE MOTIVATED BY wHAT wE CAN CALL, “THE SENSE OF ARTIST’S SOCIAL RESPONSIBILITY” TO ABANDON THE TRADITIONAL SPACES OF ExHIBITING AND PERFORMANCE, TO ACTIVATE OUR ARTISTIC PRACTICE IN THE STREET wITH ALL ITS VARIABLES AND TO HAVE MORE CONTACT wITH ALL CATEGORIES OF SOCIETY. wE AIM TO SUPPORT A POSITIVE SOCIAL TRANSFORMATION THROUGH AN ARTISTIC PRACTICE THAT DEVELOPS THE MECHANISMS OF CONTEMPORARY ARTS TO GO OUTSIDE OF THE STATE OF STAGNANCY SURROUNDING THEM AND TO INVOLVE MORE MEMBERS OF SOCIETY IN THE ARTISTIC PROCESS.

II think that this parliament should play a significant role at first in the Mediterranean region with its network of organisations and individuals through: _Working on clarifying the mutual vision between South and North of the Mediterranean; through elaborate research approaches and the presentation of new ideas different to those readymade scenarios that are so widespread among the communities of both sides of the old sea. _Creating a direct contact between cultural entities and political institutions on both sides of the Mediterranean; so as to realise mutual understanding and work between these sides. _Developing common artistic projects by the members of the Parliament’s network, aiming to have a real social transformation and to create a space of mutual acceptance and understanding between the two sides of the Mediterranean.

C Y P R U S. a C h i l l e a s K e n to n i s : l i v e s a n d W o r K s i n n i C o s i a . s C i e n t i F i C r e s e a r C h e r a n d v i s ua l a r t i s t. F o u n d e d to g e t h e r W i t h M a r i a pa pa C h a r a l a M B o u s a r to s F o u n dat i o n

THE ARTOS CULTURAL AND RESEARCH FOUNDATION (CONTEMPORARY ARTS AND SCIENCE) IS A CONTEMPORARY ARTS AND SCIENCE CENTRE DEDICATED TO RESEARCH AND CREATIVITY: TwO MAGICAL wORLDS OF ADVENTURE AND DISCOVERY, ENCOMPASSING SOJOURNS INTO THE FIELDS OF LEARNING, CHAOS AND IMAGINATION. IT FUNCTIONS AS A MULTI-DIMENSIONAL SPACE, ORGANISING AND UNDERTAKING THE PRODUCTION OF MULTIFACETED EVENTS FROM THE wORLD OF THEATRE, MUSIC, DANCE, CINEMA, VISUAL ARTS, LETTERS AND SCIENCES.

The initiative for a Cultural Mediterranean Parliament is a very important one and I think that in Strasbourg thanks to Apollonia we all had the chance to blend ideas with partners that represent a broad range of cultural activities. The Pistoletto Foundation and Love Difference have the tradition of coming up with useful and fresh ideas, but this time there is a big need for such an effort. We definitely need to expand the network, which means that we should first find additional political backup and broaden the type of activities spectrum. Up till this point, the network lacks two things. First, a political base, I recommend that it should be in Strasbourg as a net to the European parliament and second, the funding sources for the kick-start. Local funds need more proof and specific plans before supporting or contributing to this idea. This fact makes the need for European funding a necessity so that the wheel can start rolling. Ideas can be generated easily bearing in mind the experience of most of the partners present in that meeting. This is a political move in a way, so it needs additional financial and political support. We are still optimistic that this cultural parliament could soon be a reality.


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ÉGYPTE

Beral Madra© TURQUIE. B e r a l M a d r a : l i v e s a n d W o r K s i n i s ta n B u l . a r t C r i t i C a n d C u r ato r d i r e C t i n g B M C o n t e M p o r a ry a r t C e n t e r . C u r r e n t ly v i s ua l a r t s d i r e C to r o F i s ta n B u l 2 010 a n d C u r ato r o F C e n t r a l a s i a pav i l i o n at 5 3 r d v e n i C e B i e n n a l e . .

BM SUMA CONTEMPORARY ART CENTRE IS THE NEw SPACE OF BM CONTEMPORARY ART CENTRE. CURRENTLY BM-SUMA CAC’S MAIN CONCERN IS TO HOST LOCAL AND INTERNATIONAL ARTISTS, TO SHOw THE MOST SIGNIFICANT ARTwORK OF LOCAL AND INTERNATIONAL ARTISTS, TO CREATE A MUTUAL PERCEPTIVE COMMUNICATION BETwEEN THE AUDIENCES AND THE ARTISTS AND TO OPEN A NEw PLATFORM FOR LOCAL INTERNATIONAL ART INSTITUTIONS AND INITIATIVES.

I would like to present three functions for the MCP:

_ Christos Savvidis GREECE. F o u n d e r a n d d i r e C to r o F a r t B oX , F o u n d e r pa r t n e r o F t h e F o r u M e u r o p e a n C u lt u r a l e XC h a n g e s a n d a r t i s t i C d i r e C to r o F a C t i o n

1.The content and form of art and art making has changed since the beginning of the 90’s. The change is paradoxical: On one side the nation state ideology is dissolving, on the other the once radical political ideologies are emerging, such as re-nationalisation and neo-liberal fundamentalism. Art, artists and art making within this tension are crucial for the implementation of awareness and consciousness to the people.

F i e l d Ko d r a .

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MCP should tackle this issue, focus on the ideological function of art and art making and manifest it.

Lydia Chatziiakovou

2. The dissident individual, the contemporary artist of emerging or developing democracies utilises art making in order to have a visible presence within the socio-political panorama of his/her territory. However this panorama is, on one side shadowed by politicians and bureaucrats and on the other by business people who own the financial resources but in general are not so interested in contemporary art production. The other shadow is the media. Advertisement and the media are extremely influential in manipulating public opinion; every cultural event has to make itself visible in billboards and the media, otherwise it is too small to be seen.

GREECE. s t u d i e d a r t s M a n a g e M e n t a n d a r t h i s to ry. s h e i s a p e r M a n e n t C o l l a B o r ato r o F a r t B oX . gr.

FOR THE PAST 10 YEARS ARTBOx, BASED IN THESSALONIKI HAS DESIGNED, REALISED AND PROMOTED PROJECTS THAT ENHANCE NETwORKING AND COLLABORATIONS BETwEEN ARTISTS, CURATORS AND INSTITUTIONS FROM COUNTRIES OF THE EASTERN MEDITERRANEAN AREA, SUCH AS EGYPT, ISRAEL, PALESTINE, CYPRUS, TURKEY AND ALBANIA. NEVER ExCLUDING “wESTERNERS”, THESE COLLABORATIONS ATTEMPT TO CREATE EFFICIENT PLATFORMS OF COMMUNICATION. IN PARTICULAR THROUGH THE ACTIVITIES OF FORUM EUROPEAN CULTURAL ExCHANGES, AND THE FORUM ARTISTS-IN-RESIDENCE PROGRAMME, OUR ULTIMATE GOAL HAS BEEN TO PROVIDE THE CONDITIONS FOR CREATIVE CO-ExISTENCE AND COMMUNICATION BETwEEN ESTABLISHED AND EMERGING CURATORS AND ARTISTS.

We are very glad to be part of the Euro Mediterranean Cultural Parliament, since we obviously share the same goals. Our experience has shown that networks are hard to preserve; it takes commitment, enthusiasm and positive energy from all parts for the ingredients to boil down, leaving behind all preconceptions of the Other. However, Michelangelo Pistoletto and all the parties involved are a guarantee that this network will be a lasting one.

MCP should continuously address politicians, bureaucrats, business people and the media. 3. In the underdeveloped local art markets of the region, the artists are exposed, having to make extra efforts for their own economic welfare. In most MED countries the economy is in difficulty and the infrastructures of culture industries are absent or inadequate; or the official culture visualisations and the private one’s do not go together. MCP should provoke and press on central and local governments to open funds and to support cultural infrastructures.

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_ François Nowakowski FRAnCE. arChiteCt and urBan planner in s t r a s B o u r g . W i t h da M i e n B o C K e n M e y e r , he is Co-Founder oF “Corps etranger” an a r t i s t i C a C t i o n g r o u p.

CORPS ETRANGER (“FOREIGN BODY”) IS AN ARTISTS’ COLLECTIVE. SO IT IS NEITHER AN ExHIBITION SITE NOR AN “INSTITUTION” wHICH wOULD ACCORDINGLY BE CAPABLE OF ExERCISING SOME SORT OF AUTHORITY. wE ACT IN OUR ROLE AS ARTISTS, AS ACTORS OF A SOCIETY IN MOVEMENT, OF A SOCIETY wHERE ART AND ARTISTS SHOULD ENTER EVERYwHERE THEY CAN IN ORDER TO ASSERT AN OTHERNESS IN RESPONSE TO THE HOMOGENIzATION OF VARIOUS wAYS OF LIFE, OF INwARD THOUGHTS AND UNSPOKEN wORDS.

_ Eva Van Tulden BELGIQUE. e va va n t u l d e n : l i v e s , s t u d i e s p h i lo s o p h y a n d W o r K s a s a F r e e - l a n C e t r a n s l ato r i n a n t W e r p. i n vo lv e d i n t h e p r o M ot i o n o F s o C i a l ly C o M M i t t e d a r t p r o j e C t s , s h e C r e at e d

Our participation in the Mediterranean Cultural Parliament cannot take place except through our “acts” as artists from now on. So we concentrate our energy on artistic action while keeping in mind these questions: Why act? Act for whom? How to act in a (felicitously) uncertain world? Our works constitute a response and take up a position which, we hope, certainly transcends the words which we can use here.

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The Mediterranean Cultural Parliament can serve as an incubator for action, not as an institution in the emphatic sense of the term, but as a space of sharing and support for action—something like a cooperative, if we allow ourselves an analogy with the world of the economy. Corps Etranger hopes to participate in the Mediterranean Cultural Parliament, because this initiative is also capable of providing an essential support for all those who cannot be heard or all those who cannot even speak—around the Mediterranean and elsewhere.

K u n s t d o e l , a lo n g W i t h s o M e l i K e - M i n d e d Friends and artists.

KUNSTDOEL HOPES THAT THE MEDITERRANEAN CULTURAL PARLIAMENT (MCP) wILL BECOME AN INTERNATIONAL FORUM THAT ACTIVELY PROMOTES THE ExCHANGE OF ExPERIENCES AND INFORMATION THAT ARE RELEVANT TO ITS SOCIO-ARTISTIC MISSION, THAT IT wILL DEEPEN REFLECTION ON THE POSSIBLE ROLE(S) OF VARIOUS ART DISCIPLINES IN THE RESPONSIBLE TRANSFORMATION OF SOCIETY AND, IF NECESSARY, THAT IT wILL HELP RAISE INTERNATIONAL AwARENESS OF LOCAL PROBLEMS OR SITUATIONS THAT MAY ALSO HAPPEN IN ANY OTHER PLACE AT ANY TIME…. AND, LAST BUT NOT LEAST, KUNSTDOEL HOPES THAT THE MCP wILL BECOME A FERTILE BREEDING GROUND FOR NEw IDEAS AND ACTIONS AND A PLACE wHERE CREATIVE PEOPLE FROM ALL AROUND THE MEDITERRANEAN MAY MEET, wORK TOGETHER, SHARE FOOD AND BEVERAGES AND HAVE A GOOD TIME.

KunstDoel is a young organisation that has its roots in an artistic campaign to save the polder village of Doel as an arts village. Doel is threatened with demolition in 2009 due to expansion plans of the Antwerp port authority. For its projects in Doel, KunstDoel has garnered the spontaneous support of many socially committed artists, writers, performers, musicians and cultural operators.

FRANCE

MARSEILLE

E S PA G N E

In the longer term, KunstDoel seeks to further extend this network with a view to constituting a vast base of artists and creative people who can be mobilised on a voluntary basis whenever the wellbeing or lawful socio-political, cultural, ecological or spiritual interests of a local community, minority or sociological group are being ignored or trampled on by political or industrial authorities or by any other powerful lobbying groups.


_ Jean Hurstel F R A n C E , LYO n . h e Wa s d i r e C to r o F “ l a l a i t e r i e ” i n strasBourg. he is Writer and president oF Banlieues d ’europe

BANLIEUES D’EUROPE (SUBURBS OF EUROPE) HAS BEEN ENDEAVORING FOR ALMOST TwENTY YEARS NOw TO LET THE VOICES BE HEARD OF THOSE wHO ARE wITHOUT A VOICE, wITHOUT POLITICAL POwER, wITHOUT FINANCIAL POwER, wITHOUT THE CAPITAL OF THOSE RESOURCES AND NETwORKS wHICH CONSTITUTE THE SECRET wARP AND wOOF OF OUR SOCIETIES THAT ARE SAID TO BE ADVANCED, “DEMOCRATIC, FREE AND DEVOTED TO BROTHERHOOD.”

The aim is to open the field, to open the vision, to direct it towards the south, towards the midi of our hopes beyond all the political and diplomatic machinery in order to summon up the necessary, broad solidarity. Necessary for our own vision and action in the world, necessary for this permanent artistic coproduction between the North and the South, cardinal points of all that dialogue which in 2008 is designated as intercultural. An immense wealth of interventions and procedures which most often remains hidden, still enclosed within the narrow limits of an ambiguous and distorted dialogue. A dialogue distorted by the imposing preeminence of the North, inscribed into the official designation of the Euro-Mediterranean dialogue. Whereas in fact this dialogue is simply Mediterranean. Distorted as well because the majority of encounters take place in Europe and because the cultural and artistic protagonists in the South are not yet free to express themselves under regimes which are authoritarian even when they are not in fact tyrannical. In spite of everything, the dialogue establishes itself, develops, becomes enriched because in a global world, barriers are made for being passed through, borders and walls are made for being crossed. The star of the South is shining once again and, as a thin shaft of light, is illuminating the complex political darkness of the North.

_ Judith Neisse B R U S S E LS. she WorKs With prograMMes oF the e u r o p e a n i n s t i t u t i o n s , Wa s p r e s i d e n t o F r o B e r to C i M e t ta F u n d. a s F o u n d e r o F t h e a s s o C i at i o n e M i r a , s h e F o C u s e s o n t h e t h e M e s o F C u lt u r a l h e r i ta g e , a r t i s t i C p r o d u C t i o n , i n t e r C u lt u r a l d i a lo g u e a n d yo u t h e s p e C i a l ly F o r t h e n o n - e u r o p e a n Mediterranean area..

EMIRA - EURO-MEDITERRANEAN AND INTERNATIONAL RESEARCH ASSOCIATION IS A BELGIAN NON-PROFIT ASSOCIATION. ITS OBJECTIVES ARE THE PROMOTION OF EURO-MEDITERRANEAN CULTURE AND MUTUAL UNDERSTANDING AND LINKS BETwEEN ARTISTS, POLICY MAKERS AND DONORS; ESTABLISHING A EUROPEAN SERVICE CENTRE FOR INFORMATION ExCHANGE, MEETING, TRAINING, ADVICE AND REPRESENTATION FOR ARTISTS AND CULTURAL CREATORS; ENCOURAGING RESEARCH ON wORKING CONDITIONS, LIFE AND CREATIVITY OF ARTISTS AND CREATORS.

She has joined as a cofounder of the Pistoletto Foundation initiative, that establishes the Euro-Mediterranean Cultural Parliaments aiming at promoting cultural cooperation within the Mediterranean area, following the mission of the association she founded, that is dedicated to studies and surveys on the cultural sector. These studies are aimed at supplying decision makers and donors with reliable data and information on the development of the cultural sector with the intention to enhance cultural cooperation between Europe and the Mediterranean. The different visions on both sides of the Mediterranean lead to a lack of knowledge and an asymmetry of situations. There is a necessity to identify ways of working in those places where culture is not promoted much and where culture belongs to the past but not to the future. It is important to develop awareness and create occasions of dialogue and local and collective scenarios of listening.

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_ Katerina Koskina GREECE. a r t h i s to r i a n , s h e i s a r t d i r e C to r o F t h e j F C o s to p o u lo s F o u n dat i o n , p r e s i d e n t o F t h e B oa r d o F t r u s t e e s a n d o F t h e s tat e M u s e u M o F C o n t e M p o r a ry a r t.

THE J. F. COSTOPOULOS FOUNDATION, A NON-PROFIT CHARITABLE INSTITUTION, wAS FOUNDED IN 1979. ITS ACTIVITIES CONSIST OF THE CONSTANT SUPPORT OF INITIATIVES ASSOCIATED wITH EDUCATION, RESEARCH AND THE ARTS AND REAFFIRM THE MAIN PURPOSE OF ITS ESTABLISHMENT AND OPERATION, wHICH IS TO PROMOTE GREEK CULTURE BOTH IN GREECE AND ABROAD

As an art historian who moves in the area of contemporary art, I follow artistic developments in Europe and beyond. Naturally, I am concerned about the role of Greece, a country at the edge of Europe whose organic position in the Balkans, her presence around the Mediterranean and her history which places her at the basis of European civilisation, do not seem to be enough for her to play a role corresponding with her past on today’s international art scene. All this is so, despite her increasing and increasingly interesting cultural output. The reasons behind this are certainly complex.

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Yet Greece is not alone as a country with a rich cultural past that has a problem in promoting her contemporary culture; Italy, Egypt and other Mediterranean countries are in the same boat. The idea that the Mediterranean could be used as a common cultural denominator for these countries had been on my mind for some time. The launch of the Mediterranean Cultural Parliament thrilled me, even though I know how often things remain on paper. The initiative of Love Difference, the “Intercultural Dialogue” conference in Strasburg and the presence of people with vision, experience and enthusiasm have demonstrated that the Mediterranean Basin presents an unparalleled setting for establishing an intercultural discourse among multi-cultural and multi-ethnic actors. Yet if the Mediterranean is to become a true laboratory of cultures and have an open social and political impact, it must acquire a ‘strategic’ base and obtain political support. I believe that the proper institutional mechanisms for management and support can improve conditions for the production, promotion and dissemination of culture by people who express their cultural identities in different ways but have old bonds and common points of reference – most prominently, the Mediterranean Sea itself. By placing art and culture at the centre of our exchanges we may put forward a new ethic. This makes the creation of the MCP, whose foundations we have hopefully laid in Strasburg, a necessity. It is my sincere belief that cultural activism –artivism, as we called it– is the only humanitarian answer to a world that has become inhuman. Let us see if we can put it right.

_ Maha El Madii MAROC. M a h a e l M a d i i s t h e d i r e C to r o F t h e C u lt u r a l a s s o C i at i o n da r B e l l a r j, W h i C h settled in the heart oF the Medina in MarraKeCh. she is also the head oF the W o M e n ’ s at e l i e r o F da r B e l l a r j a n d h o n o r a ry M e M B e r o F t h e a s s o C i at i o n F o r ClassiC araBiC MusiC laMiC.

THE FOUNDATION FOR MOROCCAN CULTURE DAR BELLARJ HAS THE ESSENTIAL AIM TO ExPRESS AND PROMOTE THE LIVING CULTURE AND TO TRANSMIT A CULTURAL MESSAGE TO MOROCCAN AND FOREIGN VISITORS. THIS IS DONE BY THEMATIC ExHIBITIONS wHICH ARE ACCOMPANIED BY A CULTURAL PROGRAM CONSISTING OF CONCERTS, STORYTELLERS, FOLKLORIC CELEBRATIONS, LITERATURE AND THEATRE. ALSO PAINTING, MODELLING THEATRE AND MUSIC ATELIERS ARE AS wELL AS ORGANISED FOR CHILDREN AND ADULTS.

I think it is really important to create this Parliament, especially in these times where terrible things are taking place in different countries. I believe in mobility but moreover I believe in spirituality. There is an urgent need to strengthen a dialogue and liberate each one’s spirituality. Mobility could be one remedy for the economical and political world crisis, it just should be thought of and taken seriously. It is possible to fiddle to get an artist a visa but not to give him the public’s opinion towards its art. Europe has created a Schengen State but without taking into account the southern side of the Mediterranean. Schengen remains therefore without useless and without freedom. It is a very sensible debate, but I believe in a dialogue between cultures and facilitating communication between people. For me it is the most honorable thing in the world. Art can be the way to carry out this dialogue. Art is a free art that expresses itself without any borders, without blocks; it is neither left nor right. Art becomes something open, something with open arms. They are open towards politics, but maybe this question should be asked to the politicians. Do they think it the same way? Just try to imagine that idealistically the politician would turn into an artist and the artist would understand politics?I know this is a very ambitious project and I am very proud to be able to take part in it. I wish us all good luck and courage for the future.


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PORTUGAL

Marilena Joannides C Y P R U S.

ALGÉR

r e s e a r C h e r , p r o d u C e r o F d o C u M e n ta r i e s a n d F o u n d e r o F g a s t e r a e a . a i M s to p r e s e r v e Cy p r i ot C u l i n a ry C u lt u r e a n d h e r i ta g e By i n t e g r at i o n o F t h e s e t r a d i t i o n s i n to to day ’ s M o d e r n l i F e s t y l e .

MAROC

OUR ORGANISATION, GASTERAEA, CONSIDERS GASTRONOMY AS A FORM OF ART AND PART OF OUR CULINARY CULTURE. CULINARY CULTURE IS CONSIDERED TO BE ONE OF THE BEST wAYS TO ExPERIENCE CULTURAL DIVERSITY, THROUGH THE FOOD wE EAT. THE SIMPLEST wAY TO GET TO KNOw OF A FOREIGN CULTURE IS THROUGH ITS CUISINE AND IT IS AN EFFECTIVE wAY TO ExPERIENCE THE DEPTH OF A CULTURE, THE VIRTUES OF PEOPLE AND THEIR OUTLOOK TOwARDS LIFE.

Artivism, that is, mobilisation through art as the spiritual basis of the Mediterranean Cultural Parliament, can prove to be a very powerful dynamic. Art being a common language, a bonding without words, a mirror to ones soul, culture, history and faith, a tool used throughout the years to capture history and display emotion common to all mankind. The Mediterranean Cultural Parliament is a platform that can bring people from different backgrounds, cultures and faiths together to find common ways to discover their similarities and embrace and learn from their differences. Art can be used as a catalyst to aid this process of communication, as a wonderful way of bringing out the best of each culture and of promoting friendship and good will among people. GASTERAEA would be very willing and honoured to organise and host an MCP event in Cyprus, an island rich in history and culture .

_ Francesco Martone I TA LY. lives and WorKs in roMe. MeMBer oF the anti g lo B a l i s at i o n a n d e C o pa C i F i s t M ov e M e n t Wa s s e n ato r o F t h e r e p u B l i C . g r e e n p e a C e a C t i v i s t, n o W C o l l a B o r at e s W i t h t h e p e r M a n e n t C o u r t o F t h e p e o p l e a n d lov e d i F F e r e n C e .

When I was asked to join the debate on the European Cultural Parliament, I first wondered whether an activist for environmental rights and social justice, and lately a member of the Italian Senate, was the right person. Knowing the scope and intentions of the people who have approached me, and their work and philosophy, Love Difference, or “art for social change”, I was more than pleased and honoured to accept this challenging offer. As a matter of fact, nowhere but in the Mediterranean, reclaiming a cultural space, or better a common space of different cultures, has such a profound political meaning. Many observers believe - and I agree with them - that the EuroMediterranean region as a “meso-region” might represent an alternative space of dialogue, peace and multiethnic and multi-cultural society. In this sense the Intermediterranean Cultural Parliament can turn into a space where different social, political, cultural and artistic actors meet and interact. Cultural production, support to new media, to participatory and grassroots visual and artistic production, the multiplication of networks and decentralised laboratories, could represent the keystones of a renewed dialogue among younger generations. As a matter of fact, the Mediterranean can only become Mare Nostrum as the result of a genuine and equitable relationship between various social, political and cultural actors, and through the cross-fertilization of different experiences and discourses, of critical languages and those who aim to reconstruct some common sense for current and future generations.

_ Marie-Hélène JOIRET BELGIQUE. a r t h i s to r i a n a n d d i r e C to r o F “ C e n t r e Wa l lo n d ’a r t C o n t e M p o r a i n – l a C h âta i g n e r a i e ”. M e M B e r o F s e v e r a l B e l g i u M CoMMittees in Charge oF artWorKs i n t e g r at i o n .

THE “CENTRE wALLON D’ART CONTEMPORAIN – LA CHâTAIGNERAIE” IS A PLACE FOR THE ADVANCEMENT OF, ENCOUNTER wITH, AND SENSITIzATION TO CONTEMPORARY ART IN ALL ITS MANIFESTATIONS.

The Mare Nostrum signifies both a reality and a myth—that of the origins of our civilization, that of an intersection between Europe, Asia and Africa, that of the exchanges which have forged European culture. In short, the cradle of our cultural world. At a moment when the head of the French state is revitalizing an already age-old idea through establishing the bases for a project of Mediterranean unity, an essentially economic cooperative endeavor, one notices to what extent a Mediterranean cultural parliament is far from being an exercise in futility. A space of convergence, of dialogue dedicated to culture will most certainly make it possible to address in a different manner the political problems with which the Mediterranean basin is familiar (one thinks of Cyprus, of the Israeli-Palestinian problem…). Likewise evident is a new way of seeing the relationship between Europe and Africa: the Mediterranean envisioned more as a link than as a barrier, more as an opening towards Europe than as a natural frontier which “protects” Europe from African misery. The challenge which remains is to induce this parliament to function on foundations which are probably different from those which govern our classical institutions, through providing an opportunity to be heard to artists, to the world of culture in general, and to Mankind in particular. For the Belgians which we are; the most northerly of Latins, this is truly a myth. The creation of a Mediterranean cultural parliament in reference to this myth makes it possible to envision the entire range of utopias, but also of hopes.

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TURQUIE

_ Sylvie Amar FRAnCE. lives and WorKs in Marseille. Journalist and a r t h i s to r i a n , e X p e r t a l s o i n e C o n o M i C a l s C i e n C e s , s h e i s C o - d i r e C to r o F “ B u r e au NICOSIE

CHYPRE

d e s C o M p é t e n C e s e t d é s i r s ” W i t h ya n n i C K G o n z a l e z , a r t i s t.

THE BUREAU DES COMPéTENCES ET DéSIRS (BCD, “BUREAU OF COMPETENCIES AND DESIRES”) wORKS TO CREATE LINKS BETwEEN SOCIETY AND ALL THE VARIOUS DOMAINS OF CONTEMPORARY CREATION, PARTICULARLY THROUGH ExHIBITIONS, EDITIONS, ITS MISSION AS MEDIATORPRODUCER OF ACTION NOUVEAUx SPONSORS OF THE FONDATION DE FRANCE, AN ACTIVITY OF PROFESSIONAL TRAINING.

ÉGYPTE

_ Souad El-Maysour FRAnCE. artist and eleCted MeMBer oF the City

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CounCil

I AM AN ARTIST IN STRASBOURG (FRANCE) AND AN ELECTED OFFICIAL OF THE CITY AND OF THE URBAN COMMUNITY OF STRASBOURG, IN CHARGE OF CULTURE AND PUBLIC READING. MY wORK HAS LED ME TO INVESTIGATE AND TO PRESENT IN PUBLIC POINTS OF CONVERGENCE, SPACES OF DIALOGUE BETwEEN CULTURAL TRADITIONS wHICH SEEM TO LIE QUITE FAR APART. THUS CERTAIN REALIzATIONS CAN SERVE AS VECTORS FOR SENSITIzING THE PUBLIC AND MAKING IT POSSIBLE TO BRING A DIFFERENT VIEwPOINT TO THE IMAGES wHICH HAVE BEEN TRANSMITTED TO US BY HISTORY, IN PARTICULAR BY COLONIAL HISTORY. MY CURRENT wORK IS FOCUSED ON THE QUESTION OF wOMEN IN THE COLONIAL IMAGINATION. IT ISSUES AN INVITATION TO REDISCOVER THESE IMAGES FROM THE PAST, AND TO INQUIRE wHETHER ONE SENSES DIFFERENTLY, TODAY COMPARED wITH YESTERDAY, THAT wHICH IS IN QUESTION IN ALL THIS ICONOGRAPHY. wORKS SUCH AS THIS CAN THEREBY CONTRIBUTE TO THE wORK OF MEMORY wHICH IS NECESSARY FOR AN AUTHENTIC AND RESPECTFUL ENCOUNTER AMONG PEOPLES.

Faced with a Europe which is withdrawing, closing itself off, erecting walls supposed to be impassable, the movement of individuals is becoming more and more difficult. How will the artist who is not internationally recognized be capable of remaining mobile when borders have been closed? But past the physical frontiers, are there not other frontiers such as that of memory which should be revisited? It is these types of issues, both theoretical and practical, which the creation of the Mediterranean Cultural Parliament will make it possible, I hope, to address.

Through these projects, the BCD has always followed the objective of connecting different geographic levels among themselves, as well as of creating resonances between the various ways of approaching the production of works with artists—artistic commissions, exhibitions, multiples or editions. The organization of the structure BCD and its methodology are horizontal and participatory: the setting up of projects is based permanently upon a polyvalence of functions, a sharing of ideas and a critical debate. Likewise, the diversity of the realized projects has always benefited from a common philosophy: to listen to the needs and to develop the responsibility of the audiences aimed at by the works, as well as to stimulate individuals to reacquire the legitimacy of being protagonists, alongside artists, in engaging in activity within society. The Mediterranean Cultural Parliament offers to the Bureau des compétences et désirs the possibility of assigning an openly political significance to its current involvements in the world of art. From this perspective, the decentralized position of Marseille is an asset: The city has always been one of the ports of the Mediterranean, and rather than to continue to position itself as a meeting place or a site of analysis and observation, it has the duty of developing a standpoint where the presence of art and of artists will allow an updating and revitalizing of its ability to manage social and migratory questions. The Mediterranean space can discover its political coherence by creating a network of both its liabilities and its potentialities. In this historical and social complexity, art reveals the nature of situations, and it also provides them with the capacity to evolve by means of works and persons. The Mediterranean Cultural Parliament is a tool, a support, a course of action.


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A great work has its roots, its flashes of brilliance, its fruits; a work of art anticipates other works, perceives side streets and dreams up territory. A work of art extends far, very far in the infinite network of horizons, into the depths of the self, and it seeks responses, signs and revealed meaning. Michelangelo Pistoletto works on the tensions of the world and of being, on the positive and the negative in order to find, not a consensual path, not a mediocre mode of sharing, but rather an opening where everyone may approach the threshold of reason. The approach is not Manichean but is instead an opening, an envisaging of the encounter. I deliberately use this term of “envisaging,� like a visage which is constructed in every artistic object. Deliberately as with a project and a response which gaze upon each other, then integrate themselves into another design and another visage. Most certainly our own. In order better to understand what I am pointing to, one must encounter the works of Pistoletto. We know mirrors where we see ourselves seen by photographic or serigraphic illusions, and sometimes where we recognize the image of the artist (of a self-portrait which nonetheless poses questions to each one of us, of a portrait which contemplates us). Yes, we are in the cage of reflection, not in order to recognize ourselves but in order to understand that the world can thereby be named by us. We have the power of turning the world against us or for us or with us. Something which we could call a bunching up is contained ontologically in that which is proposed by the works of Pistoletto. At Biella, where his studio is located, enormous spaces condense the duration of the oeuvre, demonstrate the different forms which this oeuvre takes. One is obliged to recognize that this indicates, not the simple coherence of a single object, but that of an infinity of relationships which extend from the human experience of the artist himself, from his projective and transformative capabilities, to the manner in which we aspire to experience encounters. And what we feel does not have the same uniform appearance, but instead is something unique which belongs to us individually. One is led to speak of a hanging (an exhibition) where several mirror-works are arranged face-to-face or side-on and attract each other like a magnetization which we energize through our movements. A work by Pistoletto may not be understood by being regarded from only one viewpoint. It is necessary to come up close, to shift positions, to risk various perspectives and to allow the upward surge of the bars of light which are formed by all the mirrors. Subsequently, one must understand that Pistoletto’s very thought-processes contain this functioning (this itinerary), and it is precisely that which imbues the interrelationships in his oeuvre with such fertility.


_ Interpolation: I leave the town of Biella where the artist lives. In the train from Biella to Sinthia the reflection of the window pane. Pistoletto is pursuing me. The world is behind the window pane, but I perceive it as a reflection: white mountains incised into the mirror of the sky. The young Italian woman with the long brown hair, in clear profile alongside the window and facing me, is like the reality of shadow in the picture-mirrors of Pistoletto. Every pane of glass is its own reflection. Every object towards which I turn my gaze ends up in the sharp focus of the mirror. Every window is not simply a transparency but instead is hollowed out towards the other, a slender beyondness which disconnects the world. In this manner we could recreate a history of art where the glass is shattered so that, in the reflections which we perceive, we may find that which separates us from the real. I have made this entry into the material to indicate that we are interconnected. In an interview(1) we first place the elements upon the table. We evaluate them. We pick them up, we discuss them. We share them. Next the roots and purposes intersect. Then we situate ourselves on the threshold which moves mountains. There is no received idea. We are linked, and the world which we have grabbed hold of, which we have considered, subsequently continues in the imagination and through experience out in the world. Pistoletto conceives his works starting with what he incorporates from the world. He perceives it in an infinite dialogue with the other. This nourishes him and nourishes the work. He reformulates this world and above all, he gives it back in an esthetic and ethical movement. It is accordingly quite emblematic that the body of the artist, in what we could call a phenomenological anthropology, establishes something which appears to us like an obvious fact. A resistance of the body and the spirit which thinks the world and allows it to be grasped, even more to be incorporated into us(2). This exchange is that of art which does not mimic reality but instead offers a reality to be lived. We ourselves hover in the mirror like phantoms, their shadows and a few tufts of hair. A halo of light where we are seen backwards, which contemplates us and compels us to face the questions “Who are we?” and “What are we?” _ Interpolation I see the earth flooded with water. I see the sky which the water receives in the earth of reflection. I contemplate the sky with the reflection of the water. Only in this way can I see the sky. A work should be operant and efficacious in that which we encounter outside the work of art. The terms “operant” and “efficacious” may cause surprise. It is not necessary to be mistaken; nothing proceeds from the absurd profitability of capitalism—on the contrary. That which is “operant” here is the possibility of thinking from the point of departure of the work, of living out an experience with the work, or of reinventing a path—not the one which the work specifies, but the one for which it provides the method of investigation and of proof. That which is “efficacious” here is the intelligence(3) which touches us in the history of Pistoletto’s work and in the simply human (in other words complex) history. The Etruscan (1976), a sculpture from antiquity,(4) already a form of memory (hence a mirror of history), turns towards the mirror, touching it with his hand and his finger. This is an abyss which opens up, but one which first opens

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up history: We make an approach, we are on a path, certainly on an ancient road, then we retrace our steps. At no time does the mirror depart from us. We are always in the light of history. It is this as well which the work of art expresses. And the oeuvre of Pistoletto is sustained by the humanism of Pistoletto the man. It is this which guarantees that we can pass from the mirror to the word, from the reflected mirror to the conveyed word. He says nothing which is not measured, carefully considered, which is not held up against the world and verified in the fabricated world. Pistoletto knows that everyone carries a world within himself, and this produces an act of sharing. His role, slowly and relentlessly, is that of someone who promotes exchange. An object projects us, a table gathers us together, chairs identify and name all sorts of cultures; the whole, from the objects to the acts, constitutes a common history. _ A world as space which we contemplate outside of ourselves and within ourselves. The mirror sets up a windowless space within us which refers to consciousness, to the manner in which consciousness questions itself (with a certain affinity to Leibnitz’ monad). But also the measures taken by Pistoletto do not allow us simply to be in the black box. It must be clarified that the elements (forms and indications) given by the artist induce movement in the body and in the intelligence. “The more the angle of the mirror closes, the more infinity opens.” In the cubic meter of infinity (1966), we no longer see the infinite division (which in any case we would not be capable of seeing), but we know it, we suspect it like a method to be used for being in the world. It is this oscillation in the oeuvre of Pistoletto, between autonomy and infinite division (and infinite generation, in a fertile paradox), in which is played out a social dimension of artistic work.

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_ A portrait of the artist in his works. In order to grasp Pistoletto, it is necessary to observe the works and the mischievousness of their author; one must measure the objects(5) and verify the fullness of the gestures of the artist. A table is a door, is the shadow of a body, and the body plays the role of memory, as an object of return to oneself. Pistoletto feels the world through his body and intelligence (this keenness with regard to others). He subsequently compels the objects which our own experience presents to us to submit to a test. Vietnam (1962-65): At the instant when we pass in front of the mirror which shows a man and a woman carrying a banner,(6) we as well are participating in the demonstration. And we were there. Our presence in past history is accomplished in the present time, in a remembrance and certainly in a reinterrogation of our undertakings and our state of lucidity. Back then and now today. In The Acrobat from 1982, he subjects the sculpture to a dislocation, to a fall upon its own pedestal, then he demonstrates that even there, we reach an equilibrium which crossbreeds the gravitation of matter and the force of the mind. A dislocation of the viewer, a lopsidedness in the sculpture: In any case, we participate in an active manner. The Clothed Venus (1967) also expresses the past and opposes the scattering, the wasting of present times. The clothes from Pistoletto’s childhood are recycled rather than being thrown away. He does the same with the Greek and Roman heritage. Childhood and antiquity are


united in the present, and the active viewer whose role is ours does not any longer know who causes the encounter, the collision of the clothes or of Venus. Other images also come from the piles heaped up in the horror of war. This condensation engages our bodies, irritates our memory, and once again qualifies our conscience. These examples of Pistoletto’s works are offered to create a clear understanding that, in the heterogeneity of his materials, in the diverse evocation of attitudes, he opens up a world of accepted association and a struggle to which everyone may lay claim. _ Deployments All this, in embryonic form in the work of the artist from the very beginning, has known no deviation. His project of Cittadellarte, a place but one that is beyond the place, a table which everyone can set up in order to initiate a dialogue, clearly demonstrates the constant evolution, the permanent endeavor, the temptation of a work which cannot be accomplished without the enrichment of everyone(7). A mirrored table which takes the shape of the Mediterranean(8) allows each person to draw near, to take any place whatsoever as a provisional seat, to speak and to feel contrary emotions, different sensibilities. For the artist, this means establishing a foundation, a “bed.” This Mediterranean basin, so like a matrix, already exists. The artist simply places the possible and its realities before our eyes. This table issues an invitation to speak with those who wish to speak. A day will come when those who refuse the dialogue will see clearly that certain individuals have been engaging in it for a long time now. On that day, they will either take a place at the table or fight for a lost cause. Pistoletto knows that we are numerous, more and more numerous, even in spite of the difficulties of finding a common basis for experiences, of giving rise to initiatives, of producing and sharing works.(9) The purpose is that movement which proceeds from the body and rejoins the Other, all the Others, and which returns to the body.(10) This takes place in the world of art, (11) but also in city districts, at places of work, in the hopes for a more just world. The struggle seems to be a veritable drop of water in the ocean, but it can be seen to resemble a burst mirror, like the fragment of an infinity which must begin to be sought. It is the fragment which indicates just as much past history as that which is presently occurring. It contains within itself the potentiality and principle of autonomy. The perception of the fragment may be expressed in metaphorical terms. Here the fragment is in equal measure the method of Pistoletto, the biographical construction(12) of the artist, and the creative potential of the viewer; it is also the social construction where everyone adds other fragments to the fragment. It is a chain just like the shores of lakes, oceans, islands and lands; it is a line continuously interrupted by stupidity; but it is an artistic and ethical force which restores the missing links. The portrait of an art which seeks in exchange an economic, ecological, political, ethical and social transformation. The portrait of an indefatigable worker who delves into the vast expanse of the world in order to draw forth manifold echoes of light. T <:GB6>C GÂHO $ 9w8:B7G: '%%-! ?6CK>:G '%%.

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