Ce que les communistes ont à offrir à la gauche Nous assistons à l’accélération de la crise de la nation française. Celle-ci se traduit aujourd’hui par ce « sentiment d’humiliation » qu’éprouvent nos concitoyennes et concitoyens devant la gestion de l’épidémie de Covid-19 par les gouvernants. Cela alors que le divorce entre une partie du peuple, ses classes travailleuses et populaires, et la représentation politique traditionnelle atteint maintenant un point de bascule. D’un côté, la classe dirigeante poursuit son projet libéral et, de l’autre côté, il n’apparaît pas d’issue progressiste crédible du côté du mouvement ouvrier et de la gauche. De cette situation peut surgir une réponse autoritaire, mettant en cause la démocratie et la République. Une course au recours bonapartiste est engagée à droite et à l’extrême-droite. Le sondage qui place presque à égalité Emmanuel Macron et la présidente du Rassemblement National en est la plus récente expression.
RÉPUBLICAINES
LES LANDES HEBDOMADAIRE DE LA FÉDÉRATION LANDAISE DU P.C.F. S.A.R.L. « LES LANDES RÉPUBLICAINES » 6-8 rue des Forgerons – BP34 40001 MT DE MARSAN Cedex Tél. 05.58.46.41.41
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Addition des faiblesses ?
Face à cela la réponse à gauche ne peut être simplement résumée à des formules bricolées d’alliance des faiblesses de chacun. Et elle ne peut consister en un ralliement à une candidature autoproclamée rassembleuse, en fonction des résultats de sondages aléatoires ou des supposées proximités idéologiques que nous aurions avec tel ou tel. Parce qu’elles ne s’emploient pas à prendre les problèmes de la France à la racine, ce genre de solutions ne peut sortir la gauche de l’état dans lequel elle se trouve.
Mais rouvrir le chemin à une solution d’espoir suppose trois conditions :
d’abord une visée stratégique clairement affirmée : la reconquête du monde du travail au sens large, dans la mesure où, sans lui, aucune majorité politique ne pourra voir le jour. Ensuite, un programme pour la France, dont les grands axes puissent apparaître à une large échelle porteurs d’une issue crédible à la crise. C’est-à-dire d’un programme qui parte de l’état des consciences, autant que des attentes qui apparaissent majoritaires dans la société, pour tracer l’horizon d’une rupture avec les logiques dominantes. Qui porte le fer sur la question clé, ignorée du reste de la gauche et des écologistes, du pouvoir du capital, de l’appropriation privée des biens communs, de l’utilisation de l’argent, de la répartition des richesses. Qui réponde à l’aspiration, de plus en plus massive, à la sécurisation de tous les âges de la vie, grâce à l’ambition d’un nouvel âge de la Sécurité Sociale. Qui lie indissolublement reconquête industrielle et nécessaire transition écologique. Qui se fasse l’écho du besoin montant de démocratie et de souveraineté pour les citoyens et les travailleurs, jusqu’à poser la question du rôle nouveau que doit assumer la France en faveur d’un nouvel ordre du monde. Enfin, troisième condition, une force pour Suite page 2
La consultation nationale
Une large consultation des secrétaires fédéraux, validée par le Conseil national, a conduit à tenir une conférence nationale consacrée aux enjeux de la séquence électorale de 2022, présidentielle et législatives. Celle-ci doit donner lieu à un vaste échange au sein du Parti, à tous les niveaux de son organisation, d’ici sa tenue les 10 et 11 avril 2021. Le Conseil national du 13 mars adoptera une proposition de résolution, soumise à tous·e·s les communistes. D’ici là et jusqu’à la tenue de la conférence nationale, les contributions, individuelles ou collectives, viendront nourrir la réflexion. Aussi, un appel à contributions est-il lancé afin d’améliorer ce texte par l’apport du plus grand nombre d’adhérent·e·s et d’organisations du PCF. Toutes les contributions doivent être déposées sur le site : https://conference2022.pcf.fr La commission transparence , élue par le Conseil national, a pour mission d’élargir le débat, de faire circuler les contributions, de prendre des initiatives pour solliciter et recueillir un maximum d’avis. Le texte final, proposé par la commission du texte qui aura pris en compte tous ces enrichissements, pourra ainsi être le reflet d’un exercice démocratique exceptionnel et de réflexion de grande qualité permettant à la souveraineté des communistes de s’exprimer pleinement.
porter cette visée jusque dans le cadre de l’élection présidentielle.
Nous sommes maintenant engagés dans la préparation de notre conférence nationale. S’il y a besoin d’une candidature communiste à ladite présidentielle, ce ne peut se résumer à une logique d’affirmation de notre identité. Elle ne peut être envisagée autrement que comme moyen incontournable de peser sur la reconstruction d’une gauche réellement porteuse d’une perspective de changement. Mais pour peser, il faut exister ! Nous avons, si nous le décidons, à construire un récit en direction du pays. Ce récit, ce ne doit pas être une candidature qui se résout à la débâcle qui menace la France et la gauche. C’est une candidature qui se défie du présidentialisme dominant par ailleurs, y compris dans le reste de la gauche, parce qu’elle veut co-construire un projet de changement avec les forces vives du monde du travail et de la création, avec la jeunesse, avec les acteurs du mouvement social. Ce ne peut être rien de moins qu’une candidature qui porte une offre politique de nature à faire bouger les lignes, à reconquérir les classes populaires, à faire reculer la droite et l’extrême-droite, à créer ainsi les conditions d’une nouvelle majorité politique pour le pays. C’est une candidature, qui, en cherchant à enclencher une telle dynamique à la présidentielle, veut permettre le rassemblement de la gauche à l’occasion des législatives, scrutin qui sera déterminant puisque c’est de lui que pourra sortir une majorité de députés agissant en faveur d’une nouvelle politique. Voilà le récit qu’il nous revient de dérouler si les communistes décident d’une candidature PCF. L’enjeu est de taille, l’ambition est élevée, aux communistes d’en débattre.■
En bref… en bref… en bref… France. Les quartiers populaires vont enfin recevoir un peu de l’aide dont ils ont besoin pour affronter les crises sanitaires et sociales. Jean Castex a annoncé qu’1,3 milliard d’euros du plan de relance leur sera consacré. Une victoire pour le collectif de 200 édites, emmené par le communiste Philippe Rio, maire de Grigny, qui avait interpellé bruyamment Emmanuel Macron. La Suède qui a arrêté une centrale nucléaire l’an dernier tout comme la France, a du mal à se réchauffer avec ses éoliennes. Elle doit allumer ses vieilles centrales au fioul, importer de l’électricité produite par les centrales à charbon allemandes et conseiller à ses citoyens de ne plus utiliser leurs aspirateurs tout en regardant les prix de l’électricité s’envoler. Et ce alors que la planète bat des records de température dus aux émissions de CO2 (fioul, gaz, charbon). Voilà ce qui arrive quand le nucléaire devient une variable d’ajustement pour des accords électoraux irresponsables. Ces questions-là mériteraient un vrai débat public.
A quoi sert le service public ?
La droite et l’extrême-droite étaient invitées par le service public, à une heure de très grande écoute, à disserter sur la laïcité, principe forgé par la gauche contre la réaction cléricale, par le prisme étroit de la loi dite « séparatisme » sans qu’aucune voix de gauche n’ait été conviée. Le service public se dévoie totalement en organisant ce type de débat entre un ancien sympathisant de l’Action française converti au macronisme et une héritière du pétainisme, chacun avec Maurras pour référence, adversaire farouche de la laïcité. Cette contribution du service public au brouillage idéologique généralisé dans l’unique but de faire passer M. Darmanin pour un modéré tout en faisant la courte échelle à l’extrême-droite est une honteuse forfaiture. Elle ne sert qu’à créer les conditions d’un match retour, annoncé sur tous les tons, toutes les antennes, toutes les pages, entre le pouvoir et l’extrême-droite. Est-ce la mission du service public de l’audiovisuel ? De Jaurès, de Briand et des pères fondateurs de la laïcité, il n’en a pas été question. Mais de l’islam et des musulmans, les oreilles des auditeurs en ont été saturées. Que la laïcité, cette si précieuse conquête de la république sociale, soit devenue l’outil de ces basses manœuvres devrait révolter tout démocrate, tout républicain sincère. ■
L’action des salariés EDF et GRDF « contre l’enfumage du projet Hercule »
Les syndicats se sont remobilisés le mercredi 17 Février contre le projet de scission d’EDF au moment où se tenait à l’Assemblée Nationale l’audition du patron de l’électricien. Il s’agit de la 5ème journée de grève à l’appel de l’interfédérale CGT, CFE-CGC, CFDT, FO depuis le 26 Novembre, la deuxième en 2021. La journée a commencé avec une banderole « Hercule-Clamadieu (le patron d’Engie), stop à l’enfumage » tendue devant le siège d’EDF, avenue de Wagram à Paris, puis celui de GRDF, rue Condorcet, tandis que près de 200 électriciens et gaziers ont lancé des fumigènes rouges et des pétards. « On est en train de voler un service public au peuple et à la nation et on essaie de faire croire que c’est la solution d’avenir alors que depuis 2004 et la privatisation, les prix du gaz ont augmenté de 80% pour les usagers et plus de 40% pour l’électricité », martèle Cédric Liechti, responsable de la CGT Energie Paris. ■
Ma chronique du centenaire
Vers un communisme de nouvelle génération Dans les troubles de la guerre d'Algérie, Charles de Gaulle (1890-1970) revient au pouvoir en instaurant la Ve République le 05/10/1958 après le référendum du 28/09/1958. Le 28/10/1962 il obtenait par référendum l'élection du président de la République au suffrage universel direct, ouvrant la présidentialisation du pouvoir. La droite et le patronat reprenaient la main. Le «capitalisme monopoliste d'État» (en gros nationalisation des pertes pour la privatisation des profits) par les moyens de l'État plaçait la France 5ème puissance mondiale. En 1964, sur 221.898 habitants des communes rurales landaises, 117.957 ne bénéficient pas de l'adduction d'eau. Le fossé se creuse entre les métayers et la moyenne des Français et les propriétaires refusent d'investir pour améliorer ces conditions de vie. En 1960, le nombre de gemmeurs dans le département se situe autour de 10.000. Dix ans plus tard, ce chiffre ne dépasse pas 1.000. Avec le recul de l'activité résinière et l'exode des hommes et des femmes, le gemmage connait une crise fatale. Les ordonnances de 1967 contre la Sécurité Sociale, déclenchent les luttes. L'aspiration à plus de libertés et de droits, notamment pour les jeunes et les femmes, prennent de l'ampleur. La révolte précédée par de puissantes grèves depuis l'accord d'unité d'action CGT et CFDT en 1966, connaîtra un point culminant avec l'entrée des étudiants dans la lutte, en mai 1968. L'ensemble de la société entre dans une phase d'évolution accélérée, dont les événements de mai 1968, ne sont qu'une étape. Dans les Landes, c'est un profond bouleversement de l'équilibre économique et social, qui passe par la crise et la disparition des activités traditionnelles puis par le développement de nouveaux secteurs. Les évolutions se font dans la douleur et la lutte des salariés pour le maintien d'activités industrielles, notamment à Tarnos où les Forges de l'Adour (2.000 salariés) ferment en 1965. Les paysans condamnés par les nouveaux types d'exploitations doivent s'expatrier et changer de métier. Cette société en mouvement redéfinit le paysage politique landais. Le mouvement socialiste très divisé peine à dégager une nouvelle ligne politique. La France et les Landes sont emportées par le raz-de-marée électoral gaulliste lors des élections législatives anticipées de juin 1968. La majorité gaulliste gagne 2 députés sur 3, le PCF recule à 11%. Une réorganisation des forces de gauche devient nécessaire. Le PCF est à la manœuvre pour l'union des forces de Gauche qui sera réalisée entre le Parti communiste français (PCF), le Parti socialiste (PS), le Parti radical de gauche (PRG) autour du «Programme commun de gouvernement de la Gauche» adopté le 12 juillet 1972 à Paris. La fermeture définitive des Forges à Tarnos et la dispersion de la population ouvrière dans différentes entreprises vers d'autres régions, affaiblissent la capacité de mobilisation communiste. Chez les paysans, le PCF gagne en influence grâce à ses militants au MODEF qui défend la
propriété familiale contre les exploitations industrielles. Dans la dynamique d'union de la gauche, de très nombreuses villes et villages sont conquis en 1977 et les élus communistes sont des appuis pour les travailleurs. En 1978, 3 députés socialistes sont élus, dont Henri Emmanuelli (1945-2017). Les Landes s'ancrent à Gauche. De Gaulle battu au référendum du 27/04/1969 sur la création des régions et la rénovation du Sénat, démissionne le 28/04/69. Georges Pompidou (19111974) est élu Président de la République le 20/06/1969. Il décèdera en cours de mandat le 02/04/1974 et Valéry Giscard d'Estaing (1926-2020) sera élu le 19/05/1974 face à François Mitterrand (1916-1996) qui fut déjà candidat contre de Gaulle en 1965. Il faudra attendre le 10 mai 1981 pour qu'il gagne l'élection présidentielle. Des ministres communistes reviennent au gouvernement de 1981 à 1984 où ils le quittent à cause du virage libéral engagé avec Fabius (Laurent né le 20/08/1946 à Paris). Les «110 propositions» de Mitterrand n'étaient plus le programme commun, mais comportaient des mesures rompant avec les politiques de droite. Le 2ème mandat de Mitterrand (1988-1995) fut une période de «cohabitation» avec Chirac, 1er ministre RPR. L'URSS dissoute en 1991, lesUSA dominent le monde avec les guerres du pétrole, comme en Irak... Jacques Chirac(1932-2019) élu en mai 1995, dissout l'Assemblée Nationale en 1997 sous l'effet des grèves de novembre/décembre 1995 contre le plan du 1er ministre Alain Juppé (né le 15/08/1945 à Mont-deMarsan) sur la Sécurité Sociale. Les députés de Gauche deviennent majoritaires et Lionel Jospin (né le 12/07/1937 à Meudon) devient 1er ministre avec 4 ministres communistes au gouvernement. Charles Fiterman (né le 28/12/1933 à St Etienne) aux Transports, annule la privatisation de la RN10 mise aux normes autoroutières (le hold-up aura lieu en 2014) et Marie-Georges Buffet, Jeunesse & Sports, engage la lutte contre le dopage et agit en faveur des clubs sportifs amateurs. Jospin et le PS déçoient les travailleurs, ce que la Gauche paiera très cher le 21/04/2002 avec Chirac et Le Pen (Jean-Marie né le 20/06/1928 à La-Trinité-sur-Mer) au 2ème tour de l'élection présidentielle. Face au danger de l'extrêmedroite, le PCF vote Chirac. Lourde défaite pour la Gauche dans une société abîmée par le FN et la violence lepeniste. A l'élection présidentielle de 2007, le PCF fait 1,93% des voix. Nicolas Sarkozy (né le 28/01/1955 à Paris) est élu et malgré les grèves de 2010, il casse la retraite à 60 ans obtenue par la Gauche en 1982. Le PCF cherche une issue dans les «comités antilibéraux» pour construire un programme novateur et écologique. Ce sera «l'humain d'abord» avec un «Front de Gauche» lancé avec Jean-Luc Mélenchon (né le 19/08/1951 à Tanger) que les communistes soutiennent à la présidentielle de 2012. Avec 11,10%, c'est Suite page 4
encourageant et François Hollande est élu président «normal» qui devait s'attaquer au pouvoir de la finance. Il n'en fit rien et avec ses 1er ministres Eyraud, Valls et Macron aux finances, il enclencha la machine à perdre pour la Gauche. En un temps record, Macron créa LREM pour se propulser à la présidentielle de 2017 avec le soutien des ultra-riches. Mélenchon, qui a fait un score de 19,23% avec le soutien des communistes, trace sa route pour promouvoir «la France insoumise» qui correspond au «dégagisme» de l'électorat populaire déboussolé, dans une République malade du capitalisme et de la démocratie bafouée, dont Macron, élu face à Marine Le Pen (née le 05/08/1968 à Neuilly) au 2eme tour, est un pur produit. L'extrême-droite pousse ses pions dans la crise, avec l'immigration et l'islamisme pour boucs émissaires. L'Union Européenne à 27 états, au lieu des 6 du «Marché commun», affirme sa politique ultra-libérale fondée sur la domination du «marché» capitaliste, surtout après le Traité de Maastricht en 1992 contre lequel le PCF militait. Le 29 mai 2005, le PCF menait avec succès la campagne pour le NON au Traité constitutionnel européen (TCE) qui inscrivait le marché «dans le marbre» constitutionnel. En 2007, avec Sarkozy, ce NON est trahi par le Traité de Lisbonne voté en congrès (Assemblée Nationale et Sénat). Au 22ème congrès à Saint-Ouen du 4 au 8 février 1976, sous l'impulsion de Georges Marchais (19201997), le PCF modifie sa stratégie, abandonnant «la dictature du prolétariat» dans l'accession au pouvoir. De 1994 à 2001, Robert Hue (né le 19/10/1946 à Cormeilles-en-Parisis) succède à Georges Marchais sur un projet de refondation qui sera une impasse politique. En 2001 Marie-George Buffet (née Kosellek le 07/05/1949 à Sceaux), est élue à la tête du PCF jusqu'en 2010. Pierre Laurent (né le 01/01/1957 à Paris, journaliste) lui succède jusqu'au 38ème congrès du 23 au 25/11/2018 à Ivry, où Fabien Roussel (né le 16/04/1969 à Béthune, journaliste), député du Nord, est élu secrétaire national. Dans les Landes, Michel Larrat (né le 20/10/1942 à Meilhan), agriculteur, gemmeur, succède en 1977 à Jean Lespiau (1922-1997) à la tête du PCF jusqu'en 1998. Investi de nombreux mandats nationaux et locaux, il sera élu conseiller régional d'Aquitaine de 1998 à 2004. Alain Baché, né le 24/01/1961 à Mt de Marsan, carreleur puis ouvrier chez Temboury, militant CGT licencié en 1987, est élu en novembre 1998 secrétaire général du PCF landais. Adjoint au maire de St Pierre du Mont de 1995 à 2008, conseiller régional d'Aquitaine de 2010 à 2015, il est conseiller municipal d'opposition à Mont de Marsan. Depuis un siècle, le PCF continue la lutte pour un monde débarrassé du capitalisme, pour l'humain d'abord, pour la paix dans le monde. Dans les défis d'une société en profondes mutations, face aux crises politique, économique, écologique, sanitaire, un communisme de nouvelle génération est à concrétiser au quotidien, le libre épanouissement de chacun-e étant la condition du libre épanouissement de tous. Georges Darricau
ASSURANCE DANS L'CUL OU RETRATE SECU
Dans l’Antiquité, certains philosophes ambitionnaient le rôle de conseiller du prince. Quatre économistes parmi les plus reconnus, qui avaient participé à la rédaction du programme du candidat Macron, ont publié une tribune (Le Monde 11/12/2020) dans laquelle ils se plaignent que la mise en place d’un régime unique par points pour les retraites, ne se fasse pas dans sa pleine pureté. Ils pointent la contradiction dans laquelle se noie le gouvernement: «Si la réforme est injuste ou anxiogène, les délais (pour l’appliquer) ne résoudront rien. Si comme nous le pensons, elle est socialement juste et économiquement efficace, pourquoi la retarder?» C’est le bon sens même. Pour ces économistes, «le principe qui la fonde –à cotisations égales, retraite égale– traduit l’équité des règles d’acquisition des droits contributifs». Ce qu'ils veulent c'est une assurance individuelle, où chacun cotise pour sa propre pension. Il s’agit au final, de rapprocher le plus possible celle-ci de la somme (actualisée) de ses cotisations. Ainsi, dans un régime par points, le calcul de la pension, au-delà des manipulations sur la valeur du point, est basé sur l’ensemble de la carrière et non plus sur les meilleures années, comme actuellement dans le cas du régime général de la Sécurité sociale, ou sur le salaire des six derniers mois (sans les primes) dans la Fonction publique. Cette conception trouve son plein aboutissement dans un régime dit à comptes notionnels, qui intègre en plus l’espérance de vie moyenne de manière à ce que la somme des pensions reçues par une personne pendant sa retraite corresponde le plus possible à la somme des cotisations versées au cours de sa vie active. Dans cette logique, quelle que soit la carrière d’un salarié, (interruptions dues aux périodes de chômage ou de prise en charge des enfants, conditions de travail, etc.) les règles sont les mêmes pour toutes et tous. Cette définition qui consiste à traiter de la même façon des individus placés dans des situations professionnelles inégales, a pour effet d’amplifier les inégalités de retraites. Ils reconnaissent la nécessité de prendre en compte la pénibilité, mais refusent les régimes spéciaux dont l’origine a justement été cette prise en compte. Ils disent refuser «des considérations budgétaires qui détournent de l’essentiel», telles que des réformes paramétriques qui allongeraient la durée de cotisation et/ou prendraient des mesures d’âge car, expliquent-ils, en tout état de cause «cela n’empêchera pas l’âge effectif de départ à la retraite d’augmenter». La proportion de retraités dans la population augmentera dans le futur et les dépenses en matière de retraites, étant stabilisées autour de 14% du PIB, la pauvreté des retraités est ainsi programmée. C’est ce qu’ils appellent «l’efficacité économique», au prorata des facilités accordées pour que les hauts salaires souscrivent à des plans de retraite par capitalisation. Ces macronistes se prononcent pour un accord social aussi large que possible sur la part des pensions dans le PIB. Mais la question du partage de la valeur ajoutée, de la richesse créée par la production, entre la masse salariale et les profits, n’est pas abordée. Si la part des profits ne peut bouger, «ruissellement» oblige, la part salariale ne peut au mieux que stagner avec le financement de la Sécurité sociale, puisque la hausse des cotisations est par avance exclue. C’est là tout l’enjeu caché du débat. Le ministre de l'Économie a prévenu qu'il sera nécessaire de réformer le système des retraites une fois la crise sanitaire derrière nous et la reprise de l'économie amorcée. Il en va selon lui de la pérennité du système de protection sociale. Per aquets, lo meilhe qu'es lo pire! (pour ceux là, le meilleur c'est le pire). Roger La Mougne