LE MAG' FR@NCOPHONE NumÉro 15 - automne 2020
Art & Culture I poRTRaitS I Langue
initiatives & transformations covid-19
ISSN 2680-9532
MARCH 2020
VOLUME 11
LE MAG' FR@NCOPHONE
Crédit photos couverture et édito : Cooper Stepanian
ÉDITO Sylvie Joseph-Julien Co-fondatrice et Directrice Made in France Le ou la Covid-19 ? Confusion ! Tout un chacun avait adopté le masculin. Pourtant, l'Académie française a tranché pour le féminin ! En effet, une malheureuse confusion s'était créée entre la maladie et le virus. C'est bien le virus coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARSCoV-2) qui provoque la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Quoi qu'il en soit, ce virus nous a apporté toutes sortes de défis, qu'ils soient physiques ou émotionnels. Dans une grande partie du monde, il nous fait encore nous sentir désespérés ou angoissés. Pourtant, et c'est le propre de l'homme, au moment où on touche le fond, on trouve la force de s'y appuyer et de prendre appui pour remonter à la surface. Ce rebond a été à la source de quantité d'initiatives et de transformations remarquables et remarquées. Ce sont donc ces éclats de génie et ces petites perles nés durant cette période troublée que nous avons choisis comme fil rouge du quinzième numéro du Mag' fr@ncophone. Nous vous souhaitons une bonne lecture et beaucoup de plaisir dans leur découverte !
SOMMAIRE ART & CULTURE
07 PORTRAITS
28 LANGUE
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LE MAG' FR@NCOPHONE Directrice de la publication Sylvie Joseph-Julien Directrice de la rédaction Pénélope Smith Webmestre Romain Joseph Rédacteur.rice.s Aline Bloch, Marion Bouscarle, Virginie Cabot, Madeleine Cosson-Flanagan, Emmanuelle Franks, Annie Joly, Élisabeth Le Meur-Dahmoune, Anne Paper, Caroline Perrier, Oswaldo Villar MADE IN FRANCE USA www.madeinfrance-usa.org contact@madeinfrance-usa.org Co-fondatrice & Directrice Sylvie Joseph-Julien Comité Directeur Présidente Pénélope Smith Vice-Présidente Julie Luc Di Salvo Trésorier Frédéric Joseph Le Mag’ fr@ncophone est une publication trimestrielle de l’association à but non lucratif Made in France USA 2621 169th Avenue NE Bellevue, WA 98008 - États-Unis www.magfrancophone.com contact@magfrancophone.com ISSN : 2680-9532 Imprimeur : Peecho, Amsterdam – Pays-Bas
RÉDACTEUR.RICE.S WWW.MAGFRANCOPHONE.COM/CONTRIBUTEURS
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Covid-19 et Francophonie
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MADELEINE COSSON-FLANAGAN
MOBILISATION DE LA FRANCOPHONIE Lorsque la pandémie de la Covid-19 a frappé la planète, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a voulu répondre de façon positive aux enjeux qui atteignaient et bouleversaient l’ensemble de ses membres : comment aider et répondre aux problèmes colossaux et divergents qui secouaient l’ensemble de ses communautés ? C’est ainsi qu’est née la plateforme « Solidarité Covid-19 Francophonie »*, lancée par l’OIF et coordonnée par la Direction de la Francophonie économique et numérique (DFEN). La plate-forme est un lieu d’échanges, où questions et réponses s’entrechoquent dans une « conversation globale » pour donner naissance à des projets concrets spécifiques ou transversaux regroupés autour de 3 grands thèmes : sanitaires, sociaux et économiques. La réponse n’a pas tardé. La diversité des 88
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pays membres et la richesse de leurs communautés ont permis de mettre en relation une multitude d’acteurs aux origines et compétences diverses du monde professionnel à la société civile pour proposer une grande diversité de projets. La mise en chantier, jusqu’à l’aboutissement rapide de certains d’entre eux, exprime bien le dynamisme, la créativité et la capacité réactive de cette grande famille francophone. Chacun d’entre nous, membre de cette communauté francophone, est concerné : simple citoyen, porteur de projets ou entrepreneur. Le contexte actuel mondial et local accélère la diversité des projets et permet à chacun d’y répondre ou de créer de nouvelles propositions. La propagation du virus continue et les problématiques avec. Toute contribution, solution ou idée nouvelle est la bienvenue.
PROJETS FRANCOPHONES POUR RÉPONDRE À LA PANDÉMIE DU COVID 19 En quelques mois, le projet a grandi vite et fort**. Aujourd’hui, l’OIF évalue la situation comme suit : 1- 184 projets d’une très grande diversité 2- 1 652 actrices et acteurs de terrain, entrepreneurs et innovateurs qui ont rejoint la communauté Solidarité Covid-19 3- 75 pays, au niveau étatique ou gouvernemental
ART & CULTURE
Sur le site de la francophonie qui se mobilise **, il est facile d’en savoir plus, de découvrir ou de contribuer aux différents projets aboutis ou en cours de l’être. Ils sont regroupés en trois domaines : 1- Des solutions à portée nationale et internationale 2- Des solutions au service des hôpitaux, écoles et entreprises 3- Des solutions au service des personnes et des communautés
Ces solutions sont elles-mêmes détaillées par secteurs : technologies médicales et applications sanitaires ; éducation, formation et sensibilisation ; culture ; économie sociale et solidaire ; médias ; technologies financières ; e-commerce ; agro-alimentaire ; et autres. Il est ainsi facile d’avoir des informations variées, de connaitre l’état de l’aboutissement des projets et de pouvoir en contacter les porteurs. Les objectifs de ces initiatives montrent diversité, intérêt local et international. Ces initiatives proviennent toutes de pays francophones tels que le Cameroun, la Guinée, la France, Madagascar, le Sénégal, la Belgique, le Maroc, la Tunisie, le Liban ou le Rwanda.
* https://www.francophonie.org/solidarite-COVID19 ** https://solidaritecovid19.francophonie.org/a-propos
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L’innovation et les technologies contemporaines sont utilisées pour proposer des solutions simples et innovantes pour essayer de répondre aux nombreux problèmes de la pandémie : un portique sanitaire pour désinfecter de façon efficace les personnes dans les lieux publics et de grande fréquentation ; une imprimante 3D pour fabriquer des visières de protection ; la collecte très fine d’informations pour gérer la situation de la propagation du virus dans les camps de réfugiés ou les populations déplacées ; le clip musical ou les fresques de rue pour répandre et diffuser les gestes barrières et les bonnes mesures d’hygiène et de prévention ; l’application mobile pour améliorer la communication concernant les risques sanitaires, sensibiliser, éduquer, conseiller, alerter, freiner la propagation du virus ; ou encore le conte numérique éducatif pour sensibiliser les enfants de 3 à 10 ans.
POUR ALLER PLUS LOIN Si vous voulez en savoir plus sur Solidarité Covid-19, vous pouvez faire un tour sur leur page Facebook « Entreprendre en Francophonie » (www.facebook.com/EntreprendreEnFrancophonie). Vous pouvez aussi agir et devenir acteur en rejoignant la communauté Solidarité Covid-19 Francophonie.
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nitramfox tps://linktr.ee/ze Site internet : ht x fo m ra nit ze : @ nitram - Twitter amaison par Ze #dessinetacoron
CONFINEMENT FLORISSANT
QUAND LE MONDE SE RÉVEILLE EN MODE CONFINÉ Marion Bouscarle et Elisabeth Le Meur-Dahmoune
Décembre 2019, une situation alarmante : l'apparition d’un nouveau virus en Chine. Mars 2020, une situation inédite : le monde entier forcé de rester enfermé à la maison. Enfermé, mais plus connecté que jamais. Se retrouver coincé chez soi pour respecter un confinement imposé par nos gouvernements pendant plusieurs mois quand nous vivons à l’heure des réseaux sociaux est une situation nouvelle, unique et qui, étrangement, a permis l’émergence d’initiatives étonnantes et enthousiasmantes. Des groupes Facebook créés pour l’occasion aux concerts privés gratuits partagés en ligne, cette période aussi étrange et pénible qu’elle ait pu être restera également dans les mémoires comme une période pleine d’espoir et d’initiatives communautaires.
Quand on voyage de chez soi à travers les fenêtres des autres De très nombreux groupes Facebook ont vu le jour durant cette période et, l’un de ceux qui a connu le plus de succès, est celui créé par Barbara Duriau, « View from my window ». Cette graphiste belge se retrouve enfermée dans son 27 mètres carrés à Amsterdam. Cherchant à inventer un concept créatif original elle lance ce groupe le dimanche 22 mars. Le concept est simple : poster sur le groupe une seule photo prise d’une de ses fenêtres avec l’indication du lieu et de la date. Seulement un mois après sa création, le groupe dépasse toutes les attentes : le nombre total de membres atteint les 2 millions et le total de photos est de plus de 120 000. Étant donné l’énorme travail de modération que cela nécessite, le groupe a dû rapidement être fermé aux nouveaux membres et nouvelles publications, mais les photos envoyées avant la fermeture continuent encore aujourd’hui d'être visibles. En outre, il y a une vie après Facebook. Un projet de crowdfunding a été lancé dès la fermeture du groupe qui a permis de récolter 139 580 euros offerts par plus de 3 000 contributeurs. Cette initiative donnera bientôt lieu à un livre, à un site web (peut-être future plateforme d’hébergement pour voyageurs) et à une exposition nomade afin que ces photos uniques nous fassent encore voyager. https://www.kickstarter.com/projects/barbaraduriau/view-frommy-window-life-after-facebook?lang=fr
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nt isse d u pplaignant a s se ay so ais es p onnel l ranç ds de F d s r s n le ebo es, cier Qua eur per écis lcons, r remer le r p l nt ba res insi
ta ecta les heu 20 s sur laudir e n resp à s u ars, app et e , le z-vo iries e ce mi-m rende s pour stance a a l m e . i ire d Dès donné terrass e, à d ignant , les à fa o s t la son tres ou ommag onnel s fecture lation l. u a me s h fenê ndre , le per les pré la pop nation ys com e t e et r inemen ides, couragé mmag tres pa o u f m n i h ’a n t e d o n c rd ont idien u dans o s b n t du . D’a ciatio quo pan asso ez-vous s’est ré u l’Italie o rend lan qui pagne s é Un ique, l’E Belg
ART & CULTURE
Quand on fait l’école à la maison Se retrouver enfermés chez soi en confinement, cela veut dire, pour les enfants, avoir l’école à la maison, autrement dit une école proposée tant bien que mal à distance avec des professeurs qui font cours de chez eux à des élèves plus ou bien moins connectés, plus ou moins bien entourés et aidés par des adultes. Une situation on ne peut plus inégalitaire en termes d’accès à l’éducation mais qui a cependant vu naître un grand nombre d'initiatives afin d’aider les professeurs et les familles pendant cette période imposée d’enseignement à distance.
annonce réalisée par Made in France www.madeinfrance-usa.org
Ainsi la majorité des éditeurs scolaires ont tout de suite proposé un accès gratuit à l’ensemble de leurs ressources numériques. Des municipalités ont développé des programmes existants ou en ont offert de nouveaux afin d’équiper les familles en difficulté en matériel informatique et connexion internet. Par exemple, à Seattle, le programme « City of Seattle Digital Equity » qui existe depuis 2015 a largement supporté les élèves des écoles publiques du district. En France, l’Éducation nationale a offert très tôt, via le CNED, un programme de deux mois d’enseignement à distance de la maternelle à la terminale dans toutes les matières scolaires. Les premières à bénéficier de ce programme ont été les écoles françaises en Chine. Des ressources certes limitées et non connectées au programme en cours de nos enseignants mais qui ont permis « de s’en sortir » un tout petit peu plus facilement les premières semaines. Dans cette même dynamique, les auteurs jeunesse nous ont invités chez eux et ont proposé, via les réseaux sociaux, des lectures à voix haute régulières et ont partagé leur quotidien avec leurs lecteurs. Ces auteurs qui nous paraissaient si lointains dans la « vie normale » sont devenus presque des compagnons de confinement. Des éditeurs jeunesse ont proposé des contenus spéciaux sur leur site à destination des enfants et des familles. Ainsi L’École des loisirs a ouvert « l'école des loisirs à la maison », chaque jour à partir de 9 heures. La maison d’édition nous a offert de passer une journée avec l’un de ses auteurs ou de ses personnages phares, ainsi que des jeux interactifs ou à imprimer, des coloriages et des vidéos spéciales pour le plaisir des enfants et de leurs parents. Des petites initiatives qui ont permis d’offrir aux enfants et aux familles une autre façon d’apprendre et de se cultiver.
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Quand on construit le monde d’après en le dessinant et en s’engageant Et si le monde d’après ne ressemblait pas au monde d’avant, tel est le défi que propose de relever le mouvement écologiste Alternatiba avec le projet « Et si… ». Cette crise mondiale sans précédent met un coup de projecteur supplémentaire sur les dérives du système actuel autant que sur la fragilité de nos sociétés. Autant profiter de cette situation d’exception pour proposer que les cartes soient rebattues. Le monde entier se trouve à un carrefour, alors pourquoi ne pas faire repartir la machine en prenant de vraies mesures pour métamorphoser nos territoires et changer le système afin de construire un nouveau monde basé sur la soutenabilité écologique et la justice sociale ? C’est ainsi que 60 artistes et intellectuels se sont unis pour concevoir de nouvelles façons de se nourrir, de voyager, d’habiter, d’apprendre, d’échanger… 28 thématiques à reconsidérer grâce à une nouvelle perspective proposée par la collaboration d’un artiste et d’un auteur. Le recueil tiré de cette initiative disponible en PDF sur demande est une invitation à un futur loin d’être impossible. Ainsi, avec Alice, une des musiciennes du groupe «Les ogres de barback », on se met à rêver à un monde d’après où la culture ne serait plus une marchandise mais « un vecteur de lien social, de rapprochement des êtres, une barrière à l’isolement et au renfermement sur soi ». Elle nous dessine un monde d’après qui pourrait ressembler à une grande fête de village, où l’on rencontre son voisin, si différent soit-il, où l’on découvre son quartier sous une forme nouvelle. Un monde où les artistes ne seraient plus ces stars inaccessibles mais juste des voisins que l’on croiserait partout et qui nous aideraient à « oser jouer et oser rire, oser être heureux ou malheureux et oser réfléchir, oser lâcher prise ». N’importe quand, n’importe où. Un monde où la rue serait la scène et où l’espace public le serait vraiment. Chaque thématique abordée propose des actions concrètes à mettre en œuvre dans notre vie de tous les jours – un message simple mais tellement essentiel. N’attendons pas demain pour développer des alternatives qui existent déjà : c’est à chacun aujourd’hui qu’il revient de changer la fiction en réalité. Plus d'info : https://et-si.alternatiba.eu/
Quand les hashtags se multiplient Utilisé à l'origine pour le réseau social Twitter, le hashtag se constitue d’un ou plusieurs mots clés précédés du symbole dièse, #. Il fait désormais partie intégrante de presque toutes les plateformes de réseaux sociaux pour identifier un mot-clé ou un sujet. Depuis le début du confinement, les internautes utilisent régulièrement dans leurs Tweets ou messages plusieurs hashtags qui incitent à la prudence, au civisme et à la responsabilité individuelle et collective face à la Covid-19 : #sauvonsdesvies, #covid19, #gestesbarrieres, #restezprudents, #restezchezvous, #onapplaudit et #jamaissansmonmasque.
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q e Ce ou ép tes tout er le s es : d sons. ace de de tou es e é i p t n d l s a i d n u e Une e redo aux ad s des m u, en l’e peluch orches iers d t v p e r n i r n a i t a e s s f u s ê , a le s r s au des fen sociaux s d'our res et . Des q es pou i a m t s h e n s x i ê c n u d u n i n u r i l a a U e o reb es rése s cent e les f États- e de pe nt ains a e l r x par ines, d derriè et au en vitrin eur offr l a r e i , s r m p s é t u e o s m Eur nfan s fle sfor taille ons en nt tran r des e u s o mai rs se s bonhe . d e enti s gran ouceur d lu p e d e l ent m o m
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Quand les salons deviennent des cinémathèques
D’une conversation Twitter entre dessinateurs nait le défi de dessiner sa #coronamaison : partager via Twitter un cadavre exquis* de dessins à partir d’un gabarit unique pour que chacun illustre sa pièce de confinement idéale. Le résultat : un immeuble de 1 470 étages, d'une hauteur de 4,41 km que l’on peut admirer sur un site internet créé pour l’occasion : https://coronamaison.fun/
Le streaming vidéo est une des choses dont nous avons pu profiter pendant cette période. Pour le bonheur des plus cinéphiles, les cinémathèques de France se sont vite emparé de cette idée. La première à se lancer a été la cinémathèque municipale de Nice, en proposant l’accès gratuit pour ses abonnés à un programme de films plus ou moins récents du patrimoine cinématographique. D'autres cinémathèques en France ont suivi le mouvement ainsi que bon nombre de cinémathèques ou de salles d’art partout dans le monde. La bonne nouvelle est maintenant que ces services en ligne sont mis en place, ils resteront disponibles, nous permettant désormais de profiter d’un cinéma d’auteur depuis son canapé. Si l’envie vous prend de vous replonger dans la nouvelle vague avec les films de Jacques Rozier ou de revoir d’autres films rares qui ont marqué l’histoire du cinéma, la Cinémathèque française via la plateforme Henri vous en offre la possibilité, en accès gratuit illimité et ce y compris à partir de l’étranger : https://www.cinematheque.fr/henri/
* Jeu qui consiste à faire écrire une phrase ou composer un dessin par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne sache ce que la personne précédente a écrit ou dessiné.
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Quand on dessine sa coronamaison
Quand les musées se dévoilent
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annonce réalisée par Made in France www.madeinfrance-usa.org
Beaucoup de musées sont devenus virtuels. Le public a ainsi pu admirer les œuvres du musée du Louvre et du musée d’Orsay à Paris, du British Museum à Londres, du Van Gogh Museum à Amsterdam et du Guggenheim Museum et Getty Center aux États-Unis. Depuis le début du confinement, le Getty Center à Los Angeles a également proposé un défi : demander aux personnes de reproduire chez elles des chefs d’œuvre avec des objets du quotidien tel qu'un vêtement ou un jeu. L’essentiel est de stimuler l'imagination et la créativité. Certaines écoles ont d'ailleurs adapté ce défi et ont proposé à leurs élèves de créer des couvertures de livres originales à partir de livres existants. C'était le cas, par exemple, de la French Immersion School of Washington (FISW), où Elisabeth une des auteures de cet article a animé des ateliers autour de la création de telles couvertures.
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CHANSONS FRANÇAISES NÉES DU CONFINEMENT
J’app rend s le f ranç ais !
EMMANUELLE FRANKS Un
confinement
le
coronavirus
soudain a
été
pour
un
lutter
choc
contre
pour
des
conditions
contrôlées
étaient
minutieusement
par
la
police
et
seulement
la
France
concernaient
milliards de personnes sur la planète.
non
En France, le confinement a duré du 17 mars
mais aussi la France d’outre-mer.
au
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particulièrement
strict.
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certaines conditions. Ils ne pouvaient pas s’éloigner
à
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kilomètre
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domicile. Il était interdit de se promener à deux et de sortir avec tous les membres de
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famille.
Et
un
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autorisé à accompagner ses enfants.
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métropolitaine,
Certains artistes français ont été inspirés par
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désorientés
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été
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public et de le préparer pour son retour à
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l'école, qui a eu lieu le 22 juin, soit deux
paroles de la chanson phare de La Reine
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barrières,
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Covid-19
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frivolité
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chapitre
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dénonce
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donnée simultanément à toute la planète.
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silence des rues et le fait qu’il faut rester
médecins qui sont plus à la télévision que
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également
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chez soi. Au fur et à mesure des paroles,
style,
connu
devient
Prisonniers, confinés.
autre
avec a
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paroles.
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thèmes
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beaucoup m’énerve d'en
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réécrire
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françaises,
par
visioconférence
d’un
gel hydroalcoolique ,
puis l’abondance d’alcool dans les foyers,
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au profit de la Fondation des Hôpitaux de Paris-Hôpitaux
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Demain ? Cette belle initiative, organisée
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solidarité,
confinées,
nom Le collectif autour de la chanson Et
travailleurs essentiels, la rupture de stock masques
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annonce réalisée par Made in France www.madeinfrance-usa.org
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À l’heure qu’il est, la population française est
déconfinée.
doivent
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gestes barrières
Les
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les lieux clos. La chanson Et Demain ? est encore
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n'est à l’abris de ce
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virus
comme
le
dit
Renaud dans sa Corona Song.
Une
autre
version
de
cet
article
a
été
publié
en
juillet
2020 sur le site CaliFrenchlife.
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Explication des mots en gras
Une attestation : u n e d é c l a r a t i o n v e r b a l e e t é c r i t e Un rôle cathartique : q u i a l e b u t d e s o u l a g e r , d e l â c h e r u n e Les gestes barrières : d e s g e s t e s s i m p l e s q u i a i d e n t à
certaine pression limiter
la
transmission
du
coronavirus
Passer au crible : e x a m i n e r e n d é t a i l Des petits moyens : a v e c t r è s p e u d ’ a r g e n t Le gel hydroalcoolique : g e l a n t i b a c t é r i e n q u e l ’ o n m e t s u r Le port : l e f a i t d e p o r t e r Le jogging : u n e c o u r s e à p i e d , o u u n v ê t e m e n t d e s p o r t l'ensemble
pantalon/veste
(souvent
portés
pour
ne
pas
maison !)
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: mode de vie lié à la consommation
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les mains
qui
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désigne de
sport
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Confinement et athlètes Annie Joly
ART & CULTURE
L'épidémie du coronavirus a forcé la plupart des compétitions sportives à être suspendues, y compris les Jeux olympiques de Tokyo, qui ont été reportés d'un an. Cette période d’arrêt forcé a aussi empêché bon nombre de sportifs à s’entrainer correctement. La reprise des compétitions sportives, la plupart à huis clos, se fait tout doucement. Certains sportifs ont été très présents sur les réseaux sociaux pendant le confinement. C’était une façon pour eux de rester connectés au monde extérieur, de s’imposer une routine, de tisser des liens avec leurs fans et de les rassurer également sur leur forme et leur mental. Certains ont mis en ligne des photos ou des vidéos qui ont fait sourire.
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Ce fut le cas, par exemple, du tennisman suisse Stanislas Wawrinka : sur Twitter, l'ancien numéro 3 mondial s’est affiché en dîner romantique avec… un ours en peluche ! Plusieurs fois par semaine sur Instagram, Wawrinka a discuté en direct avec le Français Benoît Paire, également un joueur de tennis, au caractère bien trempé, professionnel depuis 2007. Stanislas et Benoît ont créé le « stanpero », des rencontres diffusées sur Insta Live où ils préparent ensemble et échangent sur l’actualité du tennis et d’autres sujets de façon drôle et complice (pour voir un de leurs échanges, https://www.youtube.com/watch? v=tch5ajhN73M). Ces moments ont été particulièrement appréciés par leurs fans. D’autres ont profité du temps libre pour pousser la chansonnette. Guillaume Hoarau, l’ancien attaquant du Paris Saint-Germain, qui évolue aujourd’hui à Berne en Suisse, a ainsi composé une chanson pour inciter les gens à rester chez eux.
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Et dans tout ça, il a quand même fallu songer à s’entretenir ! Ainsi Andri Ragettli, skieur suisse de freestyle, s'est fabriqué un parcours d'obstacles chez lui (pour voir la vidéo, www.facebook.com/watch/?v=200238547946318 ). Certains sportifs ont dû trouver des endroits, plus ou moins ingénieux, pour poursuivre leur entraînement : garage, salon ou, pour les plus chanceux, un bout de jardin. Ils ont aussi dû utiliser des « objets » inhabituels : Jono Ross, joueur de rugby des Sale Sharks en Angleterre, a posté une vidéo de ses squats avec un petit veau juché sur ses épaules. De même la karateka française, Alexandra Recchia a fait preuve d’invention avec une structure de lampadaire agrémentée de quelques cibles pour combler l'absence de sac de frappe. Une autre problématique : l’alimentation afin de ne pas prendre du poids. Les athlètes font beaucoup de sport. Ils ont une alimentation assez riche, liée à leur activité. Si leur activité est moins intense et qu’ils gardent le même régime alimentaire, cela devient un piège. Avec la dégradation de l’entraînement et le maintien de l’apport calorique, les sportifs risquaient à la fois une perte musculaire et une augmentation de la masse graisseuse. Les certitudes des sportifs ont été fortement perturbées par la pandémie et il leur a fallu faire preuve d’ingéniosité pendant cette longue période de confinement pour garder leur forme et conserver leur mental en utilisant l’humour pour certains. Il faut souhaiter à tous ces athlètes de retrouver leur niveau précédant cet arrêt forcé dans leur entrainement et dans les compétitions.
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RENAISSANCE MONDIALE DU VÉLO ANNE PAPER
Une activité amusante, libératrice et excellente pour la santé, permettant la distanciation physique… et qui a augmenté en flèche depuis le début de la pandémie de la Covid-19. Qu'est-ce que c’est ? C’est la pratique du vélo ! Des familles qui s'agitent chez elles, des habitants de grandes villes sans accès au métro ou au bus, et des accros du fitness frustrés face à des salles de sport fermées sont à l'origine de l'explosion des ventes de vélos sans précédent depuis des décennies. Les rayons vélos des grandes surfaces américaines, comme Walmart ou Target, ont été vidées, balayées et les boutiques indépendantes ont fait des affaires florissantes en vendant presque tous leurs vélos à des prix tout à fait abordables. Les Français aussi se sont rués vers les magasins de bicyclettes. Selon l'Union Sport & Cycle, une organisation professionnelle de la filière sport et loisir, les ventes ont bondi de 117 % entre le 12 mai et le 12 juin par rapport à la même période en 2019.
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Avec cette hausse des ventes, les rues normalement encombrées de voitures se trouvent pleines de vélos : Paris, par exemple, avec près de 1 000 kilomètres de pistes cyclables, en a construit 50 supplémentaires en réponse à la crise sanitaire. La ruée vers le vélo se voit dans d'autres grandes villes européennes comme Londres et Rome où ces nouvelles pistes cyclables, surnommées les « coronapistes », fleurrissent. Ce nouvel élan de la petite reine a non seulement décongestionné les rues, mais aussi les transports publics. À Montréal, plus de 157 kilomètres de corridors sanitaires pour les piétons et les cyclistes ont été créés en moins d'un mois. À la mi-avril, à Washington DC, trois grandes routes ont été ouvertes aux vélos et aux trottinettes, ainsi qu'à la marche et au jogging. Oakland, en Californie, a fermé 119 kilomètres de rues à la circulation routière avec son programme de « Slow Streets » et New York s'est engagé à en fermer 160 kilomètres, en commençant par 64 kilomètres en mai. Boston, Minneapolis, Philadelphie et San Francisco ont également fermé des rues et Seattle prévoit maintenant de fermer au moins 32 kilomètres de rues en permanence. En Europe, les incitations financières stimulent la pratique de la bicyclette. Les mesures de relance prises par le gouvernement italien ont inclus un rabais de 500 euros sur le « bonus bici » ce qui représente jusqu'à 60 % du prix d'un vélo. Le gouvernement francais a annoncé, par la voix de la ministre de la Transition écologique, une mesure d’incitation à la remise en état des vélos pour les Français. Applicable sur la période du 11 mai au 31 décembre 2020, une prise en charge à hauteur de 50 euros HT permettra de couvrir une partie significative des frais. D’après l’Union Sport & Cycle, « les circonstances inédites que nous traversons doivent être l’occasion de repenser les habitudes et les modes de transport des Français au quotidien ». Cette mesure française s’inscrit dans un plan de 20 millions d’euros annoncé par la ministre, financé par le programme de certificat d’économie d’énergie, Alvéole : L'ancien premier ministre français Édouard Philippe affirmait d'ailleurs : « Le vélo, c’est une solution à de vrais problèmes du quotidien [...] et une manière très concrète de participer à la transition écologique du pays .»
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Plus d'un siècle plus tard, ce célèbre magasin reste ouvert aujourd'hui et a été classé comme une entreprise essentielle pendant la crise Covid-19. Le téléphone de Sal Bellitte, co-propriétaire et petit-fils du fondateur, n'a cessé de sonner alors que les NewYorkais en quarantaine se sont à nouveau tournés vers la bicyclette pour voyager, faire de l'exercice et s'amuser. Le vélo et l’homme, c’est un partenariat durable. Le physicien allemand Albert Einstein a d'ailleurs judicieusement ecrit : « La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. » Bonne route !
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La pandémie entraîne également un boom du vélo à assistance électrique (VAE), qui constituait jusque là une niche dans le marché global. Les VAE et les vélos électriques nécessitent évidemment un cycliste pour pédaler, mais les moteurs électriques apportent un surcroît de dynamisme. VanMoof, un fabricant néerlandais de vélos électriques, connaît une énorme demande depuis le début de la pandémie. Les ventes de Cowboy, un fabricant belge de vélos électriques, ont triplé entre janvier et avril par rapport à l'année dernière. Elles ont aussi augmenté en Grande-Bretagne et en France à peu près au même moment où ces pays ont commencé à assouplir leurs règles de confinement. Après la pandémie, lorsque les voitures reviendront et qu'une « nouvelle normalité » émergera, l'enthousiasme pour le vélo durerat-il ? Pour répondre, on peut prendre exemple sur Bellitte Bicycles à New-York dans le Queens, le plus ancien magasin de vélos aux États-Unis. Salvatore « Sam » Bellitte, un immigrant sicilien, a ouvert ce magasin en 1918 pendant la grippe espagnole.
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EN FRANÇAIS S'IL VOUS PLAIT En avril 2020, au beau milieu de la pandémie, huit adolescents francophones de la baie de San Francisco s'organisent pour sortir de leur isolement et créent ensemble le groupe En français s'il vous plait.
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e ativ i t i n i la Une durant née démie ! pan
Enzo, Faustine, Victor, Louise, Soleiman, Eloise, Oscar et Sahrane sont âgés de 13 à 16 ans. Ils habitent à San Francisco ou dans ses environs. Le confinement y est de rigueur depuis plusieurs mois maintenant. Afin de lutter contre cette solitude quotidienne et pesante, ils décident de se retrouver régulièrement. Ceci leur permet de tuer le temps, de retrouver d’autres jeunes du même âge et de continuer à pratiquer le français, au grand bonheur de leurs parents.
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De fil en aiguille, ils créent un journal où ils racontent leur vie pendant le confinement. Ils décident de le mettre en ligne. Cinq adultes viennent alors soutenir leur initiative et les aident à s'organiser. Ces adolescents postent désormais, en plus de leurs articles, des interviews et des podcasts. Ils sont bientôt rejoints dans leur aventure par d'autres jeunes des quatre coins des États-Unis – Boston, Miami, New York City, Houston et Seattle, entre autres. Aujourd'hui, En français s'il vous plait a été rebaptisé French Bridge. Il s'agit d'une plateforme où tout adolescent francophone vivant en Amérique du Nord peut proposer des articles, vidéos ou interviews qu'il aurait créés seul ou en équipe.
French Bridge contact@frenchbridge.org Site internet : https://sites.google.com/french bridge.org/frenchbridge/
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VIRGINIE CABOT
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FONDATRICE LANGUE ET TERROIRS À chaque numéro, le Mag’ fr@ncophone vous fait découvrir des personnalités et des organisations francophones. Faites la connaissance de Virginie Cabot, guide accompagnatrice et professeure de FLE (Français Langue Étrangère). Elle nous fait découvrir sa ville-passion, Bordeaux.
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QUI EST VIRGINIE CABOT ?
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J’ai grandi à Bordeaux, une ville qui n’a cessé de s’embellir avec le temps. N’a-t-elle pas été élue la meilleure ville à visiter en 2017 selon Lonely Planet ? Un titre largement mérité pour une ville à découvrir, et pas seulement pour son vin. Bordeaux s'est complètement transformée. Cette mutation, je l’ai suivie de loin pendant ma vie de jeune adulte. En effet, armée d’un diplôme universitaire en français langue étrangère (FLE), je suis partie en 2003 pour enseigner à l'étranger dans des lycées et universités bilingues prestigieux, d'abord en Hongrie, ensuite en Turquie, puis en Chine.
En rentrant à Bordeaux en 2015, j’ai redécouvert la ville de ma jeunesse qui avait changé en bien. Aujourd'hui, je fais visiter ma ville et sa région aux personnes qui étudient le français et souhaitent le pratiquer de façon authentique. Avec Langue et terroirs, je me sens à la bonne place, celle d’une professeure professionnelle, accueillante, ouverte sur le monde, et généreuse de tout ce qu’elle a à partager avec ceux qu’elle rencontre. Je vous propose de découvrir Bordeaux et ses nombreuses facettes dans les pages du Mag’ fr@ncophone à travers mes chroniques, facettes qui deviendront de véritables reflets de la société française. De quoi commencer votre immersion avant même de venir me voir dans ma ville chérie ! Virginie Cabot et notre version du questionnaire de Proust : 1. Mon principal trait de caractère : Je suis spontanée. Cela fait de moi une bonne camarade, toujours volontaire pour une activité, qui s’intéresse aux autres et dialogue. Mon franc-parler peut surprendre, mais on comprend vite que je suis toujours bienveillante, car je suis très affable ! 2. Mes héroïnes favorites dans la fiction : Enfant, je me suis identifiée à Jo March. J’ai lu et relu ce roman [Les quatre filles du docteur March]. Quelle femme ! Quelle énergie elle donne !
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3. Mon héros préféré dans l’histoire : Je ne suis pas spécialiste, mais je crois que Winston Churchill a agi comme il fallait quand il fallait à plusieurs reprises. J’admire ses dons d’orateur et son humour. Je pense aussi à Gengis Khan, parce que ce nom évoque les pays lointains et la conquête, et que j’ai vu les traces de son passage dans les cultures de deux pays dans lesquels j’ai vécu, la Chine et la Turquie.
7. Mon principal défaut : Je suis exigeante ! Je tiens toujours à donner le meilleur de moimême.
5. Ce que je déteste par-dessus tout : L’indifférence. Qui que l’on soit – beau, moche, riche, pauvre – nous avons tous le droit à un regard souriant, à de la prévenance. C’est une question de savoir-vivre, de vivre-ensemble et de solidarité.
9. Le pays où je désirerais vivre : Les ÉtatsUnis ! L’apprentissage de l’anglais au collège a été une révélation : écouter et répéter les dialogues de notre manuel, et je m’y imaginais déjà. J’ai eu la chance de faire plusieurs séjours linguistiques en Angleterre quand j’étais adolescente, et cela a eu un réel impact sur mes choix de carrière et de vie. J’ai visité plus récemment San Fransisco et je suis allée dans le Nevada (Reno, le lac Tahoe et le lac Pyramid) : je rêve de retourner aux States et d’y rester des mois et des mois !
8. Mes peintres favoris : J’ai eu la chance d’aller visiter les grands musées parisiens à l’âge de 9 ans avec mon école primaire. Nous avons été sensibilisés à la peinture des XIXe et XXe siècles. En terminale, notre professeur de philosophie nous a fait découvrir l’art 4. Mon occupation préférée : J’aime marcher contemporain au CAPC de Bordeaux. Mes et observer ce qui m’entoure. C’est pour cela goûts changent et s’enrichissent à mesure que que j’aime voyager, et que j’ai décidé d’inclure je mûris et que j’en apprends plus sur l’art, en dans mon activité professionnelle des balades regardant des documentaires à la télé ou en en ville et dans la nature. Je vois toujours écoutant les commentaires des guidesconférenciers dans les musées. quelque chose de nouveau !
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6. Mes auteurs favoris en prose : J’ai toujours beaucoup lu toutes sortes d’œuvres de fiction : des classiques, des polars, des romans de gare… Je viens d’une famille qui m’a donné un accès privilégié à la culture, alors que pour eux, cette culture donnait « mal à la tête ». J’adore Proust et ses phrases dites « interminables », et je garde un souvenir très fort du Rivage des Syrtes de Julien Gracq.
PORTRAITS
LANGUE ET TERROIRS
Quelles tendances pour tourisme à Bordeaux ?
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À l’heure où j’écris, le secteur touristique en France est bien morne : pour lui dont les revenus sont en grande partie tributaires des visiteurs étrangers, 2020 est une année noire. Les touristes étrangers viendront peu, et les Français sont encouragés à passer leurs vacances en France. De quoi (re)découvrir son pays : ne vous êtes-vous jamais trouvé dans la situation de vous rendre compte que vous ne connaissiez pas bien votre région ? Moi si ! Et grâce à Langue et terroirs, mon concept de visites touristiques pour les personnes qui apprennent le français, j'en apprends de plus en plus sur Bordeaux et découvre vraiment la Gironde, un département aux paysages variés et au patrimoine historique très riche. Ma ville est une destination solide dont la réputation n’est plus à faire. Avec la question du changement climatique, l’ère post-Covid s’annonce plus durable dans ses intentions. L’industrie du tourisme va devoir se transformer, elle qui pollue tant et de bien des manières. À moins qu’il faille en appeler au bon sens commun ? Est-ce à nous, individuellement, de nous imposer des pratiques plus vertes ?
La fin du tourisme de masse ? Quand on pense à Bordeaux, on pense au vin, et à deux incontournables de la région : Arcachon avec la dune du Pilat, et Saint-Émilion. Est-il pensable de ne pas s’y rendre quand on vient de l’autre bout du monde ? Non, bien sûr ! Pourquoi se priver de telles merveilles ? Pour autant, la dune du Pilat souffre sous les pas des milliers de touristes français et étrangers qui la gravissent chaque année, mettant en danger son écosystème.
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Et la commune de Saint-Émilion est littéralement envahie par des flots de touristes l’été, si bien que ses habitants préfèrent la quitter tant elle devient invivable… Saison haute ou saison basse, tourisme de masse ou petits groupes : l’expression Less is more est à la mode dans le monde du tourisme en France. On parle aussi de slow tourism. Les Français cherchent à voyager, en France comme à l’étranger, de façon éco-responsable, solidaire et éthique. Saviez-vous que pour limiter votre empreinte carbone, il faut passer une journée de vacances sur place par nombre d'heures de vol effectuées ? Les professionnels du tourisme en ligne sont même invités à la « sobriété numérique. »
De nos jours, voyager n’est plus seulement ajouter de nouvelles destinations à sa liste idéale. Le choix se base désormais sur ce que le voyage nous permet d’accomplir pour nous aider à nous épanouir plus encore. On profite de ses vacances pour apprendre le surf sur la côte médocaine, pour découvrir l’œnologie avec un professionnel à Sauternes, pour se ressourcer en marchant dans la nature, pour « challenger » son niveau de français avec moi à Bordeaux (!!!), etc. C’est l’expérience immersive qui prime aujourd’hui dans la vision qu’ont les Français des voyages réussis, et c’est ce que j’ai senti dans l’air quand j’ai créé Langue et terroirs. Pour moi, mais aussi pour Martin Malvy, ancien ministre, président de l'association Sites & Cités remarquables de France et animateur du nouveau
Virginie Cabot Langue et terroirs, Bordeaux
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Un tourisme vert et culturel
réseau France Patrimoines & Territoires d'exception, il faut imbriquer le tourisme et la culture, car l’un découle de l’autre, et inversement. Or, en France, ces 2 ministères sont séparés : le tourisme est une composante du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et celui de la Culture est un petit ministère qui « compte pour du beurre ». Or ce sont bien là deux belles vitrines et puissantes locomotives de l’économie française. Avec Langue et terroirs, je suis « tendance » : je prône un tourisme lent, respectueux de l’environnement et des hommes. Mes visites se font à pied pour avoir le temps d’observer, de sentir le rythme de la ville de Bordeaux. Mes activités pédagogiques invitent les participants étrangers à s’exprimer en français sur leurs sentiments, leurs émotions, et à discuter sur ce qui nous différencie ou ce qui nous rapproche. Pour les excursions en dehors de la ville, je privilégie les transports en commun (bus et train). Prendre le temps d’aller d’un endroit à un autre, c’est se préparer à accueillir la nouveauté de la découverte à l’aller, et à en intérioriser ses bienfaits au retour. Nous marchons dans la nature et nous nous reconnectons avec le vivant. Nous avons le choix de nous sortir de nos environnements urbains, souvent pollués et oppressants, et je crois que nous devrions en faire un devoir envers nousmêmes, car ce sont des moments salutaires pour notre équilibre physique et mental ! Mes activités permettent d’échanger avec des locaux, commerçants, guides, viticulteurs, etc. : ils transmettent eux aussi leur amour pour leur travail et leur pays ! J’ai l’intime conviction que nous faisons partie d’un grand tout. Personnellement, je m’engage pour un tourisme vertueux, car c’est ce qui nous fait du bien à tous. J’ai l’espoir que les hommes continueront à voyager, toujours un peu plus éclairés sur ce qui les entoure et qu’ils sont venus chercher, peut-être de façon plus éco-raisonnée qu’avant !
PORTRAITS
RACHÈLE DEMÉO
Qui est Rachèle DeMéo ? Rachèle est née à Nîmes, dans le Languedoc-Roussillon, au sud de la France, où elle a vécu pendant dix-neuf ans. Élevée par un père américano-italien et par une mère anglaise, Rachèle grandit dans un environnement bilingue et multiculturel. Depuis son plus jeune âge, elle sait qu'elle veut enseigner. Passionnée par les langues et les autres cultures, elle sait que sa profession impliquera ces deux sources d’enrichissement personnel et d’ouverture sur le monde.
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Rachèle obtient son baccalauréat littéraire, en se focalisant sur les langues, le français, l'anglais et l'italien, ainsi que la philosophie et la littérature. Après un an d'études dans un institut privé, et tout en travaillant dans le sud de la France, elle choisit de s’installer au Maryland pour compléter une licence en éducation chrétienne. Pendant cette période, elle est aussi stagiaire à Washington DC pour Chris H. Smith, représentant du 4e district du New Jersey. Rachèle DeMéo enseigne dans différentes institutions, comme Berlitz Language Centers ou Sylvan Learning Centers. Elle intègre Northrop Grumman pour enseigner le français à ses ingénieurs, ainsi que pour des missions administratives et de traduction. Après l'obtention de son diplôme, elle déménage en Californie pour un poste de professeur en collège-lycée, et poursuit ses études supérieures avec une maîtrise d'art, ainsi qu'une maîtrise en éducation, spécialisée dans l'enseignement et l'apprentissage. Depuis plus de 15 ans, Rachèle enseigne de la maternelle au CE1, de la sixième à la terminale et au niveau universitaire. Elle s'est spécialisée dans l'enseignement du français, de l'italien et de l'anglais langue étrangère. Rachèle DeMéo a fondé Belle Terre Academy en 2019. Elle y propose des cours de langues et des formations. Aujourd'hui, elle conçoit également de nombreuses vidéos thématiques disponibles sur YouTube, est l’auteur de plusieurs livres et est régulièrement invitée en tant que conférencière.
PORTRAITS
Rachèle est présidente de l'association des professeurs de français de San Diego, the American Association of Teachers of French. Elle est aussi présidente de l'association FLAM San Diego qui propose des cours de français aux enfants francophones. En dehors de sa passion pour les langues et les cultures, Rachèle soutient diverses causes humanitaires : elle s'est notamment investie dans l'aide aux réfugiés haïtiens à Tijuana il y a quelques années ainsi que dans le soutien de plusieurs orphelinats. Rachèle est egalement membre de Orphans First, une organisation nongouvernementale qui aide les enfants en souffrance à travers le monde.
RACHÈLE DEMÉO, AMBASSADRICE DE LA LANGUE FRANÇAISE À SAN DIEGO L E
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Apprentissage Comment mettre en place les meilleures conditions possibles pour apprendre une langue ?
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Lors de son interview avec Sylvie Joseph-Julien, Rachèle DeMéo livre aux lecteurs du Mag' fr@ncophone quelques uns de ses secrets d'enseignante et lance ainsi une série d'épisodes consacrés à l'enseignement du français.
J'ai souvent remarqué que mes étudiants ne savaient pas comment apprendre et ceci est vrai qu'il s'agisse d'une langue ou de tout autre sujet. J'ai donc commencé à faire de nombreuses recherches sur le thème de l'apprentissage. Parallèlement, j'ai noté que beaucoup de mes élèves, quel que soit leur âge (de 16 à 80 ans), dont les parents étaient francophones, avaient oublié le français et qu'ils devaient pratiquement recommencer cet apprentissage. Ils en voulaient d'ailleurs terriblement à leurs parents. Certains se trouvaient ainsi dans ma classe à devoir recommencer l'étude du français, à devoir payer pour une formation, ce qui aurait pu leur être évité en passant simplement un test de niveau. En réalité, ils ont appris. Mais, ils n'ont pas réussi à maintenir la langue apprise et ils l'ont oubliée. La conclusion de mes recherches et études concernant l'apprentissage est qu'il faut d'abord apprendre à se connaître. On doit identifier sa meilleure façon de travailler ou celle de l'élève concerné. La meilleure méthode d'apprentissage à appliquer va être différente d'une personne à l'autre. On devra donc commencer par des questions simples, notamment concernant les habitudes de chacun : estce que cet étudiant est plutôt matinal ou bien mémorise-t-il mieux le soir ? Quel est son style d'apprentissage ? S'agit-il d'un apprenant visuel ou non ? La musique, les odeurs, les mouvements sont-ils des éléments facilitateurs ? Il existe de nombreux tests qui peuvent aider à précisement définir les méthodes à appliquer afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles quant à l'apprentissage d'une langue. Par ailleurs, cela peut paraître étrange. Pourtant, le langage de l'amour et l'angle affectif sont essentiels pour rendre son enseignement efficace. La réponse à la question «Comment une personne se sent aimée ?» est primordiale et fournira un levier supplémentaire à l'enseignant dans l'accompagnement de ses élèves.
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avoir une place dans la classe de leur choix. Évidemment, ces étudiants n'arrivaient jamais trés motivés à mon cours du lundi matin 8h. Quelques semaines après le début des classes, j'utilisais donc l'humour pour les interpeller et les mettre rapidement dans le bain. Ils entraient en salle de classe et je leur lançais aussitôt une balle : surprise ! Humour ! Ce petit contact, son côté amusant et déconcertant, autorisait une «rigolade» avant le début de la classe. Ces quelques secondes sollicitaient chacun d'entre eux pour une meilleure concentration durant toute la classe. - L'humour est totalement contenu dans toute culture. Alors pourquoi ne pas utiliser les deux pour un enseignement encore plus attractif ? Je me souviens avoir noté sur le tableau avant même l'arrivée des élèves dans la classe : « Les Français schlinguent ! » C'est vrai, les Français ont la réputation de sentir mauvais, et l'argot est un aspect intéressant dans l'enseignement de toute langue et culture. À partir de cette affirmation et de tous les sous-entendus qu'elle impliquait nous avons dérivé vers l'histoire et comment cette réputation s'était construite depuis l'époque de Louis XIV.
Enfin, l'humour a toujours été, et sera toujours, une arme décisive dans ma méthode d'enseignement. En voici quelques exemples d'utilisation : - À l'université, j'ai constaté que certains étudiants n'avaient pas choisi le français et qu'ils se retrouvaient dans ma classe uniquement par défaut car ils n'avaient pas réussi à
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Un autre élément important qui peut faciliter un bon enseignement est d'instaurer des habitudes et un environnement propices à l'apprentissage. Par exemple, le choix des couleurs dans une salle de classe ou même dans un bureau sont essentiels. Le jaune sera à mettre en valeur comme couleur de l'apprentissage. On ne pourra pas repeindre toute sa classe en jaune, mais on peut en utiliser des touches, comme des coussins par exemple, ou même imprimer certains supports de classe en jaune – d'où le choix de la couleur de cette page du magazine. La couleur verte, déstressante, pourra être utilisée au moment des révisions. Le rouge est la couleur de la passion : elle peut être utilisée par petites touches pour accrocher l'attention. Mais soyez vigilents car il sembleraît en fait que le rouge puisse aussi donner faim. Donc attention si on a beaucoup de rouge autour de soi... Les odeurs et la musique peuvent également aider. Un air instrumental permet de se détendre. Une musique entrainante, joyeuse, qui bouge, sera motivante. De même l'utilisation d'huiles essentielles permettra de renforcer cet environnement favorable à un meilleur apprentissage.
OÙ ÉTIEZ-VOUS PENDANT LE CONFINEMENT ? ANNIE JOLY Nous avons posé cette question à trois francophones et francophiles que nous vous avions présentées dans des numéros précédents.
Susan Kegel, présidente de la Seattle-Nantes Sister City Association (SNSCA) Où étiez-vous lorsque le confinement a commencé ? J'étais à la maison. Je savais que cela allait arriver et
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j'étais en train d'installer un compte Skype sur mon vieil ordinateur portable pour ma maman afin que nous
« voir ». 2)Où habitiez-vous pendant le confinement (maison, appartement, …) ? continuions à nous
Nous avons la chance d'avoir une
grande maison avec un grand jardin, à côté d'un sentier – mon nouveau monde en quelque sorte.
PORTRAITS
Étiez-vous seule? En famille? Avec des amis ? Nous avons réuni le plus de famille possible. 4) Était-ce votre situation normale de vie ou était-ce une situation différente ? Mon mari 3)
et moi avons
demandé à notre fils qui habite Seattle de venir à la maison parce que nous avons de l'espace, ainsi presque toute la famille était réunie. Mon autre fils était en France et a décidé de rester là-bas.
Quelles ont été vos occupations pendant le confinement ?
5)
Je faisais des marches de 10 kilomètres, je
jardinais et mon jardin n'a jamais été aussi beau. J’ai fait des WhatsApp avec mon fils resté en France. J'ai fabriqué également des masques.
Aviez-vous une routine quotidienne ou pas du tout ? Pas
6)
vraiment de routine. Je me laissais plutôt porter
par les événements chaque jour.
Avez-vous eu de nouvelles passions/de nouveaux passe-temps ou centres d'intérêt ? Pas de nouveaux
7)
centres d’intérêt mais j'avais plus de temps pour mes occupations favorites.
Avez-vous profité de ce temps pour réfléchir sur votre passé ? sur votre futur ?
8)
Non, mais j'ai fait des
recherches généalogiques pour occuper ma maman et la faire parler sur sa vie.
Comment était votre humeur durant le confinement ? Je suis une personne introvertie, donc globalement
9)
j'allais bien, mais je m'inquiétais surtout pour les autres.
10)
Est-ce que le confinement a impacté vos projets ? Oh oui ! De nombreuses réunions se sont passées avec
Zoom, beaucoup d'autres ont été annulées et même un voyage en France pour rencontrer des collègues a été repoussé en 2021. Comme nous étions trois personnes à travailler à la maison, nous devions partager la maison en plusieurs salles de réunion Zoom.
11)
Qu'est-ce qui vous a le plus manqué ? Aller en France, passer des week-ends
au Canada et rendre visite à ma maman âgée, tout cela m'a manqué.
12)
Auriez-vous un bon souvenir à raconter ? J'ai regardé pendant deux semaines
deux bébés colibri se restaurer avec l’eau sucrée de notre mangeoire avant de prendre leur envol vers de nouveaux horizons. 13)
Si vous deviez résumer le confinement en un mot, lequel serait-il ? Nécessaire.
L'interview précédente de Susan est disponible ici :
https://www.magfrancophone.com/40e-anniversaire-du-jumelage-seattl
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Janet, ancienne joueuse internationale de tennis à la retraite Où étiez-vous lorsque le confinement a commencé ? J'étais chez moi. 1) 2)
Où habitiez-vous pendant le confinement ?
Comment était votre humeur durant le confinement ? Pas vraiment d’impact. La même 9)
humeur que d’habitude.
Est-ce que le confinement a impacté votre vie ? Un peu mais pas beaucoup. Je me demande
3)
quelle va être la nouvelle norme pour chacun
Dans ma maison qui a un petit jardin.
Étiez-vous seule ? En famille ? Avec des amis ? J’étais seule.
10)
d’entre nous.
Était-ce votre situation normale de vie ou était-ce une situation différente ? Rien n’était 4)
11)
Qu'est-ce qui vous a le plus manqué ? Ne
pas travailler au club de tennis, ne pas jouer au
changé. Je vis seule.
golf, ne pas pouvoir nager, ni voyager, ni aller à
l’église, tout cela m’a manqué. Tous les
5)
événements familiaux avec ma grande famille
Quelles ont été vos occupations pendant le confinement ? J’ai fait les choses que je fais
m’ont également manqué.
habituellement, à quelques exceptions près.
Auriez-vous un bon souvenir à raconter ?
12)
6)
J’ai surtout remarqué que les gens étaient plus
Aviez-vous une routine quotidienne ou pas du tout ? Oui mais la même que d’habitude.
Non, rien de particulier. Mes occupations
moins pressés.
Si vous deviez résumer le confinement en un mot, lequel serait-il ? Isolement. 13)
PORTRAITS
Avez-vous eu de nouvelles passions/de nouveaux passe-temps ou centres d'intérêt ? 7)
bienveillants les uns avec les autres, qu’ils étaient
habituelles.
Avez-vous profité de ce temps pour réfléchir sur votre passé ? sur votre futur ? Oui 8)
sur le futur principalement, sur la vie de demain. Je me suis rendu compte que l’on regardait la vie différemment.
L'interview précédente de Janet est disponible ici :
https://www.magfrancophone.com/janet-adkisson
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Nikki Vismara, artiste peintre à San Francisco Où étiez-vous lorsque le confinement a commencé ? J'étais à San Francisco.
9)
reconnaissante de toujours pouvoir peindre, d’être
1)
2)
Où habitiez-vous pendant le confinement ?
financièrement stable et de me réveiller en bonne
J’étais chez moi, dans ma maison.
santé. J’ai aimé ce confinement mais je ne veux
pas minimiser la situation car des gens ont perdu
3)
la vie et d’autres sont en train de mourir.
Étiez-vous seule ? En famille ? Ou bien, avec des amis ? J’étais avec ma colocataire. À part elle, quelques voisins et mon chien, je n’ai vu personne pendant trois mois.
Était-ce votre situation normale de vie ou était-ce une situation différente? Travailler 4)
comme
artiste
est
déjà
une
profession
isolée.
Est-ce que le confinement a impacté votre vie? Oui, je l’ai trouvé très libérateur car je 10)
pouvais faire toutes les sortes de travail que je voulais. J’ai confectionné des sacs à main à partir de mes vieux tabliers de peinture et des restes de mes toiles.
Depuis le confinement mon quotidien a très peu
changé. Heureusement j’ai toujours pu accéder à
11)
mon atelier car il se trouve dans un quartier isolé,
vernissages et les concerts m’ont manqué.
éloigné de la ville dans un bâtiment qui était déjà
vide avant le confinement. La seule différence c’est
12)
que maintenant je ne suis plus pressée après le
Rien
travail de
beaucoup appris sur moi-même.
rentrer
chez
moi
pour
prendre
une
douche ou me changer et sortir.
Quelles ont été vos occupations pendant le confinement ? Manger, dormir, faire la peinture et 5)
PORTRAITS
Comment était votre humeur durant le confinement ? Fantastique, je suis très
promener mon chien.
Qu'est-ce qui vous a le plus manqué ?
Les
Auriez-vous un bon souvenir à raconter ? de
particulier
mais
je
pense
que
j’ai
Si vous deviez résumer le confinement en un mot. Lequel serait-il ? Inspirant. 13)
Avez-vous quelque chose que vous aimeriez ajouter ? San Francisco a été la 14)
Aviez-vous une routine quotidienne ou pas du tout ? Pas du tout. C’était génial. Avant le 6)
première ville américaine à donner un ordre de confinement obligatoire. Quand les autres villes et
confinement c’était difficile de trouver un équilibre
pays ont commencé à fermer, j'ai pensé que ce
entre le travail et les relations sociales : j’étais
moment était probablement la première fois dans
toujours
d’un
l’histoire du monde où tous les habitants de tous
endroit à un autre. Mais maintenant il n’y a plus de
les pays étaient confrontés au même problème en
stress pour sortir, il n’y a plus de date limite pour
même temps. C’est à la fois tragique et fascinant
finir des tableaux avant une exposition. Avant le
de voir comment la pandémie a égalisé le monde.
confinement
J'espère qu’il y aura encore une version positive de
en
retard,
toujours
j’étais
très
pressée
d’aller
disciplinée.
Mais
maintenant je peux faire ce que je veux quand je
cette
veux. Si je veux passer la journée à la plage avec
vaccin facilement accessible à tous et que le virus
mon chien ou si je veux faire de la peinture jusqu’à
sera éradiqué.
homogénéité
globale
quand
on
aura
un
ce que je n’en puisse plus ou dormir douze heures, je
peux.
Je
n’ai
eu
aucun
problème
avec
le
confinement.
Avez-vous eu de nouvelles passions, de nouveaux passe-temps ou centres d'intérêt ? 7)
Non.
Avez-vous profité de ce temps pour réfléchir sur votre passé? sur votre futur ? Oui j’ai 8)
beaucoup pensé à mon futur et à ce que je veux.
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L'interview précédente de Nikki est disponible ici : https://www.magfrancophone.com/nikki-vismara
PORTRAITS
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PLANÈTE VERTE PORTRAITS
Retrouvez chaque premier lundi du mois la rubrique animée par l'éco-artiste Aline Bloch sur notre site, www.magfrancophone.com/planete-verte
LES 7 MYTHES DE L’ÉCO-RESPONSABILITÉ
Durabilité, vie verte, éco-responsabilité, zéro déchet sont des concepts complexes, parfois mal compris, et souvent mal utilisés. L’incertitude autour de ces termes peut amener les gens à hésiter à prendre des mesures pour adopter un mode de vie plus en accord avec la nature. Aline Bloch démystifie certaines de nos idées préconçues pour vivre d'une manière écologique.
1- Vivre une vie écologique est une destination, un but. Vivre de façon éco-responsable n'est pas un résultat, c'est un voyage au cours duquel nous traversons beaucoup d’étapes et nous avons des choix à faire. Vivre « vert » est un état d’esprit. De petites habitudes sont prises et adaptées de temps en temps en fonction des circonstances de notre vie et de nos priorités personnelles. 2- Vivre éco-responsable est bien trop cher. Cela a du sens quand nous considérons ce nouveau mode de vie comme un changement de vie radicale, à 180 degrés. Mais nous n'avons pas besoin de tout changer en même temps. Il est important de voir cela comme un investissement pour un avenir meilleur. Il existe de nombreuses façons d'intégrer certaines habitudes « vertes » sans dépenser un centime et même parfois d'économiser de l'argent.
4- C’est juste une mode, ça passera. Oui, de nombreuses compagnies l’utilisent comme une machine marketing pour faire du profit. Mais ce n’est pas une mode, c’est une réalité. Les océans se remplissent de plastique, les forêts disparaissent, les animaux sont en voie d’extinction, l’air est pollué… Il est scientifiquement prouvé que la planète se réchauffe et se détériore. Revoir son mode de vie et faire des efforts d’ordre environnemental est une réelle nécessité. 5- Pour être éco-responsable il faut avoir un esprit bohème, être amoureux de la nature, végétarien et accro aux DIY*. Ce mythe est assez courant. Quand nous avons décidé en famille de faire de petits changements dans notre vie quotidienne, je n'ai jamais demandé à mon mari et à mes enfants de quitter la ville et d'aller vivre dans une ferme, sans électricité et déconnectés du monde. * DIY ( Do-It-Yourself) : fait maison, fait à la main.
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PORTRAITS
3- C'est compliqué, c'est restrictif et ça prend du temps. La vérité est que c'est difficile et intimidant quand on en attend trop. Chaque changement dans la vie prend du temps et des répétitions sont nécessaires pour réussir. Un changement significatif ne se fait pas sans un peu de défi. J'aime dire à mes clients durant nos séances de coaching que cela commence par de petits gestes au quotidien, qui nécessitent de la créativité et de la cohérence. Choisissez une chose que vous souhaitez modifier ou améliorer et faites-la pendant un mois ou deux. Petit à petit… c’est la clé du succès. Cela vous semble compliqué ?
Il est vrai que cela consiste en partie à renouer avec la nature et à en tirer tous les avantages physiques et émotionnels possibles, sans la blesser. Mais ce n’est pas un changement de vie radicale ; une famille de 5 peut vivre « zéro déchet » en plein centre-ville. Doit-on devenir végétarien ? C’est un choix personnel et/ou culturel. Nous mangeons de la viande et du poisson à la maison et je considère notre style de vie très éco-responsable. Certes nous avons choisi de réduire notre consommation de viande, et prioriser les aliments naturels, localement cultivés et élevés car le calcul de l'empreinte carbone résulte aussi bien des méthodes de production et que de transport (selon les recherches scientifiques). Ainsi, choisir la qualité plutôt que la quantité est un moyen éco-responsable de réduire ses impacts négatifs sur l'environnement. En tant qu'éco-artiste, l'argument DIY n'est pas totalement faux. Je suis très enthousiaste quand il s'agit de créer et d'expérimenter des méthodes naturelles et de substitution. Le DIY n'est pas toujours la solution mais c'est très instructif et amusant !
6- C’est tout ou rien – perfection oblige ! Avez-vous déjà entendu parler de l'écoculpabilité ? Se sentir mal de ne pas être assez éco-responsable, de ne pas faire assez… Surtout pendant la pandémie, j'ai ressenti cela à plusieurs reprises. J'ai dû m'adapter. Plus de produits en vrac disponibles, plus de sacs réutilisables autorisés dans les magasins… J'ai eu l'impression d'avoir à tout reprendre à zéro. Tous les progrès que j'ai fait dans mon mode de vie ces 3 dernières années, envolés en seulement 3 mois de confinement. Il ne faut pas se sentir coupable de faire de son mieux. Bien sûr, la sécurité sanitaire passe avant tout. Cette situation confirme qu'il ne s'agit pas de perfection, mais de progression, d’étapes et d’apprentissage. Je pense vraiment que dans toutes situations, il y a toujours un choix plus écologique à faire.
PORTRAITS
Ce qui m'amène naturellement au mythe le plus courant sur la vie éco-responsable… 7- Je ne suis qu’une seule personne, quoi que je fasse, cela ne fera aucune différence. Ma réponse à cette question est « Que pensez-vous du flocon de neige qui se transforme en boule de neige ? » Même la plus petite action que vous décidez de faire aujourd'hui deviendra une habitude. Cette habitude se transformera en un style de vie qui inspirera vos enfants, votre famille, votre voisin, votre communauté… et ce style de vie fera une grande différence. Gardez à l'esprit que « vivre vert » est un mode de vie et un état d’esprit. Il s’apprivoise par étape et a un effet boule de neige. Il est nécessaire de prendre des mesures dans nos choix quotidiens. Sa forme et son intensité peuvent varier en fonction de nos propres besoins et priorités. Mais son essence durera et son impact nous rendra plus fiers de nous-mêmes.
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I D I O M A T I Q U E S
les Podcasts
un outil original pour pratiquer les langues
LANGUE
EMMANUELLE FRANKS Faire des podcasts en français est un excellent exercice de diction en plus d'être une activité qui s'inscrit parfaitement dans une pédagogie actionelle. Grâce à la création de podcasts, on travaille la compréhension orale en découvrant des podcasts en langue cible. Ensuite, on peut inclure la dimension culturelle, voire l'interculturalité, ainsi que la compréhension écrite, la production écrite, la prononciation, l'intonation et la production orale. En plus de travailler toutes les compétences, l'apprenant obtient à la fin du module un produit fini, qu'il décide ou non de publier sur les réseaux sociaux.
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Vous êtes enseignant ? Vous avez certainement déjà utilisé les podcasts de certaines radios pour entraîner vos apprenants à la compréhension orale. Mais pourquoi pas faire des podcasts pour enseigner les langues étrangères ?
LANGUE
En tant qu’enseignant, pourquoi faire des podcasts ? Les activités de compréhension orale sont souvent impressionnantes et stressantes pour les apprenants. Ces derniers ont tendance à être déstabilisés par l’exercice lui-même : un nombre très limité d’écoutes, un nouveau sujet, de nouvelles expressions, une ou plusieurs nouvelle(s) voix, des débits différents et peut-être même un ou des accent(s) différent(s). Tant de nouveautés ajoutées au manque de confiance en soi font de cet exercice nécessaire une épreuve éprouvante pour certains. La solution pour résoudre ce problème sur le court terme est la production de podcasts par l’enseignant. Il peut choisir un sujet culturel, par exemple, le développer à l’écrit et s’enregistrer avec son smartphone. Pour cela, la simple application « Dictaphone » suffit. Mais s’il veut faire quelque chose de plus sophistiqué, il peut utiliser GarageBand sur Mac ou Audacity sur Mac ou PC. Une fois le podcast enregistré, il peut créer une série d’activités. Pour faire une séquence complète, il est préférable de respecter les trois parties suivantes : anticipation, compréhension globale et compréhension détaillée. Si l'enseignant veut en profiter pour faire travailler d’autres compétences, il peut, par exemple, faire repérer un fait de langue, créer un exercice de systématisation et terminer le tout par une activité de
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production orale ou écrite dans laquelle, bien sûr, il y aurait à pratiquer le fait de langue étudiée. S’il le souhaite, ses podcasts peuvent être diffusés sur SoundCloud, sur un blog pédagogique ou sur des plateformes d’audioblog comme ARTE Radio ou RFI Savoirs. Le fait que ce soit une production personnelle va forcément attirer l’attention de l’apprenant, de plus, la voix du professeur va le rassurer. En effet, il y est habitué et ne sera pas trop déstabilisé par son débit. Seuls les expressions et le thème seront neufs mais l’apprenant vivra mieux l’exercice. Cette production par l’enseignant lui-même ne peut être que temporaire. En effet, son but est de rassurer au maximum l’apprenant avant que celui-ci ne fasse le grand saut vers d’autres podcasts authentiques. L’enseignant peut également se servir de podcasts pour lire des textes étudiés en cours. Le podcast peut servir d’exemple pour la prononciation, en particulier si la lecture ne se fait pas trop rapidement et si le professeur articule. Au début de son apprentissage, l’apprenant a besoin de comprendre les règles de prononciation, de les entendre appliquées et d’écouter la langue cible pour améliorer sa propre prononciation et se sentir à l’aise avec ses nouveaux phonèmes. Quand il est plus à l’aise, l’apprenant peut commencer à produire ses propres podcasts.
Faire faire des podcasts est un excellent moyen de rendre l’apprenant vraiment actif dans son apprentissage et ce, à tous les niveaux. C’est à l’enseignant d’adapter les consignes au niveau des apprenants. Pour l’approche basique, l’enseignant propose des sujets (culturels, par exemple) et l’apprenant fait les recherches nécessaires, rédige un texte et après correction écrite et orale, l’enregistre. Pour l'approche sophistiquée, les apprenants peuvent travailler ensemble et copier des émissions audios. Ils peuvent, par exemple, faire des interviews, des jeux, des documentaires ou des micro-trottoirs. Les jeux de rôles sont les bienvenus pour rendre l’activité ludique. La création de podcasts permet de faire travailler plusieurs compétences en même temps : la compréhension écrite (au moment des recherches), la compréhension orale (si leurs sources sont des documents audios), la production écrite (au moment de la rédaction du script) et la production orale (au moment de l’enregistrement). Et en plus de tout cela, les apprenants découvrent des aspects culturels et peuvent développer leur esprit critique. La cerise sur le gateau c’est de diffuser leurs podcasts sur une plateforme sur Internet. Ainsi, les apprenants peuvent les partager avec leurs proches et être fiers de leur travail. Et il y a de quoi être fier, ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve dans la peau d’un journaliste qui parle la langue cible !
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DES MOTS ET DES METS : TRANSVERSALITÉ ENTRE FRANÇAIS ET CUISINE OSWALDO VILLAR « Des Mots et des Mets » : un livre de recettes où on reprend goût aux bonnes odeurs de la cuisine française, faite avec les produits du terroir, des produits locaux made in Aude, par de jeunes Audois, jeunes amoureux de la précellence de notre cuisine et de ses multiples saveurs. Dans le cadre pédagogique, le temps d'une
Ce
année
disant :
scolaire,
enseignante
Florence
de
géographie,
et
français le
chef
Romatet,
et
d'histoire-
Stéphane
Dauge,
enseignant de la cuisine française, membre des
Disciples
réaliser avec
un
une
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manuel
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deuxième
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faciles
à
eu
recettes
d'étudiants
année
ingrédients
de
l'idée de
volontaires
CAP. trouver
de
cuisine en
Avec
des
auprès
des
producteurs de l'Aude, produits locaux et de saison, deux
photos coups
sobres
de
et
cuillère
mets à
réalisés pot
:
en
c’est
l’alchimie à succès de l’équipe Des Mots et des Mets.
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livre
de
«
recettes
N’aie
pas
vous peur
accueille !
»,
en
comme
à
l’entrée de l’école. Difficile d’échapper à l’omniprésence s'agit les
d'un
Des
second
ingrédients
Mots livre
et de
des
Mets.
cuisine
photographiés
et
Il
avec ses
recettes. De la pédagogie dans l'assiette (DLPDA) aussi faire
un
est
une
marque
savoureux
professionnel
déposée
mélange et
de
mais
savoir-
pédagogique
développé dans le cadre de la formation de jeunes en difficulté (migrants et issus de catégories sociales défavorisées).
Les
besoins
d'enseignement
en
Français
Les
apprentis,
avec
l’aide
de
leur
maître
Langue Etrangère (FLE) et de lutte contre
d’apprentissage, vont créer trois recettes
l'illettrisme
plus
autour du thème de l’horizontalité sur les
français
fruits et légumes : une entrée, un plat, un
sont
nombreux. prend
de
plus
L'apprentissage
tout
son
sens
en
du
quand
on
veut
dessert
où
nous
retrouverons
un
même
s'intégrer en France et trouver du travail.
produit.
Dans leur vie quotidienne, les enseignants
La
de
Carcassonne
enseignement du français est la partie la
ont constaté ce besoin social et culturel.
plus difficile pour les étudiants. Florence
Le
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la
CCI
Sud
chef
Stéphane
professeure l'idée
Formation
de
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construire
Romatet
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projet
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Avec ce nouveau projet, leur ambition est
mettre
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fonction
renforcer et
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sont
cuisiniers
s’informer,
transversalité
la
cuisine. de
Les
permettre
d’être
argumenter,
entre le objectifs à
chacun
capables
de
analyser
:
une
est
la
l’atelier
l'atelier d'écriture, Des Mots et des Mets.
français
écriture,
alphabétisation
professeure
d'écriture
partir
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présentation, en
place
des
responsable
et
trois
les
et
d'expression
créations
ateliers
et
ont
de
pu
se
progressivement
difficultés
en
rencontrées
par
les apprentis. Parallèlement,
le
volet
technique
de
chef
de
cuisine
connaissances,
venant clôturer le travail de l'apprenti.
l’oral
l'assiette,
la
l'élaboration
complète
à
de
jusqu'à
situation dans sa globalité, réutiliser des communiquer
la
gastronomie a été mené par l'enseignant
prise
de
vue
comme à l’écrit, produire un texte, utiliser les
nouveaux
connaître découvrir
moyens de
le
terroir
communication,
audois,
produits, goûter
de
Dans
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recettes avant. plus
cadre les
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supériorité
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produits
cuisine des de
l'élaboration locaux
sont
française,
recettes. la
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la
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nouvelles saveurs.
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nouveaux
cuisine,
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la
cuisine
s'adapter
régionale
sans
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gastronomie
le
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apprenants,
tout
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négociation
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d'un
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client,
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formateurs
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BTS
digitalisation chefs
d’autres
de
en
de
la
projets
filières
qui
et
n’ont
pas hésité à mettre leurs compétences au service de ce projet pédagogique.
bien senti et de l'indiscutable précellence
Le
de la cuisine française qui existe grâce à
apprentis sont capables et ont du talent.
sa richesse, sa fécondité, sa qualité et la
Pour cette année 2020, nous avons eu le
splendeur
privilège
terroir
«
unique
de
nos
Made in France
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produits
du
but
de
élèves
livre,
simples
recueil et
éducatif
rapides
combien
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sensibles
à
à
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recettes
succès,
producteurs
de
la
dont
manière
montre
l'Aude il
sont
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d'avoir
Tanguy Attias,
Kenzo
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montrer
Pauline
Jean
Sarah
les
des
Marques,
Baptiste
Godet,
Gramont,
Thibaut
Geromin,
Kaba,
que
participation
:
Huault,
Cabrol,
de
la
suivants
Matthew
Ce
tous
Samuel
Louis
Fuentes,
Thomas
et
Mohamed Lamine Sylla.
présenté.
Finalement, ce livre Des Mots et des Mets
Une
cuisine
produits et
éducative
locaux,
des
Mets
parfaitement du
moment,
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contenu
recettes
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meilleurs
l’édition semble
digéré celle de
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département producteurs
2020
effet
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avec
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saison, #madeinfrance #madeinaude, une
aspirations
reprise
en
main
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l'Aude
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produits
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gentiment
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parce
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qu’on
Stéphane l’éducation
peut
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projet
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CCI
simplement
faire
ses
courses,
chez les producteurs de l'Aude. En amont,
regroupe non seulement les apprentis de
il y a toute une histoire culinaire, humaine
CAP
et éducative à raconter.
mais
Sud
allant
Formation
cuisine
de
également
d'autres
»
l'Aude et autres mécènes : CCI Sud Formation Occitanie, CCI Sud Formation CFA Aude, CCI Sud Formation CFA Carcassonne, CCI de l’Aude, CCI Occitanie, Urbain
Toulouse
(dessin
de
couverture),
Covaldem
11,
Made
in
Région Occitanie, Studio France
USA,
Chambre
d’agriculture de l'Aude, Club gastronomique Prosper Montagné, Disciples Escoffier Occitanie et Organisation Mondiale de la Gastronomie (OMG).
Par ailleurs, la conception de ce livre a été accompagnée par Florence Carayon, Meilleur Ouvrier de France Primeur en 2011, et par Franck Putelat, Bocuse d’Argent 2003 et Meilleur Ouvrier de France Cuisine en 2019, qui n’ont pas hésité à s’impliquer et à jouer le jeu puisque Franck a accepté de relever le défi lancé par Florence de faire comme nos apprentis : trois recettes avec un même légume !
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à
maison
Ce projet exceptionnel a pu voir le jour grâce au soutien des partenaires producteurs de
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de
industrielle !
en Ce
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demande,
des
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compter et
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JOURNAL D’UNE CONFINÉE ! Caroline Perrier
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Lundimanche 30 navril 2020 2020 est une année tellement étrange : 29 jours en février, 100 en mars, et 390 lundimanches ce mois-ci… Navril s’achève comme il a débuté : tout y a été navrant et on a navigué à vue, sans aucune certitude… et si loin de notre vie d’avant (celle où l’on ne prononçait jamais le terme pangolin ou chloroquine par exemple). Voilà la première pensée qui m’a traversé l’esprit ce matin au réveil. Mais comme toujours, j’ai renoncé à me laisser envahir par cette mélancovid qui nous guette tous. Je me suis juste autorisé un petit travelux : voyager en regardant par la fenêtre est désormais le seul moyen de s’évader… un peu. Après le petit déjeuner j’ai décidé, comme à mon habitude, de faire un peu de sport. Hors de question de me laisser aller à cette forme de musculaxisme que ma sœur affectionne particulièrement du fond de son canapé. Pour lutter contre l’immobésité, rien ne vaut quelques coronabdos réguliers. La fin de la matinée est consacrée au télétravail. J’ai réservé le living-zoom jusqu’à midi pour une réunion en ligne. Mais comme hier, cela s’est soldé par un calameeting.
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Il faut dire que plutôt que télétravailler j’ai plutôt malterné : une explication à mon collègue, une crayonnade avec mon fils de 3 ans ; une précision sur mon tableau Excel, une cuillerée de compote à ma fille. Quand les enfants ont fini par annoter mon dossier avec les crayons ET la compote, j’ai juste eu envie de les émarmailler ! Dans l’après-midi, j’ai dû sortir pour ravitailler mes troupes. Contrairement à certains qui souffrent de caddiction, car rentrer dans un supermarché avec son caddie est désormais la seule façon de sortir de chez soi, je redoute ce moment. Je pense même être à la limite de la métrouille, tant je redoute de prendre les transports en commun... Rien à voir cependant avec ces réfugitifs qui refusent absolument de sortir de chez eux. Dans la rue, c’est incroyable le nombre de gens qui s’adonnent désormais au fouting : ils courent, ils courent mais en groupe, sans masque et sans tenir compte des gestes barrières. Ils évoluent en plein pandéni. L’ambiance est un peu électrique dans les rayons. J’y croise un certain nombre de covidiots et autres psycho-pâtes dont le caddie déborde de rouleaux de papier-toilettes, de paquets de farine et de boîtes d’œufs.
Je me dépêche de remplir le mien car je crains des mouvements de foule, voire des pénurixes. Vers 19 h nous avons rejoint un whatsappéro. À force d'apéroskyper tous les soirs, je crains de finir hydroalcoolique. Nous avons été interrompus par les applaudissements pour médicâliner les soignants. Ces élans de solidaritude font du bien !
Ce texte reprend certains termes du Dicorona qu’Olivier Auroy a imaginé et partagé depuis le 21 mars sur son compte Twitter : https://twitter.com/olivierauro Preuve que poésie, humour et inventivité font bon ménage avec la langue française, même dans les moments difficiles.
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Avant de m’endormir j’ai allumé la radio, mais entre les commentaires soulignant le fiascorico qui règne en France et les trumpolines sur lesquelles certains rebondissent aux États-Unis, j’ai préféré sombrer dans le sommeil… Avec l’espoir que le fluctur s’éclaircira peu à peu !
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expressions Prolongeons l’apprentissage d’expressions françaises idiomatiques pendant ce confinement en lisant quelques unes de ces perles, adaptées à la situation anxiogène actuelle.
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S’ennuyer comme un rat mort : s’ennuyer énormément À force de rester à la maison à cause du confinement, je ne peux plus faire mes activités sportives, et je m’ennuie comme un rat mort !
Trois pelés et un tondu : il n’y a pas beaucoup de monde Je suis allée faire des courses et dans la rue il y avait trois pelés et un tondu.
Être dans de beaux draps : se trouver dans une situation compliquée La situation est préoccupante et ne va pas en s’améliorant, on est dans de beaux draps.
Une histoire à dormir debout : une histoire incroyable, un événement extraordinaire Quand je pense à cette histoire de coronavirus, qui aurait cru qu’on en arriverait là ? C’est vraiment une histoire à dormir debout ! C’est fou !
Péter un câble : devenir fou À force de rester à la maison et de ne rien faire, je pète un câble !
Reprendre du poil de la bête : aller mieux, reprendre espoir Pierre n’était pas très bien l’autre jour, il avait l’air malade, il toussait. Mais apparemment il va mieux, il reprend du poil de la bête ! C’est rassurant !
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idiomatiques ÉLISABETH LE MEUR-DAHMOUNE s end r p J’ap is ! nça a r f le
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A votre santé ! : souhaiter une bonne santé à quelqu’un Être à ramasser à la petite cuillère / Être sur les rotules : être très fatigué Avoir une mine de papier mâché : avoir la figure pâle Tomber dans les pommes : s’évanouir Ne pas être dans son assiette : ne pas se sentir bien Rendre l’âme : mourir
Avoir un chat dans la gorge : être enroué Avoir une fièvre de cheval : avoir une forte fièvre Un remède de cheval : un médicament très puissant Être malade comme un chien : être très malade
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