Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
L’association Pistes-Solidaires, a plusieurs ambitions dont celle de faire bénéficier localement des innovations et opportunités développées en Europe. Principalement grâce au programme Erasmus+ et à des partenariats très divers (entreprises, associations, centres de formation, chambres de commerce, collectivités, universités...), nous développons des projets innovants permettant de répondre à des défis européens dans de nombreux domaines. Le projet Senior Social Entrepreneuring fait partie des projets développées par l’association et soutenus par le programme européen Erasmus+. Il se décline donc en France, mais aussi dans d’autres pays européens (Danemark, Lettonie, Bulgarie, Espagne, Italie). Dans un contexte français et européen de réduction des dépenses sociales (1), le projet européen en appelle à l’innovation, pour chercher des solutions alternatives. Le mouvement associatif et ses bénévoles pourrait ainsi devenir à la fois moteur et axe des changements d’approche dans le domaine social. Les retraités sont en effet la première force des associations (36,6% des plus de 65 ans étaient engagés en 2013 dans une association en France) ; il est donc naturel d’imaginer faire appel à leur expérience pour la mobiliser au service de projets sociaux. Les seniors sont source d’expérience et beaucoup d’entre eux sont ravis de la transmettre. Qu’ils s’engagent à temps partiel, en tant que consultant ou auto-entrepreneur, ils ont beaucoup à apporter. Alors nous tentons l’expérience à Pau, dans le cadre du projet européen Senior Social Entrepreneuring : comment combiner expérience des seniors, besoins sociaux non-satisfaits et innovation ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir au fil des pages de ce livret. Avec ce livret, découvrez comment, au fil du temps, le projet a pris forme à Pau et quels sont les résultats !
Voir le travail d’Edith Archambault, professeur d’économie à Paris 1 : https://www. cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=PP_009_0011 (1)
CONCRÉTISER L’IDÉE EN PROJET PRÉCIS
Mars 2017
L’idée était là, sous nos yeux, partant d’un constat partagé par des seniors engagés dans des associations locales :
• Notre territoire est engagé dans l’accueil de réfugiés ; la question de leur insertion se pose (sociale, économique, linguistique,...) • Les réfugiés sont souvent jeunes, maîtrisent des techniques, des savoirs, des métiers multiples (un tiers de ceux qui arrivent dans les pays de l’OCDE sont diplômés) ; • Des associations locales, institutionnelles ou non, existent, qui accompagnent déjà les demandeurs d’asile, essentiellement pour le logement, la nourriture, l’accompagnement linguistique, administratif ; • Un élan spontané des particuliers ne sait comment s’exercer pour apporter solidarité et soutien aux exilés ; • Des expériences « transversales », uniquement centrées sur le thème de l’accueil des réfugiés, existent cependant dans de petites villes béarnaise et basque ; • Le statut des personnes en attente d’asile empêche le travail rémunéré. Alors que les réfugiés sont les premiers à souhaiter travailler pour trouver les moyens de leur intégration pérenne ; • Le dispositif d’échanges de services, sur une base non-marchande, existe localement. Si l’on tisse ensemble ces éléments, l’idée d’une démarche d’insertion sociale et économique vient immédiatement à l’esprit. • Les acteurs associatifs qualifiés existent, qui peuvent identifier les compétences des réfugiés ; • La plate-forme d’échanges de services existe à Pau, vers lesquels les particuliers et les réfugiés peuvent être aiguillés. L’échange que constitue le travail trouverait ainsi à s’exprimer spontanément, naturellement, pour la satisfaction des besoins ponctuels de chacun : réfugié, particulier. La proposition de Pistes Solidaires pouvait être présentée aux acteurs locaux.
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Pistes Solidaires souhaite ensemblier d’une action centrée sur l’échange de services, dans le cadre d’une expérimentation pilote qui concernera une dizaine de personnes réfugiées ; l’idée est acceptée par les trois partenaires identifiés. Chacun des trois entités peut jouer son rôle pleinement, avec ses bénévoles, en conformité avec ses missions propres. La première association, née à Pau en 2015 compte 170 adhérents, tous bénévoles. Elle œuvre dans le champ de l’économie sociale et solidaire et repose sur un système économique alternatif basé sur la création d’une nouvelle forme de richesse. Elle promeut l’échange non-marchand de services, dans une optique de lien social. La seconde association œuvre à l’accueil des demandeurs d’asile. Elle a vu passer et accueilli sur le territoire, depuis des décennies, les personnes qui fuient la guerre ou les persécutions, comme ceux qui miseraient leur vie pour tenter de la gagner ailleurs. Son action efficace et constante lui vaut d’être reconnue par les pouvoirs publics, qui lui délègue missions et budgets. L’histoire de la troisième association plonge ses racines dans celle de la dernière guerre mondiale. Fondé en 1971, le site de Pau continue la mission de son fondateur depuis 1944 : accueillir « les sans-patrie et les réprouvés ». Son professionnalisme est reconnu depuis longtemps par l’Etat. Les trois partenaires se sont mis d’accord : ensemble, ils tenteront un test, avec l’humilité que requiert toute expérimentation. L’idée est de donner vie, sur le territoire, à un échange de services, au profit de particuliers, qui puisse mobiliser les compétences des demandeurs d’asile. Il n’est plus question de métier, il n’est pas question d’argent mais il sera question de rencontres et d’entraide. Voilà qui tombe bien : les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler alors que la plupart d’entre eux se demandent comment rendre ce qu’ils ont reçu. De l’autre côté, l’association locale d’échanges de services est prête à les accueillir.
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UNE APPROCHE COMMUNE DES SENIORS EUROPÉENS
Mai 2017
Oui, il est possible de synthétiser en quelques lignes l’échange d’idées
qu’a abrité pendant une semaine la réunion de SSE à Pau. Les partenaires européens avaient décidé de mettre en commun leurs méthodes, leurs avancées, leurs interrogations aussi. Préciser des concepts comme « entrepreneur social », «senior broker » n’est pas facile pourtant, tant les références culturelles diffèrent d’un Bulgare à un Danois. Pareillement, la « charity » des anglo-saxon est difficilement compréhensible pour un Français. L’important est que tous les Seniors engagés bénévolement dans le projet sont bien d’accord sur sa finalité : identifier des besoins sociaux non couverts par les services publics, en tentant d’y apporter une réponse associative innovante et économiquement viable. Grâce à l’une des participantes, investie personnellement dans le vieillissement actif, les seniors ont pris conscience que si l’on n’avait pas eu la chance, pendant la période de sa vie active, d’être connecté avec la communauté et ses attentes, le 3ème âge était le moment idéal pour devenir pleinement citoyen en s’impliquant socialement. L’une des séances de travail, consacrée à la présentation des idées de chaque équipe nationale, a facilité l’apport de réflexions constructives pour enrichir les projets. Ainsi, une Senior anglaise a trouvé une idée pour remplacer l’âme cuisinière qui animait les rendez-vous hebdomadaires d’un groupe de personnes âgées. Un autre a capté un élément qui lui semble important pour faire décoller l’entreprise qu’il envisage de monter. La visite du village d’Emmaüs de Pau spécialisé dans le recyclage, plébiscitée par l’ensemble des participants, a alimenté le « débriefing », sollicité par l’animateur de la séance du lendemain. Les Seniors bulgares ont particulièrement été sensibles à l’esprit collectif de ce projet social. Certains ont vu ce village comme une parfaite illustration de ce que peut être une entreprise : bon modèle économique, respect des gens qui y travaillent, utilisation des profits pour l’intérêt commun, dimension écologique.
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Les thèmes d’inspiration pour les futures actions, dans le cadre du projet Senior Entrepreneur Social, ont à voir avec l’économie collaborative, l’implication des personnes marginalisées, la nécessité de bien identifier les habiletés des personnes, la transformation des mentalités des chômeurs. Tous étaient enthousiasmés par les idées, petites et grandes, qu’ils ramèneront dans leur pays pour donner vie à leur futur projet SSE. Et ces projets sont d’une grande variété : lancement d’un groupe de musique des années 60, formation d’infirmières aux NTIC, visite d’espionnage à une île de la Baltique à la recherche des succès locaux de ses habitants seniors, clubs informatique pour personnes âgées, animation des rendez-vous réguliers d’un club local de seniors, réseau mondial pour le vieillissement actif, insertion des réfugiés sur la base d’échanges de services non marchands. Comme dans tout projet, il faut aussi se mettre d’accord sur bien d’autres aspects : fréquence des échanges, délais et procédures communes, production de documents de communication et de valorisation de l’expérience, contenu des outils mis à disposition des Seniors, comme le portfolio. Comme dans toute construction commune, l’échange et la confrontation de points de vue permet souvent d’avancer ensemble. Nous avons le dialogue et nous savons l’utiliser : le projet commun peut donc démarrer !
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OBJECTIFS COMMUNS
2 juin 2017
Pistes Solidaires réunit pour la première fois les partenaires de l’opération qui se déroulera à Pau, pendant plusieurs mois. C’est le moment de replacer dans son contexte le soutien de l’Union Européenne à cette initiative locale.
Les critères du projet européen sont bien pris en compte : - La nature sociale du projet puisqu’il impliquera des demandeurs d’asile ; - Le besoin de trouver des solutions innovantes dans un domaine où l’on pourrait faire mieux et plus ; - L’implication de seniors bénévoles, actifs dans chacune des associations, y compris Pistes Solidaires - L’aspect économiquement viable que constitue l’échange de services sur une base non marchande Peu à peu se met en place le cadrage de l’opération, qui concernera 10 personnes étrangères demandeuses d’un asile dans notre pays. Ces personnes seront identifiées par les deux associations selon des critères facilitant leur participation : une maîtrise de la langue permettant d’établir des relations interpersonnelles, une attention particulière aux demandes d’appui précises de ces personnes, des services dont la nature ne viendra pas percuter le travail professionnel des associations (notamment l’accompagnement administratif). La troisième association, plateforme d’échange de services, mettra tout son savoir-faire à la réussite des échanges entre locaux et étrangers.
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LE DÉROULEMENT ENVISAGÉ POUR L’OPÉRATION
5 juillet 2017
C’est maintenant que l’on aborde les questions pratiques. Chacun est «
spécialiste » dans son domaine et il faut s’accorder avec précision sur ce qui sera fait, et comment. Les questions abordent en détail des aspects cruciaux pour la réussite du projet : - l’information des demandeurs d’asile ; - les questions de langues, qui ralentissent les échanges mais se surmontent parfois plus simplement que ce qu’on pense ; - la prise en compte des attentes des demandeurs d’asile, qui ne savent comment être utiles au territoire qui les accueille ; - les réunions collectives (petit-déjeuner hebdomadaire et réunion mensuelle), prétexte aux premières rencontres entre ceux qui demandent un service et ceux qui l’offrent ; - le processus d’identification des services qui pourraient être échangés ; - les métiers où certains excellent - la disponibilité de bénévoles pour l’accompagnement individuel de personnes pour lesquelles tout est nouveau, y compris les déplacements dans une ville inconnue ; - la prise en compte de la dimension interculturelle, du bouleversement des valeurs et du stress consécutif ; - les aspects pratiques de l’utilisation de la plate-forme en ligne où se pratique l’échange de services ; - les questions juridiques d’assurance. L’ouverture individuelle, une intégration valorisante par la reconnaissance des savoir-faire de chacun, la quête d’intégration sociale comme la possibilité de contribuer personnellement à l’accueil de personnes qui ont une vie à reconstruire : voilà ce qui anime ceux qui sont autour de la table.
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LES RAISONS D’UN ENGAGEMENT
Senior
Juillet 2017
Social Entrepreneuring s’appuie sur des seniors qui décident d’apporter leur savoir-faire et leur enthousiasme à un projet auquel ils croient. Il est mille et une raisons de s’engager bénévolement au service d’un projet qui vous dépasse, dans le sens où il ne s’arrête pas aux limites restreintes d’un besoin personnel mais s’étend à une question sociale que l’on peut tenter de résoudre collectivement. L’une des deux « têtes de pont » du projet à Pau est un passionné à l’allure tranquille. Il a gardé de sa carrière professionnelle dans le domaine de la qualité de la production laitière le respect du travail fait avec conscience. Et de ses années de formateur à l’hygiène dans les installations agro-alimentaires le respect des personnes qui y travaillaient. C’est là, en côtoyant au quotidien des personnes qui n’avaient pas fait de longues études, qu’il a compris ce que voulait dire « les plus fragiles », ceux qui se retrouvent en difficulté, qu’ils soient français ou étrangers. Tout naturellement, il rejoint dès la retraite une association locale qui a mis en place un jardin thérapeutique, où des personnes fragilisées par la maladie viennent se ressourcer au contact du travail de la terre. Et quand se crée à Pau un Système d’Echange Local non-marchand, sur la base du temps, le voilà qui s’engage, défendant pragmatiquement l’idée que la monnaie n’a rien à faire dans l’échange de services, que chacun a en besace une compétence utile à une autre personne, et réciproquement. Comme au temps du service militaire, qui accueillait sur un même pied le diplômé et l’illettré (du moins la première semaine). Ce qui le séduit dans cette association ? Le concept d’échanges, associé à la confiance en l’autre, où se retrouvent valorisés, en toute égalité, des services rendus et services reçus. Est-ce bien un hasard si la proposition de Pistes Solidaires, de décliner sur le territoire palois le projet SSE autour de l’accueil de demandeurs d’asile, a été appréciée par cet homme altruiste ? Il suffit qu’il évoque le destin de sa femme, fille de réfugiés polonais « accueillis » (au sens propre mais pas toujours au sens figuré) en France en 1946 pour que l’on soit convaincu du contraire…
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ÉVALUATION ?
Août 2017
Comment apprécier si un projet tient la route ? Faut-il s’appuyer sur des
chiffres, comptabiliser le nombre de services donnés et reçus entre exilés et habitants du cru, produire des questionnaires dûment remplis par les bénéficiaires de l’opération-test ? Les photos peuvent-elles témoigner d’un échange humain et d’une réciprocité ? Qui a son mot à dire ? Quels aspects de l’opération évaluer ? - Chaque étape du processus - Sous un angle particulier (innovation – ampleur du sujet – changement de regard ou de statut, soit pour les parrains, soit pour les bénéficiaires, soit pour le territoire – implication des citoyens – initiative née du terrain – croisement de différentes attentes sociales - reproductibilité ou modélisation). Exemples : • Nouvelle approche de l’accueil des demandeurs d’asile • Améliorer leur accueil sans générer de coûts supplémentaires • Anticiper l’apport économique à un territoire de personnes jeunes • Ouvrir et élargir un dialogue parfois considéré comme difficile • Répondre en même temps à des besoins sociaux émanant de groupes demandeurs de soutien • Tenter de modéliser l’opération - Quantitativement • Nombre de services rendus • Nombre d’adhérents Accorderie concernés – nouveaux adhérents • Proportion hommes/femmes/mineurs - Qualitativement • Mieux-être des bénéficiaires • Satisfaction des parrains accompagnant individuellement le demandeur d’asile • Nouveaux services • Diversification des bénéficiaires des services • Ecueils et bonnes pratiques • Problématiques spécifiques aux femmes, mineurs ?
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QUELQUES PORTRAITS
Septembre 2017
E
lisabeth : donner ET recevoir Comment Elisabeth s’est intéressée à l’action « échange de services avec les demandeurs d’asile et réfugiés » ? Assez naturellement : quand le bureau de l’association Accorderie a présenté l’initiative pour laquelle on recherchait des « parrains », cela a trouvé un écho chez elle. Elle a tout de suite pensé qu’il était important, pour chaque être humain, de se sentir utile, à l’endroit où l’on se trouve. Elle a imaginé ce que pouvaient vivre des personnes exilées, isolées dans un monde nouveau pour eux, elle a imaginé leur déprime. L’idée qu’ils puissent offrir un service tout en recevant un autre lui a plu instantanément : elle ne conçoit pas que l’on puisse seulement donner. Le misérabilisme lui est par ailleurs étranger. Elle ne souhaite pas envisager sa participation sous l’angle du bénévolat (le mot l’agace un peu…) ; à son avis, il peut fausser la relation avec l’autre, tant les motivations d’un bénévole, souvent inconscientes, sont complexes. Elle ne souhaite pas devenir une béquille, pour quiconque. D’ailleurs, elle dit elle-même ne pas être formée à cela et n’est pas non plus travailleuse sociale. Non, ce qui l’intéresse, c’est contribuer, à sa mesure, à l’autonomie des personnes. Selon elle, donner est très facile ; recevoir, par contre, est important aussi.
M
arie-Eve est une militante Marie-Eve est devenue une militante, le 11 septembre (1973). Mariève est une femme qui transforme en actions ses indignations. Elle est bénévole au Secours Populaire, collabore depuis de longues années au Planning Familial, ne s’interdit pas de parler économie avec ceux qui voudraient la mettre au service du progrès humain et rentre d’un séjour en Palestine. Tout l’intéresse. Elle se dit aussi horrifiée qu’« ils » meurent en Méditerranée. Ce qu’elle recherche dans cette action et pourquoi elle s’engage ? Pour échanger avec d’autres, pour se nourrir d’autres cultures. Faire exploser les frontières, c’est aussi ce qui l’anime. Elle sait déjà ce qu’elle peut offrir à d’autres et en particulier aux demandeurs d’asile ; elle parle un peu l’anglais, un peu l’espagnol et un peu l’arabe. Elle a le sentiment qu’elle va un peu contribuer à faire évoluer la planète-monde, grâce au projet développé par Pistes Solidaires.
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LE TEMPS DE LA RENCONTRE
16 octobre 2017
Le centre social de la Pépinière accueille en fin d’après-midi la première réunion
commune de tous les acteurs du projet porté par l’Accorderie, l’OGFA et IsardCos, centré sur l’échange de services entre particuliers palois et demandeurs d’asile. Une douzaine d’Accordeurs (c’est ainsi qu’on appelle les membres de l’Accorderie) rencontrent pour la première fois une petite dizaine de personnes étrangères nouvellement arrivées sur notre territoire. Sous l’œil des animateurs de l’OGFA, de deux jeunes filles en service civique à Isard-Cos. L’arabe, l’anglais et le russe sont nécessaires pour que Libanaise, Afghan, Arméniens et Albanais suivent les échanges et saisissent un concept qui n’a pas toujours cours dans d’autres cultures. Non pas que le bénévolat ou l’échange de services n’existent pas ailleurs que chez nous, mais ils se pratiquent traditionnellement, sur d’autres bases. Marlène, animatrice de la soirée, après avoir projeté un court film, très didactique, sur le fonctionnement de l’Accorderie, laisse chacun des participants se présenter. Les Accordeurs totalisent une belle somme de compétences : du petit bricolage à la maîtrise des langues, en passant par le magnétisme, l’aide au déménagement, le droit des femmes, l’enseignement du français, l’histoire de la gastronomie, l’aide administrative, etc.. Ils évoquent aussi leurs besoins, comme le jardinage par exemple. On s’aperçoit très vite que ce qui est dit trouve écho chez les demandeurs d’asile, qui réagissent en présentant à leur tour leurs savoir-faire : cuisine, accompagnement à la naissance, garde d’enfants, traiteur, couture, etc… Eux aussi évoquent leurs besoins : cours de français en premier lieu, mais aussi (et surtout ?), besoin de rencontres humaines et d’utilité sociale. Autour d’un verre de jus de fruit, les échanges personnels se tissent, préparant déjà la suite : l’Accorderie va maintenant travailler à mettre en relation chaque personne avec son parrain accordeur ; c’est à partir de maintenant que l’opération commence vraiment… Avec un but en tête : mutualiser demandes et offres de services que tous participeront à satisfaire, sur une base non-monétaire. N’est-il pas réjouissant d’observer le démarrage d’une belle entreprise ?
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LES ÉCHANGES EN PRATIQUE, À L’ACCORDERIE
Décembre 2017
Deux mois après le lancement de l’opération, trois paires de « marraine/ migrant » se sont constituées, sur la base d’affinités impossibles à cerner, tant la rencontre humaine s’appuie sur des motivations inexplicables. Les accords tacites, de personne à personne, concernent :
− un échange linguistique procurant à l’une la pratique de l’anglais et à l’autre l’apprentissage du français. Au début, l’une craignait d’être intrusive. Ils ont depuis établi un dialogue simple, se fixent des rendez-vous réguliers par téléphone et sillonnent Pau ensemble à bicyclette. − une rencontre entre femmes qui peine à s’installer, tant l’une est persuadée des vertus de l’émancipation féminine alors que l’autre vient d’une culture où cette question ne se pose pas en ces termes. Les deux se rencontrent plus souvent à l’occasion d’activités collectives à l’Accorderie, parce qu’elles n’ont pas encore trouvé un autre terrain, plus personnel. Le manque de disponibilité due aux démarches administratives de Fatima (toute une famille vivant les affres du « recours ») prive de temps mais aussi de tranquillité d’esprit. L’animatrice de l’Accorderie joue le rôle de facilitatrice pour amorcer les échanges. − l’accompagnement de Flutura aux activités collectives de l’Accorderie ; participer à un repas de Noël et être convié à une tablée d’Accordeurs est le premier pas d’une relation d’accueil. L’apprentissage du français se fait ainsi en douceur, par une activité où chacun est sur un pied d’égalité. Ces premiers commentaires sur ce qui se produit, sur le terrain, amène des constats : − les « locaux » peinent à imaginer le quotidien d’une personne migrante, mobilisée pour son dossier administratif, plongée dans un univers nouveau, obligée de parcourir la ville en tous sens, en bus ou à pied, pour régler chaque étape de sa vie matérielle et accomplir les démarches administratives. Une occupation à plein temps, exercée parfois avec des enfants en bas-âge et qui laisse donc peu de temps aux loisirs... Le facteur temps est donc important pour la mise en œuvre des « paires ».
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− l’encadrement de l’action des marraines et parrains semble nécessaire, au point d’imaginer l’intervention d’un référent facilitant la mise en place des paires. Ceci rassure aussi les seniors sur le cadre précis de leurs échanges avec les exilés. − les échanges déjà en place semblent s’articuler autour des domaines suivants : ateliers cuisine, découverte du patrimoine culturel, aide aux déplacements, apprentissage en ateliers collectifs des savoir-faire manuels détenus par les migrants. Par ce biais, les migrants deviennent des Accordeurs à part entière. − la nécessité d’une prise en compte de l’interculturalité. − l’idée de garder la mémoire de cette opération (vidéo et atelier d’écriture) rejoint la question de l’évaluation.
Pérennisation et essaimage en vue ? L’Accorderie travaille un partenariat avec une Fondation spécialisée dans le troisième âge. Dans ce cadre, elle a répondu à un appel à projets original, en se basant sur l’opération « Palanca Solidaire » (nom trouvé pour l’opération). Les Accordeurs de Pau sont souvent retraités et fuient l’isolement ; les migrants sont condamnés, juridiquement, à l’inactivité professionnelle et l’isolement dans un pays nouveau leur pèse aussi. Cette base réciproque de recherche de lien social est le coeur du projet accepté depuis peu par cette Fondation nationale ; « Palanca Solidaire » va peut-être se pérenniser, essaimer sur d’autres territoires. Quel meilleur développement pour ce projet européen développé à Pau par Pistes Solidaires ?
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ON AVANCE, PAS À PAS
8 février 2018
Six semaines se sont écoulées depuis le dernier point d’étape. Deux nouveaux binômes ont été constitués entre deux seniors et deux migrants qui ont trouvé à s’accorder, à l’Accorderie.
Sylvaine s’est rapprochée d’une famille et prodigue des cours de français à la maman, qui peine à trouver un peu de temps libre pour s’y consacrer, sans les enfants. 90 minutes de cours par semaine, c’est leur rythme. Sylvaine a aussi trouvé des jeux, en français, pour les petits. Le mari est, lui, dubitatif : à quoi sert d’apprendre la langue d’un pays où l’on n’est pas sûr de rester ? Elisabeth et Alimatou, francophone, tâtonnent quant au rythme, en raison de difficultés ponctuelles de mobilité d’Elisabeth ; un cours de cuisine dispensé à un petit groupe d’accordeurs est le premier service rendu par Alimatou. Leurs échanges ne sont pas toujours légers : si la fille d’Alimatou sera vraisemblablement accueillie en France, il existe un risque que sa mère ne soit pas autorisée à rester sur le territoire. Si l’on parle « heures de services échangés », on obtient jusqu’à présent 9h30 (sans prendre en compte les temps de rencontres). Les écueils se confirment : un minimum de connaissance du français est nécessaire pour songer à échanger des savoir-faire. Il semble aussi que, pour faire connaissance, le cadre restreint du binôme soit plus propice que celui du grand groupe. La disponibilité pour les échanges est restreinte par les démarches des uns, mobilisés par l’adaptation à une vie nouvelle, pris par le soin aux enfants et le temps libre des autres, retraités certes pour la plupart, mais pas toujours opérationnels à plein temps. Il faut aussi compter avec les difficultés de déplacement des uns et des autres. Les « locaux » engagés dans l’opération découvrent des interrogations nouvelles : d’où viennent ces personnes ? Quel a été leur parcours ? Sur quels aspects être vigilant pour garder le bon cap et la bonne attitude ? Enfin, l’incertitude des migrants quant à leur sort est un facteur perturbant psychologiquement, générant stress et difficultés psychiques.
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Un constat, partagé par tous : ceux qui s’engagent dans l’opération sont uniquement des femmes. Aucun des partenaires ne trouve une explication à ce fait.
Comment aplanir ces difficultés, améliorer la compréhension de ce que vivent les migrants et avancer plus facilement ? Les partenaires s’orientent vers une journée (programmée pour la première semaine d’avril) axée sur le partage d’informations, à travers des activités ludiques. Soit un atelier en partie animé par Pistes Solidaires, où OGFA et Isard-Cos pourraient expliquer aux Accordeurs le contexte et les modalités de leur action. Le tout autour d’une « plancha » dans les nouveaux locaux de Pistes Solidaires, où se trouveraient réunis pour un déjeuner les volontaires pour l’opération, migrants et parrains, ainsi que tous ceux qui font vivre cette expérimentation sur le terrain.
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D’ACCORD POUR LA PROCHAINE ÉTAPE
12 mars 2018
Nous avions laissé les partenaires au carrefour de quelques interrogations,
nées des premiers échanges depuis plusieurs semaines, entre demandeurs d’asile et adhérents de l’Accorderie, système local d’échanges de services. Aujourd’hui, ils mettent en commun les besoins identifiés des publics de chaque organisation : Isard-Cos et OGFA pour les migrants et l’Accorderie de Pau. Les questions que se posent les Accordeurs touchent essentiellement à la relation humaine avec des personnes issues d’autres cultures et dont le parcours est, pour un Français, inimaginable : justesse de l’attitude à adopter (entre l’indifférence et l’indiscrétion : juste milieu à trouver pour l’équilibre d’une relation qui se construit avec un migrant), compréhension des mécanismes administratifs d’accueil dans notre pays, curiosité humaine et légitime pour des parcours individuels (difficilement satisfaisable par des personnes qui protègent leur sécurité depuis des mois ou des années). Isard-Cos et OGFA, qui accompagnent les migrants, apportent leur éclairage professionnel ; c’est ainsi que prend forme, peu à peu, le contenu de la demijournée d’information souhaitée par l’Accorderie pour ceux de ses membres qui sont engagés dans l’opération « Palanca Solidaire ». Isard-Cos présente les contours de la nouvelle loi sur l’accueil des réfugiés, en discussion actuellement, à laquelle s’intéressent tous les intervenants, professionnels ou associatifs. Comme lors de chaque rencontre entre les partenaires, un point est fait sur les échanges de services entre migrants et locaux. L’Accorderie comptabilise les heures et les services, certes, mais recueille aussi les témoignages sur les liens sociaux qui se créent à la faveur des échanges. Les échanges téléphoniques entre « filleul(e) » et « marraine » ou « parrain » posent lentement les bases d’un échange avant tout humain. Marie-Eve a perdu le contact avec Fatima, confrontée à la perte de son père resté au pays. Elisabeth et Alimatou s’entendent pour échanger des ateliers de cuisine, collectifs et du soutien scolaire.
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Johanna voit moins souvent Aziz, qui se replie sur lui-même, rongé par l’absence de réponse de l’administration à ses demandes. Khatchatour s’est mis à jardiner, avec les enfants du centre social de la Pépinière. Il s’est aussi attelé à la peinture du local qui héberge les activités de l’Accorderie ; lui qui se demandait pourquoi étudier la langue d’un pays où l’accueil est incertain, commence à bien se débrouiller en français, sans prof et sur le terrain. Sylvaine, engagée dans l’opération, estime que la mise en place d’une relation prend du temps, plus qu’elle ne l’aurait imaginé ; le facteur temps est bien un élément essentiel à la réussite de l’opération. Un nouveau service a été expérimenté : assurer la garde des enfants d’un couple de migrants obligé d’aller défendre son cas devant l’administration parisienne. Les demandes des migrants se concentrent sur un soutien individuel à l’étude du français. Les échanges se multiplient, se diversifient, innovent, répondant aux besoins des uns et des autres. C’est à nouveau, pour les partenaires, l’occasion d’apporter des précisions sur la façon dont se lient les gens. La perception de faits parfois incompréhensibles trouve des explications simples, grâce aux professionnels de l’accueil de l’OGFA et d’Isard-Cos. Un exemple parmi d’autres : les « locaux » ne comprennent pas toujours la discrétion des migrants sur leur parcours, alors qu’ils seraient intéressés d’écouter leur témoignage direct sur leurs motivations. Ils ignorent que leur récit d’exilé est au cœur du travail du CADA et que c’est loin d’être un exercice anodin et léger pour ces personnes qui ont quitté un univers devenu pour eux insupportable ... Avec l’opération et ses échanges de personne à personne, à l’écart des préoccupations légales, les migrants s’évadent d’un quotidien qui les enferme dans un circuit administratif pesant, où chaque témoignage ravive les épreuves traversées. Flutura a reçu des nouvelles de son dossier : sa demande de rester sur le sol français est rejetée. Sa famille ne veut pas recourir à l’aide au retour vers un pays qu’elle a volontairement quitté. L’Accorderie, qui l’écoute, est à son tour confrontée à l’angoisse, contagieuse. L’opération n’a aucune solution à offrir à Flutura et à sa famille.
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Tout ce qui peut être rappelé, pour encore garder espoir, est qu’une démarche de régularisation pourrait éventuellement être tentée si une offre d’emploi assortie d’un contrat de travail était produite. Les deux organisations chargées de l’accueil des migrants par délégation de service public sont très claires, avec les personnes accueillies comme avec les partenaires : les personnes ne peuvent qu’accepter la décision administrative, libérer leur logement et partir. Les solutions alternatives (RESF, Welcome, etc) sont actuellement considérées comme illégales par la loi française. La proposition de Pistes Solidaires prend forme. Tous sont d’accord pour une journée à mi-chemin entre l’information demandée par les Accordeurs et le besoin de contacts sociaux exprimés par les demandeurs d’asile. Le jeudi 5 avril prochain accueillera donc dans la matinée les Accordeurs et l’après-midi les migrants ; les deux publics se retrouveront pour une plancha solidaire à midi. Et l’on imagine déjà mettre à contribution les talents d’un migrant-accordeur, professionnel de la mise en place de buffets. Le matin de 10 à 12 heures, destiné aux Accordeurs : Les animations élaborées par le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre Solidaire), destinées à expliquer la réalité des phénomènes migratoires sont écartés au profit d’un dialogue avec les professionnels de l’accueil des migrants, à même de répondre aux questions que se posent les Accordeurs. De nouveaux Accordeurs désireux de participer à l’opération viendront la découvrir à cette occasion. L’après-midi sera consacré aux migrants et essentiellement aux aspects sociaux de leur séjour sur notre territoire ; afin d’identifier ce qui est le plus difficile pour eux (difficultés que l’on ne peut imaginer à leur place) et ce qui pourrait contribuer à mieux vivre leur situation ? Pistes Solidaires proposera, de 14 à 16 heures un atelier accessible à des non-francophones, sur la base de techniques issues du photolangage. De nouveaux demandeurs d’asile seront accueillis dans le cadre de l’opération. Les rôles de chacun sont ainsi préservés et l’opération n’envahit pas les terrains administratifs et légaux qui ne sont pas de son ressort. Une nouvelle étape de l’opération s’annonce, que préparent avec créativité et engagement les partenaires de l’OGFA, Isard-Cos et l’Accorderie.
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PLANCHA SOLIDAIRE : UN GRAND MOMENT DE RENCONTRES
L’idée est venue de l’Accorderie : à force de côtoyer des migrants grâce aux
échanges d’activités et de services qui sont le cœur du projet, les Accordeurs qui parrainent un migrant finissaient par se poser des questions : « Pourquoi ces gens ont-ils atterri dans notre territoire ? Quel est leur parcours ? Comment se déroule leur accueil localement ? Que se passe-t-il si leur demande d’asile est refusée ? Etc… ». S’est alors imposé le principe d’une journée consacrée aux acteurs du projet sur le terrain. Les professionnels d’Isard-Cos et de l’OGFA, partenaires du projet à Pau, ont bien volontiers répondu aux questions de la dizaine d’Accordeurs présents, apportant un éclairage précis et parfois cru sur les processus administratifs, la complexité de la prise en charge des personnes, les atermoiements de ceux qui ne peuvent rester sur le territoire. Le fumet des viandes grillées parvenant dans la salle n’a pas été suffisant pour faire décrocher l’auditoire : l’attachement à leur mission des accompagnateurs OGFA et ISARD-Cos captive les Accordeurs. Certains sont engagés depuis plusieurs semaines dans des échanges avec les migrants ; d’autres se préparent à y participer. Leur échange signale les meilleures façons de parrainer un migrant, les difficultés à éviter. Il faut quand même interrompre les conversations qui vont se poursuivre sous une autre forme : dans le jardin qui entoure les nouveaux bureaux de Pistes Solidaires, les personnes migrantes averties de la rencontre commencent à se rassembler. Deux ou trois familles sont venues avec leurs enfants ; la majeure partie des migrants participe pour la première fois à une rencontre avec des locaux ; les sourires ne masquent pas une légère réserve, compréhensible. Peu à peu, le cercle s’agrandit ; une cinquantaine de personnes sont maintenant réunies : Accordeurs, migrants, professionnels de l’OGFA et d’Isard-Cos et les jeunes volontaires de Pistes Solidaires. Comment vont-ils briser la glace ? Pistes Solidaires a ses techniques… Le petit jeu, accessible à tous, francophones ou non, interroge la mobilité : tous sont invités à se regrouper au centre d’une carte du monde virtuelle représentée par le jardin. Nous sommes tous à Pau ! Mais où sommes-nous nés ? Chacun doit alors se déplacer vers son lieu de naissance.
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Le nord de la France est rejoint par quelques-uns ; la Méditerranée apparaît au sud et se matérialisent alors le Portugal, l’Algérie et l’Espagne ; puis se dessinent le Caucase et ses montagnes ; pas loin, un unique afghan se décale vers le sudest ; on se consulte pour situer avec exactitude la place de l’Albanie. Deux femmes, séparées par une génération, s’aperçoivent qu’elles sont originaires toutes deux d’Algérie. Il n’est pas donné à tout le monde de parler à l’Autre, certains s’y mettent plus vite que d’autres. Et cependant, les petits groupes naissent, informellement, sous le soleil de printemps. Un jeune couple palestinien, récemment accueilli à Pau, reçoit avec émotion des témoignages de solidarité ; leur petit garçon porte un collier de papier-mâché aux couleurs de son pays. Lui habitait Naplouse et elle Gaza : impossible de vivre ensemble ni même de se voir dans l’une ou l’autre ville. Ils sont partis sans crier gare, sans prévenir leurs parents. Les enfants sont les premiers à s’approcher du buffet. C’est Khatchatur et sa femme, originaires d’Arménie, qui l’ont préparé ; un immense taboulé d’hiver et des grillades de viande font plaisir à tous. Le clou du repas, une superbe composition de fruits travaillés avec créativité, a déclenché applaudissements et exclamations des commensaux. Les téléphones portables ont mitraillé l’œuvre. Une heure plus tard, un béarnais d’adoption s’entend avec Khatchatur : ses talents sont requis pour une fête d’anniversaire. C’est le premier contrat de Khatchatur en France… Le premier pas vers une insertion professionnelle sur la base de la reconnaissance de son savoir-faire. Soit le centre du projet développé à Pau par Pistes Solidaires. L’après-midi est réservé aux migrants, à l’identification de leurs savoir-faire, de leurs besoins autres qu’administratifs. Un jeune volontaire allemand s’est assis auprès d’un adolescent albanais qui traduit à son père et à une autre famille albanaise ce qu’il comprend. Soha, jeune libanaise de Pistes Solidaires, traduit en arabe. L’animatrice des ateliers a parfois recours au mime pour solliciter les participants. Heureusement, les techniques du photo-langage existent ! Peu à peu, l’appréhension initiale cède la place aux sourires, aux exclamations. Les participants se prennent au jeu et l’atmosphère s’allège.
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Les parents ont confié leurs enfants à une jeune volontaire vietnamienne de Pistes Solidaires : pendant qu’elle part à la chasse aux œufs avec ses petits protégés dans le jardin, les parents peuvent se concentrer sur ce qui leur est demandé. Peu à peu, le portait de chacun émerge : cercle amical à Pau, langues maîtrisées, difficultés plus ou moins grandes avec le français, compétences professionnelles qui peuvent faire l’objet d’un échange de service. Tous sont partants pour participer aux activités de l’Accorderie ; une question taraude l’animatrice de l’Accorderie : comment se mettre d’accord avec des personnes qui ne parlent pas encore le français ? Une deuxième vague d’échanges, avec de nouvelles personnes, migrants et parrains, va bientôt irriguer de nouveaux espaces de solidarité. Cela se passe à Pau, au printemps 2018, dans le cadre d’un projet européen impulsant innovation dans des domaines sociaux considérés comme prioritaires par la Commission européenne.
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Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication (communication) n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.